Récit de la course : Trail Verbier St-Bernard - 111 km 2016, par razyek

L'auteur : razyek

La course : Trail Verbier St-Bernard - 111 km

Date : 10/7/2016

Lieu : Verbier (Suisse)

Affichage : 2987 vues

Distance : 111km

Objectif : Terminer

8 commentaires

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X Alpine : une magnifique tranche de vie...

J'ai beaucoup hésité à publier mon récit sur Kikourou. Tout d'abord parce qu'il s'agit de mon premier récit, et la première fois c'est toujours difficile Clin d'œil. Et surtout ce récit je l'ai écrit dès le lendemain de la course, pour mes compagnons de route. A ce moment là mes sentiments étaient exacerbé, et j'ai mis dans ce texte un peu d'intime. Dans l'ultra les carapaces tombent et les sentiments sont mis à nus, surtout qu'il s'agissait pour moi de ma première course de montagne (hormis un 28km à Allos il y a 4-5 ans), et que l'inconnu est bien évidemment générateur de stress. Mais m'étant inspiré des récits des années précédentes pour préparer ma course, je me dit que mon expérience de cette année pourra peut etre modestement aider une ou deux pêrsonnes pour les prochaines éditions.J'espère que mes amis ne m'en voudront pas de la publication de ce récit.

Ultra Trail du Verbier St Bernard....TSVB….4 lettres qui résonnent depuis des mois dans ma tête, 4 lettres qui me motivent pour aller m’entrainer lorsque l’envie n’est pas là, 4 lettres qui me font peur, rêver, stresser, me font faire des films sur le pourquoi du comment, « et pourquoi je me suis lancé dans ce truc de fou ? », « et comment je vais gérer tout ça ? »….et finalement je me réveille ce matin en me disant « Ca y est !!! ».

Ces 28 heures, ces 111km, ces 8400m D+  auront été tout sauf une promenade de santé. J’avais lu une phrase lorsque j’ai débuté la course à pied : « l’ultra est un condensé de vie ». C’est pas faux. Je suis passé par tant d’émotions sur ces 28 heures, le stress, le doute, la joie, l’extase, l’envie de pleurer, de rire (au col St Bernard, bande de dingue ^^), le ras le bol, la fatigue, le soulagement et enfin la joie et la fierté de finir cette belle aventure. Et surtout une chose que je n’oublierai jamais c’est la solidarité de cette équipe, de ma petite femme, de mon fiston, et de ces Costos. Sérieusement, vous êtes tous énormes……ENORMES. Une belle bande de fous furieux mais avec un cœur hors norme, merci à vous. Merci d’être ce que vous êtes, ne changez rien surtout.

Allez hop, petit retour en arrière….samedi 9 juillet, 2h15 du mat’, le réveil sonne, déjà. J’ai du dormir une heure à tout casser. A 3h30 on retrouve l’équipe sur la place de l’hermitage à Verbier, Manu, Xav, Cess, Matt, Olivier. Il manque juste le 7é larron, Gigi, qui aura préféré prendre le départ de 1 heure.

4 heures….et c’est parti. Un seul objectif : aller au bout. Je démarre doucement, très doucement, tellement doucement qu’à un moment il doit rester 20 personnes derrière moi. Pas grave, je suis à l’écoute de mon corps. Le tendon qui grince, le cardio qui monte un peu trop à mon gout, je me dis que le manque d’entrainement sur ce dernier mois risque de faire des dégâts. Je savais que Sembrancher au km 11 allait être le juge de paix : 11km durant lesquels on pouvait courir, cela pouvait être fatal, la tendinite qui se réveille et j’aurai du mettre le clignotant. Mais arrivé au ravito, je me suis dis que le plus dur était fait, je savais que ce tendon d’achille ne devrait pas me gâcher la fête.

Nous voici donc au pied de la Catogne. Cette montagne, cet espèce de mythe….1900 mètres à grimper en 10 km. Le sommet n’est qu’un amas de gros cailloux qu’il faut enjamber, la descente est du même acabit, 1100m à dévaler sur seulement 3 km, c’est un mur. « Ohé, vous n’auriez pas un parachute à me prêter ? ». L’arrivée au ravito de Champex est magnifique, avec la vue sur ce lac d’un vert splendide. On se pose quelques minutes, je croise Cess qui repart dare dare, suivi par Matt, avec Olive on reprend la route en duo vers la cabane d’Orny. Encore une montée de dingue, les jambes vont bien, je me sens vraiment dans le rythme, et puis c’est beau, sauvage, alpin, je m’éclate dans ces blocs de pierre. Le sommet s’approche, c’est effectivement une cabane plantée sur son rocher dans la neige. Pause de 10 mn là haut, quel paysage ! Et c’est grand luxe, il y a même des toilettes….

