L'auteur : Knet
La course : 80 km du Mont-Blanc
Date : 24/6/2016
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 4722 vues
Distance : 80km
Objectif : Terminer
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L'an dernier, inscrite aussi sur le 80km (premier ultra pour moi), j'avais dit "j'arrête le Trail" en abandonnant à Emosson. Quelques jours après, je me disais déjà: "Non, pas possible. J'ai une revanche à prendre" ... J'allais attendre un an, mais je ne pouvais pas rester sur un échec. Lorsque le tirage au sort nous a permis à Guillaume (ami et binôme de course arrêté aux Jeurs l'an dernier - revanchard aussi !) et à moi de nous aligner à nouveau sur la course, c'est un sentiment presque rageur qui m'a animée pendant la préparation. J'ai couru un marathon en avril mais c'était le barrage d'Emosson que j'avais déjà en tête.
La prépa, contrairement à l'an passé, se passe bien mieux. Je ne fais pas autant de sorties que ce que je le souhaiterais mais jongler entre vie pro et entraînements est compliqué. Cependant, pas un seul bobo ou coup de mou pendant ces quelques mois, et c'est avec une confiance incroyable que j'arrive à Chamonix. En plus, la course tombe le jour de mon anniversaire !
Dans ma tête, je sais que je vais finir. En 24h peut être mais je finirai. Pas d'autre alternative que la ligne d'arrivée, et je me le répète chaque jour.
Dès l'arrivée à Chamonix le mercredi après midi, je ne lâche pas le sourire, ravie d'être dans ce lieu, entourée de ces montagnes splendides. L'impatience de la course est déjà là. Les jambes fourmillent !!! Je fais un petit footing psychologique jeudi matin, avant d'aller récupérer le dossard. Et la journée, très chaude, passe lentement. "Quand est ce qu'on y va, dis ????!!!!". Je n'en peux plus, j'ai hâte d'être au lendemain matin...
Je me couche à 21h30 et m'endors presque aussitôt. Le réveil me sort à 2h, je me sens bien malgré l'heure. Une petite boule au ventre me prouve que l'impatience a maintenant fait place à un peu d'appréhension !
Je retrouve Guillaume à Chamonix. Son père, Yelena (sa femme), et mon pote Stéphane feront le suivi, le soutien psychologique et la logistique pendant la course.
L'ambiance au départ est étrange... La tension est palpable chez tous les coureurs, c'est étrangement calme, et le speaker a même du mal à nous faire crier "Mont Blanc!"... Nous savons tous ce qui nous attend, ou du moins nous l'imaginons, et les conditions climatiques sont annoncées comme "très chaudes"...
L'an dernier nous n'avions pas couru ensemble avec Guillaume, plus rapide que moi, pour éviter d'entraîner l'autre dans un faux rythme.
Cette année, on n'a rien décidé et quand les cloches retentissent à 4h du matin, on se souhaite bonne course. Il part devant, je ne cherche pas à le suivre.
Dès les premières foulées, l'appréhension disparaît. Maintenant, il s'agit de courir, je suis dedans, et ne pense à rien d'autre. Avancer. Profiter. Les deux kilomètres dans Chamonix permettent de se chauffer les jambes tranquillement et d'étirer le peloton. Il y a du monde malgré l'heure pour encourager ces 1100 coureurs un peu tarés. Mes jambes sont vraiment en forme, je leur fais confiance.
La montée vers le Brévent se passe bien, peu de bouchons comparé à l'an dernier. Le rythme n'est pas très rapide mais ça me convient, pas besoin de s'enflammer dès les premiers kilomètres. Et comme l'an dernier, je suis émerveillée par le lever de soleil, les oiseaux qui se mettent à chanter vers 5h... Et quel calme dans la montée, personne ne parle ou très peu. Chacun dans ses pensées, dans sa course...
Au sommet, je m'arrête, plante les bâtons dans la neige ("planté de bâtons :)") pour ranger frontale et manchons. La descente s'annonce sympa : de la neige bien molle, bien épaisse, bien "travaillée" par les centaines de coureurs déjà passés. Ça glisse, mais je me marre toute seule en évitant les vautres à plusieurs reprises. Je craignais un peu cette descente mais au final elle m'amuse vraiment. Un type me dépasse et me dit " penche toi en avant, comme au ski". Bah oui je veux bien, mais j'ai déjà du mal à "accepter la pente" sur les pistes donc là c'est pas gagné !
