Récit de la course : Courmayeur - Champex - Chamonix 2007, par tounik

L'auteur : tounik

La course : Courmayeur - Champex - Chamonix

Date : 24/8/2007

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 2224 vues

Distance : 86km

Objectif : Terminer

10 commentaires

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Le récit

Vendredi 5H00, le réveil sonne alors que j’ai les yeux ouverts depuis une demi-heure.  Mon sac est déjà prêt, alors après un bon petit déjeuné je charge tout dans la voiture et en route pour Chamonix.  2H30 de route tranquille depuis Lyon.  Le parking gratuit est à l’entré de Chamonix, comme indiqué par l’organisation je m’arrête à l’entrée pour demander un ticket gratuit. Mais, à 8H30, le chalet est fermé.  C’est l’occasion de discuter avec d’autres coureurs, les espoirs, les craintes, la préparation …Le chalet ouvre enfin et munis de mon sésame, j’entre dans le parking avant de rejoindre la queue de ceux qui attendent le mulet.  Re discussion, le parcours, le temps …

Le mulet nous dépose au départ des navettes pour Courmayeur, je rencontre mon premier Kikoureur en la personne de JPoggio, la file d’attente est longue alors on a le temps d’échanger sur Kikourou, nos courses, ça permet de passer le temps.  L’arrivé de Akuna nous interrompt un moment et après  quelques mots celui-ci va prendre place dans la file.  La navette en bus est très rapide, grâce à un passage privilégié au tunnel, JPoggio a retiré son dossard le jeudi alors il m’indique le lieu de retrait c’est à ce moment que nous nous perdrons.

L’organisation est bien rodée.  Bien sûre, il se trouve toujours quelques resquilleurs pour passer devant tout le monde.  Même si le transport à pris un peu de retard, rien ne permet de justifier leur attitude, de toute façon l’organisation prend rapidement conscience du problème et repousse le départ de 15 puis de 30 mn.  Sur la ligne de départ je recherche les casquettes rouges dans l’espoir de trouver un groupe de kikous histoire de faire une photo souvenir.  Personne, il faut dire que mon champ visuel est pollué, un certain Salomon a distribué une multitude de casquettes rouges.  C’est qui ce Salomon, il se prend pour qui.

J’aperçois Akuna qui arrive seulement maintenant.  Je lui propose de partir ensemble, mais il préfère démarrer devant.  Je résiste à la tentation de le suivre, mon abandon à l’Annecime après un départ trop rapide à été difficile à digérer mais m’aura servi de leçon, un départ prudent pour pouvoir terminer dans de bonnes conditions.  En réalité mon objectif réel est de faire le grand tour ou, le tour des grands, l’année prochaine alors il ne peut pas être question d’abandonner ou de finir en petits morceaux.

L’attente se prolonge un peu, des difficultés au passage du tunnel, alors le speaker nous fait patienter, on cri, on lève les bâtons … Certains se plaignent du retard alors que je ne m’imagine même pas partir sans que tout le monde soit sur la ligne de départ.  Finalement tout rentre dans l’ordre et le départ est enfin donné, la masse se met en mouvement… lentement … puis un peu plus vite, à droite, a gauche, chacun trouve sa place dans les rues de Courmayeur au son des cloches et des encouragements.

Le peloton n’est pas vraiment étiré à l’attaque de la première monté vers le refuge Bertone.  Je savais que mon choix m’obligerait à subir quelques bouchons, mais je l’assume complètement et me règle sur la vitesse du long ruban de coureurs.  De toute façon il est pratiquement impossible de doubler ou alors, il faut dépenser beaucoup d’énergie pour quelques places.  Mieux vaut profiter du paysage, prendre des photos et se réserver pour les portions plus favorables (mon cardio ne dépassera pas les 140 pulsations).

