Récit de mon ultra-trail du Mont Blanc 2006 (Dossard 2887)
Après 1500km, 30000M+ dénivelé, 200 heures d’entraînement …
->Jeudi 24/08/2006 (J-1)
Arrivée à 13h00 dans un super appartement, repas à base de pâtes mitonné par Claire et Patrice. L'expérience sur 'la diagonale du Fou' de Joel (ami de Claire) me rassure sur mon aptitude à résister au sommeil. Un réveil très matinal (5h00) m'impose d'aller faire une sieste bien méritée.
Après 1h30 de sieste, il est temps d'aller chercher son dossard, une petite 1/2 heure d'attente avant d'arriver au contrôle du matériel. 'Je suis surpris' pas le moindre petit échantillon de produit gratuit (ici c'est UTMB pas SEPHORA). Visiblement le dossard résiste à l'eau, je ne vais pas avoir à bricoler un protège dossard (super un soucis en moins). Petit passage sur la ligne de départ, les choses se mettent en place tranquillement sous un soleil magnifique.
Ce soir programme foot ‘Marseille contre des suisses’, il ne faut pas oublier le plat de pâtes avec de la sauce tomate et de la viande. 22H45 direction le lit. Le sommeil ne vient pas, une fanfare s’entraîne pour demain, la nuit s’annonce bien.
->Vendredi 25/08/2006
Petit déjeuner avec les 3 randonneurs (Titi, Claire et Patrice) décidés à en découdre ce matin avec les pentes du glacier d’Argentière, j’ai rien dormi mais c’est normal il parait.
Ce matin, je vais finir de préparer mes sacs pour Coumayeur et Champex, chargement du portable, chargement du lecteur MP3 (200 titres pour marcher jusqu’au bout de la nuit). Je me dirige vers le bureau des guides de Chamonix pour voir la météo. Les prévisions pessimistes d’hier laissent place à une fin de journée plus clémente, les précipitations vont commencer Samedi (super, on aura plus que 20h de pluie).
Promenade dans les rues, il est 11H00 vite à l’appartement ‘je suis claqué’. Les promeneurs ne sont pas rentrés, préparation du dernier repas ‘blanc de poulet’ avec pâtes à la crème (30% de matière grasse si si !!!). Je me change les idées en regardant le 13heures de France 2, ‘pas un seul mot sur l’ UTMB.
Dernier repos du traileur de 14H à 16H00, le sommeil ne vient pas, je suis allongé c’est déjà çà. Même un bouquin pas terrible ne m’aide pas à dormir. Je suis toujours aussi fatigué à 15h50, je m’envoie 10 minutes ACDC à fond dans les esgourdes pour me réveiller.
Arrivée de Valérie qui a décroché ‘le Grand Paradis (4000m)’ le jour de son anniversaire ‘C’EST ENORME’.
Robert et Manon ont fait le déplacement pour vivre au plus près l’UTMB et pour suivre un fils complètement fou.
17h00 : Je reste en jean pour amener mes 2 sacs (Courmayeur et Champex), deux gardes du corps m’accompagnent Robert et Patrice. Je scrute les compétiteurs pour voir si je n’ai pas oublié un détail, je vais réellement prendre le départ de cette course. Je commence à réaliser à 2heures du départ (réveille toi pépère).
18h00 : Retour à l’appartement une dernière fois avant Dimanche. Une petite pâte d’amande, une pomme. Je passe à la douche (sentir bon au départ c’est important), talc sur les pieds, protection des arpions, 2 paires de chaussettes, boxer, collant long, tee-shirt ml, veste décathlon, new balance 1100 or, je suis le 2887ème à être dans ma bulle. Je vire les dernières affaires qui me gênent dans mon sac à dos.
18h30 : Descente dans la rue, je pose pour mes photographes préférés. Les gens sont admiratifs, ‘c’est le syndrome de l’uniforme très connu chez les pompiers et les gendarmes’
18h45 : Direction la ligne de départ, Titi, Manon, Robert, Patrice, Valérie et Claire sont tous là pour assister au départ au pied des marches de l’église. Ils sont mignons avec leurs appareils photos (pire qu’avec un nouveau né à la clinique).
