Récit de la course : Le Tour du Plateau d'Emparis 2004, par Mathias

L'auteur : Mathias

La course : Le Tour du Plateau d'Emparis

Date : 22/8/2004

Lieu : La Grave (Hautes-Alpes)

Affichage : 8032 vues

Distance : 21.1km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

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Un échauffement UTMB !

Samedi 21 août, comme chaque été depuis 4 ou 5 ans, je me rends en pèlerinage au Chazelet, non loin de La Meije, pour courir le « tour du plateau d’Emparis », un semi dans un cadre fantastique avec la Meije en toile de fond…

Le chazelet :



La Meije sous les lueurs du soleil couchant



Au programme : un parcours magnifique, pas facile (800m de D+), que j’ai bouclé l’an dernier en 1h52’13. Cette année ? J’ai du mal à évaluer ma forme, même si la 6000D s’est bien passée il y a un mois… J’ai bien l’intention de battre mon meilleur temps sur ce parcours, réalisé en 2003 une semaine seulement après Embrun. Mais l’an dernier j’avais la pêche, entraînement IronMan oblige… alors je m’interroge… Je viens aussi ici pour m’échauffer pour l’UTMB, dont le départ sera donné 5 jours plus tard. Problème : une sciatique et/ou tendinite au fessier droit qui ne me lâche pas depuis 5 mois maintenant. Je suis inquiet. Après 3 jours de repos total (ces derniers jours), des séances chez le vertébropathe, 15 jours de vacances sans sport, etc., ça me fait toujours mal. En général ça s’améliore quand je cours, mais… bof. On verra.
Ah oui, j’ai aussi un autre objectif : enfumer Julien, mon équipier de raid. Pas question qu’il termine devant ! ;-)

Après une bonne platée de pâtes avec les copains (qui courent aussi demain), c’est parti pour une mauvaise nuit (altitude ?). Ptit déj’. Grand bol de lait. Zut, moi qui ai toujours des problèmes de bide, c’est peut être pas une bonne idée? Bref.

2 heures à tuer avant le départ. Je croise L’Toro aux inscriptions, il est un fidèle de la course, il vient ici pour faire sa dernière (et première !) sortie longue avant l’UTMB.
Je pars en cuissard de tri, tee shirt léger, et je décide d’expérimenter mes NB832 de bitume sur ce parcours trail. De plus en plus (6000D…), je laisse tomber les chaussures de trail, trop lourdes et moins confortables (irritations, ampoules). Casquette saharienne, 2 cachetons de sporténine, un bidon de 125ml. J’ai aussi noté mes temps intermédiaires de l’an dernier…

5 minutes d’échauffement, la fesse me fait toujours mal. Ouille.
A 3 minutes du départ, je vois pas mal de coureurs sans eau. Je craque, et cours poser mon petit bidon. Je pars donc sans ravito. Erreur…

10h30 : top départ. J’essaie de ne pas trop forcer dans la violente descente qui lance la course… 50m de D- en 200m. Je me retrouve quand même dans les 2-3 premiers sur le faux plat montant qui suit. Oula, mollo. Je ralentis, me fais doubler par du beau monde. Un traileur, marathonien à ses heures en 2h24, et Thierry Icart.

Km 1 en 3’54. Je cours maintenant avec Julien, un cran au dessous du taquet. Notre objectif : ne pas perdre trop de temps sur mes temps 2003 dans la montée jusqu’au 7ème, et bourrer sur le « plat » (enfin, quand je dis « plat »…) jusqu’au 17ème.

Ca se passe pas trop mal jusqu’au 7ème. On perd régulièrement du temps, mais ça reste correct. Ca me semble quand même mal barré pour faire un bon chrono. D’autant plus que je commence à regretter sérieusement de ne pas avoir pris d’eau. Je dessèche… C’est vraiment malin, alors que j’ai des problèmes de tendinite, de partir sans eau ! Heureusement, la fesse droite a l’air de tenir le choc, ça ne fait pas trop mal.

Km 7 en 35’59. On a monté 300m, mais le plus dur reste à venir. Je profite bien du ravito, 2 gobelets, et c’est tout ragaillardi que j’attaque la montée. Mais je déchante vite… la forme n’est pas là, ça va être difficile. Les mains sur les cuisses, je force pas mal mais reste scotché.

C'est là-bas derrière qu'on va ?




Et arrivé en haut, c’est pire. 51’55 de course, soit 1’40 de retard sur 2003. C’est grillé pour une perf’. Mais c’est pas grave… je me dis qu’on va quand même bourrer un peu pour se dégourdir les jambes… mais dès que j’allonge la foulée, ma fesse se rappelle à moi… ouille ça fait mal… au bout d’une minute, ça ne va pas mieux. Bon allez on arrête les conneries non ? C’est déjà stupide de prendre le départ d’un trail à 5 jours de l’UTMB alors que j’ai mal, mais si en plus j’essaie de forcer… et c’est à peu près au moment où je prends la décision de finir mollo, que je me fais doubler par Julien. Je n’essaie pas d’accrocher. De toute manière, aurais-je pu ? Rien n’est moins sûr… il est en forme le bougre !

