L'auteur : bubulle
La course : 80 km du Mont-Blanc
Date : 23/6/2017
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 4511 vues
Distance : 92km
Objectif : Pas d'objectif
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(la quasi totalité des photos de ce récit sont empruntées, avec sa permission à patfinisher)
J'avais beau largement m'y attendre, je n'ai pas été déçu. En 4 éditions, le 80km du Mont-Blanc s'est solidement établi comme une référence sur ce format et, après l'avoir expérimenté, je dois pouvoir dire que ce n'est pas usurpé du tout.
Je ne sais pas dire si c'est la course la plus difficile que j'ai faite. C'est toujours difficile de comparer ce qui n'est pas comparable, mais en tout cas, elle est bien en haut du palmarés.
C'est surtout la très forte densité du parcours, qui ne comporte quasiment pas de répit, qui augmente cette difficulté.
Mais on va voir cela, bien sûr tout en détails, vous vous doutez bien.
On a vu large pour cette semaine des courses de Chamonix, avec patfinisher : l'arrivée sur zone se fera le mercredi, le retour le dimanche, avec la course le vendredi.
Ce format permet de totalement profiter de toute l'activité possible sur la vallée, au risque éventuellement d'en faire un peu trop....:-)..mais comment rester inactif ici ?
Et c'est donc pour cela que le jeudi, veille de course, nous irons nous dérouiller les jambes (en mode rando, quand même) à La Jonction, un petit paradis de haute montagne où se rejoignent, sous le Mont Maudit et le Mont-Blanc de Tacul, les glaciers de Taconnaz et des Bossons. Une belle grimpette, tout de même, du près de 1500 mètres de dénivelé et par une belle chaleur caniculaire.
Petite échappée sur la Verte
Et le dénivelé, c'est dans les deux sens que ça compte car après avoir passé une petite heure magique dans un cadre royal, il faudra bien en redescendre, ce qui va quand même consommer un peu de l'énergie des cuisses. Bref, un petit gâchis du fameux « jus » qu'on prend pourtant tant de soin à faire (j'imagine toujours un peu, quand on me parle de « faire du jus », des mollets luisant du précieux « jus » suintant délicatement pour doper le trailer déjà amoureusement rempli jusqu'au oreilles de Malto sur les jours précédents.
Jean-Michel face à un beau Goûter, Dome et Aiguille, plus glacier de Taconnaz
Bon, Pat a, lui, au moins sacrifié au rite des sucres lents et s'est malto-gargarisé pendant tout le trajet. Pour ma part, je sais que je vais encore jouer la carte « Cochonou » en utilisant l'arme secrète du trailer déjutifié : le mini saucisson de secours à haute concentration en jus charcutier miracle.
Bref, nous laissons ce beau jus sur les pentes de la Jonction, mais nous en prenons plein les yeux et on ne va quand même pas se priver. Nous avons embarqué avec nous notre co-locataire, le kikoureur galette_saucisse dont le pseudo rappelle les attaches bretonnes, même s'il écume désormais les trails teutons depuis son camp de base berlinois.
Les Warriors du jour
Il ne faut donc pas nous bercer beaucoup ce jeudi soir à notre retour dans notre petit nid douillet façon « c'était bien les vacances de ski des années 70, dans le studio microscopique, avec les lits superposés dans l'entrée ».
Nous aurons toutefois pensé à célébrer la deuxième religion de tout kikoureur qui se respecte, avec une cérémonie houblonnière à l'adresse numéro 1 de Chamonix pour ce type d'événement, soit la Micro-Brasserie de Chamonix, un peu loin des terrasses du centre et de leur pinte à 10 euros. Merci à elnuma[xx] qui est une référence dans le domaine.
Nous arriverons à nous retrouver à une petite dizaine de kikous, sur la quarantaine qui sont inscrits à ce 80km désormais devenu un moment important de la saison kikoutière (avec, bien sûr, bouzinage obligatoire). Une occasion de revoir Zorglub74 que j'ai quitté....en 2015...dans les alpages au dessus des Tappes. Un Étienne toujours aussi simple : il a certains côtés de notre Phi-Phi national, à t'expliquer comment c'est tout simple la course à pied et que, finalement, faire top 20 sur le 80km du MB, c'est pas compliqué, il suffit de passer en 1h50 au Brévent....Ha ha ha
Bref, bilan de cette veille de course : 1500D+, 1500D-, 2 pintes, 200g de pâtes, au dodo à 21h30 et le réveil est réglé sur 2h30 du matin. Je déteste le type qui a programmé l'appli Horloge d'Android, qui t'indique sournoisement que le réveil sonnera dans 5h et 31 minutes. Sadique ! <p>Toutouloutoutouuuuuu....toudou toutouloutoutou.....la sonnerie New Horizons va être fredonnée pendant 3/4h par trois zombies mal réveillés qui engloutissent en vrac diverses céréales, du café équatorien, du faux Gatosport de chez D4 (sans pépites de chocolat), dont on se demande toujours un peu comment ils arrivent à éviter 50 décès annuels par suffocation et surtout un riz au lait Mont-blanc que Pat se croit obligé de manger bien que j'aie essayé de lui expliquer que c'est pas fabriqué à Chamonix.
Chamonix à 4h du matin, c'est relativement morne. Seuls quelques zombies qui nous ressemblent étrangement se meuvent lentement en direction de l'abattoir. Et en t-shirt, s'il vous plaît car toute la chaleur de la veille est bien restée au fond de la vallée et il doit encore faire dans les 20-22°C.
Cela on le sait : avec la chaleur, on va prendre cher. Et on l'a répété la veille : la clé se situe entre le Buet et Chatelard, avec des barrières horaires plutôt sévères, qui ne laissent pas de place à l'erreur. Il ne faudra pas l'oublier. Je ne me suis jamais trop senti concerné par les BH, mais on ne sait jamais.
Je n'ai pas trop de souvenirs de ce départ. Nous sommes ensemble, avec patfinisher et galette_saucisse. Nous voyons aussi brièvement guillaume84, qui cherche à se placer "pas trop devant" car il n'a pas envie de devoir suivre ensuite un rythme qui ne lui conviendrait pas.
J'ai bien eu ma traditionnelle rafale de SMS pré-course avec, parmi ceux qui font toujours le plus plaisir, celui de ce cher ami PhilippeG....dont j'ai entendu plusieurs fois le plus grand bien pendant ce week-end, d'ailleurs.
Bref, tous les paramètres sont en place pour que tout se passe bien...et il va sûrement falloir ça.
Le départ est donné alors que nous sommes à peu près au milieu du peloton. Il y a quand même du monde dans les rues : nous remontons à l'opposé de notre direction finale (la Brévent est monté par le refuge de Bellachat, donc au Sud-Ouest), pour aller rechercher la rue montante qui va passer devant la gare de la télécabine de Planpraz. Petit coucou en passant à l'immeuble de notre location de la semain UTMB 2016.
Tout le monde court sur cette montée pourtant déjà assez rude. J'ai très rapidement perdu de vue Pat et Jean-Michel (je vais arrêter de l'appeler galette_saucisse, j'ai l'impression d'être dans un resto breton). Je m'appliquer à aller le plus économiquement possible. Cela dépasse de partout, je recule clairement dans le peloton. En pratique, je suis maintenant au 2ème tiers de course, je sais qu'il y aura probablement un bouchon dès qu'on passera en single. Avec 1200 inscrits et 1139 partants, c'est incontournable. J'ai 2h09 comme temps de passage au Brévent sur mon roadbook « 20h » (performance que je sais vraiment ambitieuse, voire irréalisable pour moi).
Dès la sortie des Moussoux, le peloton se répartit sur un chemin encore assez large, le rythme se prend : il est plutôt lent (pour un début de course), environ 600-700m/h.
Et bien sûr, inévitablement, le bouchon arrive, en deux fois, le temps que la file indienne s'organise. On doit y laisser environ 10 à 15 minutes, dans cette affaire, ce qui est intrinsèquement sans grande importance....sauf pour ceux qui jouent, dés le départ, à la limite des BH.
La discipline est de rigueur dans cette file ininterrompue de coureurs (le serpent lumimeux doit être superbe à voir depuis la vallée). Ceux qui tentent de dépasser sont très très rares, c'est même anecdotique. Mais ils sont très très cons.
Quelques supporters sont là, au refuge de Bellachat. Je doute qu'ils soient montés exprès (quoique....), en tout cas, c'est sympa.
