L'auteur : mico34
La course : No Finish Line
Date : 17/11/2007
Lieu : Monaco (Principauté de Monaco)
Affichage : 2338 vues
Distance : 626km
Matos : objectif : 619 km
Objectif : Battre un record
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Flash Back :
Cela fait un an que je n'arrête pas d'en rêver. Je l'ai déjà fait l'année dernière et mon plus grand souhait est d'y retourner. Je vais m'y inscrire c'est sûr.
Coup de Théâtre : j'apprends au printemps que mon entreprise propose un sponsoring pour quelques dossiers. L'offre, classique, consiste en une participation aux frais d'inscription à la course.
Après quelques hésitations (ais-je une chance ?) je me lance et envoie mon dossier de candidature sans aucune certitude d'aboutissement. En fait, cette incertitude provient essentiellement du fait que je demande en lieu et place de la participation aux frais d'inscription, que soit reversés à l'organisation un euro par km que je parcourerai.
Je n'ai maintenant plus qu'à attendre et espérer. Mon dossier a t'il une chance de succès ? De toute façon qui ne tente rien n'a rien.
Quelques semaines se passent et je reçois enfin un mail m'informant que mon dossier fait partie des dossiers présélectionnés et qu'il faut que je me rende à Paris pour le présenter pour la sélection finale. Une étape supplémentaire qui n'était pas indiqué au départ. Tant pis, j'irai quand même.
Le Jour J arrive. On me demande d'expliquer la course, mes motivations, mes objectifs. Là ça devient dur. Ne sachant pas trop quoi donner comme objectif, j'indique que j'ai fait 568 km l'année dernière, que le record féminin de l'épreuve est de 618 km et que je vais essayer de le battre. Que ne ferait-on pas pour convaincre son public.
Nouvelle attente. Quelques jours passent et je reçois un appel téléphonique. Je crois réver debout. Non seulement mon dossier est retenu et donc un euro par km sera reversé pour chaque km que je courrai mais en plus ma correspondante m'indique que si je bats le record féminin, la somme sera doublée.
J'en reste coîte, tellement je suis heureuse de ce succès obtenu. La somme doublée, je n'y crois pas vraiment mais déjà 1 euro par km c'est super.
Semaines après semaines, la course se rapproche. Après mon abandon à Chavagnes au 50e à cause d'un mal de dos important, je me suis vue éliminée par les barrières horaires sur deux trails cet été. Pas terrible tout ça. Le moral en a pris un coup.
En septembre, je réamorce un entraînement plus conséquent basé uniquement sur de la vitesse spécifique pour Monaco (courir aux alentours de 8km/h en cyrano 9/1) et je ne fais que cela. Aucun entraînement de vitesse, aucune accélération, une petite douleur tendineuse à la cheville trainant depuis le début de l'année) et en plus c'est une bonne excuse car j'aime courir à cette "vitesse" et je n'aime pas les fractionnés. J'augmente donc progressivement mon nombre d'heures d'entraînement par semaine (jusqu'à 14h). Bizarrement, en parallèle, chemine sournoisement une petite idée : tenter ce que je ne crois pas possible : atteindre le fameux pallier des 2 euros par kms.
Les deux derniers mois je ne vais plus penser qu'à cela : réussir à faire ces 619km. Je le veux donc je le peux. Programmation du cerveau pour éliminer tous les doutes certains qui s'accrochent obstinément et que je ne veux pas écouter.
Plus qu'une semaine. Je stresse à mort à cause d'une part de mon objectif pas très raisonnable et à cause de la grève. Vais-je réussir à avoir un train le jour J ? Pour le jour du départ deux trains sont prévus, un le matin et un en fin d'après-midi. Je vais tenter de prendre celui de matin en espérant ne pas voyager debout. Heureuse surprise, le voyage se passe bien, tout le monde a une place assiste et nous arrivons avec Tonio et Ultrazen à Monaco en fin d'après-midi. Sylvain et Ronce doivent arriver par le train du soir donc tard dans la nuit.
Le temps d'installer la tente, de bavarder un peu avec ceux qui sont déjà là et il fait nuit. Gla-gla - qu'est-ce-que je me suis caillée cette nuit ! Où sont donc le beau temps et la douceur de l'année dernière ? Ca pèle !