La descente c’est 1650m à dévaler sur 7km. De la caillasse au départ, et ensuite du sentier, mais vraiment casse gueule. C’est pentu, et c’est long, très long. Arrivé en bas à Saleina je rejoins Sev, Ben et Cécile la femme d’Olive, qui me trouve plutôt en forme. C’est vrai que me sens bien, vraiment, je les quitte donc rapidement, prochain RDV à la Fouly dans 8 km.

Ces 8 km !!!! Ou comment la course peut basculer du bien être vers la galère. 8 km sans paysage, en plein cagnard, l’estomac qui se bloque, plus rien ne passe, les jambes qui ne veulent plus courir, j’arrive à la Fouly dans un tout autre état que précédemment. Je connais cet état, je sais que ça peut passer, mais c’est toujours difficile. Séverine voit mon état, elle m’annonce direct que nous ne sommes plus que 3 en course, histoire de bien finir par m’achever. 3/7….C’est un terrible coup de massue !!!! Mais à ce moment là c’est Super Sev qui prend les choses en main : massage des jambes, du dos, coaching mental « moi j’ai accouché 3 fois, tu peux bien aller au bout du verbier… ». « C’est dur Sev » « J’ai accouché 3 fois je te dis »…..bon ben Ok je repars alors. Benji assure en logisticien, remplissage des gourdes, chargement de la batterie de la montre, un vrai chef. C’est vrai que ces 35’ d’arrêt m’auront fait du bien, j’ai les jambes bien plus légères. On continue, on verra bien. Déjà 49 km et 11h de course de passé, plus que 62km….pfff j’avoue que ça fait peur. Mais comme dit mon fiston « tu as fait le plus dur, les autres montagnes c’est de la rigolade ». Mouais, ça reste à voir ^^

Allez prochaine étape Col du Grand St Bernard. En prenant de la hauteur la chaleur fait place à la fraicheur, quel bonheur. Je respire de nouveau, la grimpette se fait bien, on passe le col de fenêtre dans la neige, bientôt l’hospice de col du grand St Bernard qui fait office de ravitaillement. Je monte, je vois la bâtisse, et là on entre dans le grand délire. Ca hurle, ça crie, ça tape dans les mains, les «  allez Lolo » fusent, j’ai même droit à un ban bourguignon. Xav, Manu, Olive, Sev et Ben…..vous avez faillit me faire chialer. Pause de 10 mn ou tout le monde est aux petits soins avec moi, je repars requinqué, il ne reste plus que 50km et 4000D+ comme me l’annonce Xav, une broutille quoi ! Mais j’ai largement passé la moitié de la course et ça c’est un cap qui psychologiquement est important. Et rien que pour vous tous je n’ai pas le droit de lâcher.

300 mètres de montée et j’arrive au col des chevaux. Le début de la descente est hallucinante, que des cailloux avec le vide à côté. J’ai la chance de passer là de jour, j’ai alors une pensée pour ceux qui y passeront de nuit, je trouve ça plus que limite. Cette partie franchie on peut alors courir sur plusieurs km, c’est long, pas beau mais au moins j’ai la sensation d’avancer. La nuit tombe, doucement, c’est vraiment le moment que je crains depuis le départ. Comment je vais gérer la nuit ? C’est vraiment l’inconnu pour moi. Je sens que la fatigue me tombe dessus, la lassitude aussi du coup.

 Par chance j’arrive rapidement à Bourg St Pierre. Après la Fouly c’est le 2é moment dur pour moi. Je me pose 1h à ce ravitaillement. Ca fait beaucoup de temps de perdu mais au final ça aura été salvateur. Massage complet de Sev. Xav et Manu qui s’occupent de moi comme de leur propre enfant…je vous adore les gars, je sais que je vous dois tellement. On se donne RDV dans 5 heures à Lourtier.  11km de montée, 11 km de descente. Mais savoir que Sev et Ben ne seront pas seuls pendant la nuit me rassure. C’est déjà beaucoup.

23h16 je repars dans la nuit noire, il fait frisquet, je me sens seul et en plus ça monte….allez hop 800m vers la cabane de Mille. Cette cabane tout éclairée!!!! Tu as l’impression de la toucher que tu t’en éloigne de nouveau. La nuit…toutes les sensations sont modifiées, et comme tu ne vois pas le parcours le temps est long. Mais bordel c’est interminable. 800m à monter, c’est rien pourtant. Il est 2h du mat’ quand enfin voici le point de contrôle. Je m’arrête 3 ‘, je bascule dans la descente vers Lourtier, j’ai hâte de retrouver tout mon monde en bas, je suis surtout impatient de rassurer ma petite femme qui doit se faire un sang d’encre.