Je me remets à courir normalement lorsque l'on quitte la neige; j'ai les pieds trempés.
En arrivant au premier ravito, Guillaume est là, arrivé 5 minutes avant moi. Il a l'air bien mais craint un peu pour son estomac qui lui a donné des signes un peu alarmant. On repart ensemble en papotant dans la descente assez facile.
Le temps n'est pas encore trop chaud, mais j'anticipe (on apprend de ses erreurs !) en buvant régulièrement et en mangeant un peu même si je n'ai pas forcément faim. Lorsqu'on attaque la montée vers la tête aux vents, Guillaume commence à freiner, mal au bide. Je passe devant en espérant qu'il s'accroche mais il me dit "faut que je m'arrête" . Je décide de continuer à mon rythme, je sais qu'il n'aura pas de souci pour me rattraper après.
J'avance bien dans la montée, sans forcer, mais régulière. Je suis toujours confiante. Un peu de douleur au ventre à certains moments, premier signe de la chaleur (que je supporte mal) mais c'est gérable : je peux attendre le Buet. Je sens le téléphone vibrer régulièrement à partir de ce moment là, je ne m'arrête pas pour lire les messages mais je sais qu'on me soutient à distance, et ça me donne la pêche.
J'attaque la descente vers le Buet tranquillement, certains passages sont glissants, de la tourbe, un peu de neige aussi, il y a de l'entraide entre coureurs sur les passages compliqués. J'aime ce sport pour ça aussi, parce que dans la galère, on trouve toujours quelqu'un sur qui compter.
Et puis à un moment, j'entends derrière moi "eh tu croyais t'en tirer comme ça ?" : Guillaume vient de me rejoindre dans la descente, il est facile (le pit stop stratégique a été salvateur !) et je le laisse passer. Il aime les descentes alors que moi, je suis plutôt sur le frein lorsque ça devient technique.
On se retrouve au Buet où nos suiveurs sont là, aux petits soins "tu veux quelque chose ? Donne moi tes bâtons, ton sac, le temps que tu ailles manger. Un petit sourire pour la photo". Ça donne la pêche !!! Je ne les remercierai sûrement jamais assez !
Je repars avant Guillaume, je sais qu'il me récupérera dans la montée vers la Loriaz.
Aucun signe de fatigue de mon côté, et je suis vraiment bien dans la montée. Pas très rapide, mais constante. Les jambes répondent toujours bien. Dans ma tête, je suis déjà à Chamonix, avant minuit pour boire un coup pour mon anniversaire !
Au contrôle de la Loriaz, je m'arrête un instant devant le paysage splendide devant nous... A force de regarder ses pieds dans les montées, à vérifier où les poser dans les descentes, on oublie de regarder ce que la nature nous offre... Cette course est dure, mais qu'elle est belle !
Guillaume me récupère dans la descente, un peu surpris du rythme et des cannes que j'ai. Pour avoir fait une course en duo 5 semaines plus tôt avec moi (où j'avais été moyenne) il voit la différence. Et puis j'ai le moral, aucun coup de mou, aucune douleur, on est à 30km mais tout se passe bien. On ne se concerte pas avec Guillaume, mais il est clair que, dès ce moment là, on ne se lâche plus et on continue la course ensemble.
Lorsqu'on attaque la montée vers Emosson, la chaleur est forte. On est en plein cagnard. C'est bien raide et on voit le barrage en ligne de mire. Et l'impression qu'il ne se rapproche jamais. J'avais maudit l'arrivée au col de la Terrasse l'an dernier, mais là, ça vaut le coup aussi... Heureusement de nombreux ruisseaux permettent de se rafraîchir régulièrement et de remplir les flasques d'eau fraîche. Je rêve d'une douche, d'un brumisateur, d'une eau pétillante avec des glaçons... Mais ce n'est pas pour tout de suite !
