L'auteur : wakayama
La course : Ultra 01 XT Experience - 95 km
Date : 23/8/2020
Lieu : Oyonnax (Ain)
Affichage : 2155 vues
Distance : 108km
Objectif : Pas d'objectif
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Je l'avais dans un coin de ma tête, cet Ultra 01.
L'an dernier, j'avais abandonné au 80ème avec un bon mal de genou et rattrapé par la barrière horaire.
Déçu et frustré car je me sentais plutôt bien et je pense avoir bien géré le début.
L'année est spéciale et les annulations de course m'ont conduit à faire des Off perso avec quelques belles randos dans les Bauges ou Belledonne en plus du Beaujolais.
L'été passe sur ce rythme et je m'inscris en dernière minute, une semaine avant, sur le format du 99km car le 165 me semble beaucoup trop important au vu de ma préparation inexistante.
Le 99km est jouable mais je sais bien que cela va être déjà un beau défi et je suis un peu inconscient volontaire de l'enjeu.
J'arrive donc le Samedi matin à Oyonnax à 7h du matin pour retirer tranquillement mon dossard, prendre le t-shirt de course à porter obligatoirement sur les premiers et j'espère sur les derniers kilomètres.
Ensuite, j'attends la navette qui va nous conduire à Hauteville pour le départ et on part à 8h. Une petite déviation nous fait perdre un peu de temps et le départ est repoussé d'un quart d'heure à 10h15.
Le trajet en bus me donne du temps pour me poser quelques questions sur la difficulté à venir : je vais devoir faire une distance que je n'ai jamais fait. Mon optimisme baisse un peu.
Hauteville : départ de la course
Placé dans le dernier tiers, on s'élance tous dans une belle marée rouge, 168 participants officiels au départ.
Je trouve que cela part un peu vite, je ne suis pas un expert de l'ultra mais cela me semble un peu dangereux d'avoir ce rythme dès le début. Ou alors, il y a vraiment un bon niveau.
Mais pas mal ont levé la main à la question du premier ultra et je pense qu'il va y avoir pas mal de casse entre la chaleur, la distance, les belles montées et une nuit dehors pour la plupart.
Je fais les premiers kilomètres en prenant mon rythme de marche assez rapide, le début de la course est une belle montée dans la petite station de ski de Hauteville.
Cette difficulté initiale passée, le reste est plutôt facile car on reste plus de 10km entre 900 et 950m d'altitude. J'arrive plutôt rapidement en 3h au ravito de Lachat qui me permet de bien boire et faire une petite coupure.
Il y a ensuite une partie montante plutôt régulière de quelques kilomètres pour arriver au Col de Cuvery sur le plateau de Retord, un site connu pour le ski de fond.
On continue ensuite pour arriver au site de parapente de Catray au-dessus de Chatillon-en-Michaille. Petit problème à ce moment, le topo nous donnait ravito au 34ème donc j'ai vidé le reste de ma poche à eau au 33ème.
Et il y a une erreur sur le kilométrage de cet ultra, donc je fais 5km sans eau pour effectuer la descente vers la base vie située en réalité au 38ème au moment de la journée le plus chaud.
Content d'arriver mais dommage de puiser un peu trop d'énergie à ce moment de la course.
Valserhone : 42km (1065m D+) pour 6h28
J'entre dans la base vie pour voir quelques coureurs de l'Ultra 165km. Certains abandonnent, comme Fred qui a déjà été finisher mais qui a des problèmes d'alimentation, beaucoup de problèmes de déshydratation sur cette course partie le vendredi à 18h.
A la base vie, ils ont déjà fait 103km, mon objectif !
Je prends mon temps, je me remets de la crème aux pieds qui commencent de chauffer, un peu du baume du tigre sur les cuisses et c'est reparti.
Je sais que le plus dur commence car les difficultés les plus importantes sont placées ici. Et on commence par une montée plutôt régulière à partir du cimetière de Confort.
L'arrivée au ravito d'eau est plus particulière avec une partie de montée sèche où je dois m'arrêter pour me reprendre. Je prends juste bien le temps de me recharger en eau car j'ai déjà tout bu dans cette première partie.
La suite nous conduit à suivre un télésiège puis une piste de ski pour arriver à un beau point de vue. La nuit commence de tomber et je poursuis dans les crêts, Crêt de la Goutte et Crêt de l'Eguillon, au milieu d'un très beau paysage.
La température a bien baissé, la nuit est là, il y a du vent. Je mets une couche supplémentaire et je sors la frontale pour aborder la descente.
Elle est très dure, je reste très prudent car une chute est très probable dans cette zone.
Je rejoins un coureur du 165, Cyril, pour finir la descente en discutant. C'est agréable car le temps passe alors bien plus vite.
On arrive alors à la deuxième base vie de Menthières.
Menthières : 60km (2357m D+) pour 12h11
Le local est assez petit et pas facile de trouver une place sur un banc. Je commence par m'alimenter, boire et finit par une soupe.
Je sais que la suite sera assez difficile avec une descente pour aller à 500m d'altitude pour commencer puis la remontée vers la Borne au Lion située à plus de 1200m.
L'enchaînement précédent de grosse montée/grosse descente m'a bien entamé et je vois que je ne tiendrais pas les 5km/h sur toute la durée.
