L'auteur : Beep-Beep
La course : Ultra Trail du Mont-Blanc
Date : 28/8/2015
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 1863 vues
Distance : 168km
Objectif : Objectif majeur
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UTMB 2015
Départ :
Il est 17h15 sur cette place de l'amitié à Chamonix. Nous sommes serrés comme des sardines dans une boite…
Catherine vient de me laisser afin d'essayer de trouver une place pour voir le départ.
Les Speakers, la Musique, les Espagnols et les Italiens qui parlent fort. Les coureurs qui essaient de mieux se placer. Les coureurs Elites qui essaient de rejoindre leur sas de départ. Les accompagnateurs qui tentent de traverser la colonne des coureurs afin de rejoindre leur "champion" ou une meilleure place (?). Tout ce que j'aime... mais bon j'en fais partie...
Les minutes sont des heures, il me tarde de bouger mes jambes de mettre mon corps en mouvement.
Les doutes... N'ai-je rien oublié? Est-ce que mon matériel en fin de cycle va tenir ? Depuis 15 jours sur Chamonix je pensais trouver un deuxième paire de chaussures (au cas où) sans succès : Problème de livraison chez ASICS depuis plusieurs jours et je n'ai pas voulu prendre le risque de partir sur un nouveau modèle quelques jours avant l'échéance. Mes deux paires sont en fin de vie. Le Mesh des mes ASICS est déchiré en plusieurs points – on peut voir les chaussettes – je crains la rupture mais cela ne me génère ni gène ni douleur. J'ai juste peur qu'elles ne lâchent avant le terme. J'ai placé quelques morceaux de scotch histoire de me donner confiance, mais combien de temps celui-ci tiendra t’il ? Je changerai à Courmayeur pour mes XODUS 4 qui ont déjà pas mal de bornes au compteur dont l’Échappée Belle 2014". Allez ça Ira…
Mon sac aussi est bien fatigué : Après 5 ans de loyaux services, j'ai consolidé l'attache qui permet de fixer un de mes portes bidon, une des sangles de rappel de la ceinture est décousue d'un coté et les fermetures Zip sont mangées par l'humidité et la sueur, malgré une lubrification périodique.
OK cela dénote un peu avec l’ambiance défilé de mode-étalage de matériel clinquant qui m’entoure. Reste le gars : depuis un ou deux mois une douleur au genou inquiète un peu. Çà va ça vient. Depuis quinze jours sur Chamonix les quelques sorties en mode Rando Rapide ou Rando Course avec D+ ont été plutôt rassurantes. La douleur ne dure pas et ne semble être présente qu'en mode course longue durée. Elle s'estompe en mode marche/course. C'est bien. Qu'en sera t'il sur du Long?
Et puis la préparation perturbée par plusieurs petits problèmes de santé en début d'année. Ce retard de préparation influera sur les inscriptions aux courses. Un Trail de 55km (dans la boue sans D+) dans un état post grippal en mars et 25km de course en juillet au Grand Trail de la Vallée d'Ossau – suite arrêt course cause Orages violents. Cela ne va pas faire lourd comme courses d’entraînement. Le corps a une mémoire : il lui faudra aller chercher dans les années passées...
Il est 17H30, finalement petit à petit nous approchons du départ. Certains coureurs qui étaient présents depuis longtemps sur la ligne de départ se sont levés. Nous sommes un peu moins serrés mais finalement cela pousse de l'arrière, nous nous rapprochons de cette ligne et sommes à nouveau bien tassés.
Les discours, les consignes, la musique...
Je cherche Catherine du regard mais il serait illusoire de la trouver...
Mon voisin Tchèque soigne le stress de départ en enquillant les barres de céréales... Il doit en être à la trois ou quatrième... Mais je peux en voir entre dix et vingt dans la poche principale de son sac à dos – impressionnant !
Pour ma part j'ai une petite bouteille à la main que je siphonne de temps à autre.
Il faudra que je m'en débarrasse quelque part (Façon Tour de France ou façon plus Correcte).
De nombreux accompagnateurs sont encore avec leur coureur ! Certains resteront jusqu'au dernier moment.
N'ai-je rien oublié?
Je refais une énième fois le contrôle dans ma tête.
Comment fait ce coureur et celui là pour mettre tout le matériel obligatoire dans son sac minuscule. Le mien – d'une taille correcte- est plein à craquer...
La musique de VANGELIS retentit plusieurs fois avant le départ.
C'est étrange elle ne me fait pas dresser les poils sur la peau comme lors de mon départ en 2012 ou à d'autres reprises en tant que spectateur.
Le speaker essaie de chauffer l'assemblée et les coureurs mais c'est vraiment juste avant le départ que les coureurs donnent un retour à la hauteur de ses attentes.
Pour ma part je reste dans ma bulle.
Il fait chaud. Malgré l'heure, le soleil cogne encore bien sur nos têtes.
Même si je n'aime pas les grosses chaleurs, je ne vais pas me plaindre après trois départs et trois parcours largement modifiés pour cause de mauvaise météo (CCC : 2010 et 2011 UTMB 2012).
Même si je connais bien le massif je rêve depuis des mois sinon plus d'un Tour complet avec vue...
Je regarde vers les sommets, Aiguilles et Mont-Blanc : le ciel est presque complètement dégagé quelques légères nuées restent encore sur les cimes les plus hautes.
Je savoure.
Un Aigle passe au dessus de nos têtes.
Cela se précise. Le compte à rebours commence : 5-4-3-2-1. C'est parti !
Les premières lignes bougent enfin. Puis c'est notre tour.
Des accompagnateurs sont encore présents parmi les coureurs... Sympa!
"Attention à la marche", ce serait dommage de se tordre la cheville avant de franchir la ligne de départ.
Bien que pas trop mal placé, il me faut presque trois minutes pour passer la ligne.
J'enclenche le GPS et le Chrono (SUUNTO T6C couplé à GPS TRACK POD).
Nous progressons doucement dans les rues pleines de têtes et de mains de Chamonix.
Parfois nous trottinons un peu mais le plus souvent nous marchons.
On se croirait dans la montée de l'Alpe d'HUEZ pendant le tour de France. Nous avons même le droit à l’Hélicoptère !
Enfin nous pouvons courir et entrer réellement dans notre course.
Les premiers sont déjà loin devant. La colonne s'étire.
Je marche par moment dans quelques cotes mais cours presque tout du long jusqu'aux Houches.
En passant je "donne" ma bouteille vide à une dame placée devant une poubelle en la remerciant par avance.
Je regarde vers les sommets, nous commençons à tourner autour. Toutes les nuées semblent avoir disparues!
Nous passons les Houches, rapide prise d'eau.
Mon genou me fais un peu mal mais je pense que maintenant avec l'alternance de marche-course et montée descente cela va s’atténuer.
Presque 8 km pour quelques 100m de D+ D- cela fait 49mns que je suis parti.
C'est bien je suis exactement dans le temps malgré la perte du départ.
De toute façon ce n'est pas là que la course se décide.
Malgré tout je voulais "avancer" sur cette portion afin d'éviter au maximum les premiers bouchons à venir dans la première montée sur chemin étroit.
Nous y arrivons et effectivement malgré ce départ rapide pour moi je ne peux échapper aux ralentissements importants dus aux rétrécissements de la piste.
Malgré tout le Rythme est correct, cela me permet d'éviter de vouloir aller trop vite. La route est encore longue.
"Allez Bruno!"...
"Les Voisins du Camping".
Sympa, nos deux jeunes voisins du camping m'ont reconnu et m'encouragent.
Lui à malheureusement abandonné sur la TDS il y a quelques jours.
"Merci à vous pour ces encouragements, qui me font chaud au cœur".
Chaud au cœur et à la tête....
Il fait chaud, je ne peux pas vraiment être moins couvert mais il fait bien chaud.