La solution camping n'étant pas viable (duvet pas assez chaud) je cherche à squatter dans un des algecos et me retrouve installée, avec Christophe Laborie, Claude Hardel, Christine Bodet et la Hollandaise Ria. Il devrait logiquement pas avoir foule dans l'algeco la nuit au vue des objectifs de chacun d'entre nous.
L'heure du départ approche, certains arrivent encore, d'autres n'ont pas réussi à venir, malgré tous leurs efforts. Il fait gris et frais et nous allons démarrer sur la petite boucle (env 800m) pour tout le week-end. La zone de pavé est plus longue que l'année dernière du fait de travaux à proximité des sanitaires du yacht club. Il va falloir être très prudent. Mon objectif est désormais clairement dans ma tête. Faire tout mon possible pour arriver au 619km de manière à ce que l'équipe de Philippe puisse obenir les 2 euros du km promis. Tant pis si je n'y arrive pas mais je vais faire mon maximum pour atteindre cet objectif que j'ai débité en tranches de 25km pour le rendre moins indigeste.
14h - c'est le départ. Je pars doucement (ça c'est un pléonasme) en courant sur toutes les parties sans difficulté et en marchant dans la partie pavée. Avec les monégasques, il y a du monde sur le circuit. Premier point au bout de 4h40 de course. J'ai à peine fait 30km et je suis 37ème sur la quarantaine que nous sommes. Tonio est à une dizaine de kilomètres devant moi et Sandrine qui je pensais au départ serait au même niveau que moi est encore plus devant. Ca commence bien. No stress. Laisser les choses se décanter. Ne pas se focaliser sur son retard par rapport aux autres. Garder son objectif final en tête. J'admire l'anglaise Sharon, qui sûre d'elle, est arrivée avec son camping-car annonçant à tous sa tentative de record du monde ainsi que la hollandaise Ria toutes deux filant à toute allure en me doublant régulièrement. Heureusement que je n'ai pas attendu 2008 pour chercher à battre le record féminin de l'épreuve car je suis convaincu en voyant ces deux guerrières en action qu'il va faire un sacré bond cette année et qu'il deviendra par le fait encore plus inaccessible.
Les premières 24h sont passés sans problème. J'avais décidé de ne pas dépasser les 100km et bien sûr je me suis laissée entraîner par l'ambiance. Au lieu de m'arrêter, j'ai continué et j'ai fait 5km de trop. J'espère que je ne vais pas le payer les jours suivants. Je suis passée de la 37ème à la 20ème place. C'est encourageant même si cela signifie qu'au moins vingt personnes ont fait plus de cent kilomètres les premières 24h. Mais à ce moment de la course, cela m'importe peu. Je sais bien que les choses vont évoluer au cours des jours et que rien n'est figé encore.
Au départ, j'avais décidé de me reposer tous les 25km (donc environ toutes les 4heures) environ 1h mais dès le premier soir, mon plan est tombé à l'eau. En effet, j'en étais à ma 2ème tranche, et je pensais m'arrêter manger vers 21h30 mais j'ai dû m'arrêter avant, un autre concurrent m'ayant indiqué que si j'attendais de trop il n'y aurait plus rien à manger. Ca c'est pas cool - j'ai pas envie de me taper sur le bide - Aussi je finis mon tour, vais manger (il était temps) et continue après ma tranche de 25km entamée. Il aura fait gris et froid toute la journée.
Les deuxième 24h se passent de manière identique sans problème particulier hormis que je ne parcourerai que 88km. Mais je m'y attendais. L'année dernière la même chose s'était produite.
Les ennuis ont commencés au début du 4ème jour. Le lundi matin nous étions passés sur le grand circuit (1600m environ) et nous longions le port sur toute sa longueur. Sur la deuxième partie il y avait un grand vent que l'on se prenait de face à l'aller et contre lequel il fallait lutter pour avancer et au retour le vent nous poussait dans le dos. C'était très dur d'avancer. Ce vent important a duré deux jours (le 3ème et 4ème).
Nous étions donc au début de ce 4ème jour, et j'étais donc sur cette partie du quai en train de lutter contre le vent quand tout à coup j'ai ressenti une douleur importante au niveau du genou (crac). Impossible de courir, l'impression que la rotule de mon genou craquait à chaque pas. Je finis péniblement le tour en marchant et m'arrête vingt minutes sous la grande tente commune pour laisser reposer le genou.
