L'auteur : Le Loup
La course : Trail Nocturne des Lueurs d'Espoir - 30 km
Date : 31/10/2010
Lieu : Fleurines (Oise)
Affichage : 2080 vues
Distance : 30km
Objectif : Pas d'objectif
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Quel titre donner à ce CR ?
Voilà la question que je me pose devant cette feuille (électronique) blanche qui me regarde depuis 5 minutes… Ce que j’ai envie de raconter mêle course à pied, amitié, partage, émotion, satisfaction.
J’ai d’abord commencé par retrouver sur place une bande de copains et copines. Des copains qu’on ne voit pas si souvent mais avec qui on commence à avoir quelques souvenirs !
Les préparatifs pour la course à laquelle je suis inscrit (pas souhaité courir le challenge pour cause de pieds encore fragiles) sont rapidement faits ; sans émotion particulière car l’habitude est là et le matériel bien rôdé.
Je ne connais pas le terrain mais j’ai “étudié” le tracé fourni par l’organisation dans la semaine, sur le site de l’Association Julien & Jonadev. Je n’ai pas dans l’idée d’appliquer une stratégie particulière mais étant donné que le lendemain je suis signaleur sur le parcours ; il valait mieux que je jette un oeil au plan…
Le dénivelé nous attend essentiellement sur la première moitié du parcours et la seconde partie s’annonce plus roulante. Voilà en gros ce que je sais au moment où le départ est donné, vers 20h… sans la sono prévue, ce qui obligera Myriam à continuer à s’esquinter la voix. On compte quasiment tous ensemble, c’est sympa aussi !
Nous devons rallier les bois en quittant le village par une longue côte. Je suis sagement le groupe de tête sans chercher la jonction et je compte 8 coureurs devant moi lorsque nous quittons le bitume.
J’appréhende un peu pour mes voûtes plantaires. Les changements de surface et les appuis mal préparés sont rudes à supporter, et la saison des nocturnes démarre à peine...
Le rythme est soutenu mais après seulement quelques minutes de chemins je reprends déjà des coureurs : bon pour le moral, mais ce n’est pas non plus la course des Templiers, hein ! Le terrain est bien gras en revanche, et l’expérience me conduit à ne pas chercher l’évitement : "splash" de bon coeur, et c’est déjà au-dessus des chevilles sur les premiers passages.
MiniFranck remonte à ma hauteur vers le 4ème km alors que je le croyais sagement dans une course d’attente pour son challenge 2x30km.
La première côte vraiment prononcée lui permet de faire une petite différence, je réussis à rester dans son sillage et nous rattrapons un, puis deux autres coureurs. A ce moment de la course nous sommes 4ème et 5ème et nous garderons ces places assez longtemps. De temps à autre j’aperçois 2 frontales assez proches derrière nous… Les suivants n’abdiquent pas !
Franck m’a pris une bonne centaine de mètres sans que je réagisse et je relance maintenant pour revenir à sa hauteur.
On court sans se gêner, et en se comprenant bien, malgré le peu de paroles échangées.
Ces moments de course resteront un excellent souvenir alors qu’en général je ne supporte pas très longtemps d’être accompagné.
Dans les bosses Franck prend un peu « l’ascendant »(oui, l’expression est choisie…), et le plat me permet de fixer un tempo “vivace” (prononcez à l’italienne comme pour la musique…). Les descentes m’offrent des moments bénis des Dieux même si, de nuit et dans un mélange boue+racines+cailloux, aucune faute n’est permise.
J'ai toujours goûté une préférence pour ces conditions de course ; les nocturnes me voient fréquemment remonter dans les classements et j’ai même des chronos plus rapides que de jour sur certains tracés… Etonnant mais cela vient peut-être d’une meilleure adaptation et d’une plus grande concentration, et puis je suis un loup après tout !
A plusieurs reprises je réussirai à reprendre les écarts creusés par Franck à la faveur des montées. Nous ne nous attendons pas une seule fois, suis-je tenté d’ajouter à l’intention de ceux qui voudraient y voir une course d’équipe, mais comme nous faisons jeu égal ce soir, et que nous nous apprécions, la route est toujours plus sympa à tracer comme ça… Nous partageons un gel et quelques données kilométriques car Franck garde sa montre dans sa poche ; bracelet cassé…
La jonction s'établit avec les coureurs du 15km et nous échangeons quelques mots avec eux. Ils sont au 8ème km de course : nous en avons le double dans les jambes. L’un des concurrents du 15 se prend pour Candeloro et se retourne comme une crêpe en jurant comme un diable ; difficile de réprimer un fou rire. Nous ne les attendrons cependant pas car manifestement les “quinzistes” ne peuvent suivrent notre rythme “presto”. Peu après nous bifurquons à nouveau pour reprendre le tracé du 30 en les laissant le moral en berne.
