LES IMPROBABLES DE KIKOUROU A L’EUFORIA JUILLET 2019
Où comment Rémi Mosconi et David Douillet
partirent pour 240km/20 000 D+ en montagne en autonomie,
en navigation, sans genou pour l’un sans entrainement pour l’autre
et ce sans se connaître, bref avec 0% de chances de finir.
Photos ici
https://photos.google.com/share/AF1QipN2dsdo4GDIhxHYNnAzp3PGb9GkMdVbosusPo7xYw21nd5rVd9M2kQPjdSAQ4MQGw?key=UGdTekxmY2JEVF9QcHVZY3RfV0dkMERSZmdaYmxn
DAVID :
MERCIS : oui je commence par le plus important : les MERCIS
MERCI à … MOI-MEME !!! Si si, toujours s’auto congratuler çà fait pas de mal, donc je me remercie d’être
assez fou pour faire ces conneries.
MERCI à … Madame : Merci de me laisser faire ces conneries, de me faire confiance (tout en rappelant mes
devoirs de retour obligatoire en bon état en tant que mari et père)) et surtout de supporter les préparatifs
interminables d’avant course et d’écouter les après courses tout aussi interminables, en même temps c’est toi
aussi qui me pourri quand j’abandonne et qui me challenge à faire plus et mieux))
MERCI REMI : Tu as été complètement inconscient de te lancer dans une telle aventure avec un mec pas
entrainé, qui pense qu’aux pizzas et que tu ne connaissais pas et de surcroît, tu lui confis la navigation !!!
Merci surtout pour ta compagnie, ta patience sur le premier jour ou sur les BV, ta bonne humeur permanente,
ta retenue et abnégation malgré ton genou qui devait faire bien mal, c’était si simple avec toi et finalement
facile.
MERCI AUTV : Merci à Lydia et toute l’équipe de bénévoles passionnés (comme ceux qui viennent te saluer
à l’arrivée, génial), superbe tracé , top orga, top sécu et ambiance arrivée unique, on reviendra vous voir avec
grand plaisir ))
MERCI … aux autres GRANDS MALADES qui font les mêmes folies et à leurs équipes, c’est non seulement
de grands moments de partage et de tranches de vie et notamment sur cet Euforia, mais aussi rassurant de se
dire que l’on n’est pas seul dans sa maladie))
MERCI KIKOUROU sans qui je n'aurais ni connu ces grands malades ni vécu de telles expériences depuis 10 ans
REMI :
Merci à ma femme qui me laisse faire mes bêtises. Mes enfants pour les petits mots, je suis fier de vous. Avoir
une famille qui nous soutient est vraiment important pour avoir la tête libéré et pour pouvoir profité à plein.
Merci à Kikourou qui permet de faire des rencontres improbables et donc de se retrouver sur des trucs débiles
avec tout un tas d’autres fêlés !
Merci à Mazbert, JuCb, Numax, Vik, Antoine, Chirov, la Team Gentianes qui m’ont tous aidé à me dépasser
et m’ont soutenue constamment.
Merci à David, franchement je n’aurais pas misé un copeck sur nos chances d’être finisher. On c’est beaucoup
respecté dans les temps forts et faibles de chacun. Pas une engeulade, pas un mot de trop. Pour vivre une belle
aventure en duo et faut être bien accompagné, je l’ai été superbement.
Merci à ma tête, à mes jambes, même si je suis un peu pourri à droite et à gauche, mon corps peut encore le
faire ! Tant que les émotions seront toujours aussi fortes et que le corps le permettra, je continuerais à
promener mes sentiments la haut. Je me demande encore je suis capable de faire des trucs pareils. Cela me
parait tellement inconcevable !
Merci aux bénévoles, à l’organisation, je suis un « consommateur » de trail et leurs prestation méritent un
9/10. Le parcours, quel parcours, c’est juste grandiose !
FEVRIER 2019
Nous sommes en février et comme chaque année depuis 2016, je tente l'inscription au TOR, pour soigner ma
maladie comme dit Arsim, mais TAS négatif, il va falloir trouver autre chose.
Avril arrive vite, et je ne sais toujours pas quoi faire cet été : comprendre quelle petite coursette de + de 200
bornes en montagne. Retourner sur la SWISSPEAKS ? Pas top côté agenda pro. PTL ? Ben trop tard et je n’ai
pas d'équipe, Bertrand et Grégoire étant moins entrainés que l'an dernier. (Amusant que ce soit moi-même qui
dise cela en tant que stakhanoviste de l’entrainement)
Et si pour une fois j'allais visiter les Pyrénées ? Il y a le GRP 220 et il y a Andorre dont je ne connais pas les
montagnes.
