Récit de la course : Saintélyon 2015, par Baboon

L'auteur : Baboon

La course : Saintélyon

Date : 6/12/2015

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 4297 vues

Distance : 72km

Objectif : Terminer

10 commentaires

Partager :

Saintélyon, la magie de mon 1er longue distance

--- lundi 12 Octobre ---

Je débute ce récit alors que je viens juste de bâcher le trail des Fauvettes au 20ème kilomètre (2nd tour). Dans 8 semaines je serais au départ de la Saintélyon et vu ma piètre performance de ce week-end, j'ai peur. Enfin ben, j'ai le temps de remettre tout cela en ordre d'ici là. Prochain rendez-vous, la course nocturne des Flambeaux, 3 semaines avant la Saintélyon.

 

--- lundi 9 Novembre --

En ce début de mois de Novembre, les entrainements vont bon train, les sensations sont bonnes … Pourvu que ça dure. Les Fauvettes sont oubliées, j'y retournerai l'année prochaine pour laver cet affront et finir les 5 boucles. Pour l'instant, mes préoccupations tournent autour du matériel et de mon organisation pour la Saintélyon. Je vais tâcher d'y voir plus clair avec les Flambeaux le week-end prochain. Ce sera l'occasion de courir avec Yoann, mon collègue du club de triathlon. Un bon moment à partager en perspective. Seul objectif des Flambeaux : bilan matériel.

 

--- lundi 16 Novembre ---

Inutile de revenir sur ce qu'il s'est passé et l'annulation logique de la course des Flambeaux qui en a découlé.

Encore 2 semaines intensives et 1 semaine de récup avant le grand saut dans la plus longue course à pied à laquelle j'ai pu me mesurer dans ma courte vie de coureur à pied. Ce sera aussi la plus peuplée à laquelle j'ai participé. On est plus proche du grand barnum chamoniard que des courses à label saucisson que je fréquente d'habitude.

 

--- lundi 30 Novembre ---

Je viens de percer l'un des secrets de bubulle : le roadbook de Course Generator. A priori, ce n'était un secret que pour moi, mais je suis content de pouvoir jouer avec ce sympathique bout de soft et mieux planifier ma course.

En jouant la prudence, j'arrive à un chrono de 10h16. Cela me situerai autour de la 2691ème / 4989 places (projection résultat 2014), soit juste en dessous des 60% ce qui est assez cohérent je pense, n'ayant aucune expérience de la distance au-delà du marathon et d'un tel dénivelé.

Côté stratégie de course, le maître mot sera : pas de précipitation. On met les freins, on ne s'emballe pas, on reste dans le ventre mou du peloton, on patiente sagement dans les bouchons (on en profite pour quelques photos) ...

 

--- Mercredi 2 Décembre ---

Avec l'affinement des prévisions météo, les questions matériel / habillement trouvent d'elles mêmes leur réponse. A priori, pas de pluie, un temps quasi sec toute la semaine, des températures ne descendant pas sous les 4° au plus frais de la nuit. Si certains regrettent déjà la boue ou la neige des années précédentes, je me réjouie  de cette météo quasi idéale pour le grand néophyte que je suis.

 

--- vendredi 4 Décembre ---

Dernier petit footing ce matin. Les sensations sont bonnes. J'ai été au bout de ma préparation et j'en suis assez satisfait. Il est temps de préparer le sac et de fignoler la logistique.

 

--- samedi 5 Décembre ---

Comme à mon habitude, je décide de partir tôt vers Lyon afin de ne pas galérer à me garer et de pouvoir prendre mon temps sur place. Je charge tranquillement la voiture en essayant de ne rien oublier et à 10h en route. J'aperçois St_Ar en plein footing , merci à toi pour tous tes conseils. Si je prends la route pour Lyon, tu y es un peu pour quelque chose. J'arrive à Lyon vers 14h15. La mission stationnement  débute. Le parking de l'aquarium n'est pas plein mais il est interdit au stationnement nocturne. Frileux, je préfère ne pas tenter le diable et aller chercher ailleurs. Direction les abords de la Halle et de Gerland.  Ce soir il y a un match de foot … cela ne va rien arranger. Je croise quelques places libre mais trop juste pour mon tank. A force de tourner, je me rend compte que je m'éloigne de la Halle Tony Garnier (lieu du retrait des dossard et d'arrivée de la course). Ma deuxième option bat de l'aile. Retour sur la Halle. Option 3 : le parking payant. Pas de surprise, il y a des places dispos. Je me gare, direction le retrait des dossards et le salon expo installé pour l'occasion. Je verrai bien après si je retente ma chance pour une place de parking.

