Récit de la course : Ultra-Tour de La Motte-Chalancon - 42 km 2021, par samontetro

L'auteur : samontetro

La course : Ultra-Tour de La Motte-Chalancon - 42 km

Date : 17/7/2021

Lieu : La Motte Chalancon (Drôme)

Affichage : 1146 vues

Distance : 42km

Objectif : Se dépenser

7 commentaires

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Trail des Aiguilles (pas rouges)

Trail des aiguilles, La Motte Chalancon

Je me suis inscrit sur cette course un peu par hasard, initialement pour accompagner un ami réunionnais de passage en métropole et qui voulait découvrir ce coin. Mais à quelques jours de l’épreuve il se blesse. Kikourou ne dit rien sur cette course, aucun CR, alors comment se faire une idée et se motiver à y aller seul? La météo va s’en charger : c’est la semaine de l’UT4M, froide, pluvieuse, brouillardeuse en montagne (et j’habite en montagne) alors qu’on annonce tempête de ciel bleu et 29° 100km plus au sud à La Motte Chalancon ! J’ai repris l’entraînement il y a peu, entre confinement, télétravail pendant lequel je n’ai pas su me garder du temps pour aller courir, puis une épaule déboitée en allant manger un sandwich au soleil… la coupure a été longue. Sur le célèbre plan de progression d’Hémérodrome ce week-end je dois faire une sortie longue, elle est donc toute trouvée.


Un dossard est digne d'une grosse organisation

Ce trail des Aiguilles c’est un 42km en montagne au départ de Rémuzat. 3 bosses en une douzaine de km nous amènent sur le parcours du 86km et les 30 suivants seront communs jusqu’à La Motte Chalancon. Une navette nous emmène donc jusqu’au départ depuis le site d’arrivée. Je vais faire deux fois le voyage, j’ai oublié mon tél dans la voiture et il figure dans le matériel obligatoire. J’avais bien fait de choisir le premier transfert et j’ai la chance que ce soit le même bus qui assure les deux vagues!

Nous sommes moins d’une centaine à nous regrouper dans le sas de départ pour le briefing. En résumé :

  1. Attention la première bosse de 600m D+ elle pique. Gardez en sous la semelle
  2. La seconde bosse on l’a tracée hors sentier, ça va piquer!
  3. Après les Aiguilles vous redescendrez sur Rémuzat, 800m D- en monotrace avec un bout de ruisseau sur 50m. D’habitude c’est sec mais là… il y a une main courante de toute façon.
  4. Après Rémuzat vous remontez au rocher du Caire, attention ça va piquer !
  5. Vous devriez croiser des vautours en crête.

Simple non ? Quand ça pique c’est que ça monte, quand ça glisse c’est que ça descend et ailleurs il y a les vautours !

 

Je suis allé faire quelques mètres d’échauffement sur le parcours pour visualiser le départ et ça part tout de suite en côte. J’ai l’impression que le balisage est à l’envers avec les rubalises posées avant les carrefours. Ça me rassure moyennent mais dès le départ les choses vont se clarifier : j’étais sur le chemin du retour vers Rémuzat, le départ se fait sur un autre itinéraire que je n’avais pas vu. Par contre le profil est similaire, une centaine de mètres au plat dans le village et on attaque la pente en direction de la tête du Mouret. Devant ça part très vite, le premier, Michael Gaud, claquera un époustouflant chrono final de 4h19 reléguant le second à plus de 40mn, en un peu plus de 5h! Je me retrouve dans un petit groupetto de 6 personnes et ça relance pas mal. 42Km cela reste court comme format et il faut courir chaque fois que la pente le permet. On alterne chemins et monotraces dans les buis, préservés ici de la Pyrale, sur un tracé vraiment joueur. Les séances de VMA du plan de Bertrand me permettent de profiter du terrain et je me fais vraiment plaisir à suivre ce groupe de coureurs bien plus jeunes que moi. Le premier sommet est atteint en moins d’une heure et le panorama est splendide. Je prends le temps de faire une photo de cette vue à 360°. Après tout je suis venu découvrir le coin !

 80 concurrents au départ, c'est un trail à taille humaine et on ne bouchonnera pas sur les sentiers

80 coureurs au départ, une course à taille humaine!

