Récit de la course : 100 km de la Côte de Beauté 2009, par MARC78
L'auteur : MARC78
La course : 100 km de la Côte de Beauté
Date : 18/10/2009
Lieu : Royan (Charente-Maritime)
Affichage : 1616 vues
Distance : 100km
Matos : New Balance 1062
Asics Gel Nimbus 10
Objectif : Battre un record
1 commentaire
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Content ... oui content ... mais déçu ...
Il faut bien commencer par le début, nous arrivons donc à Royan vers 15h00, sous un beau soleil mais par un temps relativement frais, ce samedi, le retrait des dossards a ouvert à 14h00, c’est la première chose que nous allons faire, ce qui est fait n’est plus à faire ! Dossard n°3 pour ma part + celui de Fanou pour le vélo, cerise sur le gâteau, même l’accompagnateur a droit à un beau tee-shirt « 100km de Royan » ! Très rare ! Pour ma part ce sera un sweat bleu et une bouteille de Pineau. Nous en profitons pour confirmer notre venue au petit déjeuner de 3h00 du mat demain dimanche !
L’après-midi sera calme pour ma part, repos dans ma chambre pendant que ces « Demoiselles » vont aller faire du shopping dans les rues de Royan.
Vers 19h30-20h00, une bonne plâtrée de tagliatelles au chèvre et jambon, viendra conclure cette journée …
Il est temps d’aller au lit, mais là, gros hic, nos chambres se trouvent au dessus du pub de l’hôtel, ouvert jusqu’à 2h00 du mat, musique à donf de rigueur … Cette dernière s’est tue effectivement à 2h00, 25mn de sommeil léger, pour entendre mon réveil sonner à 2h25 … ben oui, faut aller au petit déjeuner offert par l’organisation, à 3h00, le départ de la course ayant lieu à 5h15 pour les accompagnateurs en vélo et à 5h30 pour les coureurs.
Ce petit déjeuner, se fera dans un état comateux pour Fanou et moi … nous sommes dans les premiers, les 4èmes exactement.
Nous avions préparé le vélo la veille, donc un bref aller/retour à l’hôtel pour aller le chercher et nous voilà de retour sur le lieu de départ à 5h00.
Je l’avoue, je stresse. Depuis plusieurs jours je me suis mis une pression pas possible. Je me suis persuadé que je peux faire moins de 10h00, mais au pire, descendre sous les 10h30, auquel cas j’améliorerais quand même mon record sur 100km de 1h26 au minimum.
Aujourd’hui lundi, avec du recul, je me rends compte de tous les états par lesquels je suis passé. Je n’ai jamais connu cela sur aucune de mes courses. Un stress permanent, tempête sous un crâne qui calcule, qui cogite sur les 100km, euphorie, déception, optimisme et pessimisme … tout y est passé ce dimanche 18 …
Mais revenons à nos moutons …
5h15 … les vélos s’élancent en groupe et nous les retrouverons dans 5km, sur un petit parking en bord de mer, avant St George de Didonne.
5h30 … c’est notre tour … PAN … c’est parti pour ce 100km de Royan.
Un tour de piste d’athlétisme avant de s’élancer sur les pistes cyclables de Charentes-Maritimes.
Il fait 4° ressenti -1° … mais le ciel est clair et étoilé présage d’une belle journée.
L’humeur est bon enfant comme sur beaucoup de courses d’Ultra.
Moi je suis déjà concentré. Une petite boucle en ville puis nous nous élançons sur le jetée et le bord de mer direction St George de Didonne ou aura lieu le 1er demi-tour au km10.
KM5, nous récupérons nos cyclistes … il fait bien sur nuit mais pas besoin de frontale. J’ai déjà l’estomac tout retourné, par le stress et le manque de sommeil.
KM10, nos cyclistes s’arrêtent au ravitaillement, nous coureurs, continuons sur une petite boucle de 300m pour effectuer notre demi-tour et repartons avec nos cyclistes, sur Royan. Je suis à 5’50’’/km … ça roule … sauf l’estomac. Je calcule dans ma tête et me triture déjà les méninges en faisant des prévisions de performance …
KM20, nous sommes sortis de Royan et nous filons sur la corniche, tantôt sur pistes cyclables, tantôt sur chemins en bord de mer, superbement éclairés par l’organisation. Ravitaillements tous les 5km, complets, il ne manque que des boissons chaudes. Les bénévoles sont souriants et nous encouragent systématiquement.
KM25, St Palais sur Mer … arrêt au « stand » mais assez rapide comme à chaque fois. Les paysages sont magnifiques, et on sent le soleil décidé à poindre à l’horizon dans peu de temps.
