Récit de la course : Les Crêtes Vosgiennes 2009, par Liliputiengeant

L'auteur : Liliputiengeant

La course : Les Crêtes Vosgiennes

Date : 30/8/2009

Lieu : Markstein (Haut-Rhin)

Affichage : 1540 vues

Distance : 33km

Objectif : Pas d'objectif

5 commentaires

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Crêtes Vosgiennes 2009

  

Quelque temps après, un petit récit pour réchauffer les souvenirs !

 

Cherchant depuis quelque temps une course pouvant me rapprocher de mon Alsace natale, j’ai fini par jeter mon dévolu sur les crêtes vosgiennes. L’objectif principal de la saison restant le trail des aiguilles rouges un mois plus tard, je partais ici avec l’idée de me mettre en jambe sur une course pas trop longue et pas trop traumatisante, avec beaucoup de plaisir à courir dans un paysage superbe. Et pourtant l’envie de se défoncer et bien là et je finirai bien vidé !

 

Au départ il fait grand beau temps. Chouette, on va en prendre plein les mirettes ! Les gens s’échauffent dans tous les sens, mais il fait bien frais et je reste couvert jusqu’au dernier moment pour ne pas prendre froid. Le dossard est très vite récupéré malgré le grand nombre de coureurs, puis je me mets en tenue, m’échauffe 5 minutes et déjà, tout le monde se place derrière la ligne. Cherchant un bout de tissu rouge ou milieu d’un peu plus de 1000 personnes, c’est finalement un Ourson qui me tombera dessus par derrière ! Plaisir d’échanger quelques mots, mais déjà le départ est donné, « bonne course ! », et c’est parti !

 

 

Rapidement on arrive sur des petits chemins, mais sans trop de bouchons même si ça monte de tous les côtés. On commence à prendre un petit rythme, à se placer sur ce départ roulant, et d’un coup tout le monde quitte le chemin ! Un beau petit chemin, pas méchant pour un sou, mais non, il a été décidé qu’on partirait à gauche, droit vers le haut, sous le télésiège ! Ca remet les choses à leurs places, on est venu pour manger des bosses et il va y en avoir. Un peu de marche pour s’économiser et on relance tout de suite arrivé en haut, sur 33km mieux vaut ne pas perdre de temps, et on laisse une belle vue derrière nous !

 

 

Les premiers kilomètres défilent vite et arrive le premier ravitaillement. Parti sans sac, avec simplement un gel à la main, j’avais prévu de boire un gobelet d’isostar et un gobelet d’eau à chaque arrêt, soit environ toutes les trente minutes pour mon objectif de 4h. Mais je suis bien, je ne ressens pas trop la soif et les verres d’eau finiront souvent sur ma tête plutôt que dans  mon estomac. Je gagnerai un peu de temps comme cela, mais en perdrait par la suite faute de ne pas avoir assez profité de ces stands bien garnis où les bénévoles réagissent au quart de tour pour ne pas nous faire perdre une seconde.

 

 

La course se poursuit et j’ai le plaisir de croiser plusieurs fois mes parents et mes sœurs venus me suivre sur la course et à qui je dois toutes ces photos. Les bosses s’enchainent entre chaume et single track et le panorama est au rendez vous. A chaque sommet les panneaux indiquant les kilomètres montrent que ça avance plutôt bien pour l’instant. Sur ces chemins je serai rattrapé par filipe68 avec qui nous feront très rapidement connaissances et échangeront quelques mots, forts sympathiques, avant de continuer nos courses chacun à notre rythme.

 

 

Petit à petit, le peloton s’allonge, mutant en un long serpent de petits coureurs qui suit la route des crêtes aussi loin que l’on regarde vers devant ou vers derrière ! Beaucoup de public est venu apporter des encouragements tout au long du parcours et à gauche comme à droite montagnes et vallées nous contemplent sous un grand soleil ! C’est tout simplement beau et on savoure le plaisir de courir à l’état pur.

 

 

La fatigue commence à se faire sentir, j’avale mon gel avant d’arriver sur un ravito pour boire juste derrière. Je pense être sur une très bonne base, je repars rapidement, marchant dès que ça devient raide, mais relançant toujours et donnant bien dans les descentes. On arrive sur le Hohneck, point culminant du parcours, splendide et bien raide. Tous les concurrents sont encouragés un par un, l’ambiance est vraiment génial et aide à relancer après le sommet.

 

 

Arrive la Schlucht, là où des dires de tous, la course débute vraiment. Il reste 12km, je cours depuis 2h20 et me dis que passer sous les 4h est largement faisable. La fatigue pèse un peu, je prends un bout de banane, bois un peu et repars motivé à bloc !

 
 

Ca remonte en pente douce et je me dis que maintenant il n’est plus temps d’en garder sous la pédale. Je m’efforce donc de ne pas marcher dans cette montée, et grignote des places en trottinant. Même si je cours très lentement, j’ai l’impression d’avaler la montée et de tenir le rythme idéal. Oui mais voila, la montée n’est pas d’accord avec mon point de vue, elle se vexe, et ne s’arrête jamais. Petit à petit je fatigue, et le chemin devient technique avec de plus en plus de racines. Je continue de trottiner tant que je peux, mais finit par rendre les armes et marcher avant d’en finir avec cette pente, et sens aussitôt les crampes se rapprocher dangereusement.

