Récit de la course : Raid Le Puy - Firminy 2018, par bubulle

L'auteur : bubulle

La course : Raid Le Puy - Firminy

Date : 18/11/2018

Lieu : Le Puy En Velay (Haute-Loire)

Affichage : 1552 vues

Distance : 69km

Objectif : Pas d'objectif

7 commentaires

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Encore…

Encore participer à ce LPF…

Encore me mettre le challenge d’y trouver quelque chose de nouveau, après maintenant 8 ans et avoir déjà parcouru ces chemins et routes….neuf fois.

C’est mon physique qui va me donner la solution à « comment ne pas s’ennuyer à refaire encore cette course ». Les aléas de l’été, la découverte de problèmes importants avec un genou, me font réviser mes objectifs d’un cran, du moins en attendant de mieux comprendre comment je vais pouvoir continuer à pratiquer mon activité favorite.

L’Echappée Belle a déjà démontré que je ne suis pas perdu pour la course à pied. L’Origole, bientôt, que je ne peux manquer (il y a une petite revanche à prendre) doit en dire un peu plus sur la capacité à absorber une distance et une durée plus longue, dans l’idée de progressivement retrouver le chemin des ultras très longs. Mais, du coup, ce Puy-Firminy toujours casé bien près de l’Origole, qu’en faire ?

C’est pile l’occasion de concrétiser une idée qui m’a déjà plusieurs fois traversé l’esprit : sur ce raid, initialement de marcheurs, pourquoi ne pas…..marcher ? Et bien sûr, marcher comme je sais le faire : avec les bâtons et la technique nordique.

Les « longues distances » en marche nordique, compétitive ou pas, c’est encore inhabituel mais pas inconnu non plus : particulièrement, mon ami et compère Bert a déjà pratiqué cela par 2 fois à l’Ecotrail et a même réalisé un Grand Raid du Morbihan ainsi. Mais pour moi, c’est nouveau. Je pratique régulièrement la marche nordique en entraînement, en préparation des ultras très longs où on marche beaucoup. J’ai un peu pratiqué la marche nordique en compétition…mais le tout sur des distances « classiques » : entre 10 et 30 kilomètres, donc entre 1h30 et 4h30 d’effort.

Là, on parle de 68km et de probablement 10 à 12h d’effort. Car, évidemment, je veux faire cela le plus vite possible (ou, imaginé-je, le moins lentement possible). Je vais donc, sinon faire une préparation, du moins orienter une part de l’entraînement là-dessus.

« Objectif 7km/h », ce sera le leitmotiv de septembre/octobre : trouver un rythme confortable, sans forcer, que je puisse tenir pendant plusieurs heures sans faiblir….ou  avoir mal ça ou là.

Le Trail des 7 Hameaux s’avérera être une bonne répétition. Qui plus est, Bert se joint à moi dans la quête de ce fameux 7 km/h. Il est d’ailleurs indispensable car il faut passer une barrière horaire à 3h au bout d’un peu plus de 20 kilomètres.

Cet essai, clairement ciblé sur LPF, sera un gros succès . Et même, emporté par la griserie de « courir » (enfin, d’évoluer) avec des coureurs….et les dépasser progressivement sur la fin, un beau résultat : à peine plus de 4 heures pour un peu moins de 30km. L’essai est transformé, je peux envisager sereinement LPF…d’autant que, là, les BH sont virtuellement inexistantes.

Bien sûr, il faut que je me mette un peu de pression, donc je rêve un peu de terminer en moins de 10 heures (c’était, il y a quelque temps, la limite pour être classé officiellement). Mais l’important, c’est surtout de faire cette course sans se prendre la tête et, me connaissant, ce n’est pas si évident que cela. Je redoute surtout, dans ma grande naïveté, une immense solitude, intercalé entre des coureurs forcément plus rapides….et des marcheurs, très probablement plus lents. On verra que j’ai bien tort, dans un sens….et même un tout petit peu dans l’autre.

