Récit de la course : Trail Alsace Grand Est by UTMB - 50 km 2023, par Zaille

L'auteur : Zaille

La course : Trail Alsace Grand Est by UTMB - 50 km

Date : 19/5/2023

Lieu : Barr (Bas-Rhin)

Affichage : 732 vues

Distance : 34km

Objectif : Faire un temps

3 commentaires

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l'UTMB arrive en Alsace !!

Quel scoop quand j’ai appris la venue de la grosse machinerie UTMB en Alsace, à 50km de chez moi ! J’ai immédiatement voulu faire parti de la fête pour cette première. J’ai hésité un instant sur le choix du format mais les tarifs à la mesure de l’événement, XXL, me feront me rabattre sur le plus petit de tous, le 20K qui fait quand-même 34km. Les dossards sont tous partis très vite et c’est donc 7 mois avant l’épreuve que je valide (et paye) mon inscription.

 

Sans pression

Très vite j’ai analysé le profil et me suis mis en tête de faire le tracé en OFF durant une de mes sorties solo. En résumé : 2 longues montées et les 7 derniers km en faux-plat descendant bien chiant. Je mettrai pas loin de 4h00 sans pause avec quelques détours et hésitations de navigation. Mis à part la 2ème montée vraiment raide, le reste demeure courable pour moi mais la fin pour rejoindre la ville d’Obernai est vraiment longue et pénible pour des jambes déjà bien entamées.

Pas de beaucoup d’entraînement trail ces dernières semaines, j’ai fait beaucoup de route mais je me rassure quand même 15 jours avant avec une petite sortie de 2 heures plutôt bien menée. Les 2 trails déjà courus cette année sont aussi une source d’expérience non-négligeable et c’est donc sans pression aucune que j’envisage cette nouvelle course. Compétition oblige, je me suis quand-même fixé un chrono : 3h30 soit une moyenne en-dessous de 6:30, chiche !

 

Ce foutu bout de papier

Ma première déconvenue avec le mastodonte UTMB sera quand je découvrirai les plages horaires de retrait des dossards : pas moyen d’un retrait le jour de la course ! J’ai eu beau argumenter avec l’organisation qu’obliger un déplacement supplémentaire aux coureurs juste pour le dossard était écologiquement et économiquement pas du tout dans les tendances du moment. J’avais même pensé faire le trajet AR à vélo pour ramener ce foutu bout de papier (et celui de Laetitia également inscrite) mais détail supplémentaire, cerise sur le Schwarzwälder : une présence en personne avec le matériel obligatoire était obligatoire … OK, j’abandonne … On va finalement loger sur place, au camping municipal, tous les autres types de logements étant évidemment réservés depuis fort fort longtemps.

Samedi après-midi, nous partons donc pour Obernai pour installer la tente et nous rendre au village UTMB. Il fait beau, il fera même chaud le lendemain, l’ambiance est détendue et on obtient le précieux sésame sans aucune attente et aucun contrôle de sac. Quand je pense à toutes ces discussions sur le matériel obligatoire (veste, bande de strapping, sifflet, couverture de survie, etc …) ! On s’installe un petit moment une bière à la main pour profiter de la météo agréable et de quelques amis sur place.

On assiste à l’arrivée de quelques coureurs du 100M et du 100K : impressionnant et souvent émouvant. La partie évènementielle est au top, ils savent y faire, l’ambiance est géniale. On a hâte d’y être à notre tour demain. En attendant, la traditionnelle Pizza-bière m’attend dans le centre-ville d’Obernai. On hésite un peu pour prolonger la soirée sur place et voir arriver Hervé, un ami RIMois, de son 100k mais les estimatifs au-delà de 22h00 nous font raviser.

