L'auteur : nanard7th
La course : 24 heures de l'Isère à Tullins SOLO
Date : 2/4/2022
Lieu : Tullins (Isère)
Affichage : 511 vues
Distance : 116km
Objectif : Objectif majeur
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Voilà, c'est fait !
J'ai donc terminé mon premier 24 heures et franchi enfin la barrière des 100km ...
Que ce fut dur !
Et pourtant, pourtant, une semaine après, le samedi à 9h, je pensais encore à ce départ et je n'avais qu'une envie : revivre cette course incroyable !
Lors de mes deux dernières courses, j'avais voulu expérimenter deux formats différents : la Chartreuse Backyard en novembre 2021 et donc, ces 24h de Tullins.
Autant je ne crois ne pas retenter un jour une Backyard (une BH toutes les heures, c'est trop de stress pour moi !!!) autant je suis maintenant certain de refaire un 24h !
La course ...
Ça fait plus de deux ans que je pense à ce format qui pour moi me semble être la façon la plus "facile" de dépasser ces satanés 100km.
Malheureusement, le Covid et le premier confinement sont passés par là !
Après l'annulation (à quelques jours près) de l'édition 2020 puis celle de 2021, l'édition 2022 peut finalement avoir lieu ....
Oui mais voilà, ma condition physique n'est pas au top ! Après un mois de janvier blanc ou j'ai enchainé une grosse grippe et une pneumopathie, ma préparation au 24h (en deux mois) a été vraiment très (trop) courte ... Et comme d'habitude, une semaine avant la course, j'ai mal de partout et je me demande si je ne suis pas un peu inconscient de me lancer dans un telle aventure ...
Et puis les conditions météo ... Après un mois de mars presque estival, une grosse perturbation traverse la France en ce début Avril et ce samedi 2 Avril doit en être la pire journée, je me demande même si j'arriverai à rallier Tullins le matin en raison des chutes de neige de la veille.
Quand je pense à la préparation 4 semaines auparavant sur cette même piste et le bonheur de courir 30km en 4h sous un soleil radieux et une température agréable ...
Samedi, c'est le froid, la neige et des rafales de vents qui nous accueillent à 9h.
Tous les coureurs, même les plus aguerris sur la distance, savent qu'ils vont souffrir !
J'ai pourtant prévu les 3 couches réglementaires qui m'ont toujours sauvé la mise même pour mes STL les plus hivernales !
Et bien je n'ai jamais eu aussi froid pendant une course ! Et pendant toute la nuit, au-dessus de ces trois couches, je vais même supporter une doudoune d'hiver.
Vers 7h30, Samedi 2 avril, je retrouve donc Coco et Daniel sous notre barnum, bientôt rejoint par Marie-line que nous avions rencontré lors de la reco un mois plus tôt.
Je suis arrivé avec une valise remplie d'habits de rechange et une caisse de nourriture et surtout un relax et un duvet.
Les deux derniers vont m'être bien utiles. Par contre je n'ai pratiquement pas touché à ma nourriture perso et je ne me suis pas changé pendant ces 24h (à part changer 2 fois de paires de chaussures).
Mon objectif principal est évidemment de passer les 100km. Mais au fond de moi, je sais que j'aimerais bien égaler Coco et son triple Marathon de 2019. Je n'ai pas vraiment de stratégie de course mais j'ai décidé de faire 5 tours de marche rapide avec Coco (qui fera l'ensemble de la course en marchant) et 5 tours en courant à une allure qui est celle de mes sorties "tranquilles" avec ma femme (qui me permet de gagner un tour sur Coco) .... En gros 6,5Km/h en marchant et 8Km/h en courant. C'est évidemment trop rapide sur 24h, mais autant commencer à des allures ou je me sens à l'aise ...Après ... Eh bien on verra !
Et finalement je vais garder ce rythme pendant pratiquement 12h (dont un heure de pause au total) pour atteindre 72km....
Ces 12 premières heures passent très vite ! On discute pas mal avec Coco lors de mes phases de marche et puis le parcours est suffisamment varié (400m de piste, 400m de stabilisé et le reste en goudron) et je ne ressens aucune lassitude. Bien sûr, le froid, le grésil et les rafales de vent nous accompagnent pendant cette première partie de la course mais il y a les arrêt fréquents au ravitaillement (c'est dingue ce qu'on peut manger sur un 24h, et avec un passage devant le stand tous les km, facile de se laisser tenter !), les pauses régulières (10' toutes les 1h30/2h) et les mots échangés avec d'autres coureurs et bien sur les encouragements de Marie-Line (j'ai encore en tête ses "Allez" ) ou les "hurlements" de Daniel nous font oublier la monotonie de la répétition des tours.
Au bout de ces 12 heures, j'ai donc 5 tours d'avance sur Coco mais Daniel et Marie-Line sont loin devants (15km de plus) sans parler des premiers qui courent à une vitesse dingue et ont déjà dépassé les 100km depuis longtemps ... impressionnant !!!
Je suis heureux d'être là et le moral est au plus haut ...
Mais voilà, après les 12 heures, ça se gâte ...
La légère douleur apparue en bas du tibia de la jambe droite au km 65 s'accentue et m'empêche définitivement de courir.
Une blessure stupide dont ne je découvrirai l'origine que le lendemain en prenant ma douche : j'ai serré trop fortement la puce de chronométrage à la cheville et un gros œdème s'est formé sur le cou-de-pied. Heureusement je peux encore marcher sans trop de douleurs !