Août étant réservé à la famille, je commence donc à étudier sérieusement RONDA mais aussi la nouvelle
EUFORIA. Forcément, j’ai une préférence pour la plus grosse des deux courses, par pure orgueil
/kékette/testostérone/technicité annoncée, au choix.
Et je trouve rapidement la victime qui m’accompagnera dans ce nouveau défi: Cheville de Miel. Il est allé au
bout de la SP, il a un super mental, et il s'est inscrit pour la Ronda ! En plus, çà rendra encore plus jaloux le
Antoine qui va bouffer des Alpes à distance tout l'été, on va lui rajouter des Pyrénées ! Y a plus qu’à !
Du coup Rémi est partant si son MIUT se termine sans bobo, et par précaution, je m'inscris sur la Ronda, et
demande à Lydie s'il y a des barjots en recherche de binôme sur Euforia au cas où ; elle me trouve Peter un
Hollandais (qui fera la Ronda in fine).
Apres son MIUT bien terminé (Rémi, moyen quand même, disons que tu m’as convaincu, je suis faible), Rémi
confirme et donc nous finalisons notre inscription. Je commence à penser à faire un plan d'entrainement
accéléré ... car nous sommes déjà en Mai, soit 60 jours avant la course ...mais ça va le faire…c'est de la rando,
pas de la course. Je fais quelques sorties longues avec du D+, même si pas de gros weekend choc off comme
pour les prépas TOR et SWISS, mais l'agenda est chargé. Les CR des zouaves me rassurent sur l'allure
moyenne et le terrain, ce sera du caillou, du technique, bref dans mon élément comme le Mercantour.
Rémi a acheté un GPS GARMIN OREGON, et les 15 derniers jours, je m'occupe de la navigation à la sauce
Douillet car apparemment Rémi m’a autoproclamé responsable ès’ navigation à l’insu de mon plein gré ! Et
alors qu’on se connaît à peine, bref il ne sait pas à qui il confie sa vie. J’espère de mon côté qu’il a bien vendu
le truc à sa famille du genre « Ne vous inquiétez pas, David il connait le coin par cœur etc. » … alors que je
n’ai jamais mis les pieds ni dans les Pyrénées ni en Andorre !
Je prévois donc un max d’options de pilotage en sus du track GPS :
- La grande carte 1/25 000 achetée online et redessinée avec trace, traces de repli et passages communs avec
Ronda pour ne pas se faire avoir aux intersections
- Une copie A4 de la carte par tranche de 10/15 bornes que je prendrais en plus par étape
- Prise de photo avec l’iPhone de chacune de ces parties au cas où
- Prise de photo de certaines parties de la vidéo 3D mise en ligne par l’orga qui permet d’avoir une vue plus
réelle des montagnes
- Quelques photos et topos consultés sur internet pour les passages sympas et les refuges.
- prise des Numéros de téléphone des Refuges gardés au cas où
- Quelques heures passées sur le RB pour s’imaginer soit en superman, soit en super boulet
- et bien sûr la trace GPX chargée sur montre + GPS avec OSM qui permet d’avoir tous les sentiers (d’autant
plus utile à posteriori quand on comprend la notion de GR andorrane))
Petite précision ici, tous les avis sur Euforia alertaient sur 2 choses cruciales : le caractère dré dans caillou de
la course, et l’importance de bien se connaître avec son binôme.
Sur le premier point, je ne m’inquiétais pas trop étant plus un randonneur que coureur, mais sur le point 2 alors
là, on était à l’opposé des recos.
Avec Rémi, on s’était pour ainsi dire côtoyer sur 24h à la SP, mais sans dormir dans le même lit comme avec
Antoine sur le TOR (si si ça compte)) et notre seul contact sur la SP fût la veille quand je l’avais aidé à faire
ses straps (avais-je ressenti notre compatibilité phéromonale ??? faudra consulter le psy pour savoir ce qu’il en
pense )
Pire, nous nous étions dit en Avril/Mai qu’il faudrait ABSOLUMENT qu’on fasse un weekend off mode
warrior pour s’entrainer, se tester et se connaître …. Le temps, la procrastination et toutes les bonnes excuses
ont eu raison, … nous nous retrouvons dans la voiture de Julien à J-1 pour discuter du plan, du RB et des
stratégies d’arrêt !!!
