Récit de la course : Marathon du Mont-Blanc 2009, par Zorglub74

L'auteur : Zorglub74

La course : Marathon du Mont-Blanc

Date : 28/6/2009

Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)

Affichage : 3835 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Battre un record

3 commentaires

Partager :

Marathon du Mont-Blanc, édition 2009 : objectif atteint !

Voici ma quatrième édition de cette course et j'y reviens toujours avec autant de plaisir surtout maintenant qu'elle est franchement typée trail avec l'ascension de l'Aiguillette des Posettes.

Je ne partais donc pas dans l'inconnu et au contraire j'ai abordé cette course plutôt dans un esprit compète, (gagner du temps et des places par rapport à l'année dernière).

 J'avais donc construit une petite stratégie sur la base du logiciel de softrun et sur mes temps de passages de l'année dernière avec toujours la même angoisse, partir trop vite jusqu'à Argentière être en surrégime car manquant de vitesse à plat et coincer dès les premières difficultés...

Voici donc brut de décoffrage : les temps prévus entre parenthèse suivi du temps mis réellement :

Argentière (51 mn) 52 mn (généralement c'est à partir de là que je regarde la montre)

Col des Montets (1h17) 1h20 (j'y arrive déjà fatigué et décide de lever le pied dans la descente, avec début de crampes aux adducteurs)

Vallorcine (1h33) 1h36 (je n'ai pas les temps de passage en tête je sais juste que la mi-course c'est 2h30 aux Posettes cela me semble difficile à atteindre et je suis un peu pessimiste pour la suite)

Aiguillette des Posettes (2h33) 2h39 (tout dépendra du final)

Le Tour (3h03) 3h05 (n'ayant pas mémorisé ce point cela ne me fait ni chaud ni froid)

Tré le Champ (3h19) 3h21 (tout comme pour le Tour en fait je ne sais pas bien où j'en suis et me concentre sur l'instant présent)

Flégère (4h10) 4h17 (jusqu'au Bas de la Trappe cela allait mais j'ai pris un sérieux coup de chaud ensuite et ai ralenti)

Arrivée (5h00) 4h57 Tout ce joue sur le final où j'arrive à bien courir même dans les petits coups de culs.

 

Maintenant le récit un peu plus développé pour les amateurs et pour me relire plus tard.

Désolé cette fois pas de photo en course comme aux Allobroges, je pars léger : short débardeur casquette et porte bidon avec 4 pâtes de fruits Doucet quelques pastilles de sel de la sporténine un sachet de poudre en plus de la poudre déjà dans le bidon qui est vide au départ.

Après une nuit calme dans le camping-car garé à deux pas du centre sportif lever 4h30 pour un petit déjeuner thé-céréales je rejoins David mon beau-frère et Sylvere un copain dans l'autre camping-car où l'on fini de s'apprêter avant de récupérer les dossards. Ma femme, les filles et leur cousin monteront en benne après nous avoir vu passer au premier km.

mmb1.jpg

Après une petite demi-heure d'échauffement on rentre dans le rang pas loin des premières lignes via une ruelle. Après quelques hola le départ est donné, avec peut-être un peu moins d'émotion que les années précédentes, je ne pars pas dans l'inconnu et le fait de ne quasiment pas attendre en piétinant ne favorise pas l'introspection.

Et flûte je suis un peu loin de la tête de course et je trouve que devant cela piétine je fais un peu de slalom dans les rues de Chamonix c'est peut-être pas très efficace mais j'ai l'impression d'avancer. Au passage je fais un petit coucou à Michèle Leservoisier qui continue sa prépa pour l'UTMB accompagnée de son mari.

Au premier kilomètre c'est le maintenant traditionnel coucou aux enfants qui viennent de se lever et on entame le grand plat où il me manque quand même un peu d'aisance. Quelqu'un en profite déjà pour sprinter et gagner quelques précieuses places .

