Récit de la course : Trail du Lac de Paladru - 82 km 2024, par bubulle

L'auteur : bubulle

La course : Trail du Lac de Paladru - 82 km

Date : 20/4/2024

Lieu : Montferrat (Isère)

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Distance : 82km

Objectif : Pas d'objectif

13 commentaires

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Ça va pas, là, dru ?

Bon, si je renouais un peu avec les récits de course ?

Je viens d'en zapper trois successifs, ça commence à sentir la pente dangereuse de la feignasserie. Faut dire que nous, les (semi-)retraités, c'est bien connu, on n'a pas un instant à nous.

Donc, challenge, écrire ce récit en 1h56, dans le TGV du retour. C'est pas gagné, vous me connaissez ? Avec un peu de chance je serai arrivé à Oyeu, quand on arrivera à Gare de Lyon.

Bon, alors, déjà, pourquoi Paladru ? En fait plusieurs raisons ! Déjà, j'avais un trou dans le calendrier 2024, avec aucune course planifiée entre l'Auffargis de mars et l'UBS de mai. C'est qu'il y a quand même un 100km au Queyras en début juillet, donc si je pouvais éviter d'y arriver en touriste, ça serait aussi bien.

De plus, c'est le format de distance dont je pense avoir besoin pour me remettre dans l'esprit du "long". 80 kilomètres, c'est un bon compromis : ça rentre dans une journée, mais c'est quand même déjà un format où il faut commencer à se gérer pour ne pas finir totalement à la rue.

Et puis, la région de Grenoble, c'est pratique pour un "parigot" (VERSAILLAIS, je vous prie). 3h de train et, hop, on est sur place. Cela évite de mobiliser un trop long week-end pour la course...surtout que le 82km est le samedi.

Et y'a quand même un peu plus de dénivelé que sur notre morne Ecotrail où, en plus, je connais chaque caillou et chaque bifurcation par cœur.

Et, pour couronner le tout, le problème du logement est simple à régler : j'ai juste à demander à coco38 qui y est dans son jardin, là-bas. C'est ça qui est bien avec Kikouroù : dans notre grande communauté, on ne se prend pas la tête, on fait dans la simplicité : et que je mets un message à Jean-Claude et que tout de suite j'ai une réponse que je suis le bienvenu (ce qui va se confirmer tout ce week-end) et que, hop, le problème du logement (et accessoirement du transport depuis la gare vu que Paladru est un peu desservi probablement par un car par jour...) est réglé.

Enfin, je ne connais pas trop cette région du Nord-Isère. Je sais que ce n'est pas de la montagne, bien sûr : elle est juste à côté avec la Chartreuse, mais le point culminant de la course est à 805m d'altitude. En fait, on est sur un parcours dans des collines, autour du lac qui sert de thème à la course. Mais, avec tout ça, l'organisation a quand même tracé un "80km" qui arrive à cumuler un peu plus de 3000 mètres de dénivelé. Un bon compromis pour chercher à retrouver un peu ces sensations de montées un peu longues, mais aussi de sections où il faudra courir (ou, sur la fin, marcher vite) et faire un peu l'état des lieux du bubulle.

C'est donc un peu comme ça que je me retrouve sur cette ligne de départ dans le camping du Joyeux Clapotis de Paladru (le vrai nom c'est "Détente et Clapotis", mais j'aime bien le "Joyeux Clapotis"). Soit dit en passant, ce camping doit faire une option d'hébergement sympa pour la course, si on habite un peu loin. Et que j'y m'y retrouve avec coco38 qui a décidé de tenter ce 82km presque tout neuf (créé en 2023), alors qu'il a déjà couru toutes les autres distances. Et le truc sympa d'être hébergé à côté, c'est que j'ai eu à mettre le réveil à 4h30 seulement (j'aime avoir du temps avant de partir sur un départ). Idéal, je vous dis !

Côté météo, c'est mitigé. Il n'est pas prévu de grosse pluie (la première édition a été un peu cauchemardesque sur ce plan), par contre le temps est très couvert et, surtout, un vent du Nord glacial va nous accompagner tout le long.

Je pars en tee-shirt+manchettes+coupe-vent. Pas de veste de pluie dans le sac (que je crois! En fait, je l'avais mise!), juste un TS manches longues "au cas où", et une paire de gants si jamais j'avais les mains qui commencent à geler (je dois avoir un Raynaud...qui a tendance à apparaître de plus en plus au fur et à mesure que j'avance dans la sénilité).

219 coureurs au départ, on ne va pas se marcher sur les pieds! Je suis même sûr qu'au bout de 20 kilomètres, on va tous être égrenés à des dizaines de mètres de distance et qu'il y aura des sections sans voir personne. Cela tombe bien, j'adore ça, même si c'est alors souvent difficile de se rendre compte si on est plutôt "bien" ou pas.

Avec coco38, nous nous plaçons à l'arrière. Lui veut surtout terminer et craint de se retrouver dernier dès le départ (il fait une grande partie de la course en marche rapide, étant un bon spécialiste de marche athlétique, si vous le connaissez, vous savez qu'il peut le faire !). Il n'est as prévu de partir ensemble et je pars donc à mon rythme prévu, plutôt lent.

Comme les 2 premiers kilomètres sont plat, je me fais évidemment dépasser de partout. Toujours aussi étonnant de voir que certains partent sur ce type de course comme sur un marathon, quasiment en surveillant leur "allure". Je ne vais pas vous jouer le vieux blasé, mais c'est sûr qu'avec un bon paquet de dossards sur plus de 50 bornes (celui-ci est le 82ème), je commence à savoir de quoi il s'agit.

