Récit de la course : LyonSaintéLyon 2022, par Benman

L'auteur : Benman

La course : LyonSaintéLyon

Date : 3/12/2022

Lieu : Lyon 07 (Rhône)

Affichage : 3809 vues

Distance : 156km

Objectif : Pas d'objectif

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La 7ème compagnie débalise les ravitos

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J’AI GLISSÉ, CHEF

 

2019 : Après 4 SaintéLyon (STL), et l’impression d’avoir un peu fait le tour de la question, me trottait dans la tête l’idée de faire la STL en plein jour, plutôt en mode off entre copains. La "180", organisée par le LUR (Lyon Ultra Run) me faisait de l’œil depuis un moment, car je trouvais le principe du off en, groupe à l’aller bien sympa. Mais le retour avec la grande course me faisait bigrement peur.

Sauf que l’année où je me sentais enfin prêt à passer à candidater pour la 180, celle-ci est remplacée par la LyonSainteLyon, course qui devient officielle, avec un aller qui n’est plus vraiment un off … surtout si on considère qu’un off à 300, avec un chrono qui tourne quand même, et des coureurs de tout niveau, plombe un peu l’esprit originel « off entre potes ».

Bon, le LUR apporte sa caution et son soutien à cette nouvelle course, wait and see. Mais je n’ai pas vraiment ni l’envie, ni l’occasion de la faire (malgré la belle initiative de la STL « just in time » avec audio-guide intégré à l’oreillette pendant le confinement). Je me dis que si un jour favorable arrive … alors peut-être.

 

11 octobre 2022, un petit message sur le fil des lyonnais kikourou posté par Seigneur arthurbaldur du LUR himself, nous propose de rejoindre la team bénévoles de la LyonSainteLyon.

« Hello,
il nous manque 2 ou 3 Xian (ou équivalents) pour faire serre-files sur l'aller de la LyonSaintéLyon.
Rien de plus simple, il s'agit de courir longtemps et lentement (je parlais de Xian fatigués bien entendu), d'encourager et de ramasser les panneaux spécifiques à la LyonSaintéLyon (pas ceux du retour, déconnez pas ...). Cela représente une centaine de panneaux à déposer au fur et à mesure aux ravitaillement de Soucieu, Ste-Catherine et St-Christo. »

Mon clavier ne fait qu’un tour : c’est un grand oui. Quasi en même temps que moi, le Mulot et Sims519 rejoignent également la team.

Magnifique : on va passer un bon moment tous ensemble, entre trainards, à la cool. On va découvrir la SaintéLyon à l’envers et de jour, on va pas se prendre la tête sur le chrono ni notre classement en course… trop bien.

Mais un truc aurait dû me mettre la puce à l'oreille: il a parlé de copain Xian, qu'on surnomme affectueusement le Grand Timonier ou le Grand Toumeg' suivant l'humeur.

Ce gars là,  en fait, c'est un champion, il a fait top 54 a la STL, et nous... pas.

Bon, j’avais pas vraiment compris que les "Xian fatigués" ça se recrutait aussi dans les vrais Xian en chair et en os.

 

18 novembre :  nous voici enrôlés dans un groupe WhatsApp à l’initiative du Grand Timonier, l’affectueux surnom de dictateur auto-proclamé de Xian-le vrai (le jamais fatigué)

Oui, à force de réclamer des Xian, ben on récolte des Xian. Il avait laissé croire à la Terre entière qu’il préparait la Saintetic depuis un an. En fait, non, Le Grand Timonier préparait méticuleusement cette mission de serre-file. Mais, il a bien compris ce que ça veut dire ?

 

23 novembre : Le grand Timonier-compte_officiel nous délivre son enseignement :

« En cas de fin de peloton trainarde, le plus lent tu accompagneras

Si malgré tout le gars te retarde, recoller au peloton tu devras »

Nous prévenons notre guide suprême : les accélérations sauvages après 40 bornes, ce sera sans nous.

Ben oui, on le connait notre Timonier, enfin, surtout ses mollets, vus de derrière … En fait, on l’a testé il y a moins de 2 mois sur l’inauguration du GR169 autour de Lyon où on faisait ses pacers. Bon, lui, il a battu le record du monde du GR169 et inscrit son nom sur les tablettes de ceux qui font des records que tout le monde s’était toujours demandé mais kikidonc a le record du GR machinchose ?

Mais NOUS, les pauvres pacers, payés des clopinettes pour assister à l’un des plus grands exploits du siècle, personne ne nous avait prévenus qu’il avait un roadbook bubullien à la minute près, un coach millimétrique, et que toute décélération en descente serait punie d’une petite relance sauvage à la montée suivante.

Personne ne nous avait prévenu non plus que le grand toutmeg, il tenait la forme de sa vie, et que nous, pauvres pacers, on était juste là pour faire les boulets dans cette tentative de record.

Le grand Timonier, c'est le gars en blanc, là, avec la coupe.

 

Et là, on, était tranquilles, à la fraiche, décontractés du lent, et paf, on découvre que, mais oui, là aussi, le chef des serre-file de la LSTL, c’est LUI en fait… et ça, personne ne nous avait prévenus.

Nous avons 8 jours pour calmer l’usurpateur.

 

Nous échafaudons dans le plus grand secret du Timonier un plan à 3 autour d’une eau-de-vie en rentrant d’une virée entre Vars et Risoul:

si il demande d’accélérer, on ralentit ;

si il râle, on ralentit ;

si il accélère quand même, on ralentit ;

si il nous parle de sa cote ITRA qui risque de baisser, on ralentit.

si il ralentit, on ralentit avec lui

Bref, le plan est prêt à se dérouler sans accros.