J-1 : La géniale petite Histoire de Julien
Nous sommes sur la route depuis quelques heures à parler… ben forcément montagne, trail : ma femme elle en
marre de mes courses-genre-je-vais-souffrir-à-l’insu-de-mon-plein-gré-tu-parles-tu-te-prends-une-semaine-de-
vacances-entre-potes ! Quant à mes copains du bureau ils me prennent pour un grand malade (et j’aime ça).
Alors que nous approchons des Pyrénées et que l’appréhension et les plans sur la comète commencent à
envahir les têtes (est-ce qu’on peut faire Top 10 ? est-ce que j’ai assez coupé après des mois d’entrainement
intensif ?? et surtout est-ce que je vais réussir à faire un bon caca de la peur avant le départ ???)
Et là Julien a une idée FOR-MI-DA-BLE : il se met à nous raconter son histoire sur l’UTB avec Vik, Romain
et d’autres gars sous un orage en crêtes où il a failli y rester avec le package bourdonnement et blast. Je vois
mon acolyte Rémi se décomposer au fur et à mesure de l’histoire sachant que la météo annonce pluie et orages
les premiers jours. A croire que Julien trouve ça amusant car il en rajoute une couche avec une leçon d’analyse
des arcus annonciateurs. Rémi boit ses paroles et la patate chaude en prime : « mais t’inquiètes David il sait
quoi faire il connaît la montagne » ( euh, on se connait depuis 5h de route Julien, donc soit tu es allé farfouillé
dans les tréfonds de Google, soit tu as compris qu’il fallait rassurer Rémi et tu viens de me griller mon joker si
orage, j’avais prévu plutôt « un pour tous chacun pour soi »). Donc nous voilà en train de rassurer tant bien
que mal Rémi à coup de « hou regarde la montagne comme elle est belle » « attention concentrons-nous sur
le GPS allemand qui connaît pas la route pour aller à Andorre ».
Enfin, il est 15h00 nous sommes à Ordino, nous rejoignons Romain arrivé plus tôt qui fera binôme avec Julien
et nous avons le temps de faire le plein de calories avec une pizza pas top mais qui fera l’affaire, un type nous
reconnaît et viens nous saluer à table : c’est PAT46, Patrick Moissinac. Apparemment Rémi le connaît (« Peut
être que je l’ai déjà vu mais avec ma mémoire légendaire des visages et des noms je fais mine de rien »). Ce
Pat est fortement intéressant car il a fait 2 fois EUFORIA, il connaît la trace par cœur : comprendre que si on
le suit ce sera plus facile pour la navig et en plus il est super souriant et aimable, bref le Gontran Blond du
peloton !
Il est 16h, direction le brief dans une petite salle type cinéma, premières retrouvailles avec de « vieilles »
connaissances, Denis Clerc et ses potes JP, FRED et THIERRY mais aussi Nico de Kikourou.
J’ai adoré ce brief et la manière Hitckokienne de faire monter la pression car celle-ci monte d’un cran quand
Lydia nous présente le bulletin météo et prononce le mot « Tempête » : sur le coup ça réveille, même si nous
comprenons ou espérons comprendre que c’est la traduction pour « orages ». Bon ok mais Orage, oh
désespoir, n’ai-je donc tant vécu que pour cette idiotie ( version remasterisée du Cid). À ce moment-là on a
bien senti le stress général monter d’un cran. La petite louche supplémentaire revient à la vipère Aspic, mais
là-dessus Rémi est plus serein puisque ce seront les premiers et derniers qui pourraient être concernés …à la
condition qu’on ne soit pas dernier of course.
Et c’est pas fini, sous couvert de revoir le parcours en 3D genre vous l’avez vu mais on se fait plaisir, Lydie
fait quelques pauses arrêt sur images bien choisies pour les passages les plus sympas ou scabreux c’est selon :
« alors là il y a du gaz, c’est le vide à droite et à gauche sur la crête mais vous faites juste attention et ça
passe facile » ( vous me recopierez 100 fois cette phrase en anglais svp pour Gina et John à Torres des soldats
dans la nuit !) A posteriori, j’aurais rajouté quelques règles de base pour les descentes ou grimpettes dans les
pierriers vs chutes de pierres afin d’éviter de s’envoyer des cailloux sur la tronche.
