L'auteur : tatamix1972
La course : Trail Nivolet-Revard - 49 km
Date : 4/5/2008
Lieu : Voglans (Savoie)
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Distance : 49km
Objectif : Pas d'objectif
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Au départ, l'ordre des choses était respecté, à savoir que je faisais le Nivolet-Revard (49 km) et Catherine, pour un premier trail, le Malpassant (23 km) en le proposant à sa copine, Hélèna. Ou, pour être plus explicite, l'homme s'explose sur sa longue distance et sa femme l'accompagne, fait la petite distance (elle pouvait aussi m'attendre juste à deux-trois endroits de la course pour m'encourager... non, pas taper) et peut conduire pour le retour puisque Monsieur est fatigué.
Tout était parfait dans le meilleur des mondes... mais, allez savoir pourquoi, une idée (saugrenue ?!) m'a traversé l'esprit (de ces idées dont on ne comprend toutes les conséquences que trop tard) : "Catherine, tu ne veux pas tenter le parcours long avec moi" en rajoutant quelques arguments chocs (et un peu démagogues pour certains... non ! tu crois ?) du genre : "Tu peux être sans problème sur le podium dans ta catégorie, regarde les résultats des années précédentes", "Tu verras, en partant doucement, ça va faire finger in the nose en moins de 7 heures..." ou encore "Il y a un voyage en Martinique pour la première (toutes catégories), t'as pas envie d'aller en Martinique ? ". Et d'autres aussi plus intimes...
Allez savoir lesquels ont eu le plus de poids ou si ce n'est pas tout simplement la magie du sport et du défi pour soi-même qui ont fait pencher la balance... mais, voilà... nous sommes inscrits les deux pour le Nivolet-Revard.
La plupart des personnes à qui Catherine en parle lui disent qu'elle est folle, qu'elle va se casser complètement, que c'est beaucoup trop long comme distance... enfin, tout pour mettre le doute à l'esprit et faire qu'elle n'ose même pas en parler à Hélèna avec qui elle est déjà inscrite sur le Petit Savoyard le 24 mai.
Un semi-marathon d'Annecy en à peine plus de 2 heures (mais elle voulait être en dessous des 2 heures... en 1 heure 45 comme 15 ans auparavant) et quelques sorties d'entraînement difficiles, le tout cumulé à la fatigue du boulot, finissent le travail de sape du moral.
Pour agrémenter la sauce, une petite ampoule bien placée sur le talon parce qu'elle avait mis des chaussettes un peu trop fine, ce une semaine avant la course.
La pression monte pour moi, obligé d'user de tous les artifices pour remotiver les troupes mais surtout avec comme épée de Damoclès le risque qu'elle n'y arrive effectivement pas et que je soit irrémédiablement catalogué comme mari indigne et tortionnaire.
Mais même pour les athés comme moi, des miracles se produisent... Le 30 avril au soir, Catherine annonce à Hélèna sa "petite" folie (expliquée comme si c'était moi qui l'avait inscrit à son insu, bien sûr, comme ça on ne prend pas trop de risques !) et, au lieu des réprimandes attendues... "Tu crois que je peux encore m'inscrire ?"
Le site Internet de la course venait d'annoncer la limite des 800 inscrits atteinte... C'est foutu... Allez, encore une petite chance, le numéro de téléphone de l'organisateur, sorte de bouteille à mer du naufragé... Un grand merci à l'organisateur pour avoir accepté l'inscription de dernière minute (et pour tout le reste mais j'y reviendrai plus tard) qui relance la motivation, mais aussi l'esprit compétitif de Catherine ("Mais non ! Je n'ai pas l'esprit de compétition ! Tu m'étonnes... Mais, quand même, il faut que je finisse en même temps qu'elle, sinon, c'est que je suis foutue... Bah, bien sûr, les 15 ans de différence n'y sont absoluent pour rien, d'ailleurs c'est pour ça que des catégories ont été crées et que vous en avez deux de différence...).
Enfin, l'important était que nous allions les d... trois sur le Nivolet-Revard. Oufff ! Plus la moindre pression, plus le moindre doute quant à notre participation à l'entâme de ce week-end prolongé du 1er mai. Juste la préparation du matériel : quels bâtons, quel sac, quelles chaussettes, quelles barres énergétiques, quel repas pour la veille au soir ?...
Et puis, comme si cela était trop beau, trop facile, les "copines du mois" de madame s'invitent à la fête deux jours avant. Mais, bon, même ça n'arrêtera pas Catherine... ce n'est que 49 km après tout !
Donc nous arrivons tout doucement à la course : trajet jusqu'à notre lieu de couchage, vers Rumilly, plat de pâtes la veille au soir, couché relativement tôt pour moi, un peu plus tard pour ces dames (Non ! Pas stressées du tout mais il y a des choses à préparer = 23 heures 30 !). Enfin, si, un peu anxieuse tout de même avouera Hélèna le lendemain...
Levé 5h20 ! Et là, Catherine a des vertiges, n'arrive pas à se tenir debout... Elle a mal dormi cette nuit et a la tête des mauvais jours... Que faire ? Y aller seulement les deux avec Hélèna, comme nous le suggère Catherine. Non !!!