L’avant-course, c’est tout comme on connaît déjà bien sur LPF : un resto avec  les kikoureurs à La Belle Epoque, une salle du CLCS blindée de monde (franchement encore plus cette année), les bus pour aller au Puy (premier indice de fréquentation élevée : 4 bus au lieu de 3), une arrivée un peu tardive au Puy à cause des bloqueurs de rond-points….et une salle du stade Lafayette totalement bondée.

La météo semble idéale : on prévoit environ 0°C dans la nuit, un temps sec. Je suis donc en long « léger » en bas, une couche manche longue semi-chaude en haut avec le gilet de visibilité habituel (ORANGE, pas jaune !). Gants et buff, le sac Kalenji minimal, 1l de St-Yorre dans les flasques, 2-3 compotes et le coupe-vent/veste de pluie par habitude. Les bâtons seront mes immenses bâtons D4 de 125cm (selon tous les usages, bien trop longs pour ma taille, mais en fait bien adaptés à mon style un peu ample et tout en force).

On a peu de temps pour papoter avec les kikous présents (loiseau, coco38 et fils, Gibus, zeze, tidgi, Mazouth, mulot, Cantalou, Jean-Phi….une belle brochette de beau linge, même si très lyonnaise, quand même !). Je n’arrive pas à trouver les trois qui font cette année l’aller-retour, j’espère les croiser en route ou à l’arrivée, mais on ne se connaît pas.

Comme souvent, je perds un peu tout le monde dans la cohue qui suit le moment où on dépose les sacs au car et où on revient à la ligne de départ. De toute manière, je me place totalement à l’arrière, dans le but de pouvoir, au début, avoir rapidement de la place pour déployer l’attirail.

Le départ sera mythique cette année : je crois qu’on s’en souviendra longtemps. Le pistolet s’enraye, refuse par 3 fois de fonctionner et c’est finalement par un « Bon, bin, allez-y » qu’on s’élance ! L’hilarité sera totale quand, après 3-4 minutes et alors que nous sommes à l’autre bout du stade, déjà en route, on entend au loin…..la détonation du pistolet. J’ai rarement vu un peloton rire autant…. Ça a bien du le faire « marronner » sur le coup, mais là, Gérard nous a offert un moment inoubliable.

Pas très simple, ce départ, en marche nordique. Il me faut bien 500 mètres pour déployer les ailes et être certain de n’embrocher personne….mais les 7,5/8 km/h sont vite atteints, poussé par le rythme général. Toujours aussi amusant de marcher à la vitesse où d’autres courent. Cela étant, il faut être vigilant, il y a pas mal de marcheurs à dépasser.

Côté technique, j’ai fait le choix d’emmener les « pads » caoutchouc pour les pointes de bâtons et de les mettre sur les sections bitumées pour les enlever sur les sections de chemins. Pour ceux qui ne connaissent pas la marche nordique, on a besoin que la pointe du bâton se plante fermement dans le sol sur un sol meuble afin d’offrir un appui stable lors de la poussée (et quand je pousse, je pousse). C’est pour cela que les pointes sont de vrais pointes en carbure, légèrement recourbées pour être presque verticales au planter de bâton. La même stabilité est attendue sur les sols durs : la pointe le permet, mais cela fait un bruit infernal et en pratique difficilement supportable pendant 10 heures (LPF c’est aussi une expérience de solitude absolue dans le silence de la nuit).

Donc, les « pads » caoutchouc permettent d’éviter un bâton qui « glisse » sur le goudron et surtout limitent totalement le bruit. Par contre, ils sont inutilisables sur sol meuble car le bâton dérape alors vers l’arrière. Je ferai donc des échanges incessants de ces pads : une habitude à prendre tout en marchant, surtout avec les mains verrouillées aux gantelets. Cela fait brandir les bâtons un peu dans tous les sens…..il faut donc veiller aux voisins. Mais, l’un dans l’autre….et parce que je connais par cœur les sections avec tel ou tel terrain, je m’en sortirai assez bien. Je renouvellerai cela à l’Ecotrail.

Je pensais arriver au pied des premières pentes totalement isolé, avec tous les coureurs devant…et les marcheurs derrière. Que nenni ! J’y arrive en fait au milieu du peloton des derniers coureurs. Et comme ils passent rapidement à la marche, eh bien, je fais plus que maintenir la position, je remonte déjà des grappes entières.

