Récit de la course : 100 km de Vendée 2007, par tot

L'auteur : tot

La course : 100 km de Vendée

Date : 19/5/2007

Lieu : Chavagnes En Paillers (Vendée)

Affichage : 1478 vues

Distance : 100km

Matos : wave rider 10

Objectif : Battre un record

1 commentaire

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Le récit

 

 

 

CR des 100 kms de Chavagnes en Paillers 2007

 

 

Préambule :

 

 

Pourquoi faire Chavagnes 5 semaines après Belvès ???

Quand je l’annonce sur le forum, je ne peux pas dire que l’accueil soit enthousiaste mais peu m’importe car je sens au fond de moi que là-bas sur la terre des Chouans moi le Breton je vais y arriver à passer sous les 10H.  Pourquoi … ???

Après mon « échec » à Belvès (7’ de trop) je suis déçu, abattu et touché dans mon orgueil car je m’y étais vu sous les 10H. Je décide de reprendre mon vélo et d’arrêter la CAP pour le moment. Quelques belles sorties me redonneront le moral et surtout de très bonnes sensations.

Je rechausse les running et il s’est passé un truc. Je cours plus vite avec les mêmes puls (puls VS Belvès)..Bizarre, en 15 jours je serai mieux qu’avant ???

Ok on va voir cela pour de vrai. Je décide de faire une séance de 1000m pour voir et c’est pareil je passe sous les 4’ au kilo. Donc c’est décidé j’irai retrouvé mes potes Patate, Confetti et Cyrano en Vendée.

 

 

La stratégie de course :

 

C’est bien je cours plus vite mais je peux tenir combien de temps ??? j’en sais rien et bien tant pis si je monte à Chavagnes je ne ferai pas le voyage pour rien soit je réussis soit j’explose je n’irai pas là-bas que pour terminer, j’y vais pour battre mon record et le mettre le plus haut possible. Donc je vais prendre des risques car je pars un peu dans l’inconnu. La VS de départ annoncée est de 10,7 km/h (c’est plus rapide qu’à Belvès, normal là-bas c’est plat… !!!) pour viser mon rêve 9H30. (chut c’est un secret j’en ai parlé en déconnant mais je veux le faire.).

La stratégie est très simple je cours à 10,7 km/h tant que je peux et on verra bien.

 

 

La course :

 

On arrive de Dordogne le vendredi en fin d’après-midi et on rencontre Stéph34 et Anne-Cécile au péage sortie 5 Chavagnes en Paillers – Les Essarts. Tiens tiens vous ici… On se revoit plus tard ???. On file au camping déposer les Mini-Tot et Meiji à mes parents qui sont descendus de Bretagne et direction Chavagnes pour le retrait du dossard. On se retrouve derrière une superbe C2, 2 magnifiques vélos (quoique !!!) et 3 ADDMistes à son bord. Le trio infernal est là (Patate au volant, Le Taz en co-pilote et le Confetti replié au fond…)

On se gare, on se bizouille, on rencontre Alain47, Momo, Mico. Je décide de filer chercher mon dossard et de ne pas traîner car je voudrais me mettre au calme et dormir un max.

 

Une nuit courte mais correcte, un petit déj (compote –gateausport maison ), on se prépare et en route avec MissTot qui va me suivre entièrement cette fois. On  vérifie le matériel, les ravitos, je rappelle les consignes pour brider le bourricot (je me connais… !!!) et en avant pour l’aventure. Je présente dans le SAS de départ en quête de visages connus, je retrouve Cyrano, Yves, Anne-cécile et Stéph. Suite au feu d’artifice, le départ est donné.  Tout va bien je cours et échange avec JM, après la 1 ère petite boucle dans le bourg on se retrouve vite dans le noir, quelques lampes éclairent deci delà . Je décide de laisser partir JM car nos stratégies sont différentes mais il est convenu de nous retrouver au 99 ème pour finir ensemble. Les 1 ers kilo, sont faciles, il fait bon, la nature s’éveille, c’est agréable par contre je n’ai pas de lumière et je ne sais pas à combien je cours. Je pointe les kilo mais je cours à la sensation, c’est légèrement descendant. Je rattrape Anne-Cécile et Stéph vers le 8 ème. Tout va bien pour eux, je décide de me caler dans leurs sillages. Tiens je ne vais pas un peu vite ??? . Je retrouve Alex peu avant le 10 ème  tout va bien ma chérie, c’est nickel. Ok, on est parti pour une belle journée tous les deux ???  Le passage au 10 est surprenant 54’20. Euh merde cela va vite on est à plus de 11 km/h ( je me rappelle avoir dit à Pat71 que je respectais toujours ma VS dès le départ…) Là sur le coup je suis surpris, je profite d’une frontale pour vérifier le cardio et c’est tout bon je suis dans le créneau. On décide tout de même de lever le pied avec Anne-cécile.

