Rapide CR du marathon d'Annecy 2023, les yeux rivés sur le chrono, ça pourra servir si jamais Mathias 2024 est motivé pour retenter un marathon...

Un marathon, mais pourquoi ?

Comme souvent en avril depuis maintenant 12 ou 15 ans, j'ai le marathon d'Annecy dans le viseur...
Avec cette année le secret espoir d'approcher mon record ici même (2h51min52), qui date de... 2016 !
Certes, je suis plutôt en forme en ce moment, mais de là à battre mon record sur marathon à 47 ans, on ne va pas s'emballer.

Depuis 2-3 ans, j'ai gratté quelques % sur les trail entre 15 et 30km, ce qui me permet de faire des résultats inédits pour moi, et parfois des podiums au scratch, c'est sympa...

Le 26 mars, j'ai échoué à 30 sec de mon record sur semi, à Feurs : 1h18min46 contre 1h18min17 au même endroit en 2015.

Le 2 avril, j'ai battu mon record sur 10km à Roanne : 38min46 avec sans doute une petite marge.
Bref, je me prépare un plan de marche au doigt mouillé pour 2h48min47 (i.e. 15km/h), l'idée étant de partir comme d'habitude beaucoup trop vite pour accumuler un peu d'avance en vue de l'explosion en vol à prévoir sur les 10 derniers km (voire avant !). Je sais, ce n'est pas la stratégie généralement préconisé ! Mais je ne vois pas bien comment, à nos niveaux, on peut envisager de courir à la même vitesse le 1er et le 2ème semi.

Je ne fais pas une régression polynomiale cette fois-ci, je me contente de regarder mes temps intermédiaires à Annecy 2016 (en gros : 10km en 39min11, semi 1h23, 30km 1h59, total 2h51min52) et Berlin 2021 (10km en 38min42, semi 1h22min12, 30km 2h00min11, total 2h58min13) pour me fixer le plan de marche suivant :

• 3min52 sur le 1er semi => km10 en 38min42, semi en 1h21min39.
• Tenir 4min/km jusqu'au km 30 => km 30 en 1h57min13
• 5km à 4min05 => km 35 en 2h17min39
• 5km à 4min11 => km40 en 2h38min36

Total : 2h48

C'est très ambitieux... je suis assez confiant pour le 1er semi, mais pour la suite c'est plutôt de l'ordre du rêve inaccessible : 4min / km à ce stade là de la course et surtout rester sous les 4min11 jusqu'au bout... ce serait du jamais vu !

Avant-course

Un poil de logistique : on va faire simple, je me gare samedi à 23h avec mon fourgon de vagabond sur le parking à 100m du départ, et au dodo.
Réveil "dans la place", 3 biscuits et qques cafés au bistro du coin qui ouvre pour l'occasion le dimanche matin. Je prends mon temps et me retrouve un peu à la bourre, seulement un petit km d'échauffement.

J'ai un dossard pour le SAS < 3h, ce qui me permet de me taper l'incruste au milieu des Kényans pour la photo du départ (pffff...).

(photo : Dauphiné Libéré)

Départ de la course

Et bim, c'est parti.
km1 en 3min38, je me sens bien.

km 5 : à fond à fond à fond !

km5 en 18min52, ça défile. Je vois bien que je suis en 3min46, bcp trop rapide, mais je reste sur le principe "tout ce qui est pris n'est plus à prendre", qui a déjà prouvé maintes et maintes fois qu'il conduisait... à l'explosion en vol !

Conditions météo nickel : 6° ce matin, pas de vent, couvert mais pas de pluie.

km 10 : ça tient...

On continue, 2ème 5000m en 19min00 et donc km10 en 37min52, ça va toujours. Je parviens à rester dans le même groupe depuis le début, en forçant un peu.

Petit check-up : le pied droit (cheville + plante du pied) qui me faisait souffrir ces derniers jours, va bien. Pas d'autres douleur. Nickel.

Point "stratégie" : globalement les voyants sont eu vert, je vais tenter de rester encore avec ce groupe.

km 15

3ème 5000m en 19min13, et donc km15 en 57min07, tout va bien.

Semi : tout va bien !

à l'approche du semi, je sens que je ralentis un poil, le groupe s'éparpille. Je comprendrai plus loin que certains sont en relais et donc accélèrent en fin de course...
4ème 5000m en 19min45, et donc km20 en 1h16min50, mais le ralentissement est largement dû à la montée du km 20 (km19 en 3min58 et km20 en 4min17 !).
Le km20 m'a un peu inquiété, mais les 3min53 pour le km21 me rassurent.

Et le chrono du semi 1h21min05 me fait du bien. 3min51 au km, c'est encore mieux (à 1 sec !) que mon tableau de marche très (trop) ambitieux !

L'idée que l'explosion en vol risque d'être encore plus radicale me traverse bien l'esprit, mais pour l'heure je suis surtout ravi de me retrouver enfin à cet instant de course tant attendu, presque rêvé : la vraie course commence maintenant, il me reste un petit semi de rien du tout, il va falloir tenir, et tenter de ralentir le moins possible. En espérant que ça n'explosera pas. Je sais d'expérience que quand on se retrouve avec des poteaux en béton au km25, on a beau être sur-motivé, on atteint vite des 4min30 voire 5min au km...

km 25 : baisse du rythme conforme au plan de marche

Pour l'instant ça va encore, je m'autorise un léger mais net ralentissement du rythme, d'ailleurs je me retrouve plus ou moins seul maintenant. Les km s'enchaînent entre 3min52 et 4min06, si ça pouvait rester comme ça encore un moment, ce serait top...

5ème 5000m en 19min49, donc km25 en 1h36min39.