Et donc, le pépère part pépère. Au bout de 2,5km de plat, ça commence à monter...et progressivement à marcher. Les bâtons sortent de partout. Moi, j'ai oublié de prendre les miens! Dommage, je voulais continuer à pratiquer la course avec bâtons, sur les sections roulantes, ce qui m'avait très bien réussi à Auffargis. Eh bien, il faudra faire sans, je ne me prends pas trop la tête. De toute façon, je double quand même en montée... logique, quand la moitié du peloton promène ses bâtons comme des cannes de grand-père. Bon sang de bonsoir, depuis combien de temps je vous écris d'apprendre à faire de la marche nordique correctement pour que vos appendices vous servent à autre chose qui picorer le sol ? Et évidemment, dès que ça monte moins, "ça" se remet à courir. Encore un truc que tu apprends au fil du temps : si tu sais que, sur la fin de la course, tu vas marcher à chaque fois que ça monte et même que tu vas le faire sur le plat.... arrête de t'échiner à courir en montée au début de la course. C'est du simple bon sens.

Rappel du mantra du bubulle : si tu te bats contre le terrain, le terrain, il gagne toujours. Donc, tu marches et tu te fais (lentement) dépasser par les autres.

Cela mis à part, ces 10 premiers kilomètres sont relativement faciles et roulants. On ne monte pas à plus de 600 mètres et il y a deux bosses avant le premier ravito, situé à 11,6km. La descente entre les deux bosses est un peu raide, mais sans difficulté, donc là aussi je me laisse pas mal dépasser.

Globalement, cependant, ça commence à s'équilibrer et je commence à voir les mêmes coureurs : citons, pêle-mêle, avec les surnoms que je leur donne mentalement, "grand machin à coupe-vent marron", "la fille en bleu qui court bien et sait bien marcher", "la fille au legging bariolé qui devrait arrêter de courir en montée" et "le mec qu'a l'air pas tout jeune que, peut-être c'est un M5 et qu'il court tout le temps, il va exploser". On commence à jouer au yoyo, les uns, les autres.

Grand machin à coupe-vent marron
Grand machin à coupe-vent marron, devant

 

La fille au legging bariolé qui devrait arrêter de courir en montée

Le coupe-vent est allé se faire voir une fois que la petite pluie qui s'est invitée pendant la première montée, se soit (heureusement) terminée. Dans la deuxième bosse, qui est en pratique en plusieurs temps, avec des transitions courts et roulantes (cela arrivera souvent sur la course), je suis donc en tee-shirt-manchettes, voir en TS tout court au bout d'un moment. Mais, quand le vent se lève à nouveau, ça a parfois tendance à devenir juste, c'est un peu pénible. Juste avant le premier ravito, je vais d'ailleurs finir par me décider à remettre le coupe-vent car cela semble empirer : les nuages nous envahissent, et le vent est toujours aussi fort et glacial. Et l'arrivée au ravito 1 est un long faux-plat montant au milieu de champs.

Les pauvres bénévoles de ce ravito ont du mérite car ils ont juste une tente-barnum carrée et sont totalement en plein vent. Ravito bien fourni en sucré et salé. Du simple, mais efficace. Je prends rapidement un peu de tout en vrac, je "fais le plein" de la seule flasque entamée (donc, en gros 20 centilitres!) et je repars aussi sec avec un petit messages Whatsapp à la famille et aux Mordoriens.

Ravito 1 : km 12,8 - 1h42 en sortie pour 1h48 prévue (- 6 minutes) - Environ 5 minutes d'arrêt - 166ème à l'entrée et 4ème Master 5 (le 1er 16 minutes devant, le 2ème 12 minutes, le 3ème 5 minutes)

Finalement, j'ai à peu près tenu mes temps, me rends-je compte... après avoir quand même vu que j'avais arrêté par erreur ma montre en remettant le coupe-vent 1km avant le ravito. J'ai donc un décalage de 12 minutes et environ 1 kilomètres entre ce que me dit ma montre et la réalité.

Les choses un peu plus sérieuses commencent après ce premier ravito. Après une traversée quasi plate, une première côte un peu sérieuse se présente : 130D+ en 800 mètres. Me voilà illico aux basques d'un petit groupe car ce sera souvent, par l'effet magique des côtes. J'attends patiemment la fin car le profil de mon roadbook m'annonce une descente un peu raide (donc propice aux dépassements) puis un assez long plat descendant. Donc, pas la peine de bourriner pour passer...ce qui tombe bien car c'est très étroit. Notre petit groupe se désagrège dans cette descente et moi je suis devant...:-)

S'ensuit une deuxième bosse, assez facile (130D+/1,6km), où on peut maintenir un bon rythme à la marche. Les 4 premiers du 54km (partis 1h après nous) nous dépassent, juste avant la bifurcation où ils vont shunter notre parcours une première fois, économisant 12,5km. Ce qui fait que je ne verrai aucun coureur de cette course ensuite.

Montée ensuite sans histoire. Nous commençons à être largement espacés, donc peu d'événements notoires.

Sommet à 727m d'altitude, ce qui me permet de vérifier l'exactitude de ce que me dit ma montre. Cela me sera utile pour bien anticiper les évolutions du terrain, avec les indications que j'ai mises dans le roadbook. J'en avais volontairement fait un très précis et je vais énormément l'utiliser pour visualiser à l'avance ce qui arrive, et adapter l'effort en fonction. Je pense que cette façon de faire m'a beaucoup aidé pour gérer la course.

Quelque part avant le sommet...

 

Cela me permet notamment de savoir que la longue descente qui nous attend, jusqu'au deuxième ravito (Château de la Pupetière) se fera en 4 sections séparées par des plats (ou plats montants, voire mini-bosses) et qu'elle sera plutôt roulante à faible pente. Au total, 275m en 4,6km, on a vu plus raide...:-). Ce qui veut dire "gestion, gestion, gestion". C'est tellement facile, à même pas 20km de course, de se laisser embarquer, et rattraper chaque coureur aperçu devant. Mais je sais que ce n'est pas maintenant que se fera la différence. La patience est donc de mise.

C'est donc à peu près comme cela que j'atteins le deuxième ravito, quasiment à un des points les plus bas, dans la Vallée de la Bourbre, où passe la ligne SNCF Lyon-Grenoble (oui, vous vous en fichiez, je sais).

