L'auteur : trailaulongcours
La course : Ultra Trail de la Brie des Morins - 87 km
Date : 30/4/2016
Lieu : St Cyr Sur Morin (Seine-et-Marne)
Affichage : 3133 vues
Distance : 87km
Matos : New Balance Leadville 1210
Sac Salomon
Goretex Salomon
Objectif : Terminer
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UTBDM 2016 / 87km / 2000D+
Après le 30 km marche nordique en 2015 sous un magnifique soleil, l’édition 2016 est l’occasion de tenter le 87km, une sortie très longue pour tester mon état de forme dans le cadre de ma préparation de l’X-Alpine début juillet.
Comme en avril/mai 2015, la météo a été maussade ces derniers temps. Nous avons même eu de la neige le 26 avril en région parisienne. Météo France, l’allié stratégique du traileur, a été formel : il pleuvra toute la journée. Une large perturbation océanique doit circuler sur le nord du pays, des côtes atlantiques jusqu’au bassin parisien puis les régions de l’est. C’est clair pour la tenue ce sera Goretex et manches longues, les températures sont annoncées inférieures de 6°C aux moyennes de saison.
Lever 5h20. Petit déj copieux et identique à mon petit dej habituel. Départ à 6h01 sous la pluie. Arrivée sur place à 7h14, il ne pleut presque plus. Tiens, aurions-nous droit à une accalmie ?
L’UTBDM en est à sa troisième édition, la machine est cependant bien rodée.
Retrait du dossard, je laisse mon sac à la consigne. Une bénévole me propose un café. Je me retrouve assis à 20mn du départ en face de David Wamster qui remportera la course quelques heures plus tard. On papote, moment sympa, Je prends quelques conseils au passage. Je porte mon Buff Kikouroù et quelques kikous viennnent me saluer. Sab et Fa2 arrivent à la bourre suite à une erreur de GPS. Il m’était arrivé la même chose l’an passé. Si vous utilisez Waze et entrez Saint-Cyr sur Morin comme destination, le GPS vous emmènera dans un bled situé à quelques kilomètres de Saint-Cyr sur Morin. Ne me demandez pas pourquoi. Je m’étais retrouvé avec tout un paquet de voitures à tourner en rond dans ce bled perdu l’an passé et avais failli rater le départ.
3 minutes avant le départ je sors dehors pour rejoindre la ligne de départ. J’adore l’intimité de ces petites courses. Il doit y avoir 140 coureurs. Le départ est donné à 8h07. Je suis avec Sab et Fa2. Casseur de Cailloux est là, prêt à dévorer son premier ultra. On se souhaite une bonne course et c’est parti.
Il ne pleut plus. Au bout de 3 minutes, je me casse la gueule dans la gadoue suite à une glissade. Je vérifie de suite si Sab n’est pas derrière moi, l’occasion est trop belle pour ne pas avoir droit à une moquerie. Ouf, elle n’a pas vu. Il fait rapidement chaud. Je décide de retirer partiellement la Goretex au bout d’un km. Par mégarde j’éteins mon GPS. Je le relance de suite. Je sais qu’il faudra ajouter 1,2km tout le long.
Je suis parti dans la deuxième moitié du peloton. Les jambes tournent. Le cardio est parfait (au feeling, pas de moniteur cardiaque). Je remonte lentement mais sûrement quelques coureurs. Etant donné le peu d’inscrits, je me retrouve souvent seul sur de longues portions ou accompagné d’un ou deux coureurs.
Il ne pleut plus.
Premier ravito au km 18. Beau ravito. Bien garni. Vous voulez boire quoi monsieur ? Ben un whisky coca réponds-je. Rires.
Au moment de partir du ravito arrive la première féminine.
Les 30 premiers kilomètres sont physiques. Pas mal de D+ et surtout de la boue. Je ne pensais pas qu’il y en aurait autant. Ca me rappelle ma douloureuse expérience au Trail de L’Yonne un an auparavant. Nous rattrapons les derniers de la marche nordique. Les pauvres, ils galèrent !
Je yoyotte avec un coureur pendant des kilomètres, la conversation s’engage. Nous passerons de longs kilomètres ensemble. Je ne connais pas son nom mais il vient du marathon et je sens qu’il est solide. Il relance bien après les côtes et j’ai du mal à le suivre sur le plat. Nous passons au ravito 2 ensemble. Il a la gentillesse de m’attendre et nous repartons tous les deux. Vous voulez boire quelque chose monsieur ? Moi : ben, oui, un whisky coca. Il est lourd le mec, il insiste. Rires.
Il ne pleut toujours pas ! Le soleil fait quelques apparitions fugaces. J’ai envie de lyncher Elodie Callac, la miss météo de Radio France.