3 décembre : Nous nous retrouvons dans la Halle Tony Garnier à 7h30 pour un départ à 9h.

Eh oui, le tyrannique despote nous a demandé d’être là une heure et demie avant pour prendre nos marques et, prendre surtout le temps d’avoir fière allure et nous habiller de LUR.

En fait, je soupçonne notre maître de vouloir profiter du départ pour aller enfin rencontrer la star du départ, j’ai nommé Casquette Verte.

Nous écoutons religieusement l’interview au micro de la halle, du Grand Modèle Du Timonier (GMDT), qui avoue son ambition non dissimulée de mettre une fessée à ses adversaires et faire la passe de trois (il a gagné les 2 dernières éditions, l’Alex à la casquette Verte ; eh oui, en interview, Alex, t’es rieur et vu de l’intérieur, le vrai Timonier, c’est toi).

 

Nous nous regardons avec le Mulot (Seb) et Sims (Niko), en pensant aux idées que cela pourrait donner à Xian.

Pour nous, GMDT, ça veut plutôt dire les Grands Mous Du Trail

J’essaie de détourner l’attention, et profite un peu pour saluer Bert’, qui nous fait admirer sa belle casquette kikourou 2ème génération. Depuis quelques temps, il paraît qu’il l’appelle casquette Bert’

Casquette Bert', la vraie star de Tony Garnier

 

Je vérifie la tête du Timonier : il n’a pas de casquette, mais lève déjà les bras comme s’il avait gagné la lyonSainteLyon.

Je regarde Seb, il me regarde. Je regarde Niko, il me regarde. On se tourne vers Xian. On se dit qu’on a raison de s’inquiéter avec sa tête de psychopathe qui court vite. On le regarde, il nous regarde, on est mal barre.

Bref, va falloir lui faire comprendre dès le début c’est quoi un serre-file

 

On nous file des dossards pour pouvoir quand même être identifiés sur la course. On peut même faire le retour gratos à la fin si on veut. Trop chouette. Un vent de félicité se dégage alors de nous 4. Le grand Timonier en fait a déjà son dossard, invité qu’il est par son généreux employeur-mécène.

C'est une bonne situation, ça, Grand Timonier?

 

Mais là où le Grand Timonier est plus fort que toi, c’est qu’il prend le dossard serre-file, anonyme, et remet le dossard à son nom dans le sac d’allègement qui va plus vite que toi. La raison officiellement donnée à ce forfait est : ce serait dommage de faire baisser ma cote ITRA.

Je t’en foutrais, moi de la cote ITRA. De la Côte Rôtie, éventuellement, mais il est pas encore 9h, c’est un peu tôt, on est pas vraiment rôtis.

 

Dernière bise à Tidgi et papakipik, bien décidés à se passer des serre-files pour filer vers leur destin de gladiateurs.

 

 

 

 

LE FIL ROUGE SUR LE BOUTON ROUGE, LE FIL VERT SUR LE BOUTON VERT

 

 

Pan, le départ est donné.

On fait les marioles sous l’arche. On sourit à la presse et aux fans. On fait des selfies et on délivre des messages de paix et d’amour dans le Monde…

Je dis bonjour à  Boris, avec qui je reviens juste de courir à NY avec Courir Ensemble, et qui accompagnera son frère sur le retour (c'est pas son frère qu'est un gars sur le retour, hein, c'est Boris qui va l'accompagner- victorieusement- dans la nuit)

Le Timonier commence à nous jeter un regard inquiet. On est plus que derniers, on n’est pas partis en fait.

On sent dans son regard ce petit rictus qui lui fait dire « ça va être long ».

Et là, arrive très vite le premier grand exploit de cette équipée : on sort de la Halle et on ne sait pas par où il faut aller. Pas un coureur en vue, ils sont déjà tous partis comme des pets sur une toile cirée.

On n’a pas fait 50 m et on est déjà paumés !

 

Nous demandons notre chemin à des badauds. Finalement, c’est l’omniprésence des bannières de la Région qui nous remet sur le droit chemin. Eh oui, « la Région vous remet sur le droit chemin », ça pourrait faire un joli slogan pour le service communication du Grand Timonier.

Nous distinguons au loin les derniers coureurs qui ont déjà largement entamé le col Raymond Barre.
Nous confluons vers eux, dans le but de vite se faire gazer le long de l’autoroute A7.
Enfin non, ce n’est plus une autoroute, le grand déclassement est bien là : on parle de Métropolitaine maintenant. M7 est son nouveau nom. Bon, le pont, par contre, il a pas changé, tu passes en courant en espérant qu’aucun camion va rater sa route et enjamber la frêle bordure.
D’habitude, tu fais plus trop attention, tout crevé que tu es à cette particularité de fin de Saintélyon. Là, tu es frais, tu as du gaz… et tu te rappelles vite que les voitures aussi.
Bon, nous, on se sent un peu comme la frange métropolitaine là-dedans. Des voitures nous klaxonnent et nous rappellent qu’on est déjà loin derrière les derniers.

 

Heureusement, on les rattrape dans ce qui sera le premier et le dernier bouchon de cet aller : le franchissement de l’escalier qui mène sur les quais de Saône, au milieu des tags sauvages et des bonnes odeurs de pisse fraiche du matin. Assurément le moment le plus glamour du parcours.

ça c'est fait...

 

10 minutes qu’on est partis, on a passé les 2 trucs les plus relous de la SaintéLyon. Cool. On est bien.

