Récit marathon de Valence 2023

 

Dimanche 3 décembre 2023

 

LE gros objectif de mon 2ème semestre, une épreuve à laquelle je souhaite battre mon record, sur ce parcours réputé roulant et propice à un RP.

43ème édition de ce marathon, qui peut fièrement afficher un niveau au sommet : tous les cadors de la discipline viennent ici afin de battre leurs records et se qualifier pour les championnats internationaux. En 2023 on annonce 750 coureurs <2h30 !!! et en 2022 il y avait 1 000 personnes <2h40 et 1 500 sous les 2h45. Surréaliste !

Adepte de ce format de course, c’est mon 18ème marathon « sec » et un peu plus de 30 si on ajoute les ultras 😊 J’ai vraiment hâte, conscient d’avoir passé cette année un cap depuis que j’ai changé de club il y a un peu plus d’un an : un coach extra, beaucoup plus de rigueur, un effet de groupe avec une émulation qui joue à plein, bref ai battu mes RP sur 10 km et sur semi déjà, je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin 😊.

Déplacement club finalement plus light que prévu (quelques blessés dans nos rangs), 4 athlètes alors qu’en février dernier au marathon de Séville nous étions beaucoup plus nombreux.

Objectif : tutoyer les 2h45. Allure moyenne à 3’54 (Km 10 en 38’58 / Semi en 1h22’12 / Km 30 en 1h56’53) pour un finish théorique en 2h44’24, dans le meilleur des mondes.

 

Pour viser un tel résultat je savais qu’il fallait que je change ma méthode d’entrainement : ai réduit le vélotaf et augmenté en compensation les sorties de course à pied, pour atteindre 6 runs par semaine + 1 vélotaf. 

Mes 6 précédents marathons, tous courus en sub 3h, étaient réalisés avec une moyenne hebdo tournant entre 56 et 72 km…ça faisait léger !!!

Déjà mes potes trouvaient mes résultats super encourageants au vu de la faiblesse volumétrique de mes entrainements. Donc il fallait que j’arrive à titiller 100k / semaine désormais, pour jouer dans la cour des grands….

Plan sur 12 semaines, mais avec les échéances de rentrée (10km de Roissy en Brie, France de semi à Belfort, 20k de Paris) je me concentre sur un plan de 8 semaines concocté par le coach.

Pour cette prépa j’affiche désormais une moyenne à 92 km hebdos, +35% vs Séville !!!

Prépa fatigante bien sûr car je ne suis pas habitué à digérer ce volume, par contre de supers sensations, notamment lors de deux courses de 10 km (Montereau le 29/10 et Montigny le 12/11) où j’établis mon RP en arrivant à courir à 3’31 d’allure sur cette distance. Inespéré !

Bref je place de fortes attentes dans cette course, c’est vraiment ici que j’ai intérêt à aligner les planètes pour frapper un grand coup.

Sauf que….une bonne grosse crève chopée en toute fin de prépa met tout ça à mal, je tousse, suis ko, bref ce n’est pas le moment !!!

 

Dès le jeudi 30 j’attaque le régime Malto, puis le vendredi 1er décembre c’est avion vers Madrid (les tarifs des vols directs vers Valence étaient stratosphériques !), puis train jusqu’à Valence. Sauf que gros incident ferroviaire ayant occasionné des retards de 2 à 3h (!) bref, une arrivée à Valence le soir dans notre logement Air BnB, complètement rincés.

La journée du samedi est mise à profit pour aller chercher les dossards, même à 11h du matin il y a une foule incroyable !

L’après-midi allongé dans mon lit, complètement hs, la gorge en feu (l’impression d’avoir des rasoirs dans la gorge), mauvaise nuit. Je fais sauter le petit run que j’avais initialement prévu de faire, étant vraiment épuisé. Ça ne s’annonce pas bien !!!!

Dimanche matin, bon ben la nuit n’a pas été réparatrice, j’engloutis le traditionnel demi-gatosport, puis il est temps de s’équiper

On partage le logement avec les collègues de club, ambiance studieuse et concentration, nous sommes ici dans la Mecque du marathon, à nous d’aligner les planètes pour aller chercher nos RPs’ !!!

On part en trottinant vers le départ (3 km environ de notre logement), il fait nuit, progressivement convergent ces runners venus d’un peu partout, puis dépose des sacs aux consignes et vite il faut aller se placer dans les sas.

Le mien est celui des 2h38-2h50, déjà bien plein, et nous aurons la chance de partir à 8h15, juste derrière les élites et les cadors (2h30-2h38).

Mes amis Juan et Thierry partiront dans le sas juste derrière le mien, 10 min après, donc à 8h25

 

Météo parfaite, 6° au départ, mai sommes entassés et au top départ ça se bouscule, les 2 premiers km sont pénibles (4’07 et 3’59), nous sommes trop serrés et je ne peux courir à mon allure.

5 km en 19’14, suis revenu en ligne avec la prévision, premier gel ingurgité et ravito (bonheur, en bouteille)

10 km en 38’43, rebelote gel et eau

15 km en 58’23

20 km en 1h18’00

Semi en 1h22’19, ça veut dire 0 marge de manœuvre pour le 2ème semi !

25ème km en 1h38’36, désormais je suis gêné au niveau de la voûte plantaire avec ces Alphafly, mea culpa je les ai testées sur 2 x 12km et non une sortie longue.

30ème km en 1h57’50, l’allure tient, mais peu c’est la bérézina : les cervicales se rebloquent et je me mets à tousser, gardant une bouteille d’eau pour adoucir cette gorge en feu. Les temps de passage dérivent gentiment, et comme d’habitude les cuisses commencent à couiner alors que les mollets ne bronchent pas.

35ème km en 2h19’30, dans le dur, plus de jus, malgré les encouragements bien présents tout au long du parcours. Je suis rattrapé pour excès d’optimisme, et mesure la cruelle désillusion d’avoir vécu 8 semaines top avec un super plan pour que tout s’écroule les quelques derniers jours en étant physiquement diminué. Vraiment pas de bol !!!

40ème en 2h42’18, non seulement je ne ferai pas mon objectif mais je vais même faire moins bien qu’à Séville ou à Rennes ! Argh….

Dernière ligne droite sur le fameux tapis bleu, et finish en 2h52’09….berezina ! 4’04 d’allure moyenne, sachant que les 30 premiers j’étais à l’allure cible 3’54/3’55. Je finis 3100ème et chose marrante, Garmin m’indique que ma condition physique a tenu les 8-9 premiers kms, avant de passer en négatif tout le reste du temps ! 

La zone d’arrivée est immense (normal, vu la quantité de coureurs à absorber), je clopine vers la (belle) médaille, puis le sac d’après-course, les démarches des uns et des autres autour de moi sont peu assurées, signe que chacun s’est donné à fond ! Je tremble et me dépêche d’aller trouver le sac placé à la consigne pour me changer en attendant l’arrivée des collègues. 

En conclusion, une météo juste idéale, un parcours rapide et vraiment propice à un RP, mais beaucoup de monde ! il faut vraiment se placer en tête de sas et donc arriver tôt quitte à se geler…

Déçu bien entendu de ma contre-performance (+8 min vs objectif !) mais compte-tenu de mon état fiévreux/grippal je relativise en me disant que cela aura au moins fonctionné pendant 30 km. Tant pis, cela fait partie des aléas sur ce type de distance, un grain de sable peut vite enrayer une mécanique, c’est pas de bol.