Aie Aie … nous descendons du chemin côtier, sur la plage où nous allons avoir droit à 200m de sable mou et cette impression de pédaler dans la semoule. Ce sera encore plus dur au retour …
Avant le 30ème km nous passons par une portion de piste cyclable, excessivement vallonnée. Descentes et raidillons qui vous cassent les pattes, et on se prend à imaginer ce que sera le retour à cet endroit de la course, ou il nous restera environ 15km …
J’en profiterais bien pour soulager mon estomac qui me perturbe depuis le départ, et là je ne tiens plus et je m’éclipse discrètement dans la pinède … mon Dieu que cela fait du bien … Je ne compte même plus les arrêts pipi, ce doit être le 6ème déjà … mais ça c’est le froid !!!
KM30, c’est la plage de la Grande Côte, je suis en terrain connu, car j’y ai couru à mes dernières vacances en juillet !!! Fanou a sorti depuis un moment l’appareil photos et me mitraille sous tous les angles. Elle aussi va bien malgré le froid, et les pieds gelés !! Nous nous dirigeons vers La Palmyre. Avant mon arrêt « dégazage », j’étais à 5’55’’/km … Je me suis retrouvé à 6’02’’/km en repartant. Depuis j’ai refais une partie de mon retard, et je tourne actuellement à 5’58’’/km … faut tenir comme ça.
KM35, nous passons La Palmyre et son port … le soleil est levé bien sur. Il fait beau et la température commence à se radoucir. Fanou reste « en retrait » et joue parfaitement son rôle d’accompagnatrice ! Technique mise au point : je lui dis que j’ai soif, elle pique un sprint et m’attend avec la bouteille ouverte, un minimum de temps perdu. Je dois commencer à psychoter sur ma perf !!!!
Passage au phare de la coudre et là nous rentrons de nouveau en terrain inconnu, je ne suis pas allé si loin en juillet.
KM42,195, le marathon en 4h10’ … je suis pilepoil dans mes prévisions et cogitations. Ici aussi le terrain redevient vallonnée, faux plats usants … les jambes commencent à devenir lourdes, mais j’arrive encore à discuter avec Fanou, et j’ai hâte d’être à ce fameux demi-tour et repartir dans l’autre sens.
Et c’est là entre le marathon et le KM50 que nous croisons les 1ers concurrents qui sont sur le retour. Je les applaudis et les encourage comme il se doit, et ils me répondent par un merci ou un geste de la main … Bravo le gars, ça c’est du « sport » !!!!!
KM50, la moitié est faite, c’est déjà pas mal. Le demi-tour se situe à Ronces les Bains dans exactement 8km, c’est aussi là que nous attendent Christine et Marie-Christine, avec quelques affaires de rechange et notamment une paire de chaussures car je sens que l’amorti des miennes commence à fatiguer, ou alors c’est moi qui fatigue ??? Huuuum … peut être devrais-je le voir plutôt comme ça …. Je suis toujours à 5’58’/km quand j’aperçois le bout de la piste cyclable, le ravitaillement, et mes 2 amies …
KM58, j’ai l’impression que c’est là que tout se joue … vite fait au ravito … je m’assois tant bien que mal sur un rondin, je change de chaussures, j’enlève une couche et mes gants … et je repars …
Bilan de l’opération, je repars en léger faux plat montant et je suis désormais à 6’06’’/km … M…. va falloir rattraper 8’’/km … pour passer sous les 10h00. Je tire des plans sur la comète … sachant que je vais aller de moins en moins vite, que là ça monte, là ça descend … M….. M….. M…. C’est pas gagner, et j’ai le moral en berne …
KM60, ça y est … le gros coup de mou … Fanou me rattrape. « J’en ai marre, c’est foutu, j’en peux plus ». Coup de pied au cul de Fanou, c’est reparti … je tente l’I-Pod moi qui adore courir avec et qui coure beaucoup avec, je le balance au bout de 30mn, je le supporte pas
Si Fanou a joué déjà pleinement son rôle sur l’aller, sa présence va être primordiale et indispensable sur le retour. Elle va en fait, combler mon gros coup de mou (et de blues) entre le km60 et le km75-80 … Elle va me parler, me définir des objectifs dès que je marchais 30s (« Au sac poubelle tu repars » …) et je l’ai suivi comme son ombre dans ses paroles. Je vois mon temps au km prendre irrémédiablement des secondes qui vont devenir irrécupérables.
KM75, de retour au phare de La Coudre et nous revenons sur La Palmyre. Je suis à 6’21’’/km. Fanou me booste et m’encourage. J’ai toujours l’esprit en ébullition … tenir tenir tenir au moins cette moyenne jusqu’au bout, ne plus perdre de seconde. Je suis déjà largement au-delà des 10h30, le moral dans les talons et l’envie de tout foutre en l’air et m’arrêter sur le bord de la piste cyclable.
Heureusement, Christine et Marie-Christine nous suivent sur le parcours retour et m’encouragent régulièrement, ça fait du bien.