Alors je brusque un peu les choses et nous arrivons à Voglans vers 7h10 pour récupérer les dossards et se préparer ; Catherine va un peu mieux mais ce n'est toujours pas la grande forme. Et puis besoin pour ces dames d'aller aux toilettes avant le départ : 7h40, il y a la queue devant les WC... 7h45, aucune concurrente du 23 km (départ à 8h30) ne leur laisse sa place... 7h50, toujours pas passées... 7h55... 7h56... enfin !!! Nous courrons jusqu'à la voiture récupérer les sacs et les bâtons, puis dans l'autre sens jusqu'à la ligne de départ... nous sommes les derniers à être pointés. 3... 2... 1... Partis !!! Je n'avais pas vu l'échauffement de la sorte mais, au moins, c'est efficace !
Nous prenons un rythme très lent parce que je sais que les premiers kilomètres seront primordiaux pour la suite, notamment pour Catherine. Nous courrons même la première montée en compagnie du courreur-balai. Mais je m'inquiète, je m'inquiète... Catherine, c'est parti... il y a des coureurs à doubler devant alors elle double, toujours sur un rythme lent et régulier... et puis il y a Hélèna alors elles parlent boulot, taillent des costumes à certaines collègues de travail, à certains parents d'élèves... Et comme ça, les kilomètres défilent... la montée du Revard est avalée même si les dernières pentes commencent à tirer sur les jambes. De toute façon, la beauté des chemins parcourus, des panoramas offerts... mais surtout la gentillesse et les encouragements des bénévoles font tout oublier.
Même si nous n'arrivons qu'une grosse vingtaine de minutes avant le temps limite à la Féclaz, je suis rassuré et sais maintenant qu'elles arriverons les deux au bout dans les délais. Catherine va bien, courre dès que ça ne monte pas trop même si la neige rend le parcours encore plus difficile, Hélèna, après un début d'hypoglycémie dans la grande montée, caracole de nouveau devant nous (dopée par les encouragement de Dominique, son mari). Nous atteignons la Croix du Nivolet après que Catherine se soit brassée avec un gros porc de touriste qui bousculait sciemment les coureuses (et qui n'a pas bronché avec moi quand nous l'avons de nouveau croisé au retour, allez savoir pourquoi).
La descente commence et ça va toujours bien ; je suis admiratif de ce qu'est en train de réaliser ma petite femme, surtout au regard de l'état de fatigue dans lequel elle se trouvait ces derniers jours.
Nous passons le dernier ravitaillement solide où Hélèna nous a attendu, il reste 11 kilomètres... ça descend toujours mais les jambes commencent à être lourdes pour Catherine. Pour autant, elle continue à courrir... Dernier point d'eau à 5 kilomètres... et puis toute une partie plate sous un soleil de plomb... ça devient dur...
La dernière montée se profile et, là, une concurrente vétéran 2 comme Catherine nous double... Catherine n'arrive pas à emboiter le pas et se laisse distancer dans la montée. Des encouragements de ma part, elle s'accroche, force le pas et se met à courrir à grandes enjambée dans la descente... pour la doubler à l'entrée du village. Fièreté féminine (qui qu'est fière... mais non je ne suis pas fière... juste contente de l'avoir redoublée...) quand tu nous tiens...
Nous finissons donc avec Catherine la main dans la main ce superbe parcours du Nivolet-Revard en 8h04'54" aux 328 et 329èmes places. Hélèna est arrivée quelques 6 minutes avant, après avoir fait quelques cabrioles et roulés-boulés dans les buis et les ronces.
Je suis heureux de finir main dans la main avec ma femme, de partager ma passion de la course à pied de cette façon là, de tout faire pour que la personne que j'aime arrive au bout d'une si belle épreuve.
Et même si Catherine a vomi toutes ses trippes (toutes ses eaux devrais-je plutôt dire) peu de temps après l'arrivée (insolation diagnostiquée au poste de secours) et qu'Hélèna s'est sans doute fracturée un orteil (j'en profite pour remercier la gentillesse et la compétence des secouristes qui les ont bichonné à l'arrivée), elles parlaient déjà de la prochaine course lors du voyage de retour.
Encore un très grand merci aux organisateurs, aux bénévoles formidables tout au long du parcours et aux secouristes pour cette épreuve superbe qui ne pourrait avoir lieu sans eux...
Je n'ai pas trop parlé de moi mais ce n'était pas le plus important... J'aurai de toute façon d'autres occasions de m'épencher, ce déjà après le GR73, dans 3 semaines...
3 commentaires
Commentaire de sarajevo posté le 05-05-2008 à 16:07:00
bravo tatamix .... et surtout bravo a ta moitié ...
Les femmes ont sacrément de la volonté......
belle performance .... et a bientôt sur un trail
a+
pierre
Commentaire de Davidou le minou posté le 05-05-2008 à 22:58:00
Une course en amoureux : tout simplement superbe. Et en plus vous finissez. Bravo à ta douce !! Et puis pour l'échauffement, avant un 49 km, c'est pas bien grave ;-)
David.
Commentaire de Tercan posté le 06-05-2008 à 08:32:00
Quelle chance de faire ce genre de course avec sa femme... c'est un de mes objectif a long terme : motivé madame a tenter l'aventure...
Félicitations à vous 2 !!!
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