Ce tour est plus un tour auditif et olfactif dans la Vendée de bon matin. Je commence à transpirer ce que je mentionne à Alex pour les ravitos liquides, il va falloir bien boire et dès maintenant. Alex est aux petits soins pour moi, c’est parfait, je n’ai qu’à me concentrer sur mon allure et mes sensations et écouter mon corps. Et bien il me parle mon corps, il m’envoie déjà des signaux qui ne sont pas de bonnes augures. J’ai les quadri qui sont en train de durcir mais vraiment durcir. Je pense à Ludo qui parle à ses douleurs. Je ferais de même. Je suis inquiet car je ne vois pas terminer dans ces conditions, je n’ai pas encore boucler le 1 er tour.

La cadence a forcément ralentie vous me direz, et ben non je tourne toujours à 10.9 km/h environ (tiens aller une nouvelle pensée pour Patrice qui me voit un bon gestionnaire…)

Là c’est de la vraie gestion, je suis partie sur des bases de 9H08’ pour viser 10H !!!!

Peu m’importe j’ai dit je pète un score ou je rentre.

 

Je me fais remonter par des gens qui m’interpellent le Sieur Robin qui je laisserai filer, puis je ferai la connaissance d’Islander qui partira également. Tu vois Patrice je suis raisonnable sur ce coup-là.

 La douleur est de plus en plus présente au point que je ne pourrais m’accroupir pour la vidange biologique ( pas idée de lever les gens à 3H du mat.. je suis tout déréglé.) Cette pause me confirmera que mes quadri sont dans le même état qu’à Belvès mais au 70 ème kilo. Pas grave, j’intègre la douleur et l’accepte car ma vitesse ne bouge pas et ma démarche parait normale.

 

Avec Anne-cécile et Steph nous seront toujours à portée de vue sans jamais vraiment courir très longtemps les uns à côté des autres. N’ayant pas de suiveurs je les double au ravito mais ils me redoublent et ainsi de suite.

 

Le jour est levé et je cours toujours, j’ai très mal aux jambes, la douleur ne passe malgré l’Advil. Tant pis on verra bien, je ne ressens rien au niveau articulaire et ligamentaire j’ai les cuisses dures, très dures. Je suis concentré sur la ligne blanche au milieu de la route, j’échangerais peu avec les autres coureurs durant ce 100 bornes (pas comme avec le Pirate en 2006 à Belvès qui m’avait trouvé volubile… !!!) car je ne veux perdre mon objectif de vue. Alors j’avance et j’en file kilo après kilo. Le premier du marathon me doublera peu avant mon passage sur la ligne d’arrivée signifiant qu’il me reste encore 2 boucles. J’en suis donc à la moitié. Steph va me chambrer pendant un tour et même plus car lui et Anne-cécile ne se sont pas fait gratter par le premier du marathon. Que vous voulez vous j’allais pas sprinter à 14,5 km/h pour passer la ligne avec lui, je n’en vois pas l’intérêt mais surtout je le pensais un peu plus loin et j’ai trop mal aux jambes pour accelérer sans risquer de faire une connerie. Je communique mes temps de passages à Alex qui me confirme que j’ai un peu ralenti et que je suis maintenant sur les bases de 9h20 ( Tu vois Patrice je suis à la VS convenue, ok c’est un peu long à venir mais j’y suis.) En fait j’ai marché un peu pour voir si cela me atténuait la douleur et si je pouvais repartir facilement.  Je constate que j’ai moins mal en marchant par contre la reprise m’est plus que pénible car la relance sollicite mes quadri qui se sentaient bien avec la marche.

