L'auteur : Zaille
La course : Les Portes de Bellefontaine - 8 heures
Date : 11/11/2023
Lieu : Champigneulles (Meurthe-et-Moselle)
Affichage : 467 vues
Distance : 56km
Objectif : Se dépenser
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La Lorraine, terre de trail ? On va finir par le croire ! Après mon premier ultra exécuté dans les collines nancéennes, me voilà de retour au stade de Champigneulles pour les 8 heures du Trail de Bellefontaine.
Un cross par heure
Oui, 8 heures ! Mais késako quoi, comment ? Une boucle d’environ 6,7km et 196m de D+ à parcourir 8 fois avec un départ toutes les heures. Le classement se fait par l’addition des chronos, ce qui différencie cette course avec les backyards (dernier homme débout) où le chrono ne compte pas mais juste le nombre de boucles effectuées. En gros je vais faire un cross par heure durant 8 heures, sympa non ? 😉
C’est Nat, l’amie lorraine, qui m’a rencardé sur cet ovni et, évidemment, faible comme je suis, j’ai accroché de suite. J’avoue qu’en plus de l’originalité de la formule, à trois semaines de la LyonSaintélyon et à la veille de ma période d’affûtage, ce gros morceau tombe à pic. L’idée est même de faire un gros bloc en cumulant sur 2 jours course et sortie longue.
Au mieux gras voire boueux
Champigneulles, juste à côté de Nancy, est à 2 heures de route en Saab 9000. J’avais pensé y aller le matin même mais avec un coup de feu à 8h, le réveil alsacien aurait dû sonner avant 5h du mat et là … Ok, la course à pied c’est une passion mais j’ai quand-même mes limites. Je décide donc de faire le trajet la veille et de passer la nuit dans un F1 à 15 minutes du lieu de départ.
Il a plu toute la semaine et je suis arrivé en terre mirabelle sous des trombes d’eau. Le terrain sera au mieux gras voire vraiment boueux même si j’espère que les arbres du tracé majoritairement forestier limitent les dégâts. Les températures seront sous les 10°C mais une accalmie pluviométrique nous est promise. Je choisi de courir en long en haut et en short pour le bas mais je prévois malgré tout des affaires de rechange pour ne pas être trempé 8 heures d’affilé le cas échéant.
Sans stress
Je ne regrette pas ma stratégie d’approche par nuit d’hôtel interposée car j’ai bien dormi et arrive au stade de Bellefontaine sans stress avec une petite demi-heure d’avance. Bien assez pour récupérer le dossard et la bière de Champigneulles (sans alcool) offerte. Je me débarrasse de ma veste et de mon sac en consigne et exécute quelques foulées légères pour tâter du terrain, trempé mais finalement rien d’affolant.
Les souvenirs de l’arrivée de l’UTTN me reviennent, c’est ici que j’ai finishé ce printemps mon premier trail de plus de 100km. D’autres souvenirs, moins agréables, me parasitent aussi en discutant avec une connaissance centbornard qui me fait remémorer, bien malgré lui, mon abandon aux 100km de Metz. Je chasse ces idées noires en me plaçant sur la ligne de départ, aujourd’hui la gestion va être tout autre avec des boucles que j’envisage, pour les premières, aux alentours de 35min.
Premier objectif, 1er tour
Après un petit speech et une musique d’ambiance, le départ est donné. Je dois courir à environ 5:00 au kilo de moyenne pour mon premier objectif, le 1er tour. Evidemment ça part beaucoup plus vite, aux alentours de 4:15 dans un faux-plat descendant vite interrompu par une première bosse où déjà les foulées se raccourcissent. Plus loin un pont en bois, glissant, tout le monde ralenti, les appuis sont fuyants.
Les difficultés sont toutes concentrées sur la première moitié du parcours avec notamment un sacré raidard bien boueux où dès le 1er passage je m’aide des petits arbres qui l’entourent pour sécuriser ma progression. J’imagine tout de suite le bain de boue que ça va devenir d’ici quelques tours quand des centaines de chaussures de trail auront labouré le chantier à coup de crampons.
