Récit de la course : DeutschlandLauf 2006, par Roger38

L'auteur : Roger38

La course : DeutschlandLauf

Date : 11/9/2006

Lieu : Kap Arkona (Allemagne)

Affichage : 730 vues

Distance : 1202km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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DL 2006

En 2005, pour ma première course à étapes, j’ai longuement hésité entre la TRANSE GAULE et la DEUTSCHLANDLAUF. J’ai finalement opté pour la TRANSE GAULE, course apparemment plus facile sur le papier (moins de km sur un plus grand nombre de jours).
Après une TG effectuée sans problème ma décision était prise :je participerai à la DL 2006.

Le 10 septembre 2006 je fais la connaissance des autres concurrents et c’est avec plaisir que je retrouve Yanne Kankaansyrja, Hiroko Okiyama , Sigrid Eichner et Gérard Denis, tous finishers de la TG 2005.
La première étape sur l’île de Rügen est une bonne mise en jambe, le parcours est très agréable même si j’ai quelques problèmes digestifs sur la fin. Les étapes suivantes me font un peu peur quant à leur longueur, mais elles se passent très bien. Elles sont juste un peu monotones car elles présentent de nombreuses lignes droites complètement plates. Malheureusement, quelques coureurs souffrent déjà. A chaque abandon d’un concurrent j’ai un petit pincement au cœur. Je n’ai pas connu ça sur la TG puisque nous sommes tous allés au bout de la course.




Après 8 étapes relativement plates où les paysages ne sont pas très variés, la neuvième étape nous permet de découvrir un relief plus accidenté.
Lors de la 10ème étape, dès la première heure de course, je ressens une douleur au niveau du releveur du pied gauche, la cheville enfle au fur et à mesure que les km défilent. C’est avec une cheville très enflée que je finis cette étape et je sais que la journée de demain sera difficile.
Pour la première fois je débute la journée en marchant, cette 11ème étape commence vraiment mal. Après une petite demie heure de course la douleur est moins forte et je peux courir de nouveau presque normalement d’autant plus que le parcours a un profil montant. Malheureusement dès que nous abordons une descente un peu raide dans le vignoble je suis contraint de marcher et je boite. Me voilà bon dernier, les km qui suivent sont un vrai calvaire. Je casse une branche pour m’en servir de canne. Au 29ème km, troisième ravitaillement de l’étape, Nicole me donne de l’aspirine, Sigrid me prête des bâtons et me voilà reparti pour essayer de finir dans les délais. Avec l’aide des bâtons je me motive pour essayer de rattraper le duo Martina et Manuel. Il me faut 3 à 4 km pour arriver à les rejoindre. Sur le reste du parcours, je n’ai qu’une idée fixe : rester en contact pour arriver avant le « cut off ». Que cette fin d’étape a été difficile ! J’ai serré les dents sur de nombreux km pour avoir la satisfaction de franchir la ligne d’arrivée… après plus de 11h 32 de course. Merci Martina et Manuel !

Quel moment d’émotion lorsque je rentre dans la salle sous les acclamations des autres coureurs. Le temps de changer de maillot et je me retrouve à table avec de la glace sur la cheville. Après une bonne douche et un comprimé de Voltarène, je me couche mais je sais que la nuit sera pénible et un doute s’installe : serai-je capable de repartir demain matin avec un temps de récupération aussi court ? Serai-je le prochain à abandonner ?
Le lendemain au réveil je prends peur en voyant ma tête. Ma cheville est toujours aussi enflée. Je prends un petit déjeuner ( toujours très copieux sur la DL) et me voilà sûr de moi : je prendrai le départ. Cette 12ème étape débute par une descente et je me retrouve vite dernier car je suis obligé de boitiller. Après quelques minutes j’arrive à trottiner en faisant de petites foulées et comme hier je rattrape le duo Martina et Manuel. Aidé de mes bâtons je les suis pendant 7 km, moment ou ils s’arrêtent. J’aimerais les attendre mais je sais que j’aurai trop de mal à repartir. Après le premier ravitaillement la route s’élève et j’arrive à courir sans les bâtons, ce qui me redonne le moral. Je sais que je finirai l’étape. Plus loin je rejoins Yens et Tom et je m’accroche à leurs foulées. La fin a été très difficile mais Tom et Yens m’ont beaucoup aidé et je les en remercie. A partir de ce soir là j’ai su que j’irai au bout de cette DL. Les étapes sont maintenant plus courtes. La seule qui me fait peur est la dernière car elle comporte près de 1000m de descente. Les dernières étapes sont magnifiques, avec des moments inoubliables comme le franchissement du 1000 km, le ravitaillement organisé par les habitants d’un village et l’arrivée devant l’entrée de la foire de Horb.


La dernière étape tant appréhendée se passe très bien. C’est le plus beau parcours de cette DL avec 30 km de trail. Comme j’ai réussi à descendre correctement les 1000m de dénivelé je me mets en tête d’essayer de rattraper Gérard pour passer la ligne d’arrivée avec lui. Alors qu’il ne reste plus que quelques km et que je pense ne plus pouvoir le rejoindre, je le découvre à la sortie d’un virage. Je le rejoins à 800m de la ligne d’arrivée et c’est main dans la main que nous franchissons la ligne..

Cette DL est vraiment une course magnifique, tout est parfait. Les bénévoles sont d’une gentillesse et d’un soutien vraiment extraordinaires. L’organisation d’une telle épreuve demande des qualités exceptionnelles, faire que tout soit parfait sur une durée de 17 jours et surtout sur une telle distance cela ne s’improvise pas. Ingo Schulze a indéniablement ces qualités, il a su donné une âme à cette course.
De nombreuses arrivées d’étapes sont animées par des associations locales : spectacles de danse avec les enfants, pâtisseries préparées par les villageois, musique… se succèdent pour le plus grand plaisir des coureurs. L’accueil est toujours très chaleureux et convivial.
La DeutschlandLauf est une course que je recommande.
Merci à tous pour cette DL 2006 qui restera longtemps dans ma mémoire.

Les photos sont de Tibor Ambrus (http://www.amti.hu)

2 commentaires

Commentaire de L'Castor Junior posté le 20-11-2006 à 09:44:00

Merci Roger pour ce CR magnifique et bouleversant.
Quand je pense que j'ai été incapable de recourir pendant trois semaines après Saint Doulchard où ma cheville avait enflé comme la tienne, et que toi, tu as continué à faire des centaines de kilomètres avec du relief, je suis réellement impressionné et admiratif.
J'espère que tu as pu récupérer depuis...
Merci en tout cas de nous avoir fait partager cette expérience extraordinaire !
L'Castor Junior_un_jour_peut-être...

Commentaire de philkikou posté le 13-08-2017 à 11:36:13

je découvre ce récit grâce au récit de Crocsman 2017 .... Il ressort de ton récit une volonté de finir et de gérer les problèmes physiques, et un ambiance, une entre aide entre coureurs et avec les organisateurs hors norme, comme la course

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