Moi qui m’étais promis de tenir un compte des concurrents dépassés, ça promet d’être un peu délicat. Dans les côtes, je reprends tout le monde un à un….mais dès que le terrain s’aplanit, tous repassent à la course (enfin à un trottinement), et repassent donc progressivement.

Donc, et ce sera une constante tout au long du parcours, je vais passer mon temps à faire le yoyo avec les mêmes en permanence. Les seuls changements se feront aux ravitos.

La première longue montée pour atteindre un genre de col avant Malrevers, est en deux temps avec une longue section roulante entre les deux. Je suis monté à plus de 7km/h jusqu’à Fay la Trioulère…et le plat légèrement descendant  jusqu’au km 6 est avalé à plus de 8 ! Je suis aspiré par les coureurs devant, c’est une évidence, mais c’est amusant….

La bonne grosse côte caillouteuse qui remplace depuis 3 ans la route de Malrevers est l’occasion de renouveler les têtes que je dépasse. Le tout à 6,5km/h au plus fort de la pente, ça envoie du pâté ! Et les changements de pads se font dans la souplesse, à peine 15 secondes de perdues à chaque fois.

Le retour sur la route de Malrevers annonce la descente où, évidemment, quand même tout le monde me repasse : normal, les années où je courais il m’est arrivé de dévaler cette section à plus de 12. J’arrive quand même à passer un gros groupe de marcheurs (ils ont du partir devant et ils avancent plutôt bien), mais cette partie est très très solitaire, quand même. Et le tout avec une pointe à 8,4km/h sur le 10ème kilomètre.

Surprise à l’arrivée à Malrevers : il y a un bouchon ! Il me faut au moins 5 minutes pour arriver à faire tamponner le carton. Il y a un monde fou à ce ravito : en fait je suis apparemment, en 1h35, dans la partie la plus dense du peloton (il m’est arrivé de passer en à peine 1h ici….). J’ai décidé de faire des arrêts très courts aux ravitos, sauf à Beaux, donc je respecte cela : juste deux gobelets de sirop à la pomme (pas de LPF sans sirop de l’espace à la pomme), un demi pain au chocolat que j’emporte à la main, et zou. Juste le temps de saluer coco38 et son fils que je suis quand même un peu surpris de rattraper. J’ai vraiment du envoyer du lourd dans ces 11 premiers kilomètres  (7km/h en pratique).

Je mange tranquillement dans le bout de descente dans le village avant d’attaquer la première des deux grosses côtes qui vont jalonner le parcours jusqu’au deuxième ravito. Ces 20 premiers kilomètres sont globalement montants, puisqu’on passe de 600m à un peu plus de 900. Les coureurs dépassés sont « nouveaux », je ne les ai jamais vus : cela me confirmer que j’ai fait un ravito express. Et ce qui est express, aussi, c’est la première montée. Malgré les 15% de moyenne, elle est avalée à 7km/h.

Elle est suivie par une section que je trouve toujours très longue, depuis qu’on la fait à la place de la route principale vers Rosières. De toutes petites routes en plat montant qu’il est barbant de marcher en permanence….mais très cassant de courir. Là, eh bien, je suis obligé de marcher, donc le challenge est de rattraper les coureurs qui me dépassent dès qu’ils repassent à la marche. Ce qui « marche » très bien. Je dois être un peu saoulant à toujours leur revenir dessus (plus loin, j’aurai la remarque quelques fois que je suis un peu désespérant pour eux… ;-) ).

Je me régule quand même bien et la montre me le confirmera plus tard. Les km 14 à 17 sont avalés à 7km/h de moyenne, ce qui est bien sans être excessif. C’est qu’il faut tenir la distance ! Je n’ai jamais marché plus de 4h d’affilée et là, c’est 2,5 fois cette durée que je vise.

