L'auteur : Fimbur
La course : Ultra Tour du Beaufortain
Date : 16/7/2011
Lieu : Queige (Savoie)
Affichage : 1267 vues
Distance : 103km
Objectif : Pas d'objectif
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Début janvier, après avoir été recalé au tirage au sort de la CCC, je choisi une course similaire en terme de distance et de dénivelé, l’ultra tour du Beaufortain.
C’est un sacré objectif, je n’ai jamais fait aussi long, avec autant de dénivelé, ni dépassé plus de 13h de course.
Pendant 6 mois je penserais à cette course, à ce parcours plus de fois que je ne peux le dire.
La préparation se passe plutôt bien avec un mois de juin dense : Pilat Trail et Trail des Ecrins. A 15jours de la course je lève le pied. Il est temps de penser à faire du jus. Ce n’est pas 1 ou 2 entrainements de plus qui changeront mon niveau.
Nous arrivons à Venthon le mercredi soir. Jeudi et vendredi, je m’occupe de notre fille qui va fêter ses 1 an le même jour que la course, motivation supplémentaire. Myriam peut ainsi aller randonner avec les copains venus également pour le long week end.
Vendredi matin, je prépare les affaires. Vendredi après-midi, c’est retrait du dossard et briefing de François. Je rencontre Yann (Yannos69) qui me récupérera le lendemain matin pour venir au départ. On discute courses, météo du lendemain,…
Coup de fil de Myriam, j’avais proposé qu’en revenant d’Arêches ils s’arrêtent à Queige. En fait elle m’informe qu’elle est tombée et que le toubib lui indique qu’il faut recoudre donc elle doit aller au CHU d’Albertville.
Je rentre, voir Myriam en relative bonne forme malgré tout permet de faire retomber un peu de stress qui bizarrement avait bien augmenté sur la dernière ½ heure. Elle sera de retour moins de 3heures plus tard avec 5 points sur le genou, la jambe un peu raide.
On devait se voir le lendemain au barrage de Saint Guérin car point le plus bas pour ne faire trop de variation d’altitude à notre petite. Ça semble impossible qu’elle vienne et qu’elle doive la porter,… surtout qu’avec le choc elle risque d’être un peu fatiguée. Conclusion, on ne se verra pas sur la course. Je la tiendrais informée par tél (si ça passe).
J’essaye de me coucher vers 22h, je crois que je me suis endormi vers 23h30 / minuit. Non non la course ne me stresse pas J
Levé à 2h, Myriam se lève également. J’ai rendez-vous avec Yann vers 3h15. Ça fait une bonne heure pour prendre un petit déjeuner, se préparer et être ensemble avant, normalement, le lendemain.
Nous arrivons sur le site de Queige. Une fois garé, Yann change de chaussures, fini de se préparer,… Je me dis que puisque nous attaquons par une montée de 1500m, autant allonger les bâtons de suite. Au 2ème sur le brin du milieu, je tourne dans le vide. J’y crois pas ! A tour de rôle avec Yann, jusqu’à 5 minutes avant le départ on va essayer de comprendre ce qui se passe, de « réparer ». Coup de bol, j’arrive à visser un peu. C’est légèrement plus bas que d’habitude mais c’est vissé. J’ajuste l’autre bâton et voilà, enfin prêt à partir. (après la course, j’arriverais sans problème à visser / dévisser mes bâtons, bref bref).
Le côté positif, je n’ai pas vu le temps passer. Côté négatif, la boule de stress a bien gonflé dans le bide.
Top départ ! enfin ! je suis bien malgré tout et heureux d’être là, heureux de partir sur cette belle journée. La montée à la Roche Pourrie se passe bien. En vérifiant le chrono et l’altitude, je vois que je suis largement dans le plan de course prévu, donc ça va. A un moment, les gars qui me rattrapent derrière sont avec une radio sur la fréquence de l’organisation. Je trouve ça rigolo de vouloir se tenir informé, puis chemine dans ma tête une idée pas si absurde. Ils sont peut être bien de l’organisation ces gars là, donc donc … y a plus personne derrière ! je suis dernier. Un coup d’œil, effectivement pas d’autres frontales. Je leur demande, ce sont bien les serre-files. A ce moment je m’interroge sur mon niveau (pourtant les autres sont à peine 30m devant) et je me dis que je prendrais le large bientôt. Quelle erreur !
