L'auteur : Mustang
La course : Le Challenge des 3000 Ariégeois
Date : 18/8/2007
Lieu : Auzat (Ariège)
Affichage : 3609 vues
Distance : 42.5km
Objectif : Pas d'objectif
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Challenge des 3 000 ariègeois
La destination des vacances, cette année, est l’Ariège. Par acquis de conscience - euh !- je consulte l’annuaire des courses pour voir ce qui se galope dans le coin. Je relève le 18e challenge Montcalm qui se déroule le 18 août, au départ d’Auzat. C’est une vraie course de montagne comme j’avais envie de faire depuis longtemps. Mais, bigre, c’est du gros. Il s’agit de grimper à 3143 m d’altitude avec un D+ de 2406 m pour 42,5 km de course ! Allez, va pour une nouvelle aventure !
Arrivé en Ariège, à Vicdessos, à 2 km d’Auzat. j’enchaîne chaque jour des sorties en haute-montagne pour m’acclimater et me charger en globules rouges- et profiter des magnifiques paysages !!!
Je ne teste également en montée rapide ainsi qu’en descente en dévalant des pentes raides en chaussures de rando !!!
Ce qui est bien dans cette course, ce sont les nombreux ravitaillements qui permettent de partir léger. Je prendrai donc juste une gourde et un peu de ravito. La météo, après deux jours de crasse, est annoncée excellente. Le vendredi soir, à 19h, c’est le briefing de course. Dans l’assemblée attentive, ce qui me frappe, c’est la jeunesse des participants. J’en aurai la confirmation dans le briefing du lendemain matin.
Samedi matin, lever à 4h du matin. C’est un peu tôt, mais il s’agit pour ma famille et mes amis d’atteindre Montcalm avant l’arrivée de la tête de course. Il y a plus de 5 h de marche en partant du parking de Lartigue. Ils démarrent donc à 5h20. Je me prépare tranquillement. Je n’ai pas trop d’angoisse car je me sens confiant et surtout en forme. Je vais évoluer dans un milieu que j’aime. Je pars avec un short, un maillot fin sous un maillot manches longues, une casquette et, pour la première fois, des bas Booster de BV-sport. J’ai des nouvelles running à peine utilisées, ce sont les nouvelles Trabucco. Comme matériel, j’ai un chrono, un GPS Garmin et un enregistreur Sony. Le briefing est à 6 h 30, au gymnase d’Auzat. Je pars à 6 h, en petites foulées dans le noir complet. C’est un étrange moment. J’ai près de 2 km pour m’échauffer sur la petite route qui mène à Auzat.
La salle est animée. L’organisateur, autoritaire, impose le silence et annonce deux nouvelles, une bonne et une mauvaise. La bonne est que la course aura bien lieu car les conditions météos, mauvaises encore la veille, se sont considérablement améliorées; la mauvaise est que le départ est reporté à 8 h 00 afin de permettre à l’hélicoptère de monter le matériel, chose qu’il n’a pu faire hier tant la couverture nuageuse était épaisse. Donc, je vais attendre comme tout le monde. Je prends un café et des gâteaux. La salle est pleine. Effectivement, beaucoup de jeunes. Je suis impressionné ; par chez nous, c’est plutôt le contraire. Sur les 270 inscrits, il n’y a qu’une trentaine de V2 et quelques rares V3 ! C’est donc une grande majorité de seniors parmi lesquels nombre de catalans. Visiblement, donc, des locaux qui semblent bien affûtés !! Heu, qu’est-ce que je fais là ??? J’ai décidé d’effectuer la course sans bâtons. Après réflexion, discussion sur le forum d’UFOmag, pour l’avoir expérimenté dans la semaine, ils seraient plutôt une gêne vu le profil du parcours. A réserver sur des courses plus longues comme l’UTMB, et encore, en seconde partie quand la fatigue arrive ! J’avais vu les photos de la course de l’an dernier et j’avais noté que peu de concurrents avaient des bâtons. Là, au départ, je pense que près de la moitié des concurrents en ont ! Etonnant et troublant à la fois !
Depuis quelques dizaines de minutes, j’attends Jean-Marie, l’autre alençonnais. Je l’ai eu au tel hier soir, il vient ! Je vais à la table d’inscription, son dossard est toujours là. Je suis un peu inquiet de son absence. Certes, il est basé à 70 km d’Auzat. J’espère qu’il ne lui est rien arrivé ! Cette heure d’attente me met dans un état mitigé. J’ai quand même pas mal d’appréhension sur les difficultés du parcours, sur mes capacités, mais ai aussi un petit sentiment d’exaltation à l’idée de participer à une course hors norme.
A 7 h 45, nous quittons le gymnase pour rejoindre la ligne de départ dans le village. Je passe la barrière pour le premier contrôle de dossard. Je ne vois toujours pas Jean-Marie. Il ne sera pas au départ. Quelle déception !