Malgré une allure contenue je commence à bien suer. S'hydrater, s’hydrater.
Nous montons bien maintenant. Petit à petit nous découvrons toute la vallée de Chamonix. Nous pouvons aussi voir tous les sommets du Mt-Blanc jusqu'au Tour, Grandiose!
Je m'alimente d'une pâte de fruits.
Nous atteignons le premier point haut de la course : Le Delevret.
1H54 de course pour presque 14 km et entre 800 et 900m de D+.
Je suis bien dans ma course. J’admire le paysage, le soleil va s'éteindre d'ici peu...
Dans cette montée, le coup d’œil et l'éclairage vers l'Aiguille du Goûter, l'aiguille de Bionnasay est à couper le souffle (ce qui n'aide pas ). Je ne peux laisser échapper une petite larme.
J'y suis, je suis dans le TOUR, l’événement que j'attends, que j'espère depuis plusieurs années.
Je pense à ceux grâce à qui je suis là. Je pense à ceux qui ne peuvent pas être là. Je pense à ceux qui ne sont plus là. Je suis là pour eux, il sont avec moi et m'aide à avancer. Une larme.
Je suis bien peut-être trop bien. Je me lance dans la descente. Je pense au terrain boueux et glissant de 2012 et je savoure ce superbe terrain sec propice aux excès de vitesse. Je suis parti, mes jambes s'activent, je vole, je double... Je m’enivre, je ne pense à rien sauf éviter les pièges cachés au ras du sol...
Je suis dans un rêve, je vis mon rêve... Vingt minutes d'euphorie passent... et je me réveille en sursaut!
Tu fais quoi là?
Tu cours un 10km, un semi marathon ou l'UTMB?
Tellement content d'être là, en bonne forme avec une météo et une vue magnifique je vis le moment présent et en oublie les nombreux kms restants et tous les plans de course....
Quel idiot je fais!
Je me suis fait plaisir pendant cette descente mais maintenant j'ai déjà mal aux jambes! Et ressent un peu de fatigue. J'ai déjà puisé dans mes forces. Quel con!
Heureusement il reste encore un peu de descente jusqu'à St-Gervais cela me laisse le temps d'essayer de me remettre dedans correctement.
Je n'ai pas sorti la frontale et en sous bois parfois avec ma vue de myope c'est limite. Faire attention où on met les pieds...
Nous descendons les marches de St-Gervais. Affluence Monstrueuse. Nous rentrons sous la tente. Il fait chaud.
2h45 de course pour 21 km, 950m de D+ et 1150m de D-
Je suis 869ème j'ai gagné 100 places dans cette descente en faisant l'idiot...
Je ravitaille en eau et mange un peu.
Je repars rapidement, mince ce serait mieux de mettre la frontale maintenant car la nuit est tombée.
Arrêt de 5mns.
La portion qui m’attend n'est pas celle que je préfère.
J’appréhende, ça monte mais ce n'est pas vraiment de la montée... il y a quelques raidillons casse patte.
C'est après les Contamines qu'on rentre vraiment dans la course et la montagne et que l'on tourne le dos à la foule. Que l'on part, que l'on s'échappe avant de revenir.
Je progresse doucement en suivant le flot de coureurs. Je me fais doubler de plus en plus...
J'ai du mal à courir sur des petits faux plats montants. Je cours dans les descentes ou plutôt je trottine. Le temps est toujours sec et il fait chaud.
Nous apercevons les silhouettes des géants qui nous entourent, c'est magnifique, mais je souffre.
Je n'ai aucune douleur, mais je souffre. Il me semble ne plus avoir d’énergie.
Je m’arrête pisser pour constater que la couleur est plus marron que jaune claire... Boire, boire... je n'ai certainement pas assez bu.
Je tire ma carcasse vers les Contamines.
Les scotchs sur mes chaussures ne tiennent plus... déjà... je les enlève (les scotchs pas les chaussures !).
On me double et je n'arrive toujours pas à suivre le train.
Bravo Bruno à vouloir partir vite et filer comme un fou dans la première descente tu te retrouves avec des gens qui vont plus vite que toi ... tu vas bien payer ton allure prétentieuse maintenant...
J'arrive aux Contamines il est 22h35.
4h33 de course pour 31km, 1500m de D+ et 1350m de D-.
Je suis 1061 à l'entrée – 200 places de perdues.
(Je ne connaîtrais jamais mon classement pendant la course – ce n'est pas ma priorité mais le moral lui compte bien les gens qui passent ou que l'on double...)
Je cherche un endroit pour m’asseoir – pas facile – Me prends la tête entre les mains. Je souffle.
"Ça va" me demande un bénévole inquiet de me voir dans cet état.
"Ça va aller", mais je n'y crois pas vraiment.
Je suis fatigué, une impression d'absence d’énergie. J'ai un peu de Retard sur mon plan de marche mais très peu. Je m'inquiète juste en pensant que ma vitesse va vraiment baisser et appréhende le gros morceau à venir.
Je pense 30 secondes à l'abandon... Crétin... Tant d'effort, d'attente, de rêves …
Je suis bien trempé. Je change de Tee-shirt afin de monter dans la nuit avec une couche sèche.
Il faut que j'appelle Catherine avant qu'elle ne dorme.
"Bonsoir, J'ai bien avancé jusqu'à St-Gervais peut-être un peu trop bien. J'ai fait un peu le fou dans la descente. Je n'ai aucun problème Physique mais pas d’énergie. Ma vitesse de progression va donc largement baisser dans les prochaines heures, j'espère retrouver du Jus plus tard".
Je lis les quelques SMS d'encouragement. Et réponds en direct ce que je ne fais jamais habituellement en course. Mais j'ai sans doute besoin de soutien. "Je suis aux Contamines après 30km de course je suis déjà cuit! Ce n'est sans doute pas mon jour".
Je pensais m’arrêter 5/10mns et je pars après 24mns de pause, c'est beaucoup.
Nous sommes dans le centre des Contamines puis continuons vers Notre Dame de la Gorge. Je connais bien cette portion pour y avoir campé en 2009 et fait un Trail test en OFF des Contamines à Champex. Je n'avance pas très vite mais j'avance.
J'arrive à ND de la Gorge. Est-ce que j'entame mon chemin de croix ?
La musique à Fond, le Feu, les spectateurs en nombre (les derniers avant Courmayeur) et maintenant la montagne la vraie.
Je sais le début bien pentu, j'essaie de bien respirer et de maintenir mon rythme sans tenir compte des fusées qui me doublent.
J'avance. Je n'arrive plus à boire l'OVERSTEAM de la course cela me dégoûte. Je n'en peux déjà plus du sucré....
Je n'ai pas de douleur, je suis heureux d'être là sous la pleine Lune. La nuit s'annonce magnifique, magique et pourtant je me traîne.
Avancer mettre un pied devant l'autre en attendant des heures meilleures.
D'ailleurs bientôt nous allons attaquer un autre jour...
Les guirlandes de lumières, J'arrive à la Balme.
Il est 0h30: 6h28 de course pour 39km, 2000m de D+ et 1400m de D-.
Cette fois je suis bien en retard sur mon plan.
Je suis : 1299ème.
Presque 250 places de perdues..
"Ça va ? Tu devrais peut-être t'allonger, te reposer un peu".
Je dois vraiment avoir une mauvaise tête ou mauvaise allure (A vrai dire c'est souvent le cas en course...).
"Merci je vais me reposer un peu mais je n'ai pas envie de dormir, juste un manque d’énergie"
Je bois. Je ne prends que du salé, je ne peux toujours rien avaler de sucré.
Allons voir le Bonhomme (en 2012 on n'y avait pas eu droit – on nous avait fermé la porte et empêché de passer de l'autre coté).
En haut du Bonhomme on se laissera glisser jusqu'aux Chapieux et après on verra (peut-être dormir).
