L'auteur : nono's coach
La course : Trail de Courchevel - 50 km
Date : 9/8/2009
Lieu : Courchevel (Savoie)
Affichage : 2807 vues
Distance : 50km
Objectif : Pas d'objectif
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Courchevel x'trème trail – 53km +4400m
Ce trail ressemble à une immense course de montagne. Il y a peu de participants (70), mais cela s'explique par la difficulté du circuit, mais aussi par une surabondance de trail long en Savoie.
De plus, mieux vaut ne pas loger loin du départ, car il n'y a pas de camping, pas d'hôtel bon marché. Les organisateurs proposent un tarif traileur dans un bel hôtel au pied du départ à 85 euros et un menu spécial traileur la veille à 18 euros. Ne serait-ce pas plutôt un tarif spécial trader?
Mais le départ ayant lieu à 4h30 du matin (en prévision d'éventuels orages les après-midis d'été), j'ai décidé de dormir dans mon 5 étoiles perso … ma voiture!
Après une trop courte nuit à gesticuler pour trouver la bonne position du sommeil, je suis réveillé par les voitures qui progressivement remplissent le parking des tremplins de sauts à ski.
Levage, habillage et petidéjeunage rapides avant le départ. Dawa Sherpa est là, ne cherchez plus le futur vainqueur.
Dès le départ, ça grimpe le long d'une piste de ski, balisée de part et d'autre, par des torches enflammées. Bravo les organisateurs!
Au bout d'à peine 20 minutes, je me retrouve seul dans le noir à la recherche de rubalises réfléchissantes. Je suis environ à la 10è place et je vais rester ainsi à courir seul pendant près de 3 heures.
Après une belle ascension à mon rythme jusqu'au rocher de la Loze, j'aperçois les premières lueurs de l'aube à plus de 2500m. Le ciel s'avère dégagé en altitude et le soleil se lève sur une mer de nuages dans laquelle pointent de nombreux sommets dont le Mont-Blanc.
Vue sur le col de la Loze (ravitaillement 1)
lever du soleil vu du rocher de la loze
J'éprouve énormément de plaisir à courir dans ces conditions. Jamais je ne me serai lever si tôt pour une simple randonnée.
D'autant plus que mon dernier souvenir remonte à 3 semaines le 18 juillet. C'était alors l'Ultra Trail du Beaufortain, couru sous des conditions apocalyptiques. La course a été stoppée au bout de 25 km en raison de la neige sur les cols (15cm) qui recouvrait tous les chemins.
Après une descente raide sans difficulté, j'attaque une longue ascension peu pentue sur un large chemin de pierre jusqu'au sommet de la Vizelle, deuxième ravitaillement. Sur ce chemin, on peut mesurer les écarts entre les coureurs car il y a une grande visibilité sur un ou deux km. Je suis poursuivi par deux concurrents à environ 5mn, et je poursuis un coureur rouge à 3 mn devant, que je rattrape dans le col du Fruit.
La descente (30%) longe un énorme pierrier très impressionnant. Je l'effectue pourtant à bon rythme mais je m'aperçois encore que je ne suis pas un montagnard, car le traileur rattrapé plus tôt, reprend ses distances en dévalant sans retenue les 600m de dénivelé.
Cependant, je ne me sens pas du tout entamé physiquement et, moralement je sais que je suis plutôt efficace dans les montées.
Les 4 km qui suivent sont relativement roulants, et je double facilement le serial descendeur.
J'entre dans le parc de la Vanoise, et les organisateurs nous ont encore réservé quelques surprises, car nous sortons du sentier à partir du col de Chanrouge et nous escaladons hors pistes d'énormes caillasses et ce jusqu'au col du Râteau (2689m), magnifique point culminant du trail.
Pendant la délicate ascension, je rattrape un concurrent cuit, et je rejoint un italien affamé.
Je nourris mon italien d'une barre de céréales et nous tombons en quasi chute libre vers Petite Val (3è ravitaillement). L'année dernière, les coureurs n'avaient pas d'autres choix que de faire de la luge sur l'énorme névé (pente à 50% mini).
Pendant cette vertigineuse descente, je constate une nouvelle fois la différence entre un descendeur parisien et un acrobate transalpin. Je pense alors à la vitesse d'un Dawa Sherpa, véritable spécialiste, et je comprends pourquoi je ne gagnerai jamais de trail.