On entend difficilement les conseils des organisateurs, Titi insiste ‘tu vas avoir froid’ ‘mais non regarde les autres sont en short’.
19H00 : Il envoie la musique de Christophe Colomb, un grand classique au début de cette course, un hélicoptère survole la place centrale. 19h03 DEPARTTTTTTTTTTT.
->Chamonix – Les Houches (9 Km / 1h04 / V 20 :03) : Les 10 premières minutes se font en marchant, la foule est dense, les gosses tendent leurs mains à plat, c’est une vraie folie. A la sortie de Chamonix, on peut enfin courir, la foulée est tranquille même en montée. Mon sac ne gène pas, les réglages sont bons. Le début de parcours légèrement vallonné se fait le long de l’Arve avec l’ensemble du massif ensoleillé. Il est 20h00 et à l’approche des Houches on entend les hurlements des supporters, dernière côte avant le ravitaillement. Je suis dans les temps, une barre de céréale, un coca et je repars booster par les applaudissements des spectateurs.
->Les Houches –Col de Voza (13 Km / 2h07 / V 21 :06) :
Après 1 Km de course à pieds, la montée avec les bâtons se fait avec un rythme soutenu (600m+), nous sommes accompagnés par les cloches à vache secouées par les hauts savoyards. Personne ne court, à priori je ne suis pas dans les premiers (il me reste 145 Km pour remonter au classement).
Coucher de soleil magnifique sur les aiguilles de Chamonix, une petite photo avant de poursuivre ma première montée. J’entends du bruit au dessus ‘Allez les gars plus que 5 minutes avant le ravitaillement’. Arrivée au col de Voza, un monde de fou, ils se changent tous pour la nuit. Un coca, un gâteau, barre céréales, poche à eau pleine, mise en route de la frontale, je me dirige vers la descente (ma spécialité).
->Les Houches – Les Contamines (25 Km / 2h07 / V 23 :06) :
Le temps perdu dans la montée peut être rattrapé dans la descente, je me lance à corps perdu en direction de Villette. J’ai lu que cette partie est assez dure car après la descente, nous avons au menu une succession de petits raidillons. Il est impossible de prendre un véritable tempo.
Un passage humide, une file se forme, une minute d’attente, je reprends mon souffle. A 4km des Contamines on ne rigole plus du tout, nous voilà bloqué sur un minuscule sentier (je peste contre l’organisation), on dirait la station Châtelet aux heures de pointe. Temps perdu 20 minutes. En plus, je perds l’embout de ma pipette, je cherche à la frontale 10 mètres en dessous du chemin. Ouf, je l’ai. La plus grosse trouille de mon UTMB.
Arrivé sans dommage aux Contamines, je cherche l’équipe dans la foule, rapidement je reconnais les cris des filles (Titi, Valérie, Claire et Lolotte). Remplissage de gourde, plus de soupe (dommage), gâteau, fromage, eau pétillante. Je me sens super bien pour le moment. Le temps perdu est rageant. Séance photo, je pointe en 1600ème, Patrice me dit que Joël est 12ème de Courmayeur-Chamonix : incroyable. J’embrasse Titi et je repars dans la nuit avec les encouragements des suiveurs et du public.
->Les Contamines – La Balme (33 Km / 5h42 / S 00 :43)
Je décide de courir sur les 5 kilomètres de la partie plate jusqu’à Notre Dame de La Gorge, déjà beaucoup de concurrents marchent en continu. La première partie de l’ascension est très raide, les fameuses dalles romaines, le chemin doit faire presque 30%. Je monte en suivant des groupes, il n’y a pas un mot dans la nuit. On entend juste des bruits de bâtons. On arrive au replat qui annonce l’arrivée à la Balme. La moitié de la montée au col du bonhomme est faite. Il reste de la soupe, je vais pouvoir me réchauffer (pouah, ils ont vidé la salière). Un peu de poudre énergétique dans la poche à eau et je continue ma course.