Donc après plusieurs « faites attention » on ne sait pas plus trop à quelle sauce on va être mangé et c’est ainsi
que se termine le brief ! Dans la salle pas loin pour les cadeaux des Euforistes alias « avé-césar-ceux-qui-vont-
mourir-te-saluent », les regards de certains sont un poil anxieux, pourtant en discutant ça et là, on n’a pas
affaire à des STListes ou UTMBistes, tous ont déjà fait PTL/TOR/TRANSPY ou autres trucs de grand malade
bref on est tous un peu anxieux dans la salle de recup des dossards et package d’autant plus qu’au début les
bénévoles se plantent et nous donnent des petits sacs de BV de la Ronda, pendant quelques secondes en voyant
la taille des 2 petits sacs c’était tempête sous un crane générale : « mais comment je vais rentrer les 120 litres
de matos de survie dans 2 petits sacs de 10L alors qu’elle nous a montré un joli sac de 60L ??? »
Une fois récupérés, nous retournons sur le parking pour préparer nos sacs BV et les ramener avant 21h sans
devoir aller faire un AR à l’hôtel. Romain, Julien et Rémi sont ultra rapides à la préparation alors que moi j’en
ai trop et ça ne passe pas : il me faut bien 5 mn de plus qu’eux pour finir mon sac en supprimant des trucs
bêtes qui s’avèreront pratiques comme ma casquette saharienne (ben ouais mais la météo annoncée est bien
couverte) alors qu’à l’inverse je prends 8 kg de bouffe même si je sais par habitude que je n’en consommerais
que la moitié et d’ailleurs l’histoire me donnera raison ou encore une fois tort, tord, TOR ? C’est selon.
Nous voici donc de retour à l’hôtel puis à la recherche d’un resto. Mais nous ne trouvons pas grand-chose à la
Massana alors pour finir nous jetons notre dévolu sur une petite pizzeria où les pizzas soit disant faites maison
ne le sont pas et pas top.
Nous y faisons la connaissance de 2 pros, finisheurs PTL 2018, dont un accessoirement 3° d’un des premiers
TOR !!! Et là on fait moins les malins…
Il est 22h30 c’est l’heure des derniers préparatifs crémage etc, puis dodo 23h, avec la chaleur on met un peu de
temps à s’endormir, exceptionnellement j’ai dû mettre 2 minutes …
Rémi :
Comment j’ai pu m’embarquer là-dedans. Au départ j’étais parti sur la Ronda, mais je n’avais aucune envie de
faire ce truc seul. Les copains sont sur l’UTB, je m’inscris sur l’UTB. Je ne sais plus courir seul, j’en ai plus
envie, peut être simplement que je n’ai pas confiance en moi, et qu’il est plus simple de suivre. J’aime le
groupe, être seul m’emmerde. David me demande si suis ok pour faire l’Euforia, je dis oui. Les Zouaves m’ont
certainement influencés me convaincant que cette course était pour moi. Je déteste les arbres, ça tombe bien
y’en a pas, j’aime bien monter, c’est gavé, je descends doucement, de toute façon ce n’est pas roulane.
Bon 2 problèmes quand même, je suis une grosse quiche en montagne, je suis un suiveur de balise et je n’y
connais rien en orientation et ça ne m’intéresse absolument pas. Premier problème, je refile le bébé à David,
car malgré son air con et sa vue basse, j’ai bien senti qu’au fond de lui il a une âme montagnarde. Par sécurité
j’achète quand même un GPS que je lui refile aussi vite et charge la trace sur la montre et sur le tel. Ça c’est
fait. Inconscience totale. Bon je me dis qu’au pire on suivra Julien et Romain……..
2 ème problème, mon genou, ça grince de plus en plus. Verdict : genou mort pour la France.
Arthrose/Fissure/Bout d’Os qui se promène. Merde ça pue. Médecin du sport, elle se fout de ma figure (je l’a
connait depuis 20 ans), elle me dit que de toute façon, mort pour mort, autant que j’essaie de faire la balade et
me donne du Voltarène à prendre durant le temps de la course. Chirurgien « de toute manière vu l’état de votre
genou vous n’auriez même pas dû commencer à courir il y a 4ans, c’est déjà un miracle ce que vous avez fait
». Avantage, mon genou était pourri d’avant, inconvénient, va falloir couper le Tibia pour remettre la jambe
droite pour éviter que l’arthrose continue. Pas de contre-indication pour la « marche », juste interdiction de
courir en descente. Il me prescrit quand même une injection de liquide synoviale dans le genou. Bon…c’est
censé faire faire effet au bout de 4 à 5 semaines et le départ de la course est dans 10 jours.