Ravito 2 : km 22,7 - 3h04 en sortie pour 3h21 prévues (-17 minutes) - Environ 5 minutes d'arrêt - pas de pointage

Un petit papotage avec les bénévoles, la grignote habituelle (sans oublier la rituelle banane) et c'est reparti ! Au menu, une section assez longue (15km), avec une double bosse assez compliquée, avec une descente un peu raide, puis une traversée de plaine quasi plate de près de 4km avant le ravito d'Oyeu (le profil la montre comme une bosse mais c'est en fait un long plat montant suivi d'un long plat descendant).

 

Je démarre un peu isolé, avec personne loin derrière et un petit groupe de 3 coureurs que je vois à 100-200m devant. La première montée est longue, régulière et moyennement pentue (dans les 10% environ). Si j'avais les bâtons, cela enverrait assez lourd et, même sans, j'avance bien. Juste avant la fin de cette côte, un signaleur est posté... pour nous empêcher de couper et rejoindre le parcours qu'on voit passer quelques dizaines de mètres à gauche... mais 3,5km plus loin! Une descente aussi relativement peu pentue, mais très boueuse à un endroit, me permet de dépasser les trois coureurs... dont "grand machin à coupe-vent marron", "la fille en bleu qui court bien et sait bien marcher" qui ont apparemment un peu peur de salir les chaussures...:-). Ce ne sont pas quelques flaques qui vont arrêter un Guerrier du Mordor et je trace dedans comme un gros sauvage.

Résultat : au poste de pointage CP2 qui suit (et est destiné à confirmer que personne ne zappe cette boucle), je suis tout seul...

CP 2 : km 26 - 160ème (+6) - "grand machin" est Xavier. Ce sera la dernière fois que je vois "grand machin", il abandonnera entre le CP4 et le CP5. Gaëlle finira 1h15 derrière moi...:-)

Quelque part après le PC2

Très longue remontée, entre ce CP2 et le sommet de la bosse : 270D+ en 2km environ. En trois sections séparées par deux paliers. La pente des côtes est quand même d'environ 20%, ce qui commence un peu à attaquer à presque 30km de course. Au deuxième palier, on repasse pas loin du signaleur et j'essaie à tout hasard de regarder si je ne vois pas coco38 (je repasse à cet endroit 30 minutes après mon 1er passage, mais il repasse en fait 45 minutes après, au vu du pointage du CP2). Le signaleur a l'air de pas mal s'ennuyer et fait des aller-retour en courant sur le chemin pour se réchauffer ! Il devait alors lui reste 4 ou 5 coureurs, dont le dernier qu'il attendra 41 minutes après le passage de l'avant-dernier... qui était Jean-Claude.

Sur la fin, encore 2 ou 3 coureurs dépassés, il me semble, dont "la fille au legging bariolé qui devrait arrêter de courir en montée". Elle ne court plus (mais vu la pente, je crois que personne n'a couru, ici). Et s'appelle donc Chrystel vu qu'elle a, un peu avant, été pointée 2 places devant moi. J'aime bien faire ces petites enquêtes rigolotes... qui ont tendance à me conforter sur mes tactiques de gestion de course.

Sommet atteint avec, il me semble, environ 45 minutes d'avance sur le roadbook, je me rappelle avoir regardé.

Juste après, à l'endroit où le parcours du 54km nous rejoint, nous voilà à nouveau pointés :

CP 3 : il a existé sur le live, mais n'est plus accessible. Cela étant, PhilippeG m'a mis dans un SMS (que je n'ai fort heureusement pas lu) que je suis 4ème M5 et à 5 minutes du 3ème.

La descente est un peu sans histoire. En pratique, au début nous suivons la crête de la colline où nous sommes montés, donc c'est un faux-plat descendant en forêt, très roulant. Je ne crois pas y avoir vu personne, mais je rattrape juste deux coureurs sur la toute fin.

Sur la fin de cette crête, la vue à droite...
... et la vue à gauche
(le grand pylône en haut de la colline de droite,
on y sera dans quelques heures et kilomètres).

 

Juste avant une très amusante descente bien raide dans une espèce de mini-single qu'on croirait avoir été tracé pour la course. Super amusant, il nous fait dévaler de 2x80 mètres un peu techniques et où, donc, je suis à mon avantage (évidemment, sur une vraie course de montagne, je me ferais abominablement poutrer par des chamois savoyards, mais là, j'ai l'impression d'être un aigle).

Et, on se retrouve en bas pour "La Purge". Les 4 kilomètres de "plat pas plat" jusqu'au ravito d'Oyeu. En gros, il faut marcher quand ça monte, même très peu. Et essayer de trottiner quand ça descend un peu. Et faire au feeling quand c'est plat. Mon feeling me dit de plutôt marcher. Tant pis, si ceux que j'ai dépassés au bas de la descente, repassent, je suis à peu près sûr que je fais le bon choix. Arriver un peu au bout de sa vie et s'alourdir les jambes juste avant un ravito c'est rarement bon !

En pleine purge....on vient de là-haut !

 

C'est vraiment une bonne grosse purge, surtout les deux derniers kilomètres où on voit le village bien loin et où on sait que c'est là qu'est le ravito.

Ravito 3 : km 37,7 - 5h13 en sortie pour 5h50 prévues (-37 minutes) - Environ 5 minutes d'arrêt - pas de pointage

Je repars donc toujours bien optimiste même si, comme je le dis en message WhatsApp à la famille et aux Mordoriens que je commence à avoir les jambes un peu lourdes. Après tout, on approche de la mi-course, donc ce n'est pas surprenant !