Les  derniers km de cette descente sont roulants, très roulants, tellement roulants que je lâche les chevaux. Je rejoins Gigi à 3 km de Lourtier, quel bonheur de ne plus être seul. On se tire la bourre sur ces derniers km, ça fait plaisir. On retrouve alors la bande des 4 au ravitaillement. Là je sais que c’est gagné, il reste une montée, une descente, 12 km et ça sera fait. Xav nous annonce l’arrivée imminente de Cécile, avec une belle 3é place féminine à la clé….on ne peut s’empêcher d’être admiratif, bravo championne.

12’ d’arrêt et on repart en duo pour le final. La montée vers la Chaux est dure, c’est le pire mur qui soit : 1200m D+ en 5km, les 1000 premiers mètres se font sur 3.5km. Mais à 2 tout est plus facile, d’autant plus que le jour se lève.

2h18 de montée, on sait alors que dans 1h30 tout sera fini. Gigi a les pieds explosés, moi ces sont les quadri. La descente est donc laborieuse, d’autant plus que comme tout par ici il faut que ça soit vraiment pentu. L’arrivée est proche, on entre dans Verbier, il est 8h c’est relativement calme. Chaque pas est apprécié, savouré, on aperçoit enfin l’arrivée avec toute la bande de dijonnais : Matt, Cess, Olive, Cécile, Manu, Xav, Denis, et bien sur ma Sev et mon Benji. On franchit la ligne avec Gigi à 8h06, 28h06 de course pour moi, 31h06 pour lui, quel bonheur, que d’émotion…..

On récupère alors le t shirt finisher, direction la douche, massage au compex (ça ne vaut pas les massages de ma Sev…), puis à 12h30 on assiste aux podiums de Cécile. Classe et digne sur la boite. De la catégorie des championnes.

Au final, que retenir de tout ça ? Au-delà de la satisfaction d’être allé au bout, et de la course et de moi-même  c’est vraiment le plaisir d’avoir appris à connaitre encore plus certains d’entre vous, quelle belle équipe. Et même si tout le monde n’a pas pu aller au bout, votre présence tout au long du parcours aura été un moteur incroyable, je ne suis vraiment pas sur que j’aurai pu aller au bout si j’avais été seul, sans assistance, sans Séverine, Ben et ces Costos qui méritent vraiment ce joli nom.

Merci à tous, bravo à tous, et comme dit plus haut surtout ne changez rien….

8 commentaires

Commentaire de bubulle posté le 18-07-2016 à 20:16:05

Nan, mais le premier trail de montagne et le mec il fait 28h au Verbier, quoi.....:-)

Gros respect, là, quand même et je retiens quand même le coup du "j'ai bien accouché 3 fois, donc tu nous en fais pas des caisses (ça c'est moi qui le rajoute)", je m'en resservirai....ou je le resservirai aux copines qui ont accouché 3 fois et qui ont des envies d'abandon..;-)

Commentaire de razyek posté le 21-07-2016 à 18:16:37

si toi Bubulle tu parles de tes 3 accouchements je ne suis pas sur que ça soit crédible ^^
mais l'argument est imparable, la preuve ;)

Commentaire de PhilippeG-640 posté le 19-07-2016 à 10:44:08

Bravo Razyek, pour une 1ère c'est une réussite et pas la plus facile mais à coup sur une des plus belle !!

Commentaire de razyek posté le 21-07-2016 à 18:17:32

c'est vrai que cette balade n'a guere été facile, mais ça rend l'arrivée encore plus magique

Commentaire de sapi74 posté le 20-07-2016 à 22:30:36

Ton récit ça fait envie. Allez ce seras en 2019 pour moi je sais je vois loin mais en ce momentc'est tous ce que je peut faire des projets.

Commentaire de razyek posté le 21-07-2016 à 18:19:00

merci Sapi74, je te souhaite de participer à cette course, elle en vaut vraiment le coup.

Commentaire de Benman posté le 28-07-2016 à 15:52:38

C'est donc vous le team Costo ! Bravo, immense respect pour ta course. Quelle performance vu la difficulté du terrain. A bientôt sur Dijon

Commentaire de Grego On The Run posté le 01-08-2016 à 10:17:34

OUhaou...il fait pleure ton récit. Bravo à toi. Et ce sont des moments qui te resteront gravés très très longtemps. C'est pour vivre cela...que l'on vit. Bien à toi. Grégory

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