Entretemps nous avons été rejoints. Je le reconnais : c’est l’un des deux que nous avions oublié vers le km 7 ou 8. Il s’est arraché pendant au moins 15km pour revenir car nous n’avons pas beaucoup levé le pied. Nous voici en trio et, au passage du signaleur suivant, nous formons une escadrille compacte qui ne doit pas manquer d’allure car nous sommes dans une portion bien roulante. 14, et parfois 15km/h sur le plat.
J’en profite ici pour remercier tous les bénévoles sur le parcours. Leurs indications ont été exemplaires et leur aide précieuse pour ne perdre aucun instant ; le balisage quant à lui exemplaire. J’aurai un geste de la main chaque fois que possible pour les bénévoles même si je ne décroche pas un mot.
Le gars prend la tête des opérations mais il paye un peu son effort et manque de se tromper de chemin ; Franck et moi le ramenons dans le tracé.
L’allure se maintient et j’ai le sentiment que Franck ne pense plus trop à sa course du lendemain. Il relance et prend la tête à la faveur d’une nouvelle butte. Je cède un peu de terrain et les deux m’échappent.
Pendant quelques kilomètres je suis à nouveau seul ; en poursuite… Une grande descente me permet de relancer. Si j’ai perdu du terrain précédemment c’est surtout parce que l’allure s’est encore durcie. Je vole littéralement par-dessus les obstacles, sans crainte, les sensations sont absolument fabuleuses. Parfois je me dis que je ne cours que pour sentir cela… Assez loin devant (peut-être 200m ?) je distingue des reflets par intermittence ; je suis en train de revenir sur un coureur. Je devine Franck car l’autre avait une poche à eau qui le rendait facile à identifier. Il s’est bien repris et a semé Franck !
Je réussis à revenir du diable pour la troisième fois et nous reformons naturellement le binôme, ma montre indique que nous venons de tomber le km 26.
Les efforts déployés ne sont pas vains car nous reprenons aussitôt du terrain sur notre gaillard.
A nouveau une partie commune avec le 15km, en fait la fin de parcours, et nous entamons la dernière pente très collante qui nous ramène sur Fleurines.
Je souffle fort car je commence à ressentir quelques alertes de crampes à cause de cette glaise super-collante, Franck me suit de près… Quelle course il aura fait ! Je lui dit et on se marre en pensant à sa course du lendemain qui s’annonce délicate.
Nous “surplombons” Fleurines avec au moins 2 à 3 cm de boue sous chaque pied. C’est la fin du parcours et j’entends un bénévole annoncer la dernière descente sur 400m. Franck décide de temporiser un peu (il est bien temps, lol !) et me donne mon ticket de sortie pour essayer de combler l’écart sur notre devancier.
Je déplie un peu mais notre loustic a déjà engagé bille en tête et pris 80m d’avance… Je m’arrache, décrottant mes chaussures dans de grandes enjambées ; ça gicle de partout, terre et gravillons mêlés. C’est le rut final, pardon le rush^^ !!! Désolé encore plein de boue sous les pattes…
L’autre n’est pas en reste car il me sait derrière lui… Il gratte mètre par mètre, je le vois bien : je ne lui reprends rien, et pourtant je suis entre 17 et 18 km/h (je le verrai sur la montre après la course).
Je ne respire plus, je donne ce qu’il me reste et je franchis la ligne d’arrivée avec quand même beaucoup de satisfaction. Je félicite le gars qui m’attend, cassé en deux et souriant, sur la gauche de l’arche d’arrivée. Franck est 2’ derrière mais il arrive plus relâché, l’air assez satisfait de sa course.
Nous retrouvons la chaleur de la salle des fêtes puis filons sous une douche méritée à l’autre bout du village ; l'eau est super chaude : coooool...
La soirée est brève mais sympa, et après un repas réparateur, et une petite remise de récompenses où j’ai la surprise d’être appelé, nous rejoignons notre lieu de villégiature : l’école de musique !
