L'auteur : coach Jack
La course : Sur les Traces des Ducs de Savoie
Date : 25/8/2011
Lieu : Courmayeur (Italie)
Affichage : 1486 vues
Distance : 109km
Objectif : Pas d'objectif
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Préambule
Il y a 4 mois, j’étais loin de m’imaginer que j’allais pouvoir participer à cette TDS : Trace des ducs de Savoie, 112 kms et 7100m positif, une des 4 épreuves du grand WE de Trail à Chamonix (25 au 28 Aout).
Pour rappel : Début janvier, claquage à un mollet, 1 semaine après, lumbago en balayant (ce n’est pas pour les hommes le balai !). Je vais traîner ces problèmes de dos pendant 3 mois (lumbagos à répétitions). J’ai le moral au plus bas. Radio, puis IRM, celle-ci confirmera une discopathie (L4-L5 et L5-sacrum) et révèlera une petite hernie discale (5 mm)... TOUT VA MAL ! Les Séances de Kiné me font du bien, mais je suis toujours dans l’incapacité de me déplacer en courant.Je tente un passage chez un podologue et … MIRACLE, les tensions et douleurs disparaissent en 2 semaines !!! MERCI Régis !
Je reprends la CàP début avril, 2 puis 3 voire 4 sorties par semaine (sans jamais dépasser un total de 50 kms hebdo) et des allers - retours au boulot à VTT (36 kms /jour) agrémentent mon programme de préparation. Je sais que je suis très très loin de ma préparation minutieuse pré UTB (Ultra Tour du Beaufortain), mais je compte sur ma petite expérience de l’année dernière, sur une fraîcheur relative et le plaisir retrouvé (après ces 3 mois de galère) pour boucler cette TDS.
Entre avril et juillet, 4 courses viennent parfaire ma préparation :
- Entre Loire et Coteaux du côté d’Ancenis (44), 19.8 kms, je termine épuisé avec un gros coup de moins bien lors des 4 derniers kms en 1h36’, mais c’était une course de reprise … Encourageant !
- Les Foulées des bords de Loire, Ste Luce (44), 10 kms, je suis en progrès et malgré des conditions peu favorables (vent), je réalise un chrono raisonnable sans travail spécifique de ma VMA, 41’ 21’’.
- Les Foulées d’Abélard, Le Pallet (44), 12,2 kms, toujours en progrès sur un parcours exigeant, 51’31’’, je bats même mon précédent record de 2009 où c’est vrai, je revenais déjà d’une longue blessure (rupture de l’aponévrose plantaire).
- La Forestière, St Laurent sur Sèvre (85), 14 kms, excellentes sensations sur un circuit bosselé (1h 04’).
Bref, mi juillet, je suis rassuré sur mon état de forme même s’il est évident que ma préparation n’aura pas été aussi soutenue que celle de mon UTB 2010. Seule petite inquiétude, mon kilométrage est quand même très léger, mais je ne pouvais pas prendre le risque de me blesser à nouveau.
Début août, nous partons en vacances sur Les Saisies (Savoie) en famille. Des petites randonnée (Val n’est pas en grande forme, problème de Thyroïde, elle se la fera enlever le 29 août) et quelques randos courses (maximum 2h) avec Thierry mon Beau-frère (merci à toi Thierry pour ces sorties dans le cadre fabuleux du Beaufortain) vont terminer ma préparation. Je m’inscris même à un trail le 6 août, « La Frison Roche, 37 kms et 2400m + », trail où je retrouve mon cher François (salut François) qui anime la manifestation, petit coucou également à Janolesurfeur. Un très bon test placé 20 jours avant la TDS, je termine épuisé, c’est vrai que cette même semaine j’avais fait près de 50 bornes et 2600 m positif en 3 sorties ! Enorme pour moi qui vient du plat pays Nantais.
Voilà je suis fin près pour cette TDS, du moins je le pensais !