->La Balme – Les Chapieux (44 Km / 8h42 / S 03 :43)
La fin de la montée est faite en groupe, personne ne double. A près de 2500M d’altitude et en plein effort, je ressens un léger mal de tête. Je m’accorde une pause de quelques secondes. En dessous, les frontales serpentent le long du sentier d’altitude. Rien d’impressionnant au col du Bonhomme, nous continuons en portant un léger regard sur la cahute en pierre, le sommet réel n’est pas ici. Encore une demi-heure et j’atteins La croix du Bonhomme, eh hop une deuxième difficulté dans la musette.
Je ne suis pas trop dans le rouge. Pourtant, je n’ai plus aucun souvenir de la redescente sur les Chapieux. Nous sommes accueillis par un groupe de rock qui fait péter des solos de guitare électrique : super ambiance. Je ne ressens rien aux niveaux des cuisses et des pieds. Je regarde ma fiche de progression et découvre avec stupeur 30 minutes de retard sur ma base horaire (39heures). Jambon, saucisson, gâteau, coca, eau plate et repars la rage au ventre (8 minutes de pause). Direction le Col de la Seigne.
->Les Chapieux – Col de la Seigne (53 Km / 11h19 / S 06 :20)
J’ai bien l’intention de reprendre du temps mais 10 Km avec près de 1000 mètres de dénivelé, il convient d’être prudent. J’allonge le pas jusqu'à la Ville des Glaciers et en profite pour mettre mon bonnet et mes gants (le froid est là). Tout à coup, une folle dingue fustige tout le monde et gueule dans la nuit ‘Alors on dort, allez on se réveille bande de rigolos’’. Malgré un débit de parole élevé, elle arrive encore à monter très fort.
Sur les premières pentes, je prends sa roue. Alors là, j’ai vraiment l’impression d’avancer très vite. La montée dure plus de deux heures mais le chemin est très agréable. A 6h00, j’ouvre ma musette et dépose délicatement le Col de la Seigne à l’intérieur. Le soleil se lève sur le coté italien du Mont Blanc, le temps est magnifique et je viens de passer en Italie.
->Col de la Seigne - Courmayeur (72 Km / 15h01 / S 10 :03)
Descente tranquille sur le refuge Elisabetta, la fatigue musculaire commence à se faire sentir. Le ravitaillement est basé sur le replat en direction du lac Combal. Les SMS me préviennent que j’ai remonté près de 500 places pendant la nuit. Une soupe, je pose gants, bonnets, je prends le temps de m’étirer les cuisses. Le replat me permet de courir sur 2 kilomètres avant d’attaquer l’arête Favre.
Lors de ma reconnaissance l’année dernière, des concurrents vomissaient tripes et boyaux en montant. Avec une certaine crainte, je monte doucement cette arrête. Petite pause de 30secondes ‘Tu vas bien’ ‘Oui, je marque juste un arrêt’. Entre eux, les traileurs scrutent des éventuelles défaillances dangereuses.
Un hélico fait des figures de style pour nous filmer (mince, j’ai oublié mon peigne dans la vallée). Les gros malins, ils se rapprochent à quelques mètres pour nous envoyer des nuages de poussière dans les yeux. La fin de la montée est tranquille, les contrôleurs italiens nous félicitent. Une suite de descentes et de remontées, nous emmène au ravitaillement du Col Chécroui, je pose la veste car la descente qui suit va être rythmée. Bientôt, je vois les premières maisons de Courmayeur, je connais bien cette descente alors j’envoie du gros.
Je fais un petit signe pour le photographe officiel, 20 secondes après la fine équipe m’attend en reprenant des ‘Allez Yoyo, allez Yoyo’. Je termine la première partie en 15h00, 72km avalés et 4000m de grimpette.
