L'auteur : vial
La course : La Foulée du Festayre
Date : 31/7/2008
Lieu : Montaut (Pyrénées-Atlantiques)
Affichage : 1869 vues
Distance : 13km
Objectif : Pas d'objectif
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Rouge et blanc
Retour au pays Basque pour cet été. La saison de course se terminait en juillet avec la course des 2 forts à Irigny. Mais le démon de la course à pied me voyait traîner sur le calendrier kikourou du 64. Ki :moi un peu en courroux car peu de courses disponibles dans ma période sur ce secteur. Mais il faut bien que les organisateurs prennent aussi un peu de vacances.
Hors période pour la course des pêcheurs qui se déroule début juillet entre St Jean de Luz et Guéthary, un bon petit 10 km sur un splendide circuit en bordure du littoral, circuit que je connais bien car me servant d’entrainement sur mes précédents séjours dans la zone des campings quartier Acotz. Reste du gros calibre : le marathon du pays basques, avec 3000 de dénivelé dans le secteur de Bidaray. Je suis en fin de saison et un peu sec pour un si gros morceau. Je ne vais pas faire chou blanc et soudain je vois rouge . Le blanc et le rouge, bien sûr des Fetes de Bayonne. Cette course je l’ai déjà faite il y a deux ans. C’est elle qui lance les festivités avant l’ouverture officielle de 5 jours de liesse dans un centre ville fermé aux véhicules, espace libéré pour les Festayres. Confirmation auprès d’un ami bayonnais de souche, me voilà passant brillament l’épreuve de l’inscription.
Veille de course et petite balade dans St Jean de Luz. Depuis la veille je ballade mon tee- shirt de contestataire. : les cinq anneaux olympiques « menottés » ne passent pas inaperçus et interpellent les vacanciers : les JO vont bientôt débutés, mais si le sport est souvent symbole de liberté, j’ai un goût amer dans la poitrine,…… De retour au camping des jeunes ados me confient « bien aimé mon tee-shirt », ce qui me met un peu de baume au cœur, car la jeunesse n’est pas aussi détachée que l’on voudrait nous le faire croire.
Mercredi matin, très tôt, le petit déj des départs de courses, j’ai placé mon véhicule au parking du camping pour ne pas déranger les dormeurs sous tentes. J’ai déjà mon dossard avec un numéro fétiche 2442 : le numéro de mon département de naissance (le 42) et son inverse.
J’arrive tôt sur Bayonne vers 7h00 dans une ville en état de siège : tout espace vert est protégé par les barrières métalliques, et l’enceinte est déjà définie : celle dédiée aux festayres. Pour l’instant je n’ai que l’embarras du choix côté stationnement, mais bientôt ma place vaudra de l’or (olympique ?). Par contre je suis un peu paumé et relativement éloigné du départ. Une concurrente toute de blanche et rouge vêtue me propose aimablement de m’accompagner au départ avec le véhicule de son ami qui la rejoint. Je m’équipe un peu précipitemment, oublie le GPS et l’eau, et grimpe à bord de la camionnette, pour me rendre compte alors que la concurrente se retrouve sans siège à l’arrière du véhicule.. Un manque total de galanterie !.Nous parlons bien sûr course à pied, pour les abandonner ensuite sur le parking d’arrivée. Direction les navettes qui nous embarquent sur la côte des Basques à Biarritz. Je fais un peu tâche avec ma tenue aux couleurs de l’ATSCAF Rhône même si mes couleurs à dominante rouge se rapprochent d’une marée humaine blanche et rouge. Certains semblent avoir oublié la puce magique sur les chaussures. Mais malgré un record de participation (proches de 3000 coureurs) il est encore possible de s’inscrire sur place, au départ.
Spectacle hallucinant d’une vague rouge et blanche qui déferle en limite de la grande bleue. Les immenses escaliers de la côte des Basques rejettent cette marée humaine noyant les parkings du bord de mer…..
Je fuis le long du littoral pour m’échauffer, pour retrouver, une vingtaine de minutes plus tard, une foule joyeuse et festive : le mot d’ordre est simple : être présent en rouge et blanc, mais sans se prendre la tête, ni les pieds d’ailleurs dans un départ qui s’annonce bousculé. J’espère deux choses : retrouvé mon copain dans cette foule, et assister à un départ chantant , mon foulard rouge au poignet, pour respecter la tradition des Fêtes de Bayonne : celle de ne nouer au cou le fameux foulard rouge à l’heure des jets des clefs de la ville dans la foule…
Un visage connu : Cécile POUGNAND, rencontrée il y a deux ans grâce à mon pote Didier. Cécile est une sacrée pointure, mais aujourd’hui elle limitera les dégâts car elle a couru dimanche le marathon du pays basque, tout comme Didier introuvable sur la ligne de départ. Elle enchaînera ensuite sur le Canigou.
