L'auteur : c2
La course : Marathon d'Azay le Rideau
Date : 25/4/2010
Lieu : Azay Le Rideau (Indre-et-Loire)
Affichage : 2643 vues
Distance : 42.195km
Objectif : Balade
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Lever de rideau sur Azay
25/04/10
Route ou trail mon choix ne sera jamais définitif. Certains sont nés avec le trail et ne veulent rien entendre au goudron. L’époque de la boue des cross et de la cendrée de la piste qui avait accouché difficilement du hors-stade semble lointaine. Et pourtant, c’était hier, enfin disons avant-hier. Dehors il n’y avait que la route. Avec une grande sensation de liberté. Epreuves pionnières devenues mythiques bientôt quadra ou calibrées au km prêt. Certaines n’ont pas survécues. Qui se souvient encore des championnats de 25 bornes ? Difficile d’effacer son éducation. Alors aujourd’hui ce sera route.
Au départ une brochette de 8 à la parité parfaite avec 3 nouveaux baptisables sur la distance de Philippidès, d’âge allant du simple au double bien tassé. Le prosélytisme marathon marche fort autour de nous.
Dans ma boite à souvenirs et émotions bipédiques, cet Azay je le glisse déjà dans la rubrique châteaux vus en course. Les pieds dans l’eau de l’Indre et alphabétiquement placé juste avant Beynac, majestueusement planté 150m au-dessus de la Dordogne aux 100 bornes de Belvès. Placé dans la sous-rubrique marathon-château de Loire bien rangé à côté de Chambord ou Cheverny.
Nous sommes presque 100 fois moins qu’à Paris. Un bon 400 au départ. Une autre galaxie. Même tribu mais langue différente. Les 15 minutes de passage de ligne transformées en 30 secondes max. Les tranches de solitude évidemment plus nombreuses. Le parcours majoritairement campagne. Les rencontres moins fréquentes. Les ravitaillements sans bousculade très loin d’un look premier jour des soldes. Parfums différents. Impossible de dire que l’un est mieux que l’autre. Affaire de choix ou d’envie du moment. Distance médiatisée, peut-être un peu trop, qu’il faut toujours aborder avec prudence et humilité. Aux pieds, j’ai chaussé des routes solides. Pas de grandes marques. Trop chères. J’ai un petit producteur local. Du sur mesure un peu rustique !!
Parcours assez plat, +/- 150m, pour ce marathon qualificatif avec un bref passage chemin sur une grande boucle. Départ au pied du château. 17ième édition déjà. Dans la discrétion. Mais aussi une autre course, plus récente, plus courte, un petit 11 bornes « pomme-poire ». Tout public mais pas si simple. Un autre Azay-Azay qui vous ballade dans le sens des aiguilles d’une montre au fil du cours de l’Indre avant de vous propulser sur les coteaux parmi les espaliers de fruitiers actuellement blancs comme neige entre vignes et vergers.
Quelques-uns et quelques-unes ont des tenues d’un autre age.
Ballade et balade entre les pierres de tuffeau blondes ou laiteuses structurant les fermettes locales, les gentilhommières aux styles affirmés et les demeures seigneuriales monumentales. Nous sommes dans un site classé au patrimoine mondial de l’humanité. Presque honteux de piétiner tout cela. Mais sans trop de remord tout de même en restant bien sagement sur ces étroits déroulés de bitume. Nous serpentons doucement dans un premier temps sur la rive gauche de l’Indre enjambée dès le cœur d’Azay. Etant partis du château posé au milieu d’une île, nous l’avons quitté par la grille principale en fer forgé suivie d’une belle et courte allée rectiligne.
La météo d’avril toujours incertaine bascule dans une douceur tourangelle. Soleil, légèrement voilé et température rapidement au-delà de 20 degrés. Idéal pour prendre un bain sabot ou faire une balade en chaise à porteurs ?
Traversée tout en longueur de Rigny-Ussé.
Limite Touraine et Anjou, le magnifique château d’Ussé nous accueille dans ses jardins. Musique douce, saluts polis, rouge local, brioches et la belle au bois dormant ressuscitée nous sourit au détour d’un parterre de fleur. Je laisse Yves avec la belle. Conversations de ci de là entre coureurs et avec des locaux assis, debout ou attablés devant leurs maisonnettes. Glycines tentaculaires qui embaument et enivrent. Je me pince. 18km et je n’ai rien vu passer. Certains vérifient le timing, moi pas. Approche mentale sortie longue en se laissant glisser dans une légère brise de face.