Mon groupetto s’est lancé dans la descente et je dois sérieusement forcer l’allure pour revenir sur eux. D’autant plus que la descente est peu technique sur un large chemin. Le GPS me dira plus tard que j’étais à près de 16km/h dans cette brève partie de « chasse-patate » ! On va d’ailleurs perdre quelques éléments du groupe dans cette portion, des coureurs plus « faciles » en cote qu’en descente sans doute, et se retrouver à 4 sur le plat qui nous mène vers la seconde bosse. L’organisation n’avait pas menti, la trace serpente hors sentier dans les bois, avec une motricité parfois difficile et une pente bien soutenue ! Mais le cheminement est en partie ombragé et avec le soleil qui commence à taper fort cela rend la progression agréable. Le groupe éclate tout de suite. Je laisse partir devant Laurent qui a l’air bien mais je vais constamment le garder à vue une cinquantaine de mètres devant moi. Derrière nous cela n’a pas suivi. Au sommet on débouche dans une prairie et on rattrape les randonneurs qui partagent certaines sections de notre parcours. Quelques échanges d’encouragements, chacun sur son format de course. Un large chemin descendant nous amène au premier ravitaillement au 11ème km. Laurent à creusé l’écart et j’arrive seul au point d’eau où une bénévole me demande l’autorisation de faire une photo pour le site web de la course. Bien sûr.

La météo au beau fixe (pensée aux copains sur l'UT4M) et les paysages du sud de la Drôme valent leur pesant de cacahuettes! 

Panorama de la premier bosse.....

Le parcours est ensuite une longue ligne droite dans la pente pour gagner le Pas de la Pousterle. Un petit km à 30 % au soleil et dans la rocaille. Je rattrape un coureur qui marche en s’aidant d’un bout de bois ramassé le long du chemin. Il m’assure que tout va bien et je continue, ma paire de bâtons en carbone est quand même plus efficace pour progresser sur ce type de terrain (mais moins éco-responsable je le concède). Après ce pointage nous sommes sur le parcours du 86km. On court sur une crête en bordure de falaise dans un paysage fabuleux . Je fais une nouvelle pause photo puis repars sur ce parcours à peine vallonné et panoramique. C’est à ce moment là qu’arrive à contresens, planant au dessus du vide à quelques mètres de nous, un immense vautour. Il glisse dans l’air, sans un battement d’aile, majestueusement. Et la course s’arrête. Pour tout le monde. Scotché par le spectacle.

 

Un peu avant les aiguilles le parcours bascule en descente dans un dévers plutôt technique en direction d’un petit col sous le Serre des Enclus. Deux bénévoles nous y attendent pour un ravitaillement en eau qui me surprend car pas annoncé par l’organisation. On échange quelques mots et je leur glisse que j’ai trouvé le passage précédent très sympa. Ils me répondent juste « Alors vous allez aimer la suite !» Effectivement, après quelques centaines de mètres sur un large chemin on plonge sur un sentier terriblement tortueux et joueur. Le passage du « ruisseau » ou on chemine une cinquantaine de mètres sur du tuff est vraiment glissant mais très bien sécurisé par une main courante. Je retrouve ensuite mon parcours d’échauffement, très bien balisé quand don le fait dans le bon sens, qui me ramène au ravitaillement de Rémuzat. J’y rempli la gourde attrape une banane que je dépouille de sa peau (pour ne pas la laisser sur le bord du chemin ensuite) et repart immédiatement en trottinant et en mangeant.

