L'auteur : kilkenny84
La course : L'Infernal Trail des Vosges - 120 km
Date : 8/9/2018
Lieu : St Nabord (Vosges)
Affichage : 2649 vues
Distance : 122km
Matos : S-Lab Wings 8
S-Lab Sense Ultra 8
Objectif : Terminer
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La genèse
J’avais ciblé l’Infernal Tral des Vosges dans le format 60 km, mais après le Raid du Morbihan, l’envie de franchir les 100 bornes cette année pour la première fois se faisait vraiment présente. Et donc me voilà inscrit début juillet sur l’Infernale, mais au format 122km/5700D+. A ce moment mon maximum étant 89km sur le Raid qui est Ultra…. Plat et 2000D+ du Trail d’Ecouves. Le gap est important, mais je me dis que c’est jouable.
La préparation
La préparation débute début juillet, et décide de mettre l’accent sur les D+ et D-, le rythme étant assez faible sur un 120km je ne ferai pas de VMA. Pas de bobos et j’augmente la charge semaine après semaine jusqu’à mi-aout où je me « tord la cheville » (en fait le pied est remonté haut sur le devant comme si il était venu en butée, et je ressens une forte douleur). Je stoppe la prépa et ne prend aucun risque. A 2 semaines de l’épreuve la douleur n’est plus présente en marchant, je teste une sortie de 10km mais je sens encore une pointe, du coup je coupe complétement jusqu’au jour J. Je me dis que finalement cette coupure peut être bénéfique pour faire le plein d’énergie. A l’inverse, faute de temps, je cumule seulement 2 sorties longues sur juillet/aout…
Je me fais mon plan de course, et arrive sur un temps de 21h25, ce qui m’irait très bien pour une première. Et fort de mon expérience du Morbihan, j’ajuste mes quantités d’eau et de barres. Mon sac au départ fera moins de 3,5kg, j’ai l’impression d’être très léger par rapport à tous mes trails précédents où je me chargeais toujours beaucoup trop.
Vendredi soir, je récupère mon dossard, et participe à la pasta party. Je suis seul sur cette course et ca me permet au moins de discuter un peu. Mais à 19h je suis déjà au lit, persuadé que le sommeil accumulé avant la course sera bénéfique.
La course
4h le réveil sonne, dans le gite où je suis il n’y a que des traileurs, ca fait de la compagnie au petit déj. Dernière préparation et je file au départ. Il fait un peu frais, et enfile ma veste, mais cette température est idéal pour courir, la veste sera donc rangée à 5min du départ. Briefing, et hop la musique retentit. La pression monte, puis c’est le décompte avant de lâcher la meute.
Départ très prudent, je teste ma cheville, et tout va bien, rassuré je me dis que je vais passer une bonne journée. Les 3 premiers kilomètres étirent doucement les participants, je pense être plutôt sur la fin, me bridant volontairement. Arrive la première ascension. 400D+, pour moi c’est un mur, n’ayant jamais fait plus de 100D+ d’un coup. Je me cale bien dans la longue file et suis finalement facilement. Je remonte même tranquillement quelques personnes dès que le chemin le permet. Mais en voyant que je suis un des seuls sans bâtons je me demande si je tiendrai la journée.
Arrivé en haut je me sens frais après cette montée, et accélère donc légèrement le rythme, ce qui me fait remonter très légèrement. Je profite du levé du soleil pour découvrir la vallée depuis les hauteurs. Moi qui n’est pas l’habitude des montagnes savoure pleinement cette vue. Magnifique.
Les kilomètres s’enchainent et tout va bien. Arrive donc le premier ravito. 2h55 pour 3h prévu ! Un métronome. Je repars rapidement, je suis 76eme.
La montée suivante se passe bien et en haut je découvre une vue dégagée magnifique. Stop photo puis repart avec un traileur du coin. On discute bien mais soudain petite alerte dans la cuisse gauche. C’est trop tôt pour avoir des douleurs, je le laisse partir pour de suite couper l’effort. Je sors le profil, regarde où j’en suis et…….loupe une balise. 500m de perdus peut être et un coup au moral en plus. Quel c** je suis à pas avoir levé la tête. Je fais de la gestion et essaye de ne pas tirer que mes quadris, jusqu’au 2nd ravito à Rochesson. 30min d’avance sur mon prévisionnel, finalement ca va bien quand même. Je repars tranquillement et fait même un facetime avec ma femme et mes filles, ça fait toujours plaisir.
