Récit de la course : 100 km de Millau 2024, par Zaille

L'auteur : Zaille

La course : 100 km de Millau

Date : 28/9/2024

Lieu : Millau (Aveyron)

Affichage : 434 vues

Distance : 100km

Objectif : Faire un temps

1 commentaire

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Retour à Millau pour un sub 11

Il n’y a d’homme honnête qui ne respecte sa parole. Suis-je donc malhonnête d’être retourné voir la belle Millau alors que je m’étais juré de plus m’y piquer tellement j’en avais bavé ?

 

Enfin passer sous les 11 heures ?

Il n’aura fallu que d’un coup de fil, Pascal, ce vil tentateur, pour me faire basculer et me décider de retenter l’aventure millavoise. Une belle aventure cependant, malgré une distance de 100km agrémentée sur sa seconde moitié de quelques raidards qui feraient sortir les bâtons à plus d’un traileur.

Les 100km de Millau, 52ème édition, c’est la promesse d’une boucle de 42km plutôt vallonnée suivie d’un aller-retour de 58km entre la ville éponyme et Saint-Affrique (oui il y a bien deux « f » et on est toujours sur le vieux continent). Cette seconde partie comportera la majeure partie des difficultés que la plupart nomme Montée du Pont, Côte de Tiergues et Côte de St-Affrique. Trois montées (et donc trois descentes) pour à l’arrivée avoir les 1200m de D+.

Il y a 2 ans, c’était mon 2ème cent et j’avais mis 11h31 en passant par des états de souffrance jusque-là inédits. Il était alors hors de question de retourner aussi profond dans la Pain Cave mais que faire ? Je ne suis pas homme à fuir et le défi m’émoustille. J’ai finalement décidé d’y retourner avec pour objectif non seulement de ne plus m’échouer façon phoque sur la banquise sur un muret dans la côte de Tiergues  mais aussi d’améliorer mon temps et enfin passer sous les 11 heures.

 

Tous les voyants sont au vert

Pas de plan d’entraînement spécifique cette fois. Durant l’année j’ai fait du long, du très long et je crois que ma carcasse commence à connaître la rengaine. J’ai principalement borné mais aussi travaillé la course en pente avec des A-R sur route dans les petits cols du coin. J’ai d’ailleurs adoré faire ça !

Mis à part quelques petites gênes dans le dos qu’une sympathique chiropracteure a su effacer, tous les voyants sont au vert. Les presque 50km du W-E dernier comprenant entre autres un semi exécuté tout en maîtrise me donne la confiance nécessaire pour aborder sereinement mon séjour en Aveyron.

 

Maillot lowcost

Volotea ayant eu la bonne idée de ne pas annuler ses vols vers Montpellier cette fois-ci, c’est donc en avion puis en voiture de location qu’avec mes 3 comparses nous arrivons vendredi soir à Millau. Pascal et Alain viennent pour la 3ème fois tandis que Moh va tenter d’entrer dans le club des centbornards, c’est d’ailleurs son défi qui est à l’origine de notre retour ici.

Le soir même on se rend au parc de la victoire pour récupérer notre dossard, ce qui est fait n’est plus à faire. Il est 21 heures passé et il n’y a pas foule, tout se passe très facilement. Petite déception cependant concernant le maillot de l’édition. Déjà, il n’y avait plus ma taille et en plus avec sa couleur vert fluo et impression noire, il ressemble plus à un maillot lowcost qu’on recevait dans les années 2000 à la fin d’un 10km à saucisson. Rien à voir avec celui d’il y a deux ans mais bon … C’est un détail mais le nouveau sponsor, ERREA, un équipementier sportif en plus, inconnu pour ma part, devrait revoir sa stratégie marketing …

 

Une bien belle journée pour aller courir

Réveil aux alentours de 7h, la course démarre à 10h00 et on peut se rendre au départ à pied. Une banane et un pain au chocolat suffiront pour moi au petit-déjeuner. On décolle vers 8h30 pour aller déposer nos sacs à la consigne et j’en profite pour discuter avec des kikoureurs qui reconnaissent ma casquette ou des alsaciens qui reconnaissent mon maillot de Run In Mommenheim.

Le départ est à 10h mais vers 9h30 la fanfare commence à jouer pour attirer les coureurs qui la suivent en marchant dans la rue vers l’arche. On est excité comme des puces ! Je sautille, je suis en court bien qu’il fasse un peu frais mais La météo annoncée est plutôt clémente : nuageuse avec une température aux alentours des 15°C. Une bien belle journée pour aller courir.

