L'auteur : akunamatata
La course : Trail de la Sainte Victoire
Date : 5/4/2009
Lieu : Rousset (Bouches-du-Rhône)
Affichage : 2572 vues
Distance : 50km
Matos : le repas d'apres course sublime
Objectif : Faire un temps
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Hoi ami(e)s traileurs,
La Sainte Victoire ...est mon premier grand trail de ma carrière de traileur en 2005. Cette année, je ne veux pas rater cette édition version Pas du Clapier bis. Je suis un peu mieux préparé quantitativement car l'UT2M est en point de mire. Par contre en qualitatif, les séances un peu rapides se comptent sur les doigts d'une main. De plus ce début d'année est marqué sous le signe de la cheville, les foulures se ramassent à la pelle...
Bref, des petits ennuis mécaniques qui ne vont pas miner mon plaisir de refaire la sainte victoire encore une fois de plus.
J'ai même déterré sous 30 000 ans de couches archéologique les ustensiles de cuisine pour préparer le kokocake qui va bien. Je suis super confiant, je me la pète plus haut que mon cul...Pourtant, malgré ma non-souplesse légendaire, j'ai réussi a avoir la tête dans le cul ( d'où l'importance de péter plus haut que.... ). En effet, toute la semaine, j'ai eu beau compter les traileurs passant sous les rochers de Baudino, je n'ai pas trouvé le sommeil souvent.
Samedi, je fais l'expérience Asics avec le team du même nom (un billet devrait suivre). Super intéressant mais un repas de sauté et finalement pas rattrapé...l'esprit de bozo commence à prendre forme. Je me dis que ma boisson chargée à la maltodextrine ingurgite en mesure préventive la veille suffira !
Vous l'avez compris, j'ai le parcours dans la tête, les jambes chargée a bloc de glycogène, la banane sur la tronche, le poil ras, l'œil brillant et point de contemplation artistique. Un vrai de vrai, un qui va au charbon le mors au dent, à la mine, à la bagarre vicieuse et qui tel un sanglier va retourner la caillasse provençale sous ses puissants coups de semelle quechuesque, mais un qui a oublié le principal: l'humilité.
Bon que fait il ce bougre allégé de sa valeur d'humilité ? L'œil rivé sur le compteur de son cardio, je pars sur un rythme viril mais correct, ne pas dépasser les 160 pulsations (limite entrevue sur le trail de St Cyr) et rester un minimum de temps entre 155 et 160. Le but étant de coller sur les 150 pulsations sur la majorité du parcours, je devrais mettre aux alentours des 7h00 (enfin c'était le plan).
Je passe le bouchon du tunnel sans trop d'attente, et remonte doucement le flux des coureurs jusqu'à la première montée vers Baudino. Je constate que j'ai la frite, néanmoins en montée en marchant a grandes enjambées,je monte vite en pulsation. La zone 155-160 est plus que de raison atteinte, je n'y prends pas assez garde tellement je me sens facile. Le Pas du Clapier se fait vraiment super facile APN à la main, je fais le malin à coté de mes compagnons...Mais quel gros... bozo... doivent se dire les coureurs à mes coté. Je me sens comme ...voir ici..à dominer la sainte victoire et son fabuleux décor.
C'est à ce moment que je croise ma Némésis de la sainte victoire réincarnée en papatrail. Le cabri de la rocaille, l'esthète des lapiaz...superbe éclaireur dans cette portion incourable pour les néophytes (imaginez un géant jouant au mikado avec des dalles calcaires il y a quelques millions d'années.... il n'a pas fini sa partie et ses dalles sont restées toutes mélangées, affleurant la surface de façon anarchiques et surtout a 90 degré ne laissant qu'un appui de 5 cm de coté).
Papatrail n'en a cure et défie les lois de l'équilibre en empruntant une sente aussi improbable qu'invisible pour les non initiés. Je suis avec déférence celui que je prenais pour Hermès (dieu des voyageurs), j'aurai du me méfier car Hermès est aussi le passeur des âmes qui mène en enfer...
Or pour le moment, je me joue de la gravité et des pièges du mikado géant en suivant les pas de Papatrail. L'appréhension de la torsion de cheville se lit sur les visages des coureurs et nous les passons en souplesse en sautillant sur des appuis avant... jouissif. Nous doublons de nombreux coureurs, je prends un ou deux clichés mais je suis obligé de mettre la gomme pour revenir sur Antranik et ça ..pique les jambes. Un coup d'œil au cardio me ramène brutalement sur la terre des mortels ... 165 pulsation / minutes...oh le c....!