La discipline va se relâcher un peu au-dessus. Ce sont surtout les « coupes » qui m'agacent particulièrement. Le parcours est très bien balisé et, notamment, le positionnement des fanions rend très clair le fait QU'ON NE COUPE PAS LES LACETS, BORDEL. Quand on voit un fanion au fond d'un lacet, ON VA AU FOND DU LACET.
Et donc, je suis parfois un peu le seul à faire systématiquement le tour de façon, disons....relativement voyante, et évidemment, en m'appliquant à revenir systématiquement dans la file....là où je l'ai quittée. Voire un peu devant si je peux. Voire un peu en jouant des coudes.
Faites-moi une faveur, chers lecteurs. Pensez-y la prochaine fois que vous êtes sur un trail de montagne et que vous voyez la file entière prendre certaines coupes alors que le balisage est bien clair sur le suivi du sentier normal. Et faites l'effort. En passant, les organisateurs vous remercieront car l'abus des coupes d'itinéraires est un des plus gros facteurs d'érosion des sentiers (avec les bâtons, il faut bien le dire).
Fiz
Le Brévent sera finalement atteint en 2h42, ce qui est très nettement plus que prévu, mais je ne vois guère de moyen de faire autrement. Au moins, ça va donner aux bouzineurs de quoi s'occuper avec la Fabuleuse Remontada du Warrior.
En attendant de remontada, eh bien il faut descendrada. Bon, la descente sur Planpraz n'est pas compliquée, d'autant que, contrairement aux années précédentes, il n'y a pas un poil de neige. Il faut presque juste se freiner pour éviter de commencer trop vite à attaquer les fibres....elles auront bien le temps de le faire dans la descente de la Tête aux Vents.
Descente vers la Brèche du Brévent
Et là, surprise dans un des murs de la piste de ski : je rattrape « Defi CAP Alienor »....et voilà, je sais enfin où est passé Pat. Il me semblait bien qu'il était devant. Il est en fait passé 2 minutes et.....62 places devant moi.
Hop, duo formé et c'est parti. Déjà, pour commencer, nous zappons le ravito de Planpraz. En effet, nous avons tous deux une réserve d'eau assez large pour atteindre Le Buet (pas de ravito à la Flégère ! Pensez-y si vous venez faire cette course après le marathon du Mont-Blanc. Même les plus grands se font parfois avoir, n'est-ce pas, Étienne ?).
Souvenir, souvenir que ce passage de Planpraz. C'est un de mes récits les plus lus, c'était mon premier trail de montagne, c'était une course partagée avec Sab, une arrivée mémorable et pleine d'émotions (le coin est très poussiéreux) et le parcours nous y refait passer au mètre près. C'était le marathon du Mont-Blanc 2013.
Et donc, dans ce morne chemin de 4x4 caillouteux, il y a comme un frisson qui passe....
Peu d'événements passionnants à raconter sur la traversée Planpraz-Flégère. Je reconnais plusieurs passages vus 4 ans auparavant, nous sommes toujours beaucoup en file indienne, les rythmes s'équilibrent peu à peu.
Pat suit assez près. Pas nécessairement immédiatement derrière moi mais plutôt proche. Et, finalement, la Flégère arrive relativement vite. 3h53 pour 3h22, cette demi-heure de retard est toujours là. Donc....eh bien nous sommes dans le bon rythme.
Nouveaux souvenirs ici. La terrasse du restaurant panoramique est tout aussi déserte que fin août 2016, mais la densité de coureurs est supérieure à celle d'un UTMB après 38 heures de course !
Près du ruisseau du Lac Blanc en montant à la Tête aux Vents
Dans la longue montée de la Tête aux Vents, nous avons le temps d'admirer le spectacle. Déjà, le lever du jour depuis le Brévent (je guettais la première pointe du soleil sur le Mont-Blanc, pour m'occuper) était magnifique, mais ce balcon au-dessus de la vallée, avec une météo qui décore un peu le ciel avec quelques nuages (peu menaçants), c'est grandiose.
Et, bien sûr, les bouquetins traditionnels du secteur sont bien là et nullement dérangés par la course, en apparence. Nous nous suivons sans problèmes, avec Pat...désormais le rythme ne dépend plus que de nous. Je pense que ce secteur est quand même celui où je commence à ressentir une vague lourdeur générale et un peu de lassitude. La saucisson ferait-il, après tout, trop peu de « jus » pour compenser celui perdu la veille ?
Cascade des Lacs des Chésérys (?)
L'un dans l'autre, nous passons à la Tête aux Vents. Par curiosité, je regarde le temps par rapport au roadbook : 4h40 au lieu de 4h01, la tendance semble se confirmer que ces 20 heures n'étaient pas le bon calcul....donc on va oublier le roadbook pour un petit moment.
Dans le secteur de la Tête aux Vents
Il faut d'ailleurs plutôt se concentrer sur le terrain. J'aime bien le début de la descente, assez ludique avec les grandes dalles (cette section qui semble tellement interminable dans l'autre sens, quand le « sommet », en réalité peu marqué, n'apparaît jamais). Je donne toujours le tempo : je suis bien à mon aise sur ce terrain (faut dire que les Vibram font merveille, n'est-ce pas Philippe et David ?).
Par contre, quand la pente s'accentue, je m'efforce d'oublier que nous nous faisons dépasser plus que nous ne dépassons : cette descente, longue et technique, est usante et la chaleur, elle, monte. Nous allons d'ailleurs laisser échapper une vingtaine de places sur la descente.
A nouveau souvenirs au Col des Montets, avec la place de parking de l'Evasion-dortoir tant appréciée d'abord de TomTrailRunner, puis de moi-même, en août dernier. Petite pensée aussi pour le thermos de thé apporté, toujours ce samedi d'août 2016.....au petit matin par Carole/chococaro, convaincue par son fils Vincent de venir spécialement me faire alors un petit coucou...et surtout en faire un à ma suiveuse de course. On en reparlera de la famille de Carole....
En attendant, nous voilà à papoter avec l'incomparable Benman qui nous a rejoints juste avant la Tête aux Vents. Nous allons, ensemble faire le « chemin des bouches d'égoût » car chacun sait que ces éléments indispensables sur un chemin montagnard y sont mystérieusement apparues un matin d'août 2016.
Section qui me paraît un peu longuette, d'ailleurs et où je pense que je connais un petit début de défaillance car je n'arrive pas à relancer au Buet, et je vais laisser partir Pat, ce qui me vaudra plus tard un SMS de Bart m'indiquant que « tu n'est pas loin de Pat au Buet »...mais ça je le sais, Bart, je le sais.
11 minutes d'arrêt au Buet, j'ai besoin de me poser un peu. Par contre, guère d'envie de m'alimenter en solide. D'ailleurs, ce manque d'envie persistera toute la journée et va un peu me prendre la tête : je sais que je suis déjà enclin à négliger un peu l'alimentation. Je me méfie de moi-même...:-)
Nous nous sommes perdus, avec Pat (ainsi que Benman). Le ravito est densément peuplé, il y a beaucoup de spectateurs, il fait chaud.....bref, il faut penser à en repartir avant d'avoir envie d'y rester. Je constate une dernière fois que, pour le roadbook c'est mort. J'ai désormais pile une heure de retard et, pour la première fois, je me dis qu'il va falloir que je me préoccupe des BH. J'ai...une heure d'avance sur cette barrière horaire.
Et je sais par expérience que ça peut vite fondre donc....on se jette dehors.
La course se "dilue" peu à peu : 1097 coureurs vont passer la BH, 20 seront éliminés.
Je retrouve Pat une dizaine de minutes après Le Buet alors que je savais plus guère s'il était derrière ou devant. Comme rien n'est convenu entre nous, je passe assez rapidement devant et je commence....une belle partie de marche nordique en montée. C'est en fait seulement la deuxième « grosse » montée, et la première que je peux faire à ma main. Je m'applique à ne pas être en sur-régime, mais tout trailer qui apparaît devant est un nouveau défi....et tout bruit de bâtons à l'arrière est suspect....;-)
Bref, pacman.
C'est souvent dans ce genre de situation que je m'amuse à compter les coureurs dépassés, mais j'ai oublié de le faire, là. C'est aussi dans cette montée des Chalets de la Loriaz que je m'applique à ma routine de montée : deux gorgées d'eau tous les 50 mètres de dénivelé.