 

5:45, allure cible du premier marathon

C’est parti, on est parmi les derniers et il faut se frayer un chemin 2km durant. Alain est à mes côté, lui aussi vise 11 heures et je vais jouer au capitaine de route avec mon tableau Excel que j’ai imprimé. J’y ai noté de ravito en ravito les temps de pause et les allures nécessaires pour le graal, le mien, le nôtre, celui du sub 11.

5:45, c’est l’allure cible sur quasi tous les tronçons du premier marathon. On marque un peu le pas dans les montées et on relâche dans les descentes. C’est une allure où sur les 20 premiers km on discute, on rigole. Tout va bien même si j’ai une gêne dans le bas du dos qui m’inquiète un peu mais qui ne m’empêche en rien.

Je ne zappe aucun ravitaillement. Au minimum je marche le temps de boire au moins de l’eau ou alors je m’arrête un peu le temps de choisir tranquillement ce que je veux absorber. Je remarque tout de suite qu’il y a bien du Pepsi avec sucre et non pas du Pepsi Max sans sucre comme il y a deux ans (une longue histoire avec une hypo au bout me concernant). Evidemment il y a plein d’autres choses et Millau ne faillit pas à sa réputation et ses ravitos 5 étoiles.

 

Je commence à avoir des pensées négatives

Après le 1er semi, je commence déjà à sentir une lassitude, une fatigue, c’est mal barré mais ça m’arrive quelquefois donc on va dire que tout est normal. Alain monte plus vite que moi mais je reviens sur lui dans les descentes. Effectivement ici, le plat on ne connait pas mais c’est aussi ce qui rend cette région tellement belle. C’est d’ailleurs sur cette 2ème moitié de marathon en prenant de la hauteur en direction de Millau que l’on va apprécier le mieux ces décors de cartes postales.

Km30, les descentes d’allongent et je pousse ma foulée à 5:30. C’est l’allure prévue mais Alain s’inquiète, je le rassure en lui promettant de ralentir dans les montées, ce que je fais d’ailleurs sans me forcer. Après le dos, c’est mon estomac qui râle. Je crois que le jus de fruits d’avant n’était pas une bonne idée. Je pense presque à m’arrêter derrière un buisson mais à moins de 10km du passage dans la salle du Parc de la Victoire équipée en toilettes, je serre les fesses en espérant que ça passe.

Km40, on entre dans Millau pour boucler la boucle. Alain est devant, il s’éloigne mais le faux-plat montant rajoute de l’inquiétude à mon état franchement pas des meilleurs pour envisager 60km de plus. Je commence à avoir des pensées négatives. La motivation est en berne et je cogite sur la suite de ma course. C’est un ultra, il y a des hauts, il y a des bas et là c’est plutôt au rez-de-chaussée que je me trouve, déjà, au km42 d’un cent bornes … Même pas la moitié !

 

Je cogite et finalement me ressaisis

Km42, Les marathoniens, partis en même temps que nous, terminent leur course dans l’allée de droite et les autres à gauche pour se ravitailler avant de repartir et ressortir de la ville. Je m’assoie, je suis éreinté, lassé, fatigué. Je prends mon temps, je mange, je bois, je cogite et finalement me ressaisis. Alain est probablement reparti depuis un moment, tant mieux, je ne veux pas être son boulet.

Un pas devant l’autre, oublier le chrono, avancer, Ce ne sont plus 60 mais « plus que » 58km, cette dizaine annonçant la proche moitié de course me requinque. C’est aussi bête que ça. Un ultra on apprend à berner sa caboche et je commence à maîtriser le sujet. J’en parle même à un concurrent, il acquiesce mais pas sûr qu’il en pense autant.

C’est reparti, je passe malgré tout, par sécurité, par les toilettes puis enclenche ma montre pour un nouveau tronçon sur lequel je vais essayer de continuer à respecter mes allures prévues. Il n’y a que cette pause prolongée de 8 minutes qui me sort de la feuille de route, je garde donc encore l’espoir d’atteindre mon objectif.

 

On court ! On ne marche pas ! On court !

