Récit de la course : Le Tour des Coteaux de la Haute Seille 2009, par Lucien

L'auteur : Lucien

La course : Le Tour des Coteaux de la Haute Seille

Date : 28/6/2009

Lieu : Voiteur (Jura)

Affichage : 2167 vues

Distance : 13.8km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

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BOIRE UN PETIT COUP C'EST AGREABLE

Ce dimanche il a fallut se lever tôt, je devais me rendre dans le Jura à Voiteur, commune vinicole en direction de Lons, 80 bornes à faire, pas de quoi fouetter un chat. Le brouillard est présent dès le départ mais dans la demi-heure il s’est déjà dissipé. La route m’appartient, il y a guère de monde, juste quelques véhicules, la France dort.

 

VOITEUR

 

Me voilà à Voiteur, je cherche l’église car je sais que le départ doit être juste derrière. Je me souviens y être venu il y a quelques années avec mon p’tiot, il avait d’ailleurs fini 3ème de sa catégorie. Maintenant à cause de Del Piero, Totti, Inzaghi et tutti altri,, il joue au foot. Le principal est de s’éclater. Je me gare et je vais en direction du point de départ. Je me rapproche, de la musique libère un peu de gaité alors que je longe le cimetière, quel contraste…

 

 

Angelo est sur place, poignées de mains et discutions assurées. Le « vieil homme » vient d’arriver de Chamonix où il a terminé 2ème Vh4 au 10 kms du Mont Blanc. Arrivé trop tard sur les lieux il n’a pu participer au 22 kms, alors un 10 vite fait avant de s’attaquer aujourd’hui au Tour des Coteaux de la Haute-Seille,  un p’tit 14 kms de derrière les fagots pour terminer le week.

 

                             

 

Avec le dossard on m’offre une bouteille de Cotes du Jura rouge, encore de derrière les fagots. J’espère qu’il n’y a pas trop de fagots à Voiteur. Avant de me préparer je me balade un petit moment au bord de l’eau (la Seille), il fait frais par endroit mais le soleil commence son ascension dans le ciel qui est bien dégagé. Mhmm, il risque de faire très chaud ce qui ne m’amuse guère. Le coin est sympa, on a la possibilité de piqueniquer, plusieurs tables en bois d’arbre, à l’ombre et au bord du ruisseau, sont installées pour convier le touriste au farniente dans le silence et le gazouillis des oiseaux. Retour à la voiture où je dois me préparer pour mon échauffement.

 

                                                                               

                                          SAVAGNIN                                                   CHARDONNAY

 

Petites rues assez sympathiques et en m’enfonçant un peu au hasard, un sentier au sol tendre, sans oublier la superbe vue, à la sortie d’un bois, du village de Château-Chalons si on lève suffisamment les yeux. Par ces petites routes sinueuses à travers les vignes, le soleil commence à chauffer l’air sérieusement. Je suis tout en nage, mon échauffement touche à sa fin, il faut que je retourne au point de départ car cela ne devrait pas tarder. Angelo est au bar improvisé par l’organisation et je le rejoints pour boire un petit café avec lui. Le café ne risque pas de nous faire de mal mais à condition d’en boire relativement peu, il est classé comme déshydratants. Alors avec la chaleur qui augmente il faut faire très attention. Il me reste 10 mn et j’en profite de faire quelques accélérations dans l’herbe et le chemin près du départ.