J'ai d'ailleurs bloqué la Suunto dans mon mode « ultra de montagne » : affichage de l'altitude en gros, et bascule possible sur le chrono ou sur l'heure. Pas de GPS, pas d'indications kilométriques qui ne servent à rien. Donc, ici, au Buet, j'ai mémorisé l'altitude de départ (1336m), celle d'arrivée (2018m) et ça me suffit à savoir où j'en suis.
C'est donc une grande séance de dépassements que je vais réaliser sur cette côte qui est, au final, d'assez loin, mon meilleur moment sur la course. Livetrail y a enregistré une progression de 100 places (en réalité moins car il faut tenir compte des abandons survenus au Mollard parmi les coureurs qui m'avaient précédé au Buet (vous suivez ?).
Curieusement, je n'arrive qu'à une vitesse moyenne de 450m/h sur l'ascension, probablement parce que la pente n'est pas si prononcée que cela, donc on monte moins rapidement.
Dès l'arrivée à découvert sous les chalets de la Loriaz, la chaleur est étouffante. Certes, les nuages cachent parfois le soleil, mais l'atmosphère très lourde des jours précédents est toujours là. Autant dire que l'abreuvoir est bienvenu pour se rafraîchir.
Je ne m'attarde guère et me lance dans la descente qui est, si je me rappelle ce que j'ai lu, assez raide, mais sans plus...et (très) relativement roulante.
Je l'aborde assez calmement derrière une coureuse que j'imagine être espagnole (l'avenir nous confirmera qu'elle l'est : je vous présente donc Ana Maria Corral Galvez, olé....)...et qui a un rythme qui me convient bien. Sans surprise, nous sommes dépassés. Je me suis mis encore en mode économie. Même si mon Phi-Phi préféré me dirait de bien envoyer le corps en avant, je m'abstiens de le faire et pas uniquement pour éviter de projeter ledit corps sur celui d'Ana Maria....dont la constitution relativement solide n'en aurait pourtant guère souffert. Fin de la parenthèse, j'arrête d'écrire n'importe nawak.
Et, au dessus du Molard, qui vois-je donc revenir ? Eh oui, mais c'est bien Super Pat et c'est donc la troisième fois que nous nous retrouvons....décidément !
Descente à une vitesse moyenne de 1200m/h.
On vire tranquillement au Molard, presque en fond de vallée, pour 2,5km de quasi plat légèrement descendant. Là encore, l'économie est de rigueur. Il fait une chaleur de mammouth, nous allons d'un abreuvoir à l'autre, à nous tremper intégralement la tête, la casquette, les bras, etc. Pour un peu, on ferait une Vik et on sauterait dedans.
Un coup d'oeil rapide à la montre : 8h07 de course. La BH était à 9h de course.....la marge diminue. A priori, cependant, cette BH ne semble avoir éliminé personne.
La montée vers le Col du Passet n'en finit pas....de commencer. On zigzague assez longuement dans un sous-bois assez dense, sur un chemin un peu cahotique. J'ai un peu hâte que la partie de manivelle commence.....a posteriori, je me demande si j'avais raison.
Mais, au début de cette côte, le scénario recommence : je pars devant et je distance Pat...et Ana Maria....et....à nouveau des tas d'autes trailers. Pic pic pic pic.....
Dans la descente des Chaletz de la Loriaz. Au fond, le vallon de Barbérine où se situe la côte du Col du Passet
Cette montée est....monstrueuse. Plus on avance, plus la pente est raide. Le barrage est presque au-dessus de notre tête, énorme, on monte sur sa gauche et le chemin passe son temps à serpenter entre de gros blocs de rochers, avec des marches gigantesques. Et c'est un peu un cimetière de trailers, avec des dizaines de coureurs arrêtés en train de reprendre leur souffle. Je suis tout autant un peu hors d'haleine, toujours avec cette chaleur lourde, mais je m'accroche à ma routine des 50 mètres.
Tant bien que mal (mais nous sommes tous dans cet état là), j'arrive au Col du Passet après 1h08 de montée, soit environ 550m/h.
Depuis le Col du Passet, le Mont Ruan au fond. Je passerai juste derrière à la Swisspeaks...ainsi que sur la rive gauche du barrage
Mais là, et comme tout le monde, j'ai pris cher. Très cher. Aucune ombre à Émosson et plus de 1km à faire le tour de l'extrémité du barrage et traverser le mur, puis monter un horrible escalier en fer, qui est un supplice total, pour arriver au ravito où de nombreux suiveurs retrouvent leur coureur.
C'est là-bas tout au bout, le ravito !
Ici, on n'a qu'une envie : se poser....longtemps. Mais, il ne faut pas. C'est le gars du stand Compex au village qui a expliqué cela à Pat et Jean-Michel. Selon lui, il vaut mieux se ravitailler...au besoin faire des provisions et....partir, quitte à se poser plus bas, quand on retrouve de l'ombre.
Je décide donc d'appliquer cela et de prendre un temps minimum, soit 7 minutes, le temps de faire le plein, de grapiller quelques oranges (pas envie d'autre chose), et surtout de vérifier l'heure. Je suis en fait arrivé à 13h50 au ravito. La barrière horaire de Chatelard est à 16h, j'ai donc le temps. Petit contrôle de matériel en haut de la côte en sortie (malin, ça : ça ne permet pas de se faire passer vite fait le matériel par un suiveur car on ne pouvait pas voir que ce contrôle était là).
A part cela, je n'ai quand même qu'une envie : me poser à l'ombre. Ce que je finis par faire 5 minutes de plus, un peu plus bas, le temps de prendre une....deuxième compote (oui, pas terrible, ça) et envoyer quelques SMS (tant pis pour les prix suisses).
Un tombereau d'encouragements arrivent, ça fait super plaisir. Merci à tous ces amis et famille pour tout cela. On ne sait jamais trop quand le coureur peut les lire, mais on finit toujours par les voir.
Je suis bien à l'ombre de mon petit arbre, mais je me fouettte un peu pour repartir dans cette descente que je redoute. Certains l'ont décrite comme un enfer bien velu et.....ils ont raison. C'est extrêmement raide, au point d'avoir des câbles par endroits. Je suis....très lent..:-)
Et ce qui devait arriver arrive.....Pat me rattrape.... Juste au moment où on arrive sur un premier hameau au dessus de Châtelard avec.....un abreuvoir magnifiquement suisse d'une propreté immaculée, en bois, qui doit être ciré tous les mois, une vraie carte postale. Ce qui ne nous empêche pas d'y plonger la tête dedans à nouveau avant de terminer cette descente infernale.
1000m/h, c'est moins roulant, mais ça reste quand même honnête.
Bref, voilà, Chatelard, le point le plus éloigné de la course, on a fait une bonne moitié du chemin, « y'a plus qu'à rentrer ». 11h15 de course, nous avons 45 minutes d'avance sur les BH, mais je sais qu'elles se détendent un peu, maintenant. La prochaine est à 20h30 au Tour, nous avons donc 5h15 pour faire 14km et 1200D+.
Scénario usuel au départ de Châtelard : je reprends mon rythme à moi, Pat prend le sien et on verra bien en haut, ou à la descente.
Cette partie est souvent un peu occultée dans les récits : on a passé le secteur difficile de Vallorcine-Emosson (ou le Col de la Terrasse dans d'autres éditions, ou encore celui des Corbeaux sur la première édition) et cette montée est plus classique et très régulière.
Par contre, elle est longue. Très longue.
Déjà, on va découper le bazar en 3 étapes, histoire que cette très longue montée paraisse plus courte : d'abord une montée dans les Bois jusqu'aux Jeurs où il y a un ravito, pour un peu moins de 400D+. Puis une montée à l'alpage de Catogne, pour 400 autres, et énfin la fin vers la Tête de l'Arolette.
Dès le début de la montée dans les bois, je distance donc progressivement Pat. On est un peu plus à l'ombre, j'ai retrouvé de l'optimisme, donc cela avance bien. Je re-grapille donc à nouveau des places, comme d'habitude. C'est donc par un honnête 550m/h que je fais cette section, fléchissant toutefois un peu sur la fin, à découvert, où j'ai hâte d'arriver au petit ravito.
Je vais quand même y passer 10 minutes, à ce ravito, avec surtout le souci que je ne m'alimente pas du tout en solide. Je me fais donc un peu violence pour prendre deux soupes très chaudes (et salées), pas super faciles à avaler car on est en plain cagnard. Je vais en repartir au moment où Pat arrive, mais il ne me voit en fait pas vraiment.
