Récit de la course : Les 20 Bornes d'Andresy - 21,1 km 2007, par rodio

L'auteur : rodio

La course : Les 20 Bornes d'Andresy - 21,1 km

Date : 25/11/2007

Lieu : Andresy (Yvelines)

Affichage : 4314 vues

Distance : 21.1km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

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Le récit

25 novembre 2007. Les 20 bornes d’Andrésy, c’est sans doute la course qui se déroule le plus près de chez moi. Du ballon. Je m’y suis vaguement préparé avec aussi peu de conviction que possible depuis que je sais que je vais les courir seul. J’y vais donc à reculons. Durant la semaine, je me suis traîné comme un petit vieux. Je ne me rappelle pas avoir fait de séances aussi catastrophiques depuis que j’ai commencé de courir. Ce ne sont d’ailleurs pas des séances. C’est du pur feeling, saupoudré d’approximation.

 

8h30, je suis encore devant mon écran à bavasser sur un forum. La course commence dans une heure. Je saute sur mes shoes, je prends une serviette et un maillot de rechange. Je file à la guinde. Quelle honte, moi l’anti-bagnole au dernier degré, je vais faire les deux kilomètres qui me séparent du circuit en tire.

 

8h55. Je gare la bétaillère qui jadis fit la belle en taxi sur un parking de coureurs. S’échauffer une bonne vingtaine de minutes, puis gagner la ligne de départ en courant, cela fera bien 25 minutes de pré-course. C’est bon ça mon ptit gars ! Comment vont les vieilles jambes ? Pas mal. Bonnes sensations. Je pars pour deux ou trois tours du quartier. Je passe devant une horloge. Tiens … 9h20 ! Faudrait peut-être t’exciter un peu ! Je regagne la caisse, je fourre mon haut de survet dans le coffre et direction la ligne de départ. Je suis un peu seul durant le petit kilomètre qui mène à la ligne. Et pour cause, les autres ne voulaient pas le rater, ce départ ! Je franchis la ligne tout seul, sont déjà loin, tous !

 

Comme je n’ai plus de montre depuis des années (ça ne sert à rien, il y a l’heure partout) je me dis qu’aujourd’hui elles se vengent de ce dédain.

 

Il est donc probablement 9h32 quand je pars aux trousses du peloton. Au bout d’un petit kilomètre, je rattrape un marcheur. C’est Gilles. Gilles Letessier. Visiblement lui aussi a raté le départ. En prenant connaissance du classement, il s’avèrera que Gilles n’a pas payé son engagement, et qu’il a du laisser partir la troupe pour ne pas gêner. Qu’est-ce que je fais ? L’envie de l’accompagner à la marche m’effleure. Mais je n’ai plus marché depuis deux ou trois ans à cette vitesse… Le suivre en courant ? Ca ne nous servira à rien, ni à lui, ni à moi. Je le salue d’un grand : « Gilles, c’est pas une épreuve de marcheur aujourd’hui. ». Une tape dans le dos, et je continue ma remontée.

 

Je ne suis pas dupe d’être parti un peu trop vite. Je me suis fixé 5 minutes au kilomètre et même à ce rythme, je suis quasiment certain de ne pas tenir le coup au-delà du quinzième kilomètre. Il faut dire que cette épreuve va crescendo dans la difficulté. Le départ longe la Seine durant deux bons kilomètres, puis une première boucle t’emmène dans le vieil Andrésy par une succession de petits faux-plats pas bien méchants. La première boucle est donc anodine et fait environ 6 kilomètres. La seconde boucle est plus longue et emprunte un crève-cœur de 250 mètres de long qui s’élève de 40 mètres. La côte de Verdun. Et la troisième boucle est une répétition du même pensum. Cette côte ruine le rythme des moins préparés dont il faut reconnaître mon appartenance.

 

Mais revenons à nos moutons numérotés que je rattrape petit à petit. Je double d’autres confrères marcheurs avec un petit mot pour chacun. Il va bien falloir que je me cale sur un groupe à un moment donné. Le problème est qu’en fin de peloton, on ne trouve que rarement des coureurs au rythme régulier. Il faut aller les chercher chez certaines féminines ou chez certains vétérans 3.