Déjà que le Duo était improbable avant, cela devient n’importe quoi. David à zéro entrainement et moi je
démarre la course avec un genou pourri.
Sinon, ça, les Allobroges se sont super bien passé avec Mazbert et le week end off avec lezaffreux a été top,
j’ai quand même esquivé le dimanche matin craignant que ça soit la séance de trop. A part ça j’essaye d’en
faire le moins possible et de solliciter le moins possible mon genou. On ne sait jamais.
Je suis tellement sûr que ça va pas passer que je suis super serein. Reste à savoir lequel bâchera le premier. Je
mise sur moi en pensant que David pourra se raccrocher à l’équipe Julien/Romain. Plus l’échéance avance,
plus le genou tire avec même des blocages qui me font boiter.
Pour David, l’anecdote de l’orage je l’ai déjà eu plusieurs fois, c’est ça de trainer avec Vik et Chirov ;-)
JOUR J !!! 5h !!! DRING DRING, il est l’or mon seignor, il est l’or d’Andorre !!!
Branle-bas de combat, douche, nokage cojones, bandage têtons, strap rotule, Ktape tibias, straps pouces pied,
nokage pied, chaussettes intérieure, extérieure et intérieur chaussure, remplissage poches et flasques, petite
tentative de caca de la peur … sans succès ( normal trop tôt pour le corps, ça viendra pile poil sur la ligne de
départ ))
Puni de petit dej car trop tôt pour l’hôtel, dont départ à 5h45 de l’hôtel, arrivée sur l’aire de départ à 6h15 avec
prise des GPS, bipage et … enfin ça y est : on y est, il n’y a plus qu’à attendre 30 mn et le départ à 7h00.
On recroise les fantastiques Thierry, JP, Fred et Denis, mais aussi Patrick et son sourire permanent et Cécile
qui en plus d’être adorables vont devenir nos Target car Patrick est un « SénaFor » il a déjà fait 2 fois Euforia,
donc il connaît un peu le chemin et bonne nouvelle il vise aussi 100h … comme nous, donc il faut pas la
lâcher si on ne veut pas se perdre .
… et forcément à 15 mn du départ, une petite envie pointe son nez = petit 100 mètres pour se chauffer, …
BIP … et me voilà sur le départ mais pas vraiment plus léger, ça tiendra comme ça.
Rémi : A vrai dire je me demande ce que fait là. Heureusement il y a les copains et j’essaye de garder le
sourire. Mais ce matin en allant sur la ligne de départ le genou c’est bloqué. Je ne dis rien, des fois ça passe….
Mais là c’est 233km et 20K de D+ qui nous attendent. Suivre Julien et ou Pat le plus longtemps possible, c’est
la seule pensée que j’ai en allant sur la ligne de départ. Comme d’habitude je me sens complètement à côté de
la plaque au milieu de toute ces machines de guerre, affuté et bardé de toutes leurs panoplies d’Ultra Finisher.
7h00 pile
C’est le départ pour 1200 D+, ça part au trot dans les rues d’Ordino avec une boucle inutile pour étirer le
peloton de 66 équipes / 132 personnes, et on arrive rapidement sur le sentier à flanc avec succession de faux
plats et de relances où tout le monde trottine ou court.
Au bout de 1h de course à pied (si si important de le préciser car ensuite ce seront 220 bornes de marche à 2
ou 4 pattes), au-dessus de Sornas, le sentier monte à droite vers l’Ensegur, et déjà des premières erreurs avec
des gars qui foncent tout droit et que personne ne rappelle à l’ordre ??? (Sauf MOA sauveur du monde bien
sûr)
Après quelques virages en sous-bois, nous devons redescendre 100m… ce qui veut dire qu’il faudra les
remonter ! zut première arnaque je l’avais pas vu celle-là, et nous sortons du bois sur un joli vallon herbeux et
déjà on voit au loin les premiers qui se rapprochent du col d’Arenes à 2500m, à peine commencée la montée
que je ne me sens pas bien, pas de jus et je me fais vite déposer lamentablement par pas mal d’Euforistes sans
parler de Julien et Romain qui partent devant comme des avions de chasse je me fais aussi passer par Denis et
ses potes à qui je dis que ça commence mal mais en même temps je me dis que j’ai un peu trop couru dans les
sous-bois donc ça va revenir vite.…En fait c’est juste le début d’une agonie de 15h !!! Je suis déjà largué par
PAT et Cécile et les Fantastiques, Rémi essayant de faire la jonction entre eux et moi, la redescente vers le lac
d’Estanyo me permet de refaire un peu le trou quand soudain, qui voit-on revenir à rebrousse-poil en courant ?