Je repars....excessivement lentement. C'est un peu inexplicable car, aavant le ravito, je n'avais pas été dépassé et là, je vais laisser filer plusieurs groupes sur la pente assez faible qui suit le ravito (c'est un chemin de 4x4 pendant quelque temps...le parcours a légèrement changé ici, par rapport à l'année dernière où il tirait droit dans l'alpage).
Jusqu'à Catogne, je vais avancer assez péniblement. Cela va à peine mieux quand la pente s'accentue, mais pour la première fois, je suis contraint de stopper en pleine ascension et me forcer à prendre une compote parce que, dans une espèce d'éclair de lucidité, je me dis que je dois être en train de vider mes réserves.
C'est un peu ainsi que j'atteins cet alpage de Catogne dont je découvre enfin à quoi il ressemble (sur l'UTMB, il a été passé en pleine nuit). Ce n'est pas une capitale : quand je pense que certains bénévoles y passent 4 jours (OCC, CCC, UTMB) pendant les courses de l'UTMB, j'admire.
La suite après Catogne paraît tout aussi longue. La pente n'est pas très marquée, elle est assez régulière, mais en plein cagnard, encore. Au final, depuis les Jeurs jusqu'à la Tête de l'Arolette, je monte à 460m/h. Donc, il y a bel et bien, ici, un petit coup de bambou.
Je vais d'ailleurs me poser un peu à l'Arolette, avec une excellente idée : je regarde les messages.....et j'en envoie un ou deux. Et notamment à Bart/trailaulongcours qui....me rappelle aussitôt. Et je vais donc avoir une discussion de quelques minutes, avec Bart, posé sur ce sommet suisse (moi, pas Bart) et où il me donne des nouvelles de notre course, de notre progression, du bouzinage en cours et des uns et des autres. Je lui donne en retour des explications sur la quasi course d'équipe qu'on fait, avec Pat et je lui prédis qu'il est bien possible qu'on arrive ensemble si Pat me rattrape.
....ce qui se produit quasiment puisque je vois Pat au pied de l'Arolette au moment où je laisse Bart. Du coup, je repars aussitôt afin qu'il puisse me rattraper progressivement, ce qui ne va pas manquer de se produire, je suppose.
Il est environ 18h, nous sommes désormais très larges pour un passage au Tour à 20h30 pour une descente que j'estime à même pas une heure. J'aurais du vérifier mon roadbook car lui disait 1h30 et il avait plutôt raison.
C'est en effet assez long : tout d'abord une partie de crètes jusqu'au Col des Posettes, plutôt descendant et roulant, mais où je me mets en mode économie : une espace de marché-couru avec les bâtons en mode "ski de fond alternatif" qui est plus efficace que de la simple marche, mais bien moins destructeur (et moins rapide) que de la « vraie » course. Pat qui, lui, court plus, finit par me rattraper et c'est donc la 5ème fois que nous nous retrouvons ensemble.
Cela va aider pour la longue section de piste un peu montante sous l'Aiguillettte des Posettes. Elle fait environ 1 à 1,5km et, bien évidemment, on a hâte que ça se mette à descendre vraiment. Sentir Pat qui suit derrière moi, ça motive pour se pousser un peu à avancer.
C'est quand même un vrai soulagement quand, enfin, la vraie descente démarre. Nous envoyons plutôt bien sur ce sentier creux d'alpage (EN N'EMPRUNTANT PAS LES COUPES), avec mon « marché-couru » économique. Ce n'est que sur la fin, qui tarde un peu à survenir que quelques coureurs, dont un Rem bien en jambes, nous dépassent.
Nous decendrons finalement ces 550m en 34 minutes, soit un honnête 980m/h (désolé pour tous ces calculs, mais ils me sont utiles plus tard quand je cherche à anticiper la durée de mes courses).
Arrivée sur le parking du Tour et je fais un grand « check » à Pat à la fin de cette descente. Le « check des Posettes », quoi. You know what I mean and I know what I like and I like what I know, getting better in your wardrobe.....stepping one beyond your shooooooow.....oui, bon, ayé je pars en sucette.
Le ravito du Tour a une ambiance très sympa, j'ai trouvé. On est en plein dans le village, c'est un peu le premier comme ça et tout le monde est un peu aux petits soins pour les coureurs. Les bénévoles sont d'ailleurs, comme partout ailleurs, parfaits de serviabilité et de prévenance. Cela fait pourtant 8 à 9 heures qu'ils bossent et ils sont un peu entourés de la Cour des Miracles car tout le monde n'est pas très frais.
Nous prendrons un quart d'heure de pause, avec Pat, pour nous préparer à la longue section qui suit : 10 kilomètres de « fond de vallée » jusqu'aux Bois. Nous avons 1h15 d'avance sur la BH et les BH laissent 2 heures 15 pour faire ces 10km. Autant dire que nous savons, là, que nous finirons. Mais, autant le faire en y prenant le plus de plaisir possible...ou en souffrant le moins. Honnêtement, à ce stade de course, je ne sais plus trop lequel prend le pas. C'est bien beau de se dire qu'on prend du plaisir et qu'on s'éclate comme des bêtes, mais y'a quand même aussi pas mal de moments où on n'attend plus guère qu'une chose : que ça se termine. Soyons réalistes..:-)
Ce petit quart d'heure se passe en compagnie de cedtrail95 et ses bâtons rafistolés à coup de rubalise et de scotch. Rem est également avec nous, bien content de sa descente ultra-rapide. Et puis, autour, on reconnaît tous ces coureurs qu'on croise régulièrement : le gars qui demande à Pat combien ils sont avec le panneau « Aliénor » (réponse de Pat : il est tout seul, donc c'est toujours lui que le gars croise), un Antoine au dossard 4402 (enfin, c'est ce dont je me rappelle, sauf que le 4402 n'est pas Antoine....bref, un type que j'ai suivi pendant près de 2h dans le Brévent et qui est toujours là...et qui, lui, a reconnu le Bob l'Éponge), une irlandaise, Clare, accompagnée d'un Belge qui semble arriver à comprendre son accent à couper au couteau, notre indestructible Ana Maria et sa jupette grise Salomon (oui, bon d'accord, me demandez pas pourquoi LE détail qu'il me reste, c'est la jupette), mes réunionnais au tee-shirt « La Réunion Lé La », le grand black Jean-François avec qui j'ai descendu vers Chatelard....plein de têtes, de détails accumulés en vrac et qui se mélangent parfois un peu.
Et, quand faut y aller, faut y aller. C'est parti pour Le Tour-Les Bois et ces 10 kilomètres « de plat descendant ». Mouais. Bon, OK, le profil est descendant, mais le sentier, il s'appelle « Le Petit Balcon Nord »...et, un balcon, pour rester au dessus d'une vallée, ça monte et ça descend. Et ça descend pas beaucoup.
Or, il faut être réaliste : maintenant, à part en descente, ça commence à être chaud pour courir. Nous nous mettons plus ou moins en phase avec l'irlandaise Clare et son belge (il y a des belges partout sur cette course, j'ai eu l'impression), je ne comprends toujours pas la moitié de ce qu'elle raconte, mais c'est pas grave. Ils courent, on court. On marche, ils marchent. Pat court, je marche....:-)
Ça, j'adore. Pat, je lui fais le coup de « mais je vais aussi vite en marche nordique que toi en courant », hihihihi. Quand je vous dis que ça vaut le coup de s'entraîner un peu au pic-pic.....
Le truc qui me déroute, c'est que le parcours (qu'on fait à l'envers sur le marathon, jusqu'aà Tré-le Champ) a en fait un peu changé depuis 2013. Il passait alors par la petite côte en lacets en dessous du Planet et par le village d'Argentière, alors que maintenant, à la grande bâtisse du Planet, on rentre dans les bois et on contourne Argentière par le chemin du Petit Balcon.
C'est surtout jusqu'au Lavancher que c'est vraiment long. Le chemin est sympa, dans les bois, mais il n'en finit pas, à osciller entre 1200 et 1300. Et nous, on n'en finit pas d'hésiter entre marche et course. Et puis là, plus trop d'autres coureurs pour se fixer un objectif, donc....on gère. C'est long. J'évite de regarder la montre pour ne pas déprimer de voir cette altitude ne pas descendre sous les 1200.
La traversée du Lavancher est tout aussi longue, sur la route, avec le pic-pic des bâtons. En plus, on nous fait faire les deux lacets de la route principale alors qu'il y a deux petits chemins qui coupent, pfffff (enfin, a posteriori, je me dis qu'on a peut-être manqué des balises, allez savoir....je n'ai pas ma trace pour vérifier, j'étais sans GPS).
