Récit de la course : Marathon de Pise 2018, par marathon-Yann

L'auteur : marathon-Yann

La course : Marathon de Pise

Date : 16/12/2018

Lieu : Pisa (FI) (Italie)

Affichage : 1579 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

10 commentaires

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Dernier défi de l'année

Mon défi : vous raconter mon marathon à Pise sans employer les termes “Tour” ni “penché”. Sacré challenge, quand on aime comme moi les jeux de mots douteux. Mais je suis un homme de défis, je me lance donc !

Arrivée à l'aéroport de Pise samedi, dès 8:30. Les quelques brumes de mélancolie qui m'habitent depuis que ma fille s'est plaint de ne pas me voir du weekend se dissipent égoistement à la vue des maisons colorées et des pins parasol. Je connaissais Pise en été, je découvre Pise en hiver, plus paisible, plus authentique aussi. Marchés de Noël, magasins qui ouvrent comme dans n'importe quelle ville, un bon café pour finir de me réveiller, et je déambule tranquillement jusqu'au village marathon, situé dans un complexe sportif, où je dois retrouver mon frère et des amis. En les attendant je regarde jouer au foot de jeunes gens, probablement handicapés mentaux, dont le bonheur de jouer irradie le maigre public. Mais mes compères n'arrivent toujours pas. Quelques coups de fil plus tard, je comprends qu'ils ont réussi à confondre le village marathon avec le premier marché de Noël qu'ils ont rencontré, à deux kms de là ! Sacrée équipe ! Le weekend est lancé sur de bonnes bases : chambrage, rigolade et bonne humeur.





Présentons la, cette fine équipe. A ma droite, Laurent, mon frère, qui annonce crânement qu'il vient battre son record. A ma gauche, Arnaud, dont l'entrainement perturbé autorise comme seule ambition de finir, sans se fixer d'objectif chronométrique. En face de moi, Eddie, notre champion incontesté, qui boite bas en raison d'une mauvaise chute à l'entrainement et ne sait même pas s'il pourra prendre le départ. A ses cotés, dans tous les sens du terme, Sandrine, venue pour le semi. Pour ma part, je m'étais inscrit en pour taquiner mon RP (3:04 il y a un an), mais je ne pense pas aujourd'hui avoir les jambes pour le faire, probablement en raison de l'enchainement des courses (12 cette année, dont 4 marathons et 4 ultras). Comme tout le monde, j'essaierai de faire du mieux possible.

Pizzas, balade, encore pizza, une bonne nuit et -magie du récit- nous voilà déjà au départ, dimanche matin. Toujours la même excitation, de nombreux coureurs s'échauffent ou se réchauffent (le température est autour de 2°). Je rejoins mon sas à l'avance, et y retrouve avec plaisir Eddie, qui prétend avoir moins mal en courant qu'en marchant. On s'étreint chaleureusement. Les coureurs du marathon et du semi prennent le départ ensemble. Dans notre sas, nous avons tout d'abord la place de nous échauffer, jusqu'au moment où les organisateurs permettent aux coureurs situés dans les sas moins rapides de nous rejoindre. Une vague joyeuse et bruyante nous submerge alors, l'Italie telle qu'on l'imagine ! Au milieu de cette foule, les meneurs d'allure du semi forment un mault désordonné, rajoutant à l'impression de “n'importe quoi” une touche de folie supplémentaire. Du jamais vu pour ma part !

Heureusement, le départ est rapidement donné, et les avenues qui suivent sont larges, nous permettant de courir tout de suite à l'allure désirée.

Un coureur italien m'avait prévenu que le parcours n'était pas facile (faux plat sur la deuxième partie), un français – qui courait son 12ème marathon de l'année pour fêter ses 50 ans- m'avait parlé de 192 m de D+, ces deux avertissements avaient achevé de me convaincre d'être prudent et de viser 3:15. C'est donc avec surprise que je vois un ballon “3h” me rejoindre et ralentir devant moi, après quelques centaines de mètres. Par curiosité, je me décide à le suivre un peu, le temps de finir de m'extirper de la foule.




Les premiers kilomètres sont agréables. Après une visite de la ville, le long de l'Arnot, nous prenons une petite route dans la campagne toscane pour rejoindre la mer. Cette partie, sans difficulté, passe rapidement. Après le ravitaillement du kilomètre 10, je décide d'être enfin raisonnable et de me laisser décrocher du ballon “3h”. Au kilomètre 13, nous quittons les coureurs du semi, qui rejoigent Pise en nous saluant joyeusement, tandis que nous progressons vers la mer.

Comment exprimer ma surprise quand, juste après le ravitaillement du kilomètre 15, je suis rattrapé par un petit peloton suivant 3 meneurs d'allure ayant des ballons... “3h”. Same player, play again. Je profite de l'aubaine pour avancer avec eux 2-3 kilomètres supplémentaires, avant de décider une seconde fois d'être raisonnable et de me laisser décrocher définitivement.

Le parcours fait alors un aller-retour sur 3 kms, qui me permets de croiser et d'encourager la tête de course, puis les coureurs qui nous suivent. Je vois ainsi les meneurs d'allure 3h15, puis 3h30, précédant un Arnaud, souriant, juste après le passage du semi, accompagné de Laurent, qui a l'air particulièrement déterminé (à tel point que je le crois en souffrance, ce qui n'est pas le cas). Suivent les ballons 3h45, 4h, mais je vois pas Eddie et crains qu'il n'ai mis le clignotant.