 

CHATEAU-CHALONS

 

Le départ est donné pour les 195 participants qui sont venus visiter les vignes de la région. Le train est lancé à vive allure, je me situe au milieu du peloton. Nous passons derrière l’église est rejoignons le centre ville assez rapidement pour tourner à droite et prendre la direction de Nevy-sur-Seille. La route est plate sans aucune bosse, le peloton s’étire doucement et je suis dans une bonne allure, surprenant pour un départ, en général je pars plus cool. Là mes jambes déroulent correctement, je pense aller trop vite et ne connaissant pas du tout le parcours je me vois déjà en difficulté dès que ça montera. Qu’importe je continue à ce rythme, je me laisse aller et double déjà plusieurs concurrents. Quelques faux plats montants, le soleil se fait plus chaud et commence sérieusement à nous obliger à chercher un air frais qui n’existe pas. Nous entrons à Nevy-sur-Seille, route à droite puis à gauche nous longeons la Seille avant de franchir un petit pont en pierres de taille très pittoresque, très bel œuvre des bâtisseurs jurassiens, nous sommes au environ du 2ème km. Nous sommes en train de faire un petit détour dans le village.

 

Je crois voir Florent, ses cheveux rasta le font bien reconnaître de tous les participants. Cet élément surnaturel qui concoure à des raids insensés aux 4 coins de la planète, quand il a de la tune, est juste devant moi, chose surnaturel également car bien meilleur que moi. Est-il venu pour se défouler gentiment ? Je ne le crois pas car au moment de le doubler je le vois dans une foulée hasardeuse qui prouve un manque de punch évident. Je l’encourage en le passant, il cherche mon train mais laisse vite choir. Que penser ? Fatigue, trop d’entrainement, un raid mal digéré ? L’oiseau se laisse engloutir par ses poursuivants. Nous passons un 2ème pont identique au 1er  pour revenir sur la route principal de Nevy-sur-Seille.

 

VIGNOBLE JURASSIEN

 

Le 3ème km vient d’être passé juste après avoir bifurqué sur la gauche pour remonter doucement en direction des hauteurs. La pente est agréable et n’offre pour l’instant qu’un petit aperçu du vignoble jurassien, le soleil est déjà bien haut et la bouilloire siffle, je n’ai pas marqué d’arrêt au premier épongeage est cela peut m’être préjudiciable par la suite, je suis mi figue-mi raisin au début du vignoble. Une grosse difficulté se dresse devant nous, ça monte horrible, d’un seul coup, sans prévenir. Nous nous éloignons du village, une superbe vue sur Chateau-Chalons se dresse sur notre droite alors que sur la gauche nous ne voyons plus que les toits de Nevy-sur-Seille à demi cachés par les bosquets qui entourent le village. C’est très dur mais on y arrive, cela se termine par un faux plat montant qui nous fait souffler un peu. Isabelle est derrière depuis les premiers 500 m et ce n’est pas son habitude, souvent je la rejoints vers les ¾ du parcours. Il fut une époque où elle cavalait loin devant mais depuis…je calque souvent mon rythme et ma vision de course sur ses capacités qui sont des plus remarquables. Cette fois-ci mon lièvre n’est pas là pour m’aider dans cette course on ne peut plus compliquer. Il va falloir agir sans elle. Florent est toujours en arrière, il doit douter cette fois-ci ce qui n’arrangera pas ces affaires. Une douche a été installée le long du parcours et je me jette dessous, quel bienfait, un peu de fraicheur sous ce soleil de plomb. La côte se dresse de nouveau et nous broie le moral. Le soleil se fait encore plus chaud, les cuisses brûlent, je suis sur mes limites et je m’en rends compte mais je ne peux pas m’arrêter en si bon chemin, je pourrais marcher quelques mètres sans aucun problème mais je n’ai pas envie, je veux monter sans arrêt, les vignerons me regardent. J’ai eu ma bouteille de Côte du Jura alors pourquoi les décevoir. Nous nous rapprochons de Château-Chalons, toujours par cette côte qui se durcit, derrière un concurrent, c’est plutôt devant que ce trouve un petit peloton que je dois rejoindre si je ne veux  pas me retrouver seul. Au milieu des vignes, c’est vraiment chouette. 