Arrêt plus court que prévu car j'applique toujours exactement le même protocole

 

La section suivante commence par une grosse bosse d'environ 200D+ et autant de D-. Sur le profil, la montée semble bien régulière et pas d'une pente trop importante, aux alentours de 15%. Ce qui se confirme : on monte sur un chemin large et agréable, d'abord dans un vallon puis en direction de la crête. Je démarre avec un coureur qui me reconnaît ("mais c'est bubulle" : eh oui, je porte la casquette rouge, celle qui gagne) et se présente à moi comme "Seb". Je ne creuse pas plus et on papote un petit peu sur nos états de forme respectifs. Lui est pas mal gêné dans les montées par un mal de cheville lié, si j'ai bien compris à un problème sur l'articulation qui fait que sa cheville se "bloque" à la flexion. Effectivement, ce ne doit pas être simple, surtout pour monter ! On discute de choses et d'autres, puis il m'indique qu'il va me "laisser partir".

Pas d'autre événement passionnant ensuite. Sur la partie quasi-plate en haut de la bosse, près du l'étang du Levatel (c'est le nom de cette colline), je trouve un coureur qui s'interroge s'il est bien sur le parcours et je lui confirme que, pour moi, oui.

Le petit lac du Levatel

C'est l'occasion pour moi de vous parler du balisage de la course. Plutôt bien fait, globalement, mais un peu surprenant. Ce sont de petits fanions triangulaires qui sont utilisés. On suit ceux qui sont de la couleur de sa course (orange pour nous, rouge pour le 54km, etc.). C'est sympa car on sait toujours si on est sur une partie commune ou si une autre distance passe par là, aussi. Cela m'a pas mal aidé à suivre mon roadbook. Par contre, la disposition de ces fanions est parfois un peu bizarre. Sur certains carrefours, placés quasiment à l'intersection, ils servent quasiment de flèches, pas toujours avec une confirmation quelques mètres plus loin. Parfois une confirmation plus éloignée, mais pas toujours. Il y a même parfois AVANT les bifurcations, des fanions placés et orientés clairement pour la direction à suivre. Comme cela est souvent confirmé par des flèches placées en hauteur sur des arbres (je n'irai pas chipoter sur la façon dont elles sont accrochées, mais hum hum...), ce n'est presque jamais ambigu, mais c'est inhabituel. De plus, je me demande ce que cela donnerait si le vent était vraiment fort, au point de renverser ces fanions (qui ont, en plus un manche en bois, donc peut-être fragile). En tout cas, je n'ai rien à dire sur le résultat, je n'ai presque jamais hésité, mais ce n'est pas une pratique courante. J'en reste à préférer la méthode de balisage que j'ai apprise au GR73, au TRM, à la Montagn'hard et joliment documentée dans un document de l'UTV (merci à Samontetro). Par contre, j'aime bien le concept des fanions multicolores. Les bifurcations entre les diverses distances sont parfaitement signalées par de grands panneaux fléchés posés lorsque les parcours se séparent. Le truc sympa avec les fanions, c'est qu'on voit aussi quand un parcours nous rejoint, comme le 54km le fait par 3 fois.

En tout cas, on ne s'est pas perdus....et de cette bosse, nous redescendons, après un parcours en crête de près de 2km (mais sans rien voir car on est dans les bois : dommage car on domine l'extrémité Sud du Lac de Paladru) et, après avoir laissé le 54km partir sur la gauche, dans une descente un peu plus raide et technique que la montée, sur le versant Sud de cette colline.

Avant la redescente vers le Sud
Un peu plus loin sur la crête : Vercors sur la droite
Et quelques minutes plus tard, tout en bas : Apprieu
(et toujours le Vercors)

 

Là, sur mon profil, j'ai une espèce de bosse assez informe entre les km 42,5 et 45, autour de 520-550m d'altitude. Au vu du profil, on imagine un truc assez roulant. EN fait, carrément non. On est un peu au-dessus du village d'Apprieu, qui est au début de la plaine à 540m d'altitude, qui va vers l'Est entre Rives et La Côte Saint-André. Souvenirs de trajet pour "aller au ski" dans les années 70 depuis Sainté jusqu'au stations du Dauphiné. Et, en fait, cette section "à peu près plate et roulante" est un très amusant single track à flanc de colline, qui a l'air d'avoir été un peu tracé par des sangliers. Pas de chance, j'y rattrape un groupe de 4 coureurs pas énormément à l'aise et je vais donc piaffer un peu derrière! A vrai dire, je serais probablement allé un peu plus vite, mais le sentier passe son temps à monter et descendre de quelques mètres, ce qui est très épuisant à courir. Donc, finalement, peut-être cette espèce de "pause improvisée" a-t-elle été salutaire !

En gros, on contourne totalement cette colline avec ce single en terminant par une petite descente raide (où je dépasse finalement les 4 coureurs) pour se retrouver sur le versant Nord....et attaquer une remontée qui va nous ramener... à 200 mètres de l'endroit où nous avons laissé le 54km. Je suis un peu motivé, dans cette remontée, par le fait d'une part de ne pas voir revenir mes coureurs dépassés (il n'y a aucune raison, mais ça m'agace toujours) et d'autre part, par "aller chercher" deux autres coureurs que je vois à 100-200m devant (la remontée se fait sur un chemin large à flanc, donc on voit très loin). Certes, je suis un peu limité par la fatigue qui commence à s'installer... mais je vais arriver à mes fins! Je dépasse les deux de devant juste au sommet.

Un petit "répit" se présente : nous sommes en fait dans un vallon entre la première grosse bosse qui suit le ravito d'Oyeu et une autre colline, le "Plan du Rey" où un énorme pylône de télécommunication domine Charavines, le village à l’extrémité Sud du Lac de Paladru. Vu que ce "répit" est plan descendant, ça ne loupe pas : un de "mes" deux coureurs dépassés me repasse et même le deuxième se rapproche, car je suis repassé à la marche, pour m'octroyer un peu de repos. Je sens quand même qu'il faut "calmer le bestiau" car je me connais : quand il y a d'autres coureurs aux alentours, j'ai tendance à forcer un peu le pas ou la course, car l'esprit compétiteur revient vite ! Donc, décision est prise : je ne vais pas chercher à tout prix à re-rattraper celui qui m'a dépassé, dans la côte assez raide, mais pas très longue (120D+) qui amène au pylône du Plan du Rey.