Mercredi 24 août (veille de course)
Nous descendons en famille à Chamonix, il fait beau et chaud, des orages sont annoncés … aïe aïe ! Magnifique la ville, ses rues piétonnes, son cours d’eau l’Arve, ses glaciers et ses aiguilles … un pur bonheur en famille.
Le magnifique glacier des BOSSONS 3 générations à Chamonix ! Mon papa, Ju et Jo ...
et bien sûr, VAL ... mon ASSISTANTE irremplaçable !
1ère épreuve, le retrait du précieux sésame, le dossard, près d’1h30 d’attente (13 h à 14h30) et il paraît que c’était près de 3 heures d’attente le matin !
Après 1h30 d'attente, enfin !
Il ne me manque rien !
Et le fameux bracelet !
J’y retrouve Nico, un ami, à la sortie de la salle, quelques échanges et nous nous donnons RDV le lendemain matin à Courmayeur.
Il est près de 15h lorsqu’enfin nous déjeunons en terrasse au village exposition de l’UTMB. Un petit tour dans celui-ci pour voir les différents exposants … « Business is business « … IMPRESSIONNANT ! Et, nous remontons aux Saisies.
Coucher vers 23h pour tout le monde après une énième vérification de mon sac afin de m’assurer que je n’ai rien oublié. Comme d’habitude avant ce genre d’épreuve, je ne dors pas bien, je vois toutes les heures défiler.
Jeudi 25 août (jour de la course)
5h15, le réveil, mon portable, celui de Val (et oui rien que ça) se mettent à nous harceler. Lever immédiat, Julian (7 ans) tient la grande forme, c’est un peu plus dur pour Val (ma femme) et Jo (12 ans), quant à mon papa qui nous a rejoints 2 jours avant l’épreuve, il est fin prêt. Je le dis et je vais me répéter, sans eux je serai incapable de faire ce genre de défi. Petit déjeuner amélioré (merci Val pour le jambon et cette délicieuse galette de polenta !), dernière vérification du sac (eh oui encore) !
Ce matin, c'est Jambon - Polenta !
Il est 06h15, tout le monde prend la direction de Courmayeur via Chamonix et son tunnel, Julian n’attend que ça !
Le péage du Tunneldu Mont-Blanc !
11.6 kms sous le Mont-Blanc, Julian est aux anges !
Arrivée à Courmayeur vers 7h50, nous trouvons facilement une place pas très loin du départ, Val, ma p’tite chérie « pompier » est aux anges, nous sommes juste à côté de la caserne de Courmayeur.
Etrange ce rond - point !
Nous gagnons la place proche du départ, ma famille s’installe prendre le petit déjeuner pendant que je me prépare mentalement et physiquement. Je suis surpris de retrouver François, organisateur de l’UTB et ses amis dont un nous signale qu’il ne fera pas très chaud au passeur de Pralognan ! (0°), étonnant alors qu’on nous annonçait plutôt des orages.
François (vert), organisateur de l'UTB (Ultra tour du Beaufortain)
Il est 8h30, un dernier coucou à mes proches qui mitraillent la magnifique ville de Courmayeur (photos, vidéo) et je me place au sein du peloton (1er tiers). Je discute avec mon voisin bien sympathique (il se reconnaîtra) qui a déjà bouclé 1 UTMB, 1 CCC et il vient aujourd’hui pour réaliser celle qui manque à son palmarès : la TDS.
Nous sommes près de 1200 coureurs !
Un p'tit coucou à mon assistance, le départ vient d'être donné ...
Quelle ambiance ! ... FABULEUX !!!
Les hymnes (français et italien), les dernières recommandations de Catherine Poletti, il est 09 h, les fauves sont lâchés. C’est parti, géniale l’ambiance dans la ville, beaucoup de monde dans les rues de Courmayeur, on se croirait dans une étape du tour de France.