On arrive à Emosson, je monte les escaliers rapidement pour atteindre le ravito où notre équipe nous attend et trouver un semblant de coin d'ombre. Un mic-mac au niveau des barrières horaires et des "on dit" nous font croire qu'elles ont été repoussées d'une heure à cause de la chaleur. Du coup, on décide de prendre un peu plus de temps, d'autant que Guillaume n'arrivait plus trop à manger sur les derniers kilomètres.
C'est le début de l'hécatombe chez les coureurs. Les abandons sont nombreux au barrage, la montée a été un calvaire pour beaucoup.
Je presse un peu le binôme quand même pour ne pas trop traîner en plein soleil. On se donne rendez vous avec nos suiveurs au Tour.
La descente vers le Chatelard est technique mais elle passe plutôt bien. Je suis incapable de courir dans des chemins pareils, je suis admirative de ceux qui les dévalent sans se poser de questions... Et il y en avait quelques uns !
Au Chatelard, contrôle des sacs, où on apprend que non, les barrières horaires sont inchangées. Nous n'avions donc que 20 minutes d'avance à ce Check point.
On commence à s'inquiéter, la BH au Tour est à 20h30, ça devrait passer.
Sauf que... En attaquant la montée vers les Jeurs, je passe devant Guillaume, j'ai de l'énergie et à part les épaules un peu raides à cause du sac, le physique suit sans problème. J'en suis même assez étonnée. Je prends mon rythme mais il me dit rapidement "tu vas vite là". Je me retourne et le vois blanc comme un linge. Je me mets à flipper en le voyant dans cet état, et je ralentis. Il n'arrive plus à manger, tout lui donne la nausée. Boire devient même compliqué. Pour avoir connu ça l'an dernier, je sais à quel point c'est dur de se battre contre ça..
"On va jusqu'aux Jeurs tranquillement, on s'arrête quand tu as besoin, mais on n'a pas le choix que d'y aller" . Guillaume, quand il ne va pas bien, il ne parle plus. Moi, c'est un autre style (voir plus loin...). J'essaye de ne pas être trop pénible, je sais qu'entendre des "allez" ou "ça va le faire" à longueur de temps quand on est aux fraises, c'est parfois pire. Alors j'avance lentement, je me retourne régulièrement pour le surveiller. On s'arrête plusieurs fois à l'ombre. Et on repart.
Arrivés aux Jeurs, il n'a toujours pas réussi à manger. Je lui conseille de prendre un morceau de banane qui passera mieux qu'un cake. Et alors qu'il est dans le doute, je lui interdis de s'arrêter là "tu t'es arrêté aux Jeurs l'an dernier, tu ne peux pas t'arrêter ici. Tu t'arrêtes au Tour si tu veux, mais pas ici. On se fera peut être couillonner par la barrière horaire mais tant pis. Au moins on essaye".
Et on est donc reparti. Au même rythme, lentement. Je m'inquiète dans la montée en me disant que je n'aurais peut être pas dû le forcer. Mais c'est trop tard. Je compte sur la chaleur qui va se calmer aussi pour nous aider. On fait des pauses régulièrement, beaucoup de coureurs autour de nous parlent d'arrêter au Tour. Moi je pense barrière horaire. Mais je ne regarde pas l'heure, ça ne sert à rien, on verra bien...
Lorsqu'on arrive à la tête de l'arolette, il fait moins chaud. Le soleil commence à passer, et Guillaume semble aller un peu mieux (effet gel au milieu de la montée). Il parle un peu plus, mais encore un peu trop limite pour courir dans la descente. On marche, ça nous permet de voir entre autres une marmotte galoper dans la neige un peu plus bas.
On finit par arriver au Tour à 20h07, à peine 20 minutes avant la fermeture. On flirte avec les BH... Nos suiveurs nous attendent depuis un moment, on perdu beaucoup de temps sur ce tronçon.
Moi j'ai toujours la forme, et je suis tellement sereine que je me dis que je vais forcément finir comme ça ("rester humble" : leçon pour les prochaines courses). Je profite du ravito pour enlever un petit caillou dans la chaussure que j'ai senti juste avant... Ah non... C'est pas un caillou. Bon, j'ai donc une ampoule (qui s'avèrera être petite mais juste mal placée, et donc pénible).