Coco38 et son fils me rattrapent juste dans la traversée d’un Rosières fantômatique (l’ambiance d’un village de Haute-Loire, à 2h du matin, sans éclairage public, c’est plus que particulier). On a à peine le temps d’échanger quelques mots que le « mur » de Coindet se présente et, évidemment, je file devant. Là, ce sont de gros paquets de coureurs qui « y passent » : le faux-plat montant précédent a laissé des traces et cette montée en bitume à 15% est bien longue. Le km 18 sera fait à 6km/h, moi aussi, je lève légèrement le pied.

Bonne « relance » en haut, pour continuer à dépasser, dépasser avant le ravito, qui sera express à nouveau. Le cousin Fabien n’est pas là, cette année, même pas de temps pour papoter dans le mythique local poubelle. 2 pâtes de fruits, 2 gobelets de liquide (je bois excessivement peu, en route), et je repars dans le froid.

C’est qu’il ne fait vraiment pas chaud, maintenant. Cela dit, je suis couvert juste comme il faut : une « première couche » HH assez chaude et….mon gilet réfléchissant sans manches, qui a l’avantage de faire coupe-vent. C’est aux mains que c’est un peu juste : je n’ai que les gants Kalenji fluo (« les mains de Mickey ») et les doigts bougent peu même si la main travaille beaucoup.

Sur le replat qui suit Coindet, une dizaine de coureurs repassent, mais dès qu’on enquille le chemin qui nous mène au point culminant de la course, cela se ré-équilibre. Moins de coureurs rattrapés, cependant, car les distances se sont agrandies.

Un peu avant le sommet de cette côte, qui marquera donc le point haut (900m), nous voilà enveloppés dans du coton : le brouillard s’est invité à la fête et ne va pas nous quitter pendant longtemps.

De retour à la route, je sais qu’il va me falloir beaucoup prendre sur moi. C’est une très très longue descente de 5 kilomètres qui nous attend, avec environ 3% de pente moyenne. Les coureurs vont donc….courir et, quand même, ça va plus vite que marcher ! L’an dernier, par prudence, je la faisais en Cyrano lors du retour d’un aller-retour pas si simple. Là, je m’attends à ce que ce soit loooooooong.

Finalement, cela me paraîtra moins long que je n’imaginais : j’ai eu la chance de garder en point de mire deux filles qui m’ont dépassé au début, mais dont le trottinement est à peine plus rapide que ma marche…..et qui, surtout, se font de petites pauses en marchant, qui me permettent de les rattraper. Je vais les repasser 4 fois dans cette descente (ça m’occuper, de compter).

Et donc, les km 21 à 25 seront faits avec une très grande régularité, à 7,3km/h de moyenne (41 minutes pour 5km). L’an dernier, j’avais mis…..40 minutes …sur la même section (à comparer aux….27 minutes de 2013, quand j’avais terminé LPF en 7h15).

Le plus amusant (je ne le découvre que maintenant), c’est que là où j’arrive à Malataverne en 3h34, j’y arrivais l’an dernier en 3h36 (certes avec 68km de plus dans les jambes) ! J’ai par contre décidé, comme maintenant de plus en plus souvent en course, que ma montre n’existait pas. Je ne la regarderai pas une seule fois durant cette course, sauf à la fin, vous verrez pourquoi.

Je traverse Malataverne dans une solitude impressionnante. Tout est éteint, on y voit à 10 mètres maximum, c’est une ambiance étonnante et un peu irréelle. Finalement, après 8 trajets sur ce parcours, je réussis toujours à y trouver quelque chose de nouveau !

Je vais même innover entre Malataverne et Beaux, je vais…..me tromper de chemin ! C’est tout bête : en retrouvant la route (qu’on quitte pour un chemin pendant 300-400 mètres), je me calque sur le coureur de devant et vais marcher sur le côté droit. C’est idiot : il vaut mieux toujours marcher ou courir à gauche, mais tout le monde va se mettre à droite un peu partout. Et je pense moins déroutant pour les éventuelles voitures (les éventuelles QUOI ?) de ne pas avoir de coureurs des deux côtés. Circonstance complémentaire : comme je m’y attendais, du verglas apparaît et le verglas, ça ne fait pas bon ménage avec l’attaque talon règlementaire de la marche nordique.