Je ne m’arrête que 7mns cette fois. De toute façon cela ne me redonne pas d’énergie...
Reste à ton rythme (lent), oublie les autres, ça va revenir ... (j'ai du mal à me persuader).
Je me concentre sur mon Prochain Objectif : La descente.
Recharger les batteries dans la descente...
Monter, monter.
Tu as voulu être là, personne ne t'a obligé.
La météo ne peut pas être meilleure, tu n’auras plus jamais de meilleures conditions. Rien ne devrait t’empêcher de faire le tour complet. Tu es seul maître de ton destin
Tu n'as pas le droit de ne pas saisir ta chance...
Avance!
L’éclairage de la lune est magnifique.
Une guirlande de frontales me précède, une guirlande de Frontales me suit.
Avancer.
Je n'ai aucune douleur sauf un peu au dos et à la nuque.
Je me fais encore dépasser mais un peu moins (il ne reste peut-être plus grand monde derrière).
J'arrive au col, après 7h45 de course.
Finalement un peu moins de 1h10 de montée pour 620m de D+ pour un mort debout ce n'est pas si catastrophique.
J'en suis conscient mais combien de temps vais-je tenir si l’énergie ne revient pas.
Mon allure doit toujours être la même car on s’inquiète de moi au col...
"Ça va aller"
Je m'attendais à ce que la descente commence directement après le col ou plutôt je l'espérais.
En fait arrivé au col il faut encore continuer à monter sur une suite de montagnes russes, une alternance de sentiers et de gros blocs heureusement j'aime bien cela c'est ludique et moins monotone. Malgré tout ça monte...
165m de D+, 2km et 50m de D- jusqu'au Refuge. J'y arrive en 8h18 (1320ème)
Cette fois c'est la Descente, comment vais me comporter? Eh bien pas terrible...
J'essaie de courir mais, ça tape et je n'y arrive pas vraiment.
Moi qui adore les descentes je n'y suis pas. Le manque d’énergie me fait tout raide...
Je me force et je progresse un peu plus vite vers la fin...
Les Chapieux.
Il est 3h11. 9h09 de course, 50km, 2800m de D+ et 2300m de D-. Je suis 1329ème.
Je suis vidé. Je m'assieds en face du Contrôle des Sacs.
Un bénévole vient vers moi. "Est-ce que l'on peut dormir ici?"
"Mange d'abord, mange... tu verras ensuite".
Finalement il m'accompagne directement vers le ravitaillement sans que je sois contrôlé au niveau du matériel.... toujours ça de gagné.
Je mange tout ce que je trouve de salé et pas trop pâteux. Soupe 1 fois deux fois trois fois.
Dans ces moments là j'arrive toujours à prendre de la soupe.
Je sais que maintenant, m'attends la longue route/piste en faux plat montant de la Ville aux Glaciers.
Ce n'est pas une portion que j'apprécie et cela va être bien long en marche sans énergie.
Enfin je suis déjà là. Courmayeur, Courmayeur voir Courmayeur et décider...
Finalement, malgré mon état, je ne reste que 13mns...
Si je ne peux doubler sur la piste il faudra que je double aux stands...
C'est très long... Tout le monde marche plus vite que moi. Personne ne court ...
Un puis deux vélos nous croisent... Envie.
Les guirlandes de frontales nous montrent le long tracé de la montée au Col qui nous attend.
Je suis fatigué. Si je trouve un endroit pour me reposer, je m'installe.
Je ne trouve pas vraiment d'endroit, je continue.
Nous sommes au pied du col. Je le connais bien, pas très raide mais très long. Allons-y!
Finalement je monte régulièrement sans faire aucune pause...
Je ne me fais pas trop doubler, je ne suis sans doute pas le seul à être fatigué.
On croit être arrivé mais cela continue, continue, continue... il n'y a rien au dessus mais nous continuons de monter.
Le soleil se lève tout doucement, à mon allure. La nuit aura été magnifique.
L'envers du Mont-Blanc se révèle petit à petit, c'est beau!
Col de la Seigne : CRAC!
Il est 5h56. 11h54 de course, 60km, 3800m de D+ et 2300m de D-. Je suis 1351ème.
Je ne pense plus à mon plan de course.
Les mêmes questions : "Ça va?"
"Bof on a vu mieux".
Un bénévole est aux petits soins. Ça sent l'ambulance.
Il y a du vent. Je suis toujours en Tee-shirt manche courte avec manchons, mais là j'ai froid.
J'ouvre mon sac afin de sortir ma veste imper et c'est le sac qui dit stoppe!
Est-ce un signe?
Le Zip principal explose. Je savais ce brave compagnon en fin de vie cela se confirme mais le moment n'est pas très bien choisi. Je ne vais pas te laisser en haut de la montagne. Est-ce cette mort que tu voulais? La vue est belle mais j'ai besoin de toi... La gueule ouverte, mon sac tire la langue et c'est tout le contenu qui veut s'en échapper... Mon sac ne fait qu'un avec moi mais pousse le mimétisme un peu loin !
Le bénévole revient vers moi...
"Et pour cela vous avez une solution?"
Je vois le regard de mon ami s'assombrir.
"Je vais voir avec un collègue".
Il revient vers moi et me parle d'épingles à nourrice que nous n'avons pas...
Puis il s'en va, dépité. Je me sens seul.
Ne pas se laisser aller... il y a plus grave dans la vie...Trouver une solution.
Je sors ma petite polaire, en fait elle est sortie toute seule.
J'enrobe mon sac avec celle-ci puis avec les manches j’enlace amoureusement ce sac et termine par deux gros nœuds.
OK cela fait un peu une bosse dans le dos et l’esthétique n'est pas au Top mais cela a l'air de tenir et le sac ne semble pas vouloir se vider...
Courmayeur nous attends, allons-y !
Je suis resté 12mns, de toute façon il faut bouger.
Le moteur tourne au ralenti. Moi qui n'ai jamais froid en course, là je me caille j'ai même mis les gants…
Petit morceau de descente avant d'attaquer la nouvelle variante des Pyramides Calcaires.
Peut-être que la voie directe m'aurait suffit aujourd'hui...
Ça y est nous tournons à gauche sans savoir vraiment ce qui nous attends.
Je suis fatigué et dois faire une mini pause dans la montée pourtant cela ne monte pas très raide.
La montée se passe plutôt bien. Mais j'ai encore perdu beaucoup de places...
Je suis surpris de découvrir des barbelés jonchés sur le sol sans doute des vestiges de la guerre comme on peut en trouver en abondance sur certains glaciers (Adamello entres autres). La descente est un peu pénible ou plus exactement sort un peu de l'ambiance générale de nos pistes faciles, habituelles sur ce parcours. Beaucoup de caillasses. On se croirait presque sur les sentiers de Belledone...
Finalement presqu'une heure depuis La Seigne et ensuite 45mns de descente. C'est lent et présente une belle rallonge en temps par rapport au tracé initial. En bonne forme ça doit aller plus vite.
Au refuge je regarde un coureur ou plutôt son dossard...
C'est Jean-Louis nous avions terminé ensemble l'UTMB bis de 2012, en s'aidant des Houches à Chamonix. Nous discutons un peu, je lui explique mes problèmes. Il me dit qu'il a été blessé aux adducteurs en mars et donc en galère faute de préparation car toujours en délicatesse avec une pubalgie. Il ne pense pas finir. On se souhaite bon courage mutuellement et continuons nos routes séparément cette fois. Il monte mieux que moi, je descends mieux. Nous nous reverrons...
Direction le lac Combal, nous y sommes presque...
Lac Combal me voilà.
Il est 8h01.
13h59 de course pour 66km, 4000m de D+ et 3100m de D-. Je suis : 1497ème ma chute au classement continue, mais je suis encore debout.