Sur cette section qui doit me mener à l’Ermitage et à la mi-course j’éprouve de plus en plus de difficulté. La « chaleur » commence à se faire sentir sur cette portions qui possède pas mal de chemin dégagé de la forêt. J’ai du mal à être régulier et je serai sauvé par la première féminine. En effet un coup je suis devant elle, un coup derrière. On discute et elle me dit de rester à côté d’elle. Et ça marche, elle n’a pas d’accoup et ça me permet de récupérer. Débute l’ascension vers l’Ermitage. Je suis toujours étonné de voir mon rythme d’ascension qui est plutôt rapide par rapport aux autres.
A la base de vie je décide de me faire masser, n’ayant plus eu d’alerte avec mes quadris, mais devant gérer sans cesse les signes avant coureurs. Puis je me refais une santé des pieds, et mange ma soupe. Comme d’habitude passé 5 ou 6h de course le solide ne passe plus chez moi. Je repars après 50min, c’est long sans assistance, et je m’en rends compte. 101eme à la reprise. Je n’ai pas l’impression d’avoir pris mon temps mais seul on perd du temps par rapport à ceux qui ont quelqu’un pour aller chercher le sac, faire le plein des flasques, … Mais le principal pour moi c’est qu’à ce moment je me dis que c’est gagné, je suis à la moitié, avec beaucoup d’avance sur la BH, sauf bobo je vais au bout.
On reprend donc directement par la piste noire du ventron. Ca calme, mais je prends mon temps, ne pas se cramer. La difficulté derrière, je récupère jusqu’à un nouveau mur. L’ascension est très lente, et pour la première fois j’ai des doutes. D’après le profil il n’y en aura plus d’aussi pentue, il faut garder espoir. J’arrive au ravito de pré Choffé cassé, en 10km la confiance est partie. Je m’accorde une pause plus longue et ma rallonge 5min.
Sur la section suivante je retrouve mes jambes, et rattrape notamment 2 coureurs qui m’avaient lâchés en haut de la piste noire. A force de discuter à 3 on en loupe une balise, mais on ne perd que 2 min dans l’histoire. En reprenant le chemin j’accélère, personne ne suit. Le rythme restera rapide jusqu’à l’approche de Reherrey ou je coupe pour souffler un peu et marche.
La nuit tombe, je profite du ravito pour sortir mon haut manche longue en polaire et la frontale. L’ambiance change, j’apprécie ce moment, je sens que la fraicheur de la nuit me redonne de l’énergie. Sortie du ravito je suis 70eme, je me disais bien que mon rythme avait augmenté.
Motivé par ce classement je repars sur la même base. Je repars presque en même temps qu’un autre coureur, Baptiste, avec qui on sympathise. Notre rythme est similaire, du coup on court ensemble. Je le tire dans les montées, il m’entraine dans les descentes. Le temps parait plus court et rapidement nous arrivons sur la base de vie des Tronches. Même si je n’ai pas d’alerte je décide de me faire masser et fait un break de 10min dans le dortoir. Je repars ensuite seul. L’arrêt prolongé m’a fait du mal et je suis gelé, je sors ma veste pour ne pas être malade le temps que je remonte en température, puis je reprends un rythme rapide. Je me surprends à même courir dans les faux plats, les sensations sont vraiment très bonnes.
Arrive le dernier ravito du Peutet. Pause très rapide, j’ai envie d’en finir. Je reprends mon rythme jusqu’à ce que j’arrive derrière une personne qui relance très fort en me voyant. Il me demande si je suis sur le 200, je lui dis que non sinon je ne serai pas à cette vitesse, et lui me dit qu’il l’est ! Je suis bluffé, par rapport aux « zombies » que je double depuis l’Ermitage, lui est frais et possède un bon rythme. On discute bien et on alterne course avec portions de récup. Mon rythme est donc inférieur mais le temps passe plus vite. Puis à 7 ou 8km de l’arrivée débute la dernière ascension, je le laisse et part seul. Je double encore quelques concurrents, puis attaque la descente sur Saint Nabord. Enfin j’y suis, du bitume, je suis dans Saint Nabord, puis le stade, l’arche ! Des moments magiques ! Ca y’est, je suis finisher en 21h41 ! Mon plan annonçait 21h25, je n’en suis pas loin. Le classement, 49eme. Moi qui d’habitude ne fait que perdre des places dans les courses savoure cette progression.
Le bilan
Ultra terminé, sans gros bobos. Quelques ampoules pas méchante, mais une douleur au talon d’achille. Ca partira dans quelques jours vu l’évolution depuis la course.