 

L’événement UTMB comme on peut le rêver

Après une nuit en tente 2 places avec Laetitia qui fait une crise de claustrophobie à 23h30 et des voisins qui se tapent la discut’ autour d’un petit-déj’ à 4h30, autant dire que j’ai des doutes sur mon état de forme du jour. On se lève à 5h pour tout de suite se préparer et remballer toutes nos affaires. Une navette doit nous emmener d’Obernai au point de départ à Barr. Tout se passe comme sur des roulettes, tout est super bien organisé. On trouve très facilement une place pour se garer près de l’arrivée et les bus, pas très loin, nous attendent déjà.

On arrive à Barr bien en avance et c’est très bien comme ça. Un dernier tour aux toilettes et puis l’occasion de papoter avec les amis du club. Le départ est en plein centre-ville comme pour le trail du Landsberg que j’avais déjà fait, les premières foulées se feront donc en terrain connu. Je suis dans le premier sas qui m’a été attribué selon mes points UTMB Worlds Series. Il est 7h40, le speaker annonce le départ dans 10 minutes. Je vais me placer dans le premier quart mais stresse un peu car Laetitia a disparu depuis un moment pour un dernier pipi. Elle arrive finalement à me joindre par téléphone, tout est OK, on se souhaite bonne chance, il y a plus qu’à …

Le speaker est déchaîné, une petite musique fait monter la tension d’un cran, l’événement UTMB comme on peut le rêver, c’est vraiment chouette. A mes côtés, de l’autre côté de la rubalise du sas, M. et Mme Poletti, les fondateurs de l’UTMB, assistent tout sourire aux premiers pas de leur bébé alsacien. C’est la dernière course de ce WE où tout s’est apparemment plutôt bien passé, je devine qu’ils sont quelque peu soulagés également.

 

3h36

C’est parti, en descente, dans les rues pavées de Barr. Je déroule sans économie, le but étant de m’extirper de la foule et de ne pas être coincé dans les bouchons que les premiers singles vont probablement créer. Je suis déjà essoufflé mais je sais que je vais me calmer un peu après une fois qu’on sera dans les chemins du vignoble. J’ai programmé la fonction PacePro de ma montre su 6:30 de moyenne pour un chrono de 3h36. Je vais vois si je peux tenir cette allure ou peut-être même faire mieux ?

La première montée s’amorce déjà dans la ville puis direction les vignes où les chemins encore bien larges sont parfois même bitumés. Je me positionne petit à petit tout en trottinant. Je suis dubitatif devant l’équipement de certains affublés de carquois et bâtons pour un format et profil pareil, le marketing Salomon est redoutable !

 

Premier sommet

Au bout de 2km on rentre en forêt, certains marchent déjà, je continue de trottiner, c’est mon objectif sur ces 7 premiers kilomètres jusqu’au Mont Sainte Odile. Les chemins sont encore bien larges et aucune gêne pour passer quelques coureurs. Arrivé au premier single, je suis dans un groupe de niveau plutôt homogène, on avance tous en courant au même rythme. Le chemin à présent moins pentu, bien qu’encombré de racines et de rochers, permet une bonne progression.

Le premier sommet n’est pas loin, il commence à y avoir des spectateurs. Mis à part 2 petits répits descendants, on a fait que monter. On longe sur un beau petit chemin un rocher où des représentations religieuses annonce l’arrivée proche à ce haut lieu mystique en l’honneur de la patronne des alsaciens. Tout bon alsacien se doit de venir ici au moins une fois par an, voilà qui est fait.

 

Une seconde d’inattention

Je croise Philippe qui prend des photos des RIMois, merci à lui, et arrive au 1er ravito installé sur le parking du sanctuaire. Pas d’arrêt pour moi, je fonce d’autant que la première vraie descente m’attends et j’ai hâte de la pratiquer. Après quelques vieux escaliers en grès, un chemin peu technique, je suis sur une base de 3h33 mais je compte beaucoup sur la descente finale en fin de parcours pour me rapprocher encore plus des 3h30.

Le chemin est balisé par des petits fanions mais, bien lancé dans cette descente et une seconde d’inattention me font presque louper une bifurcation. Certains étaient déjà bien engagés dans cette mauvaise direction et on leur lance des cris pour qu’ils remontent. Je me fais dépasser de temps en temps mais dépasse aussi, je maintien donc ma place dans cette partie en D-.