Du coup, occupé à ne pas me flanquer par terre, je ne vois pas vraiment que nous sommes déjà dans le virage où il faut quitter la route…..sur la gauche. Et les deux coureurs devant non plus. En gros, nous continuons sur la route au lieu de bifurquer sur la droite.

Cela ne dure pas bien longtemps : je finis par voir qu’on tourne, qu’on aurait du déjà aller sur la gauche en passant devant une maison (totalement invisible dans la purée de pois) et je rappelle les deux coureurs devant moi (je pense qu’il y avait d’ailleurs gibus dans le lot).

L’épisode est très significatif de l’absence totale de visibilité : j’ai beau pouvoir faire cette course presque les yeux fermés, j’ai failli me faire avoir.

L’arrivée sur Beaux se fera d’ailleurs tout autant dans le coton. Je manque déjà à nouveau de me prendre une belle gamelle dans la petite descente où une sournoise plaque de verglas s’est invitée (encore plus sournoise à « grande vitesse » en marchant) et le passage dans le village est  impressionnant : je marche AU MILIEU de la route et je vois à peine les maisons sur les côtés. Et, au centre du village, heureusement que je connais bien l’entrée du petit chemin qui descend vers le ravito car le balisage est alors totalement invisible. Cela a du faire tout drôle à ceux qui connaissent moins le parcours (Mazouth écrire qu’il a même du ralentir en descente tellement il ne voyait pas où il allait).

Il est quand même bienvenu, ce ravito de Beaux. J’en suis désormais au-delà de ma plus longue durée en marche nordique. J’atteins le ravito (28,8km) en 4h06….exactement comme l’an dernier ! Cela nous fait une moyenne exactement de 7 km/h, quelle précision !

C’est en gros le seul « gros » arrêt que je m’autorise. Le plan est déjà fait en arrivant : prendre deux bols de soupe, quelques morceaux de charcuterie, s’autoriser de se poser assis quelques minutes….mais pas trop, sinon on y prend vite goût. Quelques minutes après, je vois arriver coco38 et son fils, ainsi que gibus. Tout le monde va plutôt bien même si, comme toujours à Beaux, les cuisses ont bien dégusté. Avantage de la marche : rien de ce côté-là. Un peu de douleur commence à arriver en haut des hanches (un grand classique), mais je suis toujours  très très bien. Je m’autorise aussi un petit message à Elisabeth qui le trouvera à son réveil. Elle commence à avoir l’habitude de mes timings à LPF, donc ça devrait lui donner une bonne indication (en principe, elle a aussi le suivi de la balise Capturs, mais on ne sait jamais trop ce que ça donne).

A peu près même temps passé au ravito que l’an dernier : un peu plus de 15 minutes. Cela reste optimisable, il faudra que je travaille encore ça. Lors du record de 2013, j’étais entré en 2h53 et sorti en 3 heures.

Bref, je repars à nouveau sur un bon rythme. La marche nordique se prête bien à cette longue descente sur route.  Les km 30, 31 et 32 vont se faire entre 7 et 7,5km/h (il y a un faux plat au milieu). Sur cette section, je suis maintenant quasiment au rythme d’une partie des coureurs : je retrouve notamment mes deux filles de la descente vers Malataverne que…..je dépasse pendant qu’elles trottinent en descente. Je dois avouer qu’il y a un petit côté jubilatoire !

Et pour tout vous dire, j’attends avec impatience le petit kilomètre de descente un peu velue dans un chemin plein de cailloux, qui remplace depuis 3 ans la barbante descente sur la route. Là, OK, la technique nordique est un peu mise à mal, mais en gardant une allure de marche, je dépasse d’un coup 5 à 10 coureurs et je mets « mes » deux filles très très loin. Km34 à 6,6km/h dans une descente un peu acrobatique, ça le fait !

