Récit de la course : 24 heures d'Aulnat 2007, par tot

L'auteur : tot

La course : 24 heures d'Aulnat

Date : 10/11/2007

Lieu : Aulnat (Puy-de-Dôme)

Affichage : 1468 vues

Distance : 177.931km

Matos : juste pour voir et découvrir l'univers de la Circadie...

Objectif : Pas d'objectif

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Aulnat : impressions et réflexions

 

 

 

je trouve cette expérience très positive, j'ai découvert
un monde fait de gens très solidaire, très attachant. Une organisation hors
pair avec des bénévoles et un chef d'orchestre excellent. Tout est ici fait pour que le coureur soit à son aise, on est chouchouté, adoré voire vénéré.
Donc c'est fait je suis circadien diront certains peu m'importe, j'ai couru
et marché durant presque 24H et dormi aussi. Et oui quelque souci stomacaux
m'auront obligé à un arrêt salutaire et plus que nécessaire.
J'ai partagé cela avec ma Chérie MissTot (Alex pour les intimes) qui profite de l'occassion pour devenir Centbornarde et Circadienne par la même occasion. Nous avons couru
et marché plusieurs heures ensemble de jour comme de nuit. Je n'ai pas vu
cette journée passée, le temps était comme suspendu, aucun repère temporel.
Il me manque une journée dans ma vie ce qui peut sembler être un paradoxe
car mon corps lui s'en souvient très bien mais mon cerveau est plus
capricieux.
le manque de répère peut s'expliquer par le fait de faire le hamster ou le
poisson rouge durant 24H. Vu de l'extérieur, les gens sont incrédubles quand
on leur dit je vais courir un 24H. Quoi ? tu vas tourner en rond pendant
24H. Oui mon petit monsieur. Sachez-le, cela ne m'a pas pesé un seul
instant...Bon si j'avoue en pleine nuit dans le vent, dans le froid j'ai
gambergé un peu. Mais sincèrement je n'ai pas vu les tours passés. On est
toujours entouré de coureurs, c'est un balai incessant, tu me doubles, je le
double, on se rattrape, on se dépasse, on se fait rattraper, on se fait
doubler. Sur un anneau comme celui-ci qui présente l'avantage d'offrir une
vision quasi globale on se guette, on se surveille, on s'épie mais surtout
on se sourie et s'encourage le plus souvent aussi. C'est cela la circadie.
Un monde emprunt de solidarité, de convivialité et de fraternité.
Cet aspect m'a agréablement surpris cette entraide entre les coureurs. Ce
type d'épreuve permet de balayer un large, très large panel d'émotions des
plus positives au plus négatives.

Préparation juste pour aller voir.

Comment se prépare un voyage pour la circadie. Il faut travailler 2
aspects essentiels à mes yeux. Je pose comme postulat que je ne pourrais
courir 24H à la même vitesse mais il me faudra rester tout le temps en
mouvement car chaque pas effectué c'est 1 mètre de gagné. Le mouvement
rapporte plus que l'immobilisme. De cela j'ai décidé une VS de départ, pas
trop rapide car je souhaite la maintenir le plus longtemps possible. Je
travaille cette VS à l'entrainement 9.2-9.3 pour moi. J'enchaine les
séances à VS 24H, je précise que je pratique la Cyrano (méthode qui
consiste à courir et marcher selon des fractions de temps pré-définies)
Dans le cas présent c'est un bon kilo de course et une centaine mètres de marche
au niveau du ravito afin de m'alimenter et m'hydrater correctement.J'ai
inclus également de la marche dans mon entrainement pas la marche athlétique
car je ne maitrise pas mais de la marche rapide afin de préparer les muscles
à pouvoir basculer du mode course ou mode marche et inversement sans trop de
difficulté.

Voilà pour la partie physique mais reste le 2 nd aspect à voir le côté
psychologique..

