L'auteur : c2
La course : Vendée Ultra Trail
Date : 26/6/2010
Lieu : Mervent (Vendée)
Affichage : 2021 vues
Distance : 100km
Objectif : Pas d'objectif
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Ce texte est paru dans le n°72 d'Ultrafondus d'Août 2010
en voici une version avec beaucoup plus de photos
Et dire que je ne devais pas venir ! Mais parfois le destin... Celui d’une épreuve annulée, devant se dérouler 4 jours plus tard le long du canal du midi. Il nous fallait mentalement rebondir. Vite, très vite. Alors ce sera cap à l’ouest pour participer à cette première édition du « VUT » (Vendée Ultra Trail). Avec un départ à l’aube, dès 5 h en ce samedi 26 juin 2010, l’épreuve sera pour nous courue en couple. Nous sommes bien loin des clichés touristiques qui pourraient vous faire associer la Vendée avec des images de plages de sable fin, de ports de pêche, de canaux, d’étiers et de marais. Ici c’est un autre pays, bien à l’intérieur des terres, avec de la verdure et du relief, dernier contrefort sud du massif Armoricain. Le tout avec une promesse de 2000m de dénivelé positif sur le parcours. Alors, vous avez dit : « plate la Vendée ? »
Ce trail est organisé par l’association « cours toujours 85 » et le club « SAF » : Société Athlétique Fontenaisienne. Leurs responsables veulent nous faire découvrir leur « terrain de jeu favori ». Déjà bien rodés par l’organisation du « Bol d’air » depuis 18 ans sur des distances plus courtes allant jusqu’à 50km, ils ont relevé le défi de trouver un tracé d’ultra sans équivalent dans la région. Plus grand massif forestier du département qui s’étale sur 5000 hectares, la forêt de Mervent-Vouvant nous accueille avec ses impressionnants chênes Sessile de plus de 30 mètres de haut et de plusieurs centaines d’années. Véritable grenier à bois pour la construction de bateaux à une autre époque. Nous sommes au sud-est de la Vendée à deux pas de Fontenay le Comte. Niort est à 40km.
18h maxiUne petite cinquantaine de pionniers pour cette première édition. Beaucoup de coureurs locaux. Malgré les journées les plus longues de l’année, proches du solstice d’été, ce départ à 5h impose tout de même la frontale. D’autant plus utile cette petite lumière que les premiers bords de rives sont piégeurs à souhait ; racines, roches, branches basses et rives parfois délicates à négocier. La progression est lente. 18 heures pour boucler peut sembler confortable. C’est déjà mal connaître le terrain qui ralentira souvent nos ardeurs. Ce délai sera d’autant plus précieux qu’une invitée de dernière minute va faire son apparition avec de terribles dégâts occasionnés sur les corps et dans les têtes : La chaleur, violente, soudaine, forte, au-delà de 30 degrés à l’ombre. Et bien oui l’ombre, parlons-en. L’amie du coureur. Celle qui vous fait changer de coté, celle qui vous protège des rayons du soleil que vous rechercherez peut-être un autre jour sur du sable chaud ou ailleurs. Celle qui refroidit un peu le moteur et rend la lumière moins intense. En ce jour, elle véhiculera une image positive en évitant sur la fin du parcours pour certains de devenir l’ombre d’eux-mêmes. Les organismes ne sont pas encore habitués après un mois de juin très morose, l’été commence en fanfare. Alors prudence. Il faudra boire et encore boire et encore boire.
L’aube. Un craquement inhabituel sur la droite. Le regard se tourne instinctivement. Une biche détale dans les taillis. Rencontre improbable. Ephémère instant que l’on voudrait voir durer. Alchimie harmonieuse entre le vert de la forêt, le bleu de la rivière et la nature en éveil. Les parfums des fougères et de l’humus encore présents avant d’être emportés par la chaleur du jour embaument nos poumons en hyper ventilation. Tout cela donne une pèche formidable pour la suite de la journée.
Mervent, petit village sur un éperon rocheux sera notre repère géographique, comme un point au centre d’un cercle que nous parcourons dans un labyrinthe aux trois-quarts vert. Le tout au confluent de deux rivières : La Mère et la Vendée. Avec deux barrages modelant le paysage et alimentant en eau de nombreuses villes plus tournées vers les cotes de la Vendée et des Deux-Sèvres. Les immenses plans d’eau ainsi formés permettant de nombreuses activités de loisirs: baignade, pédalos, planche à voile, dériveur, canoë-kayak… Précieux poumon vert local.
Les 3 ravitaillements prévus tous les 25 kms sont forts utiles. Des points d’eau supplémentaires ont été judicieusement ajoutés dans la dernière partie pour refroidir les organismes mis en surchauffe. La protection civile veille au grain. Le parcours est symétrique. Comme une symphonie en trois parties avec un début et une fin allegro entourant un long passage central moderato. Le premier semi est dense et technique avec 800m de dénivelé. S’en suit une partie roulante dont 25km à découvert. Mais elle n’engendre pas la monotonie. Ce n’est pas une version morne plaine comme en Beauce ou en Brie. Ici, on saute de vallons en vallons avec de nombreux changements de direction. Les haies nous cachent malicieusement la suite du programme et aiguillonnent notre curiosité. La lucidité en ce milieu de matinée est encore là.