 

La partie la plus dure avant la partie la plus facile

Km11, je reconnais les lieux, je m’y étais perdu ici lors de mon OFF et me souviens du petit raidard qui nous attend. Je cours et marche pour la première fois en alternance, je suis bien essoufflé mais je sais qu’il y aura une belle descente juste après. Mon vieux sac de trail montre de plus en plus d’importants signes de faiblesse. Il ballote et semble être mal ajusté. Je sors une flasque de son logement et la tiens à la main pour minimiser le phénomène, ce n’est pas plus gênant que ça, j’en profite pour prendre quelques rasades.

Km17, on arrive sur le 2ème ravito après une superbe descente, pas d’arrêt, je vais reposer mon cardio à minima dans cette grosse montée, la dernière, en marchant. La partie la plus dure avant la partie la plus facile. Je partage ma reconnaissance du terrain avec un runner qui joue à l’élastique avec moi depuis un bon moment : ça va monter sec mais après ça sera super roulant et quasi que du D-. Je suis sur une base de 3h30 mais là mon avance va prendre cher surtout sur la dernière partie où je suis presque tenté de m’aider des mains tellement le pourcentage est élevé.

 

Descente finale enclenchée

Arrivé en haut, je m’ouvre ma seule compote. Elle me fait un bien fou, comme souvent. Maintenant ça monte plus doucement sur du petit sentier. Objectif le château d’Ottrott et le dernier ravito. Mon avance sur objectif a totalement été ingurgitée par la dernière difficulté et je suis même pour la première fois en « retard » d’après Garmin. Je suis en forme malgré une baisse de régime et un essoufflement inexpliqué à un moment aux alentours du km15. Je n’ai donc pas de doute sur ma capacité à rétablir la balance du bon côté.

La descente finale est enclenchée mais elle n’est pas très rapide car sur du sentier quelque peu technique. Je pense que j’ai un bon rythme car je dépasse plus que je me fais dépasser. On arrive sur le château d’Ottrott devant lequel on passe sans le traverser contrairement à ce que j’ai fait en reconnaissance. En plus, je ne sais pas pourquoi, je pensais que le ravito serait là. Soit, je suis le coureur devant moi, on est bien sur le chemin balisé mais est-ce qu’on n’a pas loupé une boucle dans ce château ?

 

Top 100

Je fais part de mes craintes à un coureur qui me rassure en me précisant que le prochain ravito est dans le village d’Ottrott et non dans le château. Ouf !! Ça m’aurait fait suer de ne pas être finisher pour une boucle loupée. Je continue donc de dérouler, il reste 10km et me fixe le prochain ravito où je rêve un Coke bien frais (ce qu’il ne sera assurément pas). Je commence à être à sec et garde mon restant de boisson iso pour la dernière partie.

On rentre dans un village, c’est Ottrott, le ravito n’est plus très loin. Il y a du monde pour nous applaudir. Avec presque 3h de course, ça fait du bien. Un spectateur me dit que je suis 101ème et que je peux viser le top 100. Oh !! Rien de mieux que pour me booster. Le ravito, enfin ! Sans même l’atteindre une jeune fille, une bouteille de Coke pas frais du tout, me propose son elixir. J’ouvre ma flasque et lui demande l’obole tant fantasmée. Je lui lève même le cul de la bouteille pour que cela soit plus rapide. Un merci et hop je descends l’intégralité du liquide pour repartir aussi sec. Avec ce pseudo arrêt très express j’ai probablement gratté quelques places !

 

Du mal à courir sous 5:00

Il reste 8km, on est sur de la piste cyclable, je me cale dans la foulée d’un jeune coureur mais sens très vite qu’il va trop vite. Je suis sur une estimation de 3h33 mais ça commence à couiner au niveau des jambes. Le souffle est court et malgré le dénivelé favorable je ne crois pas que j’arriverai à gratter encore grand-chose.

