L'auteur : caroux
La course : L'Endurance Ultra Trail des Templier
Date : 23/10/2009
Lieu : Nant (Aveyron)
Affichage : 4830 vues
Distance : 120km
Objectif : Objectif majeur
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L'édition 2008 n'était encore pas courue que "savais"que l'ultra des Templiers 2009, s'il avait lieu, serait mon 1er ultra-trail.
Un bon planning de préparation qui commence dès Avril (après la coupure post-hivernale) par de la PPG et de la VMA. Pas mal de vélo et de rando pendant l'été, le GRP 75km en guise de course de préparation, c'était la 1ère fois que je courais + de 10h (12h30) et beaucoup de sorties longues (rando-trail ou VTT+CàP), je me sens "prêt" quand l'EUT pointe son nez.
Quelques jours avant la course, j'accueille Widy puis Martine et Maryline,nous sommes tous là pour la grande messe du trail. Martine et moi sur l'EUT, Widy pour le 72 et Maryline pour la Templière et surtout découvrir l'ambiance de ce week-end dont elle a tant entendu parlé.
Jeudi après-midi nous allons tous chercher nos dossards, la tension monte d'autant plus que depuis quelques jours la météo est très capricieuse ; il est tombé des trombes d'eau sur les Cévennes et nous aurons surement encore droit à quelques averses et à du vent, sachant que nous devons passer au Mont-Aïgoual ....
Les rencontres, dans le salon du trail, sont nombreuses ....
... Mic et Yvan, Benoit et les Phyléa, Tom la Case mais aussi Irina qui ne se sent pas au top (pas assez de sorties longues, saison à peine reprise après son accouchement...)
Nous ne nous attardons pas et rentrons rapidement pour prendre notre dernier repas d'avant course et essayer de dormir un peu.
1h du mat, la maisonnée s'ébranle, Widy aussi se lève pour nous encourager une dernière fois et pour immmortaliser l'instant ....
Dernier inventaire et nous voilà parti pour le rendez-vous avec les autres coureurs du club Taill'aventure (Michel, Eric et Aurore) avant de prendre la direction de Nant.
En traversant le Larzac, le vent est présent, les nuages sont bas et la route est mouillée par endroit, .... ambiance morose
Maryline, qui nous conduit et fait mon intendance, est aussi exitée que nous, tous prêts à en découdre ... Trouver un parking, se rendre sur le départ, le contrôle (très très sommaire) des sacs,
...l'attente ...
Nous retrouvons Françoise et Xavié...
.... et enfin ERA et le départ, toujours aussi émouvant.
Martine et moi faisons quelques km ensemble et nous nous perdons de vue rapidement. Très vite je me rends compte que ma décision de prendre la Tikka XP (car + légère) à la place de la Myo XP était peu judicieuse, avec la brume et la bruine, je n'y vois pas terriblement bien, heureusement le peloton est encore très dense...
Sauclière, 1h30 de course, une fois encore je suis parti trop vite. Je suis surpris de voir autant de public à cette heure, ça réchauffe, Maryline et Aurore (qui n'a pas pris le départ) sont là.
Je prends de l'eau rapidement et repars.
3 ou 4 km plus loin, alors que je grignote, ma cheville gauche se dérobe, je me rattrape de justesse mais la micro-entorse est bien là (j'ai depuis de nombreuse années les chevilles laxes, du coup je me fais ce genre d'entorse plusieurs fois par an). Je sais que ce n'est pas grave mais je vais être un peu géné toute la course ou presque.
L'itinéraire qui nous conduit au St-Guiral est nouveau pour moi dans sa partie finale et il faut dire que le choix a été judicieux car, à l'exception d'une fois ou 2 nous sommes relativement abrités jusqu'au sommet. Mais la descente, elle, est fraîche.
Dourbie, 4h06, j'ai encore 10' d'avance sur mon planning. Le moral est excellent, la forme est au mieux, Maryline fait quelques mètres avec moi avant le ravito où j'espère prendre la soupe dont je rève depuis quelques heures. "Non, la soupe c'est au prochain" .... Tant pis, ce sera un thé.
