L'auteur : goldenbianca
La course : Marathon de Rome
Date : 21/3/2010
Lieu : Rome (Italie)
Affichage : 1059 vues
Distance : 42.195km
Objectif : Pas d'objectif
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Samedi 20 mars, il est très tôt, aéroport de Lyon Saint Exupéry.
Le marathon de Rome, c'est demain. Nous sommes environ 20 coureurs du club d'Allan à partir et 18 accompagnants qui participeront à la petite course de 4 Kms qui a lieu en même temps.
Le voyage sera épique, certains d'entre nous ont des cartes d'identité périmées et se verront refuser l'accès à bord et un autre l'a oublié. 2 personnes resteront sur place, 2 partiront en voiture....
Bref c'est loin d'être sereine que j'aborde mon premier marathon, j'ai manqué d'entrainement ça c'est sûr. Et en plus une blessure m'a immobilisé 3 semaines il y a 1,5 mois, j'ai aussi eu la bonne idée d'avoir une bonne gastro 1 semaine avant. C'est seulement la deuxième de ma vie et il fallait qu'elle arrive à ce moment là !!
Arrivés à Rome nous sommes accueillis par des amis italiens qui étaient venus en France à l'automne pour participer à une course près de chez nous. On va retirer nos dossards au village marathon qui est assez impressionnant. J'arrive à récupérer le dossard de mon chéri qui fait partie du convoi voiture car celui qui a oublié sa carte d'identité, c'est lui. No comment.
Direction l'hôtel et repas de midi. Je fais une sieste en milieu d'après midi car je me sens très fatiguée, ça me fera du bien. Je prépare ensuite mes affaires pour la course du lendemain.
Dans la soirée nous rejoindrons les autres membres du club pour un repas composé majoritairement de pâtes, l'Italie c'est bien pour ça.
Les 2 « sans papiers » qui font le trajet par la route arrivent aussi à bon port, exténués.
Dimanche, ça y est c'est le jour de la course.
Comme d'hab, chacun parle de ses objectifs au petit déjeuner, de sa forme du matin etc. Mon objectif à moi, comme c'est le premier, finir tout simplement.
Direction ligne de départ, on dépose nos sacs d'arrivée et tout doucement on se dirige vers nos sas de départ, on se sépare en se souhaitant tous bonne chance et surtout une bonne course.
Je me retrouve dans le même sas qu'Isabelle (que je devrais perdre rapidement), Patrice, Catherine, Jérôme et David. Les ballons d'allure se placent et celui de 4h est juste à côté de nous, c'est trop vite pour moi, il faudra que je me méfie de ne pas partir trop vite.
Je me retourne et je me rends compte qu'on est au pied du Colysée !! C'est grandiose !! Les Hélicos de la télé nous tournent autour, la musique se fait plus forte et spectacle extraordinaire, des vêtements volent dans tous les sens, ainsi que des bouteilles pas toujours vides. Chacun se débarrasse de ce dont il n'a plus besoin, nous sommes placés au milieu donc on ne risque rien mais les personnes sur les côtés reçoivent tout sur la tête !!!
Les émotions montent, on sent que c'est pour bientôt.
Ca y est, le départ est donné, on avance par vague et je déclenche mon chrono au passage de ligne de départ. J'adore ce moment, on entend la foulée des 15 000 coureurs, là on prend conscience qu'on est sur le départ d'un énorme truc.
Comme prévu je ne vois plus Isabelle très vite, ni Jérôme. Dans la foule du départ, les gens urinent en courant, il faut jouer des coudes, c'est un peu la guerre. Il faut dire qu'on est 15 000.
Je vois aussi s'éloigner Patrice et Catherine, on se repère tous facilement car le maillot du club est jaune fluo.
David n'ayant pas l'entrainement pour faire un temps décide de rester avec moi, il prend parfois quelques mètres d'avance mais m'attend toujours.
Je sens que je suis partie un peu vite, mais on est si facilement emmené par la foule que c'est dur de résister...
Je continue mon bonhomme de chemin, je sens quand même que ce n'est pas un grand jour.
Le soleil se met à percer et tout d'un coup il fait très chaud. Nous qui sortons d'un hiver glacial, on est pas habitués...Je passe le 10ème kilomètre dégoulinante et en 1h, je me dis que c'est trop vite, je suis sur une base de semi.
David me fait passer une bouteille d'eau au ravito et un gel. Il fait toujours chaud. Des Français nous doublent, dont ceux de Bollène, on échange quelques mots d'encouragement, c'est sympa.
17ème kilomètre, la douleur de ma blessure commence, j'ai mal à la hanche gauche et au genou gauche. Je gère. Je commence à être lasse, j'en ai marre. Les ballons blancs de 4h15 nous ont doublé mais je les vois encore. C'est tôt, je me dit que si je passe les 30 kilomètres, je fini. Il faut que je passe 30 kilomètres.
On passe le 1er semi en 2h07, on a doublé Jérôme qui marchait et qui ne semble vraiment pas être bien, David se retourne de temps en temps pour vérifier s'il repart. Au bout d'un moment il repart ouf.
David me demande si je serais capable d'accélérer sur les 10 derniers kilomètres...Euh c'est une blague j'espère...
A partir du 23ème, beaucoup de coureurs commencent à marcher, ça tombe comme des mouches, je trouve que c'est tôt pour un marathon.
25ème Kilomètre, un autre stabilo jaune qui marche, c'est Philippe le mari d'isa, mince mais qu'est-ce qui se passe ? Je ne suis pas sensée doubler des gens du club...Il en a marre, je lui dit que moi aussi mais qu'il faut tenir.
28ème kilomètre, ça y est j'ai mal dans les jambes, j'ai jamais connu ça, séquence découverte.