8 h 00, voilà, c’est parti ! En route pour le « Caillou » comme ils nomment Montcalm. Je m’élance au milieu du peloton. Nous traversons le village d’Auzat pour gagner la route mais ce ne sont que quelques centaines de mètres de bitume. Puis, nous obliquons vers la droite pour emprunter un sentier. Bientôt, celui-ci s’élève rapidement en lacets. Je continue à courir comme mes compagnons mais la raideur de la pente va calmer le jeu ! C’est donc une marche rapide de rocher en rocher qui succède. Nous nous élevons rapidement et prenons 350 m de dénivelée au km 5. Ce n’est qu’une mise en jambe, sévère certes ! Puis, vient un long moment de répit. En effet, la piste emprunte sur quelques kilomètres un ancien aqueduc. Le bruit des foulées des coureurs sur les dalles de béton raisonne étrangement. J’adopte prudemment une petite allure autour de 10-11 km/h. Je suis en compagnie d’un groupe de jeunes bordelais. Nous courons sous le couvert des arbres. Le température est agréable, le ciel est bleu.
Nous arrivons au parking de Lartigue à la cote 1200m, km 10,2. Il reste 11 km avant d’atteindre le pic d’Estats à la cote 3 143 m, soit une pente moyenne de 20%, excusez du peu !
Le chemin serpente dans les bois de Fontanal, bois de bouleaux, de buis. La file des coureurs s’est étirée depuis longtemps. Je trottine dès que je le peux mais c’est le plus souvent une marche rapide. Le sentier n’est pas encore technique mais il s’élève gaillardement. Ce n’est qu’au sortir du bois que la montagne va s’imposer ! Versants raides, sommets, pics ! Le sentier grimpe sévèrement dans les prés d’altitude parmi les massifs de rhododendrons défleuris et la bruyère, elle, en pleine floraison ! De toute manière, fin août, l’automne est déjà là sur les pentes. Il ne reste que la raiponce, la drave, l’œillet, la campanule et quelques autres pour les égayer.
De temps en temps, je lève les yeux pour voir où j’en suis – et admirer le paysage. Mais je préfère fixer les deux prochains mètres devant moi, question de gestion mentale de l’effort. Cependant, la vision des coureurs en file indienne sur les crêtes rocheuses au-dessus de moi est saisissante.
A chaque ravitaillement, je m’hydrate soigneusement en eau salée, puis en eau plate accompagnée d’un morceau de pâte de fruit. Je suis quand même étonné du sans-gêne de certains coureurs qui abandonnent leur gobelet à 200, voire 300 m du point de ravitaillement ! Bientôt, le refuge de l’étang de Pinet se profile sur un promontoire. En débouchant sur ce replat, la vue est grandiose. Enfin, j’aperçois Montcalm et l’Estats dans toute leur splendeur. L’univers qui m’entoure est définitivement minéral. Le dernier tiers de l’ascension est le plus difficile et le plus spectaculaire. C’est celui que j’attendais avec impatience. Ma vitesse de progression tourne entre 2,5 et 3,5 km/h. Il s’agit de remonter maintenant un talweg très fortement redressé parmi les éboulis rouges d’oxyde de fer. Avant d’aborder cette partie, j’ai reçu les encouragements de ma famille qui s’est postée à cet endroit. Avant d’atteindre l’étang d’Estats à la cote 2 415 m, les signaleurs annoncent - déjà- la descente du premier. C’est un très jeune catalan qui bondit, non ! vole de rocher en rocher ! Bien, chacun son rythme ! je le salue, pas de réponse de sa part, ni des vingts suivants qui dégringolent à sa suite ! Moi, je salue TOUT le monde, na ! Allez, profitons du paysage sublime. Je suis bien content de ne pas avoir les bâtons car il faut mettre les mains pour passer de courtes cheminées ou bien s’accrocher à la paroi. Je passe au-dessus de l’ étang de Montcalm avec un petit névé.
Je suis maintenant au pied des deux pics. J’arrive au col à la cote 2 900 m. Denis est là pour m’accueillir !Ça va , je ne suis pas essoufflé. Je me ravitaille et oblique à gauche en direction du pic de Montcalm. La montée, bien sûr, est rude dans du croulant. Je croise les coureurs qui en redescendent. Je crois arriver mais ce pic est en fait un dôme et le pointage s’effectue à son extrémité est. La vue est époustouflante sur toute la chaîne des Pyrénées. Le ciel clair permet une vue à 360°. C’est une débauche de pics, de sommets. Quelle victoire d’être là ! A chacun son Everest ! Quelques secondes d’éternité !