Je suis fatigué. Toujours rien pris de sucré depuis après les Contamines.
Salé…
Finalement si je me compare à certains, je vais bien. : de nombreux coureurs vomissent.
Je passe un message à Catherine afin de lui expliquer pour mon sac et lui demander des épingles.
Jean-Louis repart avant moi, il voit mes doutes et me demande si je veux qu'il m'attende. Je le remercie mais lui dis de suivre son chemin.
Je reste 15mns et reprends ma route.
Descente et plat, je cours, je double Jean-Louis, petit mot en passant.
Nous arrivons à la montée vers le Mont Favre. Je me mets en mode bulle et Admire le Paysage : c'est grandiose! L'envers du Mont-Blanc est de plus en plus magnifique au fur et à mesure que nous gagnons en Altitude. Je me déplace sans énergie dans un environnement grandiose. Je suis conscient de la chance que j'ai et j'en profite. Je suis dans une grue qui sert à faire des panoramiques au cinéma. Les points de vue sont géants et l'angle de vue change en douceur. Jean-Louis me double sans que je puisse le suivre. Je ne le reverrais plus, il abandonnera à Arnuva.
Arête du Mont Favre : 9h25.
70km, 15h23 de course, 4500m de D+ et 3100m de D-. Je suis 1498ème.
Par chance : nous assistons au vol de l'aigle du départ au dessus de la crête! L'organisation est venue là afin de faire des prises de vue face aux montagnes. Nous avons de la chance d'assister à ce spectacle.
Col Checrouit : 10h13
75km, 16h14 de course, 4500m de D+ et 3600m de D-. Je suis 1514ème.
Nous sommes en vue de Courmayeur, alors filons !
La descente n'est pas des plus agréables, beaucoup de sentiers étroits avec des italiens qui veulent doubler... Ils sont sans doute pressés de rentrer chez eux... Puis beaucoup de marches raides, heureusement que tout est sec.
Enfin Courmayeur!
Il est : 11h00, 79km ,16h57 de course pour 4500m de D+ et 4300m de D-. Je suis très en retard sur mon plan de course initial mais ce n'est plus l'objectif. Je suis 1498ème. Je ne le sais pas alors, mais c'est la première fois que je gagne des places depuis St-Gervais (km21).
Je prends mon sac de délestage. Je vois Catherine... Nous entrons dans le Gymnase il faut aller à l’étage.
Et là c'est la cour des miracles... Il faut trouver une petite place pour s'installer et ce n'est pas facile.
Je suis fatigué de devoir "lutter" pour faire sa place. Chercher sa soupe me fatigue encore plus.
Finalement un coureur part et nous cède son espace.
Je peux m’asseoir. Je fais une tentative pour aller chercher un plat de pâtes mais devant la longue file d'attente je renonce. Catherine se propose de faire la queue. Merci!
Je ne sais pas par quoi commencer. Aller ne pas se laisser glisser vers le fond du trou. Relever la tête et sourire. Etre Heureux de vivre cet événement. Je m'occupe de mes pieds. Nettoyage, NOK et changement de chaussettes. J'ai de la chance aucune Ampoule ni échauffement en vu. Je change de Chaussures et passe les XODUS. Allez courage les filles vous aussi vous méritez de voir le beau paysage et de participer à cette grande course. Je compte sur vous pour m'aider. Après une longue nuit passée dans le sac je les sens heureuses de prendre la route.
Je mange mon assiette de pâtes (merci Catherine) mais n'arrive pas trop avec le fromage encore moins avec le pain. Catherine me refait le plein de mes gourdes (Eau et Powerade – seule boisson sucré que je tolère mais diluée). Je discute un peu avec un collègue de table, il est assisté de son frère. V2 de 57ans, à l'air plus frais que moi. Je ne relève ni son prénom ni son dossard, dommage il était sympa.
Catherine tente une réparation de fortune sur mon sac avec quelques épingles.
Le temps passe vite j'évoque ma lassitude et mon inquiétude devant la bonne montée qui nous attend sous le cagnard.
Je m'équipe pour le départ. Prépare et humidifie l'éponge que je coince sous la sangle arrière de ma visière. Cela m'aide lors de fortes chaleurs, j'appuie dessus de temps à autre afin de me mouiller la nuque et la tête.
Merci Catherine et à Champex ! Bon voyage en car à toi et à ce soir j'espère. "Je crois en toi, tu vas y arriver"
Il est 11h50 je suis resté 50mns, j’espérais rester 30mns.
Mais je ne parle plus d'horaire, juste continuer et boucler. Vivre l’événement, profiter, espérer des heures meilleures.
Je sors 1491ème je continue à doubler aux stands...
Longue marche dans les rues de Courmayeur. C'est bien de s'appeler "Bruno" en Italie j'ai le droit à beaucoup d'encouragements. Nous avons plus de 800m à monter pour 5km. Lors de ma CCC 2011 j'avais mis moins d'une heure et la partie dans les rues m'avait parue assez courte quand on marche c'est plus long...
Nous attaquons enfin le sentier. Tenir un bon rythme sans exploser. Finalement sans trop de force je monte pas trop mal et reste avec mon groupe. De belles parties ombragées nous abritent du soleil. Nous quittons à nouveau la terre vers les hauteurs. La vue est de nouveau magnifique. Elle embrasse tout l'arrière du Mt-Blanc avec tout en bas la vallée de Courmayeur. Je déconnecte un peu le cerveau. Avancer.
Refuge Bertone : Il est 13h22. 84km, 19h21 de course pour : 5300m de D+ et 4400m de D-
Ça va, je m'étais donné 1h30 c'est juste. 6mns de pause et c'est reparti. Toujours pas de sucré.
La prochaine étape est assez longue et en montagnes russes. J'arrive à courir dans les portions de descente.
Lors d'un démarrage je me prends le pied dans une racine et me voilà allongé de tout mon long heureusement sans mal. Le coureur derrière moi surpris a juste le temps de me demander si cela va que je suis déjà relevé : il se prend lui aussi la même la racine! Cela permet d'entamer une conversation. Nous faisons un bout de route ensemble. Il a fait l'UTMB en reco organisée avec TERDAV et JH Gabioud. Il ne connaît pas vraiment mieux que moi le parcours et me met un doute. Il m'indique qu’après Bonatti c'est long jusqu'à Arnuva (12/13km) et que ce n'est pas que de la descente (juste à la fin). Dans mon souvenir c'était plus court, il me casse un peu les pattes.
Finalement ce tronçon est assez agréable pour moi sauf l'arrivée au refuge où nous avons le droit à une courte mais belle petite grimpette finale.
Il est 14h59 je suis au Refuge Bonatti, J'admire le paysage et me demande par où passe la descente sur l’arrière des Grandes Jorasses, je pense aussi à Bonatti. Mais c'est un autre sujet...
91km 20h58 de course, 5600m de D+ et 4600m de D-.Je suis 1348ème. J'ai dépassé la moitié de la course. Les premiers vont bientôt arriver à Chamonix!
J'ai la joie de voir qu'il n'y a que 5km pour Arnuva. Par contre cela me rapproche encore plus du Grand Col Ferret...Petite pause de 7mns et je repars. Je commence un peu à avoir sommeil.
5km plutôt en descente ce serait bien de faire ce tronçon en moins d'une heure... (Oui je sais cela parait ridicule mais à ce moment cela ne l'était pas!)
J'avance mais le sommeil me gagne. Dois-je attendre Arnuva, la foule le bruit? Dois-je m’arrêter avant? Ce serait bien d'être un peu plus en forme avant d'attaquer les 750m de D+ du Grand Col Ferret. Finalement je décide de m'allonger dans l'herbe et d'essayer de trouver juste un peu de sommeil réparateur. Après 5mns je sens que cela ne va pas marcher. Peut-être n'ai-je pas assez attendu? Je repars avec un sentiment de temps perdu.
