L'auteur : Berty09
La course : Behobia - San Sebastian
Date : 13/11/2011
Lieu : behobia (Espagne)
Affichage : 1405 vues
Distance : 20km
Objectif : Pas d'objectif
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Ce week-end c'est sortie club. Alors ne faisons pas les choses à moitié. On est onze inscrits sur une grande classique juste de l'autre côté de la frontera. La course, c'est Behobia/San Sebastian, 47ème du nom. Pour un non initié comme moi, ça ne veut pas dire grand chose mais quand, une semaine avant, je commence à surfer sur leur site, je comprends vite l'autre dimension qui m'attend. Fichtre! 20000 participants, ça va me changer de mes courses de village.
Pourtant, aucune appréhension. Juste de l'envie. Une grosse envie de rentrer dans la dimension supérieure. Pas meilleure, pour sûr, que mes chers trailounets mais un autre goût, une autre saveur. Alors, vamos! Mais avant tout, soyons clair. Le grand rendez-vous ce sera dans trois semaines, mon premier marathon à Lisbonne. Cette course que je prépare depuis déjà deux mois. La Béhobie sera un peu comme un grand oral, une répétition grandeur nature.
D'ailleurs pas de semaine light avant la course, au contraire j'en ai même un peu rajouté avec une belle sortie vélo le vendredi. Mais bon, le vélo n'est pas trop matisant et le samedi sera là pour recharger les accus. Je commence donc à me renseigner sur cette fameuse course. 20 km de routes vallonnées. Un programme un peu spécial mais qui correspond bien au type d'entrainements que je fais en ce moment. Je regarde de plus près le tracé de la course. Je sais maintenant avec ma petite expérience qu'une bonne anticipation de la course m'apportera énormément le jour venu.
Et ce jour le voilà. Les filles du club ont bien assuré la logistique et il ne nous reste plus qu'à enfiler les baskets et penser aux derniers détails. Des détails qui vont compter sur une telle course. Casquette? Porte-bidon? Gel(s)? Cardio? Chaque choix peut faire pencher la balance du bon côté. Nous voici donc dimanche matin, quatre pieds nicklés débarquant à Béhobie. Espagne, France, on ne sait plus trop. Tout le monde converge vers le même point, ça y est on est déjà dans l'ambiance. Des centaines de coureurs, des maillots de toutes les couleurs. Certains déjà dans un entrainement pointu et d'autres plus soft mais tout aussi concernés. On a tous rendez-vous ce matin.
J'en prends plein les mirettes mais je suis aussi acteur de cette grande fête et on commence à se chauffer tout en repérant les sas de départ et en essayant de pas se retrouver paumer au milieu de ces 20000 tarés. Car ce qui nous attend, on le sait tous, ça va nous coûter...ou plutôt, soyons clair, on va en chier. L'heure approche. On allonge quelques foulées sur les premiers mètres de bitume devant l'arche de départ. Les départs sont échelonnés et les premiers à partir sont les rollers. On nous range sur les côtés et on lâche les hommes à roulettes. Que la fête commence!
On vient de regagner notre sas; dernières photos pour les membres du club, on se dit adieu. L'heure est maintenant venue de se retrouver seul face à sa course. Ca y est, chacun a maintenant la tête tournée dans la même direction. Et là, Ambiante!!!! Alors que j'étais prêt à mettre le masque des avaleurs de bitume, l'ambiance se change petit à petit en une immense boite de nuit espagnole à ciel ouvert. Je me retrouve à quelques secondes du départ, à taper dans les mains et sauter sur place en levant les bras avec des milliers de gus aussi contents que moi. Je suis bien, le départ est inoubliable, à moi maintenant de ne pas gacher la fête et pour ça, qu'une seule chose à faire, réussir ma course.
Il y a du monde de partout. J'ai en tête mes repères-temps. Je me suis dit entre 4' et 4'15" au kilo suivant la pente. Je me sens vite bridé par tout ce peuple autour de moi. Je dois être patient, je sais qu'il n'y a pas le choix mais qu'avant que le trafic ne se fluidifie il faudra bien 1 ou 2 km, autant dire une éternité. Je reste zen car je sais bien que si j'accélère je vais passer toute mon énergie à éviter les autres coureurs...pas trop le choix. Je reste sage et commence à m'adapter à ces conditions de courses si spéciales. Penser à ses trajectoires un peu comme au ski tout en restant détendu pour pouvoir durer.
