L'auteur : Berty09
La course : Trail des Citadelles - 40 km
Date : 24/4/2011
Lieu : Lavelanet (Ariège)
Affichage : 2748 vues
Distance : 40km
Objectif : Pas d'objectif
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Objectif majeur cette année. J'avais une revanche à prendre avec moi-même. L'an dernier j'avais explosé en plein vol et le souvenir de la dernière montée hantait encore mes nuits de trailer. Je visais les 5h pour entrer dans le top 50 (en 2010 je finissais 79ème en 5h27). Bien motivé, j'avais reconnu le parcours lors de deux sorties sympas avec mes camarades de club. Pour tout dire, ma préparation se terminait dans un état de fatigue avancé mais je pouvais compter sur une semaine de repos pour recharger les accus avant la course.
Petit imprévu dans mes plans, mon beau-père débarquait 10 jours avant la course chez moi pour m'aider à des travaux de maconnerie! Pas question de refuser un tel service...du coup les 10 derniers jours d'avant course se changeront en préparation de type UTMB (Utilisation Truelle Marteau Burin). Pas de quoi me faire perdre ma motivation et le jour J, j'étais bien au rendez-vous à Lavelanet beach avec un temps idéal pour la course à pied.
Cette année j'avais misé sur les bâtons pour ce long trail. Cela devant avant tout m'aider à économiser mes jambes et en cas de fortes pluies, m'aider à me hisser dans les montées. Mauvaise pioche pour la météo, le terrain restant désespérément sec pour le cru 2011. Je me sentais bien préparé pour cette course et il me tardait maintenant de voir si ça allait passer.
Petit coucou de dernière minute aux gars du club car je suis pas trop en avance. Pour ce 40, il y a là Laurent qui vise le podium, Jean-Mi qui devrait être dans le même tempo que moi, Arnaud légèrement en retrait - bien qu'il finisse fort sa préparation - et Philippe qui préfère partir tranquille. Comme on dit dans le milieu, une saine émulation.
Je pars comme d'habitude, en essayant de me placer à la place que je vise pour le final, c'est à dire aux environs de la 40ème pour cette course. Ca ne traine pas mais je suis confiant pour la suite et suis surtout préoccupé par la gestion de mes bâtons. Décrochage du Camelbak, dépliage, refixation du sac et c'est parti. C'est un peu fastidieux mais je vise l'efficacité sur l'ensemble de la course.
Je suis enfin dans ma course, les 400 trailers se sont étirés et nous voici seuls face à nos défis. La première partie de course se passe plutôt rapidement. Je suis bien, sans être facile, je m'approche du château de Montségur à grands pas et arrive au pied du château juste à temps pour croiser Laurent qui a pris la tête de la course: quelle santé!
Je fais la montée et croise donc tous les gars qui me précèdent. Ils ne me paraissent pas si nombreux finalement. Arrivé au château, je range les bâtons et descend avec grand plaisir le fameux pog. Il est maintenant temps de penser à bien s'hydrater et prendre un gel avant de continer la longue descente qui nous emmène vers le premier ravito à Montferrier vers le 15ème km. Juste avant le ravito, Jean-Mi me hèle. Il vient de me rattrapper et nous allons donc faire une partie de chemin ensemble.
Nous attaquons la montée ensemble et je vais me rendre compte petit à petit que je ne suis pas si bien que ça et qu'il m'est de plus en plus dur de suivre le rythme de Jean-Mi. Je le laisse donc filer en étant encore persuadé que dès que ça ira mieux je reviendrai à sa hauteur. Nous sommes maintenant en route vers Roquefixade et faute de Jean-Mi je sympatise avec d'autres trailers qui remontent eux aussi de l'arrière. L'ascencion de Roquefixade débute et levant la tête, j'aperçois Jean-Mi qui file déjà sur la crête. Je comprends à ce moment que je ne le reverrai plus.