Mais ça c’était sans compter sur la résilience du Grand Timonier. Ben oui, le quartier de la Confluence, il connait bien. C’est un peu son aire, sa Région à lui, là où il erre le midi.
Alors c’est parti : le grand escalier du Grapillon, il nous propose de le monter en talon-fesses puis à cloche-pieds. Non mais là, nous, on manque d’air.

 

Heureusement, on peut faire diversion : on croise Stephane, un kikoureur local qui nous encourage et bavarde un peu. Il va faire la Saintexpress avec son fils cette nuit et est probablement là pour prendre des leçons de talons fesse avec nous, dans le but ultime de donner le change quand son fils lui mettra la misère dans la dernière descente, alors que lui aura les ischios qui rendront grâce. Adieu Stephane, notre guide nous houspille : on prend du retard sur les derniers.

On passe le « terrain d’aventure » coincé entre le tennis et le cimetière de La Mulatière.

Le Timonier tente un smash en nous enseignant qu’il existe un segment Strava qui consiste à faire 10 fois le tour de ce parc, à fond en montée et en mode récup à la descente. Nous avons envie de le renvoyer d’un revers directement dans le cimetière d’en-face.

 

Puis nous nous perdons en conjectures sur l’utilité de faire un segment sur une boucle qu’on fait 10 fois, et surtout sur comment vérifier que le record est bien réalisé en faisant la descente en récup ? En fait, avec le Timonier, il n’y a jamais de récup’.
Bon, je ne vais pas vous raconter toute la traversée de Sainte-Foy, le parc accrobranches ni la jouissive perspective de prendre enfin la montée de Montray à l’envers, c’est à dire en descente le long de l’acqueduc.

Je commence à étaler mes maigres connaissances sur les ponts-syphons romains… ainsi font les pauvres d’esprit…
Mais tout à coup, nous tombons sur un concurrent attardé, qui sort d’une impasse.

 

D’un coup, notre rôle prend tout son sens : nous sommes là pour porter assistance à la veuve et l’orphelin, au trailer en perdition au milieu de la boue, chancelant sous le poids des kilomètres et de son manque d’expérience.

Ben oui, mais là, c’est du bitume, une bonne grosse descente, et on a fait maxi 5 kilomètres. Alors on fait ce qu’on sait le mieux faire au monde : on commence à bavasser avec le gars.

Bon, rapidement, on sait qu’il est de Choisy-le-Roi (qui comme chacun sait est jumelé avec Bourg-la-Reine), qu’il a eu une saison de ouf, et qu’il est là en récup après avoir enchainé la TDS, le Tor des Géants et la Diag’, puis le marathon de Valence la semaine dernière… ah ouais. Ben nous, on a fait 10 fois le segment à Xian en talons-fesse autour du parc il y a 3 ans, ça compte ?
Sauf que notre terrien en détresse n’avait pas lancé de SOS, il s’était juste arrêté pisser. On le relâche. Pas assez mort.

 

Bon, le grand Timonier fait des tentatives pour nous faire courir. Il a son horloge interne qui commence à lui rappeler les horaires des barrières horaires que nous aurons à respecter.
Il a plastifié LE document ultime : les horaires de passage estimé du dernier coureur.
Et là, la puissance de calcul d’un grand Timonier commence à se mettre en marche : le dernier coureur est attendu à Soucieu avant 12h56, mais la barrière horaire y est à 13h30, alors que la suivante à Sainte-Catherine est à 16h57 pour une arrivée du dernier coureur à 16h56.

Et voici que le plus grand mystère depuis la découverte de l’érection des statues de l’Ile de Paques va donc nous occuper pendant une bonne partie de la journée : pourquoi y a-t-il un écart de 34 minutes entre le dernier coureur et la barrière horaire à Soucieu, alors qu’à Sainte-Catherine cet écart tombe à une minute ? Devons-nous calquer notre rythme sénatorial sur ce dernier coureur ou sur la barrière horaire ? Devons-nous être dépités d’avoir 34 minutes de pause à Soucieu, et seulement une minute à Sainte Catherine ?

 

Notre Timonier est soucieux. Ça tombe bien, car il a en face de lui une joyeuse bande d’insouciants.

Tout droit sorti d'une pub royal canin. Attention photo trafiquée sans l'aide de photorunning

 

A chaque tentative de relance, il tombe sur le pacte de Vars-eau-de-vie : pas question de courir : le Mulot, il a l’aponévrose obsessionnelle, Niko, il a pas envie de se faire mal pour couler une bielle, et benman, il est en récup de ses précédentes récups superficielles.

Xian est en mode sacrificiel : Il envoie des SMS désespérés à l’orga, annonçant que nous naviguons avec une bonne dizaine de minutes de retard sur le pire horaire envisageable. On se croirait un peu dans le TGV après le premier arrêt en bord de voie, et la tentative du conducteur pour préparer les usagers au pire.

Je l’entends discrètement chuchoter à son téléphone : « Madame, Monsieur. Votre attention s'il vous plaît. À la suite d'un accident grave de personne. Le LSTL numéro 21270, en provenance de Lyon Perrache, arrivée initialement prévue à 12h56, arrivera avec un retard de : 2 minutes et 30 secondes environ. Merci de votre compréhension. »

 

Nous passons à côté du parc du Boulard, ce qui nous fait naturellement penser à notre ami Casquette Verte, laissé à son glorieux sort ce matin. S’ensuit un débat passionné et passionnant sur l’impact des réseaux sociaux à l’heure de la faillite des cryptomonnaies, la place de twitch dans l’imaginaire épistolaire de la jeunesse du XXIème siècle, ou le rôle inversé des super-héros dans la construction mentale des ultra-trailers d’aujourd’hui.