A l’attaque de « la Montée du Pont », cette route qui passe sous le fameux viaduc. 3km à 8%. Certains accompagnateurs en vélo marchent, des coureurs aussi et moi-même j’ai d’abord pour idée de marcher aussi mais voyant l’un ou l’autre coureur trottiner, je me ravise. Pourquoi je marcherai ? Les jambes fonctionnent, les mollets sont un peu crispés mais rien d’handicapant. Certes le cardio me fait comprendre que ce n’est pas une bonne idée mais tant pis, on est là pour courir quand même !

Km50, la bascule kilométrique mais aussi celle dans la descente après cette première difficulté. J’ai hâte d’être au pied de la prochaine pour me re-tester dans cet exercice. En attendant ça descend pas mal, 3km aux alentours de 5:15. Les jambes vont bien et j’arrive rapidement au prochain ravito où je vais m’assoir à nouveau pour m’alimenter. Je vais quasiment le faire à chaque fois maintenant mais en contrepartie, le contrat moral ça va être : on court ! On ne marche pas ! On court !

 

L’objectif du sub11 est totalement oublié

J’essaie toujours encore de respecter les allures souhaitées mais ne me freine plus quand je vais un peu plus vite. En revanche je ne regarde plus mes temps de passage, j’ai totalement oublié l’objectif du sub11 qui s’est malheureusement envolé depuis longtemps. Pas grave, maintenant je veux terminer avec la manière et sans connaître les abysses de la souffrance comme en 2022. Tout ça reste hypothétique mais c’est ce qui me fait avancer.

Un long faux-plat montant nous emmène vers St-Rome où je cours à 6:20. C’est là aussi que je croise le premier sur le retour au km57 pour moi et km85 pour lui (oups). Il a une avance phénoménale sur le 2ème que je ne verrai que 30 minutes plus tard.

 

Côte de Tiergues

Nous y voilà, km61, St-Rome au pied de la « montagne ». Je prends mon temps, recharge les batteries avant d’entamer ce morceau de 4km si souvent redouté. Je bois mon premier gobelet de bière commençant à me lasser du sucré. Je me sens cependant bien et me rends compte que je vais aller au bout car autant je me sens bien physiquement, je me sens très bien mentalement, motivé, prêt à en découdre.

Pas grand monde qui court dans cette Côte de Tiergues mais je me fais quand même dépassé par le meneur d’allure des 11 heures. Je venais de penser à lui en me demandant où il était (je l’avais dépassé tout au début quand j’étais encore avec Alain). Il y a à peine deux coureurs qui l’accompagne et discute tout en trottinant dans ces pourcentages où moi je respire comme un bœuf.

 

Alain est là

Tout en haut, ou presque, le Col Serge Cottereau, au nom de l’inventeur de la course, une petite pensée pour lui mais déçu de ne pas l’avoir vu au bord de la route comme la fois d’avant, une légende ! J’ai réussi à courir à 8:00 au lieu des 8:30 prévus donc je suis content mais arrive bien entamer au ravito du sommet. Il n’y a pas de chaise et m’assoie sur une table en descendant 2-3 gobelets Pepsi.

« Alors ça va ? » « Mais qu’est-ce que tu fous là ? Je ne pensais te revoir qu’en te croisant sur le retour ». Alain est là. Il a des douleurs de hanche qui le contraignent à plus de marche. Il me fait remarquer mon teint cadavérique pendant que je m’empiffre. Effectivement cette montée m’a bien éprouvé mais la descente qui nous attend et l’arrivée au point de demi-tour à St-Affrique me font oublier mon mal, j’ai hâte d’y retourner.

 

Retour dans le Game

On part ensemble en direction de ce point tellement symbolique. Les anciens disent souvent que c’est là que la course commence, à St-Affrique au km71. Quasi 5km de descente que j’exécute entre 5:10 et 5:30. C’est long et le panneau d’entrée d’agglomération est une vraie délivrance. Alain m’a demandé de partir, il ne peut pas dérouler dans la descente, peut-être que l’on se reverra au ravito. Je m’en souviens de ce ravitaillement, il y avait de l’Orangina et peut-être que …

Hallelujah !! Mon élixir est bien là. Je plaisante avec les bénévoles qui m’autorisent à monopoliser une bouteille pour me servir plusieurs verres d’affilées, quel bonheur. En plus, pour la première fois depuis longtemps je regarde mon temps de passage : 7h27 de course pour 7h26 de prévus. Je reviens dans le Game mais je crois que ce sont mes arrêts gastronomiques qui me ramènent systématiquement à 7-8 minutes du sub11.

