L'auteur : Fredy
La course : Thiers-Roanne
Date : 5/12/2010
Lieu : Roanne (ou Thiers) (Loire)
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Distance : 57km
Objectif : Pas d'objectif
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Thiers Roanne - Voyage au bout de la nuit.
Avant de bâfrer les repas de fêtes et de se gaver jusqu’aux amygdales, il est de tradition chez les cavaleurs au long cours et les allumés du cerveau de participer à la der des der. Pas une corrida ou une course au saucisson, non une vraie course, un truc comme la traversée du désert du Sahara sans eau ou la marche Thiers Roanne. N’ayant pu avoir les billets d’avion à temps, se sera la marche qui sera retenue.
Petit flash back :
En 1925, à la sortie d’une séance de cinéma à Roanne, Lucien Clairet propose à ses deux amis de leur offrir l’apéritif. Ils acceptent sur le champ sans en connaître la destination. Lucien Clairet avait choisi la ville de Thiers. Ses deux comparses relevèrent le défi, de ce qui allait devenir, au fil des ans, une marche de nuit de réputation nationale.
Il m’en fallait pas plus pour convaincre notre petit groupe de coureurs de Cap Aulnat de tenter l’aventure. Pour la promesse d’un apéritif à l’arrivée, ils seraient prêt à tout, même de courir 57 km en pleine nuit au mois de décembre. Le temps que l’on passe à courir, on le passe pas à se demander pourquoi on court et c’est mieux ainsi car Lucien Clairet, paix à ces cendres, ne nous attendait pas à l’arrivée avec son précieux breuvage. Fred, Philippe, Anne-Laure et Sylvie se joignent à moi pour cette balade au clair de lune. Ayant déjà participé à trois éditions, je me suis permis de divulguer quelques conseils à mes disciples dipsomanes.
C’est ainsi que le samedi 4 décembre nous nous retrouvons à la maison pour une pasta party qui aurait pu facilement finir en bacchanale si l’esprit du sport et le don de soi ne l’avait emporté.
Fred, cycliste repenti, nous fait profiter de sa longue expérience des produits illicites et c’est avec beaucoup d’insistance que nous refusons son pot Belge bio.
Vers 22h00 nous embarquons armes et bagages pour prendre le départ à Thiers. Nous retrouvons les marcheurs du club avec lesquels nous faisons une photo de groupe. Nous faisons la pause, mimons la sérénité en pensant que dans vingt ans nous regretterons la tête que l'on a maintenant.
Il fait une chaleur infernale dans la salle des fêtes qui nous sert de box d’attente. Nous préparons nos sacs, trions le nécessaire du superflu, passons notre habit de lumière.
Il est minuit moins cinq, je recherche désespérément ma lampe frontale, mon bonnet et mes gants. Je retourne toutes mes affaires en vain. Sans m’en rendre compte, je suis la victime innocente d’un complot fomenté par mes co-équipés. J’apprendrais bien plus tard (le cerveau de cette machination s’est dénoncé ) que c’est par inadvertance que mes affaires ont étés mélangées à d’autres dans le sac d’un marcheur. C’est la version officielle, car il ne fait aucun doute que mes collègues, conscients de mon immense supériorité ont voulu délibérément m’handicaper en me privant de mes affaires. Par chance, j’ai un bonnet et une paire de gants de secours. Pour la lampe, je joue profil bas car ils pourraient m’abandonner au coin d’un bois. La région est peu sure, des loups affamés ou des ménagères en rût pourraient me tomber sur le rable. Par précaution, je vais me contenter de courir dans leurs pas. Je me vengerai au prochain entraînement de ces misérables cloportes.
Le départ à sonné depuis quelques minutes quand j’arrive finalement à rejoindre mes compagnons de jeu. Nous partons en queue de peloton, nous devons remonter toute la file des marcheurs pour s’installer avec les premiers coureurs.
Rapidement nous nous retrouvons seuls aux avants postes. La traversée de Thiers laisse place à une petite route sinueuse qui s’engouffre dans les sous bois.
Les neuf premiers kilomètres ne cessent de monter ce qui permet de se réchauffer rapidement par ce temps très froid. Notre moyenne est de 9 km/h, tout va bien la nuit peut commencer. Le premier ravito permet de souffler un peu mais il ne faut pas s’attarder au risque de congeler sur place.
La deuxième partie est en faux plat descendant, nous accélérons un peu le rythme avant d’aborder la montée du col de Saint Thomas, point culminant de la course. Passé le deuxième ravito, j’ai un violent coup de froid. Je me sent mal, j’ai des nausées, des tremblements. A quarante kilomètres de l’arrivée, la suite de la course de s’annonce pas sous les meilleurs hospices. Avec la transpiration, ma polaire a gelé dans le dos. Je savais déjà que j'étais givré mais là je suis Mister Freeze. J’ai été un peu optimiste sur ma tenue. J’enfile mon coupe vent, je commence à me réchauffer. The show must go on, je reprends la course. L’ascension du Col de Saint Thomas me revigore. Arrivés au sommet, nous faisons une nouvelle pause pour remplir nos bidons.