 

Il n'y a pas grand monde pour le moment. La fouille à l'entrée prend 30 secondes. Le retrait du dossard guère plus. Mon petit tour sur les stands des exposants prendra un peu plus de temps, mais les prix sont dissuasifs comparés à ceux du net. 160€ la veste Raidlight Top Extrême 2014 ; achetée 112€ une semaine avant en fin de série sur Univers Running. Ce ne sera donc qu'une visite pour les yeux. Il est temps d'aller s'allonger un peu. Les navettes ne se mettront pas en place avant 17h, autant en profiter et se reposer. Je m'installe confortablement dans mon tank sur un matelas de transat, le bonnet "cadeaux Saintélyon" sur les yeux pour se mettre dans la pénombre. Evidemment, un parking n'est pas un lieu de grande quiétude. Faire abstraction des bruits de moteurs, crissements de pneus, claquements de portières n'est pas chose aisée mais au moins je me repose.

16h45, et si je me changeais pour aller prendre la navette ? Coffre ouvert, je me change dans le parking. Et je ne suis pas le seul. L'occasion de discuté un peu avec les collègues aux alentours.

 

Il est maintenant temps d'aller prendre le bus. Je me pointe comme une fleur au départ des navettes avec mes 13€ en poche et je découvre que les tickets sont à acheter dans l'enceinte de la Halle Tony Garnier. Dommage j'y  étais il y a peu. Le plus "drôle" c'est qu'il y a maintenant une file d'attente de 15 minutes pour franchir le contrôle à l'entrée . J'ai le temps mais je râle un peu sur ce manque de clarté de l'organisation. J'apprendrais plus tard, que la gestion des tickets et des navettes a été un gros soucis cette année. Cette fois je suis dans le bus, direction St Etienne et son parc des Expo. Nous y arrivons un peu avant 18h. Et re-fouille à l'entrée. Le hangar dans lequel nous sommes est quasiment vide à cet instant. J'ai donc tout le loisir de choisir mon coin pour patienter ces 6 prochaines heures et dormir si possible. La pasta party débute à 19h. Rien de bien extraordinaire, c'en est même chère pour la barquette de patte servie. Je regrette de ne pas être aller au Flore avec les kikous, mais j'ai pris la pasta en même temps que le dossard, dès l'ouverture des inscriptions.

 

Petit à petit les participants arrivent. Le hangar se transforme en un immense squatte. Certains coureurs tentent de dormir un peu. Les mieux organisés ont sorti les matelas gonflables et les sacs de couchage, les autres (comme moi) ont au mieux un carton à se mettre sous les fesses pour ne pas être à même le sol. Je n'ai pas le sentiment d'avoir vraiment dormi. Mais à rester la tête dans les bras, le bonnet recouvrant les yeux, je me suis coupé du monde et ça m'a reposé.

 

22h, il va être temps de finir de se préparer. Je fais un tour dans le hangar, croise quelques connaissances, discute avec quelques uns comme JagerRunner. C'est l'occasion de regarder un peu autour de moi ce qu'ont prévu les autres concurrents question habillement (pour le coup, JaggerRunner n'est pas un exemple). Et voilà comment je me mets à douter de mes choix vestimentaires. Beaucoup de concurrents sont équipés de vestes imperméables.  J'ai opté pour un gilet sans manche coupe-vent. J'espère ne pas le regretter. J'ai aussi opter pour les gourdes plutôt que la poche d'eau, je trouve ça plus pratique à remplir lors des ravitos. Je profite de la place qu'offre mon sac à dos pour y glisser de quoi me changer à la mi-course. Un peu de confort peut être un plus, même ponctuel. J'arrête là la psychose vestimentaire, direction les camions pour la consigne des sacs et en avant sur la ligne de départ. 23h40, le parc des expos se vide. 6500 participants, ça fait du monde. Le speaker nous motive dans l'attente du départ. Nous observons 1 minutes d'applaudissement en hommage aux victimes des attentes de Paris. Les élites se mettent en place et le speaker nous libère pour une nuit que nous espérons magique.