A peine 500m de fait et je suis déjà obligé de m’arrêter, ma poche avant est décrochée, après quelques hésitations j’arrive enfin à la remettre à sa place. Et rebelote 3, 4 fois, ça a le don de m’agacer, j’ai bien dû perdre 400 places !!! Peu importe, je ne joue pas la gagne !
1 ère difficulté de la journée
Pendant ce temps-là, mes proches se promèment et patientent ...
Courmayeur - Col Cercrouit 1964m (812 m positif,68 m négatif),
KM 6,6 - temps prévu : 1h23' - temps réalisé 1h20'
Puis tout rentre dans l’ordre, normal, nous attaquons la longue montée sur une large piste menant vers la maison Chercrouit (750m +). Je discute avec Marc et je repère déjà David avec son haut orange et son corsaire gris avec qui je vais jouer au chat et à la souris toute la journée ! Vers 10h mon portable sonne, c’est Pascale ma directrice des études, toute embêtée de me déranger en plein effort (pas d’inquiétude Pascale !). La montée se passe sans difficulté et j’atteins le ravitaillement avec 4 mn d’avance sur mon planning, il est 10h19. Arrêt éclair, il y a beaucoup de monde et pas grand-chose, je ne peux même pas faire le plein de ma poche à eau !!! J’arrive quand même à chopper 1 verre de coca et je repars sans traîner. Et là, incroyable, 1er bouchon, je suis à l’arrêt et puis au bout de quelques minutes le rythme s’accélère enfin. Le paysage est de toute beauté, je suis en compagnie d’un grand suédois (il doit avoisiner les 2 m), la pente s’adoucit un peu, je me remets même à courir avant d’apercevoir ce qui nous attend… la fin du col va être raide ! Et là à nouveau, c’est le gros embouteillage, je n’avance plus, la pente est très raide, certains inconscients se permettent de couper les sentiers et déclenchent des chutes de pierres ! Ca râle et c’est normal !!! Ils vont gagner quoi à faire ça ? Bande d’IDIOTS !!! (pour rester poli !)
Courmayeur - Col de la Youlaz 2660m (1513 m +, 75m-)
Km 11.3 - temps prévu : 2h34' - temps réalisé 2h44'
La fin du col très raide est tout en lacets, j’ai failli basculer en arrière plusieurs fois. Je franchis le col vers 11h45, j’ai perdu 10 mn dans les bouchons italiens. Puis, c’est la descente vers La Thuile, celle-ci n’est pas très compliquée, alternant single track, chemin 4x4 et route. Seul problème, ma poche avant se met à balancer et se décroche à nouveau. Je vais me taper toute la descente une main tenant les bâtons et l’autre plaquant la poche avant contre mon ventre… Pas très confortable !!! Je n’y comprends vraiment rien, je l’avais testé lors de l’UTB 2010 où tout s’était très bien passé… Mystère ??? Encore un signe ??? La descente se déroule sans encombre et j’arrive à La Thuile en ayant 10 mn d’avance sur mon horaire prévu. Ma fidèle assistance est au RDV, je laisse mon sac à Val en lui demandant de répartir les affaires qui étaient dans la poche avant dans celui-ci. Puis je file dans la zone ravito, beaucoup de monde, beaucoup trop pour moi. J’avale une soupe, mange 2 morceaux de saucissons, quelques fruits secs et attrape 3 morceaux de bananes avant de rejoindre mes proches. Je change de haut tout en leur donnant mes 1ères impressions qui sont bonnes même si j’éprouve déjà des soucis par rapport à la chaleur avec des sensations permanentes de bouche sèche et pâteuse. Je mange mais ça passe très mal… Inquiétant !
Courmayeur - La Thuile 916 m (1553 +, 1310 -)
Km 21.2 - temps prévu : 4h04', temps réalisé 3h55'
Nicolas repart , il a déjà 40 mn d'avance sur moi ... mais, lui aussi n'est pas au mieux !
