L'auteur : claude41
La course : L'Ardéchois - 57 km
Date : 3/5/2008
Lieu : Desaignes (Ardèche)
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Distance : 57km
Objectif : Pas d'objectif
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Après 3 participations (2 fois les 34km et 1fois les 57km), j'avais fait de ce trail de l'Ardéchois un de mes objectifs de l'année 2008. Après le trail Blanch de Font Romeu, le trail du Mont Ventoux et le trail des Croque Chemins courus tranquillement, juste pour faire des kilomètres et du dénivelé, je m'étais pris à penser que je pourrais peut-être frapper un grand coup, ici, à Désaignes. Le grand coup, je l'ai pris sur la tête! Surtout un grand coup de soleil.
En ce samedi 3 mai, il fait un peu frisquet sur la ligne de départ, j'opte quand même pour le short, le maillot léger manches courtes du club, les Asics Gel Trabucco passablement usées mais dans lesquelles je suis tellement bien, le camel bak avec le plein d'eau (1,5l). Enfin, le matériel parfait pour le coup de l'année.
Nous sommes 3 de l'ASPTT Blois, mon fidèle compagnon de misères Célo, ma fidèle petite femme Régine (enfin ... j'ai la faiblesse de le croire) et moi, à attaquer la montée vers Sautereau. Tiens, l'édition 2008 monte directement par le sentier de randonnée, ça change. Ce qui ne change pas, c'est la vitesse de montée de ma fidèle etc..., mètre après mètre, on la voit s'éloigner inexorablement devant, très rapidement elle disparaît loin là haut. Encore une journée que je vais passer loin d'elle ... Heureusement mon Célo reste à mes côtés, il est un peu inquiet à l'idée de faire le grand parcours, ça le calme, parce que d'habitude, il part comme un félé et des fois, on le revoit rapidement. On essaie de courir un maximum, de temps en temps je repère une casquette Kikourou ou le magnifique maillot Kikourou (va falloir que je songe à le commander!). Après la montée sur Jouangrand descente rafraîchissante sur Sialle, 8ème Kilo, tout va bien. On attaque la première grosse montée sur la Citadelle et ses éoliennes (toutes nouvelles, elles n'étaient pas là en 2007, comme quoi ça pousse vite). C'est pas du meilleur effet sur le paysage, mais bon, faut bien faire quelque chose pour contribuer au sauvetage de notre pauvre planète.
Cheminant, devisant, chemin faisant on arrive en haut, y a encore beaucoup de monde avec nous. On passe derrière une maison, loin de l'étang que l'on cotoyait avant, encore des propriétaires susceptibles! On amorce la descente vers Darne Bessac (enfin sur le profil parce qu'en réalité...). Le passage dans les ruines du château de Rochebonne reste toujours un instant magique. Le passage de la cascade est bien sécurisé, et il y a de l'eau, gare au bain de pieds. Le sentier qui suit n'est pas facile à négocier, devant nous, une dame tombe et se relève en se tenant le poignet, mauvais signe! Derrière nous des coureurs secouristes se proposent de faire un premier diagnostic, j'aime cette entraide qui est propre à ce genre de course. A Darne Bessac, ça remonte sévère, tiens, je n'arrive plus à suivre Célo mais que se passe-t-il? Un petit coup de mou, rien de grave, dès que ça redescend un peu, je le rattrape petites foulées légères et aériennes (j'éxagère un peu non!).
Ravito de St Jean de Roure, 22éme kilomètre, je regarde ma montre : 11h30! Oh! va falloir se secouer un peu pour passer dans les temps à la bifurcation. Célo repart fort, je peine un peu à le suivre, mais dès que je cours un peu, je reviens sur lui. Il s'inquiète pour la barrière horaire au 29ème km. T'affole pas mon gars, on sera à l'heure! J'ai tout programmé. J'étais censé lui montrer le chemin, mais, c'est lui qui fait la trace!
Bifurcation : 12h35. Tu vois, on y est. Je regarde par dessus l'épaule du pompier de service qui coche les numéros de dossard des coureurs du 57km. Oh là là! Y a bien 1/2 heure que mon épouse (ça fait bien, dit comme ça!) est passée. Grosse descente sur Le Mas, je vois Sautereau en face.