Grâce à ma montre, j'ai des indications précises sur mon allure et les deux premiers 1000m sont beaucoup trop lents au vu de mes ambitions. Mon petit ange me dit que je récolterai plus tard les fruits de ce départ prudent. Mon petit diable se fout d'ma gueule et commence à me dire que je me traine déjà alors que la course ne fait que commencer. Pas grave, no pression. Je me concentre sur ma façon de courir, mes trajectoires et je double, double et redouble. La première bosse est passée, je déroule et passe enfin un 1000m sous les 4'. Ca me rassure et mon p'tit diable commence à fermer sa grande bouche.
Le gros morceau est maintenant devant moi. Je prends un gel au 5ème km; comme j'ai pris mon bidon, une petite rasade et ça passe nickel. Les km défilent assez bien même si les temps au km sont moyens mais ça monte pas mal. On est sur une grande nationale, la route nous appartient et je continue à doubler. Je visualise bien la fin des montées ce qui me permet de bien gérer mes efforts. A chaque bascule vers une descente, il me reste suffisamment de jus pour bien dérouler la foulée et descendre à un bon rythme. Je commence vraiment à prendre plaisir à courir. Je suis bien dans ma course, il suffit juste que ça tienne jusqu'au 20ème.
Je passe le 12ème km. Il me reste encore une grosse bosse à avaler entre le 16 et le 18. Et je double encore et toujours. Fourmi parmis les fourmis. Les encouragements continuent de nous accompagner. Plus la course avance et plus j'arrive à les savourer. Et aussi incroyable que ça puisse paraitre, alors que nous passons par centaines devant les spectateurs, quelqu'un me reconnait et m'encourage: "Allez Bertrand" Quel stupeur, un cousin? un ami?...Mais non andouille, t'as ton prénom sur le dossard! Bon, ça va, ça fait plaisir quand même.
Dernière bosse. Je continue sur un bon rythme après avoir pris mon deuxième gel (je garderai ce rythme au marathon, un gel au 5, 15, 25 et 35; c'était un bon test). En haut de la dernière bosse, l'ambiance est chaude. Ca résonne entre les bâtiments, c'est unique. Encore trois km et presque plus rien dans les chaussettes. Heureusement, ça descend très légèrement vers l'altitude 0. J'essaye surtout de ne pas me désunir. Et je double encore mais plus pour longtemps. Ca tombe bien, au détour d'un virage, l'horizon se dégage, ça sent le surfeur à plein nez! L'arrivée est proche. Dernier virage à San Sebastian. La sono envoie les watts et trop fort...à mon passage c'est Plastic Bertrand qui chante avec moi "Ca plane pour moi". Tant qu'à faire je continue jusqu'au bout, là-bas. C'est l'arrivée. Mission accomplie. Jolie course Berty! Un gros oufffff.
J'attends les pôtes, les fortunes sont diverses. C'est vrai qu'on peut vite se mettre dans l'rouge pour une bosse mal négociée ou un coup d'chaud. La course est exigeante. Je suis passé entre les gouttes...de sueur.
Je fini en 1h22'15", à la 968ème place. Yes.
Ca, c'est fait et bien fait mais Berty, noublie pas le jour J, c'est le 4 décembre et il ne faudra pas s'louper.
2 commentaires
Commentaire de vinch64 posté le 15-11-2011 à 13:03:49
Belle course que j'aimerais bien faire un jour.
Le problème est de se décider et de s'enregistrer dès le premier jour des inscriptions. En général, à ce moment de l'année je ne sais pas encore si je serai dispo à la date de la B/SS...
En tout cas, un CR qui me donne encore plus envie de faire cette course.
PS: vous avez eu du bol avec le temps, une semaine avant c'était la cata(je le sais j'étais en vacances sur Biarritz).
Et puis pour finir, bravo pour le temps et le classement!
Commentaire de laulau posté le 17-11-2011 à 22:34:00
Bravo aux Ariégeois !
Belle course berty et bonne chance à Lisbonne !
C'est vrai que l'ambiance à la Béhobia est incomparable !
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