Les organisateurs on allumé un grand feu où traditionnellement les habitants du cru font brûler les chats et les sorcières en gambillant des danses tribales. Le thermomètre est descendu sous les -12°C, il ne faut pas traîner par ici non plus.
Il nous reste dix kilomètres avant d’arriver à Saint Just en Chevalet, magnifique port de pêche situé à mi-course. Nous profitons d’être dans une salle chauffée pour nous changer. Nous laissons Sylvie avec les autochtones. Elle fait les 32 km, une navette la ramènera à Thiers. A ce jour, je n’ai pas lu d’avis de recherche, son retour à du bien se dérouler.
C’est à quatre que nous remontons sur Font Pot. La pente est aussi dure que la glace qui recouvre la route. Nous y laissons beaucoup d’énergie, les appuis sont fuyants, le froid me brûle le visage, il est plus de quatre heures du matin, tout va bien.
Il y avait quoi à la télé ce soir ?
L ‘élection de Miss France.
T’ain qu’est-ce que je fous là ??
C’est toi Fredy qui à eu cette idée à la con !!
Allez les gars, plus c’est long, plus c’est …
Bon pas la peine de rêver, on aperçoit déjà le ravito. Une course pause, un mars et çà repart.
Il reste un peu plus de vingt cinq kilomètres à parcourir. Le profil est descendant mais la neige et les plaques de verglas rendent la course difficile. Malgré cela nous parvenons à accélérer la cadence. Nous arrivons à Moulin Chérier, avant dernier ravito de la course. Le jour commence à se lever. Une sorte d’euphorie générale gagne notre groupe. Au dernier ravito nous apprenons qu’Anne Laure est la première féminine de la course. La cloche à sonné (non je ne parle pas d’Anne-Laure), nous maintenons notre allure. Roanne est en vue, encore un effort et nous passons l’arche d’arrivée. 7h30 de course, c’est un résultat qui restera dans les annales comme dirait mon proctologue. Un tonnerre d’applaudissements accueille la première féminine. Pfff, fastoche, on l’a poussé toute la course. A partir de cet instant, elle ne nous adressera plus la parole. Il se raconte dans les milieux autorisés qu'elle aurait pris la grosse tête en faisant la une de tous les journaux. Enfin, le Semeur Hebdo et France Agricole, c’est un début. Les mauvaises langues racontent qu'elle aurait posé pour Pèlerin Magazine.
Je passerais sur le retour en voiture qui fût interminable. Nous n’avions que 3 euros en poche, pas assez pour payer l’autoroute. C’est par des chemins de chèvres verglacés, avec un neurone pour quatre que nous rejoignons enfin notre domicile.
Merci aux organisateurs qui nous permettent de passer ces si bons moments.
7 commentaires
Commentaire de domi81 posté le 07-12-2010 à 09:10:00
Fredy : "Merci aux organisateurs qui nous permettent de passer ces si bons moments."
Domi81 : "merci de m'avoir fait passer un bon moment en lisant ton récit !"
ça fait plaisir d'avoir des nouvelles...fraîches.
allez grand fou, passes de bonnes fêtes et penses à farcir la dinde... pour noël !
au plaisir de te retrouver...
Commentaire de CROCS-MAN posté le 07-12-2010 à 22:05:00
Merci Fredy, super balade. Passes de bonnes fêtes de fin d'année
Commentaire de Baobab posté le 08-12-2010 à 13:45:00
Excellent ce cr, je me suis bien marré à te lire. Je note au passage la référence Thiers-Roanne pour les nuls (par l'auteur du cross de Montjuzet, tiens donc ; ) )l'existence d'un cinéma à Roanne en 1925 (incroyab') et l'âge respectable d ecette course qu'il faudra qu'en bon auvergnat, je participe un jour.
Merci Fredy pour cette lecture, et bonne fin d'année!
Commentaire de bubulle posté le 10-12-2010 à 10:27:00
Merci pour ce récit d'une course que je me promets bien de faire un jour (l'autre candidate dans le coin, que j'ai personnellement quitté il y a 30 ans mais où j'ai toujours mes attaches) étant Le Puy-Firminy.
Thiers-Roanne, c'est plutôt chemins ou routes, au fait?
Commentaire de bubulle posté le 06-09-2015 à 19:46:55
Eh bien voilà. Je suis inscrit pour 2015, 5 ans après ton récit..:-). Et je compte bien donc commettre le deuxième récit sur Kikourou de cette course !
Commentaire de Fredy posté le 07-09-2015 à 20:46:14
On y sera surement cette année aussi :-)
Commentaire de bubulle posté le 15-11-2015 à 15:02:51
Alors, il faudra guetter le petit sac Bob l'Éponge jaune sur l'arrière du sac à dos, signe distinctif du bubulle en course....
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