 

Nous voilà dans la 3 ème boucle, Alex m’apprend que Robin n’est pas au mieux. Dommage pour lui mais en fait il a joué la carte sagesse. C’est mieux ainsi. Je rattrape Alain qui lui aussi n’est pas au mieux, on discute un peu mais il me laisse partir. Là je me dis mon pauvre Tot quand cela va être ton tour, tu vas payer cash tes excès. Comme on est dans la partie 50 – 75, le bourricot fidèle à lui-même va une nouvelle fois s’emballer (il est coutumier du fait), bien sûr ce n’est  pas une accelération franche mais le chrono ne ment pas. Je vais terminer cette boucle en étant revenu sur des bases de 10.8 km/h soit 9h15 pour temps final.  Les douleurs aux jambes sont atténuées, présentes mais plus diffuses. (c’est ma boucle la plus rapide)

 

4 ème et dernière boucle, Allez Tot, put… je suis bien, très bien, les jambes sont mieux alors ce n’est pas le moment de s’endormir. J’aperçois au loin une silhouette et un tee-shirt familier. C’est mon ami Cyrano, on devait se retrouver au 99 ème. On discute, on fait le point des forces en présence. Lui pense que cela va être juste pour les 9h30 et il m’encourage pour aller chercher cette barre. Je m’exécute et je le laisse… Je suis regonflé par les mots de JM et Alex me demande de me calmer (je suis à 12 km/h) c’est la 1 ère fois qu’elle intervient pour la gestion de la vitesse. Je remonte un paquet de gens qui ont l’air arrêté. Et patatras, je me retourne Alex est par terre. Merde, Alex ça va ??? Vas-y je n’ai rien me dit-elle.

Ouf, manquait plus qu’elle se blesse. C’est bon je repars, je sens que c’est bon que je vais faire un joli numéro mais j’ai une inquiètude. J’ai pour habitude de venir taper dans la barrière des 85 kms, c’est mon mur à moi. Elle se rapproche et pour l’instant rien. Je discute stratégie avec Alex, on lève le pied ou on continue. Alex est comme moi, elle veut que je fasse un bon chrono donc elle me laisse continuer à mon train. Je sens la fatigue qui arrive mais l’espoir de faire un temps me rend confiant et je tiens sans réellement forcer. J’annonce à Alex que je vais marcher un peu pour limiter les efforts inutiles sur la fin du parcours car ce n’est pas aussi plat que je me l’étais imaginé. Si la 1ère partie de la boucle est légère descente il faut bien remonter, logique implacable. De plus il y a un peu de vent pas grand-chose  mais à la fin des 100 bornes, le vent frais du matin qui était votre ami,  l’après-midi, il est devenu votre ennemi. Les légers faux-plat descendant sont devenus complètement plat et bien sûr les faux-plats montant je ne vous en parle pas, ce sont des vrais petites côtes. Pour corser le tout, il a plein de virages à 90° c’est sympa mais c’est autant de relances. J’approche des 85 kms qui me sont souvent fatidiques. Ma vitesse a un peu baissé mais ce n’est pas palpable j’ai perdu 1’ en 5 kms (28’37) ce n’est rien à ce moment de la course, je trouve cela encourageant. Mais pourtant je dois forcer pour maintenir le rythme, je double toujours autant de coureurs et cela me galvanise un peu, je frôle l’euphorie mais je me garde d’en parler. Il me reste 15 kms  et pas les plus faciles forcément. Je serre des dents, je m’accroche, je le tiens presque mon nouveau record. J’essaie de calculer mais je ne suis plus très lucide pour le calcul mental. Je me sens fatigué certes mais pas exténué, je passe le 90 ème et j’ai bien résisté (28’42). Allez 10 kms et c’est fini. C’est quoi 10 bornes une sortie de récup une heure et j’ai fini. Alors je m’enferme dans ma bulle je coupe le son, j’attends les encourageants d’Alex qui y croit très fort aussi. Je sais que ce n’est pas fini mais je vais le faire, j’ai mal mais je pense au Pirate que j’ai vu boiter bas à Millau mais qui s’est accroché jusqu’au bout. Moi ce n’est que musculaire et une fatigue générale. Cela devient dur, je me dis que Belvès n’est pas si loin et que fatalement la récup n’aura pas été complète et donc je paie. Pourtant je ne lâche pas prise. Je dis à Alex que cela devient dur et que je commence à souffrir sérieusement. Je ne regarde plus qu’un à deux mètres devant moi, je fixe cette ligne sur la route et j’avance. Chaque foulée me rapproche de l’arrivée, c’est un fait mais chaque foulée me fait mal aussi. Je voudrais abréger mes souffrances. Alex n’arrête plus de m’encourager, positivant tout, elle essaie de regonfler son pauvre chéri qui a mal.