Peu importe au moins je repars « en pleine forme » après ce remontant glucidique et entame le retour vers Millau avec l’objectif de gratter encore quelques minutes ou secondes dans la montée que je viens de descendre. Les messages de proches m’aident à me lancer avec plus de détermination encore. Je trottine à 7:00 ou 7:30 et gagne ainsi une minute tous les km sur mon estimatif avec une réelle facilité que je trouve presque suspecte .. A quand le coup de massue ?

 

Plus que 20km

Dans la montée, je sais que je vais bientôt croiser les 2 copains Pascal et Moh, ça ne devrait pas tarder et je scrute inlassablement tous les coureurs que je croise, je ne voudrais pas les louper. Je dépasse beaucoup de monde, des coureurs et des cyclistes accompagnateurs qui sont dans le mal. Pour ma part ça va, je suis très essoufflé mais je prends plaisir, espérons juste que ça dure.

Je retrouve le ravito en haut de la côte et reprends une bière. J’essaie de manger un petit sandwich mais ça ne passe plus. C’est plutôt inquiétant car il reste plus de 20km et il faudra bien que je continue de m’alimenter. Je me force à prendre de la boisson iso dégueulasse mais je sens presque immédiatement que ça me fait du bien. Je joue vraiment à l’alchimiste avec mon estomac, pour l’instant ça fonctionne … On croise les doigts.

 

Estimation du chrono d’arrivée entre 11h15 et 11h30

La plus grosse difficulté est à présent derrière moi et c’est en m’apprêtant à redescendre la fameuse Côte de Tiergues que je croise enfin les deux compères. Ils ont l’air en pleine forme et ça fait plaisir de les voir ainsi. On s’encourage, on rigole sans s’arrêter mais ce sont plein de bonnes ondes qui me feront passer la borne du km80 avec que des pensées positives. Je le sais maintenant, je serai à l’arrivée quoi qu’il arrive.

En bas de la côte, au ravito, je reprends de la boisson iso, je subtilise carrément des fonds de bouteilles que je vide au goulot. Ce n’est pas très bon mais je sens que ça fonctionne. Pas d’écœurement et en plus ça désaltère bien. Une fois de plus je prends mon temps, j’estime à présent mon chrono d’arrivée entre 11h15 et 11h30 donc peu m’importe de perdre 2-3 minutes de plus.

 

Frontale, brassard lumineux et baudrier fluo

A présent ça va être une partie un peu chiante, un long faux-plat, descendant cette fois, en direction du pied de la dernière côte. 7km où on croisera encore des dizaines de coureurs et marcheurs ayant encore plus de 40km à faire, la nuit sera longue pour eux ! Respect ! J’avance mais j’ai perdu en allure malgré un dénivelé négatif et un vent favorable.

St Georges, il commence à faire sérieusement nuit, pile au moment ou les nuages commençaient à laisser un peu de place au soleil. Avant de rentrer dans le ravito, une cour d’école, un bénévole m’avertit de suite qu’à la sortie je devrais être équipé pour la nuit. Je sors ma frontale, mon brassard lumineux et mon baudrier fluo. Tout en sirotant une bière (Je m’appelle Eric et je suis alcoolique), je m’équipe en discutant avec un coureur qui jauge notre arrivée vers les 21h15 (11h15 de course), je pense qu’il est dans le juste.

 

Pac Man !

Je repars tout lumineux et trottine en envoyant un message à Laetitia « Tout va bien, reste 11km mais je mettrai plus de 11h » - « Continue, tu es 174ème ! ». Hein ? Il faut savoir que ma satisfaction personnelle en termes de classement se situe dans les 15%. Certain c’est le podium, d’autres le top 10, bon ben moi c’est 15%, c’est là que je suis que je fais une « bonne » course. Et donc, considérant les 1200 au départ, ça voudrait dire que si je suis dans les 180 premiers je pourrais être pleinement satisfait … Go, un nouveau shot d’adrénaline. Une fille me dépasse en début de montée avec le viaduc en visu, je l’accroche et finalement la lâche en remettant une couche.