 

--- La course ---

Objectif affiché : 10h16 (cf roadbook), mais dans un coin de la tête j'espère passer sous les 10h. Consigne #1  : ne pas partir trop vite, c'est ce qui m'a tué lors du trail des Fauvettes. A vu de nez (et à regarder les photos prises lors du départ) je suis au 2/3 voire 3/4 du peloton au départ. Je me force à trottiner et tampis si je perds des places supplémentaires sur les 6 premiers kilomètres avant la première montée. J'ai lu qu'il y avait des bouchons sur certains passages, ceux seront des occasions de plus pour récupérer.  La première cote, longue de 3,8km, débute au village de Sorbiers. Je passe aussitôt en mode  économie d'énergie (mode marche). Je suis l'un des premiers à marcher (enfin autour de moi) et rapidement je suis imité devant comme derrière. Mon allure de marche me permet tout de même de grappiller quelques places. Anecdotique me direz-vous … on en reparle plus tard. La première difficulté avalée, on se dirige vers le ravito de St Christophe en passant par la montée du col de la Gachet. Les portions de bitumes et de chemins se succèdent. A chaque montée, le peloton passe en mode marche et se relance au moindre faux plat. Pour l'instant je n'ai pas vu de bouchon à proprement parlé. Le mode marche en montée me convenant, je ne le vis pas comme une gêne, même si je continue de marcher plus vite que les concurrents devant moi.

 

Le premier ravito, km15, s'offre à nous et comme lu dans certains récit, c'est un vrai bordel. Trop de monde … mieux vaut passer son chemin. Ayant prévu le coup (merci les récits des Kikous), je ne fais que traverser le barnum. C'est aussi l'occasion de jeter un premier coup d' œil sur le chrono.  Consigne #2 : ne regarder le chrono qu'aux ravitos. 27 minutes d'avance par rapport à mon roadbook. Je ne pense pas avoir été trop rapide pourtant. Je pense d'avantage à une erreur de planification dans mon roadbook. Pour ça aussi, c'est une première. On verra bien si on arrive à conserver ce petit matelas de temps. Direction maintenant St Catherine et le deuxième ravito. Sur cette portion, il n'y a pas de longues ascensions mais 2 beaux coup de cul et quelques montagnes russes. Il est bientôt 2h du matin, paumés entre Rhône et Loire, on croise des fous furieux avec des cloches qui nous encouragent à la lueur d'un feu de camp. Je me demande encore si c'est eux, à nous encourager en pleine nuit, ou nous, à courir à la frontale, qui avons un problème. En tout, ça fait plaisir de les voir.

 

A plusieurs occasion, j'ai pris le temps de me mettre sur le bas côté pour profiter un peu du spectacle. Une guirlande de frontale s'étalant sur plusieurs kilomètres, ça ne se voit pas tous les jours. Hélas, mes photos ne redonnent pas la beauté du spectacle. Je garde ça bien au chaud dans un coin de ma tête. La course est désormais bien installée et je m'y sens bien. J'ai même la satisfaction de gagner plus de place que j'en perd (difficile de lutter contre les relais). La météo est très clémente cette année. Pour l'instant je ne regrette pas mes choix vestimentaires. Je me demande même si je n'aurais pas du mettre une sous-couche manche courte plutôt que manche longue. J'ai croisé quelques coureurs qui ont décider de porter leur veste imperméable attachée autour de la taille, les autres sont trempés dedans plus que dehors.

 

Me voilà au deuxième ravito, km28, celui de St Catherine. C'est toujours autant le bordel. Je me fraye un chemin jusqu'à une boisson chaude. Décidemment les ravitos c'est pas top sur la Saintélyon. Ce sera du thé, je n'ai pas vraiment pu choisir. J'accompagne cela d'une tranche de saucisson et d'une tartelette à la fraise. Ce n'est pas franchement gastronomique comme menu mais j'ai des provisions perso, alors ça passe bien. Une pause pipi et on repart pour le secteur que j'ai identifié comme le plus costaud pour moi. Petit point chrono : 35 minutes d'avance. Cool, pourvu que ça dure.