Sur les 3 kms suivants, qui nous permettent enfin de voir une mer grise mais toujours fascinante, je commence à sérieusement piocher. Après être parti sur une base de 3h, puis avoir franchi le semi en 1h31 (soit mieux qu'au semi de Boulogne il y a un mois), je tourne maintenant à 4'40 au kilo, mais signe qui ne trompe pas, je ne rattrape personne tandis que de plus en plus de coureurs commencent à me dépasser.

Difficile de trouver à quoi se raccrocher sur cette dernière partie. Si le parcours ne présente aucune des difficultés annoncées (ni faux-plat, ni D+), il se révèle monotone, sans public, sans charme. Surtout, nous empruntons sur une dizaine de kms une départementale ouverte aux voitures qui nous croisent, trafic incessant et inconfortable. Cette partie du parcours est une déception.

Indifférent aux coureurs qui continuent à me dépasser, je cherche un objectif chronométrique : 3:10? 3:12? 3:15? Va pour 3:15. J'assure le tempo nécessaire pour cet objectif, doublant avec plaisir un meneur d'allure... 3h qui a décroché mais fini courageusement. Quel plaisir de retrouver Pise, et quelle merveille que cette aire d'arrivé, devant le Campagnile ! Ligne franchie après 3:14 de course.





Mon premier réflexe, sitôt la ligne franchie, est d'aller encourager les copains. Je m'avance à 600m de l'arrivée, à un endroit où il n'y a personne. Laurent arrive rapidement, nous nous crions la même phrase joyeuse : “record battu !” J'attends ensuite Arnaud, en encourageant dans toutes les langues possibles (français, italien, anglais, hongrois) les coureurs qui sont nombreux à me remercier. Un de mes meilleurs souvenirs de cette course ! Arnaud arrive enfin, après un bel effort. J'apprendrai ensuite qu'Eddie, vaincu par la douleur, a sagement préféré bifurquer au semi, et a fini main dans la main avec Sandrine (ce qui lui a permi d'être un court instant recorman du monde du marathon dans sa catégorie d'âge !). Une belle équipe de champions, finalement.


A l'heure du bilan personnel de cette course, je balance entre la vision romantique (il faut viser la lune, quitte à finir dans les étoiles, dixit Orson Welles), et la froide réalité athlétique, me disant qu'il me faudra un jour choisir entre m'attaquer sérieusement à cette barre des 3h ou continuer à enchainer de belles courses pour le plaisir -toujours renouvellé- de faire le mieux possible. Quant au marathon de Pise, son parcours sans aucune difficulté mais franchement monotone, nous propose malgré tout une épreuve devant laquelle on s'incline.




10 commentaires

Commentaire de Ze Man posté le 26-12-2018 à 00:06:59

Aaaah je l'attendais le compte rendu ! Bravo pour ta course ! Il faudra un jour que tu prennes le temps de m'expliquer comment tu fais pour être si régulier (à 5 min près) ! Merci pour tes récits

Commentaire de marathon-Yann posté le 27-12-2018 à 22:12:47

Merci de ton impatience !
Pour la régularité, j'aimerais mieux être moins régulier et taper de temps en temps de meilleures performances. Au plaisir de te revoir

Commentaire de Jean-Phi posté le 26-12-2018 à 10:54:53

Je ne sais pas si la course est monotone mais tes photos donnent envie d'aller s(y balader ! Je ne connais pas du tout Pise, l'occasionpeut être 'y faire un petit voyage romantique et sportif ! Bravo pour ton chrono qui est loin d'être nul sans entraînement particulier !

Commentaire de marathon-Yann posté le 27-12-2018 à 22:15:41

Tu as raison, Pise est une très jolie ville, bien desservie en plus.
Je n'ai pas fait de plan marathon, mais je suis quand même très entraîné (>3650 km cette année)

Commentaire de philibert69 posté le 27-12-2018 à 14:30:00

Jolie perf !! J'ai lu ton cr avec intérêt puisque dans un mois et demi nous allons courir le même marathon, Séville. Et en plus avec le même objectif :moins de 3h15, avec le secret espoir d'approcher les 3 h (mais là ça commence à piquer quand même! )

Commentaire de marathon-Yann posté le 27-12-2018 à 22:17:48

Hehe, j'ai vu ça aussi, j'espère te rencontrer à Séville et que ça se passera bien !

Commentaire de augustin posté le 02-01-2019 à 11:39:29

Bravo et merci pour ton CR Yann! sacrée année en 2018 quand meme, que d'enchainements!
Quid de ton programme de 2019?

Commentaire de marathon-Yann posté le 02-01-2019 à 14:01:34

Merci ! Oui, sacrée année sportive que 2018, j'espère que 2019 sera aussi riche en émotions. Le programme n'est pas encore fixé (ça dépendra d'un certain tirage au sort), mais part sur des bases élevées (Cernay, Séville et Ecotrail 80 pour commencer). Tant qu'on a la santé, autant en profiter ! Et toi, quels objectifs ?

Commentaire de augustin posté le 02-01-2019 à 14:17:41

Trails plutot (26k Pierrefonds en janvier; 30k en Seine et Marne en mars; 42k Perigord en mai; 56k Ultra marin Bretagne en juin) + 10k Vincennes début février + verticale de la tour Eiffel si sélectionné + Ekiden qualif + CF en avril+juin + Auray-Vannes en septembre et peut être ...Millau ! a bientot!

Commentaire de marathon-Yann posté le 02-01-2019 à 14:30:31

ca va être une belle année (surtout à la vitesse à laquelle tu cours). j'envisage aussi Millau, on s'y croisera peut-être.

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