Au bout d'une vingtaine de minutes, je repars doucement en marchant. La douleur s'estompe. Je continue donc en marchant jusqu'au soir. Que c'est long le circuit quand on ne fait que marcher. Le soir je demande son avis au kiné qui me dit que si je n'ai plus mal en marchant je peux tenter de recourir. Chic. Je ne me le fais pas dire deux fois et j'aligne 4 tours en courant sans trop de difficultés si ce n'est de temps en temps, l'impression que mon genou craque. Et en plus, je ne sais si c'est le fait de surveiller mais j'ai une douleur également sur le côté extérieur des deux pieds qui commencent à pointer son nez.
Comme il est tard et qu'il y a peu de monde sur le circuit, je décide de changer de sens. Cela fait 3 jours et demi qu'on tourne dans le même sens et peut être le problème vient-il de là. Malheureusement, les autres coureurs sur le circuit continueront imperturbablement dans le sens contraire ce qui m'obligera le lendemain matin à rentrer dans les rangs.
Vers 4h du matin, je vais me coucher pendant deux heures en espérant que tout rentrera dans l'ordre après avoir dormi.
6h - je me lève. Chic le vent est tombé. Zut, il pleut ; et pas qu'un peu : des cordes, un vrai déluge. Certains attendent à l'abri en espérant que cela va s'arrêter, d'autres tournent quand même. Je change de chaussures pour mes chaussures "spécial pluie". J'avais pris à cette intention mes spira testés l'année dernière et plus utilisés depuis. J'avais décidé au départ que je les mettrai et les garderai s'il pleuvait et tant que durerait la pluie. En fait, j'avais jusque là très peu utilisé ces chaussures malgré leur confort indéniable, car je tape des pieds en courant et la spira accentue de défaut de manière importante. Quand je les ai aux pieds, je n'ai pas besoin de klaxon ; on m'entend arriver de loin.
Donc changement de chaussures (cela faisait presque quatre jours que je portais mes nike) plus poncho (acheté pour l'utmb et non utilisé) et me voilà paré pour repartir sous les éléments déchaînés. Et là, bizarrement, mon genou et mes pieds cessent, au fil des heures de me faire mal. Je me rends compte que je ne boîte plus et que je recours de nouveau sans problème, chic.
Autre découverte intéressante : au fil des jours, je m'aperçois que courir me fait moins souffrir des pieds que marcher, aussi, hormis les zones pavés bien sûr, je ne fais plus que courir. Quand je ne suis plus en mesure de courir et que je finis un tour en marchant de trop je m'arrête une heure pour dormir. Je ne sais pas si c'est le froid, le vent et la pluie qui en sont les causes, mais je n'aurais aucune difficultés cette année à m'endormir, contrairement à l'année dernière. C'est instantanément que je m'endors à chaque fois, assurée de me réveiller puisque je mets ma montre à sonner au bout d'1h, 1h30 ou 2h.
Le cinquième jour, petite péripétie : à cause de la pluie qui tombe sans discontinuer, l'algeco où nous nous reposons prend l'eau par le toit ; çà goutte sur les lits de camp et tout commence à être trempé. Je suis donc obligé de m'arrêter de courir pour mettre les vêtements à l'abri. Il pleut toujours, même si cela ressemble plus maintenant à de grosses averses.
Dans la nuit du 5ème au 6ème jour, je me couche vers 1h du matin en espérant dormir un peu et je suis réveillée en sursaut à 2h30 par Ria qui allume la lumière de l'algéco pour aller se coucher. Merde alors. Je me lève pour repartir et là je ne sais pas si c'est la fatigue accumulée dans la semaine ou le réveil brutal mais je me rends compte que non seulement je n'avance pas mais qu'en plus je dors en marchant. Le tour fini, je m'arrête sous la grande tente et redors 1 heure. Nouvelle tentative, et sensations toujours mauvaises. Je dors debout. Inutile d'insister. Je me rendors au coin d'une table et me réveille vers 6h. Troisième tentative ; cette fois c'est la bonne, je repars normalement malgré une nuit perdue. Le moral est bon.