Plan du Rey où est situé... le CP4, un point de passage automatique. Marrant, d'ailleurs, car il n'y avait aucun contrôle sur la boucle spécifique au 82km qu'on a faite auparavant.

CP 4 : km 47 - 129ème (+31 places depuis le CP2... 7 seulement étant des abandons à Oyeu devant moi) - 6h53 pour 7h32 prévues (-39 minutes) - et troisième M5 avec le 1er 56 minutes devant, toujours le même, et le même deuxième, un autre Christian, 13 minutes devant. L'ancien 3ème a explosé et est à 33 minutes derrière moi... Tout cela, évidemment, je ne le sais aucunement, mais cela va provoquer pas mal de réactions chez les suiveurs à distance...:-)

Un peu sous le Plan du Rey : ENFIN, on voit le lac

Le profil me montre une descente en deux temps : une partie plutôt raide sur 130D-, une remontée très progressive sur 50D+ en 2km (autant dire un faux-plat montant, quoi) et une longue descente moyennement pentue de 150D-. La première descente est clairement bien technique, avec des parties boueuses, des cailloux sur le chemin. C'est évidemment là que je vais rattraper mon coureur que j'avais laissé un peu devant après qu'il m'ait rattrapé. Mais j'y retrouve aussi, dans la deuxième descente, "la fille en bleu qui court bien et sait bien marcher" car elle n'est franchement pas à l'aise dans ces descentes.

Au bas de cette descente, je m'aperçois en regardant la carte que nous revenons dans un petit hameau (Plan Bois) qui est...à 300 mètres de l'endroit où nous étions 8 kilomètres auparavant! Décidemment, ce parcours est bien tortueux...et on comprend pourquoi il y avait un contrôle au milieu de cette boucle de 8 kilomètres. S'ensuit une petite section très roulante plus ou moins plate, où je prends à nouveau le parti de largement marcher, quitte à me faire redépasser par les quelques coureurs dépassés juste avant. Ce qui ne manque évidemment pas de se produire ! Y compris par "fille en bleu". Dans l'affaire, nous abandonnons le parcours du 54km qui file directement sur le 5ème ravito. Nous allons le retrouver... dans 12 kilomètres !

Cette partie roulante de 2 bons kilomètres nous amène au 4ème ravitaillement, posé sur un carrefour en plein vent. Là, je sens que j'ai besoin d'un arrêt plus sérieux car cela commence à "piquer" un peu, donc je vais y prendre mon temps. Il y a du potage au vermicelle ce qui est une excellente idée. Ce sera le seul ravito où je vais m'asseoir (c'est plus pratique pour manger des vermicelles dans un petit gobelet : en l'absence de cuillère, un bouchon de Pom'Pote me sert de cuillère.... on se débrouille comme on peut!). Jambon, saucisson, banane, deux verres de menthe à l'eau, deux potages, tout va y passer ! Je n'avais mis que 5 minutes à ce ravito, sur le roadbook car je pensais m'arrêter longtemps à Oyeu, ce que je n'ai pas fait. Il faut savoir ne pas respecter ce qu'on a prévu !

Ravito 4 : km 54,6 - 7h54 en sortie pour 8h48 prévues (-54 minutes) - Environ 12 minutes d'arrêt - pas de pointage

J'ai encore gagné du temps ! Je m'en rends confusément compte, mais je ne garde pas vraiment trace de cela même si, pour une fois je consulte énormément mon roadbook et essaie de me rendre compte de ma progression.

Je repars tout aussi tranquillement sur un faux plat descendant par un tout petit single "sanglier" qui nous amène en fait au vrai fond de vallée où se situe, curieusement, une aciérie, la Forge de Bonpertuis. C'est (je vous livre ma science toute neuve, merci Wikipédia) une aciérie spécialisée dans les aciers inoxydables, d'aciers carbonés et de métaux spéciaux, notamment le titane (petit rappel personnel : le titre de ma thèse était "Etude de la déformation plastiques d'alliages de titane à dispersion d'oxydes de terres rares"). Elle est classée monument historique et est la continuation d'une activité de forge qui remonte au XVème siècle !

Bon, là, si j'avais deux jambes en titane, ça serait une idée, car les actuelles titulaires du titre sont un peu en bois.

Et il se profile un bon gros morceau devant nous. 340 mètres d'ascension continue sur 4,5km. Et cela de manière assez irrégulière avec, a priori, un vrai "mur" à la fin. Et il va donc falloir un bon gros morceau de patience. Il me semble qu'il y a un coureur assez loin devant... je vais en pratique le garder en point de mire toute la montée. Je suis un peu aiguillonné par 1 ou 2 coureurs que j'entends passer la traversée de route tout en bas peu après moi. Je vais volontairement faire toute la montée sans JAMAIS me retourner...et en gardant juste l'autre coureur devant comme repère. Je vais m'en rapprocher ponctuellement assez près, mais les nombreux faux-plats montants lui font ponctuellement reprendre un peu de marge. C'est plutôt bien car cela garde un rythme...sans trop en faire (il reste encore beaucoup de route!).

 

En fait, toute cette très longue côte nous fait monter au "Grand Regardou", une colline qui domine de 400 mètres la ville de Voiron (que je ne verrai jamais, en fait). On arrive au point le plus au Sud et le plus éloigné du Lac de Paladru, à cet endroit. Après, il ne restera "plus qu'à" revenir, en quelque sorte.

Mais avant, il faut y monter au Regardou (d'où on ne voit rien). Et il est bien défendu par un mur final qui est une franche tuerie : 260 mètres de distance, 93 mètres de dénivelé : 36%. Tout est dit. Encore heureux que ça ne soit pas boueux car ce doit être infernal. Surtout sans bâtons. J'y passe un coureur un peu en perdition (pas celui que j'avais en point de mire, un autre), mais je n'avance franchement pas vite. Pas à mon allure usuelle sur ce genre de mur, je sens quand même que, là, je suis un peu entamé!

