Récit de la course : 100 km de Metz Métropole 2021, par marathon-Yann

L'auteur : marathon-Yann

La course : 100 km de Metz Métropole

Date : 18/9/2021

Lieu : Longeville Les Metz (Moselle)

Affichage : 482 vues

Distance : 100km

Objectif : Pas d'objectif

4 commentaires

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Imagine

Imagine.

Imagine un ultra de 100 km, qui se passe dans ta ville natale, là où tu as passé les 30 premières années de ta vie, où tu reviens régulièrement voir tes parents et tes amis d'enfance.

Imagine une boucle de 4 km, qu'il faudra parcourir 25 fois. De prime abord, malgré la beauté du parcours, cela va t'effrayer : ne serait-ce pas monotone ? Et puis tu découvriras que ce paysage va changer à chaque tour, : le soleil va remplacer la brume, les cygnes laisseront la place aux sportifs du dimanche (ou du samedi), qui eux-mêmes seront remplacés par les promeneurs du weekend. Surtout, tu constateras avec satisfaction que tu ne seras jamais seul. Que ce soit les coureurs plus rapides que toi ou ceux que tu doubles, les encouragements succèderont aux plaisanteries, et la gentille connivence qui uni les ultra-coureurs vaudra largement les paysages les plus exotiques.

Ah, les concurrents ! Imagine un peloton d'une centaine de coureurs dont tu connais une bonne partie, pour la bonne raison que tu as déjà partagé de belles courses avec eux. Il y a Guillaume R, avec qui tu as partagé bien plus que 12h lors de l'U2B, il y a le Roi Eddie, champion de thriatlon et de simplicité, il y a Guillaume B, qui avec 2 copains s'est lancé le défi incroyable de faire ces 100km à la marche, il y a Stéphane, le champion incontesté des 100km, qui vient assurer un sub-10h 6 jours seulement avant le Spartathlon, il y a les légendes Christian et Julia F, il y a tes copains Christian R, Jef, Patrick, et tant d'autres visages connus . Sans parler de Christophe, inégalable organisateur, et des bénévoles que tu reconnais aussi. Quelle tribu !

"Il y a certainement à être fou, un plaisir que seuls les fous connaissent" (Dryden)

Imagine enfin une météo parfaite, un peu fraîche le matin, puis un beau soleil qui viendra te rappeler que c'est encore l'été.
 
Si tu arrives à imaginer tout ça, je n'ai presque plus rien à te raconter. J'essaie quand même.
 
Après avoir fini 8ème puis 4ème ici, j'ai peut-être eu peur de finir 0ème cette fois et j'ai laissé passer la date limite d'inscription. Heureusement Christophe m'a permis de m'inscrire en retard, merci encore. Plus sérieusement, ce n'est qu'au dernier instant que je réfléchi à mon objectif. Je suis plutôt en forme, comme me l'a montré le semi de Chartre dimanche dernier, je vais donc essayer de faire mieux en  temps (9h04) ou en classement qu'à ma dernière participation. Pour cela, je prévois de courir entre 5:15 et 5:30 au kilomètre le plus longtemps possible. 
 
100 kilo
 
Départ à 7h, au lever du jour. Las, dans la lumière timide du matin, et courant sans mes lunettes, impossible de lire les précieuses indications données par ma montre GPS ! C'est donc en me contentant de l'écran situé sur la ligne d'arrivée, tous les 4 km, que je pourrai évaluer mon allure. Autant dire que ça va calculer !
 
Sans indication sérieuse pour m'effrayer, je pars évidement trop vite. Moins de  20 minutes par boucle de 4 km. Grâce au tracé du circuit, je peux évaluer dès les premiers kilomètres que je suis 7ème. Guillaume R, mon copain qui est devant moi, me dit dès le premier kilomètre qu'il sent qu'il est parti trop vite. Il faut dire qu'il y a de sacrés coureurs pour nous entraîner !  Jérôme nous impressionne tous par sa vitesse et sa détermination, il me dira, en me prenant un tour, qu'il vise 7h15, son record. Olivier (qui remportera le 50 km en 3h24!), a une foulée plus fluide et plus courte, la différence de style est intéressante à observer. Laurence a une régularité incroyable, en la croisant toujours au même endroit sur le circuit, je ne sais pas si elle est devant ou derrière moi. Alors que je suis moi aussi assez regulier, deux coureurs me doublent dans le même tour, tandis que je rattrape un concurrent peu après. 7+2-1, je suis 8ème après 16 km, et c'est très bien.

Les tours passent, agréables. À chaque boucle, je regarde mon temps, toujours inférieur à 20 min, alors que je vise 22 min, pas de quoi s'affoler.  Je prends un tour à Stéphane, qui a la gentillesse de se mettre à mon rythme quelques kilomètres pour que nous puissions discuter de nos projets de course, un vrai seigneur. Au gré des aller-retour, nous échangeons des encouragements avec Guillaume, qui a maintenant un bon kilomètre d'avance sur moi, et mes autres compères.

