L'auteur : Runfredo
La course : L'Half de Compiègne
Date : 17/5/2015
Lieu : Choisy Au Bac (Oise)
Affichage : 1037 vues
Distance : 113km
Objectif : Pas d'objectif
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Dimanche 17 mai avait lieu l’half de Choisy au Bac (60) près de Compiègne en Picardie. Cette course n’était pas prévue au calendrier mais coach Grand Seb m’a conseillé de faire un tri de préparation avant Atlantic City et comme je suis un bon soldat, je m’exécute. Le lundi précédent, je repère cette course sur le forum OLT, j’envoie un message aux organisateurs pour savoir si je peux encore m’inscrire et ni une ni deux, mon inscription part au courrier le jour même. Ça change des barnums où il faut cliquer un an avant. Le prix aussi change, 70 € à 2 jours de la clôture, c’est moins exotique certes, mais il y a aussi beaucoup moins de monde. De toute manière, ça reste un triathlon avec les mêmes distances qu’un half labellisé Ironman master powerfull of the death that kills donc pas de chichi, il va falloir s’employer pendant environ 6h pour terminer les 113 km. Autre avantage d’une inscription tardive, c’est l’absence totale de pression, ça me va très bien. A contrario, je n’ai pas non plus une motivation débordante pour faire une perf. L’idée générale, c’est de valider l’entraînement du bonhomme, les réglages du matos et accessoirement se faire plaisir…
J’apprends que 4 autres triathlètes d’Issy sont du voyage dont Grand Seb. C’est cool, on va pouvoir faire le point sur la prépa à quelques semaines de l’objectif.
J’y retrouve aussi Fred « Kayou », un vieux copain du net avec qui j’ai passé des heures en réseau sur AOE II dans une vie antérieure. Ça fait plaisir de le revoir. Fred est un vrai cycliste et je sais qu’il va me mettre une grosse tôle sur son CLM. Le parcours est roulant mais pas plat. Il y a 2 belles bosses (moi j’appelle ça des côtes) à faire 2 fois. J’ai remarqué que le vrai cycliste dit « bosses » lorsque la route s’incline. J’imagine que le terme « côtes » signifierait que c’est dur mais pas pour le vrai cycliste. Donc lui il s’adapte à la route et franchit une bosse. Par contre, pour le pseudo-triathlète besogneux que je suis sur mon vélo, il y a bien 4 côtes à grimper. C’est important car j’entends déjà dire chez mes concurrents directs (surtout un d’ailleurs) que cette course est facile, que le parcours est plat, bla, bla, bla.
Côté préparation, je suis confiant. Je me suis bien entraîné depuis le début de l’année et les sensations sont bonnes. Je pourrai presque dire que je suis en forme. En plus, j’ai changé mon vélo et opté pour un magnifique Cervélo S3, un semi-aéro avec les roues hautes et profilées. Même si la machine ne fait pas tout, j’ai bon espoir de faire un bon chrono à vélo. Aux alentours de 2h50’ soit 31,75 km/h de moyenne environ. Ça m’irait très bien, je ne demande pas la lune non plus. Anne-Paule est venue encourager et prendre des photos. C’est toujours sympa d’avoir du soutien de ma chérie.
Nous sommes 400 environ au départ avec les relais. Du coup, on est assez à l’aise pour remplir les formalités d’usage. C’est bien organisé, le parc à vélo est juste comme il faut. 30’ avant le départ, nous avons droit à un petit briefing puis nous marchons 1 km pour aller vers le départ natation. Tout se fait dans la bonne humeur et avec la plus grande décontraction.
Nous nageons dans l’Aisne. Il s’agit d’un aller d’1,4 km avec le courant puis d’un retour vers le parc à vélo de 600 m à contre-courant. Ce qu’il faut savoir, c’est que le courant est plus fort au milieu du fleuve. La mauvaise surprise, c’est que l’eau est vraiment très froide. Je ne sais pas où sont les 15° annoncés au briefing mais ça pince sévère, j’ai du mal à mettre la tête dans l’eau et je ne suis pas le seul.