Les premières rampes arrivent sous le Lavancher, le début n'est pas jojo, je suis un peu en surrégime comme d'habitude et me fait dépasser mais contrairement aux autres années j'essaie de relativiser  et je me contente de relancer sur chaque plat où descente.

Le Lavancher est passé rapidement, quelques photographes à la sortie et les rampes qui suivent sont plutôt mieux négociées que les années précédentes, en plus les places se stabilisent. Dans les descentes avant le téléphérique des Montets je déroule à l'aise.

Enfin Argentière où il me semble être passablement en retard sur mon plan, mais je ne me formalise pas trop, je bois deux verres de maxim sachant que mon bidon restera vide jusqu'à Vallorcine, puis après encore 500 m de faux plat attaque enfin une petite côte digne de ce nom. La course alterne avec la marche rapide. Je revis enfin et double une féminine qui m'avait dépassé sur le premier plat en même temps que le sprinter et continue gentiment jusqu'au dessus de la passerelle de Montroc, tout va bien même si je sais déjà être trop court pour 1h17 au col des Montets.

Vers Tré le Champ de nouveau le joli champ de lupins puis c'est la route sur une centaine de mètres avec déjà des douleurs aux adducteurs. Aie aie aie c'est mal barré, un cachet de sporténine et je ralenti sur la fin du col. Je décide alors de faire cette descente en mode cool pour essayer de récupérer un peu avant la grosse bosse suivant.

 Vers la hameau du Buet la féminine dépassée précédemment me rattrape. En fait il s'agit de Maud Giraud et c'est la première femme. Je vous avoue que je suis plutôt ignorant de son palmarès et on discute jusqu'à Vallorcine de CCC, prépa, gestion vie de famille, boulot et entraînements. Un très agréable moment et où a posteriori je me rend compte que l'élite dans le trail c'est vous et moi avec peut-être un capital physique un peu plus grand au départ mais surtout plus de sérieux dans l'entraînement et peut-être aussi des priorités légèrement différentes.

A Vallorcine je rempli donc mon bidon de 0.5 l bois quelques gobelets de coca (il ne risque pas de mousser maintenant que ça grimpe).

Et c'est parti pour une bonne heure de montée en sachant que jusqu'à la piste 4x4 ce n'est quasiment que de la marche. Je rattrape petit à petit Maud mais maintenant on a le souffle un peu court et le bavardage c'est fini je me contente de l'accompagner simplement et c'est déjà bien agréable comme ça. Sur la piste on recommence à courir sauf dans les rampes les plus raides. Dans cette portion on rattrape pas mal monde le fait de ne pas trop piocher dans la première moitié est bénéfique.

Comme d'habitude le soleil fait son apparition et le col est vite atteint, petit moment de frayeur je ne vois pas le ravitaillement...

ouf! il est placé un peu après le col dans l'alpage. La vue est magnifique sur la chaîne du Mont-Blanc d'un côté et les aiguilles rouges de l'autre. Je rempli de nouveau le bidon prends une pâte de fruit et accélère dans la première partie de la montée. L'hélico fait du rase motte d'un côté et de l'autre de la crête, le caméraman doit s'éclater.

Tout d'un coup un appel, c'est  Sylvere qui est sur mes talons, je savais qu'il allait bien mais là l'orgueil en prend quand même un petit coup, je ne faiblis pas, on verra bien où il est après la descente...

Nous sommes bien étalés et mis à part un ou deux concurrents dépassés il n'y a pas de gêne dans cette portion pas très roulante.

Je lève un peu le pied sur la fin bois beaucoup, reprends de la sporténine et du sel en prévision de la descente. C'est l'heure de l'apéro, Maud est juste derrière.