Vous apprendrez sûrement par quelques mauvaises langues de bien drôles d’histoires : sachez juste que votre humble serviteur s’est couché sans faire d’excès, pour une nuit reposante mais courte ! Bien que je ne coure (subjonctif présent ?) pas le lendemain j’avais décidé sagement de ne boire que de l’eau, contrairement à ce que certains prétendent. Par contre eux ! Mais je ne suis pas une balance ; hein Bruno, hein Philippe, hein Laurent…
-NUIT-
(courte…)
Le petit matin pâle est déjà là, malgré le changement d’heure en notre faveur, et je file déjeuner vers 7h30 pour le briefing des signaleurs.
Une autre journée de course démarre... sans moi :-(. Le soleil décide de me narguer en dardant ses plus beaux rayons d’automne (…) alors qu’il nous était promis de la pluie…
Voir les copains se préparer fait bizarre (c’est même presque cruel). Bruno termine son déjeuner et nous suivons un bénévole en voiture jusqu'à notre poste.
Les couleurs en forêt sont magnifiques. Bruno et moi nous lamentons un peu de ne pas prendre un départ ce matin.
Voir passer les copains sera quand même un grand plaisir et nous les encouragerons à tour de bras, tout en assurant la sécurité de notre carrefour. Nous sommes à une traversée de route à environ 6 km du départ et il s’en faudra de peu qu’un automobiliste ne renverse Bruno pendant le passage des coureurs ; l’auto ralentira mais le pépère au volant ne fera pas mine de s’arrêter…
Un quad survient et annonce l’arrivée des premiers du 30.
Les 4 de tête passent ; le premier de la veille est déjà bien placé. Franck passe quelques temps après sur un bon rythme encore et avec 4' d'avance sur Georges...
Les deux souffriront quand même un peu plus loin. Les challenges ne sont jamais faciles.
Quelques instants se passent... Une pause bienvenue ; l’occasion de boire un peu d'eau pour rafraîchir nos gosiers enflammés à force de supporter les coureurs et de voir arriver Land avec un sac énorme (ou bien était-ce le chti sur son dos ?) ! Olivier prendra quand même le temps de boire une petite bouteille d'eau minérale pétillante avec nous.
Le buggy des ouvreurs du 15 arrive lancé comme une balle. Un seul pilote cette fois et il est tellement crotté qu’on ne lui voit que les yeux ! Il annonce les premiers à 10’ mais doit pour sa part emprunter une portion de route : son buggy est trop large pour le chemin qui nous surplombe.
Les gars arrivent tout en muscles et en fureur. Le peloton suit, assez étiré, puis c'est à nouveau le calme avec quelques esseulé(e)s et jusqu'à l'arrivée de deux lapines (oui, parce qu'après le calme hein...^^).
Il ne nous reste plus qu'à retourner vers Fleurines. Nous rejoignons donc la zone d’arrivée et montons à la rencontre des arrivants.
Lorsque Franck se présente nous lui emboîtons le pas, du moins jusqu’à ce que Bruno finisse par être lâché…^^ J’accompagne Franck jusqu’à l’arche sous laquelle il passe dans un temps fort respectable de 2h58’, good job ! Il se place 2ème du challenge 2x30km, une très belle place derrière un 1er (senior) carrément intouchable, aucun regret…
A nouveau un buffet copieux à disposition et la remise des récompenses. Encore de bons, très bons, moments passés en compagnie de MiniFranck (partner !), Land et Chtigrincheux serres-files des 30km, de Redpanda signaleur avec moi, de Linda et Delphine adorables bunnys serres-files des 15km, de PetitFranck venu en bénévole également, de l’inénarrable Bagnard qui étrennait son nouveau fourgon, de Tamiou et Brigitte (zut, un affreux doute, c’est bien Brigitte ?), le beau Dan60 (tel un merle, attends tu vas comprendre…) et Bernadette (très chouette, voilà !), de Chierry j’y cours (très fantasque et un peu poète...), de Marc78 (très fatigué), Pascal et Myriam les organisateurs (quelle émotion partagée dans les discours…) et celles et ceux dont le nom ne m'est pas connu.
Puis vînt le moment de partir, car les bonnes choses ont une fin et surtout je dois me lever à 4h le lendemain, malgré la “fériétitude” du jour.
J’espère n’avoir oublié personne parmi les kikous…
Je ne pouvais pas vous retranscrire intégralement l’ambiance ou les moments de partage et d’émotions... Et si vous veniez voir ça de plus près l’année prochaine ?