J’appréhendais le manque de sortie longue, je serai presque à me poser la question de l’utilité vu ma course. Par contre avoir bossé le D+ et D- oui a été un bon choix. Certes ce n’est pas les Alpes, mais le gap tant en quantité, dénivelé, durée d’effort était important par rapport à ma Normandie. J’ai étais plutôt facile dans ces aspects. Quant aux bâtons je n’en ai jamais éprouvé le besoin. Ma relative fraicheur à la fin me fait dire que la prépa n’était pas si mauvaise
Par contre j’ai souffert sur les parties plus roulantes, avec du mal à me gérer. Soit relance trop forte, au risque de rapidement se cramer, soit inversement pas assez fort. J’ai mal supporté aussi la chaleur de l’après-midi, le scénario a été presque le même qu’au Raid du Morbihan dans une moindre mesure. Difficulté l’après-midi est en soirée, retour des sensations avec la nuit.
Niveau gestion de l’eau et ravito il y a eu du mieux. Je me cerne de mieux en mieux. Reste quand même à trouver quoi manger en solide, tourner qu’à la soupe au bout d’un moment ca lasse. Ça reste encore mon gros point faible.
5 commentaires
Commentaire de valdes posté le 12-09-2018 à 20:37:14
Bravo à toi. Voilà un des trails auxquels j'avais pensé après le Morbihan. Sans doute pour l'an prochain. Ton CR donne envie de le faire. J'aime bien quand ça monte et que ça descend tout le temps. As-tu essayé les petits sandwichs au pain de mie, moi je mets du chèvre et des rillettes de thon dedans et ça passe très bien. Bonne récup.
Commentaire de kilkenny84 posté le 13-09-2018 à 08:30:46
C'est un trail avec une très bonne organisation. Je n'ai manqué de rien sur les ravitos, le choix était assez important, et il y avait de la soupe partout (e jamais heister à demander). Je me rappelled meme d'un ravito où il y avait eu un BBQ, donc saucisse, ribs, ... original mais ca faisait fureur. Et les soigneurs sont au petit soin, Que ce soit au 2 base de vie ou après la course j'ai toujours été pris de suite, il n'y a pas de cohue.
Le parcours en lui meme est très sympa, et oui ca monte et descend tout le temps. C'est les Vosges, donc pas encore de grande ascension de 100D+ d'un coup, de ce fait on multiplie les ascensions. Je recommande vraiment ce trail.
Pour les sandwichs non j'ai pas essayé, il faudrait que je m'en prepare pour tester une fois. Mais ca sera l'année prochaine, pas de trail long pour moi d'içi là, repos! Après tout mon premier trail date d'il y a moins d'un an
Commentaire de Shoto posté le 13-09-2018 à 21:52:07
sympa ton récit. moi aussi je me suis légèrement blessé un peu avant mon ultra cet été. J ai géré comme toi la blessure et çà s est bien passé. tu as fait une bonne gestion de course. bravo. et ton plan de course était bien calibré ... à 15 mn près sur cette distance, il faut le faire !
Commentaire de barney posté le 07-09-2019 à 15:27:29
Salut,
Bravo à toi pour ce récit qui me confirme dans mon choix de course...
C'est le deuxième ultra auquel je vais me confronter, et j'ai quelques questions à te poser.
Dans mes souvenirs du 68k (fini en 11h20) qui recoupe des parties de ce 120, ce n'était pas trop technique. Est ce le cas sur les kms restant? quel est ton retour là dessus?
Comment as tu estimé ton temps de course? Je me connais mais par rapport aux complexités du terrain, 800m de d+ peuvent prendre 1h ou 3h. Du coup je me plante à chaque fois sur ce calcul.
Commentaire de kilkenny84 posté le 09-09-2019 à 11:52:44
Salut,
Je ne saurais pas trop dire par rapport au 68 ne l'ayant pas fait, mais je n'ai pas mémoire de passages techniques. Juste 2 belles bosses pas évidentes à passer, juste après la base de vie après l'ermitage, et une autre vers le 65eme km. Mais pas de difficultés techniques à prévoir, le parcours est plutôt roulant.
Pour le temps j'avais fait l'hypothèse d'une vitesse moyenne à tenir par section, sans trop prendre en compte le dénivelé finalement, en prenant en compte une fatigue de plus en plus présente. Je pense que ca marche lorsque ca reste encore un peu roulant. Depuis je ne fais plus de plan de course, je pars toujours à l'aveugle et vois ce qui se passe. Donc désolé mais pas trop de conseils à donner sur ce point.
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