Pendant cette montée dans le Lavancher, Pat discute avec un gars derrière. Je crois qu'en fait c'était Boutts67, encore un des 40 kikous de la course.
J'attends la bascule dans les bois, qui va signifier la descente sur....Les Bois....et la fin de cette section pas hyper passionnante.
En fait, l'ultra-trail, c'est un truc de maso : sur le plat, tu attends les côtes, parce que le plat c'est chiant, sur les côtes, tu attends les descentes parce que tu en baves gravement et sur les descentes, tu attends le fond de vallée et un peu de plat pour arrêter de courir et de dézinguer les cuisses et avoir le droit de marcher sur le plat.....où tu attends les côtes, parce que le plat, c'est chiant, etc, etc.
Bref, on descend enfin dans les bois vers Les Bois. Ma tête me répète : « Aha, c'est la côte où sur le Marathon, c'est au premier qui marche qui a perdu ». Sauf que, bon, même cette petite descente paraît longue. De toute façon, maintenant, tout paraît long, alors....
On commence à croiser des suiveurs qui errent dans les bois des Bois...dans l'attente de « leur » zomb^W coureur préféré.
Sauf qu'on en croise sur une sacré distance, des suiveurs. Ils ne pourraient pas rester bien sagement en place au ravito au lieu de venir nous faire croire que le ravito c'est bientôt ? Non mais pfffff. C'est long, j'en ai marre, j'ai trop chaud...et la neige elle est trop froide...
Hola, cris, hurlements. Woualou, il y a de l'ambiance à ce ravito des Bois. Ça a l'avantage de te faire oublier que si tu marchais pépère 2 kilomètres tout droit, tu arriverais bien gentiment à l'église de Chamonix au lieu d'aller faire un détour de débile dans une montagne hostile et de plus en plus noire.
Contrôle du matos obligatoire avant le ravito : oui, madame, j'ai bien ma frontale, oui elle marche, oui j'ai la batterie de rechange, oui j'ai mon téléphone, non j'veuuuuuuxxxxxx paaaaaaaas y alleeeeeeer ! Je veux mon lit, ma douche, je pue, je suis crade, je colle de partout, la bretelle de mon sac est trempée à cause de cette p....de flasque qui fuit (pourquoi est-ce qu'on prend toujours la flasque qui fuit ?), j'ai mal aux mains (les bâtons), j'ai mal aux pieds (les chaussures), j'ai mal au bas du dos (les bouchons de compotes qui frottent à travers le sac), j'ai mal à la tête (parce que j'ai encore cette foutue sonnerie de réveil « New Horizons » dans la tête), j'ai mal au cul (parce que....c'est comme ça). Tiens, y'a au coude droit que j'ai pas mal. J'aime mon coude droit. C'est le plus beau coude droit du monde.
Bref, je fais du trail et j'en chie.
Et bon, c'est pas fini d'en chier, il reste 15km en trois morceaux à peu près égaux : une montée a priori pas trop difficile jusqu'au Montenvers (le Chemin de la Filia, j'ai révisé sur la carte), une traversée vers le Plan de l'Aiguille que j'ai déjà faite une fois dans l'autre sens (bon, OK, en 1970, je crois, mais ça compte, je me rappelle sûrement de chaque caillou...et ma maman, quand elle va lire ce récit, elle me corrigera sur la date, hein maman ?)....et une descente sur Chamonix que j'ai aussi faite une fois, mais y'a 4 ans, le lendemain du marathon, et en me prenant pour Kilian.
Bref, allez, je me dis 1h30+1h30+1h30, ça fait 4h30. Il est 21h30, donc à 2h du matin, c'est plié. Hop.
Calculs pourris de chez pourris, si je puis me permettre de spoiler.
Tout en pensant à tout ça à la fois, je me dis que ça doit quand même être trop le bon moment de téléphoner à ma chérie. De toute façon, y'a Pat qui se gave d'oranges, il va pas vouloir repartir tout de suite.
Bin, ça c'était quand même une rudement bonne idée. Pas que Pat se gave d'orange, nouilles ! Mais de téléphoner à ma chérie que, normalement, elle serait là à me bichonner, épitou, sauf que là, elle avait une semaine de dingue, qu'elle en est tout juste rentrée et que...bin ça lui fait super plaisir de m'entendre. Elle a passé sa journée sur le fil Kikourou (merci les bouzineurs et merci à Bart qui a relayé des news aussi)....et il paraît même que j'ai une voix pas trop d'outre-tombe..:-)
Au bout d'un petit quart d'heure, nous revoilà prêt à attaquer le dernier morceau avec Pat. C'est pile le moment (21h30) où la frontale devient nécessaire, notamment dans les sous-bois.
Nous avons à nouveau convenu de notre tactique habituelle : chacun monte à son rythme et on verra bien. Je dois l'attendre au Montenvers afin qu'en suite on puisse faire la longue traversée ensemble car je me doute que ce sera un peu un pensum.
Le pic-pic de montée s'établit à nouveau. Nous sommes partis avec un autre coureur et Pat va rester longtemps avec lui. J'entends leur bruit de bâtons s'éloigner TRÈS progressivement. Devant moi...rien. Deux petits halos très loin, dont une lumière rouge clignotante, mais je ne semble pas me rapprocher beaucoup.
Le Chemin de la Filia commence par un très long lacet en direction de Chamonix, avec une pente bien régulière. Cette première partie, jusqu'à un chemin de 4x4 se fait encore à 550m/h.
La pente s'adoucit que quelques centaines de mètres, sur ce chemin de 4x4, ce qui me permet d'enclencher la machine à marche nordique et d'avaler 3 coureurs dans l'affaire jusqu'à un endroit où un panneau indique sur un rocher « Parking à vélos ». Alors, j'insiste : CE N'EST PAS UNE HALLU. Ce n'est pas non plus une station de Vélib. Y'a vraiment un panneau « Parking à vélos »sur un rocher.
C'est un peu surprenant, mais on comprend vite car nous voilà face à une volée de marches d'escaliers.
Et là commence l'horreur.
Ce chemin est en réalité maintenant un chaos indescriptible de rochers, certains énormes. En fait, on doit passer dans l'ancienne moraine de la Mer de Glace, quand elle descendait bien plus bas. Ma routine des 50 mètres est démolie, l'altitude progresse très lentement, je plains intérieurement ceux qui fonctionnent différemment de moi, qui ai mémorisé l'altitude de 1900m pour le Montenvers.
Sauf que, quand tu sais que tu vas à 1900m et que tu galères comme un dingue à 1600, bin tu sais que tu vas en chier un sacré moment. Je me demande si c'est mieux..:-)
Verdict de la montre : 360 mètres en 49 minutes. 440m/h, ouille. Et, pour la toute première fois de la course, et même, je crois bien, de toute ma vie de trailer, je suis obligé de m'arrêter dans une montée pour reprendre mon souffle. Cette section est à peu près aussi violente que le Col du Passet et le seul avantage est de la faire de nuit. Si jamais vous lisez ce récit pour préparer un 80 du MB, essayez de vous en souvenir et d'avoir un peu peur : avec un peu de chance, vous trouverez ça plus facile que prévu..:-)
Le pire est que ça n'en finit pas car on voit bien les lumières du Montenvers au dessus de nous, mais.....on le dépasse sur une section presque plate (WTF?) pour aller rejoindre....le chemin des touristes qui descend à la Grotte de Glace ! Enfin, heureusement, nous on monte.
Alors, pour sûr, en pleine journée, ça doit être super cool de se la jouer Warrior des Montagnes au milieu des petites chinoises pâmées d'admiration devant le Dieu Grec luisant sautillant de rocher en rocher en prenant l'accent catalan genre « ié souis allé faire oune pétite entrainémainte au Mont-Blanc l'autré zour, c'était bien dé monter en 4 hores en sorte et en tisorte ».
Sauf que là, bon, le Dieu Grec il est carrément tout seul sur ses dalles dans le noir et il se demande pourquoi ils ont mis ce putain de restaurant si haut et qu'on aurait pu passer par ailleurs, non mais quoi merde. Luisant, par contre, ça il l'est bien, le Dieu Grec. Luisant....et soufflant...en fait, c'est une Pacific 231 (la 231K, celle qui était trop bien sur le catalogue Jouef de 1974....oui, je sais, j'ai des hallus a posteriori).
Le chemin de fer du Montenvers à lui tout seul, version 1900, mais sans les dames en crinoline à la gare.
Montenveeeers, terminuuuuuuus, 15 minutes d'arrêt. Buffet.