En conclusion : à faire et à refaire, avec toute la bande, indiscutablement !!!
Le Loup.
Novembre 2010.
*Merci Bruno, je corrige le récit, pas les idées claires j'ai bossé tôt^^
**Excellent ton commentaire Linda ! Le saucisson était l'idée (et quelle bonne idée !!!) de Redpanda, mon coéquipier signaleur^^Moi c'est de l'eau pétillante que je t'ai proposé... :-)
10 commentaires
Commentaire de redpanda posté le 01-11-2010 à 20:50:00
Bravo,pour la perf et ce beau Cr.
tu confonds le 15 et 30, le 30 passe en 1er.
c'était sympa d'être bénévoles sur cette course, en particulier, avec un loup de ton espèce.
Commentaire de MiniFranck posté le 01-11-2010 à 21:04:00
Je ne connaissais pas Le Loup mais Aleksou et en fin de compte c'est le même pédigrée... :)
Merci pour ton excellent CR et pour ces très bons moments. Félicitations pour ta perf. et ton rôle de signaleur le lendemain. Tu sais recevoir et donner, bravo !!!
Commentaire de JM2CJC posté le 01-11-2010 à 22:01:00
un grand moment de poesie ; nan g'deconne
Bravo pour tes 2 sorties
Content d'avoir fait connaissance et de te lire
A+
Jean-Marc
Commentaire de Jorge posté le 01-11-2010 à 23:16:00
Très beau récit !
J'aime bien la marque de ton eau pétillante...
Commentaire de chtigrincheux posté le 02-11-2010 à 11:31:00
Pour 2011 faut préparer un truc furieux ,on garde le piano ainsi que la colonne.Par contre perso se sera course du soir et signaleur gueule de bois le matin.Trop court ,trop bon,trop bien,pas facile de revenir à la réalité
Commentaire de Land Kikour posté le 02-11-2010 à 19:41:00
Très sympa ton CR et bravo pour ta performance, mais je ne suis pas surpris.
Bon allez, on remets ça l'an prochain, je tenterai d'aller plus vite que le serre-file.
A bientôt,
Commentaire de langevine posté le 02-11-2010 à 21:00:00
Encore un grand loup qui me rappelle vaguement un Aleksou croisé dans les Monts d'Or l'hiver dernier... caché derrière une branche pour mieux nous transformer en bonnes femmes de neige... ah non, c'est pas le même?!? Ma mémoire doit faire défaut alors... ;-)
Bravo Alex pour cette belle course!!
Commentaire de linda posté le 03-11-2010 à 14:27:00
Hey le loup!!!
Si avant de lire ce récit j'avais caché le nom de l'auteur, j'aurai plutôt misé sur le cr d'un skieur compétiteur concentré sur sa piste, nargant ses adversaires, déscenant tout shuss sur la neige et finissant sa course les skis parallèles en éclabousant le puplic!!!
Ha mais c'est que j'adore des récits comme ça, avec de la niak, du "rentre dedans" sans floritures, paske le passage du croisement des "pov gens" du 15..hum hum :)), ça marque la concentration du compétiteur-skieur!!
Et j'ai aussi adoré le bénévole qui se lève le matin après sa belle prestation du soir, bonsoir, les yeux bordés de reconaissances, à se demander ce qui c'est, en effet, vraiment passé la nuit (je m'le d'mande encore!) puis qui m'offre généreusement son petit bout de saucisson au détour d'un bois....
Mon opinion est donc faite, le loup, ne porte que le nom, car finalement, il n'a pas de si grandes dents, ni le regard vif mais plutot lumineux à cacher un certain nombre d'émotion!!
MOn cher Alexsou, ton allure de Loup cache une grande tendresse...si si.. tu l'as bien prouvé ce week end, tu ne peux plus revenir en arrière, le bien est fait!!!
Un grand plaiz de te revoir et de rebouffer ton saucisson!! :)))
Linda
Commentaire de ampoule31 posté le 04-11-2010 à 18:39:00
Le loup qui boit que de l'eau !
Y'a des photos ?
Commentaire de caro.s91 posté le 04-11-2010 à 23:33:00
Superbe récit, apparemment à la hauteur d'un week end que j'ai compris inoubliable pour beaucoup d'entre vous.
si je comprends bien, les blessures, c'est du passé et j'en suis ravie pour toi. :-)
Caro
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