 

Ce 3ème secteur nous amène au ravito 3, celui de St Genou au km40. On aura franchi la mi-course et je serais proche de basculer sur la plus longue distance couverte en course officielle. C'est aussi là que j'ai prévu de me changer. Pour y arriver, on franchira deux montées de près 3 kilomètres chacune.  Le mode marche reste de rigueur à la façon Uruk-hai du Mordor. Des grands pas, les mains sur les quadri et en avant Fernand. Chaque montée devient l'occasion de  jouer à pac-man, j'admet y prendre un certain plaisir d'autant que je ne ressens aucune difficulté à relancer sur le plat. Je savoure mon pain blanc, je sais que le noir va venir. En attendant, je rallie St Genou avec 40 minutes d'avance sur mes prévisions. Bien que ce soit de nouveau le bordel, je me trouve un petit coin près du bénévole en charge d'enregistrer les abandons pour me changer. Tout y passe sauf le boxer et les chaussettes (je garde ça en joker). C'est franchement agréable à ce moment de revêtir des fringues secs. Merci aux sacs hermétiques (retour d'expérience de Gravelines) et à St_Ar (encore une fois) pour son conseil. Dans cette euphorie je tente ma chance pour une boisson chaude, ce sera de la soupe cette fois. Ca me va, ça fais du bien. Je recharge mes 2 gourdes et voit galérer quelques gars avec leur poche à eau. Encore un choix payant. En revanche mon mini livret roadbook rend doucement l'âme (note pour plus tard : plastifier le mini livret même si il ne pleut pas). Je file u coup de main à u gars pour ranger sa batterie de frontale dans son camel. Bilan à mi-course globalement positif.

 

Dans un peu plus de 10km se trouve le ravito de Soucieu. L'atteindre sera déjà un petite satisfaction. Un profil de secteur plutôt descendant avec 2 portions montantes. C'est dans ce secteur que j'ai compris que cette épreuve n'était pas un trail. J'ai rarement vu autant de gens prendre autant de soin pour franchir une pauvre marre de boue.  Je pense que certains me maudissent encore d'être passé l'air de rien au beau milieu. Puis il y a eut le passage du petit ruisseau. Là encore moulte précautions étaient prises pour ne pas se mouiller les orteils. Franchement un peu d'eau fraiche ça fait du bien à 5h du matin. Attention, je n'ai rien contre les gens qui prennent soin de leur affaire, j'ai juste l'habitude de courir avec des gens qui ne se posent pas trop de question sur le terrain sur lequel ils courent. Je comprend que les habitués du bitume aient des réticences à patauger dans la bouillasse, mais perso j'aime bien.

 

Je savais que tout ne se déroulerai pas idéalement jusqu'à la fin. C'est là que les problèmes commencent ("les" ou plutôt "le"). Rien de bien méchant au final, mais à force de taper dans les descentes, la zone avant de ma plante de pied gauche (sous le métatarse du gros orteil) devient douloureuse. Les 4 derniers kilomètres jusqu'au ravito se font très péniblement. Je suis contraint de marcher les 2 derniers kilomètres. Je réfléchis aux différentes options possibles : 1/ abandonner (ce n'est pas une option, c'est une connerie) ; 2/ alterner marche et course (tampis pour le chrono, au moins j'irais aller au bout) ; 3/ massage du pied, changement de chaussette, faire des incantations (rien de bien logique mais combiner avec l'option 2 … why not). Pour la première fois de la course, le mental est attaqué et c'est tout logiquement que je recule dans le classement.

 

J'arrive à Soucieu et enfin je peux voir les tables de ravito et choisir ce que je veux. Au menu : canapé de saucisson sur son coulant de vache qui rit ; tartare de clémentine ; millésime St Yorre 1er cru 2015. Ca fait du bien. On recharge les gourdes avec de la St Yorre et de ma boisson énergétique (isoxan).  Place  à la séance de bobologie. Je constate une zone bien meurtrie  ma plante de pied gauche.  Ca fait comme un hématome. Je masse un peu, c'est douloureux au touché mais supportable. Au passage, pas d'ampoule à déplorer. Je constate la même chose en moins douloureux sur le pied droit. Chaussettes sèches enfilées, je repars pour le dernier ravito à Chaponost. Faute d'avoir pu égorger un poulet et d'être limite en sorcellerie, advienne que pourra.

 

Tout de suite, la suite, on repart pour un profil assez similaire  au précédent secteur. Mon mini livret est devenu une boulle infâme de papier. Je recommence en trottinant timidement sur le plat. Je marche toujours en mode Mordor sur les parties montantes mais prend des pincettes dans les descentes. Le jour pointe ces première lueurs. Le moment tant attendue de nombre de concurrents, l'aube du 3ème jour au gouffre de Helm. C'est encore un des beaux aspect de cette course. Pour le moment, ça va un peu mieux du côté de mes pieds. Les descentes se refont plus agressives (encore une fois désolé pour ceux que j'ai éclaboussé en tirant tout droit dans les flaques d'eau ou de boue (y'en avait pas des masses non plus)) . De nouveaux je remonte des concurrents ce qui me remonte le moral par la même occasion. Dès que mon pied se réveille un peu, je marche quelques mètres et repars comme si tout allait bien.