Guillaume a bien récupéré et on repart ensemble, avec un peu de pression car la barrière horaire aux Bois, avant la dernière montée, est serrée. Le tronçon est vraiment sympa, très agréable, on court enfin tous les deux et on va plutôt bien même. La nuit tombe, on rallume les frontales dans la forêt. On est en queue de peloton, les autres coureurs autour sont disséminés.
Par contre, je commence à sentir de plus en plus mon ampoule, ou du moins, j'y fais de plus en plus attention. J'ai des irritations de frottement qui me piquent la peau (mais j'en fais des caisses et j'ai l'impression d'être en sang). Les jambes vont toujours bien, genoux chevilles aussi. Mais j'ai aussi les yeux qui piquent... En fait, je suis simplement crevée. Le coup de fatigue me tombe dessus d'un coup, à 1km du ravito, sans que je l'ai vu venir.
Je me mets à douter, je rumine sans le dire à Guillaume, je pense aux 1000m de dénivelé qu'on doit encore bouffer. 17 bornes à faire. De nuit. L'orage qui gronde. Fait chier. J'ai un coup de blues. Je ferme ma gueule pour le moment, mais ça ne va pas.
On arrive au ravito en un peu plus de 2h, preuve que le rythme était bon. Il est 22h18. Il n'y a pas beaucoup de coureurs, et tout le monde est dans le doute. La BH de Montenvers est à 01h15.
J'entends un coureur dire "on en a encore pour 6h de course avant Chamonix" et ça, ça me plombe le moral. Depuis le depart, je n'avais pas pensé une seule fois aux heures qu'il restait à faire, je voyais les kilomètres arriver les uns après les autres sans penser au temps que ça prendrait. Mais là ça me fait un déclic. Et je me sens épuisée.
Je m'assois sur une chaise, Guillaume à côté de moi n'ose pas me forcer. Il ne sait pas quel est vraiment mon état et ma tête ne doit pas lui donner confiance. Nos suiveurs n'ont pas trouvé le ravito, qui est perdu en plein milieu de je ne sais où. Alors on est là, moi abattue et Guilllaume qui dit "ça peut le faire, on peut la passer la BH là haut"...
Je ne sais pas quoi faire, je ne suis pas blessée, je ne suis pas malade, je ne suis pas en hypoglycémie. Je suis juste crevée. Je veux finir, mais je doute complètement de moi.
C'est le moment parfaitement choisi pour qu'un groupe de lorrains (merci mille fois à eux...) arrive de nulle part, avec une pêche d'enfer, le sourire, et nous dise de ne pas lâcher, que c'était interdit d'arrêter maintenant, que la ligne d'arrivée serait magnifique. L'un des types nous dit "j'ai failli arrêter ici l'an dernier mais on m'a encouragé pour continuer, et ça a été magique. Alors je fais la même chose pour vous là. La montée est en sous bois, y a plus de rochers. La descente vers Chamonix est tranquille. Allez y, faut pas s'arrêter trop longtemps"
Putain j'ai les yeux brouillés de larmes, il faut nuit, j'espère que personne ne le voit, et on se regarde avec Guillaume. Un hochement de tête. Je me lève, je prends les bâtons : "allez, on y va".
Les bénévoles vérifient nos sacs pour la montée : veste, téléphone, couverture de survie et on attaque la montée.
Guillaume est requinqué et marche trop vite pour moi. J'essaye de suivre, je n'arrive pas, et l'énergie que les lorrains m'avaient transmise disparaît. Mon gps est tombé en rade de batterie juste avant les bois, je ne sais pas combien de dénivelé on a fait depuis le ravito. Trop quoi qu'il en soit pour faire demi tour, et pourtant j'y pense. La silhouette de Guillaume devant moi me l'interdit...
Je vois aussi les frontales des autres coureurs sur les flancs de montagne, trop haut... Faut aller là-bas...
Guillaume m'encourage mais je deviens ronchon (voire désagréable, et je m'en excuse auprès de lui parce qu'il a vraiment fait son possible pour m'aider !), alors il continue à monter en ralentissant la cadence.