Petit point ravito : je me contente de 2 gorgées à chaque ravito (5km), et encore pas à chaque fois, j'en ai raté 1 ou 2. Mon estomac me fait comprendre qu'à ce rythme, il n'est pas disposé à gérer du solide. ça tombe bien, je ne comptais pas lui en fournir...

km 30 : baisse de rythme un peu moins conforme...

Peu après, vers le km27 ou 28, je sens un nouveau ralentissement poindre, cette fois-ci plus subi que maîtrisé. km26 en 3min56, puis 4min06, 4min07, 4min09, 4min11, 4min12, 4min16... ça y est je rentre dans le dur, je peux dire adieu aux 4min/km !

6ème 5000m en 20min29, et donc km30 en 1h57min08. Le temps de passage est nickel (plan de marche 1h57min13) mais le rythme est désormais plus lent que le plan de marche, et je sens bien que ça ne reviendra pas.

Je suis de plus en plus dans le dur, je cours seul, me fais doubler de temps en temps, les yeux rivés sur le chrono, ravi de voir que je reste autour des 4min15. C'est moins bien que le plan de marche (4min05) mais à ce stade de la course à Berlin j'étais plutôt en 4min30 pour terminer proche des 5min...

km 35 : ouille ouille ouille !

km31 en 4min12 donc, puis 4min16, 4min15, 4min18, 4min17, et donc 7ème 5000m en 21min17 et km35 en 2h18min25.

Cela fait au moins 10km que ma technique motivationnelle consiste à calculer le temps final sur la base de 4min30 au km. Au km25, cela me permettait d'espérer 2h54. Et au km30, 2h52 !
Le rythme de 4min30 est donc ma référence désormais, car je me sens capable de le tenir jusqu'au bout, ce qui me laisse espérer un record battu, 7 ans après Annecy 2016...

Grosse erreur !

Cette stratégie me met dans une sorte de zone de confort (enfin, "confort", faut pas exagérer, j'en bave quand même des ronds de chapeau !), je vais battre mon record, j'ai déjà bien assez souffert, ça va comme ça, hein !

Alors que si j'étais resté sur un objectif 4min/km, qui sait ce que ça aurait donné ?
Sur cette base, j'avais 2min52 d'avance au km30. Et il me restait 1min35 au km35 !
à ce moment-là il me "suffisait" donc de terminer en 4min13 pour rester au-dessus de 15km/h, mon graal perso sur marathon (chacun son graal !).

Bref, je me retrouve à viser 4min30, et ça marche plutôt bien.

km36 en 4min23, puis 4min28, puis 4min22.

On est de retour en ville, il y a une foultitude de spectateurs, et je ne suis pas à l'agonie comme généralement sur marathon.

Je kiffe !

Le Chabob à la rescousse !

à ce moment de la course, l'effet "chabob" est à son maximum !

Certains esprits chagrins se sont moqués de mon couvre-chef, sur des bases esthétiques et/ou aérodynamiques.

Alors l'esthétique, je m'en balek. Déjà, j'ai fait un bel effort, je suis rasé d'à peine 2 ou 3 semaines.
Quant à l'aérodynamisme, admettons qu'il y ait une petite prise au vent qui me fasse perdre 0,5% de cx...
Je suis persuadé que c'est largement compensé par les effets positifs du surplus d'encouragement que je reçois quasi-systématiquement, grâce au chabob. Dont plusieurs exclamations extatiques du style "ooooohhhh trop beau le chapeau j'aime trop bravo" à la limite de l'orgasme !
Et encore, c'est un blanc !
Qu'est-ce que ça aurait été avec un rouge !

km 40 : kiff BDSM

Bref, il reste 2km, je ne vais pas dire que je savoure, mais je suis quand même dans un état proche de l'extase... et vu le niveau d'inconfort et même de douleurs (principalement aux cuisses), je réalise que je suis en train de vivre un kiff sans doute similaire à ce que doit proposer maîtresse Dominia dans son donjon BDSM !

Je tente d'accélérer pour ces 2 derniers km, en particulier quand je me fais doubler par la 3ème féminine qui a un rythme d'une autre planète que la mienne, mais à chaque fois je suis rappelé à l'ordre par mes cuisses et parfois par mon estomac qui menace curieusement de tout dégobiller, alors même que je n'ai quasi rien mangé de la matinée et que je suis somme toute à un rythme assez loin de ma VMA...

Bon sang mais ça fait un moment qu'on est en ville, je ne vois pas où on va pouvoir caser 2km d'ici l'arrivée que je devine par là-bas...

Et hop 2h50min27 emballé c'est pesé !

km41 en 4min24.
km42 en 4min32... je me laisse aller !
Encore une grosse cinquantaine de secondes et je passe la ligne en 78ème position en 2h50min27.
J'étais 39ème au semi !
Un coureur avec qui j'étais au semi, termine en léger négative-split en 2h40min... c'est un autre monde !

Je titube dans la gadoue jusqu'au ravito, je mets un moment à émerger, je suis bien bien entamé. Je bois pas mal, je n'ai aucune envie de manger quoi que ce soit. Rapide check-up : bonnes douleurs dans les cuisses, mais à part ça RàS. Plutôt en bon état !
Je crois que c'est la 1ère fois que je termine un marathon avec un voyant "plus jamais ça" aussi faiblement allumé.

Ce sera un poil moins bien ensuite : le soir même je ne peux plus marcher, une douleur est apparue au mollet gauche, qui me semble enflé. Là où je me suis fait une déchirure il y a qques années. Je vais boitiller toute la semaine... en me contentant d'un peu de vélo et de HT. Pour la CàP, on verra plus tard !