Et c’est là que tout le génie de notre formidable épopée s’exprime. Le Timonier veut se dégourdir les jambes : nous avons une mission pour lui : aller faire en courant le pauvre aller-retour de 1,5 km sur le bitume de Chaponost, pour rejoindre le gymnase du ravito (qui comme chacun sait, est fermé à l’aller) et vérifier qu’un malheureux trailer n’est pas resté coincé dans le caniveau.

Comme un jeune chien fou, notre Xian commence à remuer de l’oreille. Il tend son museau en avant et tire sur sa laisse virtuelle. Je dis à Sims : je te le laisse. Niko va donc accompagner Xian dans ce qui sera le plus grand accomplissement de cette formidable épopée romanesque : les 2 compères, emportés par leur élan incroyable arrivent à se paumer sur un aller-retour. Si si, je vous jure que c’est vrai. Si vous voulez des preuves, allez voir le Strava de Xian, ça fait une boucle.

Mais on devait rester ensemble normalement, et c’est Seb qui a la balise qui permet en fait à l’orga de nous localiser. Il doit normalement rester en dernier, et là il est devant les autres.

Enfin, on se retrouve avec bonheur. Xian et Niko nous expliquent comment ils ont pu rater au retour le chemin qu’ils ont pris à l’aller. On n’est pas rendus, mais on est groupir.

 

 

 

 

T’AS RIEN COMPRIS ! L’EXEMPLE C’EST QUAND LE PLUS CHEF DONNE AU MOINS CHEF ! PAS LE CONTRAIRE ! HEIN CHEF ?

 

Ça commence un peu à ressembler à « où est passée la 7ème compagnie » notre histoire, avec dans le rôle du sergent-chef Chaudard un Xian qui a son mandat horloger en jeu. Et nous, simples soldats, nous sommes bien décidés à lui faire bouffer son horloge

Nous opérons un prudent repli vers le Garon pour nous cacher si jamais un concurrent venait à apparaitre.

les lapins gardent la barrière horaire. pour l'instant ils ont le maillot jaune. vont-ils le garder dans la purée de pois?

 

C’est la terrible descente des lapins. Je me tourne vers Xian , il commence à glisser. Je lui fais remarquer que ce serait drôle de s’étaler ici, comme un lapin.

- C'est malin, hein ? C'est malin !

- Mais chef c'est vous tout seul qu'êtes tombé... Nous on... Non moi j'ai juste dit "Un lapin chef !"

- Ca suffit ! Y fallait pas m'faire retourner ! Vous savez bien qu'ça glisse, la vase, non ?

- Il est marrant l'chef : y glisse, y dit qu'c'est nous...  

Je viens de Tassin, moi, alors je commence à chercher la passerelle qui doit nous amener de l’autre côté de la rivière. "Si j'connaissais l'con qui a fait sauter l'pont ?".

On finit par trouver le pont. On pose pour la photo.  

toute la journée sur le pont?

 

Je repense au fil rouge de cette course : trouver le bouton rouge qui permet d’arrêter le chrono. Le Timonier, file, vert, sur le bâton vert avec lequel il commence à nous menacer si on refuse encore d’avancer.

 

Je m’approche du chef, un peu hébété et perdu dans ses calculs : Ce qu'il faut maintenant, c’est pas rattraper les coureurs qui sont devant ... sans se laisser rattraper par les coureurs qui sont derrière, c’est ça, hein chef ?

On fait quoi maintenant, hein chef?

 

Et là, le chef a une idée géniale (c’est pour ça qu’il est chef d’ailleurs) : il fait apparaître Farid de son chapeau magique. Farid, c’est le voisin du Timonier. Toujours un bon mot, un sourire. On est au milieu des bois, et hop, Farid Majax sort de nulle part. Quel bonheur de le voir là.

Petite valse entre voisins...


On propose à Farid de nous accompagner un peu. Rapidement, il trouve qu’on traine. Mais c’est pas possible, il a été briefé avant ou quoi ? Il commence à me brancher sur mes petites fesses qui sont juste devant lui et qui mériteraient un petit châtiment si elles ne se bougent pas plus.  Bon, là, OK, je vais un peu me les bouger si je veux pas avoir des soucis.

Et voilà comment la bande de pieds nickelés qu’on est, a réussi à faire pratiquement son 1er kilomètre en courant depuis le début.

 

Farid a rempli sa mission, il peut rentrer chez lui. Nous le saluons, en ne manquant pas de lui demander s’il ne veut pas ramener le Timonier avec lui, au passage. Nous abordons les faubourgs de Soucieu. Là où normalement la course commence, la nôtre n’a vraiment pas commencé.

 

Arclusaz-Houston m’appelle alors. Mais zêtes où ? le dernier coureur a quitté le ravito de Soucieu il y a 20 minutes. Vous foutez quoi ? Là, le Timonier prend ses jambes à son cou et n’entend même pas la suite de la conversation. Moi je sais, il a faim, et il a trop peur qu’il n’y ait plus rien à bouffer.

En fait, y’a 21 coureurs qu’on pas pointé au ravito, qu’il me dit l’Arclu. J’essaie, tout triomphant de rattraper la troupe juste au carrefour avant le gymnase pour leur annoncer la bonne nouvelle. On va avoir du temps, en fait ! L’Arclu est déjà là. Il annonce le score au Timonier qui est pris d’un chaud effroi. En fait il s’en fout des coureurs perdus : que dalle c’est juste qu’il a la dalle : un Timonier, c’est pire qu’une Garmin, ça a à peine plus de deux heures d’autonomie.