Refuge Bertone- 5 Km - 1H06 - pos 501

Un passage rapide au ravito, une photo et je me lance sur la portion vallonnée en direction du refuge Bonatti. La fraîcheur du début de course permet d’avancer vite, de relancer et récupérer le temps ‘perdu’ dans la montée.  La configuration du terrain permet de doubler facilement, de s’arrêter pour une pause technique ou pour prendre une photo.  Le temps est idéal, il fait beau mais une petite brise atténue la chaleur, c’est vraiment un pur bonheur

Refuge Bonatti – 12 Km - 2H12 - pos 452

On bascule dans la descente rapide qui nous amène Arnuva.  Elle n’est pas très technique, il faut juste se laissé glisser, mais il ne faut pas s’emballer, bien récupérer avant d’affronter le grand col Ferret, passage le plus haut de notre parcourt.  Il nous fait face, comme pour nous inviter à garder de la réserve.  Au ravito de Arnuva, un bénévole propose de remplire ma poche à eau, il verse la poudre dans la bouteille pour bien réaliser le mélange puis verse le mélange dans la poche, du travail de pro.  Du chocolat, un morceau de banane et des tucs complètent la petite collation.

Arnuva – 17 Km - 2H56 - pos 413

Seulement 4.5 Km, mais 768 mètres de D+.  Je sens quelques gouttes tomber sur les mollets, un arrêt s’impose pour vérifier la poche, elle est mal fermée, je règle rapidement le problème en me promettant de prendre quelques secondes supplémentaires au prochain ravito afin de tout vérifier.
Il faut avancer, profiter de chaque replat pour relancer, sans trop regarder en haut, de toute façon le profile est trompeur, on pense voir le sommet mais se n’est qu’une illusion.  Il ne faut pas non plus regarder les autres, certains partent lancés comme des fusées pour s’arrêter plus haut cherchant leur souffle.  Rien ne vaut la régularité, à son rythme pour, au bout du compte, apercevoir les tentes jaunes qui marque le col.  

Et à ce moment là, il reste encore une bonne partie du col à gravir, mais c’est plus facile car l’objectif est en vue, il se rapproche et grossit pour finalement occuper tout l’espace.  Voilà vous êtes au sommet et c’est beau alors je fais une pause pour en profiter, je l’ai bien mérité.

Grand col Ferret – 21 Km - 4H14 - pos 388

La Fouly vous tend les bras, la descente est fantastique, très roulante.  On peut juste laisser aller en admirant le paysage.  Vraiment un très bon moment pour moi.  Les écarts se sont creusés suffisamment et les dépassements ne posent pas de réels problèmes.  Pas vraiment d’arrêt à La Peule, juste un verre d’eau.  Plus bas, un son de cloche assourdissant, les vaches retournent au près après la traite.  Un morceau de bitume et dans la traversée d’un village, les gosses offrent de l’eau, les spectateurs vous encouragent en se rafraîchissant d’un Kir.  On arrive à la Fouly, je suis accueilli par Akuna qui est sur le départ, on échange quelques mots, tout va bien.

La Fouly – 30 Km – 5H20 - pos ? ? ?

Une bonne soupe chaude et salée pour changer un peu des gels, une remise à niveau de la poche à eau  et il faut repartir sur une portion  le long du torrent.  Rive droite, puis rive gauche, puis rive droite plusieurs pont  de bois nous permettent de passer d’une rive à l’autre.  Un peu plus loin il me semble apercevoir la silhouette de Akuna, je force un peu l’allure pour le rattraper.  Il est un peu en difficulté, je lui demande si il a besoin de quelque chose - ‘De l’entraînement’ – Oui mais ça j’en ai pas en réserve alors je lui propose de se caler derrière moi.  5 mn plus tard, lorsque je me retourne, je constate qu’il n’est plus derrière moi c’est le souffle d’un autre coureur que j’entendais.  Dommage, mais le chemin et les jambes sont toujours bons alors je garde mon rythme.

Avant d’arriver à Champex, il faut remonter un peu.  Je n’ai pas vraiment de souvenir de cette cote, c’est plutôt bon signe, le fait d’arriver à mi-course en forme est toujours une bonne chose.  L’accueil est très chaleureux, c’est étrange d’entendre son prénom, on sait qu’il est écrit sur le dossard et pourtant a chaque fois il y a une petite émotion. J’essais de remercier tout le monde, c’est le minimum, même si parfois je rêve d’un lieu désert pour pouvoir simplement courir.

Champex – 45 Km – 7H23 - pos 295

Le ravito de Champex est un point stratégique, pas seulement parce qu’il est à mi-course, il annonce aussi le début de la nuit et donc, pour moi, un changement de tenu.  J’ai pris la précaution d’emmener un haut manches longues dans un sac étanche, j’avais aussi un autre tee-shirt et une paire de chaussettes que je n’utiliserai pas.  Je décide d’attendre avant d’utiliser la frontale, il ne fait pas encore nuit.