J'arrive sur la descente finale vers Arnuva mais je n'ai pas vraiment la force d'aller vite.
Il est 16h16 et j'arrive au ravito. J'aurais donc mis 1h09 ... 96km pour 22h14, 5700m de D+ et 4900 de D-. Je suis 1339ème (Au Départ ou à l'arrivée?)
Je suis Fatigué il faut que je me pose. Je vais dans le dortoir et m'allonge entre deux grands blessés ... belles ampoules ! Le bruit, la lumière, le mouvement... pas moyen. Je reste allongé 15mns mais inutile d'insister.
Je fais le plein des gourdes. Mange un peu – toujours du salé... et repars après une pause de 23mns.
Le grand col Ferret est à venir 750m de D+ pour moins de 5km. Allez soyons fou : Objectif 1h30.
Le paysage est toujours aussi magnifique même si quelques nuages viennent cacher quelques cimes. La densité des coureurs est moindre, je me ferais moins doubler comme ça! Avancer à un bon rythme ne pas s’arrêter ne pas exploser.
Mon V2 57ans de Courmayeur me talonne dès le début du Col. Nous échangeons un peu il ne l'a jamais grimpé. Finalement il restera derrière moi. Dans la forme du moment je le monte correctement. De nombreux coureurs qui me doublent exploseront avant la fin en étant obligés de faire des pauses avant le col. Je n'en ferais pas.
Grand Col Ferret : il est 18h14.
Nous passons en Suisse. 101km pour 24h13 de course. 6450m de D+ et 4950m de D-. 1332ème.
1h34 depuis Arnuva Objectif presque atteint. Mon manque d'énergie m'oblige encore à faire une pause. Je me pose 9mns.J'admire le Grand Combin et sors mon téléphone pour faire une photo. Je lis deux trois SMS et réponds... En réponse à mon SMS des Contamines où j’indiquais que j'étais cuit j'avais reçu une réponse qui disait : "On croit en toi, t'en as encore sous la semelle..." Merci Dominique. J'espère que c'est de bon augure.
Allez mon V2 57ans arrive bien décidé à faire la descente, il m'invite à le suivre...Je me lance avec lui, j'adore la descente ... en temps normal. Il file bien le Bougre. Je tente de le suivre. Nous doublons quelques coureurs qui ne peuvent plus courir. Finalement je laisse partir mon collègue car je ne peux enchaîner de longues périodes sans couper par de la marche...
Nous arrivons à la Peule. Je fais le Plein d'eau, mais ne boirais pas beaucoup ensuite : le goût de Chlore était vraiment trop prononcé. Il faut remonter encore un peu avant d'attaquer la dernière descente où j'arrive à courir un peu et surtout trottiner.
Je suis encore bien lent sur cette étape et c'est à 20h04 que j'arrive à la Fouly.
Dormir!
110km pour 26h06 de course. 6500m de D+ et 6000m de D-. Je suis 1322ème (Au Départ ou à l'arrivée?)
Je suis fatigué, un bénévole s'en inquiète. "Il faut que je dorme, on peut dormir ici?"
"Il n'y a pas de dortoir, mais tu peux t'installer sur un Banc ".
J'apprendrais plus tard qu'il y avait des lits... Je suis assis sur un banc la tête dans les mains. Je n'ai pas de douleur. Les pieds vont bien mais je suis fatigué. Je pense à l'abandon mais Catherine m'attend depuis des heures à Champex. Je fais le plein d'eau et bois deux soupes. Mange encore du salé.
La prochaine étape va être longue (14km) surtout quand on est lent et la dernière montée sur Champex je ne l'aime pas bien celle-là. On y va! Je repars après 20mns de pause.
Je trottine dès que la route descend. J'essaie de faire monter le cœur afin de me réveiller sans succès. Il faut que je me repose. Dès que je trouve un endroit je dors! Je trouve un banc. Je pose le Sac. Sors la veste imper puis m'allonge sur le banc. Dormir. Récupérer des forces. Mais je n'y arrive toujours pas! Le banc est dur. Je pense à Luc un copain qui arrive à dormir partout. Je l'envie. Allez, on repart. On verra à Champex.
Je trottine de nouveau et redouble les gens qui m’avaient rattrapé pendant ma pause. Merde mon GPS ne Fonctionne pas. La batterie Externe a dû se débrancher dans mes manips de sac. Nouvel arrêt remise en place du bazar. On me redouble... Je repars. Je redouble les groupes car je cours. Ils doivent se demander ce que fait le zouave avec la polaire noire sur le Sac à dos. Dix minutes après c'est la frontale qui rend l’âme... Décidément personne ne veut aller à Champex. Nouvel arrêt forcé pour changer de pile ou plutôt de Frontale. Toujours un peu la galère avec mon sac et sa fermeture un peu particulière. Je me retrouve avec des personnes que je ne reconnais pas vraiment. Nous sommes dans un rythme très lent sur les chemins en balcon qui précède Praz de Fort et la montée finale vers Champex.
Et oui j'arrive bientôt sur cette montée. Il faut que je prenne des forces et là MIRACLE j'ai envie d'une PATE de FRUIT que j'ai dans les poches ceintures de mon sac à dos. Allez mangeons. Je bois aussi.
Nous arrivons à Praz de Fort je laisse mon groupe un peu trop lent et je file. Reste la montée vers Champex. Les coureurs sont éparpillés. Je rattrape rapidement quelques petits groupes. Je reste un peu derrière mais les coureurs tombent comme des mouches et sans vraiment doubler je me retrouve devant.
Une sensation étrange, quand j'appuie sur les jambes : j'avance! C'est parti. Je n'ose y croire, j'ai retrouvé des jambes!Je fais une bonne montée.
Je suis tout seul, à la sortie de la forêt. Je croise la route et vois une flèche au sol "CCC" je cherche UTMB je ne trouve pas. Je cherche à gauche sur la route mais rien. Cela commence à m’énerver un peu mais une voix, plus haut dans les arbres, m'indique le chemin à suivre, en fait la flèche « CCC ». On pense être arrivé mais il y a encore une bonne montée. Monter ne me fait plus peur j'avance. J'ai à nouveau de l'essence dans le moteur, mais toujours autant envie de dormir.
Champex : 23H38.
124km pour 29h36 de course. 7100M de D+ et 6700 de D-.Je suis 1253ème (Au Départ ou à l'arrivée?).
Catherine est là. Je lui dis que j'ai retrouvé mes jambes mais que j'ai vraiment sommeil.
Je prends une soupe et au lit. Enfin au lit : il s'agit de matelas posés par terre dans une tente avec éclairage. Il faut enjamber les dormants ou mourants sans tomber dessus. Bon travail de proprioception. Je suis tout au bout à coté du groupe Électrogène... Les cloches, la musique, les Klaxons.... Je reste 20mns allongé sans succès. Il faudra se débrouiller autrement les yeux se ferment pourtant... J'arrive à m'alimenter un peu mieux cette fois.
Il y a du vent, j'hésite à m'équiper chaudement mais ne le fais pas. Ma pause va durer encore plus de 50mns ici! Moi qui voulais vraiment réduire les temps aux ravitos...c'est raté. J'ai des jambes maintenant. Ne pas tomber de sommeil.
Je repars tranquille le long du Lac. Catherine m'accompagne un peu. Je me souviens des années CCC (2010-2011) et le déluge à cet endroit. Là il fait encore un grand Beau Ciel plein d'étoiles. Quelle chance j'ai d'être là! J'ai la pêche, je marche de plus en plus vite. Dès que cela descend je cours bien maintenant. Je double beaucoup de coureurs qui semblent bien fatigués.