 

 

                                        MAISON A CHATEAU-CHALONS 

Ravitaillement au 5ème km, un verre d’eau et je repars, des concurrents sont revenus sur moi pendant ces 30 s de marche. Maintenant la route descend, je reprends mes foulées sans trop me fatiguer, mes 50 ans se portent bien. C’est très dur, je vois un concurrent qui a fait les 2 premiers kms avec moi, mais il est à environ 100 m devant. La route serpente dans les vignes. Florent me double comme un cinglé, il est fou le raider, il a repris du poil de la bête, l’animal, l’homme des bois. Mes jambes sont dures comme de l’acier, je sens les vibrations du bitume, désagréable.

 

     

                  CREMANT DU JURA                                                  MACVIN  

 

6ème km. Je rejoins Florent et je profite lors de la descente pour lui glisser quelques mots et l’échange se poursuivra par une discussion très intéressante sur la récup et les courses à venir. Nous débattons sur les courses qui nous ont enchantés sous un soleil que nous oublions au fil des phrases. Puis il s’échappe et nous nous saluons, à tout à l’heure. Toujours au milieu du vignoble. Puis on entre dans un sous-bois ou le sol tendre nous repose les jambes et les articulations. L’air est respirable à souhait. Quelques cailloux jonchent le sol. Nous entrons dans Voiteur, pour reprendre la route par la droite. Je ralentis, il fait trop chaud et en plus ça remonte, Florent est loin devant. Nous sommes approximativement à la moitié du parcours. Merde Florent est au bord de la route, il relace son lacet, pas de bol. Je passe, tant pis, le matos ça se prépare.

 

                        

             PINOT NOIR                                POULSARD                                   TROUSSEAU                 

 

 

7ème km. Château-Chalons se trouve sur la gauche, la vue est extra sur ce village vinicole d’une réputation hors du commun. Bâti sur un éperon rocheux, le village fait croire à une forteresse inviolée. Que c’est dur, ça monte, ça monte. Et Florent qui rebombarde,. Cette fois, sans aucune difficulté, je risque de ne plus le revoir. Grosse côte devant nous, bien raide, je crache, je double, doucement Lucien, au milieu des ceps, un qui me double et ça grimpe, ça s’accroche derrière, je laisse, je ne réagis pas, on nous applaudit. Et ça double, je ne peux rien faire. Nous sommes tarés. Un faux plat montant, puis une p… de côte. Bordel. Mes jambes d’acier vont se rompre ou fondre sous la chaleur        

« Excusez-moi » me dit un sourire.

- mais je suis heureux que ça soit toi. Lui répondis-je.

Une féminine vient de me dépassé en s’excusant avec gentillesse. Ha !!! Ces femmes. Elles font tout pour qu’on les aime. La côte n’en finit pas.

 

VIN DE PAILLE

 

8ème km.  J’en chie et je tiens un petit rythme, pas la peine de me brûler, la nana (Nadia) s’est fait la malle, les concurrents qui viennent de me doubler sont alternativement à 10, 20 et 30 m à vue de nez. La chaleur n’arrange rien à mon histoire. Un peu d’ombre, enfin, la route longe un petit bois, un petit air frais nous ravigote. La route de nouveau inondé de soleil nous étouffe, que j’aime pas. Derrière on me colle, je me retourne, c’est un petit groupe de 4 à 5 individus de toutes couleurs (les maillots…). Ca descend, épongement, je ne m’arrête pas.

 

   

                                            VIN JAUNE

 

9ème km. On longe un bosquet, quel bon air. Un coureur lâche prise, c’est bon signe mais le reste des concurrents continue sa poursuite. On arrive au alentour de Menetru le vignoble, des spectateurs nous encouragent en vociférant. On descend toujours, les foulées se font plus durement, les efforts consentis depuis, ont finis par éroder notre vitesse et le sol dur fatigue nos os. Encore 4 coureurs de récupérés puis lâchés sur ma lancée.