A mon tour, je fais demi-tour et dévale la pente vers l’épaulement et entreprends l’ascension du pic d’Estats autrement plus raide et plus spectaculaire car plus aérienne. Annick et Isabelle sont là pour m’encourager. Je monte en m’accrochant aux aspérités de la paroi, tout en laissant les coureurs descendre. C’est fou ! Heureusement que je suis concentré et pris par ma course pour ne pas voir le vide car je suis parfois sujet au vertige mais je me soigne de cette manière !!! C’est du délire ! Le sommet du pic est très étroit. Ça s’y bouscule ! Je me fais pointer. Voilà, je suis très ému d’être là. Cette vision d’arrivée en haut de ce pic étroit restera pour moi, je crois, comme un des plus beaux souvenirs de course !
Maintenant, il me reste 21 km de dégringolade ! La descente du pic est tout aussi périlleuse qu’aller ; à mon tour, je croise les coureurs montants. J’arrive à l’épaulement des deux sommets. Un coucou aux amies. Je m’élance dans la pente croulante. Quelle griserie ! Un coureur qui me suit me lance « tu te crois sur des skis ! ». Effectivement, sur le croulant raide, je dérape comme en ski. La prise de risque est importante. Je dévale cette partie à une vitesse que je juge impressionnante. Je passe un certain nombre de concurrents plus prudents. Le ravito du col me permet un court répit. Puis, c’est une descente dans les gros blocs. A mon tour, et plus modestement, je bondis de rocher en rocher, cherchant ma voie dans ce dédale de pierres, de rocs. La rue-balise plaquée au sol me guide cependant. Je suis quand même étonné d’avoir de si bonnes cuisses pour encaisser les chocs des sauts. J’ai laissé partir le jeune qui dévalait avec moi mais je me retrouve en compagnie d’autres coureurs. Tantôt devant, tantôt derrière.
Au refuge du Pinet, je retrouve Mireille et mes enfants. Quelques photos et j’aborde ce second tiers un tempo plus cool. Je suis dans les 25 km où j’accuse toujours un petit coup de mou. Les coureurs sont maintenant très espacés. Un court moment, je suis avec un très jeune basque. Il souffre d’ampoules aux pieds.
Arrivé dans le bois, je retrouve un rythme plus soutenu qui me permet de passer quelques coureurs. Question pied, c’est nickel ! Je suis très content de mes Trabuco question confort, amorti et accroche. Cependant, j’ai vu un grand nombre de concurrents avec des Salomon , bof !
Voilà le parking de Lartigue où je retrouve le bitume pour 2 km. Je discute tout en descendant à 11-12km/h avec un concurrent. Le retour va s’effectuer par un petit chemin qui longe la Vicdessos. Le torrent s’écoule dans des cuvettes rocheuses. Même s’il descend, ce chemin accuse quelques belles remontées ! Cependant, je maintiens ma vitesse à mon grand étonnement. Je passe encore quelques coureurs dont deux du groupe des bordelais. Voilà, je débouche sur la route près de l’usine EDF, à l’entrée d’Auzat.
Tout le long du parcours, cela n’a été que des encouragements et des félicitations. Les bénévoles aux postes de ravitaillement auront été d’une gentillesse à toute épreuve. Surtout un grand merci à ceux qui ont bivouaqué la nuit précédente dans des conditions spartiates au refuge du Pinet.
Je m’engage dans les ruelles du village. Je suis à quelques centaines de mètres de l’arrivée. Je suis très ému. Beaucoup de monde pour accueillir les concurrents. Je passe un petit pont et franchit l’arrivée en un peu plus de 7 h 19 de course. Je finis en milieu de classement, ce n’est pas si mal que ça ! Sur la place écrasée de soleil, il y a beaucoup d’ambiance. Je suis en forme mais, suite à ma mésaventure à l’issue du off normand, je vais cependant me faire contrôler au poste médical. Tout est ok. Je vais me restaurer.
Je retourne à pied au camping de la Bexanelle. Va pour un supplément de 2 km !
Le soleil brille, ma marche est légère, j’ai la tête dans les étoiles!
4 commentaires
Commentaire de JLW posté le 25-08-2007 à 22:14:00
Sympa ton récit, très bien écrit comme tu sais le faire, précis et qui nous laisse un gout de "revenez y".
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 26-08-2007 à 18:41:00
Hou ! Mustang, c'était pas du gâteau ton trail !
Voilà des descentes qui auraient plu au Lutin !
Bravo pour ta perf et aussi pour les photos bien choisies et insérées avec toute la compétence technique requise !
Commentaire de WilloW_bx posté le 25-11-2007 à 19:51:00
Bonjour,
J'y étais, j'ai couru en 7h27, nous avons du courir un peu ensemble. Effectivement, c'était une course superbe. Un profil de course très dur. Mais un temps magnifique. Un très bon souvenir...
Willyam de Bordeaux.
Commentaire de la panthère posté le 24-08-2011 à 12:08:07
un très grand bravo...........
tu vas trouver les cols de la forêt d'Ecouves un peu légers
bisous à vous deux
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