Alors que nous approchons du marathon, je reprends les deux coureurs qui m'avaient dépassé, puis deux nouveaux coureurs deux tours plus tard. Le début de la remontada ? Ça me rappelle un peu le scénario des 100 miles et entretien ma bonne humeur. Fan de foot, j'admirais le "Fergie Time", ce moment pendant les arrêts de jeu où les footballeurs de Manchester United faisaient la différence. J'ai l'impression de rentrer dans le "Yann Time", le moment où j'arrive à tenir un peu plus longtemps que d'autres mon allure initiale, et cette pensée m'encourage. D'autant que 4ème m'assurerait une place sur le podium Master, une belle récompense que j'ai déjà obtenue deux fois ici.

100 kilo

Reste à tenir.

Mes parents viennent m'encourager : bravo, tu es 6ème ". Ils ne se doutent pas que ce serait pour moi une mauvaise nouvelle, (je me crois 4ème) mais cela m'aide à ne pas m'enflammer. Eddie me l'a appris, toujours se méfier des moments difficiles comme des moments d'euphorie. Et je suis dans un moment d'euphorie.

Et les tours passent. À un ravitaillement, je vois Jérôme, leader incontesté, se tenir une poche de glace sur le genou, aidé de bénévoles de la sécurité civile. Alors que je me demande encore s'il pourra repartir, 2 km plus loin, je vois mon ami Guillaume assi par terre à l'ombre d'un pont. "ça va aller, ne t'en fais pas" me dit-il. Je l'encourage comme je peux et poursuit mon chemin.

4-2=2. Christophe me le confirme à mon passage sur la ligne, à la fin du 16ème tour (66ème km)
"- tu es 2ème.
- c'est qui le 3ème, Guillaume ?
- non, c'est Laurence, Guillaume est 4ème "

Je refais mes calculs. Je peux encore me faire dépasser par deux concurrents avant de m'inquiéter pour ma place sur le podium masculin , je peux voir venir. Je transmets la bonne nouvelle à Guillaume :" tu es sur le podium , ça vaut le coup de s'accrocher". Il va faire mieux que s'accrocher, mais ça ni lui ni moi ne le savons encore.

Et les tours passent, naturellement. Grâce au tracé de la boucle, je peux évaluer les écarts avec le premier (stable) et mes poursuivants. Guillaume s'est bien repris et a dépassé Laurence mais l'écart avec moi est stable, lvoire même augmente légèrementen ma faveur. Nous nous encourageons comme si nous appartenions à la même équipe, ce qui est un peu le cas.

Si je ne me préoccupe pas du podium, je ne me demande qu'à 2 tours de la fin quel pourrait être mon temps final. Depuis le départ, je calcule que je peux mettre 22 min au tour, puis 23, puis 24, puis25,... pour atteindre les 9h. À deux tours de la fin, alors que je tourne encore à moins de 23 min / tour, je me demande quel temps je mettrais si je continuais à ce rythme. Et c'est seulement à ce moment que je réalise que je peux faire un temps qui commence par ""8-heure-30-et quelques minutes " soit "un chrono qui claque" (pour reprendre un commentaire trouvé sur Facebook). Incroyable.

Dernier tour, première inquiétude. Une soudaine brûlure se fait sentir dès que je pose le pied droit par terre. Une ampoule probablement. Je mets un petit km pour trouver comment poser le pied sans ressentir de gêne, puis je peux savourer ce dernier tour.

100 kilo

Tu peux imaginer la suite. L'arrivée devant mes parents, l'interview croisée avec Guillaume au micro d'un Christophe hilare, les quelques mots échangés avec la journaliste du RL, le plaisir rare du podium. Mon père me demande si je veux refaire la boucle en guise de tour d'honneur avec ma coupe, tellement je dois avoir l'air heureux, mais je préfère sagement rentrer prendre ma douche... avant mon train, dans lequel je somnolerai en révant sans fin à cette journée finalement inimaginable. 
 
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4 commentaires

Commentaire de glmrenard posté le 06-10-2021 à 09:21:29

Merci pour ce récit Yann! Partager un verre vendredi soir avant de se revoir pour courir, ça a été sympa. Bravo pour ton récit, passionnant, et ta course, gérée de main de maître, un vrai champion ! Et bon courage pour ton marathon de Metz ce dimanche, tu vas cartonner !

Commentaire de marathon-Yann posté le 07-10-2021 à 09:25:55

Merci Guillaume ! C'est toujours génial de partager ces moments avec toi, vivement la prochaine !

Commentaire de augustin posté le 06-10-2021 à 14:04:49

Champion Yann! belle prose, belle régularité et sage gestion de l'effort pour la local legend! quels sont tes prochains projets d'ailleurs?

Commentaire de marathon-Yann posté le 07-10-2021 à 09:31:06

Merci des compliments, ça me touche. Question gestion de l'effort, je suis parti plus vite que prévu, mais je ne me suis pas laissé déconcentré par le classement, c'était important.
Les prochaines courses seront le marathon de Metz et peut-être celui de Paris le week-end suivant (il faut bien que je fasse honneur à mon pseudo) avant la Lyon Sainté Lyon

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