Le monde pour se faire masser me décourage, massage par les mains de Robert. Pâtes, coca, vêtements propres, je stoppe mon effort environ 1h00. Je suis content de les voir, je les rassure sur mon état.
->Courmayeur - Bertone (77 Km / 17h34 / S 12 :36)
Stéphane m’accompagne pendant 500 mètres, la chaleur va être dure à gérer. La première partie se fait sur une route bitumée pas trop pentue. Le passage sur le chemin forestier me ralenti considérablement. Le soleil brûle, quelle chaleur, je n’aime pas du tout çà. Une pause, deux pauses, trois pauses, doublé, doublé, doublé. La fin de la montée va être une course avec un randonneur âgé et très fortement chargé. Démoralisé, j’arrive tout de même à me hisser jusqu’au premier banc du ravitaillement du refuge Bertone. Malgré un moral au plus bas, j’analyse ma montée 1h40 pour un dénivelé de 800m ‘c’est pas si mal en étant au plus mal ‘.
->Bertone – Arnuva (87 Km / 20h30 / S 15 :32)
Je sais que le chemin est un balcon qui suit la vallée en direction du Col ferret. Une succession de descentes en trottinant et de montée en suant me mènent au refuge Bonatti en 2 h00 à la 1157ème place. Le repas habituel, coca, fromage, remplissage de gourde, des traileurs plaisantent mais mon cerveau n’imprime plus les blagues.
Je monte à l’arrière du refuge avant de faire une descente de dingue vers Arnuva. La bande m’attend pour me rassurer sur mon temps et pour me regonfler à bloc pour affronter l’ogre.
->Arnuva – Col Ferret (93 Km / 22h21 / S 17:22)
Accompagné par la troupe au départ du chemin, des cris des mots d’encouragements. Ultra motivé, je prend un rythme soutenu pour atteindre le refuge Elena. Ils se sont trompés, il n’y a pas de ravito ‘ici’. J’enfile ma veste de pluie et mange une barre de céréale.
Le début de l’ascension du grand Col Ferret est terrible ‘une jolie série de lacets à 30%’, on monte vite mais que c’est raide. Protégé au milieu d’un groupe, je lève la tête, des concurrents sont déjà sur la crète. 100mètres, 50 mètres, je reprends mon souffle, un coup de gel et c’est à l’énergie que je découvre enfin le caisson jaune de l’organisation. Sous la pluie, sous le vent qui redouble, je me fais biper. Je rêvais d’une arrivée sous le soleil, la tempête m’oblige à partir très vite. Je suis en Suisse.
->Col Ferret – La Peulaz (97 Km / 23h06 / S 18:08)
Il y a deux heures, je courais en descente avec une facilité déconcertante et maintenant la descente sous les trombes d’eau se fait en marchant. La déception du col me touche, la pluie, la boue commencent à accompagner mes pas. Je manque de m’assommer en entrant dans le refuge de la Peule.
La Peulaz – La Fouly (102 Km / 24h20 / S 19:20)
Je ne m’attarde pas, j’affronte un déluge, la descente pour arriver sur la route est dangereuse. Les 6 kilomètres sont interminables, 1h00 de marche et le reste en courant. Ils se sont trompés, il y a plus de kilomètres que sur le topo. Après une escapade en Suisse, Mano, Robert, Steph et Lolotte sont là pour m’accueillir. Gros coup de moins bien.
Les yeux sont très humides, je remets mes lunettes baissent ma casquette pour ne pas laisser voir mon visage, il me reste encore 3h00 de souffrance avant les Champex. C’est sûrement le spleen des 100 bornes.