Ça fait bien 15 minutes que je le suis benoitement, on est déjà au prieuré, je la joue donc prudemment cette descente vers les Cabassols bien que dans un coin de mon intellect embrumé (qui était plutôt au niveau de mon postérieur si vous avez suivi le fil de l'histoire !) je sais que j'ai grillé des cartouches. Le tout est de savoir s'il m'en reste assez pour la suite.
De nombreux coureurs me rattrapent dans cette descente dont Clément qui m'a l'air très facile, j'arrive aux Cabassols et avec l'expérience, je fais un pit stop impeccable (remplissage des bidons et prise d'aliments dans mes poches, puis marche en mangeant tranquillement pour digérer). J'arrive à relancer sur ces pistes larges, à maintenir un 150 pulsation correct. La femme de Frank me dépose à ce moment.
Le sentiers de plaideurs se passe bien, les mains sur les cuisses, tel Cassius Clay dansant autour de Foreman, je décoche de grandes enjambées autour de mes victimes, je suis bien plus rapide que mes compagnons en montée , je rattrape même presque Papatrail et la femme de Frank vers le sommet. L'inconvénient c'est que je me sens trop bien et l'esprit de bozo m'habite, 155 157 mon cardio monte et je n'en ai cure car je vois devant moi ma Némésis.
A 50 m du Pic des Mouches, je ne sens plus mes jambes, je perds 20 pulsations d'un coup, la je mouline du ciboulot (ou postérieur..) à donf: boire, manger sucre, salé (noix de cajous), je n'ai négligé aucun de ces points, les mollets sont nickels mais les cuissots sont vides. Je marche le moral en berne car je ne suis qu'à la moitié du parcours, je croise Cyril et J-Pierre et leur fait part de ma "cuitattitude". Ils me confirment que devant il y a aussi des dégâts.
Mais pour le moment, je sais que la course se joue dans les prochaines dizaines de minutes, soit cela revient, soit cela ne revient plus. La descente vers Puyloubier se fait en trottinant, je croise Julia, Alexandra me double à vive allure, L'Dingo et le Troll s'arrêtent un moment pour me demander si cela va. Ben non ça va pas, la sainte victoire me botte le cul et ça fait mal au crane (bien sur ) . Car depuis un certain temps je sais quel mal étrange me guette, un marionnettiste s'amuse à prendre le contrôle de mes cuisses, il tire sur un fil et hop la jambe droite tétanise, le coup d'après c'est la gauche. Je me demande si il n'y avait pas un message en morse caché: crampe courte crampe longue une longue etc....... tittititiititititiiiiiiiiiiiiiiittiititititiiiii (H-U-M-I-L-I-T-E-------B-O-Z-O). Et ce n'était pas un tube de sporténine qui y changera grand chose, un magnum peut être et encore..
Je sors l'arme secrète: le Kokocake,
et ça a marché pour le reste de la descente, j'arrive à Puyloubier dépité, les jambes lactiques, scotché à 115 pulsations / minutes. Je n'ai pas mal au ventre, j'ai la tête sur les épaules enfin c'est ce que tout le monde croit, je n'ai mal nulle part quand le marionnettiste me laisse tranquille...C'est la que je fais connaissance avec le dernier mode dégradé de la gestion de course:
1- mode course
2- mode rando - course
3- mode survie ou UPDA (un pied devant l'autre)
4- a découvrir
alors c'est simple, il faut mettre un pied devant l'autre sans penser à rien et si on y arrive plus ben on s'arrête. Étrangement malgré les contractions involontaires de ma cuisse droite, j'arrive à marcher et même à trottiner. Montée vers Baudino se passe plutôt bien d'un point de vue pulsation, mais je suis toujours au bord des crampes. Je discute brièvement avec Sophie qui s'envole facilement. Je m'arrête souvent, je mouille régulièrement ma casquette, mais des que je repars les crampes sont encore présentes, cela me donne une allure de lapin mécanique ttititittiiiiiiiiitiitititittititiiii (O-N F-A-I-T M-O-I-N-S L-E M-A-L-I-N M-A-I-N-T-E-N-A-N-T ). J'ai mis depuis longtemps mon Ipod, hélas une musique du Boss me rappelle des mauvais souvenirs, et je suis là affalé sur un roc, tête ballante, un traileur voyant ma détresse me demande poliment (c'est ton 1er trail ?) Aaaaargh, là je vais devoir laver mon amour propre programme 90 degré cycle long !