Cela ne dure heureusement pas, mais j'ai quand même mis 7 minutes pour monter ce truc-là...:-)...ce qui fait du 2,2 km/h (version pessimiste des chiffres) mais du 800D+/h (version optimiste).

Une longue ballade en crête (où on ne voit toujours rien), nous amène du Regardou à la Tête de la Femme (à qui est destinée le Regardou ?).

Depuis cette crête, regard vers le Sud (vers Rives, à peu près)
Un peu plus à gauche, en direction du Vercors et de Grenoble

Cela permet de souffler avant une longue descente que mon profil m'annonce "en deux temps avec une petite remontée intermédiaire, mais qui descend pas trop raide". Tout cela est parfaitement vrai. Et cette assez longue descente bien amusante et technique sans être trop difficile (et où je finis par dépasser mon coureur-point de mire) nous ramène... à 300 mètres de l'aciérie décrite plus haut, pour une traversée de route, puis de rivière assez folklorique puisque le "pont" emprunté est en fait...une rigole qui évacue l'eau de la rivière : j'y photographie le coureur dépassé précédemment, pour illustrer !

Le "pont-rigole"

L'air de rien, cette longue boucle a un peu marqué le bonhomme. Je vous passe donc rapidement les deux kilomètres de remontée le long de la Fure, le fait qu'on retrouve le parcours du 54km (vous vous rappelez que j'ai dit qu'on le retrouverait dans 12 kilomètres ?) et surtout l'assez interminable remontée vers le lieu du 5ème ravitaillement situé un peu à l'écart du petit village (ou hameau) de Clermont.

Il est plus que bienvenu, ce ravitaillement et pourtant... je ne vais pas trop y rester. L'appel des "16 derniers kilomètres" est trop pressant, j'ai envie d'en finir même si je sens que je ne suis pas au mieux et que la partie qui l'a précédé m'a bien usé.

Ravito 5 : km 66,3 - 9h56 en sortie pour 11h01 prévues (-1h05) - Environ 4 minutes d'arrêt - pas de pointage. Donc, ça y est, on a passé l'heure d'avance.

Je prends le temps d'engloutir la rituelle banane, un peu de saucisson, on refait le niveau des flasques (ils n'ont pas trop baissé, ahem), les deux rituels verres de menthe à l'eau, et hop ! "On commence les montagnes russes", dit un coureur qui passe en même temps que moi et a l'air de connaître le parcours. Et c'est vrai qu'en gros, il reste 4 bosses sur le profil : une première petite immédiate, deux gros morceaux à plus de 800m d'altitude et une bossounette finale.

On ne dirait pas mais c'est bien raide !

 

La première "petite" : OUILLE, ÇA PIQUE !

Je suis en fait un peu scotché dans la relativement petite côte qui suit (80D+ pour monter à un vestige médiéval : la Tour de Clermont-Tonnerre), je vais arriver péniblement au pointage qui y a lieu (histoire d'éviter aux petits malins de tirer tout droit et zapper cette "petite côte" pour retrouver le parcours au village de Clermont).

C'est donc le CP6 : km 67 - 116ème (+13 places depuis le CP4....dont 8 abandons de coureurs devant moi...la progression est donc pas si énorme). Mais, dans les abandons, il y a....le premier master 5. Et donc, si vous calculez bien, me voilà donc...deuxième M5. Eh oui... et le premier, le fameux "autre Christian", il est 6 minutes devant à ce CP6. Cela s'agite sur le Whatsapp de la famille...et dans les SMS de Phi-phi. Mais je ne regarde pas cela de près, même si j'ai vu qu'ils parlaient que je sois 3ème. Ce n'est pas le moment de se mettre la pression, elle est prévue... mais à la fin !

Pour l'instant, à vrai dire, je me demande surtout comment je vais passer les deux grosses bosses finales, après avoir quand même un peu subi, à ce qu'il me semble, juste après ce 5ème ravito.

La redescente sur le village de Clermont est assez courte et plutôt facile. Je fais tout cela...totalement tout seul, j'ai franchement l'impression qu'il n'y a plus personne loin devant et loin derrière. J'en profite un peu pour me relâcher un peu et je traverse tout le village en marchant assez tranquillement avant d'attaquer la "première bosse". Sur le profil, c'est d'abord raide, puis "très raide", puis "très peu raide". Et en fait, c'est exactement cela, je viens de calculer sur la carte : 500 mètres à 16% au début, 1,4km à 6% à la fin.... mais 150 mètres à 37% au milieu !

En fait, la partie du milieu consiste à monter sur une "motte castrale", en gros un endroit où il y avait une tour ou un château... dont d'ailleurs on longe ensuite le fossé impressionnant. Et c'est donc un autre mur après celui qu'on a eu environ 10km avant. Là, il y a même des cordes, le long, surtout probablement en prévision de conditions plus humides où cela serait quasiment impossible de monter. Là, ça va... mais je suis bien planté. Et qui me dépasse? A priori, c'est le fameux "Seb" avec qui j'ai causé après le troisième ravito. Il me lance un petit mot, mais sur le coup, je ne comprends pas que c'est lui. Je n'en suis toujours pas complètement sûr, mais comme il va finir devant moi, ça doit être ça. En tout cas, il a retrouvé du rythme en montée car il me largue en 2 temps, 3 mouvements.

Moi qui me croyait "tout seul", je viens de me faire mettre un gros vent....

Au passage, nous avons passé le dernier contrôle de pointage (ils semblent disposés de façon bizarre mais sont surtout destinés à éviter les "coupes" : à ce pointage, il suffirait d'aller tout droit au lieu de descendre sur la droite pour arriver directement au dernier ravito à Bilieu).

Enfin, on revoit le lac, ça sent l'écurie !