 

A partir de là, la fin de course sera terrible. Je ne pourrai plus que marcher dans les côtes, sous peine d’avoir des crampes immédiates dans les  mollets. Même sur le plat relancer devient terriblement dur et un grand vide m’envahit. Pourtant j’étais bien à la Schlucht ! Mais l’arrivée est encore loin et je paye certainement mes ravitaillements trop légers de la première moitié de course. Je bois et mange à l’arrêt suivant, mais le mal est fait et j’ai même du mal à ingérer tout ça. Je repars mais ne peut toujours pas courir correctement. A mes difficultés s’ajoute maintenant un terrain très technique entre pierres et racines. Du vrai trail même si je ne l’apprécie pas à sa juste valeur. Les minutes semblent s’envoler, je me fais dépasser à tout va et je lutte en permanence contre les crampes. Le moral est en chute libre et l’envie disparait.

 

J’arrive heureusement au dernier ravitaillement où tout le monde nous annonce l’arrivée, je jette mes dernières forces dans la bataille en espérant être sous les quatre heures. Ayant oublié ma montre chez moi, je ne sais plus du tout où j’en suis. Je décide alors de tout donner pour ne rien regretter, dans la descente je lâche complètement les chevaux en priant pour que les jambes ne lâchent pas. Puis on débouche dans la foule, l’arrivée toute proche, il reste 500m. Malgré l’envie, les crampes me forcent à revenir à la marche dans la dernière montée, et je relance juste derrière, un virage à gauche et on débouche sur l’arrivée avec son grand chrono. 3h46, YES, je suis sous quatre heure et avec de la marge. Je savoure le fait de ne pas avoir laché, d’avoir traversé cette épreuve et de faire un tel temps malgré les difficultés rencontrées.

 

 

Je croiserai rapidement Schnacka après l’arrivée, mais n’aurai malheureusement pas le temps de discuter ni de profiter du beau soleil qui arrose tous les coureurs réunis ici.

 

Au final j’aurais beaucoup appris sur cette course ! Les quelques enseignements que j’en retire :

-         Sur quatre heures, même en s’étant préparé et alimenté parfaitement, il est nécessaire de s’alimenter et de boire dès le début de l’épreuve.

-         Savoir gérer sa course sur les premiers kilomètres est impératif. J’ai visé un tout petit poil trop haut et je l’ai payé cher. La mi course n'est pas avant la Schlucht !

-         Sur les crêtes, même s’il fait frais, il est nécessaire de se protéger du soleil ! Et je parle bien de crème solaire, pas simplement d’un buff sur la tête. C’est uniquement après course que je me suis rendu compte des coups de soleil qui couvraient mon corps. Entre ce que j’avais puisé dans mes réserves et cette probable insolation, la récupération a été un enfer, même boire était difficile.

-         Moi qui ne voulait pas trop donner pour que cette course ne soit qu’une grosse sortie de préparation aux aiguilles rouges, je me suis complètement oublié ! Une bonne semaine de récup a été nécessaire la dessus…

 

Je n’aurai pas pris les mêmes risques sur une course plus longue, mais 33km et 1000m de D+ ne sont pas rien. J’en ressors néanmoins ravis. Le parcours est superbe, cassant par ses nombreuses bosses, exigeant techniquement, il demande beaucoup de jus pour pouvoir relancer. Les paysages sont superbes, et l’ambiance de course populaire fait vraiment plaisir. Que ce soit pour tout donner ou pour y aller tranquillement, je conseille vraiment ce parcours à tous !

 

 

5 commentaires

Commentaire de filipe68 posté le 16-10-2009 à 21:49:00

Salut, content que tu te sois souvenu de moi ca fait plaisir ;)

joli récit et tres jolies photos, ca fait remonter les souvenirs en masse, mais pour ma part j'ai bizarrement la sensation d'avoir souffert bien avant la schlucht contrairement à toi..mais il est sur que la derniere partie est bien technique et casse pattes..trop pour profiter des superbes paysages,
bravo donc pour ton récit, et ta course que tu as su bien décrire, et puis pour ce chrono qui est allé au dela de tes esperances..
à une prochaine peut etre sur une course de la région ;)

Commentaire de JLW posté le 16-10-2009 à 23:02:00

une course difficile, un peu piègeuse mais tu as eu la chance de la faire sous un beau soleil ce qui ne fut pas mon cas. Rien que pour cela je veux la refaire.
Tu as gagné en expérience c'est sur, et ça a donné quoi sur les Aiguilles rouges (un autre de mes prochains objectifs) ?

Merci pour ton sympathique récit qui donne vraiment envie d'y retourner.

Commentaire de Liliputiengeant posté le 19-10-2009 à 12:04:00

Eh oui Filipe, les rencontres avec les kikous, même courtes, m'ont marqué, d'autant que je voulais prendre le temps d'écrire ce récit depuis un petit moment pour replacer l'action et les évènements.
Au final j'avais peut être un peu sous estimé la difficulté de cette course ou sur estimé mes moyens... Mais je reste très content de mon temps !

C'est d'ailleurs une bonne course de préparation pour plus gros puisque j'ai finis les aiguilles rouges pour la deuxième fois un mois plus tard et en y améliorant mon classement par rapport à l'an dernier ! Même si ces deux courses n'ont rien à voir, je m'étais bien fait les jambes et j'ai appris à relancer dans la douleur! ;)

Commentaire de Hay-David posté le 19-10-2009 à 19:45:00

C'est une très belle course et un récit vivant et plein d'énergie. Je suis tout à fait d'accord avec toi il ne faut pas se fier à ses bonnes sensations de mi-course car après ça se corse!

Je sens qu'à force de lire tous ces récits de courses courues je vais presque avoir des regrets... J'ai dit presque!... ;)

David à Mascate.

Commentaire de lulu posté le 24-07-2010 à 00:23:00

Merci pour ce récit, je vais peut-être bien le tenter cette année en guise de prépa !!!!

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