KM80, et ses satanées bosses de l’aller … j’ai retrouvé un peu de ma superbe et je les enchaîne sans m’arrêter de courir, incroyable je ne me savais capable de telles ressources, mieux, je suis passé de 6’21’’/km à 6’20’’/km … Comment j’ai fait ? Je ne sais pas. C’est la tête qui coure maintenant, plus les jambes. Nous retrouvons notre langue de sable mou de 200m qui me casse littéralement les jambes … 2 pas en avant, 1 en arrière … ça brûle les cuisses …
KM85, Fanou me pousse encore dans mes retranchements, et me voici à 6’19’’/km … je ne pourrais pas faire mieux mais si je les tiens jusqu’au bout, je minimise les dégâts pour un 10h34’ grand maximum. Voilà mon nouvel objectif jusqu’à l’arrivée !!!!
Km90, nous venons de passer St Palais, et nous croisons énormément de gens qui se promènent sur les bords de mer. Certains nous regardent comme des extra-terrestres, d’autres nous encouragent et nous applaudissent. Je descends souvent sur la route, car les trottoirs sont plutôt encombrés de promeneurs, mais cela me permet de rester près de Fanou.
KM95, toujours 6’19’’/km, nous sommes de retour sur Royan et son casino. Il nous reste 5km … durant lesquels je vais tout faire, en vain, pour redescendre à 6’18’’/km, synonyme de 10h30. Je m’accroche, pas question de marcher, d’ailleurs, cela fait bien + de 10km que je ne marche pas, ne serait-ce que 30 secondes histoire de récupérer et mieux repartir. Je marche au mental, c’est tempête sous un crâne. Je scrute mon GPS toutes les 20 secondes pour voir si ce maudit 9 ne se transforme pas en 8 … mais il ne veut pas, pourtant j’ai l’impression d’augmenter progressivement ma vitesse, je m’arrache dans les faux plats montants, et je me laisse aller dans les descentes, mais rien n’y fait …
KM98, KM99, port et plage de Royan, bref passage dans le sable et retour en direction du stade d’honneur où a eu lieu le départ et où se déroule l’arrivée. Cela fait un moment que je double un paquet de concurrents. Depuis une dizaine de km, j’ai avalé une bonne douzaine de coureurs et leurs cyclistes, et pas d’indigestion en vue … ça c’est motivant !!!
Le stade est en vue … la grille d’entrée … vélo à gauche … coureurs à droite pour entamer un dernier périple de 300m soit les ¾ de la piste d’athlétisme.
A peine rentré sur le stade, j’entends le speaker qui annonce mon numéro et mon nom … et durant les derniers 200m, je suis seul, tous les spectateurs et personnes présentes sont toutes acquises à ma cause.
Je n’en peux plus mais je ne baisse pas de rythme. 100m …. 50m … 30m … TOP … je monte sur le mini podium, passage obligé sous la banderole, je stoppe mon GPS : 10h32mn59s et 99,99km – 6,19’’/km.
100km, je reçois la poignée de main de l’organisateur (tout le monde y aura droit), une médaille, et on m’enlève ma puce de la cheville.
J’ai le regard dans le vide … et pour la première fois de ma vie sur une course, je sens toute la pression sur mes épaules, s’envoler … des larmes commence à couler au coin de mes yeux … que m’arrive t-il ? Je ne vais quand même pas pleurer ?!!? Je m’effondre sur une chaise, hagard … les yeux embrumés, ne sachant plus vraiment où je suis et dans quel état j’erre !!!! Satisfait … oui … content … oui … mais déçu … oui aussi. Marie-Christine s’est occupée de Fanou, et Christine vient me donner de quoi me réchauffer et me réconforte. J’ai une grosse boule à la gorge … d’ailleurs quand j’écris ces lignes, cette même boule revient en repensant à mes impressions à l’arrivée.
Je ne suis même pas allé chercher ma bourriche d’huîtres après la course, retour à l’hôtel à 100m, une bonne douche et nous sommes revenus au stade, pour voir les résultats affichés …
Résultats officiels : 10h33mn05s – 57ème sur 156 arrivants et 185 partants – 6’19’’/km soit 9,48km/h …
Aujourd’hui après mûre réflexion, j’ai toujours un arrière-goût d’amertume, et le sentiment d’avoir loupé quelque chose.
J’ai malgré tout amélioré mon record sur 100km de 1h13mn en 6 mois (11h46mn à Belvès en 2009), c’est déjà une « victoire » en soi, je le reconnais.
Je remercie tous les PCaPien(ne)s qui m’ont encouragé par sms, mails ou post sur le site, vraiment, un grand merci !!!!!!
Merci à Christine et Marie-Christine, « Reines » de la logistique et des encouragements !!
Et merci à Fanou, qui a pris le contre-pied de Belvès et qui ne m’a pas quitté d’une semelle durant ces 100km. Les 40 derniers km se sont faits dans la douleur, que j’ai pu supporter grâce à elle.
Rendez-vous au prochain 100km, en 2010 … lequel ? Je ne sais pas encore !!!
1 commentaire
Commentaire de CROCS-MAN posté le 21-10-2009 à 15:38:00
Merci pour ton récit bien détaillé et bravo pour ta course.
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