J’ai clairement sous-estimé la topologie
Nous sommes 120 sur l’épreuve de 8H mais il y aussi 80 coureurs sur celle de 4H qui sont partis en même temps. Je ne compte pas les traileurs du 18km qui partent plus tard et qui, eux, heureusement, ne passeront qu’une fois sur le tracé. Manquerait plus qu’il pleuve pour que la fête à la gadoue soit parfaite … On verra bien mais déjà maintenant mes (presque) toutes nouvelles Altra Lone Peak ne font pas le job comme espéré … Ça gliiiisse
Un peu plus loin, ce sera une nouvelle montée du même acabit mais moins longue avant plusieurs parties descendantes où je décide d’oublier un peu l’inefficacité de mes crampons en me faisant plaisir dans des tronçons où beaucoup sont sur la réserve. Le dernier km est le même que le 1er, du quasi plat avec l’arche d’arrivée en point de mire.
37 minutes. Un peu plus que prévu ! J’ai clairement sous-estimé la topologie et ces 196m de D+ mais il me reste quand-même 23 minutes de pause, c’est vraiment une gestion particulière. Que faire pendant tout ce temps ? Je m’alimente un peu mais n’ose pas le sucré, j’ai peur de l’hypo réactionnelle lors du tour suivant … Je ne sais pas trop quoi faire. En tout cas je décide très vite de récupérer ma veste, j’ai froid. Je m’assois pour reposer à minima les jambes et j’attends.
Loin du TOP 20
Coup de sifflet : 60 secondes. Tout le monde se positionne derrière l’arche pour le 2ème départ. Je me place, comme souvent, dans le 1er quart et me voilà reparti. Les allures seront à peu de chose près les mêmes malgré une petite chute sans importance (sur du plat en plus !). J’arrive avec le même temps sans compter les secondes.
En retournant sur la ligne pour le 3ème départ, je vois que les classements sont affichés, je suis 32ème sur 116. Petit coup au moral car je suis loin du TOP 20 que j’espérais mais Il reste 6 tours donc tout espoir est encore permis. Il faudra juste que je ne craque pas avant mes 12 prédécesseurs directs. Pour l’instant les jambes sont là et le 1er redémarrage s’est fait sans problème … Encore heureux.
Chasse en cours
Coup de théâtre !! La course est neutralisée ! Quoi ? Effectivement, je n’avais pas la berlu quand, lors du 2ème tour, j’ai vu, ou cru voir, un panneau « chasse en cours ». Il y a bien des chasseurs sur l’emprise de la course et apparemment il y a eu une confrontation musclée viandard/traileur. La gendarmerie est prévenue et l’organisation nous propose de nous mettre au chaud dans la salle en attendant.
On espère tous que ça ne va pas trop durer et surtout que l’histoire ne s’arrête pas là ! 15 minutes plus tard on nous annonce la reprise de la course à 10h30, on aura perdu 30 minutes, ça va, tout le monde applaudit et se satisfait de l’issue trouvée. Une plainte sera cependant déposée, l’organisation étant manifestement dans ses droits aujourd’hui.
Je commence à être entamé
38 minutes pour les 3ème et 4ème tours. J’avais pourtant l’impression, notamment sur le dernier, d’aller super vite. Dans les descentes je suis en mode sanglier. Je descends à fond sans me soucier des pierres ou branches semées çà et là, je laisse mon pied gérer comme il peut, le cerveau plutôt sur OFF. Ceux qui me dépassaient dans les deux raidards revoient mon élégant postérieur dans la descente. Je prends toujours autant de plaisir mais sens, petit à petit, que je commence à être un peu entamé.
L’unique ravito, celui d’arrivée, évolue au gré des tours. A présent on a droit, en plus de tout le reste, aux crêpes au Nutella. Le menu avait été annoncé sur les réseaux et j’attendais cette gourmandise avec impatience tout en oubliant mes craintes de réactions au sucre. Je me fais plaisir tout en profitant des 20 minutes de repos pour envoyer des nouvelles à la famille et aux amis.