 

Après la première boucle, tout va encore bien. Je suis sur un rythme de 5 minutes au kilo et j’ai une trentaine de secondes thésaurisée (en fait plutôt empruntée chèrement à mon crédit finish) lors de mon départ en solitaire. Au premier passage de la ligne (au bout de 6 kilomètres environ), j’entends un coup de feu. Un dissident du forum Runirina me tirerait dessus ? Que nenni, c’est le départ du 13,5 km ! J’aurais dû prendre ce menu, j’aurais été certain de le finir sans indigestion !

 

J’avais pris le pli de rattraper du monde, mais voilà un flux inverse de coureurs frais qui me double. Pour la plupart leur dossard indique 13,5 et il ne peut y avoir de confusion. En revanche cette interférence est assez déroutante. Ce n’est pas que je suis un suce-roue, mais j’aime courir le plus intelligemment possible. Heureusement nous allons assez vite nous retrouver entre courageux du semi à la scission des deux tracés. La deuxième boucle se distingue donc par l’ascension de cette fameuse côte… Après avoir quitté les quais de Seine, on serpente sur un kilomètres dans des rues pavillonnaires, puis on tourne à droite à un carrefour et on aborde un faux-plat montant commun aux deux épreuves. Au bout de 100 mètres, c’est la scission. Les "petits-bras" s’engagent dans le vieil Andrésy, les "gros" filent vers le juge de paix. On monte encore un peu sur 100 mètres, on passe sous la voie ferrée, on fait encore une centaine de mètres en légère descente, puis l’on tourne à gauche et on se prend le mur. Une rigolade pour les premiers, un calvaire pour les moins bons.

 

Cette côte je la connais tellement qu’elle ne m’effraie plus. Je ne l’ai  pas domptée, elle est plus forte que moi. La monter tout du long en courant efficacement est une folie cardiaque. Je la tronçonne en deux parties. L’une en courant, la fin en marchant. Avec un bon balancier de bras, tu vas aussi vite que ceux qui s’obstinent à courir et tu limites tes pulsations.

 

Arrivé en haut, premier ravito. Nous sommes au 9 ou 10 ème kilomètres et tout va bien. Tout va étrangement bien. Je prends un gobelet, je maintiens un peu d’eau dans ma bouche que j’avale doucement en respirant par le nez. Un peu plus loin, je mange un morceau de barre céréalière. Trois fois rien. Je commence à trouver des coureurs qui ressemblent à des coureurs et j’enquille une foulée potable. Le gus n’aime pas trop et je dois m’excuser avant de le brancher. Et il va où comme ça ? Qu’espère-t-il au juste ? Le gonze sort du marathon des Yvelines où il vient de faire 3h50 (c’est dans mes cordes). Il vise 1h55 ! Ca me paraît faiblard comme objectif pour un type qui sait faire 3h50, mais il m’explique … qu’il a soixante-dix ans ! Diantre, il en fait vingt de moins ! Je retrouve de vieux réflexes d’inquisiteurs de forum et je lui dis qu’il a dû faire du sport toute sa vie pour rester dans un tel état de forme. Perdu. C’est le genre Werner Schweizer, pas même du jardinage avant cinquante ! En tout cas, son rythme me convient et pouvoir parler en courant c’est bon signe ! D’autant que nous sommes à mi-parcours des réjouissances.

 

Du fait du monticule décrit plus haut, la course a pris de la hauteur. En haut de plateau, la vue sur le nord-ouest parisien est impressionnante. On va des falaises crayeuses de Cormeilles en Parisis aux tours de la Défense, en passant par une vue complète de la forêt de St-Germain méchamment côtoyée par la plaine d’Achères et ses terrains vagues, et franchement défigurée par la plaine (pleine) d’automobiles des usines Peugeot-Poissy. Pour ceux qui auraient autre chose en tête que courir aux tacquets et par temps clair, on voit la Tour Eiffel. Oui madame !

 

Reconcentrons-nous ! Après le plateau qui joue avec la voie ferrée Paris-Mantes, on redescend vers la Seine pour la fin de la seconde boucle. Je continue à discourir avec mon bonhomme et tout va bien ! On tombe d’accord sur les réalités de la fin de parcours avec la deuxième ascension de l’étouffe-chrétien. Je situe le début des hostilités avec ma foulée au quinzième kilomètres et l’épuisement de mon crédit d’avance à partir de cette zone.