Terminé pour l’Ouest. 2 droites à 90° à 1km de distance nous donnent déjà l’impression de retour. Fausse impression. Zone humide et marécageuse, où l’Indre résiste à sa grande sœur, la Loire, en coulant obstinément en parallèle sur de nombreux kilomètres comme voulant elle aussi atteindre la mer seule avant d’abdiquer finalement et la rejoindre.
Berges du fleuve parfois surélevées au look protecteur où il fait bon faire du deux roues aux changements de vitesse superflus. Vues dominantes sur les eaux calmes à gauche et la campagne verdoyante à droite.
Un semi déjà, ou seulement, c’est selon l’approche et la forme du jour.
27km. Bréhémont, ancienne capitale du chanvre avec ses jolis quais sur le fleuve. Les bénévoles surveillent. Qui va monter dans le véhicule de secours ? Qui va s’allonger un peu, bien au frais, sur une couche ancestrale de Louis XIV ?
Je reprends Robert en suivant un poisson pilote au tempo du moment idéal.
29km. On quitte les bords de Loire. Les châteaux de Langeais et de Villandry sont à deux pas. Quelle densité de morceaux d’histoire de France !!
Les ravitaillements sont corrects. Légèrement décalés diront certains.
32km. Ca tournicote un peu à l’intérieur des terres et des têtes. Le terrain change parfois brusquement.
Quand les jambes souples du début se transforment en bois pour finir en béton.
35km. Marnay. Robert en remet une petite louche. Je me laisse doucement glisser derrière. Traversée du musée Maurice Dufresne dans un ancien moulin propriété de Geoffroy de l’Ile en 1026 entre vieux engins de tous poils et de tous âges. Et ce qui est à l’extérieur n’est que la face visible de l’iceberg. Je n’ai jamais rien vu de tel. 3000 machines anciennes et pièces de collection : Une guillotine itinérante de l’époque de la Terreur, une Peugeot électrique de 1941, des avions, des bateaux, des métiers à tisser du 16ième siècle, …..
37km. Retour final rive nord de l’Indre assez ombragée où certains sont un peu plus à l’arrache comme on peut en trouver en toute fin de marathon.
Finir. Une obsession version « fenêtre sur cour » ou « la porte du paradis » ?
Version Alfred Hichcock 1954 ou bien Michael Cimino 1980?
Quelques lignes bien droites, bien trop droites. Les maisons se font plus denses. Les encouragements s’intensifient. Le cœur de ville approche.
41km. Plus que l’équivalent de 3 tours de piste de stade, une misère. Et pourtant, il faut aller les chercher. Pas avec les dents, plutôt avec les jambes ou bien encore les tripes pour ceux qui sont franchement dans le dur.
Dernier raidillon à 100m de la ligne qui nous délivre sur la place centrale.
Médaille et bouteille de vin local.
Petit plaisir personnel d’un coureur qui vient discuter tout en me remerciant de l’avoir aidé sur le final à terminer son premier marathon, lui permettant de tenir et de finir proprement.
Un bien beau marathon qui respire la tranquillité et la belle organisation.
Christian
4 commentaires
Commentaire de CROCS-MAN posté le 07-05-2010 à 12:29:00
Une bien belle ballade illustrée comme je les aime. Merci.
Commentaire de benoitb posté le 07-05-2010 à 14:31:00
Merci pour ce très joli récit !
Commentaire de Baobab posté le 09-05-2010 à 22:45:00
Quel beau récit. Merci d'avoir mis ta plume à contribution pour nous partager ta course. A la fin de la lecture il me reste l'envie de le courir...et en bouche comme la fraîcheur d'un vin blanc fruité!
Commentaire de claude71800 posté le 02-03-2014 à 12:37:15
J'hésitais encore sur le marathon à faire le 27 avril 2014... ce coup-ci, c'est décidé ce sera Azay. Merci à Christian pour ce récit bien agréablement écrit et illustré.
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