Je commence à fatiguer mais mon obsession à vouloir franchir les 100km (ce que je n'ai jamais réussi à faire en ultra) occupe toutes mes pensées ! Je crains trop qu'un arrêt prolongé avant cette barrière me soit fatal et la peur de ne pas pouvoir repartir me force à avancer coute que coute malgré la fatigue grandissante.
Les tours entre les km 90 et 100 (entre 1h et 3h du matin) sont interminables. A marcher en permanence, je ne transpire pas mais mon corps ne se réchauffe pas vraiment. Je suis transi de froid. Heureusement mon anorak de ski me permet de survivre ! On est quand même plus très nombreux sur la piste au cœur de la nuit ! Je suis assez surpris de voir que de nombreux coureurs font une longue pause à ce moment-là !
Coco a vite fait de me reprendre mes 5 tours d'avance !
Je fais une petite pause après chaque tour ... j'ai l'impression d'être au bout du rouleau !
Et puis, après 18h45 de course je passe les 100km. Et 800 m plus loin, on est ensemble avec Coco devant le panneau d'affichage pour immortaliser l'instant. On est exactement sur la même distance !
Ce n'est pas l'explosion de joie que j'imaginais mais plutôt un soulagement ! Je vais enfin pouvoir me reposer !
Je lâche un peu mentalement, je prends donc ma première longue pause (50') et ensuite je repars l'esprit libéré mais sur un tout petit rythme.
J'ai l'impression que la fatigue a disparu mais j'hésite quand même à faire comme beaucoup et aller dormir 1h ou 2h dans les vestiaires.
C'est lors d'une pause ou je m'interroge sur ce que je vais faire, que Coco fait un malaise. Rien de grave mais il est toutefois pris en charge (rapidement et efficacement) par les secours et emmené en salle de repos ou il va rester près de 2 h !
J'hésite toujours et puis finalement au bout d’un moment et avec la poussée d'adrénaline liée à ce qu'il vient de se passer, je décide de repartir !
Lorsque Coco reprend la piste, j'accélère pour le rejoindre et je me rends compte que nous somme finalement dans le même tour !
On termine ensemble au rythme du gros du peloton (mis à part les quelques extra-terrestres qui courent encore ...). Coco a mal à la cheville mais malgré nos blessures nous avançons encore à 5,5Km/h sur cette dernière heure de course !
Et quel bonheur d'atteindre les 24h avec Coco et poser notre marque au même endroit après le même nombre de tours ... Incroyable ...
Finalement on aura bien dû faire une trentaine de tours ensemble.
Et il a eu plein de rencontres pendant cette course, Marie-line et Alison, sans parler du mythique Crocman (en sandalette pour l'occasion) et son Camping-car, et bien d'autres ...
Après les 72km des 12 premières heures, je n'ai parcouru que 44km dans la seconde partie (mais plus de 3 heures de pause) ... Mais je m'y attendais ...
Hors pause, j'ai fait du 6km/h sur ces 24h !
C'est évidemment à des années lumières du vainqueur Nicolas Bié qui dépasse les 200km (204km) et évidemment Daniel qui rate les 100 miles pour quelques kms et de Marie-Line qui après une petite faiblesse dans la nuit termine 3ème féminine avec 152km ...
Peu après l'arrivée, je réalise à quel point ces 24 heures se sont vites passées ! Coco m'avait prévenu !
Malgré le froid, la fatigue et la douleur, à aucun moment je n'ai regretté d'être sur cette piste à tourner en rond et jamais, jamais, je me suis dit ... "quel con" ...
Finalement, avec un peu de recul, un 24h c'est "facile" lorsqu'on a une ambition "très mesurée" et le mental qu'il faut. Rien à voir avec un ultra ou mon manque de puissance me limite trop.
Et quelle ambiance !
Et puis à 60 ans, c'est une des rares courses ou j'ai l'impression de pouvoir progresser (et il n'y a pas de barrière horaire pour m'arrêter) !
Alors, le 1er avril 2023, je crois bien savoir ou je serai à 9h du matin !!!
Un petit mot pour les organisateurs et bénévoles de ce 24h (plus nombreux que les participants !).
Malgré des conditions difficiles, ils ont toujours été présents pour nous encourager et pour répondre à toutes nos demandes. On avait vraiment l'impression d'être "chouchouté"...
Et que dire des ravitos ... Incroyable !
Le circuit de Tullins est finalement bien tracé avec trois parties bien distinctes qui limitent la monotonie. J’ai trouvé que pour un premier 24h, il est parfait !
Maintenant récupération avant les 2 autres défis de mon "triptyque 100km" 2022 : l'UT4M100 et les 100km de Millau ...
2 commentaires
Commentaire de coco38 posté le 27-04-2022 à 10:27:41
Tu l'as fait dans les conditions les pires possibles. C'est "facile" les 24h... pas de pression sur les BH, ravito tout le temps, repos quand on veut... mais si on veut performer, la course commence après les 100km à mon avis. Il faut garder la motivation et avancer, avancer...
A voir si la stratégie ce n'est pas justement de faire un gros arrêt (1h-1h30) après les 100km... A méditer pour l'année prochaine. Et encore Bravo...
Rdv aux Coursières !
Commentaire de samontetro posté le 29-04-2022 à 14:00:40
Quand j'ai vu la météo sur le Vercors j'ai pensé à vous, sans savoir que tu y étais avec coco38!
Toto38 avait bien essayer de "m'embringer" sur cette course et j'étais sacrément content de ne pas avoir cédé à ses sirènes et d'être resté chez moi à pelleter la neige!
Mais tu es en train de me donner des regrets! Pas cool ça Bernard!
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