La descente des Posettes enfin ! Même si j'ai pu constater sur les Allobroges que je n'étais pas un super descendeur, j'adore cette partie où il faut sans cesse anticiper sur la trajectoire changer constamment le rythme des appuis en fonction des obstacles. Bref je m'éclate sur la première moitié et double plus d'une dizaine de coureurs moins à l'aise en sachant que je pourrais récupérer sur la deuxième moitié toujours raide mais plus roulante. (sauf sous les sapins avec les racines).

Au fur et à mesure de la descente la chaleur se fait de plus en plus présente et je pense à bien boire. Enfin le Tour, 100m de faux-plats casse-pattes, un bassin où traditionnellement je plonge la casquette kikourou et j'enchaîne sur Montroc.

Dans cette dernière portion descendante je n'ai pas trop de douleurs aux cuisses et suis confiant pour la suite. De nouveau la passerelle sous Montroc et la petite rampe dans laquelle Maud me double   Je n'ai pas fait attention mais elle a dû être sur mes talons pendant toute la descente...

Et là l'orgueil joue encore peut-être un peu, j'arrive à m'accrocher au petit groupe dans la remontée vers Tré le Champ sans arrêter de courir alors que seul j'aurai sûrement marché un peu. Et je ne vous cache pas que les applaudissements destinés à la première font du bien même à ceux qui sont derrière.

Tré le Champ, le plus dur est à venir, je bois  beaucoup, de l'eau, du maxim, du coca et fait le plein du bidon. Je reparts rapidement une vingtaine de mètres derrière Maud et quelqu'autres coureurs. Je suis seul et n'arriverai pas vraiment à recoller jusqu'au bas de la Trappe. Je joue à l'élastique, et réussi finalement à les rejoindre peu avant le bas de la Trappe. Heureusement qu'il y avait cette motivation (ne pas complètement décrocher...) ainsi j'ai réussi à courir quasiment sur les 4 km et ne pas perdre trop de temps.

Dans cette portion la fatigue aidant les pieds accrochent parfois et je fais un vol plané rattrapé de justesse sous les yeux ébahis d'un couple d'anglais

Par contre qu'est-ce qu'il fait chaud , une cascade est la bienvenue pour tremper la casquette mais c'est tout de suite 10 m de perdu.

Au Bas de la Trappe je suis limite nauséeux à cause de la chaleur je lève le pied et passe un moment en mode rando, le petit groupe s'éloigne et je me fais doubler sans essayer de m'accrocher.

A la sortie des bois je me sens mieux, je peux accélerer et repasser un peu de monde mais Maud 30 m devant fait de même, je ne la reverrai qu'à l'arrivée, elle a ainsi courru le final en accélérant tout le long, hallucinant.

La rampe juste avant la Flégère est terrible, il fait chaud, c'est raide il y a de la poussière, mais heureusement elle n'est pas longue et surtout il y a les encouragements et le ravitos juste au-dessus avec petit concert face au Mont-Blanc.

Je rempli une dernière fois mon bidon en pensant aux enfants qui doivent attendre quelque part entre Planpraz et la combe de Charlanon.

 mmb2.jpg

Le final est idéalement négocié, je rattrape puis accroche un certain Christophe. Après les escaliers on entame la combe Lachenal, il court s'en arrêt je décide donc (lâchement) de me contenter de le suivre. Peut-être que de son côté, me sentant sur ses talons cela le motive ? Cette portion est très longue relativement roulante et je suis bien content de pouvoir courir sans trop d'efforts. Peut-être que j'aurai pu accélerer encore un peu dans cette portion mais je me méfie du final.

Enfin la combe de Charlanon, un coureur tombe et tape les genoux sur les rochers heureusement sans gravité, je pousse un cri mais personne ne répond, les enfants ne sont pas là.

Après la courte descente je regarde ma montre 11h37, je motive les gars qui sont avec moi, si on garde le rythme on peut passer sous les 5h00. La remontée sur la dernière combe fait mal mais on s'accroche, Christophe me laisse passer et enfin c'est la dernière descente avec en point de mire l'arrivée encore si loin si haut .