Denis ! Apparemment il a perdu sa GO PRO en se déshabillant !!! (Fort heureusement pour lui et pour nous
fan de ses films, il la retrouve rapidement)
En arrivant au Lac d’Estanyo, je suis heureux de rattraper Pat et Cécile et nous embrayons le premier sommet
à 2900, le pic de l’Estanyo 2915 le long de la crête. C’est impressionnant de voir d’en bas les traileurs sur
toute l’arête. 600 D+ en 2 km. Ça coince toujours pour moi mais j’arrive à rester à distance des PAT.CIS
devant. Au sommet tactique amusante et un peu border line de plusieurs binômes : comme on doit
monter/pointer au sommet avec 50MD+, alors ils laissent leurs sacs en bas au croisement retour pour gratter
quelques minutes sans le poids du sac, Cécile n’apprécie guère car contraire au principe de porter son matos
obligatoire en permanence et cela fait un peu petit joueur aussi, pas sûr d’ailleurs que l’organisation valide
cette tactique de plusieurs binômes .
La crête jusqu’au Pic de la Cabaneta est agréable et douce, mais la descente dans les cailloux derrière est bien
raide et la crête pour remonter 400 D+ au Pic de la Serrera est bien velue et j’y reste scotché. C’est de mal en
pis, les PAT.CIS et Fantastiques prennent de l’avance, la descente est plus facile pour moi mais plus dure pour
les genoux de Remi qui d’un coup se tord de douleur : il vient de se fouler la cheville. Heureusement c’est une
foulure pas une entorse : pendant quelques secondes je voyais déjà la fin de l’aventure ici.
Nous arrivons à 16h00 au refuge de Sorteny avec déjà 15’ de retard sur le RB. Y sont déjà présent les
collègues avec leur équipes d’assistance en train de se faire un bon gueuleton, pour moi c’est opération Coca /
nok, et Rémi pars en mission de sympathiser avec les équipes pour les retarder et pouvoir repartir avec eux,
malin le Cheville). Bref, à peine 10mn plus tard, tout le monde repart et me voilà à me speeder pour les suivre,
nous rattrapons dans la petite remontée les Fantastiques que nous dépassons sous la pluie au bénéfice du
changement de pneumatiques ou plutôt thermiques
Dans le vallon un peu plus loin, après 30mn de bonne douche, nous rattrapons PAT.CIS avec qui nous faisons
la montée vers Port de Siguer. Comme me le fait remarquer discrètement Rémi, ma mission est claire : ne pas
se faire larguer dès le début de la montée et s’accrocher pour rester au contact avec la descente, OK message
reçu 5/5, bon faisons parler Cécile aussi adorable que prolixe )) etc. ….sauf que ça va bien jusqu’à Port de
Siguer mais que je me fais larguer sur ma crête de Port Vell et dans la descente en herbe hors sentier.
Impossible de les rattraper alors que les 2 sont déjà au bord de ruisseau en train de faire la pause. A peine
arrivés à quelques encablures, les bougres repartent !!!
REMARQUE PARCOURS : ici je me demande si entre la première version (2017) apparemment trop exposée
et la nouvelle (2019), il n’y a pas une alternative. J’ai trouvé sans intérêt cette montée/descente à Port de
Siguer et Port Veil car les points de départ et de retour dans le vallon sont distants de seulement 200m, le
chemin en crête est sans panorama et la descente droit dans l’herbe hors sentier est casse gueule mais sans
aucun plaisir.
OK DOUILLET tu râles et so what ? QPT ? Que Proposes-Tu ? ?? J’ y viens , je suggère au sortir du refuge
de Sorteny , une fois arrivé sur la croupe, de monter direct jusqu’au Turo del Forn à 2662, puis descente au
col de Baniel, puis chemin de descente vers le vallon de Rialb au niveau des cabanes, çà doit faire à peine un
peu plus en km et D+ mais on n’est pas à 100 mètres près hein ? Ça fera partie de mon feedback à l’orga.