La montée du château se fait difficilement mais sans gros dégâts. J'ai encore en tête de bien finir mais il m'est difficile de relancer sur le plateau et tout ceci ne présage rien de bon. Au niveau du classement, j'ai été pointé à la 44ème place à Roqufixade, je suis toujours dans mes objectifs. La descente vers Roquefort-les-cascades va finir de m'entamer. Je me rassure en me disant que c'est "moins pire" que l'an dernier. Le ravito arrive enfin. Je vais peut-être retrouver miraculeusement mes forces de vaillant combattant...Il n'en sera rien.
Il faut bien se rendre à l'évidence, je me traine et les 10 derniers km n'auront qu'un seul but: limiter la casse. Désormais je ne double plus personne et c'est plutôt de l'arrière que ça revient. Tant pis, je reste dans ma course et continue à faire avancer ma carcasse vers le dernier défi, cette fameuse montée de Raissac: 200m de dénivelé, droit dans la pente.
Ce devait être l'apothéose d'une course rondement menée, il n'en aura pas été ainsi. Voici d'ailleurs la première féminine qui me passe sans ménagement et réveille en moi mon côté macho. "Dès qu'elle faiblit je la repasse"...t'affolle pas Berty t'es cuit et bien cuit. Je repasse bien un gars ou deux à l'agonie dans Raissac mais c'est plus ça. J'en fini de cette côte et bascule sur le plateau final. Et là, waou! Les mollets en béton, crampes à droite et à gauche.
Pas question de marcher pour autant, ça va passer et puis je suis pas seul, deux autres gars viennent d'être foudroyés par les crampes. Je cours comme un cosmonaute mais je cours. Reste encore trois km pour rejoindre l'arrivée. J'essaye de me refaire une santé à grands renforts de pensées positives. "C'est bien c'que tu fais là Berty","Y'en a plein qui galèrent encore plus que toi"...etc
Et c'est ce moment que choisi Arnaud pour m'e décocher une flèche dans le dos. Mon propre frère de club revient de je n'sais où. Il me talonne, frais comme un gardon et en plus il m'engueule. Le pire c'est qu'il a raison, qu'est-ce que je fais là à me trainer?! Il m'exhorte à le suivre, à lui prendre la roue mais j'en suis bien incapable. Allez, qu'on en finisse.
L'arrivée aurait pu être belle. Ce monde, cette ambiance... Je sais que ma course est ratée. J'échange quelques mots avec les uns, les autres mais je ne suis pas bien. Je ne sais même pas ce dont j'ai envie. Poser mes bâtons, me reposer, marcher, partir, rester...je ne sais plus vraiment. Je ne suis pas fait pour ce genre de courses, je touche mes limites...j'en sais rien. Grand moment de doute.
Et puis petit à petit je digère, je relativise, je reprends des couleurs - je reprends du saucisson aussi - et puis ça va mieux. Le repas, les récompenses, un coup d'oeil aux résultats: 50ème en 4h58. Pas si mal au niveau comptable mais aujourd'hui c'était pas le chrono le plus important, c'était les sensations. Et de côté là, c'était la soupe à la grimace.
3 commentaires
Commentaire de Francis31 posté le 01-05-2011 à 19:27:00
Relativise, nous sommes nombreux a envier ton classement et ton chrono...Et je crois aussi que dès qu'on allonge la distance, les sensations ne sont plus les mêmes, ne sont malheureusement plus celles que l'on souhaiterait avoir...Nul doute que d'ici quelques temps, tout cela sera oublié.
Commentaire de Berty09 posté le 01-05-2011 à 19:53:00
si seulement je courais déjà les seuls trois derniers kilomètres comme tu les as courus...
tu es mon champion...évidemment je ne suis pas très pro ni impartiale...par contre je suis très fière... Et bon anniversaire mon chéri !
nunu09
Commentaire de laulau posté le 06-05-2011 à 18:05:00
Des fois, les sensations ne sont pas là mais tu es quand même rentré dans tes objectifs.
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