J’y vais donc tranquille, et j’en profite pour regarder le paysage. Dommage, si j’avais su, j’aurais pris mon appareil photo… Cette année, je ne croise ni marmotte, ni troupeau avec chien et berger. Mais la montagne est toujours là, superbe… Et heureusement, parce que sinon, c’est pas la joie. Non seulement je ne suis pas en bon état, mais en plus je m’inquiète beaucoup pour l’UTMB, et je m’en veux de faire le zouave comme ça…

Voici le 2ème ravito, Julien pars quand j’arrive (je ne suis pas allé si lentement que ça !) hop 2 gobelets d’eau, un petit cachet de sporténine et toujours rien à manger, et c’est reparti.

Après 1h16 de course, j’arrive au pied de la dernière difficulté. 3’30 de retard, je commence à me dire que je ne passerai même pas sous les 2 heures. Mais qu’est ce que t’en a à foutre, couillon !!!

Mon cardio n’a pas démarré au départ. J’ai envie de savoir, mais avec mon polar, je suis obligé d’arrêter et de relancer un nouveau chrono. Mais ça marche. Avec une FC dans les 170, on ne peut pas vraiment dire que je suis tranquille. Et pourtant… je ne vais pas vite :-(

L’ascension du Col Souchet nous amène à 2340m. Dernier ravito. 6’05 de retard. Ah oui, j’ai bien pris mon temps ! J’appréhende la descente… ouille ma fesse… et je descends prudemment les premiers 160m de D-, en adoptant une démarche saccadée, essayant de préserver ma fesse. Pas terrible.

Allez, encore quelques mètres de montée pour atteindre le col d’Emparis, vers 2200m, et c’est la vrai descente finale, bien cassante, jusqu’au village du Chazelet, 500m plus bas. 1h45 de course, et plus de 9 minutes de retard. Bon allez ça suffit, j’ai envie d’accélérer un peu. J’essaie d’allonger… ça fait mal mais ça passe… bon allez je vais peut être pouvoir m’amuser un peu… allez tiens, celui-là là-bas, je vais le rattraper… je décide de faire la descente, en restant prudent. Hop c’est parti… Ah qu’est ce que je m’amuse ! Dommage que je ne puisse pas tout donner…

J’arrive en bas en 1h58’05. Sur la descente, j’ai maintenu l’écart avec mes temps de 2003. Allez, plus que ce dernier raidillon, qui nous fait prendre 40m de D+ en 200m… et où j’ai habituellement des crampes de folie aux mollets. Mais cette fois-ci, ça passe. Je suis HS, mais pas de crampe. Je mets un point d’honneur à franchir la ligne en courant, en 2h01’40 (19ème/77), acclamé par les spectateurs. Il est pas top le public au Chazelet ? ;-)

Julien est arrivé 3 minutes avant. On attend un autre copain, et je récupère. Mais je ne me sens pas très bien, je décide d’aller prendre ma douche rapidement. Ahhhh ça va beaucoup mieux ! Je suis en bien meilleur état qu’habituellement, mais dès que je suis un peu froid, je commence à boiter, la fesse/cuisse ne va pas bien :-(

L’Toro arrive un peu après, il a l’air radieux ! On papote un peu, il est aux anges L’Toro, il a encore profité un max de sa balade ! Lors de la remise des prix, un petit discours de Thierry Icart fait son effet : il n’y a pas de petites courses, de grandes courses ! Il dit combien il apprécie l’ambiance et le parcours ici. Il a opté pour le Chazelet alors que la fameuse montée de l’Alpe d’Huez avait lieu le même jour ! Ca c’est du champion !

Bilan : décevant pour moi, inquiétant pour la suite, mais tellement positif pour l’ambiance !
Tout d’abord, je me rends compte qu’un entraînement IronMan (mon entraînement 2003), c’est pas de la gnognotte. Aurais-je un jour l’occasion de recommencer l’aventure Embrun ? Ca me fout un coup de bambou de me dire que, peut être, non. Faut avoir le temps, quand même…
Ensuite, je peste, je râle, je rage, et je m’houspille. Est-ce que j’avais besoin de faire le zouave à 5 jours de l’UTMB ? Je me sens bien attaquer l’UTMB en boitant :-(. Je suis vraiment un âne…
Heureusement, y’a du positif : pas de problème de bide pour une fois ! Pas une ampoule ! Pas de douleur à part la fesse ! Et puis, j’ai pu profiter de la course malgré mon inquiétude (et ma lassitude de voir cette satané fesse me faire la vie dure depuis plus de 5 mois !), admirer le paysage fabuleux de la Meije qui me ravit chaque année, apprécier la bonne ambiance qui règne dans ce petit village de montagne, et puis bien sûr, j’ai pu me boulotter l’excellent gratin dauphinois servi avec entre autres du pain fabriqué au village même !


Et pour terminer, une vue sur la Meije, de jour :


3 commentaires

Commentaire de Kiki14 posté le 08-05-2005 à 15:37:00

Mais non t'es pas un âne l'Boeuf...!
quoi dire de plus aprés ce texte et ces images.
Bravo à toi Champion

Commentaire de NoNo l'esc@rgot posté le 12-08-2007 à 19:39:00

Finalement, ce Tour du Plateau d'Emparis, c'est qu'une histoire de fesse ;-)
Et dire que je m'embarque là dedans le week end prochain...Pffff
Promis, cette année, je prends l'APN pour combler le manque de
photos du récit ! Et mitrailler la kikourou team.
Merci pour cet avant-goût bien appétissant.

NoNo_enrôlée_de_force

Commentaire de le_kéké posté le 18-08-2007 à 10:17:00

Bon je lis quand même qq récits de Mathias pour voir la gueule de ce qu'on va avoir demain à se mettre sous les trails, ça à l'air sympa.

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