Glauquissime, le lieu. La terrase « interdit de pique-niquer » avec ses chaises longues. Mais pourquoi ils ont pas fait le ravito là ? Pour un peu je carroterais une chaise longue et je l'amène au ravito.....où, en fait de chaise longue, je m'affale sur un truc en béton moche pour essayer de retrouver vaguement le sifflement asthmatique qui me sert de souffle.
Saint-Yorre, je peux plus les voir en peinture, ces bouteilles de Saint-Yorre. Bon, on remplit quand même, mais je vais encore la trouver pas bonne, pffff. Allez, tiens, je vais démolir la bassine de quartiers d'oranges. J'en ramène une quinzaine dans mes mains (ça va coller , mais ranafout') et je retrouve mon parpaing.
« Cuando kilometros donde Chamonix ? ». Enfin, quelque chose comme ça. C'est Ana Maria qui me cause, tiens. Elle est sur le parpaing jumeau du mien. Pas fraîche, l'ibère. Au point d'imaginer que le Dieu Grec à côté, il parle espagnol.
Vu que je parle espagnol comme une vache suisse, faut que j'arrive à lui dire qu'il en reste 10. Alors, oui, mais comment on dit 10 ? Alooooooros, « Un, dos, tres », ça, ça va.....sauf que après, moi j'ai « Un pasito pa'lante María », c'est tout. « Euuuuuh, dieci », ah non, mince, ça c'est « uno, due, tre ». « Dix, ten, zehn », pffff je sais plus moi.....allez on montre les deux mains, t'a pigé, là, Ana ?
« Gourglo machouillo olé dénivelado »....ou un truc du style. Ah bin v'la autre chose. Comment je vais bien pouvoir lui dire « alors, ma grande, ça va monter sur 286 mètres en 5,1km et ensuite descendre de 1163 mètres en 5,4km et puis y'a un kilomètre de plat à la fin ». Je ne sais plus comment je m'en sors, mais je crois arriver à lui expliquer que, surtout faut pas qu'elle croie que la traversée c'est tout plat parce qu'en fait ça fait rien que de monter.
Je crois avoir réussi à dire « rien que de monter », d'une façon ou d'une autre parce que sa tête me prouve qu'elle a compris.
Et, de l'autre côté, j'ai Clare qui cause aussi, en principe dans une langue que je suis censé comprendre et parler, mais déformée par une pratique visiblement solide de la Guinness qui rapproche donc ses propos du galimatias qui sort d'une interview rubgystique de Kieran Read.
Au secouuuuuuurs, je veux mon Patoche !
Paf, le voilà, mon Patoche préféré, lui au moins je le comprends, tiens. Nous nous gromellons donc que on va y aller, attends je prends un quartier d'orange, attends je prends un peu d'avance pour des raisons naturelles, OK je te rejoins, et je vais prendre mon quartier d'orange et je me retourne et y'a plus de Patoche.
OUKILÉ MON PATOCHE ?
J'ai perduuuuuuuuu mon Patooooooche !
Désespéré, je repars donc de Montenvers seul en espérant le miracle me permettant de retrouver mon binôme dans le Grand Néant d'en dessous les aiguilles.
Et aussi un peu plus léger car, moi aussi, je fais arrêt popo.....bref, c'est parti pour leeeeeeentement, cette traversée.
Pas bien vaillant-vaillent, à ce moment, le bubulle. Je suis assez péniblement un couple qui avance pourtant bien doucement. Les quelques passages un peu aériens qui suivent le Montenvers n'arrangent pas les choses : sentant mon pas quand même peu sûr, j'ai peur du mouvement de travers....ce qui n'est pas qu'une trouille irraisonnée car Pat me racontera plus tard avoir vu un coureur planter son bâton dans......rien sur sa droite, et voir disparaître ledit bâton dans le néant.
Du coup, j'ai l'impression de voir défiler un par un les coureurs dépassés en montant au Montenvers (même à mon allure d'escargot d'alors).
Cette traversée va se passer leeeeentement. Et, coup au moral, une fusée bleue me dépasse soudain : c'est le Benman, ressuscité d'entre les morts, qui est en pleine remontada de dingue, non mais pfffff.
Mon couple de devant, que je n'arrive toujours pas à rattaper, a réussi à dépasser un type en blanc, tiens. Et même, à la faveur de quelques sections où je peux enfin jouer du bâton, je reviens derrière lui et vais m'en servir comme lièvre pendant quelques centaines de mètres...
...jusqu'à voir "Défi CAP Alienor" dans son dos. C'était sous mon nez depuis 10 minutes.
J'AI RETROUVÉ MON PATOCHE ! Youhouuuuuuu.
J'apprendrai donc par la suite qu'à peu près aussi frais que moi au Montenvers, il était dans la même situation à ne plus savoir si j'étais devant ou derrière.
Il m'explique donc qu'il a fait son oeuvre « dans des petits buissons qui était un peu sur le côté au Montenvers ». Et moi je lui explique donc qu'il a fait son popo dans le jardin botanique alpin, que visitent le jour les petites chinoises qui se pâment devant les Dieux Grecs qui parlent avec l'accent catalan. Elles vont avoir des surprises, les petites chinoises de demain.
Bref. J'ai retrouvé Pat. Content.
Et même mieux : quelques dizaines de mètres plus loin, un autre gars devant moi....avec des bâtons rafistolés au scotch. Bim, cedtrail95. C'est Club Kikourou dans la pampa de l'alpage de Blaitière. Du coup, c'est rigolo, mais je me traîne moins...ou j'ai l'impression que je me traîne moins. Et je reprends ma position devant Pat, pour la sixième fois....
Par contre, cette petite lumière du refuge du Plan, elle passe son temps à s'éloigner, c'est franchement pénible. On croit arriver à la dernière montée, et paf, on se reprend une petite combe où on redescend, un ruisseau, une petite remontée, et ça recommence.
Une vague distraction au milieu : deux bénévoles postés au milieu de nulle part, en fait à l'Alpage de Blaîtière, là où un sentier redescend directement sur Chamonix (souvent emprunté en variante, les années où les névés sont trop présents).
Mais pas de névé, cette fois-ci (qui a dit « malheureusement » ?), donc on se fait la totale. Seule consolation, on aura un ravito de rab.
La succession de ruisseaux qui s'enchaînent tout à coup annonce enfin la vraie dernière montée, l'ultime coup de cul, l'ultimada remontada, the last fucking climb et voilà le refuge, le hâvre du trailer, le graal....en fait, un peu la cour des miracles.
Clare, Ana Maria, le belge, le barbu que je suivais au Brévent, cedtrail95, Maître Pat, un ou deux « la Réunion lé la », bref toujours les mêmes, quoi.
1h45 de traversée, pffff, c'était long. MDR, mon trois fois 1h30, ça va être trois fois 1h45 PLUS deux fois 15 minutes de pauses aux ravitos...:-).
Re-razzia sur les oranges. Pat tient absolument à remplir ses flasques, je lui prends plus ou moins le pari qu'il ne boira pas dans la descente, mais bon....il remplit.
Et on s'y lance. Enfin.....on s'y marche.....ça ne veut plus courir, les bestiaux, là. Je ré-adopte donc ma marche-course-ski de fond un peu bizarre mais si pas inefficace que ça. Je reconnais ce début de descente où, il y a 4 ans, je faisais le kakou sous le téléphérique en me prenant pour Kilian.
Là, bin.....c'est un demi-Kilian, quoi. On est carrément tout seuls, avec Pat, personne devant pour donner le rythme. J'adapte l'allure en essayant de me mettre à la limite de ce que Pat arrive à suivre car, en fait, les jambes sont largement toujours là, j'en suis étonné. Pas de cuisses en bois, je n'ai pas l'impression que ça va être la souffrance, juste devoir être vigilant, ne pas faire à Pat le coup de « je te décroche irrémédiablement » mais le maintenir aussi dans un vrai rythme.
Quelques coureurs beaucoup plus rapides vont passer dans ce début de descente. Et, surtout, quand je regarde l'altimètre au bout de ce qui paraît être 20 minutes, on est toujours à 1900 mètres...et je fais l'erreur de le dire à Pat qui en est un peu déprimé.
On va finalement oublier un peu l'altimètre...du moins je le regarde, mais je ne dis rien à Pat et, surtout, j'accélère sournoisement et progressivement...:-). J'ai vu des frontales 2 lacets plus haut et j'en ai marre qu'on se fasse dépasser...