Je progresse vite et arrive rapidement dans la portion un peu plus technique des blocs qui suivent les cascades à traverser. Tout est sec sur les rochers cela change des autre fois. Les XODUS ne sont pas mises en défaut dans ces conditions. Sur le mouillé ce n'est pas pareil. J'ai bien vu l'an dernier sur l'Echappée Belle. Malheureusement je bute sur un groupe d'une dizaine de coureurs. Les premiers du groupe sont vraiment très lents. Les rochers ou les Obstacles semblent parfois insurmontables pour certains qui s'y reprennent à plusieurs fois. Avec mes grandes jambes c'est plus facile. Certains geignent. D'autres s'expriment en disant que c'est vraiment dur et fatiguant! Je ne dis rien au risque d'être désagréable : car je vois ça comme ludique et non fatiguant on passe 9/10eme du temps à attendre pour un 1/10 d'activité. Je perds certainement 15mns sur cette pourtant courte portion. La pente s’adoucit enfin et les blocs sont derrière nous. Les premiers du groupe font une pause (Pourquoi ne l'ont-ils pas faite avant ?). Nous poursuivons sur les chemins faciles en balcon. J'ai l'impression d'aller vite mais c'est uniquement en comparaison à l'allure de la montée des blocs. En fait nous n'allons pas très vite, mon collègue devant qui mène l'allure n'avance pas trop. On s'impatiente derrière et quelqu'un demande à passer. Le gars devant se range, il a compris de suite. Du tac au tac j'embraye en disant "si c'est comme cela j'y vais aussi" et je file, je file... Ensuite je cours. J'ai la forme. Nous sommes au dessus de Martigny maintenant. Nous n’arrêtons plus à Bovine comme avant mais filons jusqu'à "la Giete". J'avance bien je me fie au GPS afin de doser mon effort jusqu'à ce ravito. A l'exact kilométrage j'arrive à ce point que je ne connaissais pas. Cela fait plaisir de voir enfin des choses se passer comme on l'espère.
La Giete.
Il est 3h19. 136km pour 33h17 de course. 7900m de D+ et 7000m de D-. Je suis 1132ème (120 places de gagner depuis Champex).
J'ai perdu beaucoup de temps dans cette montée à cause des bouchons mais je vais bien et je sais qu'une bonne descente m'attend. Allons-y. Je ne reste que 2mns à ce ravito.
Super pied dans la descente! Je me fais vraiment plaisir.
Je pars doucement car l'envie de sommeil est toujours présente mais après quelques minutes tout va bien la montée en pulsation du cœur et l’adrénaline font que je n'ai plus envie de dormir. Le Bonheur, je suis à nouveau vraiment dans ma course! Je double, je double, j’enchaîne les lacets je saute les racines et les rochers. La fatigue n'existe plus.
J'arrive à Trient à l'heure pile Prévu par LiveTrail. Catherine s'en amuse.
Il est 4h07. 141km pour 34h05 de course. 8000m de D+ pour 7700m de D- . Je suis 1089ème.
Je fais une bonne pause. Je m'alimente et donne sa liberté à Catherine. Je lui donne RDV à Chamonix car je ne ferai qu'une courte pause à Vallorcine. Il est donc préférable qu'elle aille se coucher pour ce qu'il lui restera de nuit après le transport.
Je repars après 16mns.
Je sais qu'une bonne montée m'attend mais je n'ai pas peur. L'envie d'en découdre est là. Je sais que je ne ferais pas une montée de champion mais j'ai confiance. Je pars assez vite. Un gars rapide en montée me double et je me prends au jeu. Il va plus vite que moi mais je décide de ne pas le lâcher. Ce n'est pas facile et je fais l’élastique. Je résiste. Je profite de coureurs plus lents que nous rattrapons. Il bute d'abord sur eux avant que nous les doublons. Finalement un petit groupe de 5 coureurs se forme, je m'efforce de les suivre. Nous allons arriver en haut de la Difficulté et je lâche un peu. J'ai mal aux jambes, j'ai peut-être un peu fait le con. En effet les mollets me tirent bien maintenant. J'ai les jambes raides.
Catogne :
Il est 6h06. 146km. 36H07 de course pour 8800m de D+ et 7750m de D-. Je suis 1025ème.
Le soleil commence à se lever mais le massif du Mont Blanc est caché. Nous allons voir le Barrage d'Emosson. Nous attaquons la descente mais les jambes n'y sont plus : le terrain ne me semble pas facile (alors qu'il n'y a rien d'extraordinaire). Je marche. Plus tard le terrain est plus facile et je me mets à courir.
Une envie pressante me prend et me force à accélérer. Nous sommes encore loin de Vallorcine : je dois m’arrêter dans les bois. Je repars, le terrain est plus propice à courir, je retrouve un peu mes jambes. Je termine à bonne allure en suivant un jeune Japonais qui galope bien. Je le laisse filer dans la dernière descente en herbe avant d'arriver à Vallorcine.
Vallorcine :
7h22. 151km pour 37h21 de course. 8900m de D+ pour 8600m de D-. Je suis 1010ème.
Je décide de faire une pause correcte afin de bien me faire plaisir sur la dernière portion. Je suis serein. Je sais que sauf accident je vais finir et j'espère bien profiter de l’ultime descente que je ne connais pas. Je discute un peu avec les bénévoles. Je fais le plein des gourdes et m'alimente. Je consulte ou confirme le programme à venir.
Et c'est parti, après 11mns de pause. Je pars doucement en marche puis j'accélère un peu. Je décide de ne pas trop forcer jusqu'au col des Montets afin de bien monter la Tête aux Vents. Cela passe assez vite finalement.
Nous revenons dans la vallée de Chamonix et je retrouve les sommets toujours sans nuage!
Je vais pouvoir courir dans mon rêve. Courir face au massif du Mont-Blanc sur la balcon inférieur du Lac Blanc un lieu où j'adore aller quand le temps est beau. Je ne me lasse jamais du Spectacle proposé. L'idéal est d'y aller en fin de journée : la foule est partie, le soleil a tourné. Les bouquetins viennent nous voir. Contemplation. Là je n'aurais pas le temps de contempler vraiment, mais les sommets seront là, je serais là.
Col des Montets,
Il est 8h16. 155km pour 38h14 de course. 9100m de D+ et 8600m de D-
Le Tête aux Vents nous Attend.
Je monte à un rythme soutenu mais en faisant attention à ne pas être en surrégime et ne pas exploser.
Petit à petit nous gagnons en altitude et la perspective sur les montagnes est encore plus appréciable. Pas de pause dans cette montée. De nombreux coureurs sont en surchauffe ou à l'agonie. Beaucoup doivent faire des pauses.
Je sais qu'une fois arrivée en "haut" cela continu de monter mais plus doucement sur des gros blocs ou des dalles. On peut doubler facilement mais il n'y a pas grand monde à doubler. Je cherche du Regard le ravito mais ne le trouve pas.
Finalement je passe devant un "dépôt de matériel" que je prends pour le pointage mais pas de pointage... Bizarre.
Je continue, c'est ludique. Je suis là où je voulais être, je suis bien. Je suis presque déçu que déjà cela va s’arrêter! J'avance bien. Je vois un lièvre qui avance bien aussi. Je le rattrape et nous filons ensemble. Il s’appelle Eric, V2 comme moi. Nous parlons plaisir et ensuite de l'Échappée belle. Je lui suggère d'y aller. Il fait une pause, je continue.
Voilà le pointage finalement beaucoup plus loin que je ne le pensais. Il en restera moins à faire après.
Tête aux Vents :
Il est 9h44. 159km pour 39h42 de course. 9750m de D+ et 8600m de D-. Je suis 934ème.