->La Fouly – Praz de Fort (111 Km / 26h15 / S 21:15)
Pour redonner du baume au cœur, rien de mieux qu’ACDC. Le petit chevelu en short envoie des solos de guitare qui me redonnent la pêche. Deux mois auparavant, j’ai fait ce parcours dangereux au dessus de Praz de Fort. L’organisation a bien matérialisé avec les gros gyrophares des passages dangereux. Il commence à faire nuit, la pluie est moins soutenue. Au sommet, je décide de faire la descente en courant. Dans les rues de Praz de Fort, pas un chat, pas de lumière, avec un balisage minimum, j’ai du mal à trouver le ravitaillement. Mes supporters sont tous là pour m’accueillir, ‘un coca, une soupe Lio’. J’étais tellement mal 2 heures plus tôt qu’ils sont inquiets. Titi me montre le profil et la distance parcourue ‘c’est énorme’.
->Praz de Fort – Champex (117 Km / 27h52 / S 23:08)
Un traileur m’a assuré que la montée se fait en 1h15 tranquillement, plus je le regarde et plus son nez s’allonge.
Le début est facile, légèrement descendant mais la suite est une véritable ascension (400+). A chaque détour de chemin, je crois voir des palissades de maison mais c’est toujours un arbre avec des feuilles blanches. Pas de lumières en vue, je monte, pas de lumière, je monte c’est interminable.
A la 20ème palissade imaginaire, je tombe sur la route de Champex, encore 5 minutes et je retrouve Steph qui me guide vers le ravitaillement. Je suis très déçu par la base de vie, sol en terre battue, un monde de fou. Fatigué, je n’ai pas la force d’attendre debout pour me faire soigner. Robert et Claire tentent l’opération de la dernière chance sur mes deux orteils extérieurs. Ils sont tous aux petits soins pour me faire passer une belle dernière nuit.
Je suis certain d’avoir fait le plus dur, des pieds explosés ne vont pas m’empêcher de finir. A minuit, je repars dans la nuit accompagné par les cris de l’équipe et par la douce chanson de Lolotte.
->Champex – Bovine (126 Km / 32h01 / D 03:02)
Où sont passés les traileurs ? Pendant une heure et demie, je me retrouve seul dans la nuit avec mes visions de palissade. Tout à coup, une brûlure horrible au niveau des orteils extérieurs, ce n’est pas possible, ils m’ont piégés les pansements. Un kilomètre après, la douleur s’apaise et je rejoins un groupe au pied du monstre ‘Les Bovines’. Je dois m’accrocher à une équipe pour passer cette difficulté. Rapidement, nous sommes 5 pour effectuer la montée. Pas un mot, une machine fait le tempo devant, 10 marches, 100 marches, 500 marches, des blocs de pierre de 40 cm à 1 mètres de haut. Je suis étonné, je monte mieux que 12h00 avant, la forêt devient moi dense. On tourne à droite, la montée est terminée, j’hurle un YES dans mon cerveau. Après une ½ heure de crête, nous sommes au ravitaillement du Col des Bovines. Un courant d’air glacé passe à travers mes vêtements, je grelotte, je me réchauffe 2 minutes dans une tente chauffée et continue ma route.
->Bovine - Trient (132 Km / 34h06 / D 05:07)
Une dernière montée (60m+) avant de replonger vers Trient, la descente me réjouit mais rapidement la progression devient très délicate. Boue, glissade, pluie, je descends très doucement. Une heure trente à marcher sur des œufs pour arriver entier au col de la Forclaz, le tour en 39h ne sera pas réalisable cette année. Incroyable, je suis déçu par ma performance. A 5h00 du matin, accueilli par les filles et Patrice qui ont campé dans la voiture toute la nuit, j’entre dans le ravitaillement de Trient avec des chaussures très boueuses.
Super ambiance, je suis 775ème, cet endroit chaleureux contraste avec Champex.
->Trient – Les Tseppes (135 Km / 35h34 / D 06:35)
La dernière difficulté avant l’allégresse. Rapidement, le chemin devient escarpé avec une vitesse soutenue je prend la tête d’un groupe, la pente devient trop raide, je laisse ma place à un italien avec des jambes de géant. Le soleil se lève, toutes les 5 minutes je lève la tête pour voir des palissades. Et là, au détour d’un virage, une petite pancarte North Face 50 mètres au dessous. Michel POLETTI (l’organisateur) nous fait patauger une dernière fois dans la boue, les TSEPPES dans la musette avec un sourire énorme. Coca soupe fromage.