La fin de la course ne sera plus qu'un jeu pour moi. Accompagnée par les encouragements des autres coureurs au courant de mon challenge (merci à eux), je vais occuper le temps à essayer de remonter dans le classement (la nuit surtout car le jour, l'avantage gagné était vite reperdu). Le samedi soir, je dépasse mon score de l'année dernière (568km) et le dimanche dans la matinée je réussis à passer Ria. (Il faut avouer là qu'elle a arrêté à la fin du 6ème jour ce qui facilite un peu les choses). Il est maintenant 12h30 - Je voudrais bien savoir où j'en suis précisément afin de ne pas rater mon objectif pour quelques kilomètres. Je prends donc le temps de manger afin de laisser le temps à l'ordi de nous afficher notre kilométrage réel. Fin du repas. Il faut encore que je fasse 3 tours pour atteindre mon but. Je repars donc accompagné d'Edouard, le kiné, rebaptisé avec à propos "Edouard aux mains d'argent" par l'une d'entre nous. Les trois tours terminés, je continue pour être sûre d'une part de ne pas mettre tromper dans mes comptes, et d'autre part, pour monter le plus haut que je peux ce nouveau record féminin de la course.
Ca y est la course est terminée. Je suis heureuse ; j'ai réussi à faire le kilométrage que je souhaitais faire, et même à le dépasser et l'organisation va recevoir plein de sous de mon sponsor qui lui permettront de faire soigner de nombreux enfants malades.
J'aurai utilisé deux des trois paires de chaussures emmenés. Les Nike air Perseus les 3 premiers jours et les Spira à partir du moment où il a plu jusqu'à la fin de la course. J'ai bien essayé de revenir aux nike le dernier jour quand la pluie a bien voulu cesser mais mes pieds n'étaient semble t'il pas d'accord et je les ai donc gardé jusqu'au bout (trempées mais confortables) dommage qu'elles tapent tant. Je n'aurai pas utilisé du tout les tee-shirts et les shorts emmenés. Il faisait trop froid cette année. Et...... je n'ai pas eu mal au dos de la semaine. Par contre, leçon à retenir, j'aurai dû changer de chaussures avant le 3ème jour, cela m'aurait peut être éviter la mésaventure "mal au genou". Heureusement que la pluie est arrivée pour m'inciter à le faire. Deuxième leçon : j'avais rangé au placard un peu prématurément mes spira qui se sont comportés comme des grandes et que j'ai porté sans problème pendant plus de 4 jours d'affilée et qui ont certainement sauvé et mon genou, et ma course.
Merci à tous ceux qui m'ont encouragé tout au long de cette semaine merveilleuse, que ce soit par mail, par appel téléphonique ou sur place, à Edouard le kiné sans qui, peu irait jusqu'au bout de cette aventure et à mon sponsor, Orange, qui m'a permis par son engagement de participer à cette course d'une manière encore plus intense et plus active que l'année dernière.
A l'année prochaine
5 commentaires
Commentaire de Geronimo posté le 29-11-2007 à 16:50:00
Je voudrais bien lire ton CR mais le lien ne fonctionne pas.
Bravo pour la perf hors norme !
Commentaire de Ch'ti38 posté le 29-11-2007 à 20:47:00
Pour moi aussi, le lien ne marche pas.
Tu as surement rencontré mon frangin (Roger Warenghem)?
J'espére que tu as bien récupérée ?
Commentaire de JLW posté le 29-11-2007 à 21:45:00
Copiez/Coller l'adresse de Mico77: http://mico77610.skyrock.com
dans votre navigateur et ca marche bien.
Commentaire de gdraid posté le 29-11-2007 à 22:14:00
Mico, j'ai été le témoin privilégié de ton grand exploit.
Je t'admire.
PS: pourrais tu transcrires ton CR, en copier-coller sur cette page ?
J'ai beaucoup de mal a démarrer le mien... fatigue ou blues ???
Jean-Claude
Commentaire de gdraid posté le 02-12-2007 à 19:31:00
JLW et toi, Mireille, avez raison .
Le copier coller pour lire ton blog, ça marche !
Je me suis régalé à lire ton CR, si réaliste, Mireille.
Ta mémoire, est une véritable caméra de reportage sportif !!!
Encore une grand bravo pour ton exploit de 626 km !
50 km de plus que la grande championne hollandaise Ria BUITEN !
Même en 2 jours de plus, tu deviens Mireille, par ta performance, une grande championne.
Une énorme bise à la Championne Mico77 !!!!!
JC
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