Je ne m’arrête pas, je file. Et j'accélère, je cours, je vole... Je double un peu mais il n'y a pas foule. Je suis face aux montagnes, elles me regardent, elles sont fières de moi. Je suis à ma place. Le sentier continue de descendre avec quelques petits passages un peu plus technique je saute les obstacles. J'arrive en bas de la Station. Il y a une bonne petite grimpette, je passe en mode Bâton Dry Tooling sprint. Je double deux anglais, l'un d'eux comprend le jeu et me talonne, il me poussera encore un peu plus à donner tout ce qu’il me reste.
La Flegère :
10h23. 162km pour 40h23 de course. 9800M de D+ pour 8900 de D-.Je suis 910ème.
Petite discussion avec un bénévole. J'ai la banane. Je suis surpris de voir le panneau qui nous annonce un D+ final de 150 ou 200m (je ne sais plus). Je m'en étonne auprès du bénévole en lui indiquant que je ne pensais trouver que de la descente sur cette dernière portion. Il m'indique que ce panneau correspondrait à l'emplacement de l'ancien pointage. Curieux, j'espère qu'il dit vrai.
Allez Go dans la pente! Je n'ai pas de voile il faudra utiliser les jambes...
La première partie : une grosse piste bien raide en caillasse n'est pas des plus agréables après 160km mais bon faut faire avec, je me lance. Je slalome afin d'utiliser les surfaces les moins désagréables. Aller vite ne pas se griller ne pas tomber, ne pas tout gâcher. Quelques coureurs essaient de courir mais ont bien du mal. J'apprécie la chance que j'ai de pouvoir le faire, je vais en profiter, en abuser. Ensuite nous arrivons rapidement sur des sentiers beaucoup plus agréables en lacets. Des beaux sentiers en terre avec racines et rochers. Des sentiers secs. Je me régale, je fonce, j'accélère encore. Le pied ! Je slalome entre les chicanes mobiles. Cela dépasse tous mes rêves. Je suis face au Mont-Blanc je vole sans aile après 40h de course... Je vois au loin un coureur qui avance bien aussi. Je rattrape mon japonais de Vallorcine. J'en suis Heureux, Je pense faire la descente en duo en se relayant mais finalement il me laisse passer directement... rapidement je ne le vois plus. Je croise Luis Alberto Hernando qui doit monter voir des amis ou faire sa sortie de récup(?) il me lance un "Superb"! Merci.
Je continue à filer, nous arrivons sur des portions de plat ou légère montée je marche pour récupérer de mes émotions. Je sens mes jambes, mes mollets je sais que je tire dessus mais après l'arrivée il sera trop tard pour tout donner. Nous revenons sur une Portion de pente et allons arriver dans les rues de Chamonix. Au loin deux Espagnols courent bien aussi.Je suis presque à fond (pour moi). Je ne souhaite pas les doubler mais bien courir et montrer que j'ai encore de bonnes jambes.
La foule, les applaudissements, les encouragements, finalement c'est bien d'arriver à cette heure. J'entends, je vois Catherine.
Les deux espagnols s’arrêtent afin de prendre par la main leurs enfants... Dans mon élan je les double avant le dernier virage qui précède l'arrivée. Ce n'est pas ce que je voulais. Je m’arrête et attends qu'ils repassent devant. Je laisse un petit espace et je repars. Ils ne courent plus très vite, car ils profitent de l'instant. Certaines personnes me regardent en pensant que je suis à bout de course mais je croise le regard d'un homme, un coureur typé espagnol, qui montre son pouce levé il a vu la scène où j'ai laissé passé les 2 gars, il comprend, il apprécie. Merci.
Dernière ligne Droite. C'est curieux je n'ai pas d'émotion énorme.Cela semble normal que je sois là.
Je suis presque déçu que cela soit déjà terminé maintenant que la forme est revenue.
Je suis Finisher UTMB sur le Tour Complet!
Il est 11h15 en ce dimanche 30 Août 2015. Je suis parti depuis 41h12mn et 42sec. Environ : 9900 de D+ D-
Je suis finalement 837ème. Nous étions 2563 au départ et 1632 à l’arrivée.
J'ai mis 49mns30sec dans cette dernière descente où je me suis vraiment fait plaisir.
Certains dans les vingt premiers n'ont pas fait mieux! Fierté !
Et maintenant ?
Voilà, objectif atteint, la boucle est bouclée !
Il y a 6 ans je m’étais donné ce but. Maintenant c’est fait. Il y a de la satisfaction et aussi comme un vide. Il y a 6 ans cela paraissait inaccessible.
Malgré une passion pour la montagne, une envie et une bonne pratique du sport depuis ma jeunesse cela ressemblait à un défi impossible. Pourtant de nombreuses personnes y arrivaient. Pourquoi pas moi ?
Après être monté plusieurs fois sur le sommet j’avais envie d’en faire le tour intégral. Cet itinéraire est un symbole. J’ai du mal à me motiver pour des courses, des parcours qui «ne veulent rien dire ». Faire un circuit en montée/descente juste pour accumuler des bornes ou du D+sans signification cela ne me motive pas. Ok pour l’entrainement mais c’est tout.
J’aime les tours, les traversées.
Après deux années CCC (sous la pluie - parcours modifiés) pour y aller progressivement. Après un premier UTMB itinéraire Bis Spécial tour de Chamonix en 2012 en état de santé plus que précaire. J’ai accompli le tour complet. Voilà c’est fait je ne pense pas y revenir sauf peut-être en catégorie V3, V4 ou V5 pour jouer le podium…
Je laisse ma place aux autres, ceux qui ne l’ont pas encore fait.
Il y a tellement d’autres courses je ne vois pas l’intérêt d’y revenir chaque année (ou tenter d’y revenir).
En plus maintenant le tarif d’inscription est exorbitant.
Il y a beaucoup trop de monde (mais j’en fais partie).
En guise d’échauffement : cela commence par deux heures de queue à piétiner pour récupérer son dossard. Puis la queue continue sur les premiers sentiers et les suivants… Aux ravitaillements c’est la cohue, après des heures passées à respirer dans les montagnes on s’entasse pour peu qu’on trouve une petite place dans les tentes. Faire la queue pour la soupe, les pates, un matelas...
Oui, je sais il y a une solution : aller plus vite. La densité est moindre si on se trouve dans le premier quart du classement : tout change. Là on respire. Je l’ai vérifié sur ma deuxième CCC. Mais il faut pouvoir le faire.
L’organisation est bonne si on considère l’ampleur du challenge.
Même si cela fait vraiment plaisir de recevoir tous ces encouragements l’enthousiasme général est sans doute excessif. Je n’adhère pas au discours « vous êtes tous des héros ! ». Non nous ne sommes pas des héros. Nous sommes juste des gens en bonne forme (des sportifs pour certains) qui se faisons plaisir.
Bien sur, je pensais faire une meilleure performance chronométrique, j’en ai les capacités je pense. Mais il faut que tout ce passe bien le jour J. Cela n’a pas été le cas. J’ai eu des problèmes mais j’ai su en régler certains et me remotiver. Je ne suis pas déçu, alors que je suis rarement satisfait de moi. Finalement, l’essentiel n’était pas tant le but que le chemin pour y arriver. Malgré l’importance de l’événement pour moi, j’ai changé d’objectif sans que cela me déçoive totalement. C’était un gros chalenge et je l’ai accompli.
Prendre du plaisir en route, profiter du spectacle proposé et de l’osmose avec les éléments. Essayer de mettre de coté ses petites souffrances.Etre conscient d’être le seul décideur de son avenir immédiat.
J’ai pris un plaisir énorme après Champex quand les jambes sont revenues. C’est ce que je recherche en course. Ne pas terminer à l’agonie, encore moins quand cette agonie dure 30km, 40 ou 50km. J’ai cette chance d’avoir toujours bien terminé mes courses et surtout les plus longues ! J’ai l’impression qu’il m’en reste toujours encore un peu et ce même si cela ne semble pas le cas plus tôt dans la course ! C’est comme le cheval qui sent l’écurie.