J'arrive vers 12h55 à La Thuile, quelle foule !!!
Je repars après une douzaine de minutes de repos. Au menu, le col du petit St Bernard, je leur donne RDV vers 14h50. La reprise est difficile, je croise Nelly qui me donne des nouvelles de Nico passé 40 mn avant moi. La pente est régulière et douce, nous coupons plusieurs fois la route menant au col et j’ai même le plaisir de voir ma petite famille en voiture.
De petites portions de routes où mes proches peuvent m'apercevoir
(Début du col du petit Saint Bernard)
Chaque fontaine est un arrêt obligé, j’y plonge mon bandana et mon gant de toilette afin de rafraîchir la totalité de mon corps en surchauffe. Puis la pente se fait plus raide, 1ères crampes et 1er arrêt (3 mn), Sporténine, eau et sel et tout rentre dans l’ordre. La pente s’adoucit à nouveau, et surprise je retrouve à nouveau mes proches, ravitaillement en eau pétillante et une boisson protéinée (chut, ravitaillement illégal !) et je repars.
Ma petite famille en plein pique-nique à mi pente du Petit St Bernard
Julian m'accompagne, ça me fait énormément de bien !
Le terrain est plat et descend même par endroit, je peux donc recourir, je double pas mal de monde à la marche, puis la pente s’accentue à nouveau avant l’arrivée au sommet du petit St Bernard. Ma famille est là et beaucoup moins de monde qu’à La Thuile. Je suis déjà entamé, j’ai les jambes lourdes et plus inquiétant j’ai toujours dû mal à absorber du solide, je bois difficilement une soupe et c’est tout. Je suis nauséeux et j’ai des maux d’estomac, je ne suis pas rassuré pour la suite mais reste optimiste en me disant que c’est un mauvais passage et que tout va rentrer dans l’ordre.
Courmayeur - Col du Petit Saint Bernard 2188m (2336 m+, 1350 m-)
Km 29.9 - Temps prévu : 5h53, temps réalisé 6h15
15 mn après je repars pour la longue descente vers Bourg St Maurice, une descente facile. Peu de temps après, je suis obligé de stopper la course, j’ai un terrible point de côté, je marche 2mn et repars en courant et rebelote, je suis à nouveau plié en 2 ! Cette épisode va bien durer une trentaine de minutes, quelle calvaire… je ne me vois pas poursuivre longtemps dans cet état là et surprise sans savoir pourquoi tout s’améliore et je peux donc courir à nouveau entre 10 et 11 km/h. Je reprends pas mal de monde, les sensations sont meilleures même si j’ai toujours la nausée.
St Germain, Séez, puis j’arrive dans la forêt peu avant Bourg St Maurice où je me prends une belle averse orageuse. Cette douche me rafraîchit et me fait beaucoup de bien, je ne pense même pas à Vme protéger de ma veste de pluie … Trop bien la pluie !
Puis, coup de téléphone de Val, pour savoir où j’en suis, ils m’attendent à Séez !
« Val, je suis plus très loin de Bourg, vous m’avez raté ! » Il est 17h 10 lorsque j’arrive au ravito, pas d’assistance (coincée dans les bouchons !) mais beaucoup de monde, je remplis de suite ma poche à eau et choppe une soupe avant d’aller m’allonger sous le porche de l’hôtel de ville. Et à nouveau, je ne suis pas bien du tout, maux de ventre, la tête qui tourne !!! Je somnole 5’, discute avec mon voisin de droite qui est là depuis plus d’1 heure et qui a décidé d’abandonner, l’idée germe en moi… puis mes proches arrivent, je les rejoins derrière les barrières délimitant la zone. Je ne tiens pas debout, je m’assois près d’un escalier, puis je me remets debout, je marche, je n’arrive pas à trouver une position idéale pour améliorer mon état, je suis mal et inquiet, Val aussi. Mon papa a beau essayer de me réconforter, pas d’évolution chez moi. Je vais rester près de 45 mn à ce ravito.