Je rentre dans un mode gestion aussi car les talons, en particulier le gauche, commencent à me faire souffrir. J'en ai marre de ces problèmes récurrents, je choisis maintenant mes chaussures pour leur amorti et j'ai toujours cela qui m'handicape. Les descentes me font mal aux pieds et je n'avance pas comme je voudrais depuis le départ de la base vie jusqu'à Chézery.
J'arrive au village vers minuit qui est bien animé ce samedi soir. On longe un peu la rivière La Valserine et la montée commence. Je prends un bon rythme, le plus constant possible en passant le hameau de Noire Combe.
La fin est un peu plus dure et je fais bien de m'arrêter quelques instants.
Malheureusement, la nuit ne permet pas de profiter des lieux, mais rares sont ceux qui ont pu le voir de jour à mon avis.
Je suis seul ensuite pour la descente, c'est très long pendant la nuit et surtout que je n'arrive plus du tout à relancer. Les hectomètres ne défilent pas assez vite.
Mon objectif est le lever du jour, arriver à Giron avant serait déjà pas mal.
Giron : 87km (3604m D+) pour 19h14
J'arrive à Giron au moment où commence de tomber une petite pluie. J'apprendrais plus tard qu'il pleuvait beaucoup plus en hauteur à ce moment, heureusement pour moi que j'étais déjà passé.
Le gymnase de Giron n'est pas très rempli mais l'accueil reste très sympathique comme pour tous les ravitos ou base vie. Les bénévoles sont très bien, merci à eux.
Je sors de la base vie en me disant que cela va être long maintenant alors que le plus difficile est passé. Mais je sais que cela va aller au bout.
L'objectif est maintenant le Lac Genin que je vais atteindre laborieusement en râlant intérieurement puis à haute voix (je suis seul) sur mes capacités physiques.
Un bénévole me dit qu'il y a un peu de dénivelé pour l'atteindre et j'avance sans envie.
Peu de temps pour apprécier le lac qui est vraiment un bel endroit, je me presse pour en finir.
Plus d'envie sur toute la fin, je veux que ça finisse !
Oyonnax : 108km (4001m D+) pour 25h11
L'arrivée à Oyonnax est une délivrance même si les derniers kilomètres me semblent interminables. 5 derniers km que je compte sans arrêt pour arriver à un total de 108,9km au lieu des 99 prévus.
Je traverse la ville pour finalement entrer dans la stade Charles Mathon. Il est 11h du matin, peu de monde, je fais le tour du stade et passe l'arche d'arrivée.
La médaille autour du cou, une photo officielle et voilà, c'est terminé !
En conclusion, le positif est que j'ai fini un cent bornes avec aucune prépa. Mais est-ce que c'est réellement positif ?
Je pense que cela me remet en place encore une fois où j'ai tendance à me surestimer et/ou à sous-estimer les difficultés.
Un ultra, une course de plus de 50-60km, ça se prépare sérieusement et je ne prendrai plus de dossard sans avoir un minimum de garantie, même si je sais que cela ne suffira pas.
Ensuite, je ne l'ai pas abordé de la meilleure façon.
Tout d'abord physiquement, car je traine des problèmes aux talons et tendons d'achille depuis quelques mois. J'ai une grosse boule sur le tendon gauche avec une échographie prévue début septembre que j'ai repoussé car j'avais peur d'être dispensé de sport. Idiot !
Puis psychologiquement, en m'inscrivant au dernier moment, je n'ai rien préparé sur la connaissance du parcours et j'ai navigué à vue alors que je préfère maîtriser le parcours, au moins sur le papier.
J'ai aussi eu trop tendance à réfléchir en "il me reste xx kilomètres" alors que je fonctionne plutôt en petits objectifs où la course est bien découpée.
L'important, à mon sens, est de savoir pourquoi on fait un ultra, de s'y engager de manière sérieuse, et là, je peux être content de l'avoir fini, mais pas satisfait car ce n'était pas sérieux, il faut le reconnaitre.
9 commentaires
Commentaire de Arclusaz posté le 24-08-2020 à 15:07:40
de plus en plus fort, c'est très impressionnant. Bravo.
Commentaire de Ewi posté le 24-08-2020 à 16:06:50
Sacré challenge. Bravo. Je te rejoins sur les conclusions... j’ai trop tendance à faire pareil.
Commentaire de Arclusaz posté le 24-08-2020 à 16:12:03
Tous les deux, heureusement que vous n'êtes pas pères de famille. Vous n'êtes pas assez responsables pour cela...
Commentaire de wakayama posté le 24-08-2020 à 17:41:28
Pour Ewi ce n'est pas perdu. Pour moi, le mal est fait (17 ans et 15 ans pour mes enfants).
Commentaire de Arclusaz posté le 24-08-2020 à 18:05:07
Même le jeune Ewi s'y est mis, c'est dire....
Commentaire de TomTrailRunner posté le 24-08-2020 à 16:35:31
L'ultra est une école d'humilité.
Ton récit est un cas d'école d'humilité qui rappelera à tous que l'ultra n'a rien d'anodin.
Il faut reconnaitre que c'est très sérieux de ne pas être satisfait :)
Commentaire de wakayama posté le 24-08-2020 à 17:43:58
Merci et bravo pour ta course.
Commentaire de Mazouth posté le 24-08-2020 à 23:11:03
Y a qu'au marathon du Beaujolais qu'on a le droit de ne pas être sérieux !! ^^
Commentaire de Kirikou69 posté le 25-08-2020 à 11:47:52
Peut-être pas sérieux mais tu y es arrivé ! encore bravo !
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