Au 3è ravitaillement, nous sommes finalement 3, car le traileur rouge nous a rattrapé pendant la descente. Nous sommes 5è,6è et 7è mais les premiers sont à plus de 30 minutes.
Je me sens encore étrangement bien et je décide de faire le trou dans toutes les futures montées.
L'ascension du col des Saulces se fait « dré dans l'pentu » au milieu des alpages. Les balises sont surtout des petits drapeaux jaunes pas évident à apercevoir dans l'herbe jaunie sous le soleil aveuglant.
Après une courte descente sur un chemin de randonnée, le tracé se perd dans les buissons et les rochers pour aboutir à l'avant dernière montée, ardue, vers le col de la Grande Pierre.
Les 5 km suivants sont époustouflants de beauté. Il s'agit d'un chemin de crêtes, version montagnes russes, qui domine plusieurs vallées et stations. Il n'y a pas de plats et mieux vaut regarder ses pieds que le paysage pendant que l'on court, ou alors il faut s'arrêter et prendre une photo:
La chaleur commence à se faire ressentir et j'éprouve mes premières lassitudes en montée. Heureusement, les cols de la Dent, de la Chal et du Villard sont les derniers sommets du chemin de crêtes. Mention difficile pour le dernier car il commence à faire soif.
Je sais maintenant que je ne serai pas rattrapé dans la dernière descente car j'ai vraiment mis tout mon coeur en montant les derniers cols. De plus, j'ai encore du jus pour courir les 1100m de D- à plus de 15 km/h. En revanche, j'ai abandonné la 4è place car un bénévole m'annonce encore 20 mn de retard sur les 3è et 4è..
Lors de la descente, je perds tout de même 3 mn à revenir sur mes pas pour constater finalement que c'était le bon chemin. Il faut dire que les balises étaient parfois très espacées.
Au lac de la Rosière ( 4è ravitaillement), nous rejoignons les coureurs du 30 km, partis à 8h du matin. La situation est cocasse, car les coureurs sont en concurrence pour une place d'honneur. Ainsi, j'ai eu toute les peines du monde à faire comprendre au traileur devant moi que nous ne participions pas à la même course, car il accélérait à chaque fois que je m'approchais.
Les 3 derniers km sont relativement plats, à part quelques casse-pattes.
L'arrivée franchie, je me sens étrangement bien. Je suis 5è à 50' de Dawa Sherpa!, à 20' des 3è,4è et plus de 10 mn devant le prochain. Je suis donc à ma place.
Mon seul regret est de n'être pas encore V1 (l'année prochaine), car j'aurai été 2è derrière Dawa Sherpa. Une photo souvenir qui m'aurait bien plu.
Les deux poursuivants (6è et 7è)
Merci au photographe de la course pour les 3 dernières photos (ces belles photos et bien d'autres sont visibles sur le site de la course)
Vive la course au naturel!
6 commentaires
Commentaire de Lucien posté le 12-09-2009 à 21:42:00
Trop belles tes photos, tu as du punch et du courage, un vrai montagnard. Récit intèressant qui donne une bonne description de ta course, bravo pour ta perf, futur hyper bon VH1. A + et bonne continuation.
Commentaire de filipe68 posté le 12-09-2009 à 23:05:00
Photos magnifiques, récit prenant, exploit à la hauteur...mes félicitations... tout simplement..
Commentaire de Davidou le minou posté le 13-09-2009 à 20:39:00
Super écit, super photos, et tu décris très bien cette course magnifique.
Ma course "coup de coeur" l'année dernière sur le 30 l'année dernière, j'espérai y être cette année sur le 50, mais mon manque d'entrainement m'a empêcher de prendre le départ.
Ton récit captivant me remotive donc pour l'année prochaine :-D !!!!
Commentaire de claude 34 posté le 14-09-2009 à 09:44:00
Beau récit et belle place.
Ca donne vraiment envie.
Commentaire de XBo posté le 14-09-2009 à 11:07:00
Bravo Fabien pour ta course rondement menée.
Tu as raison, quelle différence entre un traileur des alpages et un "parisien" dans les dénivelés !
J'en ai vraiment bavé sur le 30 (32.5) Kms.
Mais les paysages sont superbes, je reviendrai.
A+
Commentaire de gastéropode posté le 14-09-2009 à 23:27:00
Superbe perf! ça paraît facile à te lire, comment fais-tu? Bravo et à bientôt sur les podiums V1!
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