D’ailleurs, en pratique, si je fais le bilan maintenant en écrivant ce récit, la descente qui suit Beaux est…..le dernier endroit où des coureurs m’aient dépassé de manière durable (à part la descente finale, on y reviendra). Après la descente acrobatique s’ensuite un long chemin de tracteurs où, en général, en courant, on est largement décalqué avec les cuisses qui commencent à brûler. Et du coup…les coureurs marchent. Et là, ils n’ont aucune chance.. J.

Et encore moins une fois passé la Loire dans la remontée avec deux lacets sur la Croix de l’Orme. Là, pacman est en route et ne lâche rien : PERSONNE NE DOIT REVENIR (quelle teigne). Bilan : les 2km de montée se font à 6,3km/h. Et pas question de lâcher quoi que ce soit sur la grande traversée qui suit. Le brouillard, un instant abandonné dans la vallée de la Loire, est revenu. On n’y voit absolument rien, la sensation d’être totalement tout seul au monde est à nouveau là, et je m’éclate à pic-picorer tout seul sur mon chemin.

Je retrouve du monde….eh bien dans la descente un poil raide et technique qui suit. Là, OK, je dois dire que j’ai des remarques des coureurs dépassés sur l’avion marcheur avec le feu aux fesses qui leur fond dessus dans les cailloux. Comme un dératé que je dévale. Pas autant que l’an dernier où j’avais bien commencé à accélérer à cet endroit (mais j’étais autorisé à courir !). Mais je tiens bien les 7,5km/h, quand même. Au bout de 40km….

Le dernier plat aux taquets jusqu’au bistro de Confolent, pour ne pas me faire rattraper par une lumière qui trottine derrière moi et hop « Patron, un petit blanc sec ! ».

En fait, non. Le rituel de Confolent, c’est le petit café et un demi-croissant. Donc, demi-croissant, café, SMS à ma chérie et c’est reparti. En 7 minutes, c’est plié.  Et je suis toujours pile dans les temps de l’an dernier : 6h15 à l’arrivée, mais je repars avec un peu d’avance, car l’an dernier j’avais un peu traîné ici.

Pour une fois je ne repars pas seul. Un groupe d’une petite dizaine de coureurs est à environ 100m devant et un autre coureur à 50 mètres. A ce stade de la course, on court de moins en moins, donc j’ai un objectif simple : rattraper tout ce petit monde avant Pont de Lignon. Vrouuuuuum.

Ce qui…..est presque fait car les coquins redémarrent en courant en m’entendant arriver (j’ai remis les pads, pourtant !). Mal leur en prend ca ils ont failli oublier de tourner à gauche : ils allaient repartir sur Le Puy par l’ancienne nationale… J. IGN Bubulle les rappelle, ils me re-redépassent et une des filles me lance gentiment « oh, de toute façon, vous allez encore nous rattraper dans la côte, ça fait déjà trois fois ».

Le fait est. Dès les premières pentes, un par un, bim, ça ne loupe pas.

Par contre, c’est bizarre, je vois une lueur ballottante qui me suit et….se rapproche, toujours dans cette côte. Et, pour la seule fois depuis Beaux…un gars me dépasse en marchant en côte. NAMEHO. Bon, je dis ça maintenant, mais sur le coup, j’admire le bon pas avec lequel il monte, et sans bâtons, lui. Joli.

Il n’en reste pas moins qu’il me met un challenge, le bougre. J’arrive à rester à 10-15 mètres et finalement revenir progressivement : visiblement, il ne court plus….et c’était peut-être un chant du cygne car, dans la côte bien raide finale, je refais l’écart. Bien pratiques, ces petits « challenges », pour garder de la motivation et ne pas sombrer dans un faux rythme.

Le tout nous amène au début de….la Ligne Droite de le Muerte. Les deux foutus kilomètres dans Monistrol qui n’en finissent pas. Là, ni une ni deux, je suis mentalement poussé au cul par les coureurs dépassés précédemment dans la côte : pas question de les voir redéfiler, même s’ils trottinent. Donc, une seule solution : envoyer du bois (enfin du 80% carbone). Bon, à l’analyse finale, on voit que j’ai quand même un petit coup dans les jambes, car j’envoie du bois….à 7,2km/h. Sans être une limace, ce n’est pas non plus météoritique. Mais ça suffit pour faire cette ligne droite intégralement tout seul.