Départ natation. Pour un 1er tri, il faut retrouver les sensations et les repères de la nage en eau vive. Malgré le froid et le monde autour, je ne suis pas stressé. Je décide de nager au milieu à l’aller pour bénéficier du courant. Je me retrouve avec quelques triathlètes, relativement isolé. J’ai l’impression que la meute a choisi de coller la berge à droite, ça me surprend.
Du coup, je nage tranquille et je me sens bien. J’essaye par moment de mettre plus de fréquence dans les bras pour doubler quelques triathlètes qui ont aussi pris l’option milieu de fleuve. Je trouve rapidement mes marques pour m’orienter et je prends pas mal de plaisir. Avec l’expérience, j’ai appris à ne plus subir la natation et surtout à essayer d’analyser ce qui se passe autour de moi plutôt que de tracer tout droit sans chercher à comprendre. Au bout de 3 bouées, il faut faire demi-tour. Je pense avoir nagé droit en collant au plus près des bouées sur ma gauche. Vu que je suis au milieu, je suis idéalement placé pour rejoindre la berge opposée pour ne pas trop prendre le courant au retour. Je regarde les arbres au bord et j’avance encore bien. J’essaye de forcer sur mes appuis et les bras répondent sans difficulté, la forme en natation est là, c’est cool. J’arrive assez rapidement au bout du parcours en 30’54’’ à la position 103. Je suis content.
Direction le parc à vélo où je suis rapidement rejoint par Olivier. Comme d’hab, je tricote joyeusement pendant la transition. Je fais tout à l’envers, c’est n’importe quoi. Et hop, 4’16’’ de perdues… Olivier part bien sûr devant moi et je ne le reverrai plus. En sortant, je croise Laure qui a fait une bonne natation aussi.
C’est parti pour le vélo. Problème, ma montre qui fonctionnait encore à la sortie de l’eau m’affiche un bel écran monochrome vide. Putain, ça m’énerve, j’appuie désespérément en rageant sur tous les boutons, j’entends des « bip », l’écran s’allume mais que dalle à l’affichage. La poisse, ça me contrarie fortement. Ça m’apprendra, Seb m’avait dit de ne pas prendre ma montre en natation mais borné comme je suis, je l’avais glissé sous ma combi. Je me mets tout de suite sur les prolongateurs et c’est parti pour 2 tours de 45 km. Les sensations sont moyennes. J’ai roulé 96 bornes 3 jours avant avec les rookies et je teste le Cervélo en compétition. Les réglages ne sont peut-être pas encore optimisés.
Comme prévu, je me fais doubler mais pas trop encore. Disons que ça défile gentiment pour être positif. La 1ère partie du parcours est assez plate, c’est une longue ligne droite dans la forêt pendant 14 km. Puis on tournicote dans 2 villages vers la 1ère montée sur un plateau. Ce dernier est constitué de champs et bien exposé au vent. C’est quasiment tout droit jusqu’au 28ème km. Ensuite, on redescend vers un village pour attaquer rapidement la 2ème côte longue de 3 km. Rebelote sur un plateau avant une nouvelle descente assez raide et on rentre sur Choisy au Bac contre le vent avec une alternance de faux-plats. Comme toujours à vélo, j’en ai vite marre. Dès le 30ème km, ça me gonfle, je lutte contre la machine, je suis mal à l’aise. Je me tortille sur la selle et j’ai clairement le sentiment de subir les évènements. Est-ce que les cuisses sont fatiguées, est-ce que la position n’est pas bonne ? Je n’en sais rien mais tout ce que je sais, c’est que je ne me sens pas bien. Toujours est-il que le rythme des dépassements s’est accéléré et que le moral en prend un coup à chaque fois.
Fin du 1er tour, je fais un coucou à Anne-Paule, une sorte de signe accompagné d’un sourire crispé. Je suis content de la voir mais je fais la gueule quand même. Je boucle ce tour en 1h26’31’’ soit avec 1’31’’ de retard sur mon objectif. Au passage, j’ai perdu 95 places dans ce 1er round. Je suis déjà sonné.