Là, il faut se préparer dans sa tête, il faudra être fort et ne pas baisser
le pavillon aux premiers signes de fatigue ou petits soucis physiques,
physiologiques ou psychiques.
Il faut se convaincre que l'on peut le faire, que va le faire que l'on va
en ch.. grave surement mais en serrant les dents, on se concentrant sur
l'objectif, on emmagasinant un max d'images positives à régurgiter le jour
de l'épreuve cela devrait passer.
Plus l'échéance approche et plus je gamberge. Je pose un tas de questions,
je viendrais ici solliciter l'avis et les conseils de nombres de coureurs.
J'avoue je balise un peu comme le cheval devant l'obstacle, j'ai peur d'un
refus de dernière minute. Mais je tiens bon, quelques copains me rassurent,
me redonnent confiance. Puis je n'ai plus le choix, je suis inscris, l'hôtel
est réservé, je suis résigné je vais devoir y aller...

Allez en route pour l'aventure :

Le jour "j" de l'heure "H" de la minute "M" arrive. Une nuit dans un hôtel
quelque peu minable m'aura permis de faire et refaire ma course par
anticipation. Je suis sur la ligne c'est bon on va partir. La stratégie est
simple je ne veux pas être aspiré par l'euphorie du départ donc je me place
en fin de peloton bien au chaud et Pan le départ est donné.
Pour moi c'est simple je dois courir autour de 9 km/h et ne pas m'occuper
des autres avions à 2 pattes qui passent dans le ciel Auvergnat.
Donc je dois courir à 9 et ben comme par magie je cours à 9 (mais non ce
n'est pas de la magie) mon corps s'est habitué à "maitriser" cette allure
depuis plusieurs semaine donc naturellement il se cale dessus. Ah voilà le
premier tour, c'est bonnard, je suis heureux, ravi, tout mon stress, mes
angoisses se sont dissipés. Je suis parti pour tourner 24H.

Les tours s'enchainent rapidement, on les enfile comme des perles. J'ai
décidé de me faire un beau et très long collier de perles... (quoi ce n'est
pas beau les perles sur un mec..)


je suis en route pour la circadie moi le pékin moyen, le coureur sans nom et
sans palmarès vient de commencer son voyage en circadie.
Je suis callé sur ma VS 24h et tout va bien, pas d'affolo, se gère ravito et
hydratation. Ma chérie court à mes côtés, elle est partie pour devenir
centbornarde dans un 1 er temps et enuiste elle verra, Daniel (DanL)
complète ce trio de gais lurons. Nous discutons, chacun est déjà dans sa
course. On court un kilo et on marche au ravito pour les hommes, Alex
elle ne marche qu'un tour sur 2. A chacun sa stratégie, sa tactique..

Au bout de 3h Alex et Daniel me laissent filer tranquillement car
je vais un peu trop vite pour eux. Les heures passent tranquillement mais
surement, la nuit arrive assez vite et les sensations sont toujours bonnes.
je tourne comme une pendule, une horloge, un poisson rouge c'est comme vous
voulez mais j'aime cette régularité, ces kilomètres que j'accumule
tranquillement mais surement. je tente de prendre quelques chronos histoire
de me conforter dans mes sensations...Tout est nickel. aucune douleur, rien
de rien... j'encourage tout ce que je connais Phil, VincentMac Toum,
Forrest, Manu et Anne-cécile, DanL, Lolo et ma chérie bien sûr...Le passage au 100
s'effectuera en 10H55 (de mémoire et là il y des trous dans le cerveau comme criblée à la
chevrotine...) et là il va se passer un truc dans ma tête, dans mon
corps....

 Je viens de passer les 100 kms je disais et je saute du moins je cours dans
l'inconnu. Je n'ai plus de répère, plus de réference chaque pas que je fais
me propulse vers une distance qui m'est inconnue. Alors grisé par cette
sensation, par cet état, mon corps commande, mes jambes accelèrent et ma
tête laisse faire sans rien dire...Je suis euphorique, je siffle, je
chantonne, je souris béatement..je suis heureux, heureux d'être encore
frais, aucune douleur, rien je ne ressens rien si ce n'est cette folie qui envahit mon corps et dans laquelle je me laisse entraîner dans une semi
conscience.
Je remonte des coureurs uns à uns, il semblerait que seuls les premiers, les Efflam,
les Warembourg, Les Le Roch et quelques uns tournent plus vite que
moi... ce n'est peut-être pas la réalité mais c'est ce que j'ai ressenti à
ce moment-là... J'ai tourné ainsi durant 4h, ivre de cette soif de
kilomètres qu'il fallait que j'ingurgite pour calmer mon corps.