Nouveau départ, le 5ème, on est moins nombreux à présent car les coureurs des 4H ont fini leur journée. Niveau classement … 32ème … Toujours ou plutôt à nouveau car le départ d’avant j’étais, à ma grande surprise, 23ème !? Nouveau coup de bambou d’autant plus que je pensais avoir performé sur ces derniers km. Allez ! On y va, finisher sera la première satisfaction sur ce format si particulier, le reste …
25ème
40 minutes … Le début de la dégringolade ? Ca va j’ai encore un peu de gras (au propre comme au figuré) et en plus je vais aller me requinquer avec un nouveau bonus au ravito : des spaghetti à la bolognaise . Depuis mon runtrip solo de 3 jours où je mangeais et je courrais un peu n’importe comment sans problème de bidon, je n’ai peur de rien. Je mange ce qu’il me plait, ce qui me donne envie. La seule différence ici c’est que je ne vais partir en trottinant donc … On verra bien, c’est chaud, c’est bon, je ne me prive pas.
6ème départ, je plaisante avec un concurrent : « plus que 2 … après celui-là ». J’ai le moral je suis 25ème et il y a même un peu de soleil. On a plutôt été au sec toute cette journée malgré quelques petites averses à peine perceptibles. Je repars moins vite mais confiant sur la suite avec la marge qui me reste. Je termine une fois de plus assez rapidement en dépassant dans les descentes poussé cette fois-ci par un coureur à la respiration très expressive.
42 minutes, ce n’est pas encore une dégringolade mais un certain déclin est bel et bien enclenché. Ma place est confortée et je crois bien que je vais m’en contenter d’autant plus que le TOP 20 est à 5 minutes c’est-à-dire totalement hors de portée de ma vieille carcasse. Plus que 2 tours, ça sent la fin, ça va le faire quoi qu’il arrive le job sera fait.
24ème et un pâté lorrain en dessert
Les 2 derniers tours se rallongeront, chronométriquement, comme prévu : 44 puis 47 minutes pour clore le chapitre avec sur les dernières descentes une douleur d’ordre tendiniteuse au genou gauche qui devenait petit à petit handicapante. Le dernier départ sera lui marqué par une haie d’honneur des bénévoles et des spectateurs avec les cris des coureurs heureux de finaliser le défi, une chouette attention empreinte d’émotions. Pas de sprint à l’arrivée mais une petite accélération tout de même pour ne pas me laisser dépasser sur la ligne par un coureur trahi par sa foulée bruyante.
Comme promis, et puisque nous sommes en Lorraine, un pâté lorrain en dessert nous est offert au ravito où j’étanche tout d’abord ma soif, ou plutôt ma glucidophilie, à grand coup de Coke. 5h25 de courses pour 54km et une 24ème place qui me contentera finalement d’autant plus que le 23ème est bien loin devant (4 minutes) et que les 25 et 26ème sont à 3 et 4 …. secondes derrière moi !
4 commentaires
Commentaire de Twi posté le 14-11-2023 à 14:21:46
Quel récit haletant, bravo à toi pour cette belle place !
C'est vrai que cette course est un OVNI (ou plutôt un OCNI)
Commentaire de Zaille posté le 14-11-2023 à 14:31:01
Merci, j'espère que j'ai donné l'envie à certains de s'y essayer ...
Commentaire de A6T posté le 14-11-2023 à 21:14:19
Présent sur le 18km, c’était une belle matinée de trail (sans chasseurs agressifs pour nous 😬). Si tu as aimé le concept, je te conseille les 12h de Ludres en mars, et surtout le défi des pestiférés à Raon l’Étape en septembre.
Commentaire de Yannael posté le 07-12-2023 à 22:07:26
Format super original, et qui a l'air bien plaisant. Merci pour la belle découverte.
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