On rattrape d’autres coureurs qui font une pause technique. Le jour commence à se lever, les sommets en face rosissent, c’est magnifique. Voici les contrôleurs du sommet, (2h20, j’avais prévu 2h30) ils sont malins, ils sont du côté à l’abri du vent. J’ai depuis une dizaine de minute une gêne sous le pied droit, je ne voulais pas m’arrêter en pleine ascension. Je passe le sommet, trouve une pierre pour m’assoir et hop je vire les petits cailloux, remet la semelle, et c’est reparti.
J’arrive sur une bifurcation, pas de balisage, enfin si, un joli panneau. Mal réveillé, pas lucide ?, je pars à gauche. Au bout de quelques minutes, après une belle montée sèche, je vois les serre-files qui me rattrapent. Zut ! toujours pas semé. J’ai vu quelques coureurs en contre-bas, je me demande quand ça va descendre. Puis je demande aux 2 gars. Ils ne savent pas non plus. Dans le doute, ils appellent l’orga, je crois que c’est François qui répond. Il fallait partir à droite, pas à gauche. Seule solution revenir à la bifurcation. Demi-tour fissa !
J’arrive à cette … de bifurcation. Effectivement le panneau indique bien col de la Bathie à droite. 50 minutes dans la vue, plus de 3km et un petit 300m de D+.
Légèrement énervé, surtout contre moi-même et mon inattention, je force l’allure. J’avais un plan avec un peu de marge vis-à-vis des barrières horaires, c’est donc toujours jouable. Un peu trop énervé, et donc pas assez attentif, je me tords comme il faut une cheville, puis me vautre dans une descente,… ça tourne mal.
En plongée sous-marine, lorsque de petits incidents mineurs s’enchaînent c’est souvent le signe qu’il faut rester sur le bateau pour éviter l’accident grave ou fatal sous l’eau. Avec cette réflexion (point positif, je suis quand même un peu lucide), je me dis que soit je me calme et j’assure ma pose de pieds pour avancer, soit faut vite arrêter l’histoire avant la blessure. Je choisis la 1ère option évidement. J’ai besoin d’être concentré si je veux finir le tour.
Enfin le refuge des Arolles, j’y suis en 5h pour 4h05 de prévu. J’ai repris du poil de la bête, je vais y arriver, ça va le faire. J’espère une descente prochaine et rapide sur St Guérin. En fait la descente n’arrive pas si vite, et elle n’est pas si roulante, zut pour augmenter la moyenne ça se complique. Enfin le lac du barrage, m… faut longer pour arriver au contrôle. J’y arrive en 7h15, pour une barrière en 7h30 (et 6h prévu). C’est quand bien chaud. Je m’arrête le temps de remettre de la nok et c’est parti pour la montée sur le Cormet d’Arêche. Dur dur sous le soleil, j’ai un sacré coup de barre. Heureusement, les 2 gars, devenus Sébastien et Bruno m’aident beaucoup moralement.
Le ravito arrive enfin en 8h50 pour 7h15 de prévu. Je me pose 10 bonnes minutes : nok, boire, manger, être assis.
Quand je repars j’ai le gnac, la pêche est revenu. Plan Mya c’est faisable ! faut que j’y crois ! Après la croix du berger, pour la 1ère fois j’aperçois un coureur devant moi. Ça me booste, j’envoi un peu plus. Sébastien et Bruno m’encouragent bien, ils sont contents également. La montée au Col du coin est bien raide mais elle passe assez facilement, le compère déjà reparti est en visu de plus en plus proche. Je me fais plaisir dans la petite descente et j’essaye de courir dans la partie pierres d’après. Je rattrape le coureur au niveau du lac d’amour. Au contrôle je vois Yann assis, il arrête sa cheville est trop douloureuse. Mince.
Le col à Tutu se rapproche, j’ai pris un peu d’avance sur l’autre coureur. Un des contrôleurs du col est descendu pour savoir si je ne veux pas arrêter là ! ben non ! je veux me battre jusqu’à plan Mya, comme j’ai l’air en forme on me laisse passer. L’autre coureur s’arrêtera là, je suis à nouveau dernier.
Au col la question est identique, mais je veux continuer !