La montée des crêtes du Suquet marque le début de l'ascension du Mont-Aïgoual, la superbe montée des 4000 marches a été abandonnée pour des "raisons de sécurité" et l'itinéraire de remplacement a lui aussi été modifié suite aux grosses pluies des jours précédants, du coup nous allons nous coltiner 9km de pistes forestières en très léger faux-plat montant. C'est chi... au possible, de plus je me prends un coup de pompe et n'arrive déjà plus à courir 1,2,3, puis bientôt 10 gars me doublent, je mange, je bois et essaie tant bien que mal de relancer la machine... Il me faudra un bon quart d'heure avant que ça reparte.
Prat-Peyrot, 6h35, le ravito est à l'extérieur, les bénévoles et le public sont transis, nous qui courons, ça va, mais une petite soupe ... "Non, c'est au prochain" ...
On nous annonce des grosses rafales de vents au sommet du Mont-Aïgoual, il va y faire très très froid.... et c'est rien de le dire ... heureusement, là encore la majeure partie de la montée se fait à l'abris mais les derniers mètres sont avec la Tramontane de 3/4 avant ... Nous arrivons au relais de télévision (7h02 de course), un bénévole, à l'abris dans son 4x4 nous indique l'itinéraire, nous courons maintenant avec un vent de côté, mesuré à plus de 100km/h (rafales à 120) ... Un coureur, en tee-shirt à manches courtes + manchons, "profite" de mon abris (très relatif vu mon gabarit), c'est le délire, je n'arrive même pas à courir droit !!!!! Puis nous nous enfonçons dans la forêt, encore et toujours sur ces maudites pistes, repassons à qlq mètres du ravito de Prat-Peyrot et continuons vers Camprieu.
J'ose à peine y croire, il aura fallu faire 70km pour avoir droit à une soupe... et en plus elle est bonne Je m'arrête assez longuement, je me change et profite de l'ambiance et de la présence de ma douce ..... Je sais que la course commence ici car les parties techniques devraient suivrent. Le moral est entamé par ces km de pistes mais ça va. Les nouvelles des différents pôtes sont bonnes et je sais que Martine me talonne....
C'est dingue comme un tee-shirt sec peux vous relancer.... Je repars à bon train en empruntant encore, sur quelques km, ces foutues pistes.... Quand enfin nous passons sur du sentier, j'ai l'impression de démarrer une nouvelle course. Mon rythme s'en ressent et je rejoins bientôt un concurent avec lequel je vais courir qlq minutes, car en fait depuis Dourbie j'ai passé le plus clair de mon temps seul et autant ça pouvait être pesant dans le long secteur de piste autant là sur ce superbe sentier en balcon qui me conduit à Trève, c'est vraiment que du plaisir ... Un peu plus loin c'est Pascal, un ami de Martine, toujours vétu de sa chemise à fleurs, que je rejoins. Je ne le connais pas mais il est facile de voir qu'il n'est pas au mieux... Nous échangeons qlq mots et je m'éloigne rapidement.
Nous rejoingnons ensuite les crêtes du Suquet et la descente sur Trève, ce passage est un classique des Templiers, nous y sommes passé l'année dernière et en 2007... J'effectue cette descente assez prudement mais de manière soutenue et entre dans Trève après 10h48 de course. C'est le 87ème km, je n'ai jamais couru autant et paradoxalement je ne me suis jamais senti aussi bien sur les Templiers
A la terrasse du café plusieurs membres du club sont là et m'acclament, Mary m'accompagne jusqu'au ravito, je n'y passe que peu de temps, pressé d'y retourner.....
La montée qui suis, je ne la reconnais pas tout de suite mais, à mi-pent, ça fait Tilt !!! En 2007, nous sommes passés par là, à ce moment là j'étais bien et puis ça été le cauchemar ... la longue traversée du plateau de la Rocarie que j'avais fait en marchant, les jambes éteintes et le moral dans les chaussettes !!! Cette année j'arrive là avec plus de 90km dans les jambes, je m'attends au pire... Et ça sera peut-être pas le meilleurs mais pas loin. J'arrive à courir, certe pas à 15km/h mais j'avance et d'ailleurs je remonte qlq concurents ... J'exulte, et attaque, peut-être un peu vite, la descente vers St-Sulpice. Quand, après un court passage en balcon, nous commençons à remonter, je sens venir un deuxième "coup de pompe". Je réalise maintenant que j'aurai du réagir lors de ce petit moment d'euphorie annonciateur. Maintenant c'est trop tard !!! Je me ravitaille, je ralenti, en fait j'ai pas le choix je marche doucement dans ce sentier qui parfois monte, parfois descend mais et qui n'en fini pas de rejoindre le plateau . 15 minutes, peut-être plus, seront nécessaires avant que ça ne reparte mais ça fini par repartir peu de temps avant Revens qui marque le cap des 100km.