Ma récompense arrive : celle d’un chant basque et les foulards tournoient au dessus des têtes. 3000 foulards portent haut la fierté d’un peuple ayant su sauvegarder son identité, la foule reprenant en chœur ce qui semble être un hymne basque. Les handisports filent déjà devant lorsque le départ est donné : et cela ressemble furieusement aux futures nuits bayonnaises. Je reste quelques instants avec Cécile pour la protéger de cette bousculade, et me retrouve vite à perdre le bénéfice d’une troisième ligne chèrement acquise. Les cadors filent déjà devant et me voilà à slalomer, à sautiller dans les passages étroits existant. Certains, déjà euphoriques sont partis comme des balles et créent le bouchon. Une belle demeure sur la gauche, la remontée vers la plage, passage sous le tunnel où fusent les cris basques, la course est lancée, encouragée par de nombreux spectateurs le long du circuit. Je me suis fait ma place et file maintenant vers le vieux port. Puis une série d’escaliers pour se dégager du bas de la ville. Nous filons vers Anglet, de sinistre réputation : une belle côte nous attend, après plusieurs kilomètres de course. Les quelques sorties en préparation de la semaine précédente m’aident et je me sens plutôt bien, mais complètement paumé dans le kilométrage, malgré une présence (discrète ? ) des km inscrits au sol. Nous dépassons les handisports ainsi que les bénévoles « orange » permettant à plusieurs handicapés mentaux de vivre aussi leur course. Une course n’est rien si elle n’apporte pas beaucoup. Et c’est vraiment le bonheur qui se lit sur les visages. La côte passe et je ne trépasse pas. Mais la chaleur est là et la course se durcit : certains décrochent, alors que nous sommes un petit groupe sympa à nous accrocher. Nous attaquons une piste cyclable sus le bord de l’Adour ?. Je me souviens de l’endroit lors d’une édition 2006. Devant moi court un basque, la cheville marquée de la célèbre croix basque :
Je mène le relais puis le laisse me dépasser, lui laissant l’honneur de mener sur ces terres. Le pont rouge métallique et un bolide me déborde coupant court par les escaliers, délaissant la boucle de la piste cyclable. Je crains que ce ne soit un V2, crainte confirmée lors de notre échange après l’arrivée. L’arrivée est proche, à 1,5 km me confirme le basque, tandis que le V2 , bien en forme file devant. Je propose à mon sympathique voisin de finir ensemble, ce que je respecte jusqu’au pont St Esprit. Mais c’est sans compter sur une autre forte identité : celle d’un breton qui tente de revenir sur le pont. Une petite mine, une deuxième pour confirmer mon message et je franchis l’arche rouge….. Relancé par le basque me poussant jusqu’à l’arche suivante distante de 20 mètres marquée ARRIVEE. Ma puce bippe et je remercie le basque pour son geste sportif. Un peu plus de 51 mn pour 13 bornes, 95ième et 7ième V2. Sans regret, car le « V2 bolide » termine quelques places plus avant 5ième V2. Le niveau est relevé, et mon manque de préparation se paie cash. Mais je suis heureux pour l’ambiance de cette course. Quelques minutes plus tard je me retrouve en terrain familier , avec l’arrivée de mon copain Didier. Histoire de constater que les bayonnais ne sont pas aussi baillonnés que cela : tout autour chacun commente sa course et sa passion. .Maintenant la masse des coureurs arrivent, et la ligne émet un sifflement continu au passage des puces. La moitié des concurrents sont arrivées et toujours la déferlante rouge et blanche, bon enfant. Les fêtes de Bayonne peuvent commencer dans la chaleur et la bonne humeur.
Douche, repas après avoir quelque peu chercher mon ami Didier, saluer Cécile qui doit aller bosser. L’après-midi à déambuler dans la ville, au gré des rencontres, un verre de Jurançon à la main. A 17 heures j’abandonne tout ce beau monde pour récupérer ma petite famille à la gare de Bayonne (pas de problème de stationnement). Ballade dans la ville, déjà en ébullition, à goûter le cidre dans les penas (Fêtes de Bayonne: Les peñas). Longue attente avant de rejoindre la place de l’hôtel de ville, où nous patienterons une grosse heure, assis sur le trottoir à attendre l’ouverture officielle des Fêtes de Bayonne: Le roi Léon apparaît sur le balcon de l’hôtel de ville. 22 heures sous les applaudissements, depuis le balcon où trône le roi Léon, « roi de Bayonne et roi des couillons »les clefs de la ville sont jetées à la foule, livrant Bayonne pour plusieurs jours aux festayres. La mascletta éclate, envahissant le ciel bayonnais de décibels et de lumière. « Allez y poussez poussez les avants de Bayonne ». S’ensuit une immense bousculade, sur la sortie de la place, chacun renonçant à sa direction initiale, porté par la liesse qui s’empare de la ville. Je regagne sagement avec ma petite famille la voiture pour profiter du calme de mon camping. Non sans croiser sur la route des dizaines de bus remplis de festayres chantant, dans leur costumes rouges et blancs. Je reviendrais à Bayonne, tout comme vous le ferez un jour j’espère. Ou plutôt une nuit …..
2 commentaires
Commentaire de Jerome_I posté le 12-08-2008 à 18:50:00
Ah les fètes de Bayonne, c'était le bon temps j'étais étudiant c'était il y a plus de 10 ans... ;-)
A bientot Michel, merci pour ton Récit original.
Jérome
Commentaire de Gibus posté le 13-08-2008 à 23:55:00
Salut Michel
Super ton récit
Cette course a l'air d'être une sacrée fiesta et tu y as bien figuré.
En plus t'avais un super numéro de dossard :-)
C'est super ces férias.
Bayonne, Bayonne, Bayonne de mes amours.
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