Ça marche plutôt bien, il ne se rend compte de rien... Je suis passé sans en avoir l'air du marché/coulé/glissé au trottinement, puis à la coursinette qui n'a l'air de rien. On commence à tracer, en fait et.....bin peu à peu ce sont les frontales de devant qui se rapprochent.
....et qu'on dépasse...et qu'on redépasse. Bon, il y a bien une ou deux alertes du style torsion de la cheville pour quand même se rappeler que rester un peu prudent et souple serait une bonne idée. Il y a bien aussi une utilisation des bâtons qui freine un peu. Mais le rythme passe en fait de 800m/h à presque 1100, sans en avoir l'air. Je suis sûr que Pat ne s'en est même pas rendu compte...
Une superbe gamelle vers l'avant me calme un peu, toutefois : torsion de la cheville droite, ça part sur le côté, pour une fois le bâton ne rattrape rien, et le genou gauche s'étale bien rudement sur les cailloux. On se caaaaaaalme...
Curieusement, plus on avance, plus nous trouvons du monde (en fait, vu qu'on a accéléré, c'est logique). Il n'est parfois pas très difficile de dépasser. Je ne suis pas un grand fan de demander le passage et je m'attends toujours un peu que le coureur devant le fasse sans que j'aie besoin de le demander, ce qui est le cas, sauf une fois où un gars à la lumière rouge clignotante est complètement indifférent à ma présence derrière lui. Il faudra un bon moment pour trouver l'« ouverture » sur une portion un peu plus large (le chemin est souvent en single.
On commence enfin à entendre les bruits plus distincts de la ville et pas seulement le ronronnement de la vallée. On entend notamment un groupe qui semble faire la hola à chaque passage de coureur (Benman y aura droit d'après son récit). Cela motive pour arriver : « allez, plus que 8 collines d'Élancourt à descendre, Pat ». Je ne sais pas, mais c'est moins déprimant que « encore 480 mètres de descente ».
La toute fin du sentier, une fois qu'on a rattrapé le sentier de Blaitière, est nettement plus raide et acrobatique. Pat s'y prend une belle gamelle, d'ailleurs, qui va définitivement nous calmer. Et c'est presque par surprise qu'on se retrouve sur le parking du téléphérique, avec quelques spectateurs égarés qui applaudissent chaleureusement les petits zombies égrenés sur la route. On passe devant la boîte de nuit, mais il n'y a plus de hola. Même les fêtards seraient allés se coucher ?
En tout cas, tout Chamonix est allé se coucher, on dirait. La rue piétonne est déserte, moi qui me revois fendre la foule des terrasses à 2km/h lors de l'arrivée de la TDS, ou encore passer entre deux haies de spectateurs à celle de l'UTMB. Là, on passe entre deux haies....de rien. J'essaie d'immortaliser cela, mais la photo est bien floue.
Malgré tout, la dernière ligne droite amène un peu d'ambiance et nous permet de toute façon de bien kiffer, avec Pat. Cela fait 20 heures que nous courons ensemble, nous n'avions rien planifié et on termine cette course ensemble et ça, c'est quand même géant.
Et en plus...y'a Benman sur la ligne et il nous fait Paris-Match (ou Galatrail, vu que l'arrivée main dans la main avec Pat, on va finir par faire jaser).
23 heures pour 20 heures, encore un roadbook bien pourri, tiens. En fait pas si pourri que ça, juste bien trop optimiste, car sur la régularité des temps de passage, il fonctionnait bien.
Et le reste.....eh bien, je ne vais pas me fatiguer, je vous reprends ce que j'ai écrit sur le forum :
Le samedi a été une journée assez incroyable : nous étions arrivés à 3h du matin avec Pat, on était restés sur la ligne jusqu'à plus de 4h avec Benman (et cedtrail95) sans même avoir froid, et, pour ce qui me concerne tout au moins, à descendre binouze sur binouze (on était assis à 1 mètre de la tireuse à bière sur cette merveille de petit muret qui est un peu mon quartier général bis depuis quelques années).
Rentrés (un peu difficilement....plus à cause des 5 ou 6 binouzes que du mal aux jambes) à l'appart' on a.....papoté avec Jean-Michel (non mais, "galette_saucisse", j'ai du mal, hein) jusqu'à quasiment 5 heures. On l'avait réveillé mais il s'en fichait, il avait besoin de causer lui aussi.
Dodo pendant 2 ou 3 heures puis hop, rendez-vous au départ du 10km pour retrouver chococaro, ma super géniale copine qui a un coeur géant comme ça, avec sa vraie famille (bâtis sur le même modèle de coeur) et sa famille de CourirEnsemble.ch, les Dunes d'Espoir de Genève......leur joëlette, et le génial petit Alexis qui était le capitaine du jour de cette équipe de joëlette.
Bon, je n'ai pas couru avec eux car j'avais oublié mes baskets....:-)....du coup, j'ai attendu au frais, dans l'institut de cryothérapie en plein air aménagé dans le petit ruisseau qui passe à l'aire des parapentes, avec une (ou deux? ou trois?) boissons de récupération judicieusement fournies par Roland "Monsieur Chococaro"....
Puis postage à 800m de l'arrivée du 10km, suivi du défilé des coureurs de cette course (une tuerie, d'ailleurs : 10km en plein cagnard, avec 250D+ et aucun ravito), et fin en courant, le plus souvent en arrière, en sandale et chapeau de paille, en filmant la joëlette....et une arrivée finale pleine d'émotions.
Pique-nique ensuite avec toute cette bande de suisses (je recommande le pique-nique suisse à la viande des Grisons.....et avec les mêmes boissons de récupération que nous, par contre).
On ne se relâche pas et on file aux podiums du 80km et du 23km. Comme ça, Pat et Jean-Michel peuvent jouer les groupies avec Xavier Thévenard (bon, moi j'aurais préféré le selfie avec la grande suédoise, mais je cause mal l'Ikea et j'aurais été ridicule à côté, elle faisait au moins 3 mètres), faire la bise à rachele....et faire frire encore un peu plus les coups de soleil de la veille.
Comme il y avait encore un peu de temps, on s'est fait un petit aller-retour à la Micro-Brasserie (quartier général du Numax et de Céline et on a bien compris pourquoi.....c'est l'endroit seul et unique où aller en boire une). Cela a donc rajouté quelques nouvelles boissons de récupération à la liste, mais il fallait bien s'hydrater.
Et le tout se termine au resto avec encore la bande des Suisses (ne pas oublier : à Genève, c'est trois bises), à refaire le monde, avoir des tas de projets (tu mets le Pat et la Caro ensemble et ils te montent des trucs de ouf pour leurs assoces respectives), à jouer au téléphone arabe en suisse (ce qui a peu de différence avec le nôtre, mais il faut rigoler avec l'accent de J'nève)....et changer un peu de boisson de récupération, histoire de varier.
Et donc, à se coucher à minuit après être rentrés sous la flotte (surprise)....mettre le réveil sur 6h45 (putain de sonnerie "New Horizons" que tu fredonnes ensuite la journée entière), aller filmer le passage du marathon juste devant la maison pendant que les deux autres feignasses dorment......et finir par faire se lever les deux autres feignasses pour aller monter voir Kiki à Planpraz.
Monter voir Kiki à Planpraz en se faisant mettre une mine par le breton berlinois irlandais aux galettes (et pousser au cul par Pat), compenser en étant le premier au monde à compter le nombre de lacets du KV de Chamonix (y'en a 148).
Profiter de quelques instants magiques à Plapraz :
Voir passer Kiki avec 40 crétins qui le filment en courant autour de lui alors que ses suivants passent presque anonymement, se les geler à Planpraz...redescendre en télécabine (les autres feignasses avaient mal aux jambes alors que moi, nooooooooooon), recevoir un SMS d'Elisabeth qui me dit qu'Ilgigrad et Anapnée sont passés à 11h09 au Plan de l'Aiguille. Calculer que ça devrait nous faire du midi et quelques devant l'église.....donc convaincre les autres feignasses qu'on devrait y aller (ça a été étonnamment facile), faire la bise et papoter (par contre, j'ai pas osé aller re-re-re-re-re-revoir mon pote de la tireuse à bière). Rentrer ranger l'appart et faire les bagages.
Et dodo dans la voiture.
Au final, c'est presque la course qui était reposante, quoi.