CP7 : km 71 - 116ème. Rien de gagné, mais il faut dire que le précédent était très proche : j'ai en fait dépassé un coureur et Seb m'a dépassé, c'est tout. Mais le coureur que j'ai dépassé... c'est le "fameux" Christian ! Et, en refaisant le match, je l'ai dépassé... juste au début de cette descente, sur la partie un peu technique et boueuse, je me rappelle d'un coureur qui descendait bien précautionneusement alors que je passais comme un sauvage dans le ruisseau qui descendait le sentier...:-). Et toc !

Et comme après le pointage je dépasse à nouveau quelqu'un d'autre, revoilà le moral qui remonte en flèche, surtout que j'arrive à bien trottiner dans la descente plus facile ensuite.

Ladite "descente plus facile"

Et, dès cette descente terminée, on nous renvoie en montée vers la dernière grosse bosse. En gros 200D+ assez réguliers vers la "Pierre de Libre Soleil". 500 mètres à 16% bien droits où, en me retournant, je ne vois personne revenir...puis 400 mètres à 20-25%. PERSONNE. Je suis seul au monde ! Je suis le roi du monde... ah non, là je commence à délirer, il est temps que ça s'arrête.

Du dernier sommet, regard vers la Chartreuse, au loin

Là, ça sent franchement l'écurie, même si on est encore à 8km de l'arrivée. D'ailleurs, en sortant de la forêt, on a droit à une magnifique vue sur le lac, dans une belle lumière de fin de journée. On voit le village de Bilieu où est le dernier ravitaillement, je descends tranquillement, toujours en trottinant assez bien, personne devant, personne derrière (et le Christian, dans les choux, mais je ne le sais pas...de toute façon, je ne sais pas que je suis 1er M5). Et le ravito... où je retrouve un coureur, Jonathan (je n'apprendrai son nom qu'à l'arrivée). Bon, il n'a pas l'air d'un M5, en tout cas. Le zapperais bien ce ravito de Bilieu, mais les bénévoles sont sympas, donc je me prends 2 verres de menthe pour faire honneur à leur travail !

Ravito 6 : km 76,7 - 11h45 pour 13h07 prévues (-1h22, ça augmente toujours)

Et je repars juste derrière Jonathan (qui n'est pour l'instant, pour moi, que "le jeune gars en vert barbichu").

Au-dessus de Bilieu, le lac se rapproche !

 

On se suite un peu à distance dans le début de côte, je le rattrape près d'un signaleur qui me confirme que "la dernière bosse", c'est bien la petite colline derrière lui, qui n'est vraiment pas impressionnante.

La "dernière bosse"

Et......y'a un type qui nous double pendant qu'on marche à bonne allure comme deux finishers de deuxième partie de peloton. Ah bin v'la autre chose ! C'est mon "le mec qu'a l'air pas tout jeune que, peut-être c'est un M5 et qu'il court tout le temps, il va exploser" du début ! Or, entretemps, j'ai lu les messages du Whatsapp en ressortant du ravito et ils ont l'air de dire... que je suis premier M5! Idem pour les SMS du Phi-Phi. Mais c'est un peu confus car les remontées des pointages sur le live semblent un peu chaotiques.

Et là, paf, ce gars qu'a pas l'air tout jeune qui me double.

Je dis en rigolant à Jonathan (enfin à "jeune gars en vert barbichu") que j'espère que c'est pas un M5 et je lui explique l'histoire que je serais peut-être premier et que j'espère que ce type-là, c'est pas un "vieux". Il me dit qu'il a quand même l'air assez jeune (je me retiens de lui dire que le M5, c'est souvent sournois et ça cache bien l'âge de ses artères). M'enfin, en fait, l'un dans l'autre, avec Jonathan on s'en fout un peu, on va être finishers, on est contents, la lumière est superbe, le lac aussi et on fait plein de photos chacun....

Y'aurait des vaches, on ferait des photos de vaches
Y'a pas de vaches, on fait des photos de prés !
Alleluia! Le camping est juste en bas.
Dommage qu'on ne puisse pas y descendre exactement tout droi !

...même si on a quand même envie que ça se termine ! La descente est longuette et pas bien passionnante, cela devient un peu dur d'y courir, mais on se force un peu. Au fil des photos, un coup je suis devant, un coup c'est lui. Quelque part, ça nous motive respectivement. On finit quand même par arriver sur le tout plat qui est alors la bonne grosse dernière purge : 2km (c'est écrit sur la route) de bitume, dont 1,5 carrément tout plats et tout droits. Je lâche à Jonathan que je vais pas mal piocher pour finir, en gros une façon de lui dire "vas-y, gros, part devant, te gêne pas...de toute façon tu m'as dit que tu es M0". C'est vrai que ça pioche bien... et le Jonat', il prend gentiment de l'avance.....jusqu'à la mention "1km" où c'est... coco38 qui m'attend (car j'avais appris dans la journée par un de ses messages qu'il avait arrêté au troisième ravito, par manque de motivation pour se battre contre la BH! Et là, j'ai beau lui dire que je suis très cuit et que j'ai les jambes en bois et que la neige elle est trop molle et que vivement la bière et la douche et que j'aime pas le plat, curieusement, sa présence suffit pour que, peu à peu l'envie de terminer...me ramène sur Jonathan qui me lance "on dirait que vous avez retrouvé des jambes!" en se marrant (on notera le vouvoiement qui marque le respect envers les personnes âgées). Et hop, un petit tour de camping et je m'élance avec grâce vers la ligne d'arrivée sous les hurlements de la foule en délire et les cris du speaker qui attendait depuis des heures l'arrivée glorieuse du Vieux Sage Chenu Dans Sa Longue Barbe Blanche...