 

 

 

FOUS AFFEZ DU À L’AIL ?

 

Bon, on s’aperçoit vite qu’au ravito, y’a le même genre de gugusses que nous. L’ambiance bénévoles est en mode sandwichs – saucisson- bière fraiche. 


Après actualisation du livetrail de Romain, il n’y a en fait déjà plus qu’un seul coureur manquant.
Le ravito, est là, bien garni, devant nous.

Il va être bienvenu cet arrêt-buffet. Pas question de plaquer une occasion pareille de festoyer.

 

Le saucisson tranche au milieu des douceurs sucrées.

Je me tourne vers Xian : Vous avez p'têtre une préférence pour le saucisson, mon lieutenant : sec ou à l'ail ?

- Non non aucune importance, mais grouillez-vous !

Je me tourne en direction de Tassin (ben oui, de Soucieu, on voit Tassin par beau temps)

- Eh eh, pour moi ce serait du à l'ail, tu vois ? Demande-lui du à l'ail....C'est pas du à l'ail.

- Fous affez tu à l'ail ?

- Du à l'ail ?

- Mon camarate y feut tu à l'ail ! Allez chercher tu à l'ail !

Bon, comme d’hab, la cohésion avec les équipes du ravito du retour, c’est comme ma blague au dernier carrefour :  ça a pas hyper marché, et ils ont bouffé la moitié des sandwichs qu’était pas pour eux en fait. Heureusement, Caro revient de ses courses à Intermarché avec des bons gros sandwichs à l’ail, au bleu et à la mayo.

On repère vite la bière. Tandis qu’on sert une 1664 (c’est l’horaire de la prochaine barrière horaire) au Timonier, toujours un peu hébété par la bande de guignols qu’on lui a confiés, le responsable du ravito lui hurle: « Mais tremblez pas comme ça, ça fait de la mousse »

 

En fait, on est arrivés 2 minutes avant l’horaire estimé du dernier coureur sur le roadbook timoniesque… mais si il en reste un, perdu dans la pampa ouest-lyonnaise, qu’est-ce qu’on fait : on repart ou on attend une demi-heure la barrière horaire ?

Bon, pour certains, la question elle est vite répondue…

 

Commence alors un moment de bon gros délire. On s’installe, on se change.  On rigole avec les 2 Brignais et toute la joyeuse équipe. Arclu lance un concours de vitesse en transpalette. Il me révèle que, de sa jeunesse de lutte ouvrière, il a gardé en tête son permis transpalette. Je lui dis, Arlette de déconner avec ça.

 

Je commence à vider mon sac, littéralement parlant. Il y en a partout.

Ben oui, je suis un gars prévoyant, moi. On m’a dit qu’il fallait débaliser l’aller (panneau blanc sur fond blanc) et pas débaliser le retour (panneau jaune sur fond jaune), qui est un aller simple pour certains. J’ai donc pris un gros sac pour ranger tous les panneaux. Sauf que depuis le départ, on n’en a vu que trois ou quatre, de panneaux.

Donc la nature ayant horreur du vide, il a fallu que je le remplisse mon sac de randonneur de 50 litres. En plus, ça me donnait une bonne excuse pour ne pas courir.

Alors on y va, on sort les 2 paires de chaussettes, la powerbank XXL, les 3 TS manches longues, le slip kangourou extra-sec, la bi-polaire mi chèvre, mi-plastoc, la veste de pluie fine mais épaisse, étanche mais respirante à l’envers, et qui t’a couté plus d’un euro le schmerber… et surtout, the clou of the sac : la doudoune à capuche fourrée en poils de zombie qui pèse une tonne. J’y ai vraiment fourré toutes mes peurs d’avoir froid dans ce gros sac.

Et voilà que mon surnom est tout trouvé : je suis le gros sac de la bande.
Nan mais ils vont voir que j’ai plus d’un tour dans mon (gros) sac.

 

Je le sais : si jamais on doit sauver un pélo en perdition sur le coup de 22h au sortir de Saint Christo, je suis paré. C’est pas moi qui vais me geler les grelots sous la pluie et le brouillard… . Là j’aurai la doudoune triomphante quand ils avoueront que j’ai tiré le gros lot. Magnanime, je les caresserai alors sous les doigts de pieds, d’une plume d’oie, le pied !

Je sais, c’est laid, mais je les laisserai se cailler jusqu’à ce qu’ils avouent que le gros sac, il a bien fait d’avoir le dos large.

Bon, en attendant, je me trimballe tout ça depuis le début et ça commence à faire mal aux épaules tout ce bazar. Mais ça faire rire Caro qui me lance des piques. Je réponds d’un cœur avec les doigts. Je suis très flatté qu’on s’intéresse à moi. Je suis le François Pignon de la SaintéLyon.

 

Oui, je suis tout guilleret de ce bon moment passé avec les copains. Finalement c’est bien serre-file !

« En tout cas, moi j'vais vous dire un truc, les gars. Avec le Timonier, j'irais n'importe où ! 

- Ben ça tombe bien, on repart. 

- ...Comment ça on repart ? »

 

Le couperet est tombé : on décide de repartir en retard sur le dernier coureur, mais en avance sur la barrière horaire chargée de retenir le dernier coureur.

Mais chef, si le dernier coureur il est déjà passé, alors pourquoi on la garde la barrière horaire ? En fait, on est des garde-barrière, c’est ça ?