Un passage au buffet et je m’installe à table, juste en bout de banc pour ne pas être trop confortable, pour avaler ma soupe, puis un deuxième bol.  Le temps de refaire le plein de la poche à eau, il y a un petit flottement  dans l’organisation pour savoir qui est chargé de ça, lorsque je reviens chercher mes bâtons une casquette Kikourou est posée sur la table, chouette un Copainggg, elle n’est à personne, alors j’attends un peu pour voir arriver Albanais.  

Nous discutons un instant et je lui propose de repartir ensemble.  Impossible, sa femme et ses enfants sont là, alors il passe 20 mn avec eux.  Au moment de sortir, je croise Akuna qui arrive, chouette un autre copainggg.  Il est un peu fatigué semble-t-il, je lui signale que Albanais est là, ils pourront peut-être repartir ensembles.

Je longe le lac un moment, ça remonte un peu avant d’entamer la descente qui nous amènera au pied de Bovine.  Au premier sous-bois je dois m’arrêter pour mettre la frontale.  Je me réserve pour finir de récupérer.  Sans connaître Bovine un coup d’œil à ma fiche implique le respect.  L’attaque de la côte est plutôt souple, j’adopte le rythme marche que je pense rapide et pourtant plusieurs marcheur me double, sans importance.  

Bovine cache son jeu, il vous met en confiance et subitement il se révèle.  Des blocs, des racines, il faut lever la jambe, pousser sur les bâtons et les cuisses pour avancer, parfois une petite poussette dans le dos vous aide à franchire l’obstacle.  Dans la difficulté, les coureurs se regroupent, ceux de l’arrière forcent un peu l’allure et se calent en queue de peloton.  L’un d’eux tente de doubler, mais après quelques faux pas il devient plus sage et rentre dans le rang.

Même lorsque le mur se transforme en faux plat, personne pour relancer, chacun attend le ravito qui approche.  La bonne surprise, s’est la soupe chaude, bravo aux deux bénévoles.  

Bovine – 54 Km – 9H40 - pos 248

Il fait froid alors je ne m’attarde pas je m’engage vers le sommet en rêvant déjà de la superbe descente à effectuer tout en souplesse à vive allure.  Mais Bovine nous réserve une mauvaise surprise, la descente est cassante alors je reste prudent, pas le moment de se casser une jambe.  Il me faut plus d’une heure pour rejoindre le ravito

Trient – 60 Km – 10H49 - pos 246

Petite pause avant la dernière difficulté que je suis pressé d’affronter, je fais 100 mètres en mangeant des tucs, au moment de reprendre mes bâtons, je constate qu’ils sont restés au ravito, demi-tour rapide un bénévole me rassure, je ne suis pas le premier et sûrement pas le dernier.  Finalement nous repartons avec un petit groupe, chacun est conscient que passé le sommet rien ne pourra nous empêcher d’arriver.

Les Tseppes n’est pas Bovine.  C’est régulier, une rampe qui vous permet de marcher régulièrement.  Cette rampe à raison des dernières plaisanteries.  Bientôt,  le silence s’exprime, il parle de concentration, de douleur et d’espoir.  Rester dans le groupe, ne pas lâcher, même si les jambes réclament une pause, silence…

La chenille se reforme alimenté par les coureurs de l’arrière, pas à pas elle monte, elle sent le vent, la fin du sous bois qui annoncent le sommet, mais ne veut pas encore espérer, et pourtant, le sommet est là.  Il libère tout le monde et soudainement les jambes s’affolent, plus de vraie côte, cette fois l’arrivée est en vue.  Néanmoins, l’humidité et quelques glissades rappèlent tout le monde à la réalité et le calme revient.


Vallorcine – 70 Km – 13H24 - pos 249

Un bénévole se propose de faire le plein de la poche à eau pendant que je continu ma cure de soupe aux vermicelles.  Une spectatrice m’annonce que ‘je suis beau’, après confirmation ‘je suis bon’ mais je suis beau aussi?  ‘oui’.  Je repars donc sur un bon pied vers le col des Montets en utilisant ma fameuse marche que je crois rapide.  Un coureur se colle derrière moi, il est grec, j’essai l’anglais sans trop de résultat alors on poursuit en silence.