Courmayeur - Bourg Saint Maurice 810m (2371 m+, 2780 m-)
Km 44.1 - temps prévu : 08h04', temps réalisé 08h10'
Un rituel 40 mn de pause, c'est pas top, mais c'est mieux !
Sympa ce petit passage dans les rues piétonnes de Bourg ...
Finalement, je repars, contrôle du sac, passage dans les rues piétonnes et droit dans la pente à la sortie de la ville… c’est dur, j’avance très lentement, il pleut, je n’y suis plus, je me demande comment je vais faire pour rejoindre le Cormet de Roselend situé 25 kms plus loin. En raison des orages, nous évitons le passeur de Paralognan, mais cela rajoute 8 kms ! J’alterne marche 15’ et pause 5’, je croise 4, 5 coureurs qui redescendent vers Bourg (ils sont cuits !), ça a le don de me rassurer, je ne suis pas seul à galérer. Puis nouvel arrêt et étonnement, je croise Nico qui lui aussi redescend vers Bourg, il veut abandonner ! Il s’arrête, on se raconte nos soucis et finalement je le persuade de repartir avec moi. Nous montons tranquillement et stoppons régulièrement lorsque l’un de nous 2 en ressent le besoin. Finalement Nico me demande de poursuivre sans lui, je le laisse et regrette même de l’avoir emmené dans cette galère. 20 mn plus tard, je marque un nouvel arrêt pour absorber une pâte de fruit et une pâte d’amande. Ça passe toujours très mal, j’ai à nouveau envie de « gerber ! » Quelle galère ! Puis surprise Nico est de retour, il s’arrête pour moi et 2,3 minutes après nous repartons pour arriver à un point d’eau qui va me faire énormément de bien, je m’asperge avec le tuyau et quelques mètres après c’est le pointage à Fort de Truc. J’ai perdu Nico, est-il devant, derrière ? Je n’en sais rien ! J’apprendrais plus tard qu’il a été contraint à l’abandon au Fort (vomissements) !
De mon côté, tout s’améliore (au niveau des jambes), c’est la descente pour rejoindre la route de Bourg menant au Cormet. Je suis surpris, tout le monde marche sur cette portion légèrement descendante alors que moi, je cours, je vais doubler une bonne trentaine de coureurs. Il est 20h10 lorsque je rejoins cette route, une personne nous annonce 10 kms de route et 4 kms de chemin avant le sommet. C’est parti pour la route, je suis mieux sans être génial mais je progresse régulièrement entre 5 et 6 km/h. Puis je passe devant la borne indiquant le sommet à 14 kms et une pente moyenne à 8%, que c’est long ! Je fais cette partie avec un niçois bien sympathique, le temps parait moins long même si les kms ne défilent vraiment pas vite. La nuit est maintenant tombée, je m’équipe de ma frontale afin que les véhicules descendants puissent me voir plus que pour améliorer mon champ de vision. J’arrive aux Chappieux où des jeunes nous tendent des bouteilles d’eau, j’en profite car je ne sais pas s’il me reste beaucoup d’eau. Enfin une portion plus sympa, plus raide certes, mais digne d’une course nature, le rythme diminue quelque peu car la pente est plus raide mais j’avance et reprend encore quelques coureurs. Puis je retrouve à nouveau la route, je suis en compagnie d’un Allemand parlant très bien le français et 1bon km avant le sommet je retrouve Val et mon papa qui m’attendent depuis 21h20 ! Ils étaient inquiets et vont m’accompagner jusqu’au ravitaillement. Je passe devant le C4 Picasso pour voir mes 2 loulous dormir (dans le coffre), ils sont tous mignons !
Ju et Jo dans les bras de Morphée (dans le coffre du C4 Picasso) ...