...en fait, pas exactement. Y'a plus de speaker, y'a 3 ou 4 gentils spectateurs qui me marquent une gentille attention, dont les amis de Jonathan et y'a coco38. Et c'est à peu près tout. Apparemment, Ugo Ferrari n'attend pas les derniers coureurs sur les courses...ou alors il a préféré aller boire une bière avec les copains. Bref, bon, je dois dire que, sans attendre des pâmoisons ni même quelque reconnaissance imméritée pour le seul fait d'avoir eu la chance qu'il n'y ait pas vraiment eu de vrais bons vieux coureurs devant moi... mais surtout pour tous les autres coureurs (il y en aura une soixantaine derrière moi, pendant encore 3 heures), j'aurais trouvé sympa d'avoir un poil plus d'animation sur cette très triste ligne d'arrivée. Ce sera le seul petit raté de la course, ce qui n'est franchement pas grand-chose.

Pour terminer, le temps officiel est de 12h30, donc 1h33 de moins que mon roadbook qui était, je le rappelle, volontairement pessimiste car je partais encore dans l'inconnu, vu l'entraînement très chaotique de ces derniers mois. Il faut croire que, simplement "sur le talent", j'y arrive encore! Profitons-en !

Et, oui, après un peu de suspense (car, avec une dizaine d'autres coureurs, le suivi live n'avait pas affiché notre arrivée), je suis donc bien 1er Master 5, devant l' « autre Christian »... et en plus c'est un "lyonnais" ("Team Monts du Lyonnais", c'est lyonnais), apparemment. Et paf! ASSE 1 - OL 0

Et surtout, surtout, un immense merci à Jean-Claude et Florence pour leur accueil et m'avoir permis de vivre (et finir) cette course dans des conditions finalement idéales.

 

13 commentaires

Commentaire de Arclusaz posté le 22-04-2024 à 19:56:56

bien joué !!!!! je ne parle pas de la course où ton talent inné t'a porté mais du CR où tu as casé une fois de plus "saucisson" (à un moment, j'ai eu peur que tu n'y arrives pas).
On peut juste regretter que tu n'ai pas identifié le mystérieux Seb ni Agnès Jaoui. Mais, tu connais la chanson.

Commentaire de PhilippeG-641 posté le 22-04-2024 à 20:04:29

Bravo Christian, super : 1er M5 ! :-)
Bien content, je t'ai suivi (de loin...)
Bon j'avoue ne pas avoir encor lu ton roman mais je le garde pour demain ;-) Avec des photos, c'est top et avec encore beaucoup de détails...
@+

Commentaire de bubulle posté le 22-04-2024 à 22:31:17

Je veux encore rajouter quelques extraits du profil, et de la carte, section par section. Je sais que certains coureurs se moquent de savoir ce qui les attend, mais sur cette course, cela m'a été précieux de pouvoir anticiper les moments plus compliqués.

Commentaire de Shoto posté le 23-04-2024 à 08:15:11

Merci Bubulle pour ton CR plein d'humour. Un comble de partir sans bâtons compte tenu de ton savoir faire reconnu en marche nordique !!! bravo pour ta course et ton récit sympathique.

Commentaire de coco38 posté le 23-04-2024 à 08:51:21

Content que tu aies apprécié la course et la région. Pour les photos s'était un peu couvert... Il faut que je pense à t'envoyer des photos du lac...et du mt blanc!
Bravo pour la perf.
A+

Commentaire de PhilippeG-641 posté le 23-04-2024 à 11:12:23

Bravo Christian, super : 1er M5 ! :-)
Bien content, je t'ai suivi (de loin...)
Bon j'avoue ne pas avoir encor lu ton roman mais je le garde pour demain ;-) Avec des photos, c'est top et avec encore beaucoup de détails...
@+

Commentaire de Mazouth posté le 23-04-2024 à 11:33:37

C'est qu'elles ne sont pas faciles les petites collinettes à coco !! Bravo pour ta gestion de Grand Sage Sans Bâtons qui t'a permis de les dompter avec brio (ça devrait être dans le matos obligatoire ça, le brio, c'est vachement utile).

Commentaire de le_griffon posté le 23-04-2024 à 16:45:27

Joli récit mais il y a quand même quelque chose qui me dérange, tu critiques nommément le speaker de ne plus être là lors de ton arrivée et celle des suivants mais que sais-tu de son contrat et de ce que lui a demandé l'organisateur? Si on lui a demandé d'animer jusqu'à telle heure par exemple, cela me parait normal qu'il ne soit plus là 1h ou 2h plus tard. Si tu trouves cela anormal, je suppose que toi, tu es toujours prêt à faire des heures supplémentaires non rémunérées dans ton boulot...c'est ton patron qui doit être content.

Commentaire de bubulle posté le 24-04-2024 à 11:15:04

Eh, on se calme et on prend ses gouttes... :-)

Ugo, je le croise regulierement, notamment chaque année à la MH. Je pense ne pas avoir à me justifier pour une vanne amicale. La legere critique implicite s'adresse plutot à l'organisation (la, je crois savoir de quoi je cause) pour laisser la dernière moitié de la course dans une ambiance assez morne.

Commentaire de le_griffon posté le 25-04-2024 à 09:21:05

On va dire que c'est moi qui n'ait pas saisi ton subtil second degré mais alors je ne suis peut-être pas le seul dans ce cas. Pour les gouttes, tout va bien, je suis très calme.

Commentaire de bubulle posté le 24-04-2024 à 11:18:03

Et la réponse à la deuxième question est que cela m'est arrivé souvent, ce qui a une certaine logique quand on aime son travail.

Commentaire de Masquerade7 posté le 24-04-2024 à 10:34:30

Mais Bubulle comment fais-tu pour garder autant de souvenirs/détails sur un trail de 80 bornes comportant quand même très peu de différences de paysages ? Je suis bluffé !
En tout cas, très sympa ce récit, belle gestion de course à nouveau pour toi.

Commentaire de Nultymo posté le 29-04-2024 à 16:17:25

Hello, bravo pour la course et la gestion. en ce qui concerne l'absence du speaker, le semi-nocturne partait à 19h30 de Charavines et Ugo était sur place avant 19h pour animer le départ. Donc ceci explique sans doute son absence lors de ton arrivée (vers 18h30 environ).

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