Et me voilà donc à Monistrol…en 7h21, avec quelques minutes d’avance sur l’an dernier toujours. Etonnant, décidément quand on sait que l’an dernier je m’autorisais à courir (si ce n’est qu’au bout de 110km je ne courais plus guère).

Un café, 2 minutes posé pour le SMS traditionnel (et lire les SMS envoyés par Elisabeth qui, évidemment, était aux aguets) et je me jette dehors pour des 18 derniers kilomètres. Un rapide calcul m’a fait comprendre que les 10 heures envisagées sont impossibles. Il faudrait boucler ces 18km en 2h40 ce qui est en gros le temps…..que nous avons mis l’an dernier avec zeze et tidgi, sur l’aller. Il va falloir « se contenter » d’essayer de tenir les 10h30, ce qui ne sera déjà pas simple car les quelques difficultés en route vont ralentir le rythme. Je sens aussi que je ne peux plus tenir une vitesse très élevée sur le plat en raison des classiques douleurs qui montent en haut des hanches. Bref, syndrôme de la MN : j’ai mal au c…

Malgré tout, quelques coureurs en point de mire que la côte de Monistrol vont servir à tenir un bon rythme de montée. Par contre, ils me larguent assez vite dans la « descente » vers le Pont Tranchard, en courant sur cette route interminable. Je m’accroche cependant pour suivre, de loin, le dernier d’entre eux qui m’a lancé en passant « à tout de suite », histoire de lui donner raison…

…ce qui est fait dès le début de la côte qui précède La Chapelle. Merci à lui de m’avoir gardé un point de motivation car ces deux bornes n’en finissaient pas.

Cela commence quand même à « piquer » sévère dans cette côte et le dos est douloureux. Cela doit se ressentir sur la vitesse moyenne, mais le fait de progressivement rattraper les coureurs qui m’ont passé dans le faux-plat du pont Tranchard me rassure.

A La Chapelle d’Aurec, je fais comme toujours : un coup de tampon et je repars. A ce point là j’ai en général toujours envie ….de terminer. Je prends juste le temps du SMS de rigueur. Il est 8h25 : j’annonce donc une arrivée autour de 10h30, mais il ne va pas falloir traîner.

Petite nouveauté en sortie de La Chapelle : on ne traverse plus le village par la route, mais on le contourne par un sentier : voilà qui va faire baisser le taux de bitume de ce LPF de….pas grand-chose, mais c’est pour le principe ! Par contre, certains concurrents se perdront ici, en ratant une bifurcation à droite pas évidente (je l’ai vue car je m’attendais à ce qu’on revienne sur la droite à un moment).

La solitude est absolue en repartant. Je n’ai plus de point de mire loin devant….et je ne vois rien derrière. A moi de trouver mon rythme tout seul.

Je ne retrouverai d’autres concurrents qu’un peu plus loin, à nouveau à la faveur d’une côte qui les fait marcher. Cela va m’occuper jusqu’à Ouillas de ne pas trop me faire distancer quand ils se remettent à courir, ce qui ne réussit pas trop mal dans le chemin plein de cailloux qui y mène. Résultat, je dépasse tout ce petit groupe et finis par mettre de la distance : à nouveau, c’est « le marcheur » qui va plus vite… J

Conséquence, par contre : la descente sur la Semène se fait absolument tout seul à nouveau. Là, « ça pique » franchement et j’ai un peu le dos en compte, el rythme s’en ressent probablement. Je me remotive à la montée car un coureur est revenu sur moi et il m’en faut peu pour que ça me booste un peu.

Je vais malgré tout enfin prendre le temps d’une crèpe à Lafayette : la première en 8 LPF ! Le SMS règlementaire est aussi envoyée pour qu’Elisabeth puisse caler son arrivée à Firminy. Elle est vite avalée (la crèpe !), car il y a un gros groupe devant moi et, forcément, je veux « aller les chercher » dans la côte.