Nous entamons une longue section dans les champs de colza. C’est long. Très long. On distingue les quelques coureurs qui sont devant nous loin, très loin. Je tente de calculer la distance entre eux et nous. Jusqu’à 1,5km, c’est dur dur pour le mental. Mon compagnon de début de course aura raison de moi sur cette section. Il prend petit à petit le large et je ne le reverrai pas. Je me retrouve avec un autre coureur, T-shirt jaune avec lequel je fais à nouveau de longs kilomètres. Il avance bien et nous tournons à la même vitesse. Nous sommes si peu nombreux que l’on a tendance à se raccrocher à l’être humain le plus proche. En discutant, le temps passe plus vite. A défaut de parole, je m’accroche dans ses chaussures.
Premier coup de barre vers le km 43. Je n’arrive plus à courir. Mal à la hanche. Les jambes en coton. J’en profite pour manger un peu. En fait j’avais faim. Hop, un sandwich fromage préparé la veille à la maison. Une barre. Un gel.
Le t-shirt jaune a profité de mon coup de moins bien pour prendre de l’avance. J’espère le revoir avant la fin. Je ne sais pas pourquoi mais je n’ai pas envie qu’il arrive avant moi. C’est con quand même comme idée. Je ne connais le gars ni d’Adam ni d’Eve, et pourtant, je me mets en tête qu’il faut absolument que je le rattrape avant la fin.
Le parcours est régulièrement agrémenté de panneaux avec les photos de coureurs récidivistes et d’autres joyeusetés préparées par les élèves d’écoles locales. C’est très sympa.
J’attends avec impatience le coup de mieux qui arrive invariablement aux environs du km50 chez moi. Ne me demandez pas pourquoi.
Ravito 3, km 50,5 : Je refais le plein et quémande un whisky coca auprès d’une des bénévoles. Plus lourdingue, tu meurs ! Rires ! Je refais mes lacets, un peu de Nok là où ça peut faire très mal sans et c’est reparti.
Le coup de mieux est au rendez-vous. La machine repart. Attention à ne pas s’emballer. Il reste près de 37km.
Nous passons le fameux jardin privé dont Philippe m’avait parlé. Endroit insolite. C’est le ravito du km 67, de mémoire.
Je constate que les coureurs que je viens de croiser au ravitaillement étaient en forme. Ceux que je vois devant moi et derrière moi avancent bien. Je ne connais pas mon classement mais j’imagine être dans les 50 premiers. Je trouve que le niveau est assez élevé dans l’ensemble. Pas un coureur qui titube, qui vomit, qui n’en peut plus.
Le ciel s’est assombrie mais je continu à éprouver des envies de meurtre en pensant à nos amis de Météo France. C’est ce qui s’appelle se planter complètement. Je fais quelques kilomètres avec un coureur visiblement très entamé et qui est sur le 66km. La pluie se met à tomber. Elle durera 5 minutes et il ne pleuvra plus jusqu’à la fin de la course.
Curieusement, plus les kilomètres passent mieux je me sens. Le dernier ravito se trouve au kilomètre 75. A partir de là, il restera un peu plus de 12km. Comme les ravitos précédents, il est remarquablement achalandé. Salé, sucré, soupe chaude, des bénévoles aux petits soins, beaucoup de sourires et une atmosphère calme et reposante y règne. Ne reculant devant rien et ignorant l’expression populaire qui dit que les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures je demande bien évidemment un whisky coca. Sans hésiter un instant, le bénévole en face de moi sort une bouteille de deux litres de J&B et fait mine de me servir un verre. Rires des deux côtés de la table. Finalement, on attendra l’arrivée pour boire un vrai coup !
Je suis généralement assez prudent, pourtant je décide de bourrer comme un gros malade sur ces 12 derniers kilomètres. J’ai une petite tradition toute personnelle qui s’est installée au fil des courses et qui consiste à finir au sprint, de préférence en atomisant quelques coureurs au passage. Ce sera un sprint un peu plus long que d’ordinaire. Sprint si on veut puisque je n’arrive plus vraiment à dépasser les 10km/h.
A 4km de la fin j’entrevois devant moi, au loin, l’ami au t-shirt jaune, celui que j’avais décidé de poutrer avant la fin. L’obsession s’était quelque peu effacée mais est immédiatement ravivée. Je l’aurai, je l’aurai. Petit à petit je reviens sur lui. Un petit coucou au passage. Le bougre s’accroche. Je m’amuse de ce petit jeu à la con qui consiste à montrer à l’autre que tu as encore des jambes après 85km. C’est peut-être un truc de mecs. Bref, la dernière côte aura raison de lui. Je passe la ligne d’arrivée après 11h24 de course, 35ème au scratch. Je suis extrêmement satisfait de ma perf du jour.