En tout cas les cuisses ne coincent pas, au fur et à mesure des éditions je suis de mieux en mieux sur ce final. Il reste 12 mn quand j'attaque la dernière montée, que je découpe en deux parties : 7 mn maxi pour atteindre le replat avant le dernier virage à gauche et 5 mn pour les rampes finales.

Je vois alors arriver Lucas et Audrey au devant de moi ils m'accompagnent quelques dizaines de mètres en marchant puis je recommence à courir et ne ralentis même pas devant Elisabeth.

 mmb7.jpg

 Enfin les derniers virages, en haut Maud est en train d'arriver sous les acclamations.

Un dernier petit bout en trottinant puis c'est la dernière rampe entrecoupée d'un léger mieux, je sais que je tiens mon chrono, je sais également depuis Charlonon que je suis dans les 50 premiers. Je passe enfin la ligne super content à la fois par ma place et surtout par mon temps. Peut-être la course la mieux gérée jusqu'à maintenant. Je suis encore relativement bien, pas complètement cuit.

Ma seule déception ? Ne pas avoir fini devant la première femme , non je rigole.

Je reçois la médaille du finisseur et surtout je vais directement chercher une bière bien méritée, j'en récupère une deuxième que je donne à Maud qui est toujours à l'arrivée avec les journalistes et ai même droit à la bise

Je redescends ensuite à la rencontre de Sylvere qui doit bientôt en terminer, tout en félicitant et encourageant les arrivants dont Christiane Lacombe deuxième femme. Enfin Sylvere arrive, son syndrôme de l'essuie glace s'est réveillé douloureusement dans la descente des Posettes et il n'a pu que gérer la fin sans pouvoir accélérer . Je l'accompagne jusqu'à l'arrivée, reprends une bière et assiste à l'arrivée de Michèle Leservoisier accompagnée de son mari (comme aux Allobroges) et entourée des deux premières femmes descendues à sa rencontre.

Il y a vraiment un super état d'esprit dans le monde du trail.

Ensuite laissant Sylvere en haut je descends à la rencontre des enfants qui sont en train de remonter. Au passage je discute un peu avec djadjej (mis à part lui je n'ai pas vu beaucoup de kikous .

On attend tous ensemble assis dans l'herbe sous l'arrrivée, le temps est vraiment idéal, le paysage magnifique ne semble pas déranger les gamins qui jouent à la DS à l'abris de la lumière sous leur polaire pendant que j'encourage ceux qui vont pouvoir passer sous les 6h (un autre monde)

 mmb3.jpg

 Finalement je pars au devant de David, un peu inquiet, j'espère qu'il ne s'est pas refait mal au genou comme l'année dernière...

Enfin il arrive, bien atteint, nauséeux avec une boule dans le ventre, les enfants l'accompagnent jusqu'au sommet

 mmb4.jpg

et c'est l'arrivée en trottinant.

mmb5.jpg

Allez encore une bière, la photo devant le Mont-Blanc

 mmb6.jpg

et nous redescendons tous en benne puis à pied jusqu'à la salle des sports où nous attend un splendide buffet.

Nous mangeons dehors dans la pelouse avant de redescendre dans la vallée.

Merci à l'organisation et surtout aux bénévoles et à l'année prochaine. !

 

 

3 commentaires

Commentaire de maï74 posté le 30-06-2009 à 10:51:00

Ben ça y va la binouse !!! Superbe récit, on s'y croirait, sauf que moi je cours pas avec Maud mais loin derrière ! Bravo à toi, au plaisir de te revoir (avec une bière !)...

Commentaire de Laurent1501 posté le 30-06-2009 à 21:48:00

Félicitation pour le Chrono, çà laisse rêveur !
Sympa ton CR, en tout cas récupère bien !
à+

Commentaire de eric74 posté le 01-07-2009 à 20:41:00

un chrono au top

super récit

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version grand écran - 0 sec