Retour au direct :
Rémi part en mission devant pour les rattraper et faire l’élastique et moi je commence à me
dire que les 800 D+ vers Font Blanca vont être un chemin de croix. Le début jusqu’au Portella de Rialb à 2500
je sauve les apparences, mais ensuite c’est allure escargot et plus ça se raidit plus je ralentis. Là aussi nous
devons aller pointer au sommet à 2900 avec un AR de quelque 250 D+ et je ne monte même pas à 300 M/H :
une honte pour un écureuil ! Heureusement Remi est génial, ne prodiguant que des encouragements : je n’ai
jamais entendu autant de « allez David » avec les variantes « allez poulet, biquet etc. » bien mieux que les
adjectifs dont les Antoine et Bubulle nous affublent sur le forum pendant ce temps-là ! Rémi pourrait râler de
mon allure ! Mais non, il ne bronche pas. Il vient prendre des nouvelles de ma tête c’est-à-dire mon moral car
il connaît les petits diablotins qui viennent nous parler dans ces moments-là… Après moultes pauses, j’arrive
sur la crête donc plus que 250 D+, Pat et Cis eux redescendent déjà en m’encourageant. Rémi est intercalé
pour ne pas les lâcher et moi comme une grosse merde j’avance à 1km/h et m’arrête tous les 100M. J’arrive
enfin à ce sommet que je maudis, et là je commence à me dire que c’est pas gagné si ça ne s’arrange pas
malgré mon dopage aux sucres rapides.
Dans la descente, je rattrape Rémi puis nos amis PAT/CIS et nous suivons PAT sur les balcons en vue
d’ARCALIS …. Oui mais non … pas tout de suite, nous devons encore faire 2 sommets et 3 côtes, une
première dré dans pentu hors sentier en longeant le ruisseau pour arriver au lac Estany primer. Là encore c’est
très raide mais bizarrement je tiens le coup, puis nous arrivons avec la tombée de la nuit sur les 500 D+ pour
aller chercher la pointe de Peyreguils. Là c’est pire que tout : je m’accroche tel un condamné à mes bâtons ; je
m’allonge tous les 300 mètres ; je me dis « avance pas à pas » mais ça ne veut pas avancer.
L’horloge tourne cependant : il fait nuit et à ce train-là nous allons être à la BV à 0h30 soit plus d’1h30 de
retard sur le RB. A ce moment-là, je me suis dis que si ça va pas mieux à la BV, je vais payer PAT et CIS pour
accepter de prendre Rémi avec eux pendant que moi j’irais jouer au bridge avec les vieux au centre aquatique
d’Andorre avant de me pendre ou l’inverse ! En tout cas arrêter pour de bon ces délires à la con qui sont plus
pour moi. Bref à je suis au fond du trou.
Je me confonds en excuses auprès de Rémi en essayant de trouver d’autres excuses que mon manque
d’entrainement, même si je penche plutôt pour cette séance de 40km de vélo à J-2 et une alimentation trop
légère sur les 3 derniers jours et 2 pizzas la veille …
Rémi est génial, il comprend. Il m’attend sans impatience. Même s’il ne faut pas être trop loin des PAT/CIS
pour la navig : là on les a perdu pour de bon jusqu’à la BV. Heureusement la navig se fait facilement dans la
descente de Creussans et la fin est sur piste. Enfin nous arrivons à la BV de coma d’Arcalis : il est 23h30 et
nous n’avons finalement que 30’ de retard sur le RB. 48 KM / 5300 D+ : une boucherie, une tuerie, jamais vu
une étape aussi dure, pas forcément d’un point de vue technicité où je m’attendais à pire mais sur
l’enchainement de montées/descentes dré dans le pentu sans arrêt jusqu’à plus soif.
A peine je rentre dans la BV, le miracle se produit, je regarde autour de moi et je me dis …. « Tu le sais tu te
connais, prend ton temps, dors 2 cycles et demain /tout à l’heure sera un meilleur jour ». Je vais voir
PAT/CIS pour connaître leurs intentions : « on va dormir 20mn et on repart !!!! » Mais comment font-ils ???
Rien que le fait de voir la tête du frère de Fred Gil et de discuter un peu avec lui ça me fait du bien. Je
commence à manger un peu, douche chaude puis au lit pour 2H30 de sommeil réparateur mais sans les jambes
surélevés à ce stade. Les lits de cap sont confortables et il n’y a pas trop de ronfleur. Je m’endors en quelques
secondes comme d’hab. C’est là que je mesure ma chance par rapport à d’autres dont Rémi qui n’arrivera pas
à dormir et va poireauter 2h…
Rémi :
Comme d’habitude c’est parti vite et tout le monde court. Je fais le con en disant que c’est inutile de
courir sur du faux plat montant en Ultra mais ça ralentie pas, tentative de ralentissement foiré. D’entrée
j’essaye de ne pas lâcher Pat et Cis/Julien et Romain en me préservant le plus possible.