Le col arrive vite et un bénévole nous annonce une fin de course avec essentiellement de la descente.  Tout est dans le essentiellement, mon Grec se fait la malle.  Je glisse jusqu'à Argentière et repars avec un compagnon rencontré sur place.  

Argentière – 76 Km – 14H30 - pos 239

Nous nous trompons de chemin sur 100 mètres avant de revenir sur nos pas.  La fin de course nous réserve quelques casses pattes et mon compagnon n’est pas au top.  Il me reste quelques réserves mais la discussion est sympathique et j’ai envie de feignasser un peu.

4 Km avant l’arrivé les jambes sentent l’arrivée alors elles allongent, de plus en plus, je double des coureurs le long du torrent avec, a chaque fois, un petit mot d’encouragement.  J’accélère encore, j’entre dans Chamonix, et termine à la vitesse faramineuse de ….. 10 Km/H.

Chamonix – 86 Km – 16H09 - pos 257

Formidable, mon premier vrai trail sans gros coup de mou.  Après mon abandon à l’Annecime, c’est vraiment une satisfaction, surtout en prévision de l’UTMB 2008 (non je l’ai pas dis).  C’est que du bonheur, une bonne gestion de course, du tempo, de l’alimentation.

Plusieurs élément pour expliquer cette réussite, une modification complète de mon entraînement, plus concentré sur le WE.  Pour la première fois j’ai emmené une petite fiche avec le profil de la course pour anticiper les moments de récupération avant les gros morceaux.

La course, superbe ! !
Les bénévoles, vraiment attentif pour vous aider
L’ambiance de course, après un départ un peu nerveux beaucoup de respect

10 commentaires

Commentaire de NoNo l'esc@rgot posté le 30-08-2007 à 16:53:00

Je ne me lasse pas de lire tous ces récits sur l'UTMB / CCC.
J'ai trouvé encore ici une belle aventure et si bien contée...
Merci Tounik pour avoir su partager ces 86 km avec nous tous.

L'escargot_le_CCC_même_pô_en_rêve !

Commentaire de daloan posté le 30-08-2007 à 19:36:00

Salut,

Kikoureur ou pas, je me suis époumonné au départ du dernier ravito en te voyant partir à droite...
Il faudrait des casquettes avec des grandes oreilles pour la prochaine fois !
A+, peut être sur le "Grand".

Commentaire de tounik posté le 31-08-2007 à 07:02:00

Pour les grandes oreilles, je suis déjà équipé.

Merci et j'espère aussi te voir sur le grand en 2008.

Commentaire de Jerome_I posté le 31-08-2007 à 11:44:00

Salut,

belle course, bonne gestion et bon CR...

L'année prochaine on se verra à Chamonix au départ du grand tour ;-)

Jérome

Commentaire de Khanardô posté le 31-08-2007 à 21:25:00

Eh allez, encore un gars sympa, qui nous fait un récit bien agréable à lire !
Bien content que tout cela se concrétise durant le off, et peut-être même à l'édition 2008 de cette course_dont_il_ne_faut_pas_dire_le_nom !

Merci pour ton récit !

Alain

Commentaire de jpoggio posté le 31-08-2007 à 21:52:00

Ah, Tounik : désolé que nous nous soyions perdus à Dolonne...Ceci dit, au vu de ton timing, je crois que nous ne serions pas restés ensemble longtemps après le départ !!!
(Quant à ce Salomon, j'aimerais bien lui dire deux mots, moi aussi...)

Commentaire de calimero posté le 31-08-2007 à 23:15:00

Tu as progressé d'heure en heure en remontant les concurrents les uns après les autres avec courage et facilité donc effectivement le grand tour semble logique pour 2008!!

Commentaire de vboys74 posté le 01-09-2007 à 08:21:00

Une course rondement menée et largement maitrisée!
Bravo à toi et surtout garde l'esprit avec lequel tu abordes la course!
Encore Bravo...a l'année prochaine sur...(UTMB, c'est toi qui l'a dis!)
A bientot Didier!
seb

Commentaire de tounik posté le 01-09-2007 à 09:09:00

Non je l'ai pas dis, ou alors sous la menace ??

Commentaire de Say posté le 03-09-2007 à 15:22:00

ARf, ça y est, tu l'as écrit : UTMB 2008!! ;-) C'est vraiment bien d'avoir bouclé ce premier trail sans encombre, ça t'a donné envie d'aller plus loin.

A peluche

Coli

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