 

Chanopost me voilà. Le plus grand mais le plus vide (en participant) des ravitos. Je profite de la faible affluence du moment pour remercier la bénévole qui mer sert un thé chaud. Ayant tout ce qu'il me faut, je ne m'éternise pas et reprend mon chemin vers lyon. Dans 11 km c'est l'arrivée. Même si ma douleur revient je sais qu'en marchant j'irais au bout alors le smile commence à monté. De mémoire, le profil de cette dernière portion ne semble pas méchant (note pou plus tard : c'est vraiment pratique le mini livret roadbook). C'est sans compter sur les 5 derniers kilomètres et les quelques raidards urbains de la banlieue lyonnaise. C'est un concurrent du Pas de Calais qui m'en parle à l'approche du km63. Il a finit la Saintélyon en 9h49 l'année dernière et pense être sous les 9h45 cette année. Cette courte discussion me fait réaliser que je peux faire bien mieux que mon objectif initial car malgrés les quelques place perdues à l'approche de Soucieu, j'ai encore un bon matelas d'avance sur mon chrono. Et si j'allais chercher les 9h30 après tout ?

 

Pour le moment mes pieds me laissent tranquille alors je ne baisse pas le rythme, j'abandonne mon collègue du nord lors d'une relance et me focalise sur les dernières montées. Je les attaque avec le même pas décidé qu'aux premiers kilomètres (Mordor spirit forever). La montée sur Beaunant est la plus "sympathique" de cette fin de course. La descente d'une bonne centaine de marches du côté de la Mulatière à moins de 3 kilomètres de l'arrivée n'est pas mal non plus. J'y croise quelques concurrents en difficulté. Toutes les techniques sont bonnes à cet instant, il y en a même un qui essaye de descendre à reculons. A l'aise dans cette ultime difficulté, j'y vais de mon petit encouragement auprès de chacun d'eux. Je jette un œil sur le chrono en bas des marches … ça va être chaud mais ça peut le faire. On descend le long des quais de la Saône et c'est là que mes pieds décident de se rappeler à mon bon souvenir. Aïe, ça pique. Ca pique dur, même. A gauche comme à droite. On remonte le long de l'autoroute pour longer le musée des Confluences. Je continue de serrer les dents mais put**n que ça fait mal. Si mal que je retourne à la marche sur le pont qui enjambe le Rhône. Les spectateurs sont là pour nous soutenir et nous porter dans ces derniers mètres. J'entends des "courage", "vas-y t'es au bout du chemin", "allez, un dernier effort". Le seul encouragement qui me relancera dans ma course est " dans moins de 50m il y a 2 photographes". Pas question de marcher sur une photo, un Mordorien meurt mais ne se rend pas ! Effectivement, je croise les photographes. Je tente un sourire qui je pense sera plus proche de la grimace au final (vous avez déjà vu un Uruk-Hai photogénique ?). Mais j'ai réussi à repartir et je tiendrai cette foulée douloureuse jusqu'à l'arche d'arrivée de la Halle Tony Garnier. J'arrête mon chrono sur un 9h33 qui sera corrigé par le chrono officiel en 9h32.

 

Premier réflexe, le buffet avec 2 grands vers de Pepsi (y a pas de coca à Lyon, c'est une coutume locale semble t-il) et des madeleines. Je n'ai jamais autant aimé les madeleines qu'à cet instant. Je m'assois dans un coin aux cotés d'autres concurrents. On fait le point non pas sur la course mais sur nos douleurs et blessures respectives.  Dès lors que l'impacte au sol est "doux", la douleur est quasi inexistante. Je ne suis donc pas très inquiet sur la suite pour mes pieds. La course est finie et je n'ai pas pour habitude de trop traîner ; alors direction le cadeau finisher puis la récup des sacs. Je me pose  pour me changer et appeler la maison. Je suis encore dans ma course, je suis content du chrono mais n'ai pas encore le recul nécessaire pour apprécier la course dans sa globalité.

 

--- lundi 7 Décembre ---

De retour depuis 24h, j'ai pris le temps d'écrire ce récit pendant que tout est frais dans ma tête. De regarder de plus près les temps de passage, les classements intermédiaires aux ravitos et donc de regarder et revivre ma course à tête (un peu) reposée.