Je rentre dans le hameau, visiblement entamé.
Mary m'invite une fois encore à jouir de l'instant :
"De toutes façons tu as fais une super course, alors prends du plaisir ...."
Elle a raison de me le rappeler, je suis là de ma propre initiative, personne ne me force....
Je passe encore un bon moment au ravito (c'est le dernier), je plaisante avec les bénévoles, un dernier bisous à Mary et quelques mots échangés avec des gens du clubs et je repars avec la quasi certitude d'arriver, certe avec la nuit tombante mais confiant.
Maintenant la descente de Cantobre .... enfin, bientôt car sur le profil il y a un léger décrochement avant mais ça ne saurait tarder ...
Nous commençons à descendre vers un rec que nous suivons par un bon sentier, ça descend toujours... c'est bizzare.... puis tout à coup nous abandonnons ce beau sentier (qui continue sans doute jusqu'à Cantobre) pour repartir en sens inverse et parfois droit dans la pente (en montant). Ce petit décrochement n'a d'autre intéret que de rajouter les quelques centaines de mètres de dénivelé manquants. C'est dur à encaisser, à ce stade de la course, ce genre de farce...
Enfin nous nous dirigeons vers le bout du plateau pour plonger vers Cantobre et quand je dis plonger, tout ceux qui ont emprunté cette "fameuse" descente, comprenne que ce n'est pas une figure de style, c'est réelement un plongeon
Quand j'arrive sous la falaises d'escalade, je sais que je suis au bout : plus qu'une montée et une descente et c'est l'arrivée
A la hauteur de la centrale électrique j'ai de nouveau une petite pensée pour Eliot, mon fils, avec qui j'ai été pris en photo ici l'année passée, mais aujourd'hui il n'y a personne ... je remonte , seul la petite route qui passe sous le village, j'en profite pour attraper la frontale dans mon sac, ça c'est fait ! Et je prends un gel, mon 1er, histoire de ne pas flancher à 10km du but.
Le passage du ruisseau est tendu, en fait je crains d'avoir des crampes en passant les grandes marches mais non, tout va bien, pas vite mais bien...
La montée vers le Roc Nantais est "dans un nuage", je repense à ce que Mary me disait : "Prends du plaisir ..." C'est ce que je fais, je vis mon rêve. !!!
Puis ce sont les premières lumières de Nant... le bruit de la sono.... le passage de cordes ....le sentier plein de pierres là, je rejoins un gars, visiblement à bout, il emboite le pas ...le pont.... l'entrée dans l'aire d'arrivée.... Je suis aux anges....J'apperçois Mary, lui fait un petit bisous et franchit la ligne avec le coureur "complice du dernier km"
Ca y est je viens de boucler mon 1er Ultra...
Ce que j'en retiens ??? Je dirai que ça ressemble à une tranche de vie ; il y a des hauts, des bas, des ni-haut-ni-bas, il y a des gars avec qui tu fais un bout de chemins et que tu ne revera plus, d'autres que tu croises sans cesse avec qui se lie un espèce de lien, de complicité. Et puis quand c'est fini, t'attends qu'une chose : C'est que ça recommence et ça sera le 23 avril 2010 : La 6666
2 commentaires
Commentaire de millénium posté le 03-11-2009 à 21:56:00
Ton récit est passionnant, mais j'attends la suite...
Bravo pour ta magnifique course
Commentaire de Francis31 posté le 10-11-2009 à 10:00:00
Bravo pour cette première Bernard, cela semble si facile ! Surtout en partant à l'heure (GRP 2009, rappelle toi :) ).
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