Un grand bravo à l’organisation et à la mystérieuse Vesna avec laquelle j’ai échangé sur FB mais que je n’ai toujours pas eu le loisir de rencontrer.
Je mets un 10/10 à l’organisation, un 10/10 pour le rapport accueil/prix*, un 7/10 pour le parcours qui est un peu monotone dans les champs de colza même s’il faut avouer que ça forge le mental. Et puis on le savait !
*L’inscription est à 65 euros et comprend pour celui qui ne se sert pas de Waze un petit-déjeuner avant le départ, des ravitos plus que garnis, un open bar, mais faut demander 5 fois, une polaire finisher, un Coulommiers, un repas complet à l’arrivée (entrée, soupe chaude, plat, dessert, bière à volonté), bref, on s’y sent bien sur cette coursette, alors je recommande vivement.
10 commentaires
Commentaire de Rem posté le 03-05-2016 à 18:04:33
CR aussi sympa que cet ultra, et belle perf avec ça ! Moi Elodie, je l'a bénie de ne pas nous avoir amené la pluie comme promis :) a+ en off peut-être ou du coté de l'ermitage au Verbier dans 2 mois.
Commentaire de casseur de cailloux posté le 03-05-2016 à 20:49:21
Bravo pour ce super chrono
Commentaire de bubulle posté le 03-05-2016 à 22:10:41
Bin, et le whisky-coca d'arrivée, alors ?
Bravo....et content de t'avoir suivi toute la journée, toi qui prenais la peine de donner des nouvelles, parce que sans cafter y'en a des qui courent avec des gants de ski et qui n'ont même pas envoyé un petit SMS, j'vous jure...:-)
Rendez-vous.....euh, à l'Origole ?
Commentaire de elnumaa[X] posté le 03-05-2016 à 22:44:06
bières a volonté ?!
bouge pas j'arrive !
Commentaire de trailaulongcours posté le 04-05-2016 à 09:52:21
Pas de whisky coca à l'arrivée finalement. Mais 3 ou 4 bières bien fraîches, ça remet les idées en place.
A dans deux mois Rem! Ce sera une autre paire de manches.
Commentaire de augustin posté le 04-05-2016 à 10:44:50
Bien joué! je suis venu en spectateur pour voir ma femme courir le 30k, bravo car vu la quantité de boue c'était pas triste! Belle perf en tout cas, de bonne augure pour la suite!
Commentaire de le G.G.O. posté le 04-05-2016 à 14:53:54
Bravo et ravi d'avoir fait ta connaissance. Moi j'ai fait une fixation sur la bière, et j'ai réussi à la négocier au ravito du 62ème (j'en avais marre du coca pur ;) ) Au plaisir de te recroiser et bon amusement sur l'Arc ! Sylvain un kikou UFO qui se fait discret sur le forum (le pote de David Wamster)
Commentaire de PhilippeG-638 posté le 17-05-2016 à 16:42:29
Super ton récit trailaulongcours ! Un peu d'humour c'est chouette, une belle course pour toi également :)
Je m'en suis voulu quand j'ai vu le temps annoncé et la boue racontée, de vous l'avoir recommandé mais l'accueil vaut le coup.
J'ai bien fait de ne pas y aller cette année, ouarf, ouarf !
Sinon, désolé pour ton entorse, pas glop, j'espère que tu seras bien remis pour Verbier, il y aura Rem aussi...
Remet toi bien et à bientôt ;)
Philippe
Commentaire de PhilippeG-638 posté le 17-05-2016 à 16:44:39
Super ton récit trailaulongcours ! Un peu d'humour c'est chouette, une belle course pour toi également :)
Je m'en suis voulu quand j'ai vu le temps annoncé et la boue racontée, de vous l'avoir recommandé mais l'accueil vaut le coup.
J'ai bien fait de ne pas y aller cette année, ouarf, ouarf !
Sinon, désolé pour ton entorse, pas glop, j'espère que tu seras bien remis pour Verbier, il y aura Rem aussi...
Remet toi bien et à bientôt ;)
Philippe
Commentaire de PhilippeG-638 posté le 17-05-2016 à 16:45:12
Super ton récit trailaulongcours ! Un peu d'humour c'est chouette, une belle course pour toi également :)
Je m'en suis voulu quand j'ai vu le temps annoncé et la boue racontée, de vous l'avoir recommandé mais l'accueil vaut le coup.
J'ai bien fait de ne pas y aller cette année, ouarf, ouarf !
Sinon, désolé pour ton entorse, pas glop, j'espère que tu seras bien remis pour Verbier, il y aura Rem aussi...
Remet toi bien et à bientôt ;)
Philippe
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