 Le ravitaillement bien aménagé pour la sécurité sanitaire  

Ravitaillement de Rémuzat

Le prochain point d’eau est dans moins de 4km, autant dire dans très peu de temps. Habitué des ultra-distances où les points de ravitaillement sont généralement espacés de plusieurs heures je trouve ça étrange, à croire qu’ils nous prennent pour des marathoniens sur bitume. En bon « qui sait tout » ça me fait même sourire en quittant Rémuzat sur un bon chemin qui longe la rivière l’Oule. Ce joli chemin bucolique fini par se transformer en monotrace un peu plus cassant au dessus des flots et je retrouve Laurent, à 4 pattes sur un rocher au dessus de la rivière ! Je pense un moment qu’il a glissé mais non, il est juste perclus de crampes. Comme la pente se redresse, nous repartons ensemble en marchant. Et là, le balisage pique brutalement à droite dans un raidard plus bucolique du tout. Nous progressons dans une sorte d’escalier formé par les alternances de roches calcaires dures et de niveaux marneux plus tendre, exposé plein sud et sans un souffle d’air. Devant nous se dresse la barre rocheuse. « Mais ça passe où ? » La réponse est simple : tout droit ! Le parcours se fait via ferrata avec des inserts métalliques dans le rocher pour poser les pieds, des câbles comme ligne de vie, un passage en « balcon au dessus du vide» entre deux strates calcaires, une échelle… Que c’est dur ! Et que ça va être dur pour les coureurs du 86km à ce stade de leur course ! Mais c’est tellement beau ! Et qu’il est loin ce rocher du Caire avec sa croix ! Quant à moi je viens de comprendre le pourquoi du point d’eau à seulement 4km et y retrouver les bénévoles avec un réel plaisir !

 L'itinéraire comporte de longues sections

 La longue crête "roulane" vers les Aiguilles de Rémuzat

On retrouve un cheminement en crête, à quelques mètres du vide, et à nouveau un vautour passe à quelques mètres, sans un battement d’aile, jouant dans les thermiques qui remontent le long de la paroi. Laurent à repris un peu d’avance mais on se retrouve au ravitaillement du col de Saint May. Il en repart au moment de mon arrivée et ses crampes semblent résorbées. Je fais le plein d’eau, quelques pâtes de fruits et figues sèches et je me lance à sa poursuite dans la descente annoncée technique. Là encore le monotrace est vraiment sympa quand on a encore les cuisses pour encaisser la pente et les relances dans les épingles. On débouche sur un chemin mais le balisage part en monté. Et effectivement il faut remonter jusqu’au col de Pensier. J’avais complètement zappé cette bosse, convaincu qu’on allait alterner plats et descentes jusqu’au prochain ravitaillement. Le chemin a vite laissé place à un joli sentier qui alterne les coups de cul et avec la chaleur j’ai du mal à jongler entre courir, puis marcher, puis relancer… Je bois beaucoup mais je me rends compte qu’à peine quelques minutes après j’ai de nouveau soif. Je comprends vite que la flotte ne passe plus et que je me déshydrate. Je vais donc aborder la longue descente suivante en trottinant doucement jusqu’au ravitaillement de Léoux pour gérer cela et ça va fonctionner.

 

Léoux c’est le dernier ravitaillement, il reste une grosse dizaine de kilomètres. J’y aperçois Laurent qui en repars en me disant qu’il gère à nouveau ses crampes depuis une heure. Je remplis la gourde et demande s’il y a un peu de sucre pour mettre dans l’eau. Le bénévole s’engouffre dans une habitation et en reviens peu de temps après avec sa boite de sucre perso ! Merci Monsieur pour votre accueil, vous n’imaginez pas ce que ces 3 morceaux de sucre ont représenté pour moi à ce moment là. Je vais quitter le ravitaillement en compagnie de la première féminine, qui vient d’arriver, pour affronter la dernière grosse bosse du parcours. Je pense qu’elle va m’atomiser dans l’ascension mais avec mes bâtons c’est moi qui creuse l’écart rapidement. Au sommet, Laurent, encore lui, est allongé sur le sol, terrassé par les crampes. Je m’arrête un moment, être sûr qu’il va se relever et repartir au moins en marchant. Céline Latil, la première au scratch, nous rejoint et lui propose un de ses cachets de sel minéraux à dissoudre dans sa gourde. On le laisse « marchouiller » sur ce bon chemin et récupérer doucement et je vais finir la course avec elle. Elle connaît bien le parcours et annonce les petites difficultés à venir, j’essaie de la motiver à courir sur les plats montants. Elle me fera même gagner une grosse poignée de minutes alors que je m’apprêtais à descendre dans un torrent me rafraîchir un peu avec un « dans 500m on court dans la rivière ! » Et effectivement le parcours remonte dans le lit de l’Oule pendant une centaine de mètre. De l’eau parfois jusqu’aux genoux, on s’arrose, que ça fait du bien !