Partant souvent légèrement blessé ou pas préparé comme je l’aurais voulu, j’ai la chance de terminer presque en meilleure forme qu’au départ et « blessure » réparée ! Je ne l’explique pas mais c’est le cas. Ok je suis fatigué, mais d’une bonne fatigue. Plus le terrain est difficile et plus cela est vrai. Cela donne l’impression que toutes les pièces du corps prennent leur place naturelle à l’épreuve des appuis instables et variés. J’habite dans la plaine, ma cote d’entrainement fait 20m de D+. J’ai plus de douleurs lors des entrainements autour de chez moi que lors d’une course ! En fait l’alternance des montées descente et marche course me convient bien. J’ai toujours aimé le fractionné et je possède une bonne capacité de récupération. Je ne cours pas vite mais j’ai une bonne endurance et j’aime bien marcher.
Alors que faire maintenant ?
Remiser mes chaussures et mon sac à dos ? Mince, j’oubliais que tout était à jeter !
Ce qui me fait avancer c’est l’envie d’aller voir plus loin. Ne pas s’arrêter.
Cela traduit sans doute la peur de vieillir, de mourir. Inventer le mouvement perpétuel.
J’adore les montagnes. Contempler, s’immerger dans la nature.
J’avance grâce aux autres. Ceux qui m’ont amené vers les montagnes alors que je ne les pensais pas faite pour moi. Ceux qui ne peuvent pas y aller et qui aimeraient bien.
Ils sont avec moi quand j’avance. En fait nous sommes plusieurs, je les porte et pourtant cela me rend plus léger que si j’étais seul. Je suis un relayeur qui porte le témoin un peu plus loin.
Donner un sens.
A l’heure où par centaines de milliers des gens fuient leur pays, moi je marche pour fuir le temps qui passe tout en essayant d’en gagner !
Certains sauvent leur peau en se déplaçant. D’autres pourraient restés dans leur canapé à regarder la TV mais préfèrent sortir de leur confort et s’exposer à une certaine souffrance et difficulté alors que rien ne les y oblige ! En plus ils paient cher pour cela ! J’y ai bien pensé pendant ces longues heures de lente progression
Malgré tout cela, j’ai envie de continuer. J’ai des idées, et beaucoup de projets « symboliques » en OFF . Certaines idées resteront au stade de projet ou rêve, mais j’en réaliserais quelques unes.
Je ne suis pas rapide mais j’ai de l’endurance et l’envie. Même si mon entourage n’était pas très « chaud » pour que je continue les ultras de plus de 100km, finalement devant l’expérience force est de constater qu’il faut peut-être que j’aille encore vers du plus long.
Essayer le plus long.
Continuer à emmener avec moi mes compagnons légers et peut-être en prendre d’autres…
Plus je serais « chargé » plus je serais léger.
13 commentaires
Commentaire de Rem posté le 07-10-2015 à 22:31:49
Merci pour ce super CR qui fait honneur à ta très belle course. On y est ! J'aime bien aussi le récit émaillé de réflexions personnelles. Je prefere aussi les courses "qui ont du sens". Je ne doute pas que tu puisses en trouver d'autres, notamment off :) ( btw on s'est peut être croise sur la ccc 2010 , enfin jusqu'à vallo pour moi)
Commentaire de Beep-Beep posté le 12-10-2015 à 15:36:22
Merci pour ton message.
En 2010 je m’étais aussi arrêté à Vallorcine.
Commentaire de Beep-Beep posté le 12-10-2015 à 15:46:15
Je n'avais pas regardé de façon précise mais effectivement nous nous sommes peut-être croisé sur la CCC 2010 car je suis arrivé à Vallorcine en 18h38 quelques 15mns avant toi.
A une prochaine fois sur une autre course!
Commentaire de Beep-Beep posté le 12-10-2015 à 15:47:10
Je n'avais pas regardé de façon précise mais effectivement nous nous sommes peut-être croisé sur la CCC 2010 car je suis arrivé à Vallorcine en 18h38 quelques 15mns avant toi.
A une prochaine fois sur une autre course!
Commentaire de Cricridamour195 posté le 08-10-2015 à 08:21:26
Merci pour ce récit, et pour la dernière partie, "Et maintenant ?" que j'aime particulièrement, qui me parle et dans laquelle je me retrouve.
Ah, j'oubliais: Bravo pour ta course!
Commentaire de Beep-Beep posté le 12-10-2015 à 15:37:56
Merci pour ton message. J'ai juste essayé de laisser parler mon cœur...
Commentaire de arnauddetroyes posté le 08-10-2015 à 19:09:57
bravo pour ta course et merci pour ton partage de pensée
Commentaire de Beep-Beep posté le 12-10-2015 à 15:38:41
Merci pour ton message.
Commentaire de BrunoC posté le 02-12-2015 à 16:33:22
super "débriefing " de ton UTMB . J'y retrouve beaucoup de similitudes avec ma propre course ( je finis 3 heures derrière toi ) aussi bien dans les émotions , avant et pendant , dans la volonté d'avancer malgré les alertes du corps , dans les moments d'euphorie ( ou de manque de lucidité ! ) que dans les trucs pas top (récup dossards, bousculades aux ravitos , etc ) . Et au final , ton analyse d'après course , sur l'envie , la joie de vivre ça , le décalage entre ton ressenti et ce que "les autres" pensent ( tu as raison , on n'est pas des héros , c'est complètement décalé comme terme ), ton impression de "mouvement perpétuel" pour ne pas affronter l'idée de la vieillesse ou de la mort , c'est pile ce que je ressens aussi . Bravo de l'avoir si bien exprimé !
Commentaire de BrunoC posté le 02-12-2015 à 16:33:22
super "débriefing " de ton UTMB . J'y retrouve beaucoup de similitudes avec ma propre course ( je finis 3 heures derrière toi ) aussi bien dans les émotions , avant et pendant , dans la volonté d'avancer malgré les alertes du corps , dans les moments d'euphorie ( ou de manque de lucidité ! ) que dans les trucs pas top (récup dossards, bousculades aux ravitos , etc ) . Et au final , ton analyse d'après course , sur l'envie , la joie de vivre ça , le décalage entre ton ressenti et ce que "les autres" pensent ( tu as raison , on n'est pas des héros , c'est complètement décalé comme terme ), ton impression de "mouvement perpétuel" pour ne pas affronter l'idée de la vieillesse ou de la mort , c'est pile ce que je ressens aussi . Bravo de l'avoir si bien exprimé !
Commentaire de Beep-Beep posté le 08-12-2015 à 14:56:53
Bonjour et merci d'avoir lu ce récit.
Je me suis efforcé de m'exprimer au plus proche de mon ressenti, je suis heureux de savoir que cela te parle.
Malgré l'aventure en solo c'est le partage que je recherche, auprès de ceux qui participent ou ceux qui aimeraient y être.
Peut-être à une prochaine fois sur une autre aventure.
Je me suis inscrit sur la RONDA DEL CIMS pour 2016.
Bonnes fêtes de fin d'année à toi et tes proches et belles aventures à venir.
Commentaire de BrunoC posté le 08-12-2015 à 19:45:55
Beep Beep,
En plus de l'UTMB , on avait du se croiser au GTVO . Bon entrainement pour la Ronda Del Cims , je pense que ça va être dur mais magnifique . Ce ne sera pas pour moi , date incompatible . Mais je serai soit du Coté de St Lary fin aout pour le GRP160 , soit à Cham ( je me pré-inscris sur l'UTMB, on verra bien le tirage au sort).
Au plaisir de lire tes compte-rendus.
Commentaire de TomTrailRunner posté le 17-02-2016 à 18:07:01
Des hauts, des bas, des hauts, de la foule, de la solitude....l'histoire de la vie, ton histoire de 6ans : merci pour ce ressenti.
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