Mais au final on perd très vite le deuxième binôme, j’arrive à faire tampon avec le premier mais l’Ecureuil
n’est pas volant en monté, il n’arrive pas à tenir le 350D+/H. Ça m’arrange, pour une fois c’est moi qui attends
et donc récupère/mange/bois pour la partie je me préserve c’est bon. Par contre pour la partie navigation, c’est
la loose, malgré mes encouragements David est scotché. Donc je navigue entre Pat/Ciss pour aller au bon
endroit et David qui traine. Je n’ai aucune idée du tempo, de toute façon je n’ai même pas imprimé de RB, je
sais juste qui faut arriver avant jeudi 9H, 26H pour faire moins de 50km, même en mode limace ça me parait
pas insurmontable.
Et puis à la faveur du perdage de Go Pro de Denis alias Zinzin, on se retrouve aussi devant les Fantastiques.
Le temps passe et il ne double pas. Ça me rassure de les savoir dernière car je sais qu’ils sont plus forts que
moi (nous) et donc s’ils sont derrière c’est qu’on n’est pas tant à la ramasse que ça. Je trouve quand même le
moyen de me faire une entorse interne à la cheville en regardant ma fucking montre ! Ça me vaudra une bonne
douleur 10mn et un strap de merde du « kinés » sur la base vie qui me feront 2 ampoules ! Heureusement avec
mes ligaments en caoutchouc ça ne me gâchera pas la course.
Au-delà de ça c’est vraiment la montagne que j’aime, minéral, abrupt, brutale, les chevaux, les cols, les
vallons, les lacs, tout est beau et à 2,8km/h, notre allure moyenne que l’on tiendra jusqu’au bout, ça laisse le
temps de ‘admirer, de se poser au bord d’un lac, d’essayer de soudoyer Pat avec du Pata Negra pour qu’il
ralentisse un peu, de partager, de vivre la montagne et de la trouver belle et sauvage, tout simplement.
On arrive avec 9H30 d’avance sur la BH à la Base Vie, c’est plutôt calme, serein. On n’a pas à faire à des
lapins de 3 semaines. Arrêt long, on ne c’est pas concerté avec David, comme tout au long de la course au
final, mais ça c’est imposé à nous. Massage et podo, je n’ai rien mais ça fait du Bien. Douche et tentative de
dodo. Mort pour moi, mais je tiens 2H allongé, 2H de repos quand même. Je mange pas trop m’ayant bien
alimenté toute la journée et rien ne me fait vraiment envie. Les trucs froids je ne suis pas fan. Je tiens quand
même un combo pâte froide, bouillon chaud et fromage à fondre dessus. Je presse un peu David pour partir, il
n’est pas super organisé en gestion de sac et à toujours oublié un truc. Mais il faut l’attendre, je serais bien
incapable de dire s’il faut tourner à droite ou à gauche en sortant de la BV. DD : morale de l’histoire : si tu ne
veux pas que ton binôme parte sans toi à la BV : ne lui montre aucune carte de navig ))
A SUIVRE ... ETAPE 2
5 commentaires
Commentaire de Antoine_974 posté le 08-09-2019 à 18:20:29
Les photos et la suite. Viiiiiiiiitttttteeeeee :lol:
Commentaire de shef posté le 08-09-2019 à 21:16:41
Yes, la suite
Commentaire de Lécureuil posté le 09-09-2019 à 09:44:16
Bon décidément, j'arrive pas pour les photos ni lien ni upload,
Commentaire de Benman posté le 13-09-2019 à 08:11:17
Tu autorises flash dans les paramètres du site sur ton navigateur ( voir le fil dédié sur le forum). Bon, j'essaie de finir la lecture aujourd'hui!
Commentaire de L'Dingo posté le 16-09-2019 à 09:37:36
un peu à la bourre sur les lectures de CR, il faut choisir dans la foultitude présentée en cette fin d'été.
L'aventure en duo Cheville/écureuil est alléchante ( les cr swisspeak 2018 étaient si réussis :-)).
De plus le teasing photo joue son role.
Bref, un récit qui croustille d'anecdotes, dans le style à 2 mains en plus, c'est bon au petit dej :-)).
Je me précipiterais sur l'étape 2 à la prochaine pause.
Merci les gars :-)
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