Je ne vais pas arrêter de doubler dans cette dernière montée, chaque points lumineux au loin seront autant de petits fantômes pour le Pac Man que je m’imagine être devenu. Je suis essoufflé mais les jambes répondent super bien et cette difficulté devient un vrai plaisir. Très vite j’arrive à ce dernier point culminant d’où la belle Millau s’offre à moi en contrebas parée de mille feux, rien que pour moi … Je divague, c’est l’euphorie de la proche arrivée.

 

10h37 !!!!    !!!!

Je dépasse un dernier coureur et plonge dans la descente. Mon allure semble rapide mais je sais que ce n’est qu’une impression, le corps de ment pas ! 5:14 au mieux dans la partie la plus raide mais personne ne me dépasse. J’entends le pas d’un coureur derrière moi mais ne lâche rien et finalement le distance, 15%, 15%, 15% ! Tout en bas, un petit raidard que j’avais cette fois bien enregistré et qui finalement ne me pose aucun problème.

Je passe la borne des 95km, purée 5km !! On y est ! Il reste encore un ravito, je pensais le zapper mais j’ai trop envie de me désaltérer. 96km, le ravito, je m’arrête, suce 2-3 quartiers d’orange.  Les bénévoles sont à table et veulent me faire le service mais non, c’est inutile, je ne veux rester et là je regarde ma montre … 10h37 !!!! (je rajoute encore quelques points d’exclamation si vous le permettez) !!!!

Le calcul mental, j’aime ça : 11h – 10h37 = 23 min et 23min / 4min = 5:30 au kilo … A la louche. Oh P…n !!! Je tape sur l’épaule d’un coureur qui vient d’arriver : « On peut faire un sub11, 23 minutes pour moins de 4km ! » … Il s’en fout mais moi je fonce. Je n’y crois pas, j’ai explosé toutes mes prévisions sur cette dernière portion où j’ai eu la sensation de voler et maintenant mon graal est à portée de baskets mais ça va être serré.

 

10h59 et 16 secondes

Je cours à 5:15 sur une portion de piste cyclable, du gras, encore du gras, je pense au faux-plat montant dans Millau juste avant l’entrée du parc. Je sais que le dernier km sera plus lent, il faut que j’engrange des secondes d’avance car oui ça se jouera à quelques secondes, je le sais.

Je rentre dans Millau, il fait sombre, je scrute au loin pour être sûr de ne pas me tromper, j’interpelle un bénévole, « C’est par là ? », je ne vois plus le fléchage sur la route, je cours et consulte ma montre : 10h52 et il reste peut-être 1km, je ne sais pas, j’ai loupé la borne des 99km.

Un vrai dédale, je ne reconnais rien, à droite, à gauche, à droite et là, oui, les grilles du parc. Je dépasse un coureur en l’encourageant : « 3 minutes pour le sub11 ». Je rentre dans le parc, l’allée de barrière, la petite passerelle pour rentrée dans la salle et top chrono : 10:59:16 ! Je l’ai fait ! C’est incroyable.

 

Bravo à tous !

Le speaker me félicite pour mes 11 heures, il a compris que c’était mon objectif même si le temps officiel est 11:00:39 (la différence est le temps entre le coup de feu et mon passage sous l’arche de départ). Je n’en reviens pas de cette remontada. On me gratifie d’une casquette aux couleurs de la course et je cherche tout de suite une chaise.

Je suis heureux mais pas bien. Assis avec un verre de Coke que je ne peux pas avaler je commence à grelotter. Le froid de la nuit me rattrape et voilà que je deviens nauséeux. Je connais cet état et décide sans hésitation de me rendre à l’infirmerie où une fois couché et couvert par 4 couvertures je reprends des couleurs.

Après 45 minutes d’infirmerie je ressors et m’apprête à consulter le suivi live pour estiver la venue d’Alain. A peine le téléphone en main, le voilà qui déboule en tout juste moins de 12 heures. Il a souffert et s’est même arrêté pour soigner deux grosses ampoules. Ne reste plus que Moh et coach Pascal. Ils arriveront après 14h15 de course avec beaucoup d’émotions pour Moh qui devient ainsi centbornard sur la plus belle des courses, félicitations et bienvenue au club. Bravo à tous !

Ah et les 15% alors ? 157ème/1089, je vous laisse faire le calcul 😉

1 commentaire

Commentaire de Badajoz posté le 06-10-2024 à 06:41:39

Très beau reçit, tu m'as donné envie de faire cette course mythique. Et quel suspens ! Bravo pour ton sub11.

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