Les derniers kilomètres alternent, en plat montant, chemins et petite route goudronnée. C’est à ce moment là que Laurent, toujours lui, va revenir sur nous et nous déposer à grandes enjambées… efficaces ces cachets ! On ne cherchera même pas à suivre, on est déjà à fond !

 

Une dernière bosse dans le village, et oui la Motte Chalancon c’est une [grosse] « motte » et on passe par dessus la motte, et je laisse Céline partir profiter de sa victoire sous l’arche d’arrivée en terminant en trottinant cette superbe traversée ! Je termine 15ème au scratch et second de ma catégorie et me voit offrir un joli maillot technique de finisher et une bouteille pour le classement. Le buffet de fruits frais, fromages et charcuteries est lui aussi fort sympathique.

 Jus de fruits, Clairette, Vin rouge, tee-shirt technique de finischer... mais comment font ils avec un coût d'inscription aussi bas ? 

Jus de fruit bio, clairette, vin rouge, tee-shirt technique de finisher... tout ça pour un coût d'inscription très modeste! Mais comment font ils ?

Cette course ? J’ai adoré ! L’esprit qui y règne déjà, le parcours extrêmement varié dans des paysages magnifiques, même si ça pique dans les côtes. L’accueil ++ « vous avez oublié votre flasque ? Pas grave, prenez ce gobelet et gardez le ! ». 80 coureurs au départ on est vite seul sur le sentier qu’on partage de temps à autre avec un autre concurrent au gré du profil du terrain ou des coups de moins bien. Les ravitos sont simples, pas de boisson énergétiques, pas de gels… mais suffisants, et puis les tucs, les fruits secs, les pâtes de fruits ça vous emmène au bout de la course tout aussi bien ! Merci à l’organisation et aux bénévoles de nous offrir ça, un trail où tout au long du parcours on a l’impression d’être un invité.

 

 

7 commentaires

Commentaire de NRT421 posté le 15-08-2021 à 12:51:57

Samontetro,ce serait bien aimable à toi de cesser de promouvoir les trails de la Drôme : J'AI PAS LE TEMPS D'ALLER Y VOIR, dorbel !
Scrogneugneu, il fait envie ce tour d'aiguilles là <3

Commentaire de samontetro posté le 15-08-2021 à 13:41:08

:) désolé NRT421! C'est juste pour t'aider à programmer tes prochaines vacances estivales!

Commentaire de hemerodrome posté le 16-08-2021 à 14:02:58

Super Patrick, ça fait plaisir de te voir t'amuser au départ d'une course ... surtout avec mon plan :)
Pour info, je démarre une activité de coaching à partir de début septembre via le coaching du coureur en lien avec la clinique du coureur...
Bises à Bientôt

Commentaire de samontetro posté le 17-08-2021 à 09:24:45

Je l'ai souvent dit, ce plan que tu as publié il y a pas mal d'années est une pépite: à la fois ludique pour un pur amateur comme moi et efficace. Ce dimanche encore sur le "sentier des ours" avec un profil très "cross" sur 24km je me suis régalé dans les relances incessantes terminant au coude à coude avec le premier M2 qui m'a lâché dans les dernières centaines de mètres. Futur M5 je n'ai plus l'âge des vitesses stratophériques (je ne l'ai d'ailleurs jamais eu :) ), mais quel régal de pouvoir jouer avec le sentier et le relief à mon humble niveau pendant aussi longtemps!
Ça va encore envoyer du lourd dans tes nouveaux projets de coaching! Bonne chance et surtout... merci Bertrand!

Commentaire de NRT421 posté le 17-08-2021 à 09:58:44

Euh, oserais-je demander oucéti que l'on peut trouver ce plan magique. C'est pas pour moi hein, c'est pour un ami :-D

Commentaire de LtBlueb posté le 20-08-2021 à 15:11:02

Toujours les baskets aux pieds , le grand . bravo Patrick !

Commentaire de samontetro posté le 20-08-2021 à 15:26:59

Ça m'embêterait de de laisser nager (nager ? si, finalement!), courir ou pédaler seul! C'est quand même un peu ta faute si un jour j'ai commencé le trail par... un grand duc de chartreuse!
A bientôt j'espère ;-)

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