J’aborde le second tour avec nettement moins d’optimisme. Je me fais doubler par Nicolas. Au même moment, un arbitre en moto passe et me fait une remarque pour les distances. J’aurai aimé lui balancer mon vélo dans la tronche. Je l’informe sur un ton un peu excédé que je viens d’être doublé. Cette (oui c’était une femme) c…e me dit de freiner après un dépassement. Si j’avais dû freiner à chaque fois, je serai encore sur le parcours à l’heure qu’il est… n’importe quoi. Fred « Kayou » me dépose avec son CLM, j’ai l’impression d’être collé à la route. Je bois, je mange, je me dis que ça va revenir et en fait, non, je vais galérer sur le vélo jusqu’au bout. C’est dans les côtes que je me sens le mieux et je double même quelques triathlètes, un comble. Je mouline et ça me détend les jambes. Fin du sketch, je termine en 2h59’58’’ à 10’ de mes espérances et j’ai encore perdu 20 places. Je boucle le 2ème tour en 1h33’27’’, j’ai presque lâché l’affaire.
T2 en 2’24’’ et dans la tête, j’ai quasiment quitté la course. Je me dis quand même qu’il faut terminer et essayer de courir proprement. Je me suis débarrassé de ma montre, autant continuer sans ce poids mort. Anne-Paule essaye de me relancer mais je boude dans mon coin. Tout va bien, elle a l'habitude... Les sensations ne sont pas super au début. J’ai les jambes congestionnées et le cœur un peu haut. Je rentre dans ma bulle et je me concentre sur ma foulée : fréquence et attaque médio-pied au programme. Au moins, ça m’occupe. Ça va mieux, je ne suis pas vraiment dans le dur. La càp est plate avec un aller sur une piste cyclable et un retour sur un chemin. Les ravitos sont nombreux et bien gérés par les bénévoles. Je tournerai au mélange eau – coca + gels. Je croise Seb, Olivier et Laure à l’aller et Nicolas au retour, comme ça, pas de jaloux. Un petit mot pour tout le monde, c’est toujours bon à prendre et à donner.
Pas grand-chose à dire sur la càp, je reviens dans la course et reprend un peu de plaisir. Je prends le 1er carton jaune de ma carrière car mon dossard glisse sur le côté. Un (cette fois-ci c’est un homme) arbitre se plante devant moi avec le carton et me rappelle à l’ordre. Je lui demande ce que ça veut dire, je me vois déjà plaqué à terre avec des menottes direction la zone de pénalité. Il me répond : « rien, c’est juste un stop and go ». OK super… merci pour le petit coup de stress...
Mes temps : 1h52’30’’ au total avec 36’16’’ au tour 1, 37’45’’ au tour 2 et 38’28’’ au tour 3. C’est bizarre, j’ai eu l’impression d’avoir accéléré pendant la course. C’est sans doute parce que j’ai doublé du monde sur le dernier tour. Je prends un malin plaisir à me dire que la plupart m’ont déposé en vélo et qu’ils explosent sur la càp, bien fait pour eux. Comme quoi, la vitesse se dégrade au fil des kms et on ne s’en rend pas forcément compte. Sincèrement, je n’ai pas souffert. Sans chrono, je n’ai aucun repère, je cours aux sensations et tout en gestion. Bonne surprise, juste avant l’arrivée, Anne-Paule m’annonce qu’il serait bien vu d’accélérer car les 5h30’ arrivent bientôt. Pas de problème, je "sprinte" sur les derniers hectomètres et passe la ligne en 5h29’51’’. Sachant que ma meilleure marque sur half se situe aux alentours de 5h45’, je bats mon record sur la distance de plus d’un quart d’heure. Ça fait plaisir même s’il reste un fond de déception par rapport au vélo.
Voilà, je l’ai fait, la course de prépa est validée. Il va falloir que je cogite cette histoire de vélo afin de trouver les bons réglages à Atlantic City. Pour le reste, l’organisation et les bénévoles sont très bien. Le ravito d’arrivée est top avec boissons et solides à profusion. C’est assurément un tri à refaire pas trop loin de Paris et bien placé dans la saison.
2 commentaires
Commentaire de benoitb posté le 26-05-2015 à 16:50:21
Merci pour ce récit sympa, bonne chance pour le jour J !
Commentaire de Runfredo posté le 28-05-2015 à 10:09:13
Merci, l'objectif est dans 1 mois pile :-)
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