Côte où….je vois au loin la veste blanche de ma Super Suiveuse ! C’est pas vrai qu’elle est venue jusqu’ici pour me faire un coucou ! Là, je n’en reviens pas parce que je lui fais quand même faire des week-end de ouf et là, je la trouve à 9h30 du matin au bord d’un chemin.

Pour booster, ça booste et, malgré le dos qui hurle, arrivée au sommet, j’envoie du très très lourd dans la descente : donc c’est bien possible de marcher à 10km/h avec des bâtons ! C’est qu’aussi, il ne faudrait pas que le groupe derrière me revienne dessus… Teigneux, un jour…..J.

Ce qui est d’ailleurs raté : en descente roulante, je n’ai quand même aucune chance face à des coureurs. Je ne peux donc que voir défiler un à un ces coureurs jusqu’au bas de la descente à Fraisses.

La dernière côte et la ligne droite finale se feront quand même « à fond » afin d’essayer de réussir ce « moins de 10h30 » qui est devenu le nouvel objectif. Ce  sera fait tout juste, en 10h28, ce qui est quand même une grosse satisfaction.

Au final, voilà donc un nouveau challenge réussi : ma première course longue en marche nordique. Là où je m’attendais à être très seul, j’ai en fait évolué dans le « gras » arrière du peloton de coureurs. Cela prouve, s’il le fallait encore, que pas mal de courses sont largement faisables en marche nordique, sous réserve, quand même, de pouvoir maintenir un rythme soutenu tout du long.

Le prochain défi analogue sera l’Ecotrail de Paris, avec notamment une première barrière horaire pas simple du tout. Et maintenant, surtout, j’ai deux semaines pour réapprendre à courir en vue de l’Origole.

Pour Le Puy-Firminy, la satisfaction a été, encore cette année, de faire découvrir cette course authentique à plusieurs amis kikoureurs et d’en voir d’autres revenir parce qu’ils ont déjà aimé cette course. Nous avions même fait des émules pour l’aller-retour, puisque ils étaient 3 cette année à le tenter (malheureusement sans succès pour eux tous, apparemment, à ce qu’on m’a dit….j’en suis bien déçu mais cela prouve bien, s’il le fallait, que c’est un challenge conséquent).

Alors, l’an prochain….sur les mains ?

7 commentaires

Commentaire de Mazouth posté le 04-12-2018 à 11:32:18

Bravo ! Ca ne rigole pas quand tu envoies du carbone !
Tu as évolué dans le « gras » arrière du peloton de coureurs... donc dans la fesse du peloton en fait ?

Commentaire de Arclusaz posté le 04-12-2018 à 14:38:20

Un nouvelle carrière débute....Enfin, pas tout à fait, car le lecteur de passage doit quand même être informé qu'il a affaire à un vainqueur de l'écotrail MN ! ça en jette.
Dommage pour le petit blanc, la dame du bar avait l'air sympa....

Commentaire de Cheville de Miel posté le 05-12-2018 à 14:55:26

Encore un truc qu'il faudrait que je fasse!!! Chapeau pour ta "randonnée" et merci pour ce CR!

@Plouf

R

Commentaire de Mazouth posté le 05-12-2018 à 15:30:42

En plus tu pourrais embrocher les champignons en continuant de marcher !

Commentaire de marat 3h00 ? posté le 06-12-2018 à 12:24:15

Merci pour ce récit. Il est clair que + la distance s'allonge, plus c'est ce mode de déplacement qui va s'avérer efficace, à condition de ne rien lâcher. et comme tu es un expert dans ce domaine, tout est encore envisageable ! par exemple, ça donne entre 120 et 135h sur une épreuve italienne quand on part avec un coeff 4 ... ;-)

A+

Commentaire de coco38 posté le 07-12-2018 à 22:01:05

Beau Challenge et belle réussite. Tu as rien lâché ! et tu nous as rapidement piqué les fe..e (dès Malrevers). ça donne des idées... pour la 51,52,...60ème.
A+
JC

Commentaire de Gibus posté le 07-12-2018 à 22:25:36

Bubulle, le profil, la référence de LPF.
Qu'est ce que je voudrai courir si vite que tu marches.

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