Puis je suis revenu sur terre, je sens mon bide qui ne tourne plus rond moi qui tournait
depuis plus de 15h à la même cadence. Je suis un adepte de la régularité mais
j'ai toujours eu tendance à m'emflammer en début de seconde partie manque
d'expérience, manque de repère sur cette course. Je suis comme hors du
temps. (ben oui je suis un bourricot, vous le saviez déjà)

Imaginez un instant mais rien qu'un. Un mec que se permettait d'accelèrer lorsque les autres laissent diminuer la vitesse tranquillou, les autres gèrent tant bien que mal la vitesse qui décroit. Et moi, le Bleubite de service et ben j'ai forcé l'allure.. Avec un peu plus de cran, je me serais fait un négative split sur 24H...Même pas peur...!!!! Je suis un âne.

En quelques tours tout va aller très vite, pour moi qui n'est pas su écouter ma tête, qui n'est pas été prudent surement insolent voire prétentieux de croire qu'un 24H se termine en fanfare alors qu'il reste encore 9h de course. Le vent est là, le froid aussi, je viens de m'en rendre compte mais le mal est fait, j'ai pris froid sur l'estomac et il s'est bloqué. J'essaie de continuer mais j'ai mal et je sens que je vais repeindre mes groles vite fait bien fait...Marie, la femme d'Yves me donnera des cachets mais il est trop tard, je trouve un bel arbre et mon ami Raoul arrive... Raoul c'est mon copain, mon ami fidèle celui qui vient souvent quand je suis saoul... Je décide de repartir mais impossible, j'ai des crampes à l'estomac aux abdos...

Alors oui je vais aller me mettre au chaud, je vais aller dormir. Je baisse le pavillon face à la circadie. Moral en berne, je m'allonge entre deux traversées dans le gymnase, le spectacle est saisissant de contraste avec l'extérieur. Ici il fait bon même chaud mais c'est un mouroir, des rangées de pauvres coureurs fatigués, usés sont là sur des matelas de fortune. Je me cache sous mon bonnet, mon ventre qui n'a plus rien à donner se soulève toujours et les crampes abdominales me tordent. Je dors tant bien que mal... je ne sais pas combien de temps j'ai dormi mais je me réveille abattu, déçu. Fallait être modeste mon ami, me souffle la petite voix.

Je tape la causette avec Manu qui vient faire une pause. Je lui
raconte mon histoire et lui certifie que la circadie c'est fini, ce n'est
pas pour moi. Trop dur, trop long tout est trop et le centborne me va bien.
Mais ma chérie se lève, elle souffre d'un releveur. On décide d'aller manger
un peu et puis on verra si on repart ou pas. Il est 5H30 du mat, il n'y a
pas grand chose à faire à Aulnat à cette heure. Alors on décide avec Alex de
marcher histoire de faire tourner le compteur à kilomètres. Le vent est
tombé. Nous marcherons ainsi des heures tous les deux cote à cote, on refait
notre course, on échange nos sensations, on encourage les copains (Phil,
Vincent, Daniel, Lolo, Anne-cécile) et tous ceux qui nous doublent. On est bien là
ensemble mais puty que c'est long un tour quand on marche. Alex boite de plus en plus et pour se reposer le pied elle ne tourne qu'un tour sur deux avec moi avant que je ne lui impose l'arrêt définitif ayant dépassé les 130 kms. Elle boite de trop et j'ai peur qu'elle ne se blesse de trop.

La fin de ma course sera mise au service des autres car je peux courir et
même très bien courir, je n'y comprends rien, je me relance grâce à Manu
(tiens encore lui, le petit gros...) et je me dis que je peux me taper les
4 marrathons et puis je vise les 170 et les 175 kms. J'aiderai Daniel a atteindre
les 180 kms sur deux tours qu'il fera en courant, toute à l'énergie et à l'envie, la
hargne..Il l'a méritait plus que moi cette barre. Je terminerai en roue
libre tranquillement en discutant. Je recevrai une superbe accolade de
Messire Warembourg en personne, parait que je l'ai bien encouragé.

Et les autres dans tout cela ?

Certains coureurs marquent plus que d'autres, même si toutes et tous
méritent un hommage. Je ne ferai pas un classement mais je vous livrerai ces
quelques remarques.

Christian Efflam il est souple il a une petite foulée tranquille mais si
efficace, il m'a paru facile de bout en bout et toujours souriant.