La nuit devient silence... Et je m'endors... Mes paupières tombent et je suis en train de dormir en marchant... Je n'avais jamais ressenti cela, et j'ai le même sursaut que l'on a parfois lorsqu'on s'endort, cette sensation de tomber dans un trou (vous voyez ce que je veux dire ?). Ça me réveille d'un coup, mais ça me fait flipper.
Je m'arrête et je me mets à chialer. Guillaume me dit de manger quelque chose, je l'envoie chier "j'ai pas faim, je suis pas en hypo, je suis juste épuisée".
Stoïque il me répond "on a plus le choix maintenant que d'y aller, on a fait le plus gros là" . Je bougonne : "on en sait rien. On n'a plus de gps" .
Je prends sur moi, je sais qu'effectivement, on n'a plus le choix que d'avancer et de rejoindre Montenvers. J'accumule les pensées négatives. Je peste contre les lorrains qui nous disaient "y'a plus de rochers" alors que plus de la moitié de la montée se fait en mettant les mains. J'ai des envies de meurtres contre le type qui descend comme un cabri sans frontale le sentier. Je déteste tout le monde. Faut pas me parler.
Un petit ravito pirate a été installé par des sauveurs avec des Thermos de tisane. Les filles qui s'en occupent ont une patate qui me redonne le sourire. Elles nous annoncent 40 minutes pour le ravito de Montenvers. On est bon sur le timing pour la BH en fait, et réchauffée par la tisane, je bascule à nouveau sur un état d'esprit un peu plus positif. On arrive au ravito à minuit 40, une demi heure de marge...
On prend le temps pour boire une soupe, manger et discuter avec les quelques coureurs autour. Je regarde pour la première fois mon portable. 67 messages... Je lis juste celui de mon frangin, envoyé à peine quelques minutes plus tôt qui me dit qu'il est fier de moi. Et ça me redonne la niaque pour repartir : il reste 200m de dénivelé positif, et ensuite la descente vers Chamonix. 10 bornes. C'est rien. C'est fait.
J'ai récupéré et tant mieux car les 1000m de descente se font sur un chemin vraiment technique (merci les lorrains ;)). Guillaume passe devant à la descente pour ne pas que je le freine. Il descend bien, encore à l'aise malgré la pente raide, les cailloux et souches d'arbre. Pendant ce temps, j'y vais mollo et j'éclaire le chemin pour un coureur dont la frontale est tombée en rade, calé derrière moi. On ne parle pas, on se concentre sur nos pas.
On voit les lumières de la ville, j'ai l'impression qu'elles ne se rapprochent jamais... Mais enfin, on sort de la forêt, sans prévenir. On retrouve du bitume. Un marquage au sol "arrivée 1km"
La ville est muette. On marche, rapidement. Ou du moins c'est l'impression que j'ai. On retrouve Yelena et Stéphane sur la place de la poste. Et l'arche : on court les 20 derniers mètres, pour la photo pour se dire qu'on part et qu'on arrive en courant...
23h51 minutes pour boucler mon premier ultra.
Je pensais que j'allais pleurer à n'en plus pouvoir en passant la ligne d'arrivée mais non. J'étais juste heureuse... Je l'ai fait...
Ça a été dur.
Je suis passée par tous les états émotionnels possibles. De l'amour de la montagne, à la haine de tout. Du doute à la fierté...
Est-ce pour cela que je cours, pour vivre des moments aussi forts, pour ressentir ces émotions, pour titiller et repousser mes limites ?
Samedi matin en arrivant, je me disais "plus jamais d'ultra". Au réveil, en sentant mon corps fatigué mais pas courbaturé, et en voyant la médaille, je me disais "Quel sera le prochain défi ?"
Merci à Guillaume, Yelena, Stéphane, les lorrains, les compagnons de route, les bénévoles, et à tous mes amis et famille pour m'avoir suivie et encouragée.
11 commentaires
Commentaire de doudouX posté le 27-06-2016 à 11:29:56
Grand merci pour ce récit... j'ai d'autant plus aimé que je me vois dans ta façon de gérer tes soucis et tes doutes. Cette envie de tout envoyer balader. Je pleure pas mais je suis capable de haïr tout le monde... mais on s'accroche.
Grand bravo pour ta perf, d'autant plus qu'on sent que tu es allé piocher dans tes dernières limites pour finir.