 

10ème km. Le rythme reste le même. Belle côte encore. Un de l’arrière est revenu sur moi, nous faisons route ensemble pendant les derniers kms, une descente sinueuse nous permet de doubler 3 concurrents sans nous retourner comme à la parade, nous échangeons quelques mots sous le soleil de plomb. Le rythme s’accélère, il part un peu devant me prend quelques mètres et je recolle. Quelques mots mais nous ne pouvons en dire plus car ça commence à exploser dans la tête. 

 

              

                                                                                                                               MARC DU JURA

 

Nous entrons dans Voiteur et les spectateurs nous acclament, Je suis toujours avec mon camarade de route, le rythme s’accentue et chacun de nous veut lâcher l’autre. Il se retourne, nous passons un adversaire puis un autre, il reste 500m. Le sprint se prépare, je vais attendre les 200 derniers mètres pour le doubler d’un jet, je suis prêt, j’allonge, je bondis sur les orteils, le passe et il abdique immédiatement en me disant :

« vas-yyyy ARGHHH…. »  Je me lance ensuite à la chasse de celui juste devant mais d’un coup de rein il passe la ligne sous mes yeux. De longue poignée de mains vont terminer la course pour le groupe que nous étions. Des rires, des phrases, voilà, vive le raisin et la vigne.

 

       

            LIQUEUR DE SAPIN OU DE

                 FLEUR DE GENTIANE

 

 

Remise des récompenses, bien fournies en vin du Jura. Belles coupes et cadeaux. Ambiance garantie. Dommage que l’organisation n’est pas pensé à un petit menu léger pour l’après course à un prix modique. J’ai pu revoir la plupart de mes camarades de routes et certains valeureux montagnards de toutes les catégories. Je me suis décidé, enfin,  à discuter avec notre champion Yasid. Notre conversation, dans l’intimité, m’a fait grand plaisir, m’apportera certainement beaucoup. Un être simple dans un cœur de géant.

 

 

Merci à tous, encore une fois une belle journée, de plus ensoleillé. Salut mes amis, salut Yasid, à bientôt pour une prochaine défonce.

 

 

 

Les 14 km en 1h01’31s, 56ème sur 195 au scratch et 4ème VH2 sur 37. 

BONNE APPETIT ...

 http://www.fruitiere-vinicole-voiteur.fr/recettes.htm#menu

ET BONNE BIBINE...

 http://www.jura-vins.com/vignoble-jura-carte.htm

             

         

 

                                                                                                    

  

       

   

    

 

                    

3 commentaires

Commentaire de milvia posté le 02-07-2009 à 00:02:00

Merci Lucien pour ce récit détaillé qui fait bien envie. J'adore le Jura pour le ski de fond, le vin, le comté… j'y retournerai bien l'année prochaine faire cette petite course qui a l'air bien sympathique !

mimi

Commentaire de Victor...X posté le 02-07-2009 à 05:29:00

Merci Lucien pour la super promo que tu fais de notre course et du vignoble jurassien.Je suis l'organisateur de cette course(fais toi connaitre la prochaine fois)et peut être nous somme nous aperçu car j'ai accueilli Angelo qui est un fidèle de l'épreuve.Mon pseudo est issu du nom des habitants de Voiteur (Victoriens) un général romain
aurait remporté une victoire dans le coin...
La chaleur à durcie l'épreuve mais dans l'ensemble les concurrents ont appréciés le parcours.C'est vrai dommage pour le repas d'après course mais le manque de bénévoles ne nous permet pas encore d'offrir ce plus aux participants.Peut être lors de la 10 ème édition ou nous attendons beaucoup de KIKOUREURS.

Commentaire de bluesboy posté le 02-07-2009 à 22:53:00

Bravo Lucien pour ton récit qui est une vrai pub pour les produits jurassiens.Les vignerons du coin devraient t'embaucher pour leur faire une plaquette publicitaire
Je t'ai cherché au départ j'avais ton numéro de dossard 480 ,mais pas facile de repérer quelqu'un,ce sera pour une autre fois
Mais quelle chaleur pendant la course

A bientot

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