21 commentaires
Commentaire de patfinisher posté le 30-06-2017 à 20:57:37
Un sacré séjour, sportif, d'amitié et de partage avec "Bubulle" et "Gallette saucisse" 11000 de D+ et 110km entre nos sorties en before, la veille roh !!!!!!! et le sur-lendemain le KV....re-rohhhhhh !!! plein les yeux en tout cas aucun regret...
Quand à la course, une bonne partie ensemble sans se le dire, sans contrainte... et une arrivée version "passage devant le maire", main dans la main :-) :-) ! un super souvenir ! bravo pour ce CR ! A très vite Bubulle et M...E! pour des trucs de OUF Août et Septembre x2 160km en 5 semaines....j'ose imaginer les CR ! ;-)
Commentaire de Benman posté le 30-06-2017 à 21:47:31
La cascade, elle est pas aux Cheserys, mais juste en dessous de Catogne. Bon, allez, je fonce lire le CR!
Commentaire de Benman posté le 30-06-2017 à 21:57:11
Ah mais non, je viens de vérifier sur mes photos, c'est pas la même... commentaire à effacer!
Commentaire de Benman posté le 30-06-2017 à 22:32:10
Ah mais non, je viens de vérifier sur mes photos, c'est pas la même... commentaire à effacer!
Commentaire de bubulle posté le 30-06-2017 à 22:55:57
Nan, je le laisse pour que tu aies la honte pour l'éternité...:-)
(cela dit, je suis pas complètement sûr d'où elle est cette cascade, faudrait que Pat regarde l'heure sur sa photo)
Commentaire de ilgigrad posté le 01-07-2017 à 11:08:46
Ça y ressemble en tout cas...
Commentaire de Matt38 posté le 30-06-2017 à 22:28:56
Bravo et merci pour le récit, ça m'a fait plaisir de te rencontrer sur la ligne d'arrivée et de partager une bonne bière. Bon courage pour la suite.
Commentaire de Benman posté le 30-06-2017 à 22:36:03
Super récit comme d'hab, et je me suis -vraiment- bien marré. Tu es vraiment indispensable sur ce genre de course longue, car quand on commence à un peu oublier un ou deux trucs, ton récit est pile là pour nous rappeler ce qu'il y avait à ce moment là. Tu es un peu le disque dur de nos courses, mais avec toute l'humanité qui te caractérise si bien. Un immense merci pour tout, du roadbook à l'accompagnement jusqu'à ce chouette récit maintenant.
Commentaire de ilgigrad posté le 30-06-2017 à 22:58:40
On reçoit toujours un coup de poignard dans le coeur quand on lit un récit et qu'arrive le moment où on à rendu l'âme. Ce qui a été notre tombeau n'est qu'une étape pour les finishers et on découvre le reste avec envie et admiration. Bravo pour cette course qui ne semble, à te lire, finalement pas aussi difficile que tu l'affirmes dans ton prologue. Un duo avec Pat, trio-isé parfois avec Benman et qui aurait pu devenir un quatuor avec Ana Maria. Réussir à socialiser une telle course, il n'y a qu'à toi que ça arrive.
Je m'aperçois que nous avons l'un et l'autre la même aversion pour les coupeurs de lacets.
Repose toi bien. Tu as une Montagn'hard la semaine prochaine et même si tu n'opères qu'en tant que bénévole, je ne doute pas que tu reviennes de làa bas en ayant cumulé autant de dénivelé que ce weekend...
Commentaire de groscamion posté le 01-07-2017 à 07:03:00
bravo pour la course et le récit
je voulais vous rencontrer à la remise des dossards mais perception de mon logis à la même heure.C'est parti remise peut être pour l échappée belle.
j ai l impression d'avoir lu ma propre aventure sauf que moi j étais tiraillé entre le chrono et le fait de gérer pour préparer l'échappée.
Me suis vraiment marré devant l ordi pendant ton cours d'espagnol!!!
heureusement je suis seul là!
Allez au plaisir.
C'est aussi pour moi un des trails les plus dur dont j ai le départ
Commentaire de cedtrail95 posté le 01-07-2017 à 09:54:25
C'est le premier de tes récits que je lis en ayant fait la même course et en s'étant croisé régulièrement donc il m'a fait encore plus sourire que d'habitude. Ça m'a maintenu en vie de vous savoir dans la zone quand l'envie d'arrêter était là. Je me disais que j'étais bien dans le timing des road-book en 20 h ;-) et que la course avait été rallongée de 3 h pars des pervers.
Commentaire de Rem posté le 01-07-2017 à 10:44:25
Lire les CRs de Bubulle est un plaisir en soi, d'autant plus quand on y participe et +/- dans les mêmes eaux :) Vu mon temps , que je penses améliorable , les 20h c'est possible pour toi dans un bon jour :) . Ce qui m'a réussi : séjour en altitude qques jours avant et zéro coca.
Commentaire de Yo CAM posté le 01-07-2017 à 11:19:21
j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de gens bien dans cette communauté; un très grand plaisir pour moi d'y avoir participé un petit peu. je vais voir si dans l'antenne bouche du Rhone il y a du monde aussi bien. ou alors créer l’antenne Vaucluse.
A mort les coupeurs de lacets ! je n'ai qu'une envie aller finir le 1/2 80km MB que je n'ai pas fait pour vivre ce que tu décris si bien. J'ai bien ris également.
Ce n'est pas l'absence de coca qui fait réussir, c'est la bière de la veille. Et apparemment deux c'est encore mieux. Bon courage aux aventuriers de la TDS, échappée belle, montagn'hard ....
Commentaire de galette_saucisse posté le 01-07-2017 à 13:47:26
Merci pour le partage! Dans tous les sens du terme.
J'ai passé un superbe Weekend en votre compagnie et si c'était à refaire, je referai exactement pareil... oui oui, même la montée à la Jonction la veille de course!
Ceci montre bien que la chose importante dans un weekend "Ultra", c'est quand même l'aventure humaine, aussi bien avant, pendant ou après la course.
Commentaire de float4x4 posté le 01-07-2017 à 19:05:36
C'est cool : après l'entrainement du samedi, on peut buller en lisant un bon récit et en suivant le live de l'Ultra marin :) - Ça me replonge dans mes souvenirs de 2015... Genre cette fameuse portion en taule ondulée interminable jusqu'au plan de l'aiguille, ou encore cette montée sans ombre vers les Posettes (perso c'est là que j'en avais le plus chié...) - Et sinon la pause pèche de Pat m'a provoquer un fou rire :D
Commentaire de julienDchx posté le 02-07-2017 à 13:29:26
Superbe récit :), des frissons , des rires, tu devrais sortir tes récits aux éditions guérin ^^, un plaisir de te lire.
Commentaire de La Tortue posté le 03-07-2017 à 11:43:41
bravo et merci
Commentaire de kld_root posté le 04-07-2017 à 12:04:58
Encore un beau récit avec tellement de détails .. un truc de fou de se rappeler autant dans un état disons amoindri :). nous nous sommes vus le mercredi, toi devant une binouze avec ton pote, en mode je prends de l'avance sur la récup a venir .. :) Bravo et Merci.
Commentaire de tikrimi posté le 04-07-2017 à 15:43:17
Toujours un régal de te lire.
Juste quelques conseils pour ta balade de début septembre:
- Ne fais pas de roadbook: colle les BHs. Pour les voir c'est super simple, elle seront juste derriere moi ;).
- Il faut que tu penses à passer chez Sosh: pas de roaming dans toute l'Europe (appel/data/sms) y compris en Suisse.
Commentaire de Renard Luxo posté le 10-07-2017 à 21:56:26
MDR !!!!!!!!!!!!!!! Autant ce 80 MB m'aura paru long, autant là il se déguste d'une traite. Mais où va-t-il chercher tout çà ?!? Le plus dingue dans cette histoire, c'est que le gars qui a planté (définitivement) son bâton (Kdo que je lui avais offert pour ses 45 ans merde ;-)) sur le balcon nord, c'est mon copain Yves, finisher de l'aventure 15' environ après vous ! Sur le parking à Cham', j'étais aussi parmi les 3 allumés qui accueillaient les frontales un peu hagardes émergeant du bois. Forcément j'ai dû te balbutier un encouragement à la con du genre : "bravo, respect, encore 1 Km et c'est la quille ...". Bref, la prochaine fois faut pas se rater quoi ;-)
Commentaire de Arclusaz posté le 22-08-2017 à 17:23:51
je l'avais gardé pour les vacances ce récit car je savais que j'allais y passer du temps. Belle course, beau CR plein de moments d'amitiés bien croquants.
je lirai tes aventures américaines lors de mes prochaines vacances !!!
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