Commentaire de Knet posté le 27-06-2016 à 17:20:19
Merci ! Effectivement, ça a été dur (plus moralement que physiquement en fait), mais l’objectif a été rempli !
Et j'ai bien l'impression que ça rend accro ces formats de course ;)
Commentaire de truklimb posté le 27-06-2016 à 11:32:40
Et bien, tu t'es fait un super cadeau d'anniversaire là !! Félicitations ! T'as vraiment su t'accrocher et puiser dans tes ressources, et c'est beau de voir que ton pote et toi vous avez pu vous entraider lors de vos coups de mou.
A tout hasard, c'est toi qui avait une pancarte "C'est mon anniversaire / It's my birthday" sur le sac à dos ?? Si c'est le cas, on s'est croisé un peu avant le sommet du Brévent, je t'ai évidemment souhaité bon anniversaire ! ;)
Encore bravo et bon courage pour le prochain défi. L'année prochaine, le 24 juin est un samedi, tu devrais pouvoir trouver encore une belle course !! ;)
Commentaire de Knet posté le 27-06-2016 à 17:21:27
Et non c'était pas moi, j'aurais dû faire ça !!! Bonne idée pour l'an prochain :)
Commentaire de tikrimi posté le 27-06-2016 à 12:12:03
Très beau récit.
Je pensais être le champion du monde des ultras avec barrières horaires aux fesses, mais vous avez fait fort aussi.
Je crois que ton analyse aux bois est assez juste: pas blessé, pas malade = on y va et on verra bien après.
Bravo et bonne récupération.
Commentaire de Knet posté le 27-06-2016 à 17:23:00
:) C'est une analyse "après coup" parce que sur le moment, je n'étais pas sûre de moi !!! Mais oui, c'est quelque chose qu'on a appris avec le collègue : tant que tu n'es pas blessé, tu avances, et tu vois où tu vas...
Commentaire de lolo_du_94 posté le 28-06-2016 à 14:37:32
"Je peste contre les lorrains qui nous disaient "y'a plus de rochers" alors que plus de la moitié de la montée se fait en mettant les mains. J'ai des envies de meurtres contre le type qui descend comme un cabri sans frontale le sentier. Je déteste tout le monde. Faut pas me parler. "
magnifique, j'adore !!!!! C'est rare que les gens l'écrivent, et c'est pourtant tellement vrai ;-)
un grand bravo à toi et à ton compère pour vos courses, très belle gestion !
Commentaire de Knet posté le 28-06-2016 à 17:22:45
Merci ! Je t'avoue que je les ai maudits un moment, mais je serais tellement contente de les revoir pour les remercier maintenant : sans eux, je ne suis pas sûre que je serais repartie !
Commentaire de lolo_du_94 posté le 30-06-2016 à 09:30:01
Alors comment se passe la récup' après qqes jours ?
Tu as choisi ta prochaine course (défi, pardon ;-) ) ?
Commentaire de Caro74 posté le 28-06-2016 à 21:21:30
J'ai vraiment eu beaucoup de plaisir à lire ton récit, qui est super bien écrit. Je mesure bien par quelles émotions tu es passée. Cela aurait été vraiment dommage d'abandonner si près du but! Tu dois être fière et contente d'être arrivée au bout. Les conditions étaient magnifiques mais cette chaleur écrasante était éprouvante. Il y a pas mal d'ultras plus longs qui sont plutôt plus faciles..
Commentaire de Knet posté le 29-06-2016 à 06:50:00
Merci Caro !
Oui, je suis vraiment fière de l'avoir finie cette course, et cette expérience m'aidera sans aucun doute sur les prochaines. Ce qui est certain, c'est qu'en vivant la totalité du parcours, je suis d'autant plus admirative des perfs des élites, et de la tienne en particulier cette année !
Pour la petite histoire j'avais lu à l'époque ton récit du 80km de 2014, et vendredi j'ai repensé à ce que tu avais écrit sur le fait de ne pas se plonger entièrement dans les ruisseaux quand on a chaud :) du coup je ne l'ai pas fait !
Je profite de ce commentaire pour te féliciter pour ta course de fou !!! :) Bonne continuation pour ta saison !!!
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