Un léger sifflement de dépit accompagne notre sortie du ravito. Il commence à faire déjà moins chaud. Nous allons entamer la remontée de Soucieu jusqu’au Furon. Le Bouchat, Pindoley, Chaussan… nous sommes en terrain connu.

 

 

 

J’AI APPRIS UNE PHRASE EN ANGLAIS, FAUT QUE JE LA SORTE, ÇA LEUR FERA PLAISIR… I’M VERY GLAD TO YOU HELP!

 

Le ravito de Saint Genoux est désert. Nous sommes privés de dessert.

Nous avons soigneusement évité le Bas Marjon puis le Haut Marjon, et maintenant nous faisons un gros détour pour rejoindre le Surgeon puis repasser à quelques dizaines de mètres de là où on était avant. Ce parcours est un peu surjoué. On se croirait chez Ikea : droit au but, mais pas que. Et moi qui espère toujours qu’on va se peler le (sur)jonc pour pouvoir sortir fièrement ma grosse doudoune. Ça devient bientôt ma seule préoccupation.

Nous délirons un peu sur qui peut être ce coureur ou cette coureuse qui ne s’est pas présenté(e) au ravito de Soucieu, et qui erre depuis dans l’espace-temps de la LyonSaintéLyon.
Par souci de simplification, nous l’appellerons Birgit Nilsson. Il serait un peu long de vous expliquer ce qui nous a amenés à trouver ce nom typiquement suédois. Nous espérons simplement qu’elle a trouvé un abris-gîte, en cas de pépin.

Le Rampeau est définitivement plus facile dans le sens de la descente. En plus, il n’y a pas trop de boue, même en remontant le bois d’Arfeuille. Je ne sais pas si un jour le fond du bois d’Arfeuille va être dragué pour espérer retrouver toutes les chaussures de coureurs, englouties depuis des années dans les boues et les couleurs de leurs nuits effrayantes.

 

Notre arrivée à Sainte Catherine est triomphale. Nous arrivons avant la nuit, alors que les oracles timoniesques nous garantissaient une nuit éternelle si on ne se magnait par le (sur)jonc.

Nous nous faisons engueuler par Benoit, le patron du poste ravito, car nous avons 3 minutes d’avance sur la barrière horaire. Bon, Xian essaie quand même de justifier un timide « mais oui, mais la BH à Soucieu, elle était 34 minutes avant l’horaire du dernier, alors que là, y’a juste une minute ».

Il a à peine fini de parler qu’un coureur, hagard, pointe sa tête dans la tente. Il revient du Néant. Nous le regardons incrédules : quoi, un coureur, au rythme du dernier coureur du roadbook, et en plus il était derrière nous, et on l’a pas vu.

 

Le gars nous dit qu’il s’est complétement paumé avec le balisage plutôt léger, alors qu’il n’avait pas la trace sur sa montre. Grosse erreur. Il a fini par retrouver le ravito comme un phare dans la nuit tombante, un refuge cosmique pour un parcours lunaire.

Avec Le Mulot et Niko, nous regardons Xian d’un air mi-satisfait, mi-triomphant, mais par pudeur, nous ne disons pas un mot. Le Timonier nous lance alors que notre horaire était parfait :

Comprenez, une supposition que les coureurs reculent...Crac ! On est là !

- Pour les empêcher de reculer.

- Non pour euh.......la tenaille, quoi.

- La tenaille, oui…

Bref, nous sommes la tenaille. Pince-moi, je rêve.

 

Nous tombons sur ArthurBaldur. Nous lui montrons notre maigre récolte de panneaux de balisage. Il nous révèle qu’en fait, on lui a dit qu’il y en a au total environ une centaine. Notre regard incrédule le dissuade de rajouter quoi que ce soit.

 

Nous apprenons également que notre chasse à l'homme (ou à la femme) peut se terminer: le coureur disparu à Soucieu sans livetrail est réapparu à Sainte- Catherine. Bon, il aura juste une vingtaine de messages en attente sur son répondeur... aux dernières nouvelles, ce n'était pas une suédoise. Dommage, ça nous aura au moins fait avancer un peu.

 

On découvre dans le fond du ravito quelques coureurs habillés d’une couverture de survie, avec une secouriste qui les couve du regard.
Enfin, notre Mission prend tout son sens. Voilà les réfugiés à secourir. Nous sommes les Sea Watch, les Aquarius qui veillent sur les côtes du côté de Saint-André-la Côte. Mais le club Aquarius doit remballer ses rêves grandiloquents : la nuit est là, les coureurs réfugiés au ravito ne repartiront pas, et cette fois, nous repartons bel et bien en retard sur la barrière horaire. Le Timonier avait raison. Gloire à notre Timonier.

 

Oui, il faut le dire, notre équipe s’est soudée au fur et à mesure que la nuit approchait. Le Timonier a admis que notre rythme était bon, nous avons accepté de parfois courir pour ne pas prendre trop de retard, et maintenant les faits nous donnent raison. Il faut garder cette soudure avant d’être soit saouls, soit dans le dur. Surtout que Seb, lui-même est dans le dur. Son aponévrose s’est réveillée, et il a la peau qui frotte un peu trop contre le papier de verre des chaussettes. La gentille secouriste a essayé de le remettre sur pieds. Cela nous comble de retrouver un Mulot de plain-pied avec la lumière à tous les étages. Nous avançons désormais de front et à la frontale. Nous faisons front face aux éléments : le brouillard est complètement tombé, déjà qu’il n’était pas très loin… on va ramasser.