Parti au-delà de la 4000ème place, 3535ème à St Christophe pour finir 2013ème, malgré les abandons ça fait une belle partie de Pac-man. Pour le moment je vois que du positif à cette course. Je suis encore sur mon petit nuage et très franchement, je ne suis pas pressé de redescendre. Cette guirlande de frontales sur plusieurs kilomètres croisant des supporters survoltés du bout du monde dans des lieux improbables au milieu de la nuit, ça a quelque chose de magique. Le croissant de lune rousse et le ciel d'hiver étoilé sans nuage ne font qu'en rajouter à la féérie du moment.

 

--- mardi 8 Décembre ---

Je suis 2013ème en 9h32 ; loin du chrono de nombre de kikous (en 7h ou 8h) ; mais dans ma tête, je suis le roi du monde. Cette satisfaction, seul le sport peut me l'apporter … Je commence à redescendre de mon nuage. C'était le pied, il faut que j'y remonte. Juste MERCI à tous ceux qui m'ont croisé, porté, supporté, suivi, accompagné, conseillé, subit … les moments que je viens de vivre sont inestimables grâce à vous.

10 commentaires

Commentaire de helmut posté le 08-12-2015 à 17:58:53

Super récit. Je revoit ma course en 9 h 54 quand je lis ton magnifique texte. Moi aussi je suis sur mon nuage aprés ma 2 ème STL. Bravo à toi. Je pense moi aussi etre capable de descendre sous les 9 h 30. En 2016 peut etre , mais il faudra un temps sec comme on a eu.

Commentaire de Baboon posté le 09-12-2015 à 07:01:44

Le temps a été idéal, c'est vrai. Pas certain de faire ce chrono avec la météo des années précédentes. Pour ma part, en 2016, ce sera l'Origole en version 80km. Je jouerai à domicile alors pas possible d'y échapper. Mais je reviendrai sur la Sainté ...

Commentaire de bubulle posté le 08-12-2015 à 19:57:00

Superbe et....en voyant ton commentaire ci-dessus, ej me dis que c'est pile ce que j'allais écrire. Te voilà effectivement prêt pour notre petite coursette mordorienne de décembre. Essaie juste d'imaginer qu'elle est un poil plus délicate à gérer que la STL, que tu risques d'y expérimenter une vraie de vraie solitude mais qu'après tout, elle ne sera jamais que quelques heures plus longues, le challenge étant juste de repartir des ravitos.

Mais le Mordor Power, ça le fera !

Commentaire de Baboon posté le 09-12-2015 à 07:13:13

Merci Bubulle.
Oui, l'Origole sera plus difficile en tout point. L'hostilité du Mordor en hiver est loin d'être une légende ; mais la solidarité des kikous mordoriens fera la différence.

Commentaire de Benman posté le 08-12-2015 à 23:15:05

Reste sur notre petit nuage (je dis notre car j'y ai aussi loué un lopin de coton), on y est si bien! Bravo pour la course et ce beau récit.

Commentaire de arnauddetroyes posté le 08-12-2015 à 23:19:53

plus 1 pour tout!

Commentaire de st ar posté le 09-12-2015 à 05:52:39

Vraiment bon ton récit Olivier, je suis rentré dans ta course, c'est top et content de sentir que tu as vécu quelque chose de fort. Aussi heureux d'etre une des raisons qui t'ai poussé à faire cette course ;-) et que mes conseils t' aient servi à avancer. Sincèrement un grand bravo ! Tu as su gérer ta course parfaitement comme il fallait selon l'etat de forme du moment. Vraiment hâte que l'on s'aligne sur une course Ultra ensemble...

Commentaire de Baboon posté le 09-12-2015 à 07:06:16

L'endurance c'est de la patience, on y arrivera à faire un Ultra ensemble.

Commentaire de Edo posté le 13-12-2015 à 10:54:09

Je pense que ton retour d expérience sur la saintelyon servira à ceux qui entreprendront ce parcours pour l an prochain...
Merci et bravo

Commentaire de Baboon posté le 13-12-2015 à 13:28:46

Cette course mérite d'être courue au moins une fois ... Perso j'y reviendrais mais pas l'année prochaine pour cause d'Origole (trail biannuel dans en forêt de Rambouillet).

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Accueil - Haut de page - Version grand écran