Les Tseppes - Vallorcine (142 Km / 37h14 / D 08:16)
Encore 140m+ de dénivelé avant de courir dans la gadoue, la descente devient vite très délicate, la marche s’impose pour éviter la chute. Arrivé sur un chemin carrossable, je lâche les chevaux et court sur les 2 derniers kilomètres, je franchis la ligne avec une foulée pas trop heurtée malgré mes 142 km. Je suis toujours obsédé par ces 39 heures. Steph et Robert ont fait le déplacement à Vallorcine, ils sont rassurés par ma forme et étonnés de me voir pester sur mon temps.
->Vallorcine - Chamonix (158 Km / 40h41 / D 11:41)
La dernière ligne droite avant l’arrivée, je reçois une pluie de SMS au départ de ma partie préférée du parcours. Le col des Montets ‘ Terrain de jeu’ des grimpeurs sur bloc est le 10ème et dernier col à passer. A l’approche de route, les véhicules nous klaxonnent, les promeneurs nous encouragent encore. Une ½ heure pour arriver au col, j’attaque la descente en courant mais ma course ressemble plus à de la marche rapide (7Km/h). Argentière en vue, j’accélère devant les touristes anglais. Après une série de virages dans le village, je passe le contrôle sous les applaudissements du public (arrêtez, je vais rougir !!!). Dernière pause coca, il est 10h soit 39heures de course. Robert et Stéphane m’accompagnent une dernière fois sur une centaine de mètres.
9km (300M+) en 1h00 c’est impossible mais 9km en 1h30 c’est de l’ordre du réalisable. Le chemin longe la voie ferrée, les encouragements du conducteur de locomotive me donnent un dernier coup de pouce pour le raidillon à venir. Le chemin légèrement accidenté me martyrise cruellement les pieds. Après une heure de ‘marche course’ en canard, je croise des randonneurs ‘C’est bien, encore plus d’une ½ heure de course’. Je ne comprends rien, je me traîne autant. Après la dernière côte sous des trombes d’eau, je me retrouve au niveau des Praz de Chamonix, le chemin devient une route en pierre.
L’arrivée est proche, un coureur m’assure la ligne dans 1km. Je tente de passer un coup de fil à Titi pour préparer les appareils photo. ’LOW BATTERY’. Ils vont rater mon arrivée. J’accélère un peu pour ne pas franchir la ligne en marchant.
Dernière ligne droite, je rentre dans Chamonix, je suis sur un nuage ‘Je te préviens Stéphane, je fais seulement un tour !’ visiblement ému, il ne comprend pas ma blague.
Une fois dans la rue piétonne, une haie de spectateurs se forme, les larmes ne sont pas loin, j’aperçois Titi les yeux tout rouge. Je continue ma course, dernier virage, clameur du public.
C’est fini, j’ai franchi la ligne.
Je suis un FINISHER de l’ULTRA TRAIL DU MONT BLANC, le 27/08/2006 à 11h42.
FIN.
(Avant le prochain épisode…)
Lio42
Je remercie les bénévoles et les organisateurs d’une course mythique.
Je remercie Lionel PLANES pour ses conseils de préparation.
Je remercie les rédacteurs de SMS (Soutien Mental Supérieur).
Je remercie mes suiveurs préférés (Manon, Robert, Stéphane, Lolotte, Valérie, Claire, Patrice) pour leur aide de toutes sortes (mentales, médicales, alimentaires…) et surtout Laetitia qui a supporté le quotidien d’un ULRA FONDU pendant une année. Je lui dédie cette course.
MERCI. A bientôt sur les chemins…
2 commentaires
Commentaire de nicou2000 posté le 06-09-2006 à 14:09:00
bravo et encore bravo!!!
Commentaire de riri51 posté le 06-09-2006 à 21:00:00
Félicitations!!!
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