 

Ah oui, je n’en ai pas parlé, parce que en fait c’était pas la peine, mais les paysages ont su rester discrets et garder leur part de mystère. Faire la SaintéLyon en plein jour ou en pleine nuit, finalement, c’est guère différent : on ne voit rien.

Un moment, nous passons devant une table d’orientation sur les crètes après Sainte -Catherine : il est indiqué une magnifique vue sur le Mont-Blanc, l’Aiguille Verte et compagnie.
Nous luttons maintenant au sens propre contre les barrières horaires. Nous n’arrivons pas à regagner le quart d’heure de retard que nous avons depuis notre départ de Sainte-Catherine. Nous ne voyons toujours pas de lumière de coureur à l’horizon (bon, avec le brouillard et le recul, je m’aperçois que c’est normal). Le Mulot a le poil un peu entamé. Toute tentative pour courir est compliquée maintenant.  Le chambrage ambiant depuis le début a laissé place à un silence complice, mais silencieux quand même, hein.

 

L’orientation se fait exclusivement à la montre. Il n’y a aucun panneau pour l’aller, et les panneaux du retour sont invisibles, soit dans le brouillard, soit mal placés pour nous.

Chacun prend la tête à tour de rôle pour donner un rythme. Personne ne fait le malin, on sait qu’on est exactement dans la période où tu n’as qu’un mot en tête : POURQUOI ?

Qu’est-ce que je fous là, je serais bien mieux dans mon lit. Il fait nuit noire, le halo de la frontale se perd dans le brouillard et laisse à peine 30 cm de visibilité devant. On fixe nos pieds pour ne pas se prendre un caillou ou une racine. La pluie commence légèrement, avec un peu de boue pour tester le laçage de nos chaussures.

 

On ne voit pas bien à quoi on servirait si on rattrapait des coureurs devant nous, vu notre état général.

Toujours pas de coureur sur le chemin en arrivant à Saint-Christo. Quelques coureurs en perdition attendent la navette. Le Mulot va les rejoindre. Pas le moment de faire des conneries avec cette blessure qui lui a déjà pourri une partie de la saison. Il n’aura pas le temps de nous saluer, son salut est déjà là, et nous sommes las.

Il n’y a plus personne au ravito. Mais grâce à radio-timonier, on nous a réservé un buffet gargantuesque. On se baffre avant de reprendre la route.

Nous savons que nous repartons avec environ 30 minutes de retard sur les derniers coureurs, et une bonne vingtaine de minutes sur la barrière horaire… Je ne fais pas trop le malin, le Timonier avait raison, et hors de question de le laisser triompher de nos pauvres âmes sensibles.

 

C’est donc en courant que nous allons faire la descente qui doit nous amener jusqu’à Sorbiers. Le rythme est bon, nous dépassons le 10 à l’heure avec des pointes à douze. Incroyable cette harmonie parmi nous.

Et là se produisent deux coups de théâtre : nous rattrapons des coureurs un peu avant Sorbiers, et nous commençons à avoir un peu partout des balisages à enlever.

 

Notre stratégie d’attente prudente prend maintenant tout son sens : nous n’avons pas stressé les coureurs devant nous, mais nous allons maintenant pouvoir les aider à rallier Saint-etienne avec un peu de marge pour garder un peu de temps de repos.

Ma stratégie de gros sac prend maintenant tout son sens : je me retrouve rapidement rempli, comblé de ces si beaux panneaux à la flèche blanche. De Gros Sac, je deviens Providence. Mon état providence va-t-il durer quoi qu’il en coûte ?

Ma stratégie de doudoune se trouve confortée par le temps infect qui nous accompagne maintenant. Je suis un stratège, le George Soros de la course à pieds.

 

Sauf que… la stratégie du gros sac plein n’est pas compatible avec celle de la doudoune : quand t’a mis la doudoune au fond du sac, sauf à tout vider, petite doudoune, tu ne mettras pas le nez dehors.

Sauf que… la stratégie du bon samaritain a ses limites : les 2 coureurs que nous récupérons ont eux aussi pas mal jardiné. L’un des deux arrêtera à Saint Etienne, et a du mal à avancer car mal partout et le moral un peu dans les chaussettes après ce jardinage forcé. L’autre est stressé par la BH de 22h30 à Sainté et sur sa possibilité de repartir s’il la dépasse. Il va falloir finalement rester seulement avec le dernier, admettre qu’on n’arrivera jamais avant la BH, et laisser son compère courir pour arriver avant 22h30 (ce qu’il fera brillamment d’ailleurs)

Sauf que… la stratégie du gros sac n’était pas suffisante : effectivement, il y avait bien le compte de panneaux, et ils étaient tous sur la fin. Comme on n’avait quasi rien vidé avant, en fait le sac s’est vite avéré lui-même insuffisant. Nous allons terminer les bras chargés de flèches. Au moins, on aura un peu eu l’impression d’être pris pour des flèches une fois dans cette journée.

 

 

IL FAUT QUE JE SOIS RENTRE LE SOIR AVANT ONZE HEURES, ET METTRE LES PATINS. CA LA-DESSUS, ELLE EST TERRIBLE

 

 

L’arrivée sur Saint-Etienne est des plus glamour. Nous longeons des grandes artères qui ne sont pas encore coupées à la circulation. Nous devons traverser sans arrêt pour aller chercher les panneaux qui sont au milieu des terre-pleins… Les signaleurs sont là, mais nous regardent en se demandant ce qu’on fout là. Bref, c’est plus sympa dans l’autre sens.