 J’arrive au 95 ème en ayant bien limiter la casse (30’37). C’est largement jouable pour les 9H30, je peux même envisager mieux, allez un petit 9h25, juste pour taquiner le Roudaï. Mais je n’en peux plus, je suis au bout de mon rouleau, je ne peux plus avancer. Je me répète inlassablement cette phrase : « ne pas marchez » car je sais que je ne pourrais repartir. Ma tête est en train de rendre l’âme. Je touche au bout mais je craque. Alex ne veut pas que je marche non plus, je regarde mon cardio, je suis passé sous les 8 km/h. Je touche la fond de la gamelle, je racle mais je ne trouve plus de force. Gégé va courir quelques mètres avec moi dans le 96 ème. Merci l’ami inconnu jusque là de venir en aide à un pauvre hère dont l’agonie est proche. Subitement, j’ai la chair de poule, je me sens comme flotté dans l’air, cela commence à tourner. Je dois marcher car je me sens partir. Alex ne comprend pas et m’exhorte pour que je cours. Je lui annonce les symptômes : je vais faire une syncope si je continue. J’essaie de repartir mais rien à faire. Je marche comme je peux, je tourne à 6-7 km/h c’est correct mais je veux dormir. Je veux m’allonger, là dans l’herbe. J’en ai marre de ce « cent kilomètres, je veux tout arrêter. » Alex calcule que je peux toujours passer sous les 9H30. Je m’en fous de mon temps. Je veux tout arrêter et point barre. Mais je m’accroche quand même, elle a raison pourquoi arrêter si près du but. Alex veut aller poser le vélo pour m’accompagner en courant.  Pas la peine si tu pars, je m’arrête. J’ai besoin d’elle à côté de moi, je ne veux pas qu’elle m’abandonne là. Je ne courais plus beaucoup 30’ et je marchais. Les kilomètres ne défilent pas vite à ce rythme mais je m’approche de la ligne, je passe le 99 ème et je peux encore passer sous les 9h30. C’est Diogène qui va me relancer, il fera quelques centaines de mètres à mes côtés à m’encourager, à me porter et me permettra de franchir la ligne dans un chrono de 9h29’17’’ .

 

Je franchis la ligne et je suis heureux, fatigué, ceux du forums sont là. Ils m’applaudissent, me félicitent. Je suis ému, euphorique. Je l’avais rêvé, j’y suis arrivé. Je pense que j’ai été loin pour chercher cette barre qui me tenait à cœur, pour réussir cela il m’aura fallu mes jambes mais beaucoup d’entre vous auront été dans ma tête pour les aider à avancer. Merci à vous.

 

Je ne peux décrire les émotions ressenties quand je suis tombé dans les bras d’Alex, de Patate et de Confetti. Nous étions heureux tout simplement.

 

Je remercie tout particulièrement Dom44 et ma sœur qui m’auront soutenu en direct durant mon périple. Je suis incapable de dire quand vous avez appelez. Merci à vous.

 

 

Merci à toutes et tous pour m’avoir aider dans cette réussite.

 

1 commentaire

Commentaire de Mustang posté le 22-05-2007 à 22:56:00

Bravo pour ton exploit, d'avoir su puiser dans tes dernières forces pour aller au bout de ton rêve!! Tu as eu aussi une équipe qui a su te soutenir!! c'est aussi leur victoire!

Les rêves sont faits pour être vécus!!

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