Il est 23h10, je salue les bénévoles en entrant au ravito, j’entends même l’un d’eux dire « en voilà un qui ne va pas abandonner ! » Je suis une nouvelle fois surpris par le nombre important de coureurs s’y trouvant, entre 100 et 150 !!! Je remplis de suite ma poche à eau, discute avec un des bénévoles qui reconnait mon maillot de finisher de l’UTB 2010, il m’apprend que François a abandonné à Bourg. Je sors rejoindre mon assistance, il fait une chaleur à crever sous cette immense bâche, je retrouve Val et mon papa. Je ne reste pas longtemps à côté d’eux car dehors je grelotte. Je retourne à l’intérieur afin d’essayer d’avaler une soupe, ça passe mais je me sens à nouveau pas bien, maux de ventre, je suis lassé, je craque mentalement, mes jambes ne sont pas si mauvaises que ça, c’est le cerveau qui ne suit pas. Je gamberge dur, je ne m’imagine pas affronter la nuit et cette portion qui nous mène jusqu’au col du Joly. Dans ma tête, je n’y suis plus, l’abandon est proche, je retourne voir mes proches, mon papa me dit de rester raisonnable et de ne pas me mettre en danger, Val est muette, mais son visage en dit long sur sa déception si je venais qu’à lâcher prise ici, elle qui a préparé longuement cette épreuve à sa manière (ravitos, itinéraires, photos…), c’est sa course à elle aussi !
Finalement, ma décision est prise, ne me faisant plus plaisir depuis Bourg (état nauséeux permanent), je me dirige vers la zone où se trouve le commissaire préposé aux abandons, j’hésite encore quelques secondes, puis je lui annonce mon arrêt. Il me coupe mon bracelet et récupère la puce de mon dossard. C’est fini, chose étrange, je suis complètement soulagé, je me sens mieux ! Je rejoins Val et mon papa, Val est triste… Nous allons vers la voiture… pas un mot ! Je culpabilise énormément car je ne suis pas si à l’agonie que ça ! Mais bon, j’ai fait un choix, je ne saurai jamais ce qu’il se serait passé si j’avais pris la décision de poursuivre !
Courmayeur - Cormet de Roselend 1970 m (4020 m+, 3520 m -)
km 69 - temps prévu (sans les 8km supplémentaires) 11h40, temps réalisé 14h10
Conclusion
Encore une belle aventure familiale … Mais, cette fois-ci la montagne que j’aime a gagné, j’ai perdu, un semi échec après près de 70 kms et 4200 m positif et 14h15 d’effort. Merci à toi Val, tu as été égale à toi-même, formidable comme d’habitude, j’aurai dû lire dans tes yeux le message que tu m’envoyais au ravito (sans vouloir le prononcer pour que ce soit ma seule décision) et continuer au moins l’étape suivante. Merci à toi papa également, tu aurais dû me secouer davantage au Cormet comme tu le faisais si bien quand j’étais tout petit pour me booster lors des matches de basket. Jo et Ju, vous avez été géniaux, je suis désolé car je sais que vous vous faisiez une joie de dormir dans le coffre du picasso ! Merci à vous tous qui m’avez soutenu avant, pendant et après mon abandon…
Cet échec n’a en rien atténué ma motivation à poursuivre dans l’ultra, bien au contraire… Prochains défis en 2012, l’UTB (à bientôt François), le raid des Pyrénées si j’arrive à motiver Hervé, j’aimerai tant lui faire découvrir le monde fabuleux de l’ultra.
Félicitations au 1er, 16 h de course ! IMPRESSIONNANT, bravo à tous les finishers et immense respect à ceux qui sont allés au bout d’eux-mêmes pour terminer. Une pensée aux abandons, il y aura des jours meilleurs, la revanche sonnera.
Une grosse pensée à Ludo, « futur fou », je l’espère … Bonne diagonale à toi !
A bientôt pour une prochaine aventure !