Le terrain est pourtant propice à la vitesse, bitume ou petits gravillons, mais comme pour la fin d’un marathon, l’allure en prend un coup. J’ai du mal à courir sous 5:00 mais je m’accroche, au moins on ne me dépasse pas. Soudain, des cris, on siffle, je me retourne, j’ai bêtement suivi mon prédécesseur qui s’est trompé de direction. Je cri à mon tour, il comprend son erreur. Le détour n’est pas énorme mais j’ai sûrement perdu 2-3 places.

 

Dernières forces

Il reste 5km, on sillonne un chemin piétonnier bien ombragé le long d’un petit cours d’eau. La petite fraîcheur me fait du bien car il est 11h00 passé et le soleil commence à taper. Je suis dans les pas d’une jeunette que je reconnais, je crois qu’on se passe et repasse depuis le tout début de la course, elle dans les montées, moi dans les descentes. Là je la suis à la trace. Parfois elle ralentie, je la double pensant qu’elle aussi aimerait bénéficier de mes pas mais aussitôt après elle me redépasse … OK je n’ai rien compris.

Enfin, on arrive dans Obernai. Bizarre, il reste pourtant 2km selon Garmin. « Dans 600m l’arrivée ». Je me méfie de ce type d’information en fin de course. Ça descend, j’espère juste qu’il n’y a pas une dernière montée surprise, je n’ai plus beaucoup de ressource. Je commence à reconnaître les lieux, on n’est effectivement pas loin. On bifurque à droite vers une passerelle provisoire qui enjambe les remparts pour finalement déboucher sur la dernière ligne droite jalonnée de barrières et de spectateurs. Je monte les escaliers en courant et balance mes dernières forces dans une ambiance survoltée pour enfin franchir l’arche en 3h32.

 

INCROYABLE

Je suis flingué, obligé de reprendre mon souffle un long moment. Je félicite ma jeune concurrente qui finira finalement quelques secondes devant moi. Il y a beaucoup de monde et même Mme Poletti qui a rejoint l’arrivée pour accueillir les coureurs, top ! Je me dirige vers le ravito un peu plus loin et me fais service un nouveau Coke plutôt frais cette fois-ci. Je regarde de suite l’appli de suivi pour voir que Laetitia devrait débouler dans 30min, c’est plutôt pas mal et conforme à ses attentes.

Je m’aperçois que je suis 86ème au scratch et 3ème M3. INCROYABLE !! Un coureur me fait cependant remarquer que même si les coureurs des sas suivants sont théoriquement moins rapides, il y aura sûrement encore quelques sub100 qui vont se rajouter au fil des arrivées. Effectivement, mon classement final sera de 103/1037. Je suis donc in extremis dans les 10%, ceux qui me donnent satisfaction à mon petit niveau.

 

Dommage pour ma gueule

Ce dernier ravito est vraiment bien fourni et j’en profite bien, même un bretzel au chorizo aura droit à toute mon attention. Je vais chercher mon lot : une médaille et un beau verre à bière estampillé UTMB. Je l’utilise de suite pour un nouveau Coke en attendant Laetitia qui arrivera en 4h16, bravo !!

Après la douche, on retournera retrouver les amis autour de quelques bières servies dans notre nouveau verre pour assister à la remise des prix. Le règlement ayant changé entre-temps, ne seront récompensés que les premiers des catégories, dommage pour ma gueule. Je recommande donc une autre bière, l’important est ailleurs !

3 commentaires

Commentaire de laulau posté le 23-05-2023 à 21:48:17

Bravo pour cette belle course bien gérée ! L'Alsace, c'est très loin mais pourquoi pas un jour !

Commentaire de laulau posté le 24-05-2023 à 07:29:43

Bravo pour cette belle course bien gérée ! L'Alsace, c'est très loin mais pourquoi pas un jour !

Commentaire de laulau posté le 24-05-2023 à 07:29:50

Bravo pour cette belle course bien gérée ! L'Alsace, c'est très loin mais pourquoi pas un jour !

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