Je vois le ravito du Refuge Presset, j’ai hâte d’y arriver. M… faut que ça monte jusqu’à ce ravito (11h39 vs 9h10 de prévu). Je stoppe à peine 4minutes.
En me rapprochant du col du Grand Fond, le dé balisage à commencé. Je perds presque 10 minutes à expliquer pourquoi je veux continuer ! moralement pas facile à cet instant. Je bataille depuis mon erreur et là je suis à la limite de laisser tomber, mais non m… je suis venu pour faire le tour, les jambes vont bien alors j’avance. Je vais pas vite, mais je suis en forme.
La montée se passe pas si mal, puis c’est le passage jusqu’à la brêche de Parozan. Enfin je le vois ce pierrier. L’accueil est super, comme depuis le matin je remercie les gars de m’avoir attendu, et je fonce dans la descente. En fait pas besoin de foncer, faut plutôt freiner car c’est bien raide. Tant mieux, ça permet de dévaler plus vite.
Arriver en bas je pensais être proche de Plan Mya, en fait il reste un bon bout de chemin où j’ai du mal à relancer. J’arrive à un contrôle que je crois être plan Mya, mais non il reste 3km me dit le bénévole. Allez faut repartir, ne pas lacher. Mon GPS c’est eteint au bout de 13h de course, je sais que pour la barrière horaire c’est mort, sauf si j’arrive très proche des 13h15.
J’arrive à Plan Mya en 14h ! Fin de l’aventure, Sébastien et Bruno s’arrêtent là également. Je ne les aurais pas semés de la journée.
Une très sympathique bénévole nous ramène tous les trois à Queige.
Je mange un petit bout avant qu’on vienne me récupérer. De retour à l’auberge tous les amis me félicitent, 55kmet 4200m de D+, c’est déjà pas mal.
Il m’a fallu un peu de temps pour rédiger ce compte rendu.
Le bilan est forcément mitigé.
Du côté négatif de la balance, une frustration immense, une déception de ne pas avoir été à la hauteur de mes attentes, de m’être trompé si bêtement.
Du côté positif, la ballade était sympa, les paysages magnifiques, les bénévoles sympathiques, le repas du dimanche excellent. A Plan Mya j’étais encore bien, j’aurais pu continuer. Sans l’erreur, j’aurais passé cette barrière horaire, peut être aurais-je été éliminé à celle d’après mais on ne le saura jamais.
Je pensais pouvoir réaliser 24h / 25h sur ce parcours, j’avais probablement un niveau de 26h à 28h. Ma vitesse est encore a travailler pour avoir un peu de marge vis-à-vis des barrières.
Mon entrainement m’a donné l’endurance nécessaire pour encaisser les descentes, mais pas pour aller « vite » en montée.
Autre point positif inattendu, je m’attendais à avoir des passages seul durant la course. Ça n’a jamais été le cas puisque j’ai été toute la course avec Sébastien et Bruno. Je les remercie pour leur soutien et leur souhaite bon courage pour la PTL fin août.
C’était très instructif de suivre la course via leur radio, les pointages, les 1ers, le nombre de concurrent à tel contrôle, le nombre au suivant, les abandons qui ce sont succédés à un moment donné,… j’ai eu une vision de la course un peu de l’intérieur.
Un dernier petit mot pour remercier ma Chérie pour m’avoir soutenu pendant toute la préparation, toute la course et après également.
I will be back ! (probablement en 2013)
4 commentaires
Commentaire de Fredy posté le 04-08-2011 à 21:00:16
Bravo pour ton courage et ta tenacité. Bon rétablissement à madame.
Commentaire de millénium posté le 05-08-2011 à 12:50:38
J'imagine sans peine ce mélange d'un beau parcours (pas si mal comme tu dis !!) et une certaine déception. Allez l'ami , il y aura plein d'autres beaux ultras et on va y arriver !!!Merci et bravo
Commentaire de yannos69 posté le 23-08-2011 à 11:31:47
Merci Franck pour ce CR, je m'y revois ;-)
Dommage que tu te sois perdu, je pense que tu serais allé au bout, tu étais bien préparé et tu avais un gros mental !
Tu peux être fier de ce que tu as fait car c'est un gros morceau cet UTB, à finir l'an prochain !!
La bise à Myriam et Chloé
Commentaire de Bicshow posté le 16-07-2013 à 18:01:22
Je m'y croirai dis donc
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