Phil lui c'est battu comme un damné pour aller cherche cette marque et
quelle marque, j'ai vu son visage évolué, ses traits se tirer, se crisper
mais il n'a rien lâché. c'est impressionnant de voir une telle volonté
affichée sur son faciès.

Dan et Vincent ,bleubite comme moi ont été phénoménaux de courage et
volonté.

Eric Trabu a fait preuve d'un courage exemplaire car passé le 100 en 8H35 et
prendre non pas un éclat mais un obus par la suite et ne pas abandonné c'est
très fort. Il n'arrivait plus à avancer, il tournait à 3 km/h mais il était
toujours là alors que beaucoup serait parti discrètement.

Gérard ancien handicapé en fauteuil qui remarche depuis peu et qui est resté
aussi sur le circuit pour effectuer sa course. Il était heureux et il nous
communiquait sa joie.

Les femmes aussi peuvent impressionner Anne-Marie qui a eu du mal à finir
n'a rien lâché, elle a courbé l'échine mais n'a pas abdiqué pour finir 4 ème
au final.
Sylvie et Anné-cécile qui allaient dormir en pointillé pour repartir de plus
belle ne sont séparées que de 3 kms je crois. Elles sont allées au bout
toutes les deux.

Je tiens à remercier Philippe, qui était membre d'une des équipe en relais.
Il a encouragé tout le monde et tout en étant dans sa course car il jouait
la gagne, il n'a eu de cesse de nous soutenir.

Sensations et réflexions.

En écrivant ces quelques lignes je me sens toujours un peu fatigué mais ma
saison a été bien chargée pour un jeune coureur d'ultra comme moi.
Physiquement cette épreuve m'a beaucoup moins marqué qu'un 100 kms. Cela qui
peut paraitre paradoxale si on ne tient compte que de la distance parcourue
(178 contre 100) mais pourtant c'est la stricte vérité. J'ai pu recourir dès
le mardi mais j'ai préféré ne pas prolonger l'expérience. Mise à part un
ongle récalcitrant tout est nickel tant sur les plans musculaires,
articulaires, tendineux et ligamentaires. Par contre je me sens fatigué et
j'ai décidé de m'accorder 2 à 3 semaines de farniente. J'ai perdu un peu
plus de 2 kgs dans cette affaire et j'ai attaqué sérieusement ma filière
lipidique.

Je retournerai en circadie avec l'ambition de courir plus de 180 cette
fois, je me préparerai mentalement pour affronter les problèmes et ne pas
renoncer aussi facilement mais je ne suis pas certain pour autant de faire
mieux tant de choses peuvent arriver en 24H Chrono... Je suis le Jack Bauer
de la circadie...c'était la saison 1. RDV en 2008 pour la saison 2

Quand vous parlez avec les gens d'une course qui dure 24H, autour d'un
circuit d'1 km environ, les regards sont dubitatifs, incrédules. Certains
voudraient m'interner, me disent que cela relève de la psychiatrie et je
répond qu'il n'en est rien.
J'ai trouvé dans cette course une forme de paix intérieure, on a le temps de faire
une sérieuse mise au point avec soi-même, en étant à l'écoute de son corps,
de ses sensations. Par instant le corps et l'esprit sont comme unis, en harmonie.

J'ai apprécié cette solidarité, ce respect entre le gens,, tous ses échanges
de signes entre coureurs (sourire, regards, paroles) Ce sont toutes ces
choses-là qui font que je reviendrais...

 

Tot

 

3 commentaires

Commentaire de lolo' posté le 21-11-2007 à 22:31:00

Salut tot

Que de souvenirs qui remontent à la lecture de ton cr.

J'en tire grosso modo les mêmes conclusions.

Surtout cette envie bizarre de vouloir faire mieux la prochaine fois.

ça y est tot, on est contaminés par la circadie.

Bientot les 48h, les 6 jours etc...

A bientôt

pace e salute

lolo

Commentaire de patcap21 posté le 21-11-2007 à 23:53:00

Féicitations pour ce 24h et merci d'avoir pu partager ce moment à travers ce cr.
Bonne récup
pat

Commentaire de hellaumax posté le 20-12-2009 à 16:53:00

Très beau récit, Tot. De ceux qui donnent envie, en tout cas, d'aller défier la circadie un de ces 4.

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