Coach Jack (Dossard 9110)
10 commentaires
Commentaire de ch'ti Gone posté le 08-09-2011 à 09:31:38
Très beau CR qui permet de bien ressentir tous les états emotionnels que l'on rencontre pendant un trail.
A priori, la chaleur a été dur à gérer pour tous le monde et a provoqué de nombreux soucis gastriques.
Ta lucidité t'a fait prendre une décision courageuse au Cormet. Il faut savoir s'arrêter quand on ne prend plus de plaisir, quand l'envie fuit...
Et j'imagine que tes 2 superbes enfants t'ont aidé à encaisser la déception.
Bonne récup et bon chance pour tes prochains objectifs
Commentaire de coach Jack posté le 09-09-2011 à 19:57:21
Merci à toi, c'est vrai que la famille joue un rôle important. Sans eux je ne ferai pas ce genre de défi ... C'est une vraie course collective !
Au plaisir de te lire et peut-être de te croiser un jour même si ta cadence est bien trop rapide pour moi !
Commentaire de TOM TOM posté le 08-09-2011 à 09:58:02
Merci pour ce magnifique CR qui rappelle qu'un ultra c'est tout de même un peu de l'extrême et que de nombreux paramètres entrent en jeu et sont décuplés par la durée etla difficulté du parcours. Même en étant bien préparé nous ne maitrisons pas tout, alors quand des aléas viennent perturber l'avant course...
Félicitations pour ce morceau de course (68 bornes quand même)où tu as fait preuve d'un grand courage (pas facile de continuer quand tout le monde fait demi tour, surtout quand on n'est pas au top).
Commentaire de coach Jack posté le 09-09-2011 à 20:01:14
Tu as raison, c'est pour cela que ma motivation reste intacte et j'aurai raison un jour de cette TDS !
Bravo à toi, j'ai lu ton récit ... quelle belle gestion de course, ça me fait rêver !
Au plaisir de te croiser peut-être.
Commentaire de Yvan11 posté le 09-09-2011 à 11:28:35
Merci pour le récit
Commentaire de coach Jack posté le 09-09-2011 à 19:57:45
De rien !
Commentaire de jano posté le 09-09-2011 à 16:50:48
très beau CR !!
Pas facile de faire 100 bornes quand tu es quasi dès le départ pas super à l'aise avec des problèmes d'alimentation.
et j'avais bien vu que tu n'étais pas dans le classement et que tu n'avais pas dû finir...Ce n'est que partie remise, au moins avec l'UTB.
D'ailleurs, tu m'a mis le doute et je vais peut-être me laisser tenter...mais c'est encore loin.
Commentaire de coach Jack posté le 09-09-2011 à 19:53:37
Fabien, tu n'as pas de doute à avoir !!! Vas-y, lance-toi ... Je te donne donc RDV à l'UTB 2012. Le parcours est fabuleux, les ravitos reposants ... Je compte bien te revoir pour enfin partager le repas d'après course !!!
Bon courage à toi et au plaisir de te lire ou de se croiser à nouveau et au plus tard JUILLET 2012 !
Commentaire de Philippe8474 posté le 19-09-2011 à 20:24:19
Du coup j'suis venu faire un p'tit tour sur ton récit!
Effectivement pas mal de similitudes, on a dû être nombreux à morfler avec la chaleur. Pas grave c'est que partie remise pour l'année prochaine... c'est même peut-être le plus dur à apprendre sur l'ultra: ne pas aller au-delà de ce qui fait mal, ne pas aller là où il n'y a plus de plaisir!
Commentaire de KPO posté le 30-09-2011 à 13:04:09
Coach Jack, très beau réçit,ça me donne envie ! et je vais me lancer dans l'aventure un peu grace à toi !
juste un truc concernant la montagne, on ne perd pas, on ne gagne pas contre elle, on fait avec elle, mais au final c'est elle qui décide !
à + au GSV - Karlos
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