Mi-parcours : En limite nord à la maison forestière des Verreries. : Première barrière horaire : 6km/h de moyenne imposée. 13h30 dernier délai. Certains ne repartiront pas. Les grimpettes dans l’ensemble ne sont jamais longues en dénivelé positif, 50 à 70 m maximum. Mais leurs répétitions usent au fil des kilomètres.
Les plus pendues à partir du 75ième km d’un bon 20% surprennent et font terriblement mal. L’altimètre stagne entre 40 et 110m. Le passage entre les kilomètres 55 et 65 est terrible. Soleil zénithal. Grandes allées de graves à découvert trop larges pour rester à l’ombre des grands chênes ou bien simplement entourées de jeunes plans de quelques mètres de hauteur seulement qui reboisent progressivement certaines parcelles. « Vous connaissez le siroco vendéen ? » Je l’ai découvert. Un truc local venu dont on ne sait où qui va bien assécher les gorges et chauffer les épidermes. Ma douce moitié jette l’éponge. La fin sera monologue. Pas tout à fait d’ailleurs. Car de temps en temps je retrouve un coureur. Bref échange ou petit bout de cheminement commun. C’est selon. Kaléidoscope et patchwork d’instantanés qui font les richesses d’une course longue.
Remontée du temps et surtout du courant. Celui de la rivière Vendée. Longues courbes sinueuses, rive gauche de ce cours d’eau qui a donné son nom au département. Puis de nouveau comme en première partie de ce trail le relief devient plus présent et exigeant avec encore 800m à grimper.
La forêt domaniale est vraiment variée.
Parfois majestueuse, ordonnée, calibrée visiblement travaillée par l’homme au fil des générations. Successions de lignes droites bien tracées délimitant de grandes parcelles régulièrement entretenues et exploitées.
Parfois envoûtante avec de petites sentes tortueuses et herbeuses entourées d’arbres qui n’ont pas voulu grandir, tout proche des coureurs comme prêts à nous digérer avec nos couleurs flachies incongrues dans cette dominante verte.
Parfois mystérieuse aux abords de bras d’eau plus ou moins morts aux surfaces chargées voir croupies, Enchevêtrement de troncs décomposés, de branches pendouillantes vers le sol, de racines apparentes. Paysages proches de la mangrove. La cartographie nous promène à travers les noms locaux sûrement riches d’informations qui m’échappent. Allée de la Fontaine à l’Ermite, de Doreau, de Brûleau des Ragottières d’Epagne, de Bonneraie….. Les ronds-points des Minières, des Cosses, du petit Maillezais…... Le rocher de la Pierre Brune…. Sûrement pour tous ces noms, des significations d’histoires locales.
Le cercle de ce 100 km se referme progressivement. Le soleil se fait moins ardant. Nous repassons une nouvelle fois à coté du barrage de Mervant mais cette fois-ci sur la rive ouest. Les postes de bénévoles se font plus rapprochés, attentifs et prévoyants. La Joletière, le pont de Diet. Derniers encouragements et notion précise de kilométrages restants qui rendent parfois mentalement la chose plus digeste. Nous longeons les nombreux et profonds méandres de cette retenue d’eau artificielle. Bois des Tessonnières, descente finale vers le point bas en bord de rivière au pied du pont de Mervent.
Retour au départ d’où nous sommes partis il y a déjà pas mal d’heures. Nous serons 26 à franchir cette ligne d’arrivée au bord de cette base nautique qui respire le calme et la douceur de vivre. De bons paniers garnis seront donnés pour les podiums et une haie d’honneur accueillera comme il se doit l’unique féminine terminant l’épreuve. Si le superbe tee-shirt offert est supportable en cette fin de chaude journée la magnifique polaire donnée aux arrivants sera conservée pour des occasions plus fraîches. C’est autour d’un repas bien mérité que les conversations se poursuivront en pouvant maintenant affirmer : « non la Vendée, ce n’est pas toujours plat »
Christian
4 commentaires
Commentaire de laulau posté le 17-08-2010 à 22:17:00
Bravo pour ta course et merci pour ce récit à la belle qualité d'écriture et aux superbes photos.
Commentaire de laurent-trail posté le 18-08-2010 à 04:44:00
Cela donne des envies, d'autant que je n'avais pas entendu parle de cet ultra. Une piste a retenir, au cas ou.
Commentaire de Insigma posté le 18-08-2010 à 09:31:00
Crénom !
Il donne envie ce CR...! Merci
Commentaire de raspoutine 05 posté le 18-08-2010 à 17:58:00
Mais qui a dit que la Vendée, c'était plat ?
La lecture de ton cr dégage une sérénité étonnante, j'imagine à l'instar de ce que tu devais percevoir à la vue des paysages que tu nous as ramenés. Pour tes lecteurs, en plus, une vraie découverte de la région.
Alors, merci pour la visite, mais quelles images !
Et puis, félicitations pour ton exploit; la succession de montées et de terrains variés, il fallait bien les négocier !
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