Enfin Baudino est passé, j'avais un peu peur de tomber dans les rochers si le marionnettiste tirait un des fils au moment opportun. Il n'y a plus que de la descente et je suis en mode UPDA. Je rêve d'un endroit ombragé à l'ombre, les dieux m'ont exaucé et je peux m'allonger au pied d'un arbre accueillant près des vignes. Même à l'arrêt je vois mes muscles gigoter comme doués d'une vie propre. Je sais qu'il y a une part de la commande moteur qui déconne, alors je me concentre pour faire cesser le tremblement. Bah, autant essayer de léviter ça serait plus facile j'ai l'impression. Je vois passer une Nadège accompagnée d'une nuée de traileurs à ses basques...Bon il va falloir y aller, je repars plus titubant que jamais, c'est encore pire qu'avant l'arrêt. Par conséquent, c'est plus vite arrivée mieux cela sera. Et tout à une fin, j'arrive sous les 9 heures, encore bien lucide (enfin la tête sur les épaules ?), pas trop fatigué, mais avec des cannes en bois et la queue basse...Jacqueline arrive juste 2 minutes après moi et me demande mais Kesketafoutu ?
Alors, tu vois Tibichique, c'est l'histoire d'un gars pas très souple, super confiant...mais qui quand même....marionnettiste et Némésis...1er trail...blablablah....alors maintenant qui a une gueule de postérieur, urk ?
Voila, vous savez comment gérer les crampes
PS: le repas d'après course fut toujours un régal (le meilleur repas d'après course depuis oooooooh je vous dis pas) , j'avoue que ce moment de convivialité avec les MTC, Ufo et Kikoureurs m'a fait un bien fou. L'interview du volatile de Savoie fut un moment d'une simplicité confondante et porteuse d'une amitié future j'espere. Je repars aussi avec les cadeaux de Lucien et Frank, qui j'espere aussi feront un petit bout de chemin supplémentaire du cote du berceau de l'humanité. Que ce soit sur un terrain de jeu, ou dans les champs de maniocs, Mr Asics et Salomon traineront leur guêtres dans des endroits inhabituels pour eux.
Akuna
6 commentaires
Commentaire de JLW posté le 12-04-2009 à 18:37:00
Apres l'UTMB voici l'UPDA !
Le trail est une discipline difficile et l'expérience aide certes mais n'est pas toujours suffisant. Tu as cependant su gérer tes coups de "moins bien" et surtout garder ton humour et ton récit n'en est que plus vivant et interessant. Merci de nous le faire partager et tes photos sont toujours aussi superbes.
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 12-04-2009 à 18:50:00
Un jour, je viendrai courir dans ce coin, ça vaut le coup ! Merci pour la méthode UPDA, ça va me servir un jour...
Commentaire de agnès78 posté le 14-04-2009 à 00:31:00
bon, je sais c'est pas gentil mais j'ai bien rigolé à la lecture de ton récit... merci pour ton humour... bon si j'ai bien compris, tu as maintenant une excuse pour remplir le camel de champ! ... tssss tsss tsss akuna, voyons, c'est pas sérieux!... ceci dit, les crampes c'est vraiment une s... perie... J'espère que tu as bien récup! bises
agnès
Commentaire de DJ Gombert posté le 14-04-2009 à 01:36:00
Comment dire j'ai comme une faiblesse pour les bozo, plutot de la tendresse, alors si tu veux faire des stages intensifs d'humilité, n'hésites pas à solliciter le CRAC Team, tu as toute les qualités pour en faire partie (Ok, il faut que tu travailles un peu plus la photographie arf ! arf !).
A samedi ?
Commentaire de Lucien posté le 14-04-2009 à 23:31:00
T' as du en chier énorme, j' ai eu le toupet de rigoler assez fort ( excusez-moi les voisins !!!). Ton récit m'a fait rêver, 50 bornes de bonheur et de douleur, t' as eu la totale et tout ça plein d' humour même si tu rigolait moins assis sur ton caillou. Bravo akuna, tu t' es bien défoncé et tu as réussi un coup de maître de toute façon.
Commentaire de joy posté le 17-04-2009 à 21:18:00
B R A V O !!!
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