Nous arrivons en vue de l’arche. Il est 23h08. La course part dans 20 minutes Le vigile qui garde le sas des élites nous demande de montrer nos brassards et pourquoi on veut entrer. On lui dit que nous, on est le sas poireaux, et qu’on veut quand même franchir la ligne. Il nous laisse passer, pauvres hères au milieu des élites affutés comme des lames de rasoir qui s’échauffent au soleil des projecteurs de l’arche.

Mais pour nous, c’est une arche de triomphe. Nous faisons applaudir celui qui sera considéré comme le dernier concurrent de cette aventure épique. 7000 personnes entassées dans les sas font leur heure de gloire à Christian, 72 ans, que nous avons accompagné sur les 10 derniers kilomètres.

Ce sera aussi ça notre satisfaction du jour. Bon relativisons le truc, en fait , on apprendra ensuite qu’il y a eu encore 2 coureurs derrière nous, bien qu’on ne les ait jamais doublés. Joie du jardinage…

Nous retrouvons la Halle et l’espace VIP des coureurs de la LyonSainteLyon avec des étoiles plein la tête. Nous rejoignons le Mulot qui a délicatement été chercher nos sacs et nous aide à trouver à quelques graines pour nous sustenter.

 


Je croise l'Ecureuil qui vient de ramasser sa dernière noisette avant de partir. L'un a fini sa course, l'autre va la commencer... devine qui est qui!

Il avait pas sa tenue de spiderman, mais celle de casse-noisette.

 

 

On a retrouvé La 7ème compagnie au clair de Lune, qui regagne ses pénates, le sentiment du devoir accompli.

 

Merci à tous les bénévoles sur Terre (et sur boue). C'est chouette d'être bénévole.

Et merci surtout à Seb, Niko et Christian (Xian) pour leur bonne humeur et ce super moment passé ensemble.

18 commentaires

Commentaire de Arclusaz posté le 06-12-2022 à 14:59:54

une aventure et un CR qui feront date !!!!
tu étais déchainé à Soucieu et ceux qui te connaissent peu ont découvert ce que j'endure à chacune de nos sorties en voisins. Mais, ne change rien !

Commentaire de Papakipik posté le 06-12-2022 à 15:17:47

Alors là, un texte qui m’a fait mourir de rire et qui dans le même temps décrit bien ce que j’ai pu vivre avec quelques km d’avance, un de plus mais certainement pour moi le plus drôle et Dieu sait que j’en ai lu un paquet de tes CR. Merci Ben !!

Commentaire de Mazouth posté le 06-12-2022 à 21:11:12

Bah bravo, avec cette bande de bras cassés, le Timonier a raté le départ de la Saintétic... z'auriez pu vous grouiller un peu !

Commentaire de pinpon69 posté le 06-12-2022 à 21:50:19

Encore du grand benman ....

Commentaire de Trixou posté le 06-12-2022 à 23:26:39

Il y en a pas mal des perles, mais celle là...
"les paysages ont su rester discrets et garder leur part de mystère"
Merci :o)

Commentaire de Spir posté le 07-12-2022 à 00:31:24

Je ne sais pas quel est l'état de forme du bonhomme, mais la plume est affûtée ! J'aurai bien rigolé en vous imaginant remonter le fil de la STL.
Par contre, il avait l'air vraiment léger le balisage (alors qu'au retour il était top !)

Commentaire de paulotrail posté le 07-12-2022 à 08:42:11

Arrrrr, ça fait du bien de te lire ...
Merci :)

Commentaire de tidgi posté le 07-12-2022 à 09:38:07

Ah ouais ! Du GRAND benman. Merci :)

Commentaire de coco38 posté le 07-12-2022 à 10:43:15

Topissime... la prochaine fois il faudra faire serre-file au retour... comme ça on pourra discuter ! ... et je me sentirais moins seul :)

Commentaire de TomTrailRunner posté le 07-12-2022 à 16:38:27

Ton récit m'a mis la tête à lenvers

Commentaire de Mathias posté le 07-12-2022 à 23:04:29

Merci Benoît pour ce récit !

Commentaire de patrovite69 posté le 08-12-2022 à 09:38:13

Du grand Benman! merci pour le show au ravito de Soucieu....

Commentaire de jazz posté le 10-12-2022 à 12:04:29

Excellent, ça donne envie de faire une lstl :)

Commentaire de Bert' posté le 12-12-2022 à 10:19:26

Et moi qui croyait que serre-file était une promenade de santé tranquillou...
C'est finalement la Sainté avec moins de monde !?
En tout cas, j'ai passéé un bon moment depuis mon canap', sans même devoir faire d'efforts :-)

Commentaire de xian posté le 13-12-2022 à 10:04:29

euh... je ne sais pas comment le Grand Timonier doit prendre le truc... (mes avocats sont sur le coup) :)
allez, en attendant de savoir si le Grand Timonier lance une attaque pour diffamation, je n'aurais qu'un commentaire : "bwarf, on s'est bien marrés. et je me suis bien re-marré en lisant la benmanienne prose" :)

Commentaire de Benman posté le 16-12-2022 à 14:55:11

Merci pour ton humour! On a passé un super moment.

Commentaire de Benman posté le 16-12-2022 à 15:06:24

Merci à tous pour vos commentaires bien sympas. C'est chouette d'être serre-file avec une telle équipe!

Commentaire de philkikou posté le 17-12-2022 à 11:48:24

Lecture aussi longue que votre trajet LyonSainté mais dans les barrières horaires ;-) Récit toujours aussi imagé et déjanté :-)

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