Au moment ou j'attaque la petite montée qui y mène, d'un seul coup, d'un seul, je prends un phénoménal coup de barre : aucune énergie, je n'ai plus de forces. Les premiers mètres de la montée sont sévères, je suis bloqué sur place! Je ralentis un maximum, mais si je ralentis plus, je recule! Je n'ai mal nulle part, mon rythme cardiaque est normal, pas d'essoufflement. Une impression bizarre de détresse complète, pourtant j'ai bu, je me suis alimenté correctement (gel - barres énergétiques). Pendant quelques instants, j'envisage l'abandon, je me demande comment je vais pouvoir monter jusqu'en haut. Je réussis quand même à avancer, pas vite, mais j'y arrive. Une évidence s'impose à moi, il va falloir choisir : la course à pied ou la bière, cruel dilemme! Je repousse la réponse à demain!
Ravito de Sautereau : 33ème km. Je demande à Célo de continuer seul, je lui promets de ne pas abandonner, ça le rassure! Je mange, je bois du coca. Je repars un peu mieux, mais toujours cette facheuse impression d'incapacité à accomplir des efforts même mimimes. Je fais la descente en trottinant, tranquillement. La montée qui suit, vers Les Guilhands, se fait à 1km à l'heure, comme au ralenti. Eh bien! je ne suis pas arrivé au bout! Je peux encore courir quand ça descend, c'est déjà ça. Enfin, je ne souffre pas, Je ne ressens aucune douleur. Après la traversée du Doux, je comprends que la montée vers Rochebloine sera longue et terrible.
Le passage à Bel Air (résidence secondaire de notre ex premier ministre De Villepin) m'en donne un peu de l'air! Je marche un peu plus vite, à l'ombre rafraîchissante, des chemins creux ardéchois. Je suis rattrapé par Michel TROSSAT l'organisateur du superbe trail de la vallée des lacs à Gerardmer. Sa compagnie me fait du bien, le temps passe plus vite. A chaque occasion, je trempe la casquette Kikourou dans l'eau fraîche d'une fontaine. Nouvelle montée avant le dernier ravito, je traîne à nouveau et me retrouve seul. Au ravito du petit Chomel, je constate qu'un certain nombre de coureurs sont encore plus mal que moi! Est-ce que cela me rassure ou me redonne un peu de moral, en tout cas, je quitte le ravito avec un peu plus de hargne. Pourtant, quand je lève les yeux, la montée de Rochebloine pourrait m'anéantir, mais non, je n'ai plus la force de réagir. Dans la montée, les pompiers s'affairent autour d'un coureur vraiment très mal. Des courageux donnent un coup de main pour aider à remonter le matériel. Chapeau à celui qui remonte la bouteille d'oxygène à bout de bras alors qu'il est comme moi à bout de forces.
Je rejoins Michel, il n'est pas au mieux. Au pied de Rochebloine, des gars à la recherche d'oxygène (pourtant la bouteille n'est pas loin) sont assis à l'ombre au pied d'un arbre. J'attaque la montée, sans réfléchir, je monte, pas vite mais je monte, sans jamais m'arrêter. Quand je pense qu'en bas au même moment, Régine franchit la ligne d'arrivée. Allez, encore 3 semaines de vaisselle! Je bascule de l'autre côté, je me surprends à courir, incroyable, je ne pensais pas en avoir encore la force. C'est comme si j'avais retrouvé toutes mes sensations, enfin une grande partie. Je fais une belle descente, je cours un maximum, avec un peu de marche pour récupérer. Je suis content de voir Désaignes à mes pieds, Célo vient à ma rencontre, il est arrivé depuis 20mn, je termine dans les temps: 9h14. 3/4 d'heure de plus qu'en 2006. Bon, faut se faire une raison, je vieillis et ... faut que j'arrête quelque chose.
4 commentaires
Commentaire de philkikou posté le 12-05-2008 à 06:21:00
Bravo pour ton compte rendu. Bien aimé les petites pointes d'humour malgré la galère du jour (police un peu plus grosse la prochaine fois...)
et Bravo aussi pour l'Ardéchois 2009 bouclé, géré avec les forces du jour...pas évident à faire..une victoire !!!
Commentaire de phildeval posté le 12-05-2008 à 10:43:00
Un beau récit comme on aime les lire
Commentaire de lulu posté le 12-05-2008 à 22:48:00
Sympa ton récit........et on voit qui est le patron à la maison !!
Commentaire de Startijenn posté le 13-05-2008 à 14:09:00
Pas mal le récit de ta course ; j'ai un peu retrouvé de mon hypo à moi entre les deux ravitos de 33 et 46 km. Et bravo pour la fin, avec l'énergie retrouvée.
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