 

L’ennui c’est que tout va tellement bien que j’accélère sans bien m’en rendre compte. Si ...je m’en rends compte. Le vieil homme n’est plus là et c’est une mer de coureurs qui est devant moi. J’ai envie de l’avaler tranquillement. Je passe une seconde fois à proximité de la banderole et il nous reste à peu près 7 kilomètres à parcourir. Je reçois de nombreux encouragements de mes ex-camarades de clubs. Toutes féminines … ça booste. Faudrait pas ! Je ne me sens plus. Sans doute un bon cardio aurait calmé mon retour de printemps ! Et à l’embellie superbe succède le coup de très net "moins bien" avec fatigue des guibolles et prise de poids de la respiration. D’environ 12 km/h, je tombe clairement à 10 durant un bon kilomètre, le kilomètre situé juste avant l’ascension de la fameuse côte de Verdun. Je commence à prendre conscience que je manque de foncier et que la fin va prendre un tour pénible. La foulée se rétrécit, les jambes font mal, et la côte est là. Je vais la monter en marchant de bout en bout, en doublant pas mal de coureurs à l’agonie. Mais cela ne va pas requinquer ma foulée et désormais je sais que cela va ressembler à une fin de banquet trop arrosée !

 

Six kilomètres à s’accrocher, avec ici ou là quelques espoirs d’amélioration vite rattrapés par une vraie lassitude de coureur du dimanche. Quand on regagne les bords de Seine, il reste un gros kilomètre. Je me fais doubler par une jolie fille. J’accrocherai bien, mais j’en ai vraiment plus dans le pantalon. Seule la toute dernière ligne droite va un peu me redonner de tonus (on a sa fierté, quand même).

 

Le plaisir était absent sur la fin, et rarement présent sur les derniers kilomètres. Le verdict est clair : un semi-marathon ça se prépare ! 1h49’ c’est quatre minutes de plus que le temps que j’espèrais faire. Il est clair qu’en partant dans le peloton et à ma main, j’aurais fait deux minutes de moins. Comme je suis un esprit résolument optimiste, je me dis que la matinée a été belle. Que j’ai fait une balade sympa. Que j’ai lié connaissance avec un homme charmant et finalement je retiens que mes femmes ne m’ont pas oublié !

 

Pour ceux qui seraient tentés par l’aventure "20 bornes d’Andrésy"… Ce n’est pas un semi-marathon où l’on peut faire un temps. Trop de changements de rythme, trop de relances. Mais cette course est vraiment une belle course, avec un très joli parcours, qui donne envie d’habiter par chez moi. Le droit de courir est à 10 euros. Pour ce prix, on a droit au ravitaillement et à une boisson en fin de course. Pas de maillot souvenir ! Le speaker est une sorte de Léon Zitrone qui anime souvent les grandes épreuves de marche (enfin, les désormais "rares" grandes épreuves de marche). C’est un vrai professionnel, qui connaît tout son monde au verbe haut et précis !

 

Les 20 bornes d'Andrésy : "Courez-y la prochaine fois". Ce sera fin novembre ou début décembre !  

3 commentaires

Commentaire de agnès78 posté le 02-12-2007 à 18:30:00

depuis le temps que mon chéri me parlait de tes récits! Merci!!!
Au plaisir de te lire à nouveau.
Bises
agnès

Commentaire de hagendaz posté le 03-12-2007 à 22:04:00

merci pour ce récit signé avec un beau fleuret...

Commentaire de boulea0 posté le 07-10-2008 à 23:10:00

Merci pour ce récit
Je connais bien la rue de verdun , je la contemple souvent depuis la fenêtre de mon salon, , je la grimpe rarement, difficile de commencer une séance avec une telle difficulté ..
on aura peut être l'occasion de se rencontrer lors de l'edition 2008. Reprenant la course à pied après une longue interruption j'hesite à courir le semi,mais faire un 13 km sachant qu'il y a un semi, je risque d'avoir une sensation d'inachevé. Il va falloir que je grimpe sur l'hautil un peu plus souvent :-))

Reynald

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