Je savais que ça allait arriver à un moment, mais j'aurais préféré le plus tard possible...David me dit que c'est normal.
M'en fout j'ai mal.
Je m'étais préparée à ça, aussi bien mentalement que physiquement en faisant des trails durs cet hiver. Pas question d'abandonner. Pas question de marcher.
Tout le monde marche autour de nous, mais moi je cours, pas vite mais je cours et je sais qu'il ne faut pas que je m'arrête. Du coup on remonte pas mal de monde, on double ceux qui nous avaient passé plus tôt à taquet et qui ont explosé.
Je suis en train de finir ma course au mental, je me sens forte même si j'ai envie de pleurer, je cours et les autres marchent. On entend des GO !!GO !!! Forza !!! de la part du public, ils essayent de requinquer ceux qui sortent du parcours et veulent s'arrêter là.
Certains font du shopping ou sont attablés en terrasse en toute indifférence, quelle ingratitude.
J'en peux plus de ces pavés. Environ 70% du parcours est sur les pavés, il faut être vigilants sur ou on met les pieds. Ah tiens, voilà la fontaine de Trévi.
Ravito du 35 ème, je vais marcher tout le long. Je prends du Gatorade orange, j'en ai jamais bu, tant pis je teste. De toutes façons j'ai déjà mangé des oranges au ravito d'avant, moi qui n'aime pas trop ça, j'en ai eu un envie incontrôlable, elles sentaient si bon !!! Miam c'est trop bon le Gatorade on dirait la tang de mon enfance !
Bon aller, il faut repartir. Aïe, ouille, c'est encore pire les jambes une fois qu'on a marché !!! C'est horrible !!!
J'aperçois quelques uns de nos supporters qui nous encouragent, je chouine je leur dit que j'ai mal aux jambes, j'ai les cuisses en feu. Mais je ne lâche pas, pour moi, pour kiki qui aurait du être avec nous mais qui est blessée, pour David qui m'encourage et me dit que tous les autres aussi on mal au jambes.
Ca doit être vrai car je regarde la foulée des gens qui m'entoure et en effet, c'est loin d'être fluide. Ca boite, certains sont complètement inclinés sur l'avant, ça gémit, ça grimace. Je suis presque contente de voir qu'il y en d'autres qui souffrent et secrètement j'espère qu'ils souffrent plus que moi. C'est pas très sympa, mais ça me fait sourire.
37ème Kilomètre, plus que 5. Je vais finir. Même sur une jambe, sur les mains, en boule en rampant peu importe je vais finir. Je repense à cette image de cette triathlète féminine à Hawaî à la fin du marathon de l'Ironman qui sur le finish ne tient plus sur ses jambes, s'effondre et arrive à peine à se relever ; elle se fera souffler la 1ère place. J'y pense car je me dit que je vais peut-être finir comme ça.
David ne me parle plus, je comprends sur son visage qu'il souffre aussi, je lui demande si ça va. Réponse : non.
39ème kilomètre, qu'est-ce que c'est long !!!!! Qu'est-ce que ça fait mal !!! Je gémis auprès de David, je lui dis qu'il faut que je marche. Il me répond : on marche.
On fait quelques pas et notre supporter kiki est là, elle a le coach du club de triathlon au téléphone. Désolés mais là on a pas trop envie de parler. Elle nous dit qu'il ne reste plus que 2 kilomètres, je rectifie 3. A ce stade, ça a vraiment de l'importance.
On repart. Ca descend, pour les jambes c'est l'agonie la descente. Ravito du 40ème. Je marche tout le long, prend un verre d'eau.
On repart et là je sais que je ne vais plus m'arrêter. C'est dur. Vraiment dur. On voit le Colysée, il faut faire tout le tour. On passe la banderole « ultimo kilometro » certains n'arrivent plus à avancer, aller courage, c'est le dernier kilo.
Je cours toujours, avec mon doudou à côté de moi, c'est un peu grâce ou à cause de lui tout ça. On voit la ligne. J'ai les larmes aux yeux, j'ai mal mais je suis heureuse. Tout ça pour ce petit moment de bonheur, qu'en plus je partage avec mon chéri. Je lui prends la main, on se serre fort, et on passe la ligne. 4h30.
On tombe dans les bras l'un de l'autre, on s'embrasse, un photographe nous mitraille. C'est fort. On a fait ça ensemble.
J'ai les jambes dans un état pitoyable, j'arrive très mal à marcher et ça sera comme ça pendant 3 jours.
Tous les coureurs du club sont finishers, mais personne n'a vraiment réalisé le chrono souhaité. Il semblerait que ça a été dur pour tout le monde. Moi je suis plutôt contente de mon chrono. J'ai une superbe médaille, tout ce que j'espère c'est que c'est de bon augure pour avoir celle de l'ironman accroché à mon cou en juin...
2 commentaires
Commentaire de CROCS-MAN posté le 27-03-2010 à 13:17:00
c'est beau de pouvoir partager cet exceptionnel moment avec sa moitié. Félicitation.
Commentaire de kikidrome posté le 29-03-2010 à 13:16:00
Que de souvenirs.... le côté positif, c'est que j'ai pu faire connaissance avec ta moitié ;-)
Je me suis bien marré en lisant ton récit. d'ici qq temps, j'ajouterai une vidéo et je mettrai aussi mes photos en ligne. Je vais aussi récupérer ton récit pour le site du club.
Un grand bravo à vous 2, finalement, c'est bien que David l'ait fait avec toi, une arrivée main dans la main, c'est tout mignon !
Allez, maintenant, place à la prépa Iron...
Big bisous
Kiki (une des 2 "sans-papier")
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